9.
Il ne restait plus qu'une semaine avant la rentrée à Poudlard. Remus et Harry parcouraient le Chemin de Traverse pour acheter les fournitures qui seraient nécessaires à l'adolescent au cours de sa sixième année d'études. Alors qu'ils allaient entrer dans une librairie, une voix nasillarde retentit derrière eux.
— Tiens ! Potter et le loup-garou !
Harry fit volte-face, serrant les poings.
— Malefoy… gronda t'il.
Remus posa une main sur l'épaule de son ami pour le calmer.
— Tu sais, Potter, tu ne devrais pas revenir à Poudlard cette année !
— Et pour quelle raison ? Interrogea l'intéressé d'un ton où perçait la fureur.
— Parce qu'à cause de toi, mon père est à Azkaban… et que tu vas passer la plus mauvaise année de ta vie !
— Vous ne devriez pas lancer de telles menaces en public Monsieur Malefoy, intervint Remus. Ca pourrait vous être préjudiciable.
— Vous ne pouvez rien me faire ! sourit le blond, un air narquois sur le visage.
— C'est ce qu'on verra… n'oubliez pas de vous barricader lors de la prochaine pleine lune…
Remus prit Harry par le bras et l'entraîna à l'intérieur de la librairie.
— C'est dangereux, ce que tu viens de faire, souffla le jeune homme à voix basse. Si Malefoy raconte ça…
— A qui veux-tu qu'il en parle ? Son père est en prison et il a été totalement discrédité. Dumbledore me soutiendra quoi qu'il arrive, il me l'a dit.
— Je pensais plutôt à Rogue…
— Il ne me fera rien. Tu sais pourquoi il m'a donné l'adresse de Bellatrix ?
— Non.
— Il se sentait tellement coupable que sa potion Tue-Loup ait été empoisonnée qu'il voulait tout faire pour se racheter. Alors, je lui ai demandé de la chercher… je voulais venger Sirius.
— Rogue se sentait coupable ? Rogue ?
— Oui, sourit Remus, Severus Rogue ! Ne fais pas cette tête. Nos rapports, loin d'être amicaux, se sont bien améliorés depuis quelques temps.
— Si tu le dis…
— Bon, on continue nos achats ?
— Allons-y !
Lorsqu'ils eurent trouvé toutes les fournitures de la liste, ils retournèrent au Chaudron Baveur pour revenir dans le monde des moldus, leurs achats bien camouflés dans un grand sac que Harry portait sur l'épaule. Alors qu'ils entraient dans la taverne, ils eurent la surprise d'y trouver Albus Dumbledore qui, visiblement, les attendait.
— Bonjour, Professeur, sourit le lycanthrope.
— Bonjour, Remus. Comment allez-vous ?
— Ca peut aller.
— Vous serait-il possible de m'accompagner tous les deux à Poudlard jusqu'à demain ?
— Pour quelle raison ? S'étonna le lycanthrope.
— C'est une sorte de surprise, sourit Dumbledore. Pouvez-vous venir ?
— Il faudrait d'abord qu'on passe chez moi pour prendre quelques affaires, répondit Remus qui avait compris qu'il ne lui servirait à rien d'en demander plus.
— Alors, allons-y ! sourit le directeur de Poudlard en leur tendant un paquet de chips vide.
Ils touchèrent l'emballage et se retrouvèrent instantanément dans le salon de Remus. Harry et lui montèrent chercher leurs bagages et quelques minutes plus tard, ils rejoignirent Dumbledore qui s'était installé sur le sofa et feuilletait un magazine moldu en tournant les pages à l'aide de sa baguette.
— Nous sommes prêts, lança Remus.
Ils touchèrent à nouveau le paquet de chips qui les emmena directement à Poudlard, dans le bureau de Dumbledore qui les invita à le suivre. Harry était un peu perdu de se retrouver dans le collège alors que la rentrée n'avait pas encore eu lieu. Avec Remus, ils suivirent Dumbledore jusqu'à l'infirmerie. Madame Pomfresh et Severus Rogue se trouvaient là. Le Professeur de Potions lança un regard noir à Harry, mais ne dit rien.
— Vous allez nous dire pourquoi nous sommes ici ? Interrogea Remus, de plus en plus surpris.
— Si je vous ai fait venir, c'est pour vous annoncer une bonne nouvelle ! N'est-ce pas, Harry ! sourit Dumbledore en faisant un clin d'œil à l'adolescent.
Le lycanthrope se tourna vers son ami, surpris.
— Tu sais ce qui se passe ici ?
— Le Professeur Dumbledore m'a envoyé un message il y a quelques jours, répondit Harry.
— Je lui disais que Severus et moi avions presque terminé la mise au point d'un contre-poison.
— Vous voulez dire…
— Que nous allons vous guérir, mon cher ami, termina Albus avec un sourire immense.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Demanda Remus à son compagnon.
— Je lui avais demandé de ne pas le faire, répondit Dumbledore à la place de l'adolescent. Je ne voulais pas vous donner de faux espoirs si nous avions échoué. Mais, nous avons réussi, avec l'aide précieuse de Madame Pomfresh.
L'infirmière, rougissant un peu, intervint alors pour la première fois depuis le début de la conversation.
— Oh, je n'ai pas fait grand chose, Monsieur le Directeur.
— Ne soyez pas aussi modeste, Pompom. Si nous avons trouvé le dernier ingrédient qu'il nous manquait, c'est grâce à vous.
— Que dois-je faire ? Interrogea Remus, pressé.
— Allongez-vous ! lui ordonna l'infirmière.
Il obéit, s'installant sur un lit qui avait été préparé pour lui. Pomfresh disparut quelques secondes dans son bureau et revint avec deux fioles.
— Vous allez boire le contenu de cette fiole tout de suite, dit-elle en la tendant à Remus qui la prit.
Lorsqu'il eut tout avalé, jusqu'à la dernière goutte, il demanda :
— Et ensuite ?
— Il faut attendre deux heures que la première potion agisse. Ensuite, je vous donnerai l'autre.
— D'accord.
— Et moi, je fais quoi ? Interrogea Harry, se sentant un peu inutile.
— Vous allez rester auprès de notre ami, répondit Dumbledore. Madame Pomfresh vous a installé un lit un peu plus loin.
Le directeur de Poudlard se dirigea vers la porte, suivi de près par Rogue qui n'avait pas desserré les dents.
— Je reviendrais vous voir dans quelques heures, sourit Dumbledore avant de refermer la porte.
Harry prit une chaise et s'assit à côté du lit de Remus tandis que Madame Pomfresh retournait dans son bureau. Lorsqu'ils furent seuls, le lycanthrope demanda à son ami :
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Tu aurais du m'en parler !
— Comme l'a dit Dumbledore, je ne voulais pas te donner un faux espoir… Quand j'ai lu son message, j'étais fou de joie, mais j'ai aussi eu peur que ça ne marche pas…
— Tu crois qu'ils ont réussi ? Que ça va vraiment marcher ?
— Si le Professeur Dumbledore le dit, j'en suis certain.
— J'espère de tout cœur que tu as raison…
Harry avait un sommeil agité. Lorsque Madame Pomfresh avait fait boire le contenu de la deuxième fiole à Remus, celui-ci était tombé dans un était quasi-comateux. Elle avait rassuré l'adolescent en lui disant que c'était tout à fait normal et l'avait invité à aller se reposer. Il s'était couché, persuadé qu'il ne dormirait pas et pourtant, quelques minutes plus tard, il était dans les bras de Morphée. Cependant, son sommeil était peuplé de cauchemars ou Remus mourait dans d'atroces souffrances, ce qui le réveillait constamment. Au bout de la troisième fois, il se leva et alla s'asseoir près du lit de son ami.
— Je ne sais pas si tu m'entends, Remus… je voulais te dire que je t'aime de tout mon cœur, de toute mon âme et de tout mon être… j'espère vraiment que tu vas guérir… mais si par malheur ça ne marche pas, sache que je serai près de toi jusqu'au bout… S'il le faut, je laisserai tomber les études pour rester avec toi… mais, j'espère que je n'aurais pas à le faire… parce que franchement, je sais que si tu meures, je ne te survivrai pas… si jamais le pire arrivait, je chercherai Voldemort par tous les moyens et j'irai l'attaquer de front… je sais que tu n'approuverais pas cette idée… mais ça n'aurait plus d'importance… je ne veux pas te perdre… Remus… ne me quitte pas toi aussi… ne me laisse pas seul… je t'aime…
Des larmes coulaient à flots sur les joues de Harry. Il avait prit la main de Remus dans la sienne et y déposait de petits baisers, l'inondant de ses pleurs. Soudain, il sentit l'autre main de son ami se poser sur sa tête. Il leva les yeux vers lui, essayant de sourire à travers ses larmes.
— Comment te sens-tu ?
— Fatigué… j'ai l'impression d'avoir couru un marathon…
Dumbledore, qui venait d'entrer dans l'infirmerie, lança :
— C'est normal. Vous verrez, d'ici demain matin, vous vous sentirez déjà mieux !
— Ca a marché ? Interrogea Harry en essuyant ses joues humides.
— Apparemment oui. Bon, je vous laisse vous reposer. Je viendrais vous revoir demain matin.
— Merci, sourit Remus.
— Bonne nuit.
Dumbledore sortit. Une fois seul avec son compagnon, Harry l'embrassa tendrement. Lorsqu'il put à nouveau parler, Remus demanda :
— Tu as souvent des rêves prémonitoires qui ne sont pas liés à Voldemort ?
— Comment ça ?
— La nuit où tu as fait ce cauchemar sur ma mort… tu as dit exactement les mêmes mots…
— Vraiment ? Alors, je n'avais pas rêvé de ta mort… mais de ta guérison…
— Apparemment…
— Remus ?
— Oui ?
— Tu crois que je peux dormir avec toi cette nuit ?
Le lycanthrope ne répondit pas, mais s'écarta un peu pour que son compagnon puisse s'allonger contre lui. Harry se blottit dans ses bras et ils ne tardèrent pas à s'endormir tous les deux.
