7.

L'état de santé de Remus semblait s'être amélioré, mais Harry avait décidé de s'occuper de lui. Il lui cuisinait de bons petits plats, l'obligeant à manger même s'il n'avait pas faim pour qu'il reprenne des forces. Parfois, il essayait de sortir de table avant d'avoir fini, mais son compagnon l'obligeait à vider son assiette.
— Tu veux vraiment me gaver ? Demanda un jour Remus, calant sur son assiette de pâtes au fromage.
— Je veux que tu sois en pleine forme. Il n'est pas question que je te laisse tomber malade.
— C'est gentil… mais là, je n'en peux vraiment plus…
— Bon, d'accord. Pour aujourd'hui, tu peux laisser, si tu n'as plus faim !
— Merci ! soupira Remus en repoussant son assiette. Si on allait se promener un peu cet après-midi ? On ne va pas rester enfermés ici par un si beau temps ? J'ai pensé qu'on pourrait passer un moment à Hyde Park.
— C'est une très bonne idée ! Je prépare mon sac et on y va ! S'exclama Harry avec enthousiasme.
— Ton sac ? S'étonna son ami.
— Je vais emporter quelques bouteilles d'eau et du chocolat…
— Tu as peur qu'on rencontre un Détraqueur ?
— Non. Mais, comme tu me l'as dit un jour, c'est le meilleur des remontants ! sourit le jeune homme en disparaissant dans le salon.
Remus le regarda sortir de la pièce en souriant. Soudain, il sentit un tremblement monter dans sa main droite et la plaqua sur la table avec l'autre.
Non… pas maintenant… je veux passer cette journée tranquille…
La tête se mit à lui tourner et sa respiration s'accéléra.
Non !

Harry traversait le salon pour retourner à la cuisine remplir son sac à dos lorsqu'un bruit de chute l'alerta. Il se précipita, une angoisse sourde lui étreignant le cœur. En voyant son compagnon étendu sur le sol, inconscient, il sentit les larmes monter, mais lutta pour ne pas se laisser submerger et s'agenouilla auprès de Remus. Une sueur froide coulait sur le front du lycanthrope qui tremblait et respirait avec difficulté. Harry voulut le soulever dans ses bras pour le porter dans le salon, mais Remus ouvrit les yeux brusquement, le faisant sursauter.
— Harry… laisse-moi…
— Non ! Je vais t'amener sur le sofa.
— Je ne veux pas que tu me voies dans cet état…
— C'est trop tard ! Tu ne peux pas me repousser maintenant ! Je vais m'occuper de toi.
Il souleva alors Remus dans ses bras et le déposa précautionneusement sur le sofa du salon.
— Qu'est-ce que je peux faire pour te soulager un peu ? Demanda le jeune homme en passant doucement la main sur le front se son compagnon.
— Rien… il n'y a rien à faire… il faut juste attendre…
Il fut interrompu par une quinte de toux violente et eut du mal à reprendre son souffle, sa respiration restant sifflante. Harry le redressa un peu et s'installa derrière lui, collant le dos de Remus contre son torse et l'entourant de ses bras. Il enfouit son visage dans les cheveux dorés de son compagnon, retenant à grand peine ses pleurs. Ainsi installé, Remus s'endormit, sa respiration retrouvant peu à peu un rythme normal.
On ne va pas pouvoir continuer comme ça… il faut à tout prix que je contacte Dumbledore… Il faut qu'il trouve un remède… Je ne supporterai pas de le perdre…
Caressant tendrement le bras de son compagnon, il laissa enfin libre cours à ses larmes, ne pouvant retenir son chagrin plus longtemps.
Ne me laisse pas… je t'en supplie… Remus, je t'aime tellement… ne m'abandonne pas…
Il étouffa un sanglot et essuya ses larmes, un peu honteux de s'être laissé aller alors qu'il devait être fort pour aider son compagnon.
La pleine lune est pour demain… je ne peux pas le laisser affronter ça tout seul ! Mais, je ne peux pas non plus rester avec lui… si seulement Sirius était là, il pourrait m'aider… Seul un animal pourrait rester avec lui sans risque… Un animal… mais, j'en connais un !
Reprenant un peu espoir, il déposa un petit baiser dans la chevelure de son compagnon qui s'éveilla.
— Je dois sortir quelques heures, lui souffla Harry.
— Ne t'inquiètes pas pour moi, ça ira…
— Tu es sûr ?
— Oui. Je vais rester ici, me reposer un peu.
Harry se dégagea. Il sourit à son compagnon avant de l'embrasser doucement, puis le couvrit d'un plaid avant de quitter la pièce. Seul, Remus se rendormit rapidement, épuisé par la maladie.

Lorsque Harry revint, la maison était plongée dans le silence. Il se dirigea directement vers le salon, mais n'y trouva personne. Il monta alors au premier. La porte de la chambre de Remus était entrouverte. Il frappa doucement et entra. Son compagnon dormait, allongé sur le dos, un bras sur les yeux. Harry ferma les rideaux, plongeant la pièce dans une obscurité relative, puis s'approcha sans bruit du lit. Il enleva ses chaussures et ses lunettes, puis s'allongea contre son compagnon. Il posa sa tête sur le torse de Remus, écoutant les battements réguliers de son cœur. La main du lycanthrope se posa sur l'épaule du jeune homme qui sourit.
— Bonsoir…
— Bonsoir. Tu t'es bien reposé ?
— J'ai dormi une partie de l'après-midi et j'ai lu…
— Tu as mangé un peu ?
— Non, je n'avais pas faim…
— Il faut que tu manges, le réprimanda Harry. Si tu ne te nourris pas, tu ne pourras pas reprendre des forces !
— Il est trop tard…
— Ne dis pas ça ! s'exclama le jeune homme en s'asseyant et en plantant son regard dans celui de son compagnon. Je t'interdis de dire ça ! Je ne veux pas que tu renonces ! Tu n'as pas le droit de me laisser seul…
Des larmes coulaient sur ses joues, tombant sur la chemise de Remus qui le regardait d'un air contrit.
— Je suis désolé… Mais, il faut que tu envisage l'éventualit
— Je ne veux pas ! cria Harry en se bouchant les oreilles.
Son ami l'attrapa par les épaules et l'attira contre lui. Le jeune homme enfouis son visage contre son torse, secoué de sanglots.
— Je ne veux pas te perdre… je ne le supporterai pas… je t'aime trop…
Remus fut bouleversé par la déclaration de son compagnon. Il avait beau connaître les sentiments de Harry à son égard, il ne pouvait s'empêcher d'être retourné par ce qu'il venait d'entendre.
— Je m'en veux de te faire subir tout ça, souffla t'il, la gorge serrée. Tout aurait été beaucoup plus simple si tu n'étais pas venu ici…
— Non… je ne regrette rien… je suis heureux d'être venu… d'avoir découvert cet amour… mais je ne veux pas tout perdre… pas si vite ! J'ai l'impression que s'il t'arrive malheur, je n'y survivrai pas…
— Ce n'est qu'une impression ! On se remet de tout, même de la mort d'un être cher. Le temps guérit toutes les blessures.
— Je n'en suis plus très sûr aujourd'hui… et je me demande surtout si je ne porte pas malheur aux personnes qui m'entourent…
— Pourquoi dis-tu ça ? Demanda Remus d'un air surpris.
— Quand je vois le nombre de gens qui sont morts autour de moi, ça m'inquiète… Il y a eu mes parents, puis Cédric, Sirius… et maintenant toi… il vaudrait mieux que ce soit moi qui meure !
— Je t'interdis de dire ça ! s'indigna son compagnon. Tu ne dois pas mourir. Tu as toute ta vie devant toi, tu es jeune ! Et puis, tu as une mission à accomplir !
Harry se dégagea des bras de son ami pour pouvoir le regarder dans les yeux.
— Alors, toi aussi, tu crois que mon destin est déjà tracé ? Que je suis lié à Voldemort ? Que tout ne sera fini que le jour où l'un de nous deux mourra ? C'est ça ?
— Je ne sais pas… tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas que tu gâches ta vie future à cause de moi…
Le lycanthrope, un léger sourire sur les lèvres, passa une main dans les cheveux en bataille de son compagnon.
— Un jour, tu rencontreras une belle jeune fille que tu épouseras et tu auras plein de petits sorciers…
— Je ne veux pas, bouda Harry. Je veux rester toute ma vie avec toi.
Remus se redressa et déposa un baiser sur les lèvres du jeune homme qui l'entoura de ses bras, le serrant aussi fort qu'il le pouvait contre lui.
— N'en parlons plus pour l'instant, soupira t'il. Je veux profiter le plus possible de toi…
— Tu vas vite t'ennuyer si tu passes tes journées à me regarder dormir.
— Ne t'inquiètes pas pour ça ! sourit Harry. Allez, on devrait se reposer. Je peux rester ?
— Bien sûr.
Ils s'allongèrent à nouveau l'un contre l'autre et s'endormirent rapidement.

Harry fut réveillé au milieu de la nuit par un hululement qui provenait de sa chambre. Il se leva en prenant soin de ne pas réveiller Remus, remit ses lunettes et alla rejoindre Hedwige qui l'attendait, perchée sur sa cage, attendant patiemment. Il prit le message qui était attaché à la patte de la chouette, puis après l'avoir caressée doucement il s'approcha de la lumière pour lire. Lorsqu'il eut fini, un sourire éclaira son visage. Il rangea le parchemin dans un tiroir et murmura :
— Merci, Hedwige. Tu ne m'as jamais amené une meilleure nouvelle…
La chouette pencha la tête sur le côté, puis s'envola à nouveau par la fenêtre ouverte. Harry retourna dans la chambre de Remus. Il resta un moment immobile, contemplant son compagnon qui dormait.
Il a l'air si paisible quand il dort… Vivement que ce cauchemar soit enfin terminé !
Avec un sourire, il reprit sa place contre le lycanthrope qui l'entoura instinctivement de ses bras.