Chapitre 5 : Bienvenue dans le monde réel

Des voix se détachèrent peu à peu du néant dans lequel j'étais plongée.

- Tu es sûr que c'était une bonne idée ? fit une voix grave. A son âge, ça pourrait être dangereux.

- Ne t'inquiètes pas, répondit une autre voix qu'il me semblait connaître. Elle se doutait de quelque chose depuis longtemps. Son esprit est ouvert. Elle y arrivera.

J'écartais lentement mes paupières lourdes comme du plomb. Tout était d'un blanc éblouissant. Je distinguais simplement les contours de deux visages, penchés au-dessus de moi. Et je me rendormis.

Lorsque je rouvris les yeux, je me sentais un peu mieux. La nausée était passée, et le monde ne me semblait plus flou. Doren me regardait, debout à l'autre extrémité du lit. Et entre nous ... je voyais une forêt d'aiguilles qui semblait surgir de mon corps.

- Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui se passe ? M'affolais-je.

Je tentais de me relever mais ne pus faire un mouvement.

- Pas de panique ! fit le grand brun. Les muscles de ton corps sont atrophiés, on doit donc les renforcer à l'aide de ces aiguilles.

Il s'avança et posa une main fraîche sur mon front, me calmant instantanément.

- Repose-toi.

Quelques jours plus tard ... je me réveillais dans un endroit que je ne connaissais pas. C'était visiblement une chambre, mais la charpente métallique de la pièce laissait penser à un bateau, ou quelque chose du genre.

Je m'assis sur ma couchette. Un cathéter était planté dans mon bras. Ayant horreur des aiguilles, je l'enlevais ; ce fut douloureux, et j'eus des sueurs froides en voyant la longueur de l'aiguille. Je regardais mon bras, stupéfaite ; le cathéter n'avait pas été introduit directement sous la peau, non ; j'avais une sorte ... d'orifice dans l'avant-bras, qui me rappelais le rêve que j'avais fait il n'y avait pas si longtemps ... dans ce rêve, j'avais des câbles un peu partout dans mon corps ... Instinctivement, je portais la main à ma nuque ; un disque métallique, percé d'un trou en son centre, y était fixé.

J'étais terrifiée. Où étais-je ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ?

Je me levais et sortis de la cabine. Je m'engageais dans une coursive quand la porte à l'autre extrémité s'ouvrit, et Doren apparut dans l'embrasure.

- Enfin, te voilà réveillée ! Viens, je vais te présenter aux autres.

Je le suivis en silence. La salle où nous débouchâmes était étonnante : pleine de moniteurs, de tuyaux et de commandes.

- Nous sommes dans mon vaisseau, l'Ascarus. Et voici l'équipage : tu connais déjà Hanorah. C'est notre opératrice. Et voici Déna, Véko et Leash, fit-il en me désignant la jeune fille brune, l'homme d'un certain âge et le Rasta.

A l'appel de son nom, chacun me dit bonjour ou me salua d'un signe de tête. Il y avait également Plif, un gamin d'une quinzaine d'années qui me fit un grand sourire, et Gail, une femme blonde au regard sympathique qui faisait office de médecin, mais aussi de maman à bord.

J'étais perdue ; tout allait trop vite pour moi. Gail me regarda avec compassion.

- Ne t'inquiètes pas, tu te feras vite à tout ça.