1.
Harry frappa timidement à la porte. Lorsqu'il était chez les Dursley, l'idée de venir ici lui semblait être très bonne. Mais, maintenant qu'il se trouvait devant la porte, il hésitait. Alors qu'il pensait à faire demi-tour, la porte s'ouvrir en grand.
— Harry ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
— Bonjour, Professeur Lupin. Est-ce que je peux entrer ?
Remus s'écarta pour laisser passer son ancien élève. Le jeune homme posa sa valise et la cage dans un coin du vestibule, puis suivit son ami dans le salon.
— Assieds-toi et raconte-moi ce que tu fais ici, avec toutes tes affaires.
— Je suis parti… Je ne supporte plus de vivre chez les Dursley.
— Ils t'ont maltraité ?
— Non, non ! s'empressa de répondre Harry. Depuis que Maugrey Fol'œil leur a fait peur, ils m'ont laissé tranquille… mais…
Le jeune homme baissa les yeux, un peu gêné.
— Vas-y, tu peux tout me dire.
— Je… j'ai besoin de parler avec quelqu'un qui connaissait Sirius… et vous êtes le seul…
— Tu as bien fait de venir me voir, Harry, sourit Remus.
— Vous n'allez pas m'obliger à retourner chez les Dursley ?
— Non, ne t'inquiètes pas. Tu peux rester ici autant de temps que tu le voudras. En revanche, je vais prévenir les autres, pour qu'ils sachent que tu vas bien. Attends-moi ici, je reviens !
Lupin disparut dans une autre pièce. Lorsqu'il fut seul, Harry se releva et fit le tour du salon, contemplant les photographies qui ornaient les murs. Sur tous les portraits, les sujets lui faisaient des petits signes de la main et souriant. Harry s'arrêta devant l'un d'entre eux, le cœur serré. Ses parents, James et Lily, se tenaient au centre, encadrés par Remus et Sirius. Au vu de la déchirure sur un côté de la photo, Harry devina que Peter devait se trouver là aussi, mais que Lupin s'était débarrassé de l'image du traître. Alors qu'il contemplait les visages souriants de ses parents et de son parrain, Harry entendit la voix de son hôte juste derrière lui.
— C'était le bon temps… nous sortions juste de Poudlard… lorsque… après que tes parents aient été tués, j'avais mis toutes les photos dans une malle… et je les ai ressorties lorsque j'ai su que Sirius était innocent…
Harry baissa les yeux, puis retourna s'asseoir sur le sofa.
— Il te manque, n'est-ce pas ? Demanda Remus d'une voix douce où perçait sa propre tristesse.
— Enormément… Vous allez peut-être trouver que je suis sans cœur, mais pourtant, je n'ai pas pleuré… pas une seule fois, pas une larme… Je ne comprends pas ce qui m'arrive… J'aimerai pouvoir exprimer mon chagrin, mais je n'y arrive pas…
— Tu n'es pas sans-cœur. Je te comprends, Harry. Sirius était mon ami depuis si longtemps… je l'ai retrouvé et là, je l'ai à nouveau perdu… il me manque terriblement…
Un silence pesant s'installa entre eux. Soudain, Lupin s'exclama :
— Allez, on ne va pas passer la journée ici à se morfondre ! Viens, je vais te montrer ta chambre.
Harry monta les escaliers à la suite de son ami. Lupin ouvrit une porte en disant :
— C'est une chambre d'amis. Sirius l'a utilisée quelques temps. Tu peux y rester aussi longtemps que tu le veux, jusqu'à la rentrée à Poudlard si tu le veux.
— Merci, c'est vraiment très gentil.
— C'est la moindre des choses que je puisse faire. Je te laisse t'installer. Pendant ce temps, je vais nous préparer à manger. Je suppose que tu dois avoir faim.
— Très !
Une fois seul, Harry défit sa valise, puis s'allongea quelques instants sur le lit, les bras repliés derrière la tête. Il contempla le papier-peint rose du plafond, puis ferma les yeux quelques minutes. Lorsqu'il les ouvrit à nouveau, une couverture avait été posée sur lui et il faisait nuit. La lune croissante était presque pleine, illuminant les lieux de sa lueur blafarde. Le jeune homme mit quelques secondes à se rappeler où il était, puis il se souvint. Il quitta la chambre et descendit au salon où il trouva Remus en pleine lecture.
— Bonsoir, Harry.
— Bonsoir. Pourquoi vous ne m'avez pas réveillé ?
— Tu m'avais l'air d'avoir besoin de sommeil. Tu t'es bien reposé ?
— Oui, merci… Euh… j'ai un peu faim…
Lupin sourit et le conduisit à la cuisine. Il sortit du poulet rôti du frigo et un plat de légumes.
— J'espère que ça ira. Je ne suis pas un très grand cuisinier, surtout quand il faut tout faire à la façon des moldus.
— Ca ira très bien… vous n'utilisez pas la magie ?
Remus s'assit en soupirant.
— Je ne préfère pas. Je n'ai pas envie d'attirer un Mangemort chez moi. Déjà qu'avec ma lycanthropie, je suis plus exposé que les autres…
Le visage de Lupin se ferma.
— Harry… demain, c'est le premier soir de la pleine lune… Au sous-sol, j'ai une cage que j'ai installée et insonorisée grâce à un sortilège de silence. J'irai m'y enfermer un peu avant le crépuscule.
— Vous ne prenez pas votre potion Tue-Loup ?
— Non, soupira Lupin. Je me suis rendu compte que cette potion était néfaste en dehors des périodes de pleine lune. En tous cas, je ne veux absolument pas te voir pendant ces trois nuits. Tu m'as compris ?
— Oui.
— Promets-moi que tu ne viendras pas voir ce qui se passe entre la tombée de la nuit et le lever du jour.
— Je vous le promets. Je resterai dans ma chambre entre le crépuscule et l'aurore.
— Bien. Je te laisse finir de manger, je retourne à ma lecture. Fais comme chez toi.
— Merci, encore.
Lupin sourit, puis retourna dans le salon. Lorsque Harry eut fini de manger, il rejoignit son ami. Remus leva les yeux de son livre et demanda :
— Je suppose que tu n'as pas sommeil ?
— Non, pas vraiment.
— Si ça t'intéresse, je peux te montrer quelques photos de tes parents et de Sirius.
— Ce serait super !
Lupin alla chercher un album et alla s'installer sur le sofa. Harry s'assit à côté de lui. Ils passèrent ainsi plusieurs heures à regarder des photographies datant des études des Maraudeurs à Poudlard. Le jeune homme remarqua qu'à chaque fois qu'il avait pu le faire sans abîmer le reste, Remus avait déchiré l'endroit où se trouvait Peter sur le cliché. Il était près d'une heure du matin lorsque Lupin décida qu'il était temps d'aller se coucher.
— Bonne nuit, Harry ! lança t'il à son invité en souriant.
— Bonne nuit !
Harry s'éveilla de bonne humeur ce matin-là. Il avait enfin réussi à trouver un endroit agréable où passer les vacances, loin des Dursley. Il s'habilla rapidement et descendit dans la cuisine où il trouva Remus en train de déjeuner.
— Bonjour ! Bien dormi ?
— Oui, merci.
— Au fait, il y a quelqu'un qui voudrait te voir, sourit Lupin en désignant Hedwige qui attendait patiemment sur le dossier d'une chaise.
Harry s'approcha de sa chouette qui vint de poser sur son épaule et lui tendit la patte. Il prit le parchemin et lut :
Cher Harry,
Je suis heureux de te savoir en sécurité avec Remus Lupin. Finalement, c'est sûrement mieux pour ta sécurité que tu restes en compagnie d'un sorcier expérimenté lorsque tu n'es pas à Poudlard. Je te souhaite de passer de bonnes vacances.
Albus Dumbledore.
— C'est du Professeur Dumbledore ! Mais, comment a t'il su où j'étais ?
— Je lui ai envoyé un hibou hier, pendant que tu dormais. J'ai pensé qu'il valait mieux qu'il sache où te trouver en cas de besoin.
— Merci.
Harry donna un morceau de gâteau à Hedwige qui alla le manger dans sa cage, installée dans le salon, puis il s'assit pour déjeuner. Il venait juste de terminer lorsque le téléphone sonna. Remus alla répondre, puis revint en disant :
— C'est pour toi, c'est Hermione.
— Merci !
Harry alla prendre l'appel dans le salon tandis que Remus débarrassait la table. Soudain, une assiette lui échappa et alla se briser sur le sol.
— Ca va ? Interrogea Harry depuis le salon.
— Oui, ce n'est rien.
Remus sentait le sang du loup commencer à bouillonner en lui. Un vertige le prit et il dut s'appuyer à la table pour ne pas tomber.
Je n'aurais jamais du prendre cette maudite potion… Elle m'aura fait plus de mal que de bien…
Le vertige cessa et Remus put ramasser les débris de l'assiette. Puis, il rejoignit Harry qui raccrochait juste.
— Hermione m'invite à passer la journée chez elle. Elle n'habite pas très loin d'ici.
— Eh bien, passe une bonne journée !
— Vous voulez m'accompagner ?
— Non, sourit Remus. Je suis certain que vous avez plein de choses à vous raconter, tous les deux.
— D'accord. Je serai rentré avant la nuit.
Harry prit son blouson et sortit. Une fois seul, Remus se laissa tomber sur le sofa. Il se sentait déjà fatigué par la prochaine pleine lune. En plus, un mauvais pressentiment venait le tourmenter, sans qu'il sache exactement ce que c'était.
Harry rentra alors que le soleil se couchait déjà sur Londres. Il aurait aimé arriver avant la nuit, mais les parents d'Hermione avait tenu à le garder pour dîner et il n'avait pas eu le cœur de les contrarier, tant ils avaient été gentils avec lui. Lorsqu'il entra, utilisant le double des clés que Remus lui avait confié, la maison était plongée dans l'obscurité et le silence. Il se tourna vers la fenêtre, contempla quelques instants la face blanchâtre de la pleine lune qui venait de se lever sur la ville, puis monta dans sa chambre. Il éprouvait une envie terrible de descendre au sous-sol pour s'assurer que son ancien professeur allait bien, mais il lui avait promis de ne pas le faire. Et, il ne voulait pas risquer de désobéir, n'ayant aucune envie de retourner au 4, Privet Drive. Il s'allongea sur son lit, repensant à la seule fois où il avait vu Lupin sous sa nature de loup-garou. Cette nuit-là, Sirius, en se transformant en Padfoot, leur avait sauvé la vie, à Hermione, Ron et lui. Et au Professeur Rogue aussi.
Lui, il aurait pu le bouffer, ça m'aurait pas trop gên
Avec un sourire, Harry ferma les yeux et finit par s'endormir.
