In Stellis Memoriam
Ce qui est à moi ?
Trois fois rien !
C'est toujours ça !
Merci à tous ceux qui laissent des traces... C'est pas rien ça non plus et vous le savez...
Et 'In Stellis Memoriam' – celle-là je l'attendais depuis le début... - ça veut dire 'En souvenir de l'Etoile', de Sirius donc...
Si vous saviez en plus tout ce que vous devez à Alana et Alixe, à leur attention, leur patience, leur enthousiasme et leur savoir-faire... pfff.
10 – Un tournoi de légende
Un très léger clic, le frôlement de la soie et un toussotement caractéristique. Remus sourit sans lever les yeux de sa plume qui courrait sur le parchemin. Il y avait des choses pour lesquelles il fallait être reconnaissant au Loup... l'audition, l'odorat et l'instinct en faisaient partie.
« Severus ? »
« M. le directeur », reconnut le maître de potions en s'asseyant très silencieusement en face de lui.
Lupin leva les yeux cette fois.
« Tout est prêt », déclara laconiquement son adjoint.
« Merveilleux ! », se moqua ouvertement Remus. Le maître de potions leva les yeux au ciel de manière prévisible mais Lupin insista : « Vraiment tout ? »
Un bref signe de tête lui répondit que oui.
« La forêt ? »
« Oui. »
« Le puits ? »
Acquiescement silencieux.
« Les citrouilles ? »
Soupir et hochement de tête.
« Les lapins ? », insista Lupin, avec un sérieux en contradiction totale avec la gaieté de ses yeux ambrés.
« Les lapins ? », s'étrangla Rogue.
« Allons, Severus, dans toute forêt, il y a des lapins », rappela doctement Remus.
Son adjoint le gratifia d'un long regard noir avant de répondre.
« Il n'a certainement pas échappé à M. le directeur que le professeur McGonagall et Hagrid ont eu de longs et intensifs débats sur la faune... Je pense donc qu'on peut raisonnablement s'attendre à voir des élèves chevaucher de dociles centaures et d'autres se faire dévorer par de gentilles acromentulas », lança le maître de potions en se drapant avec acidité sans sa dignité. Mais Remus n'était pas le genre à laisser tomber une blague en cours de route.
« Sans compter les loups-garous », ajouta -t-il très sérieusement.
Severus le contenta de lever les yeux au ciel. Pourquoi se retrouvait-il depuis près de dix ans sous les ordres de Gryffondors qui semblaient toujours tenir à ce qu'il trouve la vie aussi merveilleuse qu'eux. Pour ce qu'elle lui avait donné la vie !
« Ça a l'air parfait alors, Severus. » Le maître de potion resta silencieux. « Tu désapprouves ? »
« Je trouve étonnant cette énergie mise dans une gaminerie... »
« Le Tournoi des Trois Sorciers, Severus ! », dit Remus sur un ton de reproche.
« Donne-moi cinq minutes, et je te sélectionne sur des critères bien moins fantaisistes au moins trois candidats potentiels... même des Gryffondors, si tu y tiens ! »
Lupin sourit légèrement.
« La magie, Severus ! »
« Les arts magiques n'ont rien à voir avec cette pitrerie », asséna le maître de potions avec tout le mépris dont il était capable.
Le sourire de Remus s'élargit encore.
« Mais les traditions de Poudlard, Severus ? »
« Venant de toi qui cherches chaque année un moyen de jeter au feu le Choixpeau. ? »
Remus leva les mains en signe de défaite.
« Ok, je me rends... je reconnais, ça m'amuse ! »
« Fascinant », répondit sombrement Rogue.
Les deux hommes se turent, se mesurant du regard. Ce n'était pas vraiment un affrontement mais plutôt la recherche d'une confirmation mutuelle de leur différence et de leur engagement réciproque, la preuve qu'ils faisaient bien toujours équipe au-delà et peut-être à cause de leurs différences. La pendule calendrier céleste qui ornait le mur face au bureau sonna alors les sept heures. Le dîner serait bientôt servi. Remus se leva et ajouta :
« Nos invités vont bientôt arriver. »
Avec un hochement de tête, Severus l'imita et tout deux commencèrent une lente descente vers le grand Hall. Un murmure excité leur parvenait et Remus imagina la surprise des premiers élèves qui allaient entrer dans la Grande Salle transformée pour l'occasion en forêt.
« Ils vont adorer », dit-il doucement.
« Enfin, Lupin, comment peux-tu accorder tant d'importance à cela alors que... alors que ton fils ne dort plus la nuit ? », s'agaça soudain le maître de potions.
Remus s'arrêta et soutint le regard de Severus.
« Tu as vu comme il est pâle ? », demanda-t-il sans chercher à minimiser sa propre angoisse.
Le maître de potion acquiesça puis, sûr d'avoir toute l'attention de Lupin, il demanda : «Ça donne quoi votre recherche ?»
« Rien », soupira Remus. « On y est encore retourné hier, tout le troisième étage :pas l'ombre du moindre reptile... sous quelque forme que ce soit... J'espère qu'Albus aura une idée... »
Son adjoint hocha la tête et s'éclaircit la gorge pour ajouter : « Je lui ai préparé une potion pour améliorer son sommeil »
« Merci », dit Remus avec sincérité. Sacré Severus, toujours incapable de reconnaître que les garçons étaient importants pour lui, mais toujours là pour s'occuper d'eux !
« C'est aussi ce qu'il a dit », grommela Severus pour cacher son embarras.
Remus sourit.
« Il grandit, hein ? »
Le maître de potions haussa les épaules.
« Je suppose que pour les Gryffondors, jeter les bombabouses avant ou après les cours est une preuve de maturité... » - grinça-t-il.
« Des bombabouses ? Harry ? » -s'étonna ouvertement Remus en tenant une porte à son adjoint. Ce genre de blagues n'allait pas vraiment avec la distance respectueuse qu'Harry qu'avait choisi d'entretenir avec le corps professoral.
« Non, pas lui... Il préfère dire aux autres comment échapper à Rusard... hum... au pire, il envoie son frère... »
Remus eut un petit signe de tête entendu. Cyrus...Oui... Cyrus a plus besoin de confrontation...
« Quoi qu'on puisse penser que ce dernier n'ait besoin d'aucun encouragement dans ce domaine », reprit le maître de potions.
« Severus... deux ans... deux ans ne peuvent pas entièrement changer la nature profonde d'un être humain... », répondit patiemment Lupin. « Je crois quand même qu'il est plus raisonnable, non ? »
Le maître de potion eut un haussement d'épaules méprisant mais un sourcil blond lui demanda très poliment de vider son sac.
« Ce n'est tant les bombabouses, Lupin... qui sont sans doute moins nombreuses qu'on aurait pu le craindre... Et peut-être doit-on t'en remercier ! C'est... c'est plutôt de vieux réflexes qui remontent... sans doute à son insu... son côté... petit chef... avec Weasley et ... »
« Ginny est amoureuse de lui, et je crois sincèrement que c'est réciproque... Ils se sont écrits tout l'été... », intervint Remus qui pensait vraiment que cette amitié-là devait être encouragée. L'amour était sans doute un grand mot mais ces deux là se faisaient beaucoup de bien.
« Sans doute... je pensais surtout à McLeish. »
« Minerva m'en a parlé. »
« ...et tous les autres aussi, Lupin... Il joue au petit chef, au petit prince... comme jamais Harry ne l'a fait... »
« Harry et Cyrus sont différents », répondit machinalement Remus pour cacher son trouble. Il savait que Cyrus portait en lui une aura, un savoir-faire et une confiance en lui qui ne pouvait qu'en faire un leader. Tous les leaders n'étaient pas à Serpentard... heureusement. Bien sûr il y avait le risque qu'il retombe dans les travers qui les avaient, James et lui, conduit à croire un temps qu'être des leaders naturels leur donnaient tous les droits. Il inspira pour chasser cette nouvelle angoisse. « OK, je vais ouvrir l'œil », dit-il enfin.
« Grand projet », grinça Severus pour mettre fin à la conversation. Le dernier passage s'ouvrait en effet devant eux sur le Hall d'entrée et ils virent que leurs efforts de mise en scène n'avaient pas été vains. C'était comme si, d'un seul coup, il y avait eu trop d'élèves et que les gigantesques portes de chêne ouvragées n'avaient plus été assez larges. En s'approchant davantage, ils purent entendre les préfets qui essayaient désespérément de remédier à la situation. Rogue rejoignit rapidement McGonagall, Sinistra et Chourave pour faire se résorber l'engorgement de l'entrée de la salle.
Lupin, lui, se recula pour observer les étudiants qui arrivaient. Chaque groupe se figeait en atteignant le seuil de la Grande Salle, renforçant encore l'effet de la mise en scène. Bien sûr, le jour d'Halloween tout le monde s'était attendu à ce que la Grande Salle reçoive une décoration spéciale – surtout cette année, puisque le directeur avait annoncé le jour de la rentrée que la sélection du candidat pour le Tournoi des Trois Sorciers se ferait le jour d'Halloween... Mais pourtant les élèves n'en revenaient pas...
Et il y avait de quoi. Sous le ciel étoilé de la Grande salle, ce n'étaient pas les habituelles sombres boiseries ouvragées qui accueillaient les élèves mais une forêt. Une forêt dense de feuillus mordorés. Une forêt un peu sombre sans doute, où les arbres avaient des troncs gigantesques et noueux... Une forêt bruissante de glissements entre les feuilles et le sol moussu et de murmures non identifiés. Et l'inhabituel silence des élèves en était d'autant plus assourdissant.
Lupin les vit arriver bien avant qu'ils ne le voient. Chacun avec sa paire d'amis. Harry les cheveux en bataille, Ron le nez en l'air et Hermione le sien dans un livre. Cyrus tenant Ginny par la main et expliquant à grand renfort de gestes de l'autre main quelque chose à un garçon solide et blond qui explosait d'un rire sonore. Mais ces six-là n'échappèrent pas comme les autres à la surprise et à la pétrification sur le seuil de la Grande Salle. Et de son poste d'observation, Remus sourit. Sans doute était-ce aussi pour eux qu'il avait tant plaidé pour quelque chose de spécial et d'impressionnant.
« Ils ont refait la Forêt interdite ! », entendit-il Cyrus s'exclamer.
« T'as vu ça ! », répondit Harry à son petit frère.
« Ils ont quand même mis des citrouilles », remarqua Ginny, et l'on pouvait sentir qu'elle n'était pas encore sûre d'apprécier la nouvelle décoration.
Archibald et Ron se contentèrent de rester bouche bée en découvrant les dizaines de lanternes creusées dans des énormes citrouilles qui se balançaient aux branches qui surplombaient les quatre grandes tables.
« C'est un travail gigantesque ! », apprécia Hermione.
« Merci », répondit Remus d'une voix grave et tranquille.
Ils se retournèrent pour faire face au directeur de Poudlard qui leur souriait.
« Ah ça, vous avez dû vous amusez ! », lança Cyrus.
Remus rit doucement.
« Pas mal, oui, et vous n'avez pas encore tout vu ! »
« Mais quel rapport avec Halloween, Professeur ? », demanda Hermione.
Le regard de Lupin déjà malicieux s'alluma encore un peu plus.
« Chère Hermione », commença-t-il, « accepterez-vous d'attendre comme vos camarades que nos invités spéciaux soient arrivés pour le savoir ? »
La jeune fille, les sourcils froncés, allait insister mais Cyrus la devança : « Laisse tomber Mione, il est encore plus têtu que moi ou Harry ! »
Les Weasley pouffèrent ouvertement – et Remus et Harry se joignirent à leur gaieté. Seul Archibald garda une prudente réserve.
« Vous devez être M. McLeish ? », lui demanda alors très directement Remus, « celui qui supporte si bien Cyrus aux dires du professeur McGonagall. »
« Oui, c'est Archi », confirma Cyrus en attirant son nouvel ami – plutôt impressionné – au premier rang. « Sois pas si nerveux, c'est juste mon père ! »
Harry sourit à la remarque de son frère, mais il sentit aussi toute l'émotion que Remus semblait contenir au plus profond de ses yeux ambrés, alors que le reste de son visage souriait. Voir Cyrus et ses amis devaient obligatoirement ramener des souvenirs, comprit-il. L'adolescent fut pris d'un léger vertige comme à chaque fois qu'il essayait de saisir ce que les ramifications exactes des sentiments de son frère ou de son père pouvaient être. Remus allait pourtant reprendre quand une ombre se posa sur le petit groupe.
« Excusez-moi d'interrompre cette charmante réunion familiale, mais nos invités arrivent, M. le Directeur », annonça le professeur Rogue de sa voix la plus onctueuse. Archibald et Ginny se pétrifièrent, Ron blêmit, Cyrus soupira, Hermione se mordit les lèvres. Seuls Harry et Remus se sourirent mutuellement. Severus serait toujours Severus.
« Vraiment, professeur Rogue ? », demanda Lupin d'une voix tranquille. « Alors, je crois en effet que nous devrons continuer plus tard cette conversation - un très prochain dimanche, par exemple... Hum, Harry, Cyrus, restez quelques secondes. Je veux que vous saluiez Albus avant le festin... »
Les Weasley, Archibald et Hermione s'éloignèrent avant que le professeur Rogue ne le leur demande – son regard semblait déjà assez clair.
« Quand il dit 'Albus'... » - commença Archi, rêveur.
« Oui, il veut dire Dumbledore », confirma Ginny.
« Les Lupin connaissent pleins de monde », ajouta Ron sur un ton où l'envie n'était pas absente. « En fait, Dumbledore est une sorte de grand-père pour eux... »
« Ça, c'est sûr qu'il est vachement vieux », commenta Ginny – visiblement beaucoup moins impressionnée.
« En tout cas, s'il est là, c'est qu'on va vraiment choisir le champion de Poudlard », réfléchit Hermione à haute voix.
« Je me demande bien comment ils vont faire ? », murmura Ron.
« Il n'a pas voulu te le dire, Hermione », remarqua Archi en s'asseyant le premier sur les bancs de leur table.
« Tu verras aussi que les Lupin ne sont jamais à court de secrets », répondit Hermione avec un soupir en se laissant tomber à coté de Ginny.
« Je suis vraiment heureux d'accueillir ce soir, notre ancien directeur, le président du Magenmagot, et dont je ne me risquerais pas à citer tous les titres de peur d'en oublier... J'ai nommé Albus Dumbledore », annonça avec le sourire Lupin une fois sur l'estrade. « Il servira de parrain au champion de Poudlard qui sera désigné cette nuit... » Un frisson d'excitation parcourut l'assistance. « Il est accompagné comme vous le voyez par un autre très haut personnage du Ministère... »
« Ludo Verpey », murmura Ron à qui voulait l'entendre juste une seconde avant le directeur de Poudlard – mais personne ne lui accorda vraiment son attention.
« En tant que délégué à la coopération magique, Ludo Verpey a en charge le suivi de ce Tournoi. Il sera aussi le garant du respect des règles adoptées par les trois écoles de magie qui ont décidé de ranimer cette institution... Comme je l'ai déjà dit au début de l'année, les épreuves commenceront en janvier, et elles auront lieu cette année en France à l'Ecole de Beaux-Bâtons. Ce soir - comme les deux autres écoles - nous allons choisir nos champions. Et ceci veut être un signe fort d'amitié entre les peuples sorciers européens. Mais je vais laisser la parole à Albus Dumbledore qui va vous expliquer comment le champion de Poudlard va être sélectionné. M. le Président. »
Albus Dumbledore s'avança d'un pas et sa voix fut immédiatement amplifiée par un charme de sonorus.
« Mon cher Remus, merci de me donner autant d'importance dans VOTRE école... et de m'avoir choisi comme parrain de cette promotion... hum... Quand nous nous sommes réunis il y a plusieurs mois pour réfléchir au meilleur moyen de choisir un champion pour Poudlard... nous avons d'abord pensé à la Coupe de Feu qui tenait se rôle il y a trois cents ans... Je ne chercherais pas à faire concurrences au professeur Binns... »
Les rires attendus s'élevèrent.
« ...en vous relatant ce que le Tournoi était à cette époque mais sachez seulement qu'il était bien plus dangereux que ce que nous avons l'intention de faire... Ceci ne veut pas dire que les épreuves qui attendront notre champion seront faciles. Son courage, son audace, ses connaissances et son savoir-faire seront mis à forte contribution... mais sa sécurité sera notre principal souci, comme la présence de deux Aurors dans l'école cette année veut le montrer... Hum... votre directeur a pensé – et je lui ai donné raison – que puisque nous voulions que le Tournoi soit quelque chose de différent, le mode de sélection du champion de Poudlard devait lui aussi être différent... »
Le vieux sorcier s'avança alors un peu plus jusqu'au bord de l'estrade et sortit sa baguette de ses robes. D'un geste ample, il fit apparaître une colonne de lumière au centre de la grande salle – faisant s'enfuir les oiseaux et les écureuils qui avaient fini par se montrer sur les branches les plus basses, attirés par le pain que leurs proposaient certains élèves. Quand la lumière se dissipa, un "oh !" unanime monta de la salle. Un puits ancien et moussu était apparu en son centre.
« Le complément naturel du feu étant l'eau, nous avons pensé demander l'aide du Puits des Désirs – qui lui aussi est un vieux compagnon des lecteurs de l'Histoire de Poudlard... »
A la table des Gryffondors, six paires d'yeux au moins – constata Harry avec amusement – mirent immédiatement Hermione au défi de leur citer tout ce que ce livre pouvait dire du Puits des Désirs. Son amie les ignora avec une indiscutable dignité.
« Comme ce puits ne peut apparaître que dans une forêt... la décoration de cette salle a été revue en conséquence », continua Dumbledore avec une évidente satisfaction amusée pour le travail accompli. « Il ne vous reste donc qu'à exprimer vos désirs... de participation. Que chacun et chacune, s'il est sûr de vouloir être le candidat de Poudlard au Tournoi, prenne une pièce d'or et la jette dans le puits. Lui saura qui, dans son cœur et dans son esprit, est le plus apte d'entre vous tous à représenter Poudlard... »
Cette fois ce ne fut pas un frisson ou un murmure qui secoua la Grande Salle. Les conversations explosèrent sur un rythme effréné. Lupin et Dumbledore échangèrent un regard satisfait et prirent plusieurs minutes avant de décider d'intervenir pour rétablir l'ordre. De nouveau, Remus s'avança et amplifia sa voix.
« Je sais que tout ceci ne peut vous laissez indifférents... mais avant de laisser place au festin d'Halloween et à vos supputations sur qui va ou devrait se présenter, je voudrais juste préciser quelques points. D'abord, le Tournoi est une chose sérieuse et difficile et il nous semble impossible que des élèves de premier cycle puissent y participer. Il paraît de même trop prenant pour être compatible avec la préparation des ASPICs. Seules les candidatures des cinquièmes et sixièmes années seront donc considérées... »
Il y eut bien sûr un mouvement de protestation que Remus arrêta d'un geste ferme.
« Les plus jeunes auront l'occasion de participer dans les années à venir, laissez donc ceux qui vont bientôt nous quitter une chance de concourir. Je veux juste encore préciser que celui ou celle qui sera choisie le saura demain matin... »
De nouveau, des voix s'élevèrent et toutes demandaient la même chose.
« Comment ? »
« Il ou elle le saura », répéta avec une fermeté moqueuse le directeur de Poudlard avant de laisser la parole à Ludo Verpey.
Bien sûr, on se coucha très tard cette nuit là dans tout Poudlard. Outre la fête d'Halloween, il y eut de nombreux allers et venues, surveillés par un Rusard renfrogné, entre les différentes tours et la Grande Salle. Certains y allèrent en groupe, d'autres s'y glissèrent plus discrètement. Si certains allaient vraiment poser leur candidature, d'autres y allèrent seulement par curiosité ou pour soutenir leur candidat. Quoi qu'il en soit, au petit matin, on pouvait dire au nombre des pièces d'or qui luisaient dans le Puits des Désirs qu'un nombre certain d'élèves de cinquième et de sixième années s'étaient risqués à se porter candidat.
Harry et Ron furent rejoints en chemin par Lee Jordan, Fred et George qui leur apprirent qu'ils avaient vu Percy et son amie, Pénélope Deauclair, se glisser très tard dans la nuit dans la Grande Salle.
« Si le Puits de ton père et ton grand-père sélectionne un des deux, je renonce à penser qu'aucun adulte n'a de sens commun », commenta Fred.
Harry sourit.
« Qu'a dit Albus... de l'audace, du courage, des connaissances et du savoir-faire... si ce sont vraiment les critères... »
« Tu veux dire qu'il n'a aucune chance ! », s'esclaffa George. « Tu es pire que nous, Harry, quand tu t'y mets ! »
« Hum, sa Pénélope m'a l'air beaucoup trop réservée, elle aussi », ajouta Ron.
« Tu ne savais vraiment rien de ce qui se préparait ? », insista Lee.
« Non », confirma Harry en secouant la tête. « Et avant que vous le demandiez, Cyrus non plus. On n'est pas allé voir Papa depuis la rentrée, en fait ».
« Tu y es allé l'autre soir, non ? », s'étonna Fred.
Harry retint l'agacement qui l'aurait conduit à demander quand pour la dernière fois Fred avait écrit à sa mère... et se contenta d'un laconique.
« J'allais quand même pas lui envoyer un hibou... »
Les trois autres apprécièrent la réponse d'un hochement de tête.
« Ça valait le coup, non, Harry... depuis...depuis, tu sembles faire moins... » - commença Ron avant de se rendre compte que son ami ne souhaitait dans doute pas que l'histoire de cauchemars soit répétée. De fait, Harry soupira.
« Oui je fais moins de cauchemars », reconnut-il néanmoins. Il ne pouvait pas en vouloir à Ron, ni aux jumeaux... mais il savait aussi que la cause de l'amélioration de son sommeil n'avait rien à voir avec ce que son père avait pu dire ou faire... S'il ne rêvait plus du Serpent, c'est qu'il se couchait plus tard – ayant bizarrement remarqué que les cauchemars n'arrivaient qu'en tout début de nuit. Il songea qu'il devrait sans doute en parler à son père. Plus tard, plus tard... se promit-il.
« On dit que Tiberius Wind et Katie Bell ont jeté une pièce », raconta alors Fred, un peu comme on s'excuse.
« Je voterais pour Katie, moi, si le Puits demandait mon avis », déclara Harry – sur le ton de celui qui accepte ces excuses.
Ils arrivèrent alors parmi les premiers dans la Grande Salle. La pièce était étrangement sombre. Le soleil d'hiver se perdait dans les feuilles et les hautes branches et seule une faible lumière froide arrivait jusqu'au table. Les lapins et les écureuils regardaient les élèves revenir avec une évidente curiosité. Harry se demanda si les créatures moins courantes » - comme les centaures ou les araignées - étaient aussi représentées dans les fourrés. La raison aurait voulu que non, mais il n'était pas très sûr que la raison ait vraiment été ce qui avait allumé ainsi les yeux de son père et de son grand-père la veille. Et c'était sans doute tant mieux.
Ils s'installèrent à leur table parmi les premiers mais ils furent vite rejoints par leurs camarades tant l'excitation de la veille semblait loin d'être retombée. On pouvait deviner les candidats à leur teint livide et leurs mâchoires serrées. Les professeurs arrivèrent petit à petit – plus nombreux que généralement. Sans doute voulaient-ils savoir eux aussi.
« Ça, ça veut dire qu'on va le savoir maintenant », remarqua Ron.
Tous ses voisins le dévisagèrent avec surprise.
« Oh ça va, hein, c'est pas parce que je ne suis pas Hermione que je suis complètement crétin ! », s'énerva immédiatement le rouquin pour le plus grand fou rire de Fred et George.
Un silence suspicieux s'installa avec l'entrée du Lupin et de Rogue, en grande discussion avec leurs invités – Dumbledore et Verpey. Mais aucun des quatre ne prit la parole et l'énervement monta encore d'un cran.
« Ils jouent à quoi ? », lança Dean Thomas à Harry, les sourcils froncés.
L'interpellé haussa les épaules, prit le temps d'avaler ses céréales avant de dire. « T'inquiète pas s'ils ont dit que le champion serait prévenu, il le sera... »
Un dernier groupe d'étudiants entra dans la Grande Salle et quand ils s'assirent à leur table respective, ils semblèrent avoir déclencher un signal secret. Des hautes fenêtres de la Grande Salle, émergea souda une forme aérienne et gracieuse qui tournoya longuement entre les arbres. Les élèves tordirent le cou pour distinguer ce que c'était et un murmure qui s'amplifiait à chaque seconde apporta la réponse à ceux qui doutaient encore : un phénix.
« Fumseck », murmura alors Cyrus et Harry expliqua à ses voisins : « C'est le phénix de Dumbledore... »
L'oiseau descendit lentement entre les branches, tournoya au dessus des tables avant de s'orienter résolument vers une fille de sixième année de Poufsouffle : Aethel Weald qui se figea instantanément. Aethel était une des plus brillantes élèves de Poudlard, venant d'une longue lignée de médicomages et de savants. Préfète depuis sa cinquième année, elle était relativement populaire bien que assez discrète. Harry se rappela soudain que son père lui avait un jour raconté qu'en première année, elle s'était laissée entraînée par d'autres dans la Forêt magique et que, confrontée aux enfants d'Aragog, elle avait réussi à ramener tout le monde sain et sauf. Sans doute combinait-elle bien les qualités citées par Albus la veille.
Fumseck s'était maintenant posé sur l'épaule de la jeune fille aux cheveux blonds et se mit à chanter – mettant immédiatement fin aux murmures qui s'étaient élevés. Aethel sursauta quand à son poignet apparu un fin bracelet d'argent qui reprenait les motifs des armes de Poudlard. Sur l'invitation de Remus, Dumbledore se leva alors – faisant se tourner toutes les têtes.
« Mlle Weald, le Puits des Désirs semble avoir choisi une bien intéressante ambassadrice pour Poudlard cette année, et je suis très honoré d'être votre parrain pour cette aventure. Venez donc nous rejoindre à cette table... »
La jeune fille sembla d'abord se statufier un peu plus avant d'acquiescer lentement et de se lever sous les applaudissements nourris de ses camarades de Poufsouffle, rejoints très rapidement par toute l'école. Ce n'était pas courant pour les élèves de cette maison d'être mis en avant pour autre chose que leurs excellents résultats scolaires et tous semblaient vivre la nomination d'Aethel comme une victoire personnelle. Les autres maisons, une fois dépassées la surprise et la déception, se trouvaient plutôt rassurées que des personnalités plus arrogantes n'aient pas été choisies. Non, Aethel était un choix que même les Serpentards pouvait soutenir.
Le triomphe d'Aethel dura plusieurs jours. Elle ne pouvait pas se déplacer sans une cohorte d'admirateurs qui prenaient des airs avantageux. Harry ne fut pas le seul à penser qu'elle semblait bien résister à ce traitement qui lui l'aurait mis hors de lui. Elle gardait son sourire et sa simplicité. Certains commençaient sans doute à trouver cela exagéré – après tout, pour l'instant, elle n'avait rien accompli de particulier. Pourtant la seule chose qui réussit à éclipser la championne de Poudlard des conversations fut suffisamment inquiétant pour qu'un certain nombre d'élèves en viennent à regretter que son innocent triomphe n'ait pas duré plus longtemps...
ooooooooooooooooo
Oui, oui, je sais, je suis méchante, sans coeur, agaçante, etc... mais ça faisait longtemps que je n'avais pas recouru au bon vieux suspense... et je trouvais qu'il était temps... Des questions, peut-être ?
