In Stellis Memoriam

Disclaimer : Ni gloire, ni argent…

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13 reviews pour un premier chapitre… bravo….

Même si FFNet a mis une semaine à les afficher ...

Vous l'aimez bien vous aussi Cyrus, hein ?

Enfin, certains ne l'avoueront que sous la torture, si j'ai bien compris…

Je suis contente que vous aimiez la dernière phrase « Où je suis, on donne une deuxième chance » parce que c'est vraiment l'idée de cette fic… ça aurait même pu être le titre si In Stellis Memoriam ne m'était pas venu…

Mais intéressons-nous, pour une fois, au grand frère…

Spéciale dédicace à Arwan – on ne se connaît pas mais j'ai reçu ton message de soutien 87 fois…. Ça m'a marqué

Et puis aussi à Jaune et Vert qui sont les plus rapides des béta-réadeuses… et puis aussi à Alana parce qu'elle le mérite…

2 - Affaires de Serpent

Harry n'avait rarement fait avec autant de conscience ses devoirs. Il n'avait d'ailleurs jamais passé autant de temps à la bibliothèque depuis le début de l'année. Même sans doute de toute sa vie !

Et ce n'était pas vraiment pour faire plaisir à Hermione. Non.

C'était plutôt parce que, malgré ses excuses sincères, malgré la semaine de retenues de Minerva, malgré la rumeur de la colère paternelle, il était encore tenu en haute suspicion par ses camarades. Notamment et surtout par Ron qui préférait, depuis cette fameuse nuit de pleine lune, s'asseoir en classe à côté de Dean Thomas ou de Seamus Finnigan. Cyrus avait bien essayé, de son côté, d'intercéder auprès du plus jeune des Weasley, sans aucun résultat.

« Il se calmera bien », disait George avec fatalité.

« Il se calme toujours », avait renchéri Fred lors du dernier entraînement de Quidditch. La saison allait reprendre le week-end suivant, et Dubois avait de nouveau adopté son air anxieux et surexcité, les abreuvant de stratégies et de conseils à chaque instant.

En attendant cet hypothétique jour de rédemption, Harry passait le plus clair de son temps libre avec Hermione et, heureusement, aussi avec son frère. Ils n'étaient pas revenus sur la 'décision' de ce dernier. Harry n'osait pas le faire, et Cyrus ne semblait pas en avoir besoin. Ce dernier était comme d'habitude : léger, drôle, un peu inconséquent et souvent impertinent - un tantinet plus prudent aussi, avait noté son grand frère officiel, notamment en matière de respect des horaires. Mais Harry se demandait quand même ce qui pouvait se passer dans sa tête exactement…

Est-ce que la décision accélérait le processus d'effacement de la potion ? Harry avait tant eu l'impression que la volonté de Sirius en avait modifié les effets annoncés… un vrai sujet pour Severus, ça, la résistance de la matière aux effets d'une potion !… Il se promettait de mener son enquête cet été, quand ils seraient plus souvent seuls tous les deux.

Pour le reste, Cyrus lui avait juste dit qu'il avait dû promettre – « juste pour pouvoir sortir de ma chambre ! » - de ne plus utiliser son Animagus avant les vacances, « et de ne plus aller te chercher la nuit, et de ne plus écouter aux portes, et… je dois en oublier ! » - avait-il énuméré en levant les yeux au ciel. « Sans doute promettre ne pas oublier de ne pas oublier », avait ironisé Harry. Cyrus avait de nouveau levé les yeux au ciel, et Hermione en avait pleuré de rire, se souvint-il.

« Dépêche-toi, Harry », disait alors celle-ci. « On va être en retard ! »

« Vous avez quoi ? » - s'enquit le second qui les accompagnait jusqu'au Grand hall.

« Défense contre les forces du mal », expliqua Hermione.

« Oh », commenta Cyrus en pâlissant un peu.

« Oui, c'est pour ça qu'elle stresse… Faut dire, Rogue quatre fois par semaines ça augmente considérablement les chances de se faire engueuler ! », s'amusa Harry avec un léger sourire.

« Hum… crois-moi, Harry… toi non plus, tu ferais mieux de ne pas arriver en retard à CE cours-là », répondit Cyrus un peu nerveusement.

Harry fronça les sourcils et allait en demander plus, mais Hermione l'interrompit : « A celui-là comme aux autres ! Viens maintenant, Harry ! »

Les deux première année partirent en petites foulées dans les couloirs et les escaliers de Poudlard. Harry ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Cyrus avait voulu dire. « CE cours-là » - qu'avait-il encore 'entendu' ? Il avait beau réfléchir, il n'avait aucune idée de ce qui pouvait l'avoir fait pâlir comme cela… « De toutes façons, nous sommes en retard ! » - songea-t-il avec un certain fatalisme. Mais il n'eut qu'à ouvrir la porte de la classe pour comprendre ce que son frère n'avait pas osé ou pas eu le temps de lui dire – sans doute, n'était-il pas censé le savoir...

Ce n'était pas le professeur Rogue et ses coûteuses robes en soie qui se tenait sur l'estrade. C'était un professeur châtain, avec des mèches blanches qui semblaient formées un V sur le devant de son crâne…

« Excusez-nous, pro… professeur Lupin », entendit-il Hermione balbutier en lui lançant un coup de coude dans ses côtes. Enfin certain de ne pas souffrir d'une hallucination, il se secoua.

« Oui, excusez-nous, professeur », répéta-t-il.

Les yeux ambrés sur l'estrade eurent un instant un éclair d'amusement vite réprimé. Harry entendit confusément les ricanements étouffés des Serpentards sur sa droite. Il vit plus nettement, sur sa gauche, Parvati se mordre les lèvres et Ron esquisser une petite grimace de sympathie que, dans d'autres circonstances, il aurait sans doute appréciée.

« Hum... j'imagine, en effet, que le professeur Rogue vous a habitués à peu de ponctualité », commenta Remus avec une ironie suffisant marquée pour qu'elle soit claire pour tous. « Nous en parlerons plus tard… Asseyez-vous donc. »

Harry et Hermione s'échouèrent plus qu'ils ne s'installèrent à la table libre la plus proche - la dernière de la rangée droite, celle qu'avaient investie les Serpentards – sans même oser échanger un regard.

« J'expliquais donc à vos camarades que nous avions décidé hier soir avec le professeur Rogue de cette nouvelle organisation » - avait immédiatement continué Remus. « Nous espérions trouver un professeur extérieur mais…. cela semble difficile. » Il songea un instant à la catastrophique candidature du célèbre Lockhart, candidature étrangement appuyée par Dumbledore qui le trouvait plutôt …drôle ! Totalement incompétent oui, avait grincé Severus et il ne voyait pas comment il l'aurait désavoué sur ce point. Il reprit à voix haute : « Le professeur Rogue a assuré ce cours depuis… depuis le départ de votre ancien professeur, mais il ne peut pas continuer éternellement à assurer deux enseignements. Nous avons donc décidé que le mieux était que je reprenne les cours de Défenses contre les forces du mal… Le professeur McGonagall viendra nous aider à assurer les tâches administratives de Poudlard… Si je dois m'absenter, le professeur Rogue assurera mon remplacement… Oui, M. Malefoy ? »

« Je me demandais… M. le directeur… si le Conseil d'administration avait donné son accord à un tel remaniement ? », s'enquit demanda le garçon de sa voix traînante.

Un sourire imperceptible anima les traits de Remus.

« Voyons, ce qui devrait inquiéter les administrateurs ? » - commença-t-il, comme s'il réfléchissait à haute voix. «Que le professeur Rogue, en plus de ses fonctions de sous-directeur et de directeur de Serpentard, n'assure qu'un seul enseignement ? » Les Serpentards s'agitèrent. Ils ne pouvaient réclamer plus de travail pour leur directeur. « A moins que vous ne regrettiez que je n'ai pas choisi plutôt les cours de potions ? »

Harry dut réprimer un sourire à l'idée de son père encadrant la production de la moindre potion. Il comprit aussi, en même temps qu'un certain nombre d'élèves, que Remus évitait de répondre à la seule vraie inquiétude de Malefoy : la participation de Minerva McGonagall, directrice des Gryffondors, à la direction générale de l'école.

«Je vous assure que, aussi amusant que ça puisse paraître, la destruction des cachots serait peu appréciée par le Conseil», conclut Lupin avec un sourire entendu qui trouva écho parmi les Gryffondors. Il descendit les marches de l'estrade. « Assez discuté. Passons aux choses sérieuses… Il ne vous reste plus que quelques mois avant les examens et, d'après le professeur Rogue, vous avez un niveau acceptable en théorie, mais vous manquez singulièrement de pratique. Alors je vous ai préparé ce matin… » Il claqua alors des mains et sur chaque table un objet de taille respectable apparu - un aquarium, une cage…- couvert d'un drap noir. De certains s'échappaient des glapissements, des piaillements, des couinements ou des coups furieux. Serpentards et Gryffondors échangèrent des regards un peu nerveux. « …des travaux pratiques ! »

« Mmmonsieur ? »

« Oui, M. Longdubat ? »

« Est-ce que… Est-ce que c'est un examen ? » - demanda Neville avec une appréhension visible.

« Non, c'est une révision collective », le rassura Lupin. «Chaque table devra expliquer à son tour ce qu'elle a reçu et comment s'en protéger. Éventuellement, effectuer le sort de protection… Si elle n'y arrive pas, l'ensemble de la classe les aidera. Il n'y aura pas de points gagnés ou perdus… Sauf pour ceux qui oublieraient de s'intéresser suffisamment... Nous allons commencer ici », conclut-il en désignant la première table de la rangée de droite.

Les Pitiponks ne furent pas une difficulté pour Millicent Bulstrode et Blaise Zabini. Remus ajouta quelques précisions sur leurs habitats que la plupart des élèves prirent en notes. Les Salamandres firent presque sourire Pansy Parkinson et Abelia Nott – jusqu'à ce que celle que Pansy tenait par sa queue ne décide de s'échapper en se séparant de son appendice et en plongeant dans ses robes…. Malefoy expliqua avec un dédain affiché les particularités des Pookas et comment s'en débarrasser - en leur offrant par exemple un vêtement brillant. Crabbe et Goyle peinèrent plus sur leur vipère d'Equinoxe, et toute la classe dut leur venir en aide. Hermione expliqua avec son souci habituel du détail comment les reconnaître et leurs propriétés magiques. Elle savait aussi, évidemment, la formule pour les pétrifier, comme les légendes moldues qui leur attribuaient des propriétés curatives. Lupin l'avait arrêtée à ce point en riant. « Mademoiselle Granger, ces légendes sont passionnantes, car elles sont fondées sur des connaissances magiques intuitives de nos amis moldus… Mais elles dépassent de beaucoup ce qu'on vous demandera le jour de l'examen ! Gardez donc votre salive, nous voilà arriver à votre table ! »

Avec un échange de regard avec Harry, qui se sentait étrangement intimidé par la présence de Remus - après tout n'avait-il pas été son principal professeur avant d'entrer à Poudlard ?-, elle tira doucement le voile noire qui couvrait une cage aux barreaux rapprochés qui contenait une araignée des songes.

«Celles qui vivent dans les greniers endorment les imprudents pour se nourrir de leurs rêves», expliqua tranquillement Harry, en essayant de ne pas croiser le regard de son père. Il aurait détesté rougir… Pour faire bonne mesure, il ajouta que l'espèce européenne était moins dangereuse que l'espèce africaine dont la piqûre pouvait entraîner des troubles de la mémoire.

« Bien, bien », l'interrompit Lupin sans cacher son approbation, « passons à la manière de traiter la piqûre. Mademoiselle Granger ? »

Hermione savait, bien entendu, que le mieux était de prévenir la piqûre quand on allait dans des lieux susceptibles de contenir de telles araignées en prenant une potion spéciale. Il n'y avait pas de moyen de se soigner soi-même d'une telle piqûre. « Oui, mais que faire si on voit venir vers soi une araignée menaçante ? », questionna toujours aussi doucement Remus. Hermione se mordit les lèvres et Harry leva un doigt presque timide. « M. Potter-Lupin ? »

« Et bien, il existe un sortilège spécifique pour les araignées… La formule est arachnae repellis ».

Harry allait saisir sa baguette, mais son père l'en empêcha : « Je ne pense pas que cela soit nécessaire », murmura-t-il, «elle ne risque pas d'attaquer là où elle est. Bien, nous voilà à la moitié de nos découvertes », dit-il plus fort en remontant l'allée vers l'estrade « Qu'avons-nous là ? », s'enquit-il en arrivant au niveau de Dean Thomas et Neville Longdubat.

Le corbeau qu'ils découvrirent était loin de constituer la force du mal la plus redoutable qu'ils aient étudiée depuis le début de l'année. Mais rassembler et la symbolique, et les circonstances, et les mesures conservatoires à prendre, fut particulièrement long à cette table - sans doute parce que Lupin s'entêtait à poser une question sur deux à Neville…

Une grande partie de la classe avait commencé à se démobiliser. Certains prenaient des notes, d'autres observaient de plus près la créature du mal qu'ils avaient devant eux. Ceux qui ne savaient toujours pas à quoi s'attendre - comme Ron et Seamus par exemple – luttaient pour ne pas soulever un coin du voile. Hermione donna un nouveau coup de coude à Harry : la vipère de Crabbe et Goyle était en lévitation. Insensiblement, elle se dirigeait vers la Gryffondor la plus proche – Parvati Patil. Comme les autres élèves, quand Harry et Hermione comprirent que c'était Malefoy qui dirigeait le serpent, celui-ci se mêlait déjà aux tresses de la jeune fille. Parvati eut un sursaut au contact du serpent. Harry ouvrit la bouche. Sans doute voulait-il crier à Parvati de faire attention, ou à son père d'intervenir, mais les paroles qui en sortir furent pour le serpent. « Laisse-la ! » Il ne se rendit pas compte que, très vite, il attira plus de regards que le serpent ou Parvati. Il n'en prit que confusément conscience que lorsque Remus parla, d'une voix étrangement calme et égale.

« Harry, dis à ce serpent de retourner vers son bocal. Nous ne lui ferons rien… maintenant. » Il n'y avait pas d'étonnement dans cette voix, pas de reproche non plus. Une voix tout à fait normale face à un événement qui ne l'était en rien, Harry le savait.

Il savait aussi que s'il répondait à son père, il ne serait peut-être plus capable de parler fourchelang après. Il se contenta donc d'obéir. La vipère, hors d'elle, refusa d'abord. Harry insista, expliquant sans relâche à la vipère que si son père intervenait, elle serait sans doute de nouveau pétrifiée. Personne, bien sûr, en dehors d'eux, ne comprenait cette discussion. L'air était particulièrement immobile lorsque le serpent accepta enfin de traverser l'allée entre les tables, d'escalader en ondulant celle de Crabbe et Goyle, qui parurent prendre la raideur et la blancheur du calcaire, pour se glisser dans son bocal et s'enrouler sagement sur le fond.

« Remercie-la pour nous, Harry », ajouta alors Lupin avec un imperceptible soulagement. Il ne laissa pourtant pas longtemps le silence s'installer. « Bien… Est-ce que quelqu'un sait comment s'appelle la faculté de parler aux serpents ? M. Weasley ? », enchaîna-t-il très rapidement.

« Être fourchelang… monsieur », murmura Ron, qui n'avait même pas eu le temps demander à répondre.

« Oui… Est-ce quelque chose que l'on peut apprendre ? »

« Je ne crois pas », répondit prudemment Ron.

« Non, on ne peut pas. C'est un don ».

De nouveaux regards se tournèrent vers Harry qui aurait eu envie d'être très loin de là, mais soutint courageusement leurs regards. Il se demanda brièvement comment il aurait su faire face à ce genre de situation si son père ou Severus n'avaient pas passé tant de temps à lui faire accepter sa différence et à lui apprendre à séparer l'apparence de la réalité… S'il était resté chez les Dursley jusqu'à l'âge de onze ans par exemple… Il savait aussi que Remus essayait de désamorcer pas mal de questions pour qu'il n'ait pas à y répondre seul plus tard - Qui d'autre que lui connaissait mieux les dégâts des préjugés ? Qui savait mieux que lui que seule l'instruction pouvait combattre cela ? Alors, comment lui, son fils, aurait-il pu fuir ?

« Est-ce que l'un d'entre vous connaît des personnes célèbres ayant ce don ? »

« Salazar Serpentard », murmura, la première, Millicent Bulstrode.

« Oui, Mademoiselle Bulstrode… C'est un cas célèbre, mais très ancien… Plus près de nous ? Allons, allons… je suis sûr que quelqu'un sait… Mademoiselle Parkinson ?»

« Vous-savez-qui ? », murmura la jeune fille, l'air bien moins assuré que d'habitude.

« Pardon, Mademoiselle Parkinson, Quel nom avez-vous dit ? »

« Lord Voldemort », souffla la jeune fille encore plus doucement.

« Oui », approuva cette fois Remus. « Et nous pensons que c'est de cette façon que Harry a reçu ce don… lors de son affrontement avec Voldemort » - il avait insisté sur le nom, et bien des élèves avaient grimacé - « lorsqu'il était un bébé.». Tout était dit. Le silence de la classe était épais, mais Lupin savait gérer ce genre de situation. « Vous vous êtes bien remise de vos émotions, Mademoiselle Patil ? »

« Oui, professeur. »

« Bien, je crois que nous avons eu notre compte de créatures du mal pour aujourd'hui. » Son regard se posa alors sans aménité sur Crabbe, Goyle et Malefoy – Harry ne put s'empêcher d'être content de les voir pâlir. « Vous pouvez partir… Revoyez tous vos notes pour vendredi… M. Potter-Lupin et Mademoiselle Granger, vous me rendrez des notes écrites sur toutes les créatures que nous avons vues aujourd'hui… et vous serez à l'heure cette fois, n'est-ce pas ? »

Les deux interpellés répondirent ensemble : « Oui, professeur ». Harry chercha à voir si son père voulait lui parler, mais il lui avait déjà tourné le dos.

« Bien, vous pouvez tous partir, sauf vous trois » - ajouta-t-il en posant ses deux mains autour du bocal de la vipère d'équinoxe.

Dans le couloir, les Serpentards se rassemblèrent pour attendre leurs camarades, lançant des regards agressifs vers Harry – comme s'il y avait été pour quelque chose ! Ceci eut pour effet mécanique de ramener vers lui la plupart des Gryffondors. Malefoy et ses ombres sortirent les joues en feu quelques secondes plus tard, entraînant dans leur sillage leurs condisciples et murmurant des paroles de vengeance.

Les deux groupes partirent heureusement dans des directions différentes pour leur cours suivant. La classe de métamorphose des Gryffondors n'était pas très loin. En y entrant, ils virent que le professeur McGonagall n'était pas encore arrivée. Harry décida, en un instant, qu'il devait suivre la voie ouverte par son père : il devait prendre l'offensive et répondre aux questions de ces camarades avant que les préjugés ne s'installent. Les dépassant tous brusquement, il monta sur l'estrade et prit son inspiration.

« Est-ce que vous voulez bien m'écouter ? » Il décida que leur silence voulait dire oui. « Je suis fourchelang, et Ron pourra même vous raconter comment je m'en suis rendu compte, dans un vivarium moldu… Il était là… Je sais que c'est bizarre… Mais je n'ai pas choisi ça. »

La majorité opina. Les autres gardèrent un silence poli.

« Je ne savais pas que mon père allait reprendre ce cours sinon je vous l'aurais dit », continua-t-il après un instant de réflexion.

La grande majorité haussa les épaules.

« J'imagine que t'aurais été à l'heure, sinon ! », lança Dean avec un franc sourire.

« Tout plutôt que Rogue », renchérit Lavande, parlant pour toute la classe. « En plus, il est plutôt bel homme ! », ajouta-t-elle encore – à l'extrême surprise de Harry qui continua néanmoins comme s'il n'avait rien entendu.

« Enfin, je tiens une nouvelle fois à m'excuser pour l'autre fois… devant vous tous, auprès de Ron de Seamus, de Dean et de Neville. Je ne voulais pas vous attaquer… Je voulais juste éviter que vous vous réveilliez… Je sais que vous n'auriez sans doute rien dit, mais… j'aurais jamais pu vous emmener… »

« Pourquoi ? », demanda Seamus à brûle-pourpoint. Harry sentit qu'il ne s'était pas trompé. Ils étaient plus blessés par ses secrets que par le sortilège qu'il avait lancé – et pour lequel il avait été suffisamment puni à leurs yeux.

« Parce que… parce que… je crois que ça, mon père ne nous l'aurait jamais pardonné », biaisa très légèrement Harry. Il lut un reste de méfiance dans les yeux de Ron. Sans doute, sentait-il que certaines choses restaient peu claires dans cette nuit de pleine lune… Harry en eut le cœur serré, mais il savait qu'il ne pouvait pas lui dire tout ce qui c'était passé cette nuit-là. Est-ce qu'il le pourrait un jour ? Il en doutait et il se sentit, soudain, très seul. Ses autres camarades hochèrent néanmoins la tête, plutôt convaincus. Leur toute fraîche expérience avec Remus Lupin leur avait donné l'image de quelqu'un de plutôt compréhensif mais aussi capable de fermeté.

« Parce qu'il vous a pardonnés ? », s'enquit quand même Parvati en fronçant les sourcils.

« Il a décidé que, pour moi, ça relevait uniquement de Gryffondor… », répondit-il avec une petite grimace qui voulait sous-entendre qu'il s'en sortait à bon compte. Il vit les autres ruminer l'information.

« Tu sais, Harry » - commença alors Dean, « je crois que tu nous dois quelque chose… quand même… » Cette fois, ce fut son tour d'être silencieux. « Ouais… On sait tous que tu n'arrêtes pas avec ton frère de te promener et de faire d'autres trucs, bon… Si on avait grandi ici, on en saurait sans doute aussi long… Et je suis sûr que tu sais ce que tu peux ou ne pas faire sans t'attirer d'ennuis… Mais moi, j'aimerais bien qu'avant la fin de l'année, on trouve quelque chose à faire qui montre que les Gryffondors de première année n'ont rien à envier aux autres… Qu'ils savent régler leurs comptes avec humour… »

« Tu as une idée ? », demanda Harry le cœur un peu battant.

« Et bien… Avec ta petite démonstration de tout à l'heure… Et la provocation de Malefoy…Je me dis que ça ferait du bien aux héritiers de Serpentard que le grand Salazar vienne leur 'parler', non ? »

Toute la classe regarda Dean Thomas avec des yeux admiratifs. Même Hermione semblait plus curieuse de savoir si la réalisation du projet pouvait marcher que de rappeler le règlement.

« Harry ? », insista Dean.

« On peut y réfléchir », répondit Harry en remontant ses lunettes sur son nez avec son index.

ooo

« Harry, tu crois quand même pas que ton père va accepter 'ça' ? », demandait Hermione pour la troisième fois sur le chemin de la Grande salle. Elle semblait avoir revu sa position initiale durant le cours de métamorphoses.

« Relax, Hermione », répondit pour lui Ron. « Je connais personne qui ait plus d'humour que Remus Lupin ! »

Harry sourit à cette profession de foi qui ressemblait beaucoup à une offre de réconciliation.

« La question n'est pas là, la question est de rester dans les limites de l'acceptable pour lui… Qu'il n'ait pas à intervenir, tu comprends ? » - expliqua-t-il

« Tu veux dire comme de hanter les souterrains du château ? » - demanda derrière lui Parvati.

« Je ne devrais sans doute pas vous dire ça », commença Harry avec sincérité, mais il était important pour lui que ses amis aient une meilleure idée de la réalité de ses rapports avec son père, surtout maintenant qu'il comptait parmi leurs professeurs. « Mais, ce n'est pas que je me promène qui l'embête, enfin, pas trop… C'est que je me fasse prendre ou que je le fasse pas, comment dire, selon les règles - que j'endorme mes camarades de dortoir par exemple… Pour le reste, c'est des affaires de discipline interne et, tant que mes notes suivent, honnêtement, il s'en fiche un peu ! »

Les autres ruminèrent ses paroles avec un air dubitatif

« Tout le monde dit pourtant que ton frère s'est fait tué », remarqua Seamus.

« Il s'est fait surtout 'tué', comme tu dis, parce que, pour venir me chercher, il s'est servi de choses dont il n'aurait même pas du connaître l'existence… C'est qu'il espionne tout le monde, tout le temps, qui l'agace profondément… » Harry était très content que cette réponse-là soit entièrement vraie.

« Franchement », renchérit Ron, avec une certaine fierté qui amusa Harry, « moi, je le connais un peu… Quand on était petits avec Harry, il nous a raconté des histoires de quand il était élève, avec le père d'Harry, et franchement, c'était pas le plus sage ! »

« On va arrêter là, hein Ron, les confidences », interrompit Harry faisant mine de chercher des espions autour de lui. Les autres rirent. « De toutes façons, ce que mon père peut dire, c'est mon problème ! Enfin, le mieux pour tout le monde serait qu'on s'en sorte avec le minimum de casse, non ? »

« On compte sur toi Harry ! », affirma Dean.

Ils entrèrent dans la Grande salle avec un sourire collectif qui se figea peu à peu quand ils sentirent les regards dérobés que leurs lançaient les autres élèves. Minerva McGonagall s'avança alors vers eux et les intercepta avant qu'ils n'arrivent à leur table. Neville devint plus blanc que les murs derrière lui.

« On a encore rien fait », murmura-t-il.

« Et j'espère que ça va durer, Monsieur Longdubat », commenta le professeur de métamorphoses sur le ton de la conversation. Lavande pouffa. McGonagall la fit taire d'un regard avant de reprendre plus doucement : « Harry, je dois t'accompagner à l'infirmerie voir ton frère. »

Ce fut le tour d'Harry de blêmir. Des scénarios de fin du monde traversèrent son esprit. La potion avait eu des effets secondaires inattendus, il avait perdu toute mémoire…ou bien les hippogriffes ou les acromantulas de Hagrid l'avaient attaqué... ou...

« Qu'est-ce que… »

« Rien de grave ! Une 'petite' blague de certains Serpentards… Le professeur Rogue est d'ailleurs en train de s'occuper d'eux… »

Instinctivement, le petit groupe laissa son regard aller vers la table des Serpentards : Malefoy et ses sbires manquaient à l'appel. Les autres détournèrent le regard, confirmant ainsi que l'affaire était grave.

« Encore eux ! », grommela Dean Thomas, les autres approuvèrent de la tête.

« Quelque soit votre sentiment de solidarité avec Harry, j'aimerais que vous ne transformiez pas cela en guerre entre maisons », dit sèchement McGonagall. « Suis-je bien claire ? »

Ses élèves baissèrent le nez pour échapper à son regard perçant.

« Professeur », s'enquit alors Harry, autant pour savoir que pour détourner son attention de ses camarades, « que lui ont-ils fait ? »

«Ils, ils l'ont transformé, enfin ils ont essayé de le transformer pour moitié en loup et pour moitié en serpent… Très courageusement, trois contre un et par derrière ! Comme ils sont loin d'être capables de faire quelque chose d'aussi compliqué, le résultat n'a pas vraiment de nom : des poils, des écailles, et une queue ! » Il y avait beaucoup de mépris dans la voix de la directrice de Gryffondor. Les amis d'Harry ouvrirent tous des yeux ronds aux implications d'une telle blague. Loup et serpent : le message était très clair !

« Les Lupin sont tous des animaux, c'est ça ? » - demanda alors Harry avec colère. Il était content que Severus soit le directeur des Serpentards ! Malefoy et ses ombres ne méritaient aucune clémence ! Harry savait que si le maître de potions paraissait toujours favoriser publiquement sa maison, Severus était capable, loin de tout regard, de faire respecter l'ordre dans sa propre maison. Il espéra aussi confusément que son père laisserait pour une fois tomber la prudence politique pour expulser Malefoy et ses amis – il n'y croyait pas, mais ça lui faisait du bien de juste l'envisager !

« Je pense que c'était sans doute leur idée – pour autant qu'ils en aient eu une ! », répondit McGonagall avec un soupir désolé. « Mais, Harry, il ne s'agit pas maintenant de chercher une vengeance personnelle, c'est bien compris ? »

Harry n'eut pas besoin de vérifier ce que pensaient les camarades qui l'entouraient pour répondre avec son air le plus innocent : « Non, professeur, rien de personnel. »

ooooooooooooooooooo

ça vous plaît toujours ?

Ensuite ? (Vous aimez bien quand j'annonce la suite, j'ai cru comprendre…) Je crois que la vengeance des Gryffondors ne sera pas prête tout de suite, alors on pourrait avoir une petite mise au point de Remus avec Malefoy père et notre premier vrai match de Quidditch – vais-je arriver à écrire ça de manière intéressante… angoisse totale…

Et ça n'a vraiment pas encore de nom… mais alors pas du tout… ou alors, ça me vient en en parlant, un truc comme «Droit au but » - mais ça fait un peu marseillais, ça non ?

Vous savez, pour l'instant, je sème des graines d'intrigues selon un canevas encore assez lâche qui devrait s'inspirer très très librement du tome 2 - alors je suis ouverte aux propositions !

Ecrivez-moi !