4.
Harry n'avait mis que quelques minutes pour atteindre Riley. Il descendit doucement vers la ville de banlieue, cherchant des yeux une trace de Remus. Il se dirigea vers le 125 Oaks Road, puis se posa discrètement à quelques pâtés de maisons de là. Il avait l'impression d'être revenu à Privet Drive, tant l'endroit ressemblait à la rue où il avait passé son enfance. Dans un coin sombre, il enleva sa cape, puis cacha son balai. Ensuite, il avança vers la maison. La lumière d'une bougie brillait derrière une fenêtre du rez-de-chaussée. Sa baguette à la main, il s'approcha et s'accroupit pour ne pas risquer d'être vu de l'intérieur. Il tendit l'oreille, mais ne perçut aucun bruit. Alors, il se redressa un peu pour jeter un coup d'œil. Ce qu'il vit lui figea le sang. Remus gisait inconscient sur le sol à côté de Bellatrix Lestrange, elle aussi inconsciente. Harry n'hésita pas une seconde. Il fonça à la porte qui, par chance, n'était pas verrouillée et entra. Sans même jeter un coup d'œil à la Mangemort, il se précipita vers Remus. Du sang avait séché à la commissure de ses lèvres et quelques gouttes étaient tombées sur sa chemise. Harry passa une main sur sa joue et sursauta.
Il est brûlant de fièvre ! Il faut que je le ramène !
Inquiet, Harry se tourna tout de même vers Bellatrix. Il se releva puis lorsqu'il eut constaté avec soulagement qu'elle était morte, il revint vers Remus.
Je ne peux pas l'emmener sur mon balai ! Il va falloir prendre un taxi moldu… A moins que…
Harry avait remarqué la cheminée qui ornait la pièce et savait qu'il y en avait une dans la chambre de son ami.
J'espère qu'il ne l'a pas faire condamner !
Il se leva, puis alla fouiller dans les tiroirs. Quelques minutes plus tard, il revint avec de la poudre de cheminette.
Ils sont tous pareils ! Pourquoi tous les sorciers la rangent dans les tiroirs de la cuisine ?
Harry alla chercher son balai et sa cape qui étaient restés dehors, puis revint auprès de son ami. Il le prit dans ses bras, le collant contre lui, cala son balai sous son bras, mit sa cape sur ses épaules, puis entra dans la cheminée en criant :
— Chez Remus Lupin !
Quelques secondes plus tard, ils atterrirent dans la cheminée de la chambre de Remus. Harry lâcha alors son balai et sa cape, souleva son ami et alla le déposer sur son lit. La fièvre de Remus avait empiré. Harry alla chercher une cuvette, la remplit d'eau froide et y trempa un linge. Puis, il revint s'asseoir à côté de son ami et posa délicatement le linge humide sur son front brûlant. Au contact de l'eau glacée, Remus s'agita. Alors que Harry nettoyait le sang qui avait séché sur ses lèvres, il ouvrit un peu les yeux, l'air hagard. Le jeune homme lui caressa doucement la joue en soufflant :
— Tout va bien. Je vous ai ramené chez vous.
— Bellatrix ? Interrogea Remus d'une voix faible.
— Elle est morte.
Le lycanthrope soupira de soulagement, puis ferma à nouveau les yeux. Harry ne savait pas s'il s'était rendormi, mais se rendit compte qu'il était trempé de sueur. Il alla chercher un peignoir et une serviette-éponge dans la salle de bains, puis revint auprès de Lupin. Il défit les boutons de la chemise de son ami, puis en écarta les pans. Avec la serviette, il essuya doucement la peau humide de Remus. Il le souleva un peu pour lui enlever complètement la chemise, puis s'attaqua au pantalon. Il eut plus de difficultés à le lui enlever, mais finit par y arriver. Constatant que Remus ne portait pas de sous-vêtements, Harry eut du mal à éviter de regarder une certaine partie de son anatomie, ce qui le mit plus que mal à l'aise. Il essuya doucement les jambes de son ami, puis le recouvrit avec le drap, le temps de récupérer le peignoir qui était tombé par-terre. Lorsqu'il se redressa, Harry croisa le regard de Remus qui s'était éveillé.
— Comment vous sentez-vous ? Demanda le jeune homme en essayant de cacher le trouble qui s'était emparé de lui depuis quelques instants.
— J'ai soif…
Harry alla chercher un verre d'eau et récupéra en passant des comprimés contre la fièvre qu'il trouva dans l'armoire à pharmacie. Il donna le tout à son ami qui s'était un peu redressé. Lorsqu'il eut prit les médicaments et fini son verre, il se rallongea en soupirant.
— Que s'est-il passé chez Bellatrix ? Interrogea Harry en s'asseyant sur un fauteuil, près du lit.
— Lorsque je suis arrivée, elle était devant sa cheminée en train de discuter avec une personne dont je n'ai pas vu le visage. En la voyant, j'ai perdu toute notion de prudence. Je ne pensais qu'à la tuer, à venger Sirius. Je suis entré, mais elle semblait m'attendre. Elle m'a même proposé de rejoindre les forces de Voldemort. Je l'ai alors attaquée, mais elle a riposté en même temps et je suis tombé. Ensuite, je ne me souviens de rien jusqu'à ce que je te voie tout à l'heure. Comment m'as-tu retrouvé ?
— J'ai trouvé le mot que vous a envoyé Rogue. J'ai pris mon balai et ma cape d'invisibilité pour aller à Riley. Et je vous ai trouvé dans la maison de Bellatrix, vous inconscient, et elle morte. J'ai trouvé de la poudre de cheminette dans un tiroir de la cuisine et je vous ai ramené ici.
— Merci, Harry… Je vais essayer de dormir un peu…
— Vous devriez enfiler ce peignoir avant, sourit le jeune homme en lui tendant le vêtement.
Devant le regard interrogateur de Remus, il ajouta :
— Je vous ai enlevé vos habits car ils étaient trempés de sueur. Je vais aller les mettre au sale.
Il ramassa les vêtements et descendit à la cuisine pour les mettre dans la machine à laver. Lorsqu'il remonta, Remus dormait déjà, enveloppé dans son peignoir. Harry le couvrit du drap et de la couverture, puis s'installa à nouveau dans le fauteuil.
Lorsque Remus ouvrit les yeux, il sentit immédiatement que sa fièvre avait bien baissé. Il tourna la tête vers Harry qui dormait sur le fauteuil et sourit.
Il est si beau…
Il se redressa doucement, puis se pencha vers le dormeur. Ses lèvres frôlèrent celles de Harry comme une caresse. Il commençait à s'éloigner lorsque deux bras entourèrent ses épaules, l'attirant pour un tendre baiser. Remus ouvrit inconsciemment les lèvres et bientôt, sa langue rencontra celle de Harry pour un ballet qui les laissa tous deux essoufflés. Le peignoir de Remus s'était ouvert, laissant voir son torse pâle et son ventre ferme. Harry sentit le désir monter en lui, comme il ne l'avait jamais ressentit auparavant et captura à nouveau les lèvres de son ami. Remus se laissa retomber sur le lit, entraînant son compagnon avec lui. Harry délaissa les lèvres du lycanthrope et descendit dans son cou, déposant de petits baisers sur toutes les cicatrices qui parsemaient sa peau laiteuse. Remus se sentait perdre pied et eut juste assez de courage pour repousser doucement l'adolescent qui lui lança un regard surpris. Il sourit en voyant que les lunettes de Harry étaient un peu de guingois, mais était bouleversé par l'incompréhension qu'il lisait dans les yeux émeraude.
— Il ne faut pas, Harry. Même si j'en ai envie… souffla Remus en refermant son peignoir.
— Mais moi aussi, j'en ai envie ! Je ne comprends pas… je croyais que vous m'aimiez…
— Oui, je t'aime. Mais il est trop tôt. Et puis, je suis fatigué… termina le lycanthrope en détournant les yeux.
Harry soupira.
— D'accord, je vous laisse vous reposer…
Et il sortit en claquant la porte. Une fois seul, Remus passa une main sur son visage, essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues.
C'était une erreur… une terrible erreur… tu avais raison, Sirius… je n'aurais jamais du le lui dire… que vais-je faire maintenant ?
Harry se jeta sur son lit, furieux et frustré. Même si, au fond de lui, il savait que Remus avait eu raison de le repousser, qu'il n'était pas prêt à franchir le pas, il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir de son geste.
C'est la première fois que je ressens quelque chose d'aussi fort… Dire que je croyais avoir aimé Cho… mais ce n'était rien en comparaison ! Je n'ai jamais eu envie d'elle au point d'en avoir mal… Est-ce que c'est ça le véritable amour ? Si oui, c'est terriblement intense… mais c'est si compliqu
Il soupira, puis ferma les yeux, sentant à nouveau le goût des baisers de Remus. Une chaleur monta de son bas-ventre et il se morigéna.
Il vaudrait mieux que j'évite d'y penser ! Sinon, ce sera pire… Bon, je devrais essayer de dormir…
Il se releva, enfila son pyjama, puis se pelotonna entre ses draps. Contrairement à ce qu'il pensait, il ne tarda pas à s'endormir.
Harry se leva le premier. Il descendit préparer le petit-déjeuner, essayant de ne pas penser à ce qui s'était passé la veille au soir. Lorsque Remus le rejoignit, il se tourna vers lui avec un grand sourire.
— Les œufs sont presque prêts.
— Harry, il faut qu'on parle.
— Non, soupira le jeune homme en retournant à ses fourneaux. Je ne préfère pas. Vous aviez raison hier soir. Il faut laisser faire le temps.
— D'accord, souffla Remus, à la fois soulagé et déçu.
Il s'assit et leva la tête vers son hibou qui venait de déposer la "Gazette du Sorcier" devant lui. A la une s'étalait la photo de Bellatrix Lestrange avec le titre :
Une adepte de Vous-savez-qui retrouvée assassinée chez elle.
Harry s'assit à côté de Remus en commença à parcourir l'article en même temps que lui. Lorsqu'il eut fini, il s'exclama :
— Il faut leur dire ce qui s'est passé !
— Je ne préfère pas, sourit son ami.
— Mais pourquoi ?
— Pour deux raisons. La première, c'est que je ne tiens pas à ce que Voldemort ait une raison de plus de me tuer. La seconde… tu ne le sais pas, mais normalement, je devrais être à Ste Mangouste…
— Ste Mangouste ? S'étonna le jeune homme.
— Oui. Il est prévu par la loi que tout loup-garou doit être interné à Ste Mangouste dès qu'il est mordu. Mais, mes parents ayant toujours caché ma condition, j'ai pu y échapper. Après que j'aie quitté mon poste à Poudlard, seule l'intervention de Dumbledore m'a permis de rester libre. Tu comprendras alors que je ne tiens pas à faire parler de moi.
— Oui.
Ils terminèrent de déjeuner en silence, puis Remus lança :
— Je dois m'absenter quelques heures. Ca ne te dérange pas si je te laisse seul ?
— Non, pas du tout. Il faut que je me mette sur mes devoirs de vacances si je ne veux pas avoir tout à faire juste avant la rentrée.
— D'accord. Alors, à tout à l'heure !
Remus prit sa veste et sortit.
