In Stellis Memoriam
Disclaimer : Tout ce que vous pourrez reconnaître appartient à la dame d'outre-manche.
3 - Droit au but
« Lupin ! J'irai droit au but ! »
« Malefoy ? Je ne vous ai pas entendu frapper… », répondit Remus en levant doucement la tête des parchemins qu'il était en train de lire.
Si lui avait été informé de l'avancée de Lucius Malefoy dans Poudlard, les portraits de ses prédécesseurs s'étaient tous réveillés à l'entrée fracassante de l'ancien Mangemort et observaient la scène avec intérêt. Lupin était presque sûr d'avoir vu celui de Dumbledore lui lancer un clin d'œil complice. Il n'aurait su dire d'où lui venaient ce calme et cette répartie dans un moment pareil. Peut-être était-ce cela l'héritage des maraudeurs garder un recul amusé sur les choses même après avoir eu deux fois quinze ans.
Mais ses yeux ne quittaient pas le sorcier blond qui se tenait devant lui, enveloppé dans une somptueuse cape plus sombre que la nuit. Une cape qui à elle seule devait valoir plusieurs fois son pourtant honorable salaire mensuel, estima Remus. Malefoy avait plissé les yeux de surprise et de colère à son accueil ironique mais, et contre toute attente, il n'avait pas explosé. Il n'a quand même pas carte blanche, constata alors Lupin avec un soupir intérieur de soulagement. Malefoy n'avait pas annoncé sa venue et, en le voyant entrer comme cela dans son bureau, il avait un instant imaginé qu'il venait le destituer de son poste sur ordre spécial de Fudge et du Conseil d'administration… Sale vieille paranoïa, songea-t-il amèrement.
« Non », reconnut Malefoy avec une certaine raideur, « je n'ai pas frappé… Je ne vous ai pas écrit non plus pour vous annoncer ma visite, ni proposer une conversation par le réseau de cheminée… non… Quand Narcissa m'a lu la lettre de Drago annonçant qu'il avait été si indignement puni, mon sang n'a fait qu'un tour et… »
« …et vous n'avez même pas pris la peine de lire la lettre jusqu'au bout », l'interrompit doucement Lupin. Il vit les mains baguées de Malefoy se crisper sur l'étoffe précieuse de sa cape. « La lettre devait certainement vous dire que ce n'était pas moi qui l'avais puni si sévèrement… »
« Mais vous êtes le directeur ! », lança Malefoy. La flatterie maintenant, Lucius ?, sourit intérieurement Remus.
« …et quel était le motif de sa punition… » - termina-t-il calmement, à haute voix.
Malefoy inspira et Lupin lui reconnut un sens inné du danger et de la diplomatie.
« Lupin… Nous savons tous les deux ce que sont les enfants… Vous avez deux fils… et vous voyez passer assez d'élèves… Je me rappelle des maraudeurs… Rappelons-nous de notre jeunesse… » - commença-t-il avec la voix de l'avocat dans son prétoire, essayant de sauver un Mangemort d'Azkaban. Dans cinq minutes, nous étions amis ! - songea Remus avec dérision. Bien assis au fond de son fauteuil directorial, il le regardait, impassible, faire des envolées de manche en face de lui. « Nous savons bien que les jeunes doivent se faire les dents… certains plus que d'autres… si Drago et Harry… »
« Oh », dit très doucement Lupin, « je comprends maintenant… » Malefoy lui accorda immédiatement une attention marquée, qui cachait assez mal un certain sentiment de supériorité : 'Ce Lupin j'en fais ce que je veux, finalement', disaient ses yeux. « Vous n'avez décidément vraiment pas fait très attention aux détails de cette lettre, Lucius», continua Remus de sa voix la plus douce. « Ce n'est pas Harry que Drago et ses amis ont attaqué. » Les sourcils du chef de la maison Malefoy se froncèrent immédiatement. De toute l'évidence, il l'ignorait. 'J'ai sans doute raison… il n'a pas pris la peine de lire la lettre de son fils… à moins que Drago n'ait pas jugé bon de préciser…' « Comme vous venez si justement de me le rappeler, Lucius, j'ai deux fils… »
Il vérifia la compréhension de l'information dans les yeux gris pâles de l'avocat.
« Oui… deux fils - deux fils qui vous ont toujours beaucoup intéressés, n'est-ce pas ? Et c'est Cyrus, cette fois - celui que Narcissa semble tant aimer - qui a fait les frais de l'agacement de Draco et ces amis… Tout ça parce que je leur avais reprochés d'avoir mis une vipère d'équinoxe dans le cou d'une de leurs camarades durant mon cours », expliqua Lupin sans élever un instant la voix. « Ils ont essayé de transformer Cyrus en serpent ou en loup - on ne sait pas très bien… vu le résultat confus… » Malefoy n'avait pas pu s'empêcher de blêmir légèrement en mesurant l'insulte. « Rassurez-vous, je n'y ai rien vu de personnel», termina Remus avec une ironie à peine voilée.
Malefoy ouvrit la bouche mais Lupin ne le laissa pas parler.
« Ne me remerciez pas, Lucius ! Je sais : j'aurais pu le renvoyer. Mais j'ai pensé, moi aussi, qu'il faut bien que les jeunes se fassent leurs propres expériences… Et Poudlard est un bon lieu pour apprendre la responsabilité, n'est-ce pas ? Nous en sommes deux exemples…, comment dire, révélateurs ? »
De nouveau, Malefoy ouvrit la bouche, mais Remus n'avait pas envie d'entendre de fausses excuses ou de tonitruantes menaces. Il était chez lui ici, c'était à l'autre de reculer.
« Je vais appeler le professeur Rogue, il vous donnera plus de détails… sur une décision qui est maintenant sienne» - annonça-t-il en se levant, comme s'il n'avait pas remarqué les essais de Lucius pour reprendre la parole. Il s'approcha de la cheminée et prit une pincée de poudre dans une boite en ébène qui reposait sur le manteau, qu'il jeta sur le feu en murmurant le nom de son adjoint. « D'une manière générale, je pense que le directeur doit rester au dessus des questions de discipline », précisa-t-il sur le ton de la conversation.
« Professeur Lupin… », commença alors Malefoy plus fort.
« Vous souhaiteriez peut-être parler aussi à Drago ? », s'enquit alors Remus avec son air le plus innocent alors que le maître de potion apparaissait dans l'âtre.
oo
« Non, Cyrus, non. »
« Allez ! »
« Il n'en est pas question », articula Remus en séparant les mots.
« S'il te plaît ! »
« Non. »
« Pourquoi ? »
« Cyrus, combien de fois devrais-je t'expliquer que tu n'es PAS un Gryffondor ? »
« Je ne suis pas ENCORE un Gryffondor, tu veux dire ? »
« Tu ne seras peut-être jamais un Gryffondor, Cyrus... »
« Je l'ai déjà été ! », opposa l'enfant avec colère.
Lupin leva les yeux au ciel. Il dut inspirer plusieurs fois pour ne pas hurler : « Je croyais que tu voulais une AUTRE vie, pas une répétition de la première ! » Ça ne les aurait menés nulle part. Et il était censé être l'adulte ici.
« Cyrus, tu as une personnalité différente, et il se peut… » - commença-t-il de sa voix la plus raisonnable.
« JE SAIS ! », hurla le jeune garçon.
« Magnifique », souffla Remus en faisant mine de se replonger dans ses corrections.
Si les histoires de paradis des Moldus étaient vraies, il devait être en train de gagner des points en ne cédant pas à ses pulsions les plus violentes. Cyrus sembla d'ailleurs réfléchir, et Lupin se demanda si ses arguments pouvaient être entrés à son insu dans sa tête de bois – et par ailleurs, un peu trop pleine… Mais comme souvent, la suite prouva qu'il n'était qu'un incurable optimiste !
« Papa… s'il te plaît, laisse-moi être avec les supporters de l'équipe… avec Harry…», essaya de fait de nouveau l'enfant après un moment.
« Cyrus… »
« Je suis un Gryffondor », plaida encore le garçon, « de corps, d'âme, de mémoire, de fratrie, de… d'adoption !»
« Quand bien même… », commença Remus avec lassitude. L'espoir des yeux sombres face à lui manqua de faire chavirer sa résolution. « C'est non », souffla-t-il néanmoins.
Les yeux gris s'éteignirent brusquement.
« Je ne vais quand même pas regarder le match assis à côté de toi », bougonna Cyrus.
« Merci », répondit Lupin en essayant de rester léger.
« Trop nul », marmonna l'enfant.
Son père adoptif préféra ne pas relever et reprit, pour la troisième fois, la lecture du devoir d'un Serdaigle troisième année sur les Chaporouges.
« Allez…tu peux pas me faire ça », insista encore Cyrus après quarante secondes de silence. Remus eut l'impression d'entendre le bruit que fit sa patience en explosant. Un bruit cristallin comme un verre tombé au sol. Combien de fois avaient-ils eu cette discussion cette semaine ? Trop de fois…
« Il y a une autre solution », commença-t-il, avec un calme contenu qui aurait alerté Cyrus, s'il n'avait été si centré sur sa propre frustration. De fait, l'espoir renaquit instantanément sur son visage mince. « Tu peux aussi passer tout le match à attendre les résultats dans ta chambre », dit-il en plongeant ses yeux dans ceux de son fils adoptif.
« Quoi !? »
« C'est à toi de voir ! »
« Je… je te déteste ! », hurla Cyrus en partant en courant de son bureau, bousculant Linky qui traversait alors le salon avec une pile de linge, pour s'enfuir dans sa chambre dont il claqua la porte avec vigueur.
Lupin se rendit alors compte que ses mains tremblaient. 'Doux Merlin', songea-t-il. Mais que ferait-il quand celui-là aurait seize ans et parlerait, comme son aîné psychique, de charmer une moto pour qu'elle vole ? Pour la première de toute sa vie, il eut presque un instant de sympathie pour les parents de Sirius Black… Mais il repoussa vite une pensée si ridicule : ceux-là n'avaient cherché à le convaincre de quoi que ce soit ; juste à le contraindre par la force à se plier au destin qu'ils avaient rêvé pour lui… Il ne prétendait pas être un père idéal mais il savait qu'il s'efforcerait à laisser Harry et Cyrus faire leurs propres choix. Il avait encore devant lui une haute pile de devoirs à corriger, une réunion à préparer… 'Que Cyrus marine donc dans la chambre où il était allé s'enfermer tout seul', décida-t-il.
« Maître Remus… on ne peut pas laisser maître Cyrus… dire des choses comme ça !», commença alors timidement Linky qui s'était approchée sans bruit de lui. « Ce n'est pas bien ! »
Lupin leva les yeux vers l'elfe. Le petit être dépassait à peine de son bureau. Ses oreilles étaient couchées en arrière indiquant la contrariété et ses yeux étaient brillants.
« Linky », soupira-t-il, « il ne le pense pas vraiment… enfin, j'espère… »
« Mais il a dit… »
« Il était en colère parce que je lui disais non », expliqua-t-il toujours très doucement.
« Mais on ne doit pas parler comme cela à ses aînés » dit l'elfe avec obstination.
Remus lui sourit doucement.
« Les humains sont souvent bien moins raisonnables que les elfes ! »
Linky hocha la tête et retourna à son travail avec un air songeur. Dans le calme revenu, Remus dut lutter pour arriver à se concentrer sur son travail. Quand il en eut fini avec les devoirs des Serdaigles, il se demanda s'il devait aller parler à Cyrus. Il attira plutôt vers lui la pile des devoirs des Poufsouffles – tous plus long d'un rouleau que ceux de leurs camarades Serdaigle - et s'enfouit dedans en évitant de prêter attention au temps qui passait. Il finit aussi ceux des Serpentards sans avoir entendu le moindre bruit venir de la chambre. Il se leva et tourna dans le salon sans arriver à se décider à faire le premier pas. 'Il ne faut pas', se morigéna-t-il. 'C'est à lui de s'excuser…'. Il ne pouvait plus faire l'économie de l'affrontement avec Cyrus ; il ne le laisserait pas devenir un enfant gâté, colérique et tyrannique ; ça aurait été trahir Sirius et son choix !
Fort de cette certitude, il se rassit et entama, avec peu d'enthousiasme, la correction des devoirs des Gryffondors. Il était à la moitié de la pile, et proche de jeter aux orties toutes ses résolutions de fermeté, lorsque il entendit petit clic caractéristique de la porte de la chambre des garçons. C'était fou comme être parent, c'était aussi ça : reconnaître un pas, un grattement, un bruit de serrure. Savoir l'interpréter, lui donner un sens. Etre parent, c'était comme une histoire d'amour… ça donnait de nouvelles dimensions au quotidien.
Il se força néanmoins à faire comme s'il n'avait rien entendu. Cyrus glissa sans bruit jusqu'à l'entrée de son bureau et se tint là en retrait – exactement comme Harry quand il a fait une bêtise, songea immédiatement Remus.
« Je… je peux venir ? », questionna finalement une toute petite voix.
« Je ne me rappelle pas t'avoir jamais demandé de partir », répondit légèrement Remus. Il calligraphia un 80 en haut de la copie de Alicia Spinnet et leva les yeux vers Cyrus. L'enfant soupira, baissa les yeux puis les releva pour soutenir son regard. Il ne flancha pas, même si Lupin pouvait en mesurer toute l'angoisse.
« P… pardon », finit-il par articuler.
« Et bien, ça a l'air difficile à dire » - commenta Remus avec une certaine acidité.
L'enfant haussa les épaules.
« Je pourrais… je pourrais quand même voir le match ? »
« Je ne t'ai jamais interdit de le faire, Cyrus. Jamais», rappela Remus.
De nouveau, l'enfant baissa les yeux et s'appuya sur la bibliothèque. Remus décida qu'il méritait sans doute un peu d'aide. Il se leva et s'approcha de lui.
« Cyrus… c'est si difficile d'essayer de comprendre ma position ? » Les yeux gris le dévisagèrent avec précaution. « Je sais que ce n'est pas très drôle d'être en représentation à côté de moi», reconnut Remus. «Mais je ne peux pas laisser dire que je fais de mes fils des Gryffondors ou quoi que ce soit du même ordre… C'est déjà assez difficile d'avoir Harry en cours… Et puis, je ne sais vraiment pas si… »
« Je suis insupportable, hein ? » - demanda brusquement le jeune garçon. Remus avala sa salive, surpris de la violence contenue dans la question. « Je voudrais tant ne pas faire deux fois les mêmes erreurs… mais je veux toujours que le monde soit comme ça m'arrange », conclut-il en secouant la tête avec dépit.
« Et bien… En voilà, une autocritique !», dit lentement Remus, en attirant le garçon tout contre lui. Jamais Sirius n'aurait envisagé les choses sous cet angle seul avant Azkaban, mais ce n'était sans doute pas une chose à dire : Cyrus mesurait trop de choses déjà à l'aune de le vie de son aîné psychique. « Tu as des choses à apprendre - nous devons tous apprendre à vivre ensemble... Et on fait des progrès, non ? »
« Harry, il aurait jamais fait ça », continua de regretter Cyrus, le front collé contre sa robe.
« Harry vit avec moi depuis bien plus longtemps et il a toujours eu lui aussi une forte tendance à soutenir Gryffondor plus que les autres équipes », révéla Remus avec franchise. L'enfant leva des yeux gris surpris, et Remus termina avant de créer de nouveaux faux espoirs : « Comme il n'était pas plus question qu'il affiche sa préférence, j'enchantais son pull pour qu'il soutienne les deux équipes, alternativement. »
« Trop cool !», jugea l'enfant avec un enthousiasme que Harry ne manifestait plus que rarement pour des choses aussi simples et qui fit sourire Remus.
« Ça rendrait le match plus supportable ? », s'enquit donc ce dernier.
« Pardon, Papa, je... je ne te déteste pas du tout, tu sais », affirma Cyrus en se serrant contre lui de toutes ses maigres forces.
« Je sais », souffla Remus en lui rendant son étreinte.
ooo
Harry se volait. Ses cheveux volaient dans le vent printanier. Le terrain de Quidditch était très loin au-dessous de lui. Il n'était jamais monté si haut. Mais le vent forcit d'un seul coup. Des bourrasques de plus en plus violentes le secouaient, entravaient sa course et menaçaient de le faire tomber. Des cris, déformés par le vent, lui parvenaient. Quelqu'un l'appelait… l'appelait au secours ! Alors… il ouvrit les yeux.
Quelqu'un se tenait au-dessus de lui, emmêlé dans les rideaux de son lit. Il pensa évidemment d'abord à Cyrus mais la silhouette était plus haute.
« Ça y est, tu te réveilles ! », constata une voix qu'il connaissait bien.
« O…Olivier », articula Harry en se redressant et en cherchant à tâtons ses lunettes.
« Oui, Harry… tu DOIS te réveiller ! »
« Olivier… qu'est-ce que tu fais là ? », demanda le plus jeune.
« Isaliacca est malade » dit Dubois d'une voix d'outre-tombe.
« Malade ? »
« Oui, depuis hier soir. Elle a trop de fièvre ce matin, tu la remplaces ». Ça n'avait pas l'air d'une question, ni d'une proposition. C'était un ordre.
« Oh… McGonagall est d'accord ? », s'enquit quand même prudemment Harry. Il savait que Remus était nerveux de le savoir dans l'équipe, comme il était toujours nerveux de pouvoir être accusé de favoritisme. Même s'il ne l'avait jamais dit.
« Elle ne peut pas refuser », affirma immédiatement Dubois, « tu fais partie de l'équipe ».
« Tu as sans doute raison », réfléchit Harry. Il secoua la tête pour finir de se réveiller et sortit de son lit. Il vit que ses quatre camarades de chambre étaient eux aussi réveillés.
« Allez, Harry, du nerf ! », dit Dean avec un sourire.
« Gryffondor à l'attaque ! », ajouta Seamus, en étouffant un bâillement.
« Vous allez les écraser ces Poufsouffles », ajouta Ron- Harry sentit l'amertume dans sa voix. Mais il ne savait pas quoi lui répondre. Il savait combien Ron aimait le Quidditch depuis toujours et combien il aurait aimé avoir une place dans l'équipe. Il savait aussi combien il s'était montré d'un niveau insuffisant pour jouer lors de tests.
« Hum… l'attrapeur des Poufsouffle est loin d'être un fantôme », répondit-il en commençant mécaniquement à s'habiller. Dehors l'aube donnait à la forêt magique une étrange couleur rose.
« Mauvais ça, mauvais ! Il se cherche déjà des excuses ! » - se moqua Dean en enfilant un pull.
Dans les vestiaires, Harry sentit monter lentement l'adrénaline. Il voyait les autres conjurer, chacun à leur façon, leur nervosité. Fred et George faisaient les pitres. Katie cirait une dernière fois son balai. Angelina nattait les lentement ses cheveux longs en écoutant Olivier qui ressassait des tactiques et des stratégies. Mais lui n'avait pas de rituel. Lui, c'était la première fois. Il se demanda si son père et son frère étaient déjà au courant, s'ils étaient déjà là dans les gradins… Serait-il à la hauteur ? Sa gorge se serra. Olivier se leva enfin, indiquant qu'il était temps d'entrer sur le terrain et s'approcha de lui.
« Ça va aller ? »
« Je crois », répondit prudemment Harry.
Quand ils pénétrèrent sur le terrain, leur balai à la main, et que, pour la première fois de sa vie, Harry vit d'en bas tous les gradins pleins, son cœur reçut une nouvelle montée d'adrénaline. Les cris lui parvenaient déformés, comme une vague de sons sans sens immédiat. Malgré ses lunettes, les tribunes lui semblaient floues et leurs couleurs avaient une tonalité irréelle. Il suivit, dans cet état second, les autres membres de l'équipe au milieu du terrain où les attendaient l'autre équipe et Mme Bibine revêtue de son costume d'arbitre. Il vit les deux capitaines se serrer les mains et tous les joueurs enfourcher leur balai. Il les imita et, sans réfléchir, au coup de sifflet, il donna un coup de talon et s'éleva immédiatement du sol. La sensation de légèreté qui l'envahit le grisa comme si c'était la première fois qu'il volait. Son balai lui obéissait étrangement bien, sans qu'il ait à réfléchir. Il fit plusieurs boucles sans réellement faire attention au jeu. Il vit des Souaffles passer, il évita des Cognards d'une légère inclinaison du manche de son balai. Des buts furent marqués – les cris dans les gradins le signalèrent, d'autres furent manqués de peu mais Harry aurait été incapable de dire qui menaient. Jusqu'au moment où - un quart d'heure après le début du jeu - Olivier le frôla en hurlant :«Dis Lupin, qu'est-ce tu fous!?»
Harry se sentit rougir, remonta ses lunettes et s'arrangea, dans sa course, de se rapprocher du panneau qui indiquait les scores. 40 points partout. Il soupira de soulagement. Muni de cette information de base, il reprit de la hauteur et repéra Summersby, l'attrapeur des Poufsouffles. A sa trajectoire irrégulière, il comprit que celui-ci suivait le Vif d'or. 'Il ne l'attrape pas parce que le score est encore trop bas', comprit-il. 'Et aussi, parce que pour l'instant, je n'ai vraiment pas l'air d'une menace', ajouta-t-il plus sombrement. Il descendit un peu, lui aussi, pour repérer la petite boule ailée. A cette altitude, il entendait mieux les commentaires de Lee Jordan.
« Gryffondor à l'attaque ! Spinnet passe le Souaffle à Johnson qui… marque ! 60 à 40 pour Gryffondor ! »
Harry se rapprocha encore de l'autre Attrapeur. Si les attaquants de Gryffondors continuaient de creuser le score, il allait peut-être être tenté d'abréger le match. Harry se tenait prêt à l'en empêcher. Il se rappelait les savants calculs d'Olivier, il leur fallait au moins 80 points « pour avoir une avance contre les Serdaigles qui seront plus difficiles à jouer ».
Poufsouffle remonta néanmoins rapidement en marquant deux buts d'affilée. Le prochain but serait donc décisif. Harry observa, de loin, la tension monter parmi les joueurs. Les défenseurs de Poufsouffles se firent plus agressifs. Les jumeaux Weasley répliquèrent. Les Cognards volaient dans tous les sens. Harry et l'autre attrapeur durent brutalement plonger pour éviter un tir croisé. Ils perdirent tous les deux le Vif d'or des yeux. Harry sentit que l'autre hésitait et ne fut pas dupe quand il soudain accéléra comme s'il venait de le voir au loin. Lui décida de prendre de la hauteur pour avoir une vue plus globale du jeu. Il vit ainsi Katie Bell réussir un nouveau tir et porter le score des Gryffondors à 80. La tribune rouge et or hurla son soutien, et Harry sourit. Il chercha à distinguer Ron et Hermione dans la foule, sans succès. Sur la tribune des professeurs, une petite silhouette vêtue d'un pull qui affichait alternativement les couleurs de Gryffondor et de Poufsouffle venait de faire un saut en l'air.
« Cyrus ! », pensa-t-il, avec bouffée d'affection.
Devant la tribune, au loin, quelque chose brilla. Harry sentit son cœur faire un bond. Il chercha Summersby des yeux. Il le vit faire des cercles devant la tribune des Serpentards. Il s'approcha donc, avec des détours pour que l'autre ne le remarque pas trop vite, de la tribune des professeurs. Le Vif d'or reprit soudainement sa course vers le milieu du terrain. Craignant de le perdre, Harry accéléra s'attirant immédiatement les tirs des défenseurs de Poufsouffles et l'attention de leur attrapeur. Il ne s'agissait plus de ruser.
« Plus vite, plus vite » murmura Harry en se penchant en avant, à la limite du point d'équilibre de son balai.
Summersby arrivait à pleine vitesse lui aussi, le bras en avant. Harry sentit son bras s'étirer à son maximum, même les articulations de ses doigts parurent s'allonger. Il sentit alors comme une poussée douloureuse dans le bas de son dos. Un 'oh' angoissé remplit soudain le stade. Un Cognard l'avait frappé par derrière, lui coupant la respiration et le projetant brusquement en avant. Il sentit sa vision se brouiller sous le coup et les sons lui parvinrent comme quand il était au fond de la piscine de grand-père Albus. Mais ses doigts sentirent quelque chose de dur et frais et se resserrèrent dessus.
Tout devint noir juste après.
oooo
Ça devait être un rêve.
Dommage.
Il avait dû rêver ce match de Quidditch puisqu'il était dans un lit… un lit chaud… Il y avait de la lumière autour de lui, ça devait être le matin… Pourtant, il se sentait étrangement fatigué…courbatu. Il s'étira et la douleur augmenta. Il entrouvrit les yeux et perçut immédiatement que la lumière était inhabituellement forte… Il devait être tard… Il se dressa d'un bond malgré les protestations de son dos… Le match ! Il allait rater le match ! Il allait se lever pour de bon quand une main ferme le retint.
« Où vas-tu comme ça ? », demanda doucement Remus.
« Papa ? »
« Mets donc tes lunettes… », dit ce dernier d'un ton moqueur en lui posant ses lunettes sur le nez.
Les choses autour de lui prirent immédiatement des contours plus nets. Mais il lui fallut encore un peu de temps pour coller entre elles les informations. Que faisait-il donc à l'infirmerie ? Soudain, le souvenir d'un violent coup dans son dos lui revint – rendant plus compréhensible les sensations qu'il avait eues au réveil. Instinctivement, ses mains se portèrent vers le lieu de l'impact.
« Oui», confirma son père, avec une petite grimace. « Un Cognard… trois côtes brisées…les risques du métier, je suppose… »
« Et…et le Vif d'or ? », s'enquit Harry, ses souvenirs se précisant petit à petit.
« Popy a dû employer un charme de relaxation musculaire pour te le faire lâcher ! », sourit son père en levant devant lui la petite boule ailée. « Tu lui as vraiment rafler sous le nez… »
« Il avait un balai plus rapide », dit Harry en fronçant les sourcils.
« Oh », rit doucement Remus, « ça te paraît un bon moment pour négocier un nouveau balai ? »
Harry préféra changer de sujet : « On a gagné alors ?! »
« Evidemment ! Tu comptais quand même pas perdre ?! » - répondit Remus faussement sévère.
« Waou ! »
« C'est aussi ce qu'a dit ton frère », commenta sobrement son père.
oooooooooooooooooooooo
Ensuite ?
Hum…
Des nouvelles de la vengeance des Gryffondors… Un truc qui s'appellerait « L'inspiration des fondateurs » ou quelque chose d'approchant… J'ai pas mal gambergé sur cette blague…
J'espère que je ne fais pas trop durer cette fin de première année… Dites-moi…
