In Stellis Memoriam 4

Disclaimer : Vous savez bien que ce n'est pas à moi...

Messages

Alors... pour les puristes, je reconnais : Abélia Nott n'existe pas dans le livre... je l'ai confondu avec son frère virtuel Théodore... Je dois le dire... C'est comme Cédric chez les Serdaigles... c'est le coté UA de l'affaire... Je le dis parce qu'elle revient dans ce chapitre... J'essais d'être cohérente dans mes incohérences...

Spéciale dédicace aux éclats de rire d'Alana Chantelune et aux remarques de fond et de forme avec Alixe…

4 – Le lieu et l'heure

Parvati et Lavande furent les deux dernières à les rejoindre. Lorsque la porte s'ouvrit, elles restèrent un instant immobiles, saisies par l'étrangeté du lieu – même aux normes plutôt élastiques de Poudlard. Et Harry les comprenait. A chaque fois qu'il était venu ici la pièce avait été différente et aujourd'hui n'échappait à cette règle peu commune. Ils étaient arrivés par le haut couloir du troisième étage et pourtant la pièce dans laquelle ils avaient pénétrée était basse de plafond. Son côté intime était encore renforcé par les murs couverts de bibliothèques remplies de lourds volumes reliés de cuir. Des lampes à l'huile flottaient dans l'air et projetaient une lumière douce sur les six autres Gryffondors qui étaient assis en cercle sur des coussins moelleux.

« Asseyez-vous », dit doucement Harry qui faisait office de maître des lieux. Les deux filles s'approchèrent très silencieusement.

« Où sommes-nous, Harry ? », demanda presque timidement Lavande.

« Dans une des salles de nécessité de Poudlard »

« Une quoi ? » l'interrompit Seamus.

« On ne peut y entrer que si on en a vraiment besoin... et elle prend automatiquement la forme et le mobilier dont on a besoin... En fait, de nos jours, seuls les elfes s'en servent... ils ont même demandé que Rusard, par exemple, ne puisse y avoir accès... »

Harry vit dans l'ombre les yeux de ces camarades briller et quelques petits rires se firent entendre.

« C'est Linky, l'elfe qui s'occupait de moi quand j'étais petit, qui me l'a montrée... Elle a charmé celle-ci pour que je puisse y entrer comme si j'étais un elfe », ajouta-t-il avec un grand sourire.

« Tu veux dire que personne... Enfin qu'aucun humain ne peut... », questionna un peu timidement Neville.

« Mon père et Sev... et Severus Rogue pourraient entrer s'ils le voulaient... mais je doute qu'ils en ressentent le besoin au milieu de la nuit... Ils ont accès à suffisamment de passages et de raccourcis pour n'avoir aucune 'nécessité' de venir ici en pleine nuit... », expliqua Harry avec une certaine jubilation qui venait du partage de ses secrets d'enfants avec ces camarades.

« Et les elfes ? », demanda Parvati avec curiosité.

Harry haussa les épaules. « Les elfes ? Je pense que j'arriverais à négocier leur silence si l'un d'entre eux venait maintenant... », commença-t-il avec une belle assurance qui butta contre les sourcils froncés d'Hermione, toujours très troublée par le statut des elfes. « La plupart m'aiment bien », expliqua-t-il avec un sourire un peu gêné. « Mais on est là pour partager nos recherches et finaliser notre plan... Hermione, est-ce que tu veux commencer ? »

Son amie s'éclaircit la gorge comme si elle allait commencer un exposé en classe. Elle avait de fait étalé autour d'elle plusieurs parchemins couverts de notes. « J'ai donc fini de collecter toutes les informations disponibles sur Salazar Serpentard et la Chambre des secrets... pas grand-chose en fait... Pour aller plus loin, il aurait fallu avoir accès à la Réserve...»

Un léger frisson d'excitation inquiète parcourut le petit groupe réuni au cœur de la nuit dans ce lieu improbable. « Salazar Serpentard... Chambre des secrets... Réserve», les secrets de Poudlard... Ron secoua la tête comme s'il mesurait pour la première fois où ils étaient en train de mettre les pieds. Harry, qui savait qu'il ne pourrait jamais plaider totalement l'innocence, sentit son cœur s'accélérer et une décharge d'adrénaline comme celle qu'il avait ressentie sur le terrain de Quidditch parcourut ses veines.

« Tous les textes sont unanimes », continuait Hermione, très concentrée. « Seul l'héritier de Salazar pourra ouvrir la Chambre des secrets et sera dépositaire de ce qu'elle renferme... Là, les textes diffèrent... Certains parlent d'arme secrète, d'autre de richesse, d'autres de monstre... »

« Et alors ? », l'interrompit Lavande avec un geste d'agacement devant les détails.

« Alors, nous nous proposons de sélectionner nous même l'héritier de Salazar », répondit Dean avec un grand sourire.

Le premier acte eut lieu pendant le dernier cours d'histoire de la magie avant les examens. La chaleur extérieure aurait dû finir d'assommer les élèves qui avaient réussi à résister à la voix monotone et l'amoncellement continuel de dates et de faits du professeur Binns qui tenait à terminer l'année par la lecture de ce que lui aurait écrit à la question qui leur avait été posée à l'examen de fin d'année. Pourtant l'excitation des Gryffondors était sensible en cet après-midi et les Serpentards, qui partageaient ce cours avec eux, leur lancèrent quelques regards curieux. Harry s'en inquiéta et essaya de dissiper cette malheureuse impression en prenant ostensiblement des notes sur la première révolte des Gobelins. Hermione, Parvati, Lavande et Dean l'imitèrent immédiatement.

Il se prit très vite à penser, pas pour la première fois depuis le début de l'année, que c'était une idée bien curieuse de les avoir réunis pour ce cours qui, à son avis, rappelait en permanence ce que leur rivalité avait d'historique et de fondamental. Qu'importaient que les faits aient une dizaine de siècles, Harry sentait qu'à toutes les époques, il n'aurait pas été un Serpentard. « Sans doute », marmonnait Ron à chaque fois qu'il lui soumettait sa théorie. « Tu ne crois pas que tu simplifies un peu ? », avait demandé plusieurs fois Hermione « Rien n'indique qu'à chaque fois, les camps en présence aient été Serpentards ou Gryffondors... » « Qu'importe le nom », avait rétorqué Harry « Je te parle de l'esprit !» « Binns est déjà un fantôme », avait grommelé Ron, en levant les yeux au ciel, la dernière fois qu'ils avaient eu cette conversation.

Sa posture d'élève attentif dura même après que le premier message ait commencé à apparaître en lettres gothiques noires au-dessus du tableau que le professeur Binns n'utilisait jamais. « Combien de siècles devrais-je encore attendre l'ouverture de la Chambre des Secrets ? » - disait le texte. Harry se rappela le long débat qui les avait agités quant à savoir dans quelle langue les messages devaient apparaître. Hermione et Parvati trouvaient que le latin aurait fait plus authentique. Dean avait rétorqué que personne d'autres que Binns ne serait capable de le comprendre. Parvati avait fait remarquer que Pansy Parkinson et Drago Malefoy, au moins, devaient en être capables. « Comme Harry », avait ajouté Ron qui aimait toujours se moquer de ce qu'il considérait comme un apprentissage inutile. « Tu sais le jour où tu m'as écrit que tu commençais le latin, j'ai regardé mon père d'un autre œil… Moi qui le croyais vieux jeu par rapport au tien ! » - avait-il dit un jour à Harry. Devant le regard interrogateur de ses camarades, celui-ci avait senti qu'il ne pourrait pas se passer de donner son avis. « Je pourrais sans doute en écrire un » - avait-il reconnu avec un haussement d'épaules. « On pourrait aussi en extraire un directement d'un des textes de Salazar... » « Mais ils sont tous dans la Réserve », avait objecté immédiatement Hermione. « On peut aller dans la Réserve », avait répondu Harry sans réfléchir. Devant les yeux écarquillés de ses camarades, il avait un peu rougi. « Enfin... C'est peut-être pas le moment de se faire trop remarquer... D'ailleurs... Ce qui me gêne avec le latin, c'est qu'on est en effet pas beaucoup à être capable de l'écrire... » « Tu veux dire que ton père va penser tout de suite à toi ? », avait demandé Dean. « Tout de suite, je sais pas... mais ça réduit tout de même le champ des possibles... Parce que, vous savez, même si on fait ça très bien... on ne peut pas espérer que les professeurs pensent longtemps que c'est autre chose qu'une blague ! » Les autres avaient hoché la tête en se rangeant à son avis.

Harry avait vu du coin de l'œil différentes têtes se lever et déchiffrer le message. Les rangs des Serpentards bruissèrent de commentaires excités. Malefoy, qui lisait un livre sous son pupitre, fut l'un des derniers à s'intéresser à l'inscription. Harry entendit le bruit sec que fit le volume en se fermant brutalement. C'était le moment. Il fit un petit signe de tête à Lavande qui leva alors la main avec insistance. Et, comme le professeur Binns ne levait pas la tête de ses notes, elle l'interpella : « Professeur, professeur, qu'est-ce que c'est la Chambre des Secrets ?»

Jamais cours d'histoire de la magie n'avait été aussi intéressant. Les explications rationnelles qu'avait données à contrecœur Binns s'étaient perdues dans les commentaires excités des élèves. Les Serpentards ne semblaient pas avoir pensé un instant que ça pouvait être leurs condisciples de Gryffondor qui avaient pu faire apparaître cette inscription. Sans doute n'estimaient-ils pas qu'ils puissent être au courant d'une légende, qu'eux-même avaient découverte cette année. Bien sûr, peu prirent cela vraiment au sérieux – ce à quoi les invitait d'ailleurs le professeur Binns qui clamait que cette Chambre n'existait pas - en tout cas, pas avant la fin du cours. En sortant de la salle, en effet, un autre message les attendait.

« Ni Crabbe, ni Goyle, ces deux gargouilles, n'en seraient capables ».

ooo

« Lupin, nous avons le deuxième acte !»

« Le deuxième acte, Severus ? », répéta Remus dans l'encadrement de la porte. Cyrus qui lisait un magazine de Quidditch, allongé de tout son long sur le canapé de cuir devant la cheminée, leva la tête avec curiosité.

« Le deuxième acte du pseudo retour de Salazar Serpentard », répondit sombrement Rogue.

« Vraiment ? », répondit un peu mécaniquement Lupin. « Entre », ajouta-t-il en reculant. Le maître de potions s'exécuta et se planta au milieu du salon, le dos à la cheminée. Ses yeux perçants se posèrent sur Cyrus qui se raidit sous le regard inquisiteur.

« Ça va être l'heure d'aller te coucher, Cyrus », indiqua doucement Remus se méprenant sur le sens de ce regard.

« Si cela ne contredit pas trop tes principes d'éducation, Lupin », intervint alors Severus avec sa célèbre onctuosité grinçante, « j'aimerais autant qu'il reste encore un peu... J'ai des questions à lui poser. »

« A moi ? », demanda Cyrus avec surprise.

Remus préféra ignorer son intervention comme il avait ignoré les sous-entendus de Rogue. « Et bien ? » - demanda-t-il calmement, en se tournant vers son adjoint.

« Hum... Quand mes élèves ont rejoint leur salle commune ce soir, ils ont trouvé un miroir à l'endroit de leur porte d'entrée... Les préfets n'y ont d'abord rien vu de dangereux et ils ont laissé les élèves entrer avant de me prévenir... Tout en effet semblait leur donner raison jusqu'à ce que Blaise Zabini et Millicent Bullstrode arrivent devant le miroir... »

Lupin se contenta de hausser les sourcils pour marquer son interrogation.

« Une image est alors apparue DANS le miroir » reprit Rogue, répondant à la question muette. Ses yeux vinrent de nouveau se planter dans ceux de Cyrus, qui eut un petit mouvement de recul. Remus fronça les sourcils alors que l'insinuation de Severus faisait son chemin dans son esprit.

« L'image de Salazar Serpentard... enfin une image d'un Serpentard idéalisé, comme on en trouve dans n'importe quel livre sur Poudlard... une image très mal animée de plus... enfin bref... L'image a dit quand ils ont voulu entrer qu'ils n'étaient pas dignes de compter parmi les héritiers de Salazar... Zabini et Bullstrode, franchement, s'ils étaient tous comme eux ! »

« Et alors ? », articula Lupin.

« Alors ? Rien de plus... Ils n'osaient pas passer, mais bien sûr la porte n'était pas bloquée... une blague... comme... »

« Personne n'est blessé ? », l'interrompit Remus qui n'avait pas envie d'entendre des comparaisons avec les Maraudeurs.

« Non », reconnut Rogue d'un ton sinistre, presque comme s'il le regrettait.

« Hum...Et donc, tu soupçonnes Cyrus », conclut Remus calmement. Le jeune garçon ouvrit la bouche comme pour protester, mais le regard de son père adoptif le fit taire.

« Oui », finit par reconnaître Rogue.

« Comme Minerva a soupçonné Fred et George cet après midi », commenta Lupin, insinuant à son tour qu'il allait un peu vite en besogne. Cyrus hocha la tête avec satisfaction, s'attirant une nouvelle fois un regard de reproche de Remus.

« Non... je me base sur les faits. Pas sur les réputations », répondit le maître de potions avec agacement.

Le directeur de Poudlard soutint un instant son regard, sans doute pour l'inviter à plus de mesure dans ces paroles, avant de se tourner lentement vers son fils adoptif - qui avait un peu pâli en entendant l'accusation, mais ne semblait pas non plus dévoré de culpabilité.

« Cyrus ? », s'enquit-il doucement.

« Quand et comment voulez-vous que...!? », s'emporta immédiatement l'interpellé.

« Les Black savent animer les miroirs ! Et tout le monde sait bien que tu passes ton temps à contourner tous les interdits de ce château ! », s'énerva tout aussi vite Rogue.

« Mais pourquoi je ferai ça ? Ils m'ont rien fait Zabini et... » - l'interrompit Cyrus.

« ...parce qu'il te faut des raisons maintenant ! », hurla Rogue.

« CA SUFFIT ! », cria Lupin à son tout. « Épargnez-moi, l'un comme l'autre, vos provocations et vos enfantillages ! » Son regard sévère alla de l'un à l'autre. « Severus, je veux bien considérer ton hypothèse... mais je te demande de ne pas tout mélanger ! Ni les lieux, ni les époques... ni les personnes !»

Son adjoint inspira et eut un petit acquiescement qui pouvait aussi passer pour un geste d'excuse. « Bien. Cyrus, regarde-moi ». L'enfant obéit en soupirant. Comme il s'y attendait, les yeux ambrés de son père adoptif se plongèrent dans les siens de longues minutes. Il ne cilla pas.

« Est-ce que tu es responsable directement ou indirectement de l'apparition de ce miroir ? », demanda très lentement Remus.

« Non ! » Cyrus allait continuer ses dénégations mais Lupin leva la main pour l'interrompre.

« Est-ce que tu SAIS qui est responsable ? » Rogue grommela quelque chose d'incompréhensible.

« Non, papa, non », répondit Cyrus plus calmement.

« Tu te rends bien compte que tu ne pourrais espérer aucune clémence de ma part si je me rendais compte que tu m'as menti à l'une de ces deux questions ? », demanda très doucement Remus sans chercher un instant à masquer la menace implicite dans sa voix.

Cyrus avala sa salive mais ne détourna pas le regard.

« Oui », souffla-t-il. Il était visiblement impressionné. Mais Rogue, non.

« Et ça te suffit ?! » s'emporta-t-il.

« Oui Severus », répondit immédiatement Lupin. « Pour l'instant, oui... Comme je viens de le dire, si je devais me rendre compte que Cyrus m'a menti... »

« Je ne mens pas ! Et je n'ai rien fait ! Et je ne sais pas qui c'est ! » - intervint le jeune garçon en se levant du canapé pour se diriger avec humeur vers sa chambre. « J'en ai assez qu'on m'accuse de tout ici ! Je... je vais me coucher ! Bonne nuit ! »

Lupin le vit lui jeter au dernier moment un regard en dessous. Comme d'habitude, Cyrus se rendait compte un peu tard que ce n'était peut-être pas à lui de mettre ainsi fin à la conversation... Déjà, il s'en rendait compte, sourit-il intérieurement, c'était plutôt un progrès.

« Bonne nuit, Cyrus », répondit-il, décidant rapidement qu'il avait fait preuve d'assez d'autorité comme cela pour le même soir. Quelque chose dans son comportement lui disait que ce n'était pas lui... Remus savait qu'il ne convaincrait pas Rogue avec de tels arguments mais, lui, ça lui suffisait pour laisser à Cyrus le bénéfice du doute.

« Et j'espère bien que le coupable va vous échapper !» - lança alors son fils en fermant la porte de sa chambre. Remus effaça prestement le sourire qui lui était venu en entendant cette dernière provocation. Pas assez vite pour échapper à l'énervement de Rogue.

« Franchement, Lupin ! »

« Je m'excuse, Severus... je m'excuse... Allons donc voir ce miroir... »

Un air de suspicion généralisé flottait dans l'air le lendemain. Fred et George tenaient conférence dans les couloirs sur les qualités et les défauts des deux derniers évènements. Les messages étaient trop courts et pas assez inventifs... L'animation du miroir - en soi une excellente idée - manquait singulièrement de rigueur. Les premières années essayaient de prendre des airs dégagés alors qu'ils savaient le compte-à-rebours du troisième acte enclenché. Les professeurs qu'ils eurent ce matin-là mirent leur nervosité sur le compte des examens qui approchaient.

Ils arrivèrent en ordre dispersé, comme prévu, pour le repas. Harry, qui était allé vérifier en cuisine - sous prétexte de demander à Linky d'aller acheter pour lui à Pré-au-Lard un cadeau pour le très prochain anniversaire de Cyrus - que tout était toujours en place, arriva le dernier. Son frère l'attendait dans le Grand Hall.

« Ah te voila ! Je me demandais si tu venais manger ! »

« Tu m'attendais ? »

« Ouais... tu sais bien : il faut que je vérifie que tu veux bien, avant de m'asseoir avec vous » - expliqua-t-il avec des airs de martyr.

Harry sourit.

« Je veux toujours bien ! »

Même si aujourd'hui je m'en passerais, mais ça paraîtrait justement bizarre, songea-t-il.

« Je sais », répondit Cyrus avec un grand sourire. « Mais tu sais... Ça fait partie de toutes ces règles qui doivent me persuader que je ne suis... »

« ...pas encore un élève », finirent-ils en chœur. Les règles avaient été les mêmes pour Harry après tout.

Ils gagnèrent ensemble la table des Gryffondors. Les camarades de Harry froncèrent les sourcils quand ils le virent arriver accompagné, mais Harry mit son doigt discrètement sur ses lèvres.

Les plats étaient déjà sur la table. Harry et Cyrus se servirent rapidement. Parvati et Lavande lancèrent, avec un peu d'affectation, une conversation sur les résultats qui plaçaient pour l'instant Gryffondor deuxième. Hermione s'y joignit et Cyrus, de manière prévisible, se détourna pour suivre de loin les commentaires d'Olivier sur la saison de Quidditch irlandaise. C'est à ce moment précis qu'un cri perçant s'éleva de la table des Serpentards. De loin, Harry ne pouvait pas voir qui avait pêché les « serpents » dans le ragoût... Une fille, a priori, pensa-t-il avec un calme qui le surprit lui-même.

Mais les serpents continuèrent leur petit numéro sans attendre. Avant que Rogue ne soit arrivé à leur table, avant que les préfets n'aient trouvé quelque chose à faire, les deux serpents s'élevèrent dans les airs et prirent une belle couleur verte phosphorescente – Seamus en était à raison très fier ! - et se mirent à parler.

« Ni Abelia Nott, ni Pansy Parkinson n'y ont leur place ». Le dernier mot prononcé, ils disparurent dans un silence stupéfié qui perdura jusqu'à ce que Pansy s'effondre inconsciente. Une certaine agitation marqua les minutes suivantes. Popy et Remus se précipitèrent. Les plats furent retirés, sans doute pour être examinés... Les jumeaux levèrent les mains en signe d'innocence dès que Minerva se leva, déclenchant un fou-rire nerveux dans la salle. Beaucoup d'élèves aux autres tables cessèrent de manger et une rumeur persistante et fiévreuse s'installa, où les noms de Salazar Serpentard et de la Chambre des Secrets revinrent de manière récurrente. Lupin finit par remonter sur l'estrade pour dire que « tout cela était une blague - de mauvais goût certes - mais une blague ». Ceci ramena un calme relatif jusqu'à la fin du repas.

Cyrus surprit alors le regard de victoire qui circula entre les Gryffondors première année. Tout c'était passé comme ils l'avaient prévu et c'était tout de même miraculeux ! Ils pouvaient être fiers d'eux ! Le jeune garçon fronça alors les sourcils, les dévisagea un à un avant d'émettre un de ses petits sifflements admiratifs qui agaçaient si bien Harry.

« Alors ça... C'est vous ? Et bien... Dites-moi, c'est le final ou bien vous en avez d'autres comme cela en réserve ? »

Hermione ne réussit pas à s'empêcher de rougir malgré le coup de pied que Ron lui lança sous la table.

« Qu'est-ce que ça change ? » - demanda Harry avec sang froid.

« Tu sais que tu as de la chance... » - dit rêveusement Cyrus. « Hier soir, Papa m'a fait jurer solennellement que je n'étais pour rien et que je ne savais rien à propos du mirifique miroir parlant que vous avez collé sur leur porte... Et franchement, vu sa tête, toi non plus tu n'aurais pas eu envie de mentir... »

« Il a cru que c'était toi ? », demanda Harry qui sentait son cœur s'accélérer. Il ne pourrait jamais accepter que Cyrus paie de nouveau pour lui...

« Lui, je ne crois pas... mais Rogue en était sûr en tout cas... »

« Pourquoi ? » - demanda brusquement Hermione.

« Le miroir... Ça lui a paru signé... 'Toujours pur' » ajouta-t-il sa voix oscillant entre la dérision et l'amertume. Harry se sentit encore plus mal. « Paraît qu'il est plein de défauts d'ailleurs, le miroir, d'après Rogue toujours... moi, j'ai pas vu... »

« Je suis désolé, Cyrus », dit précipitamment Harry avant que Hermione pose plus de questions sur les miroirs, leurs défauts ou les devises françaises.

Son frère haussa les épaules avec philosophie.

« Pas de quoi... J'aurais bien aimé devoir mentir, tu sais, Harry... »

L'interpellé comprit que Cyrus se sentait un peu trahi de n'avoir pas été mis au courant.

« Je crois pas que ça en aurait valu la peine... », répondit-il avec sincérité.

« Cyrus, c'est notre vengeance », murmura alors Dean qui était devenu très pâle lui aussi.

Tous les autres autour d'eux s'étaient tus et les regardaient. Harry se demanda si leur gravité était perceptible de loin. Il se recula pour observer ce qui pouvait se passer à la table des professeurs. Severus était revenu de l'infirmerie où il avait accompagné Pansy Parkinson. Il discutait maintenant très sérieusement avec Remus et les trois autres directeurs de maison mais à aucun moment leurs yeux ne se posèrent sur la table des Gryffondor, constata Harry avec un certain soulagement. Hagrid se leva et fit un signe auquel Cyrus répondit immédiatement.

« Faut que j'y aille... hum... faites gaffe quand même... Rogue va vouloir votre tête... »

Harry se sentit blêmir en se rendant compte qu'il n'avait jamais réellement pensé à Severus dans tout cela... Il avait très prudemment tenu compte de ce qui pourraient exaspérer Minerva ou son père. Il n'y avait eu aucune violence, rien de physique ou de vraiment humiliant – et il avait dû parfois batailler ferme contre les propositions de Ron ou de Dean en la matière. Et ça venait après bien des provocations qui seraient prises en compte, il le savait - mais... cela serait-il suffisant pour les protéger de Severus ? Sans doute pas. Pour les autres, l'année s'achevait et dans moins d'une semaine, ils seraient chez eux, loin du maître de potions pendant de longues semaines. Un luxe qu'il ne partagerait pas.

Mais il ne pouvait pas tout arrêter à cause de ça...

Non.

ooooo

« Comment va-t-il ? »

« En dehors de son orgueil ? »

« Si ce n'est que l'orgueil... », commença Minerva, mais Lupin leva la main et elle se tût. Il ne fallait sans doute pas trop chercher Rogue dans un tel moment, reconnut-elle.

« Il n'a rien », admit Rogue. « J'ai pensé que lui proposer du repos éviterait qu'il cherche à se faire justice lui-même... »

« Merci », commenta Remus avec sincérité. Il fallait arriver à finir l'année sans un duel opposant Harry et Drago maintenant.

« Je ne sais pas si ça empêchera Lucius de revenir », répondit sèchement le maître des potions. « Son fils chéri attiré en pleine nuit par une lettre signée Salazar Serpentard dans des toilettes hantées et enfermé jusqu'au matin...»

La matinée était encore toute fraîche dans la mémoire de Lupin. C'était Mimi Geignarde elle-même qui était venue dans la Grande Salle réclamer qu'on la débarrasse de Malefoy. « Il pleure plus fort que moi », s'était-elle plainte. En arrivant sur place, il n'avait pas fallu très longtemps aux professeurs pour ouvrir la porte. C'était un sort basique qui excluait d'emblée quiconque avait fini sa troisième année d'étude. Mais la piste principale était venue avec la soi-disant lettre de Salazar Serpentard annonçant à Drago qu'il était l'élu et qu'il devait venir le rejoindre dans la Chambre des secrets dont l'entrée se serait trouvée dans les toilettes des filles du premier étage. « Tu n'auras qu'à réciter mon discours au Magengamot au deuxième serpent qui te fera face. Ce discours est dans le troisième tome de mes œuvres complètes dans la Réserve. En venant de Serpentards, tu pourras emprunter un passage qui t'y conduira après l'armure du Chevalier à l'Aigle. Le mot de passe est Arnwald. Prends soin de détruire ce message pour que personne ne puisse te suivre... » Drago avait suivi scrupuleusement toutes les indications de cette lettre, sauf la dernière... « Harry ? », avait demandé Minerva en levant la tête à la fin de sa lecture. « On peut raisonnablement le penser », avait reconnu Remus en repliant la lettre. Les Gryffondors n'avaient pas mis longtemps à reconnaître leur forfait devant leur directrice.

« La dernière fois que je l'ai vu, Lucius avait adopté une position très progressiste sur la construction de la personnalité des leaders de demain », répondit le plus sérieusement possible Lupin.

Rogue lui lança un regard noir.

« Je ferai acte de contrition, je promets... »

« Pas très sincère », grinça Severus.

Lupin soupira.

« Honnêtement ? Pas très », reconnut-il. « Drago l'a bien cherché quand même, non ? »

Minerva toussota discrètement

« Severus, je ne dis pas ça parce que c'est Harry et ses copains, OK ? Mais c'était assez bien monté, vu leur âge, pas trop violent, plutôt drôle... ça n'excuse rien, mais c'est autant en leur faveur... C'est quand même pas à un Serpentard que je vais dire que les choses sont parfois ni noires ni blanches !»

Severus le toisa avant de reprendre :

« Qu'est-il advenu de ces règles qu'Harry avait promis de respecter avant la rentrée ? Je veux dire : ne pas utiliser sa connaissance du château pour faire des blagues, ne pas compter sur l'indulgence de ceux qui l'ont élevé... »

« Severus, ce n'est pas Harry, c'est toute la classe de Gryffondor », l'interrompit Minerva.

« Parce que vous croyez sans doute Minerva que c'est Neville Longdubat qui a trouvé le passage du Chevalier Arn ou qui a pensé à Mimi Geignarde ? »

« Severus... qu'est-ce que TU veux ? », s'interposa Remus.

« Que tu assumes ton rôle de père et de directeur ! », s'exclama le maître de potion avec raideur et solennité.

« Ah... Est-ce qu'ils vont avoir un avertissement dans leur dossier, Minerva ? »

« Et bien... c'est à la limite, mais comme c'est la première fois, non. »

« Donc je n'ai pas intervenir comme directeur, n'est-ce pas ? »

Severus leva les yeux au ciel, Minerva fit un petit signe négatif de la tête.

« Bien, et les autres parents ne seront donc pas mis au courant officiellement par l'école ? »

Minerva confirma toujours sans un mot. Elle aussi voudrait que je désapprouve publiquement, s'agaça intérieurement Remus qui dit pourtant à haute voix :

« Alors Severus, pourquoi Harry devrait-il être traité différemment des autres ? »

« Parce qu'il n'est pas dans la même situation, Lupin ! Il a grandi ici. Il connaît des passages que j'ignore et... »

« Severus, je sais que tu lui en veux... et j'espère que vous arriverez à en discuter ensemble rapidement... mais moi... » - essaya Remus d'une voix raisonnable.

« Mais, Lupin, tu ne peux pas ne RIEN dire ! »

« Remus, le professeur Rogue a raison... », intervint le professeur de Métamorphose. « Nous avions fait du respect des secrets de Poudlard une des conditions du contrat avec Harry... or... »

« Ok, Ok », soupira Remus. « Je l'ai en cours cet après-midi... avec les Serpentards... »

« Je ne te demande pas une explication publique », dit plus calmement Rogue.

« Tu veux que j'intervienne ? Alors j'interviens ! », répondit avec mauvaise humeur Remus, « Tu permets quand même que je choisisse le lieu et l'heure ? »

oooo

Le petit groupe de Gryffondors se dirigeait sans aucune hâte vers la classe de Défense contre les Forces du Mal. Et Harry avec encore moins d'enthousiasme que les autres. Bien sûr, il avait toujours su qu'ils se feraient sans doute prendre. Comme lui avaient si souvent expliqué les jumeaux Weasley, ça faisait partie du jeu. Mais bon... la perspective de ce cours partagé avec les Serpentards – qui allaient se réjouir publiquement de les voir démasqués - ET avec son père... C'était bien pire que tous les points perdus, que les reproches de Minerva ou que les retenues qui les attendaient pendant les deux dernières soirées qui les séparaient des vacances...

Ils entrèrent silencieusement dans la salle de classe. Les Serpentards étaient déjà installés. Remus, qui lisait quelque chose à son bureau, leva la tête à leur entrée et les regarda s'installer avec un air... un air que Harry ne savait pas trop qualifier. Ce n'était pas de la colère, sans doute pas, non, mais ce n'était pas non plus son sourire habituel.

« Bien, bien, bien » commença-t-il immédiatement. « Vous voilà donc... » Harry essaya de se faire un peu plus petit sur sa chaise. Hermione et Ron lui jetèrent un regard de commisération. « Les bourreaux et les victimes... votre dernier cours ensemble cette année ou presque, n'est-ce pas ? »

Lupin se leva et descendit dans la classe en les regardant tous longuement avant de continuer. Harry fut un peu consolé de voir que même les Serpentards finirent par perdre un peu de leur crânerie sous ses yeux ambrés et inquisiteurs.

« Commençons par les bourreaux... Le professeur McGonagall vous a sans doute rappelé longuement que le règlement de cette école interdit l'usage de la magie hors des activités scolaires. Elle vous a sans doute aussi expliqué en détails combien effrayer ses camarades et se moquer d'eux était puéril et indigne de sorciers de sa maison... Je lui fais confiance sur ce point. »

Harry essaya d'imaginer les Maraudeurs devant une Minerva jeune...Il dut effacer un sourire malvenu.

« Je n'ajouterais qu'une chose », avait repris son père d'une voix plus froide. « Je n'ai pas de propositions à faire pour un meilleur emploi des capacités de dissimulation, d'emprunts, de détournements, d'intimidation, et j'en oublie sûrement, dont vous avez fait preuve depuis une semaine... »

Les Gryffondors baissèrent tous la tête devant l'énumération de leurs méfaits.

« Mais par contre, je SAIS qu'il y a d'autres moyens de faire usage de votre récent et passionné amour pour l'histoire de Poudlard, les charmes, les potions et les métamorphoses, que de se moquer de vos camarades. Et j'espère que vous les trouverez rapidement... »

Sa voix était à peine moins douce que d'habitude. Ses paroles n'avaient rien de très sévères en regard des imprécations du professeur de métamorphoses mais pourtant les Gryffondors hésitaient tous à croiser son regard. « Et bien dis donc », murmura Ron, mal à l'aise. « Il ne fait sûrement que commencer », chuchota Harry, résigné, en réponse.

« Mais je me tourne maintenant vers les victimes... pas pour leur demander de pardonner... pas pour les plaindre vraiment non plus, car après tout, ils savent mieux que moi ce qu'ils ont ajouté à ce cycle stupide de provocations et de ripostes... »

Un vague murmure de protestation s'éleva parmi les élèves de Serpentards, mais Remus l'ignora totalement.

« Non, je me tourne vers eux pour leur demander de bien vouloir réfléchir à pourquoi cette blague a si bien marché. Vous avez une idée ? Non ? Moi, je vais vous livrer la mienne. Ça a marché parce que, vous aussi, vous êtes convaincus de ce dont ils se sont moqués. Vous espérez tous être l'Héritier de Salazar Serpentard...comme eux sans doute s'identifient aussi stupidement au noble Godric Gryffondor... Je sais que c'est en partie de la faute de ce système millénaire de répartition qui souligne vos différences plutôt que vos ressemblances... »

La surprise avait gagné les rangs des Gryffondors maintenant, mais Lupin continua avec cette persuasion tranquille qui était la sienne.

« J'ai souvent songé à le modifier... sans trouver quelque chose qui me satisfasse... Et puis je suis arrivé à une conclusion qui m'a fait l'accepter. Ce ne sont pas les images trompeuses véhiculées par cette division en quatre maisons qui sont importantes. C'est que Poudlard existe depuis tant de siècles malgré elles qui l'est. Et, si vous voulez bien y réfléchir,... si vous voulez TOUS bien y réfléchir,... ça veut dire qu'une seule chose... vous avez besoin les uns des autres... vous êtes plus complémentaires qu'opposés... Vous tous ensemble faites Poudlard... »

Les élèves s'étaient tous tus. Le professeur laissa son regard partir au travers des grandes fenêtres ensoleillées par le début d'été avant de croiser de nouveaux leurs regards.

« Je ne m'attends pas à ce que vous me compreniez tout de suite, ni à ce que vous me croyiez... J'ai passé trop d'années ici pour avoir de telles illusions... Mais je ne peux pas m'empêcher de vous demander d'y réfléchir... Dans sept ans, dans la VRAIE vie, vous vous rendrez compte qu'on a toujours assez d'ennemis sans avoir à s'en inventer. »

Il eut un petit sourire amer, et Harry songea brusquement à combien ses paroles étaient fondées sur sa propre expérience. Sur ce qu'il en savait, mais sans doute aussi sur des choses qu'il ne savait pas... Et, pour la première fois, il eut un peu honte d'avoir été un artisan si acharné de ce projet de vengeance.

« Bien voilà... Ceci est mon dernier cours avec vous... Il n'est pas exactement ce que j'avais imaginé... Mais je veux quand même vous dire que j'ai bien aimé travailler avec vous tous... » Son sourire eut une pointe d'ironie. Harry se demanda s'il était le seul à s'en rendre compte. Probablement. Mais son père avait repris son petit discours : « Je ne peux pas vous dire qui vous aurez l'année prochaine... Pas moi, je pense... plus exactement, je l'espère... Ça fait vraiment beaucoup de travail ! » Certains élèves osèrent un sourire et il leur répondit. « Nous allons bien trouver un professeur avant la rentrée... mais que cela ne vous empêche surtout pas de passer de bonnes vacances... »

« Bonnes vacances, professeur », répondit un chœur d'élèves assez incertains.

« Vous pouvez partir », ajouta-t-il en se levant finalement de son bureau. Les élèves suivirent son exemple et les premiers avaient déjà passé la porte, Malefoy en tête, quand il ajouta : « Harry, j'aimerais que tu restes un moment ».

L'interpellé retomba avec un soupir sur sa chaise. Qu'avait-il donc espéré ? Les Serpentards qui étaient encore dans la salle eurent tous un petit sourire satisfait. Les autres Gryffondors, eux, se figèrent indécis. Hermione fut la plus prompte à prendre une décision. Elle se rassit avec résolution à côté d'Harry. Ron ne lui jeta qu'un bref regard interrogateur avant de l'imiter. Dean et Parvati, qui étaient près de la porte, revinrent s'asseoir tout de suite après. Lavande, Seamus et Neville les imitèrent avec une seule seconde d'hésitation supplémentaire. Harry ne savait pas quoi dire. Il ne savait pas non plus comment son père allait réagir à cette solidarité. De fait, quand Remus se retourna, ayant sans doute estimé que tous les élèves devaient être partis maintenant, ils purent tous voir la surprise – et un sourire - traverser son visage. Il s'avança vers eux après un instant d'hésitation et s'assit sur une table désertée.

« Et bien... En voilà une grande famille ! », commenta-t-il doucement.

« Professeur... », commença Hermione, les joues rosies.

« Ne me dites rien, Hermione », l'interrompit-il en prenant un air inspiré, qu'Harry pensa copié sur le professeur Trelawney. « Vous pensez que vous êtes tous aussi coupable qu'Harry, c'est ça ?»

Tous - sauf Harry - hochèrent la tête.

« C'est sans doute la vérité », leur répondit-il très sérieusement. « Même si... même si je suis sûr que vous comprenez bien que ça ne me met pas, moi, dans une position facile... »

Harry ouvrit la bouche.

« Chut ! », dit son père, en choisissant un ton moqueur. « Pas de 'Papa, je suis désolé', par pitié... »

Harry acquiesça en grimaçant. Il vit Dean et Ron effacer rapidement un sourire. Mais Remusn avait repris plus sérieusement :

« Bien... Alors, puisque c'est ce que vous voulez... je vais vous dire, à tous, ce que je voulais dire à Harry... » Il baissa les yeux pour chercher ses mots, et Harry eut l'impression qu'il essayait de cacher un sourire. « D'abord... je voulais lui dire bravo », dit-il en relevant la tête, les yeux brillants. Les huit élèves levèrent eux vers lui des regards étonnés – Harry, peut-être un peu moins étonné que les autres, jugea Remus. « Oui... bravo... vraiment... Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître... Nous avons mis longtemps à penser que des premières années - même s'ils étaient des coupables logiques - pouvaient être les auteurs d'un scénario aussi compliqué... Mais je vois qu'ici le nombre a pallié le manque d'expérience... »

Les adolescents échangèrent des regards indécis. Mais Remus reprit d'une voix moins douce :

« Je voulais aussi proférer une mise en garde... et c'est la conséquence même de votre succès... Maintenant que nous savons de quoi vous êtes capables... tous... je ne saurais que vous inviter à mettre votre énergie collective dans autre chose que des vendettas stériles ? Suis-je bien clair ?»

« Tu veux dire qu'on s'en tirerait moins bien une autre fois », traduisit à haute voix Harry.

« Oui », approuva gravement Remus. « C'est un conseil que je vous donne... La prochaine fois, vous auriez affaire à moi... Et toi, tout particulièrement, Harry.»

Il attendit que tous aient pesé les implications de la phrase et rebaissé le nez pour reprendre :

« J'avais aussi quelque chose à dire à Harry - quelque chose qui vous concerne moins, encore que… »

Son fils se raidit un peu.

« Comment le professeur Rogue l'a-t-il formulé déjà ? Hum… ah oui…. Qu'est-il advenu de ces promesses que tu nous avais faites, Harry, avant la rentrée de ne pas chercher à utiliser ton immense connaissance du château pour contourner le règlement ? »

Harry inspira mal à l'aise. Remus se pencha en avant et plongea ses yeux dans les siens.

« Tu sais que je suis un réaliste, Harry. Je ne te demande pas de faire comme si tu ne savais pas et je pense même qu'il t'est même sans doute difficile de fixer en permanence la limite entre ce que TU sais et ce que les autres savent, mais…»

« Professeur », interrompit Hermione, « On a TOUS cherché... »

«Hermione », dit patiemment Remus, « dites-moi donc dans quel livre se trouve le moyen d'entrée en fraude dans la Réserve de Poudlard que je le retire immédiatement de la Bibliothèque… »

La jeune fille baissa la tête. Les autres se raclèrent la gorge.

« Papa », commença Harry qui avait déjà compris que l'intervention de Remus avait été demandée. « Sans doute…. Sans doute Sev - le professeur Rogue - est en colère… et j'en suis désolé… mais… ce n'était pas contre lui….et… »

« Harry » interrompit Lupin un peu plus vivement. « Si je pensais UNE seconde que c'est une vengeance personnelle, on ne serait pas là, tous les deux, en train de discuter avec tout des amis autour de nous ». Harry ne fut pas le seul à entendre la menace. Tous les Gryffondors baissèrent la tête. Lui acquiesça un peu nerveusement. « Mais pour aussi drôles qu'aient été vos blagues, elles méritent d'être sanctionnées, d'une part, parce qu'elles ajoutent à ce cycle stupide de provocations et de ripostes… et, d'autre part, parce qu'on n'agite pas impunément les secrets de Poudlard…surtout quand on a promis de ne pas le faire ! »

« Oui Papa », dit Harry qui venait de décider qu'il voulait que cette conversation s'arrête au plus vite. Mais Remus ne fut pas plus dupe que d'habitude.

« C'est ma dernière mise en garde, Harry», insista-t-il très doucement. « Et elle vaut pour vous tous. Tous les passages que vous êtes susceptible d'avoir utilisés vont recevoir de nouveaux mots de passe. Et sachez que vous ne rendriez pas service à Harry en essayant de les réutiliser. Suis-je assez clair ? »

Les huit Gryffondors murmurèrent qu'ils avaient compris. Remus laissa venir un sourire.

« La seule chose qui plaide en votre faveur est que vous ayez fait cela tous ensemble... et, qu'à la fin de votre première année, vous soyez déjà tous si unis... » Il sourit plus largement en ajoutant : « Ça m'est personnellement TRÈS sympathique... Tellement sympathique que je ne résiste pas à vous dire maintenant que après-demain soir... la veille de votre départ, je serais heureux que vous vous joigniez au petit groupe qui célébrera l'anniversaire du petit frère de Harry, Cyrus. C'est une surprise mais je crois que vous saurez tenir votre langue... »

Sidéré était sans doute le seul adjectif qui aurait pu qualifier les visages qui lui faisaient face - même Harry cette fois, pensa-t-il avec une certaine satisfaction. Rester imprévisible était après tout un des seuls gages qu'il se donnait à lui même de ne pas se prendre trop au sérieux malgré la carrière politique qu'il avait embrassée, de ne pas vieillir trop vite.

« Après votre retenue, bien sûr ! », ajouta-t-il d'un ton ouvertement moqueur.

ooooooo

C'était un long chapitre... ça a failli en faire deux, mais j'ai pas trouvé où couper...

Ensuite, ensuite, ensuite...

Tonks… si, si… Drago…. si, si…. Severus…. Si, si, si… Et ça s'appelles déjà Corps et âmes… si, si, si, si !

J'espère que vous aimez toujours...

Dites le moi !