In Stellis Memoriam

Les personnages et l'intrigue générale sont bien connues et donc pas à moi. Je garde sous le coude deux ethnomages brésiliennes –dont une virtuelle – et une elfe de maison complaisante... Je rendrais, après usage, le sortilège de Gorge coupée à Tobby à qui il appartient...
Merci à tous pour vos nombreuses et gentilles reviews... si, si...

Alana...mais moi aussi, je l'aime bien Hermione... quelle idée ! Je me sers juste de fameuses capacités d'analyse pour faire avancer tout le monde...
Sandrine... Mais pourquoi les Weasley seraient-ils mécontents que Ginny soit avec Cyrus ? A cause de Tonks ?
Cérulane... Qui a dit qu'on ne reparlerait pas d'Aethel ? Mais tu as un peu raison aussi... je me suis un peu laissée emportée...
Encore un chapitre « en spirale »... juste pour Petite Etoile Jaune...
Dédicace à Vert, qui ne passe pas assez souvent, grands mercis à Alixe et Alana qui soignent mes angoisses...

12 - De Stellis Memoriae

« Que voudrais-tu savoir, Hermione ? », lui demanda doucement Lupin en s'asseyant à son tour autour de la table basse.

La jeune fille avala péniblement sa salive sans arriver à trouver la réponse juste. Elle songea à la longue attente qui avait précédé cette question. A ces longues heures, où elle s'était agacée de voir Harry et Cyrus si décontractés, Ron si peu soupçonneux et tous les autres si indifférents à son excitation interne. Elle s'était demandée si le repas n'arriverait jamais et, plus encore, si le dîner finirait... Jusqu'au moment où le professeur Lupin était venu vers elle – Harry et Cyrus avaient déjà mystérieusement disparu –, elle s'était attendue à que des préfets lui demandent de se dépêcher ou que Rogue ou McGonagall l'interceptent. Mais rien de cela ne s'était passé. Elle avait traînée – ce qui pouvait paraître inhabituel, mais personne n'avait relevé – à la table des Gryffondors, et le directeur de Poudlard, qui comme à son habitude avait répondu à des sollicitations d'élèves et de professeurs, était tranquillement venu vers elle quand le dernier groupe d'élèves sortait de la Grande Salle pour lui annonce tout aussi calmement :
« Allons-y »

Elle l'avait suivi sans un mot de passages en escaliers dérobés jusqu'à un dernier passage qui les avait amenés directement dans le bureau directorial – une haute salle boisée, couverte de rayonnages, seulement entrecoupés par les portraits des anciens directeurs de Poudlard. La plupart dormaient à leur entrée. Visiblement insensibles à la solennité de l'endroit, Harry et Cyrus, affalés sur un profond canapé de cuir, discutaient à mi-voix mais avec enimation du contenu d'un sac de papier posé entre eux. Ils venaient d'éclater de rire à leur entrée.

Et Hermione se demanda une fois de plus si elle ne s'était pas montée la tête. Si la moindre de ses théories était vraie, comment pouvaient-ils blaguer ainsi ? Car il n'y avait pas à se poser de questions vu la manière précipitée dont Cyrus avait fermé le sac quand ils étaient entrés. Ça devait être sa fameuse commande de chez Zonko - celle dont il parlait depuis des semaines... annonçant "les meilleures blagues de l'année" pour très bientôt. Mais quel gamin, songea-t-elle pas pour la première fois. Et ses questions n'en étaient que plus pressantes.

« Hermione ? », insista Lupin.

La jeune fille revint au présent avec difficulté pour balbutier : « Excusez-moi, professeur »

Du coin de l'oeil, elle vit Harry sourire avec compréhension de son embarras. Mais Cyrus fut comme toujours plus direct : « Allez Hermione ! On est là pour ça, non ? »

«OK », répondit-elle avec nervosité. « OK... Eh bien, une nouvelle fois, Cyrus, qui... Qui es- tu ?»
Maintenant, constata Hermione avec une certaine satisfaction, Cyrus et Harry étaient plus que sérieux.

« Cyrus ? », dit Lupin avec un regard plein de protection et d'attention pour son plus jeune fils que ne manqua pas Hermione. Le garçon leva ses grands yeux gris vers lui et répondit d'une voix assez aiguë.
« Moi ? »

« Ça te parait trop difficile ? », demanda Lupin très gentiment.

« Je peux moi... », commença Harry avec un regard protecteur pour Cyrus qui ne répondait pas.

Hermione en était à penser que rien n'allait finalement avoir lieu quand le professeur Lupin intervint

« Je crois pourtant que seul Cyrus peut répondre à la question d'Hermione. J'ai une idée...pour lui faciliter la tâche... »

Il se leva soudain et marcha jusqu'à une armoire ouvragée qui s'ouvrit à son approche – comme si elle l'avait reconnu... Et c'était sans doute le cas, pensa Hermione. Il en sortit un objet... Un objet assez plat et argenté... Quand il se rapprocha de la table Hermione vit que c'était une sorte de bassine... Et que sur ses bords plats des runes étaient gravées... Quand il la posa, elle s'aperçut que le fond était couvert d'un liquide translucide.

« Bien... Ceci... Ceci est une Pensine », expliqua alors Lupin, ce qui déclencha un acquiescement commun à ses deux fils.. Hermione retint un soupir, comme à chaque fois que le monde magique révélait quelque chose de nouveau pour elle. Elle avait beau lire à s'en user les yeux, elle était encore et toujours prise au dépourvu devant des choses qui semblaient évidentes à tous les enfants sorciers. Lupin eut un sourire comme s'il avait lu en elle comme un livre ouvert.
« Une Pensine, Hermione, est un objet magique très rare», expliqua-t-il. « Très peu connu, mais très utile... Un sorcier ou une sorcière peut y placer un ou plusieurs de ses souvenirs... Soit pour mieux se les rappeler – la Pensine leur rend tous leurs détails..., soit pour les protéger d'une intrusion quelconque – du Sérum de vérité jusqu'à la légilimancie, soit pour les donner à partager à quelqu'un... Et c'est l'utilisation qui nous intéresse aujourd'hui... Es-tu d'accord Cyrus ? »

Le jeune garçon sembla hésiter puis il murmura :« Qu'est-ce que tu veux que je lui montre ? »

« Hum», réfléchit son père. « Elle doit comprendre pourquoi... donc Peter... Azkaban aussi, sans doute... Et aussi la forêt ? »

Les yeux gris s'agrandirent devant l'énumération, et Hermione crut y lire de la crainte. Elle- même sentait son cœur cogner contre ses côtes. Peter ? Azkaban ? La Forêt ? C'étaient ses plus folles suppositions qui prenaient corps... Cyrus avait baissé la tête sans répondre. Après un regard d'interrogation pour Lupin qui acquiesça, Harry prit alors la parole et son amie sentit toute son émotion.

« Tu sais, Cyrus... Tu... tu m'as raconté... Et puis, je sais... Mais... mais je crois que moi aussi je voudrais bien voir... Voir cela... Voir ce qui t'es arrivé... Par tes yeux...»

Cyrus releva la tête puis les dévisagea tous les trois :
« Toi aussi ? », demanda-t-il à son père.

« Pourquoi pas... Harry a raison de dire que c'est l'occasion de se mettre à ta place...», répondit celui-ci en tendant le bras pour lui prendre la main. « Seulement si tu t'en sens capable...Uniquement si ça te rend plus fort. »

Le jeune garçon acquiesça un peu nerveusement. Puis avec une décision nouvelle, il sortit sa baguette de ses robes et l'approcha de sa tête. Pendant de longues minutes, il ne se passa rien. Cyrus ouvrit et ferma les yeux plusieurs fois, comme s'il cherchait parmi ses souvenirs ceux qui lui paraissaient les plus adaptés. Puis ses yeux se fermèrent pour ne plus s'ouvrir et tout son visage sembla prendre une gravité nouvelle. Hermione ne put s'empêcher de jeter un petit cri d'effroi lorsqu'elle vit des sortes de fils de fumée venir s'enrouler autour de la baguette – un peu comme un long fil de sucre épais chez le confiseur. Harry lui chuchota :
« Ce sont ses souvenirs... »

Puis Cyrus baissa une main un peu tremblante vers la Pensine et les fils se liquéfièrent. Il murmura alors avec une gravité qui lui ressemblait peu : « Eh bien, voilà... »

Lupin acquiesça d'un geste sec de la tête et inspira avant de dire sur un ton étonnamment proche de celui qu'il pouvait utiliser en classe :
« Nous allons tous prendre nos baguettes et les approcher du liquide... Les souvenirs que Cyrus a choisi de partager avec nous viendront alors à nous... Il n'y a rien d'autre à faire...»

Hermione imita les autres et sortit sa baguette. Quand elle effleura la surface du liquide, elle se sentit happée comme par un siphon et projetée dans l'espace. Elle atterrit un peu durement dans un jardin au lever du jour. Le sol était jonché de gravats et d'éclats de verre et de bois. Quand ses yeux se furent mieux habitués elle vit que devant elle se dressait les ruines encore fumantes de ce qui avait dû être une importante maison. Un jeune homme se tenait de dos devant elle et hurlait : « NON ! »

Sa voix lui disait quelque chose et elle chercha autour d'elle Harry, Lupin ou Cyrus mais elle se trouvait seule. Elle avala sa salive et inspira pour se donner du courage.

« NON ! », hurlait encore l'homme en escaladant les ruines « James... Lily... James ! »

« Holà, holà... qui va l ? », questionna alors une profonde voix bourrue que Hermione reconnut cette fois sans peine – mais sans trouver de sens à sa présence pour autant. Hagrid ? De fait, la haute stature du Garde-chasse de Poudlard se découpa dans l'aube et pointa vers le jeune homme qui avait hurlé une arbalète chargée. « Oh ! Mais c'est vous... Sirius », dit-il en baissant immédiatement son arme.

SIRIUS, songea Hermione. Si c'est le souvenir de Sirius, alors...

« Hagrid, Hagrid... Dites-moi que... », suppliait le jeune homme dont le visage était caché par de grandes mèches noires.

« J'aimerais, Sirius ! J'aimerais », regretta le Garde-chasse avec des quasi-sanglots dans la voix.

« James ? », souffla le jeune homme

Le garde-chasse se contenta d'abaisser son énorme tête couverte de cheveux hirsutes.
« Lily ? », ajouta alors le jeune soricer. C'est Sirius, se rappela Hermione. Sirius Black ?

« Oui... », répondit aussi doucement Hagrid.

« Non... Non... Ce n'est pas possible... Ce n'est pas possible ! »

« Sirius », commença le Garde-chasse, « Dumbledore m'a envoyé dès qu'il a su... Avant que le Ministère et les Moldus ne viennent... Nous devons sauver Harry. »

« Harry ? », répété Sirius, visiblement sidéré. « Il est vivant ? Mais... comment ? »

« A priori, il a... Il a fait disparaître... Celui... Celui-dont-il-faut-taire-le nom », lâcha Hagrid comme s'il en doutait lui-même.

« Voldemort ? Il a fait disparaître... », répéta Sirius en secouant la tête. « Mais comment ? Comment ? »

Le garde chasse secoua la tête et retourna dans les ruines.
« Il faut poser les questions à Dumbledore, pas à moi... »

« Harry... Harry est vivant... Il est blessé ? » - demanda le jeune homme en le suivant dans les ruines.

« Légèrement... Au front... Dumbledore arrangera sûrement ça... » Le demi géant souleva sans peine une énorme porte, et Hermione vit alors le dénommé Sirius se jeter à genoux et éclater en sanglots.

« Harry, oh Harry... Pourras-tu me pardonner ? »

Le jardin se mit alors à vaciller autour d'Hermione et il fut remplacé par une rue de Londres, une rue commerçante et animée. Une rue moldue. Instinctivement, la jeune fille se sentit gênée de porter son uniforme d'apprentie sorcière et se recula pour se cacher mais elle se rendit vite compte que personne ne lui prêtait attention. En fait, personne ne semblait même la voir. Une fois à demi rassurée, elle regarda autour d'elle et remarqua immédiatement un homme - un homme grand aux cheveux noirs mi- longs. Cyrus aurait pu lui ressembler dans quelques années, une fois les rondeurs de l'enfance envolées.

Il portait une robe de sorcier ouverte sur des vêtements moldus et de loin, ça pouvait paraître comme un pardessus. Il était mal rasé et son visage était tendu. Appuyé contre une imposante moto, il semblait sur le qui-vive. Comme s'il attendait quelque chose. Et soudain il dut voir cette chose. Il partit presque en courant vers le bout de la rue, avec de longues foulées qu'Hermione eut du mal à suivre. En chemin, il bouscula de nombreux passant sans une seule fois se retourner. Soudain, il se mit à crier – et elle reconnut la voix désespérée qui hurlait dans le souvenir précédent. Cette voix maintenant était pleine de colère :
« Queudever ! Queudever ! Arrête ! Ne m'oblige pas à te forcer ! »

Un jeune homme blond, pas très grand, à quelques mètres devant eux, s'arrêta. Il hésita une fraction de seconde et se retourna très lentement :
« Sirius », souffla-t-il, puis secouant la tête : « Tu n'aurais jamais dû... »

« Quoi !? »

« Tu ne me laisses pas le choix », répondit sombrement le blond avant d'inspirer et d'hurler : «Lily et James, Sirius, comment as-tu pu ? »

Au même moment, la rue explosa littéralement, et Hermione fut surprise de ne pas être projetée par le souffle. Au milieu de la fumée et des cris, elle entendit un rire. Un rire profond et désespéré...

Quand la fumée se fut dissipée, elle eut froid, incroyablement froid. Elle sentit dans son dos un mur humide et glacé. En écarquillant les yeux, elle distingua d'autres murs dans la pénombre. Et peut-être aussi une forme, une forme avachie dans un angle, une forme qui gémissait.
« Ce n'est pas moi... ce n'est pas moi... »

Elle déglutit avec difficulté. Cette voix, cette fois, elle la reconnut. Cette voix était celle de Sirius Black. Et si c'était Sirius Black, et si ce qu'elle avait vu auparavant était bien l'affrontement avec Peter Pettigrow, ils ne pouvaient être qu'à un seul endroit... Azkaban. Sa sensation de froid augmenta. Son esprit butait toujours sur le lien entre tous ces évènements et Cyrus... Avait-il mal compris sa question ? Comment cela pouvait-il être SES souvenirs... Tout cela s'était passé au moment de sa naissance...

Mais l'image changea et Sirius était maintenant assis tout contre la grille, regardant le couloir. Il était maigre et nerveux mais pas prostré. Soudain, des pas retentirent dans le couloir et des voix se firent entendre. Trois sorciers et deux chiens passèrent ainsi devant Hermione avant de s'arrêter devant la cellule de Sirius qui sembla ne pas les voir.

"Ah, vous avez mis Black ici", remarqua le plus âgé des trois sorciers. Ils s'étaient sont tous arrêtés, les chiens essayaient de passer leur museau au travers de la grille.

"Il est tellement calme et absent", se justifia un des deux hommes plus jeune.

"Il sait toujours lire pourtant !", ajouta le second. "Renley lui a donné un journal au printemps."

"Intéressant", estima le premier homme, visiblement un chef pour les autres. "Black !"

"Black, répond à Monsieur l'inspecteur", ordonna le deuxième garde.

"Je suis l'inspecteur Bellame", annonça l'homme. "Je fais une enquête sur la santé mentale de nos prévenus... Accepteriez vous de répondre à mes questions ?"

"Bien sûr", répondit le deuxième garde à la place de Sirius, sortant avec empressement un énorme trousseau de clés de sa robe bleu marine.

Le troisième homme installa chaise en face de Sirius pendant que l'inspecteur confiait sa baguette au garde aux clés.

"Soyez prudent inspecteur", ajouta le garde de la chaise.

"J'ai mes chiens", répondit l'inspecteur en s'installant . Les deux labradors se mirent à renifler Sirius jusqu'à ce qu'il les rappelle et les fasse asseoir à ses pieds.

La porte se referma avec un grondement sinistre et les pas s'éloignèrent rapidement. L'image sauta et Hermione se demanda ce que Cyrus avait jugé préférable de ne pas montrer. Maintenant l'inspecteur demandait : "Pouvez-vous vous transformer seul ?",

"Pas longtemps", reconnut Sirius penaud.

"On va arranger ça", commenta l'homme en lui tendant un flacon que Sirius avala sans plus réfléchir.

"Ensemble", ordonna alors l'inspecteur sans que Hermione comprenne l'ordre.

L'homme ouvrit de force la gueule du labrador noir qui l'accompagnait qui, devant la jeune fille médusée, prit la forme de Sirius au même moment où le jeune homme se transformait en labrador noir - Un Animagus, réalisa Hermione, il est un Animagus, comme le professeur McGonagall. D'un sortilège, l'homme nettoya alors le Sirius-chien puis plaça sur lui le collier et la laisse qu'avait portés l'autre animal.

Une nouvelle fois, le décor changea, mais cette fois Hermione se surprit à ne pas s'en étonner. Elle se demanda juste si Lupin, Harry et Cyrus vivaient les mêmes souvenirs qu'elle au même moment...

Cette fois, la pièce était haute et claire... Confortable... Un lit à baldaquin en occupait le centre et en se déplaçant Hermione vit qu'un homme grand et brun y était allongé. Ses cheveux et son visage avaient été nettoyés, mais on voyait encore à quel point il était maigre et pâle. Ses yeux étaient ouverts mais immobiles et, un instant, Hermione le crut mort. Cyrus lui montrait la mort de Sirius ? Elle eut l'impression d'étouffer, mais l'homme bougea de manière imperceptible, lissant le drap propre de sa main maigre, et elle respira.
Il était vivant.

La porte s'ouvrit alors et deux hommes entrèrent. Hermione se retourna pour les dévisager. Le premier respirait l'autorité tranquille malgré son âge avancé comme seul Albus Dumbledore savait le faire... Le second était grand et brun, portait de coûteuses robes de soie noire et semblait encore plus sombre que d'habitude. Il s'agissait du professeur Rogue. Hermione attendit mais la troisième personne, celle qui aurait pu tout expliquer n'entra pas. Remus Lupin ne vint pas.
Rogue ferma la porte derrière eux et s'appuya contre le mur. Seul, Dumbledore s'approcha jusqu'au lit et s'assit. Black se tourna très légèrement vers lui.

« Sirius... »

« Professeur... »

Cette reconnaissance mutuelle sembla suffire aux deux hommes qui, pendant de longues minutes, ne dirent rien de plus.

« Sirius, Severus est là avec moi... il a la potion», reprit Dumbledore.

« Remus ? », souffla Sirius en se laissant de nouveau aller contre les coussins.

« Remus aurait aimé être là mais, malheureusement encore, c'est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre..Mais vous allez pouvoir les rejoindre, Harry et lui... Très bientôt » dit alors Dumbledore un peu comme on promet une récompense à un enfant.

Sirius se redressa sur le lit et regarda le professeur Rogue sans aucune aménité.

« J'aurais dû penser que tu ne pouvais pas te tenir très loin du chaudron où bouillonne une potion qui pue la magie noire et qui me ridiculise ! » Cette fois, Sirius était debout, mais ses jambes se dérobèrent sous lui quand il voulut aller plus loin.

« Regarde-toi », lâcha Rogue avec une animosité que Hermione ne comprit pas. «Tu ne tiens même pas debout ! Je me demande comment quelqu'un comme Lupin peut encore espérer sauver quoi que ce soit de toi... »

« Severus ! », s'énerva alors Dumbledore. « Je ne vois pas quel contentement vous pouvez tirer de vous acharner sur un homme à terre et sans défense !»

« Excusez-moi, Albus», articula le professeur Rogue sans que Hermione puisse juger s'il était sincère. « Je serai honnête, Black. Jouer sur le temps est toujours dangereux, jouer sur l'âge physique, sur l'âge mental, et pendant une durée de temps relativement longue, est pire... Nous sommes aux frontières de l'acceptable..."

"Tu dois y être bien", persifla Sirius avant que tout devienne noir autour d'Hermione.

L'image suivante fut tellement décalée qu'elle pensa un instant qu'elle rêvait. Elle se trouvait dans une maison sombre et propre. Il y faisait incroyablement chaud et elle transpirait dans sa robe d'hiver. Au milieu de la pièce, se trouvait un lit bas et deux femmes minces et brunes que Hermione reconnut sans problème : Aesthelia Da Sylva et Laelia Coelho.
Elles parlaient doucement en anglais - et si l'une avait un léger accent brésilien, l'autre n'en avait aucune trace... Sa voix disait même quelque chose à Hermione.
« C'est pour quand ? », demandait la plus âgée.

« Demain... »

« Il n'est pas prêt »

« C'est le plan... »

« Ça va ajouter un autre traumatisme... pourquoi cette nouvelle mémoire devrait-elle subir cela?»

« Je ne sais pas, Aesthelia... Je ne sais pas... Je dois juste suivre le plan... J'aimerais... J'aimerais beaucoup le protéger plus moi aussi... Mais je DOIS mourir...»

A cet instant, des cris s'élevèrent du lit et Hermione y vit un jeune garçon brun qui hurlait :
« Je suis innocent ! »

La voix ne lui laissa aucun doute sur son identité. Cyrus... Cyrus... Elle vit les deux femmes se précipiter et tenter de calmer l'enfant mais, de nouveau, le décor vacilla, et Hermione se retrouva brutalement dans l'aéroport d'Heathrow - et elle y était assez souvent allée avec ses parents pour en être certaine. Elle tourna la tête de tous les côtés pour comprendre pourquoi elle était là. Soudain dans son dos, elle entendit une hôtesse de l'air qui bougonnait : «Attends un peu, toi, attends un peu que je lui raconte à ton père tout ce que tu m'as fait subir...»

Elle tenait à la main un petit garçon maigre aux cheveux noirs, curieusement vêtu et traînant des pieds. Mais l'enfant - Cyrus !- tourna soudain la tête dans sa direction et une flamme incroyable illumina ses yeux. Hermione rougit se demandant pourquoi il ne la reconnaissait que maintenant, mais l'enfant échappa alors agilement à l'emprise de l'hôtesse et courut vers des gens qui se trouvaient derrière Hermione. En se retournant, elle vit Lupin, très ému, et Harry, un peu intimidé, accueillir un Cyrus en larmes...

Le retour au présent n'avait pas été difficile que pour elle. En essuyant ses larmes, elle vit Harry prendre un Cyrus assez pâle dans ses bras et lui murmurer des choses à l'oreille qui ressemblaient beaucoup à des encouragements. Lupin lui s'était levé et regardait par la fenêtre.

« Alors tu sais maintenant... », commença soudain Cyrus en se tournant vers elle – sa voix n'avait rien d'agressif, c'était juste une constatation.

« Je ne sais pas », objecta Hermione. « Je crois juste savoir... »

« Non Hermione », intervint alors Lupin gravement. « Tu as eu la confirmation de ce que tu avais compris et si je n'avais pas pensé que tu étais si près de la vérité, je n'aurais jamais demandé cela à Cyrus... »

La jeune fille déglutit et acquiesça. Harry lui prit la main et la serra.
« Cyrus est Sirius mais il est aussi, comme grand-père l'a dit... Il est aussi Cyrus, pleinement Cyrus... C'est tout »

C'est tout ? Ces Lupin étaient incroyables... Mais Hermione n'osa pas leur faire part de son désaccord sur leur jugement. Elle comprenait maintenant combien ils étaient liés, combien ils avaient choisi de vivre les uns avec les autres et combien leurs secrets - et il y en avait peut-être d'autres, étaient lourds à porter...

Mais Lupin reprit : « Tu as quand même peut-être des questions ... »

Hermione dut inspirer profondément pour trouver le courage de formuler les doutes qui persistaient encore dans son esprit.
« Quels sont les pouvoirs de Cyrus ? »

« Il a en lui tous les pouvoirs de Sirius... même s'il ne sait pas obligatoirement les mobiliser. »

Il fallut une nouvelle dose de courage à la jeune fille pour insister.

« Même l'Animagus ? »

« Oui »

Se rappelant les propos échangés entre McGonagall et Lupin quelques semaines auparavant, Hermione jeta un coup d'œil vers Harry. Comme les autres fois, elle le vit demander à son père du regard l'autorisation de lui répondre. Et Hermione ne put s'empêcher de ressentir la poids de ses secrets.

« Je voudrais devenir un Animagus... pour pouvoir... Pouvoir être avec mon père les nuits de pleine lune... C'est long et difficile et...Et pour l'instant je n'ai juste travaillé que sur la concentration... » - expliqua Harry sur le ton de quelqu'un qui s'excuse.

« Je comprends », répondit-elle gravement. Elle se demanda si elle aurait eu envie d'être un Animagus – comme Minerva McGonagall... Mais une nouvelle question s'imposa. « Et Laelia...?», demanda-elle plutôt timidement.

Remus sourit.
« Allons Hermione, tu as bien compris qu'elle n'existe pas... Enfin, pas en tant que telle... Comme Cyrus te l'a dit Aesthelia est son modèle... Et une très vieille amie... En fait, tout ceci n'ajoute pas grand-chose à ce que tu savais déjà ... Et j'espère que tu ne regarderas ni Harry, ni Cyrus, différemment maintenant...Dans tous les cas, tu n'auras plus à mener l'enquête maintenant, seule ou devant d'autres personnes... »

La voix de Remus était égale, mais Hermione entendit la mise en garde. Harry avait toujours dit que son père ne criait pas et que c'était sans doute pire... Hermione entrevit les raisons de ce point de vue.
« Merci de votre confiance », glissa-t-elle doucement.

Immédiatement les yeux du Directeur de Poudlard se durcirent et elle sentit sa gorge se serrer.
« Je ne PEUX pas te faire confiance, Hermione... Il ne s'agit pas que de moi... Il s'agit de mes fils... Il s'agit d'autres personnes... Tu as entrevu certaines d'entre elles... Nous ne pouvons pas prendre le risque que tu laisses d'autres suivre les pistes qui t'ont menée jusque là. »

La jeune fille blêmit. Elle n'avait pas vraiment peur, mais quand même...
« Un sortilège d'Oubliette ?», demanda-t-elle d'une toute petite voix.

« Ce serait beaucoup... Je pensais juste à un sortilège de Gorge coupée », répondit Remus. La jeune fille se retint de poser ses mains sur son cou. Comme s'il avait lu dans son esprit, Lupin ajouta : « Malgré son nom, il s'agit simplement d'un sortilège qui fait perdre la voix à celui qui a juré de se taire et risque de se parjurer... »

« Oh », dit Hermione presque rassurée.

« Ce sortilège a une durée temporaire... Mais je pense que c'est suffisant... J'ai plutôt confiance, Hermione... », conclut-il avec un sourire.

Elle acquiesça très doucement et ne ferma pas les yeux quand Remus leva sa baguette.

ooo

«On connaît le chemin », grommela Cyrus une demi-heure plus tard.

« Je n'ai aucune envie de voir Rusard vous ramener et me proposer la réhabilitation des châtiments corporels », répondit Remus d'une voix égale, mais son regard dansait à la simple évocation de la scène, et les trois adolescents sourirent. Mais Lupin reprit d'un ton très sérieux : « A ce propos, es-tu bien sûr, Cyrus, que le contenu de ce sac devrait sortir de ce bureau ? »

Cyrus se figea et jeta un regard suppliant à son père. Hermione nota que Harry préférait regarder ailleurs.
« Papa... »

« Oui, je sais... On ne peut pas être sérieux tout le temps », commença apparemment légèrement Lupin, mais Hermione ne vit aucun sourire sur le visage de Harry et Cyrus. « Et Linky est trop contente de vous faire plaisir pour refuser de faire vos commissions... »

« Je veux juste... »

« Cyrus », l'interrompit son père abruptement, « je ne compte pas vraiment te les prendre, mais je te conseille fortement de bien choisir tes cibles. Dans l'ambiance où l'on est aujourd'hui, une Bombabouse contre les Serpentards, c'est une guerre entre les maisons, une Plume Baveuse contre Malefoy, c'est Fudge dans mon bureau... ou pire... l'inverse.»

« D'accord », répondit sombrement Cyrus.

« Attends, je n'ai pas fini. Une autre blague contre Severus et je te préviens, ce n'est pas à Minerva que tu auras à faire...»

« Compris », soupira Cyrus qui parut alors à Hermione plus jeune et plus petit que jamais.

« Et surtout - Cyrus, regarde-moi ! - il n'est pas question qu'une autre fois Archibald McLeish soit puni à cause de toi, comme la semaine dernière », indiqua Lupin. Hermione remarqua avec un certain soulagement que Harry était aussi surpris qu'elle.

« Mais !», s'insurgea, cette fois, Cyrus.

« Mais quoi Cyrus ? », demanda Lupin d'une voix égale mais Hermione commençait à sentir la différence entre "égale vraiment" et "égale, potentiellement dangereuse".

« Je... je ne lui avais rien demandé », répondit très doucement Cyrus. Tous notèrent qu'il ne cherchait pas un instant à nier le fond de l'accusation.

« Et, ça te suffit comme excuse ? » Cyrus haussa les épaules et détourna la tête mais Lupin lui prit le menton et le força à le regarder. « On est JAMAIS obligé d'accepter que les autres prennent des risques pour vous, Cyrus. C'est aussi ça les aimer. Tu dois apprendre à refuser ça, Cyrus ! Quand on a, comme toi, de réelles qualités d'entraînement, on est responsable des autres, en particulier de ses amis. »

Hermione vit les yeux gris de Cyrus lutter pour rester secs et perdre.
« D'accord », articula-t-il finalement.

« J'ai ta parole ? », insista Lupin, très gentiment mais sans le lâcher.

« Oui... Oui, je promets de...De prendre une cible qui ne soit ni un Serpentard, ni un professeur...»

« Et de laisser personne s'accuser à ta place », compléta Lupin sans ciller.

« Et de laisser personne s'accuser à ma place », répéta Cyrus. Son père le lâcha alors, avec un furtif sourire d'encouragement que le jeune garçon essaya de rendre tout en s'essuyant les yeux.

« Bien, alors, nous sommes partis », dit tranquillement Lupin en leur ouvrant la porte de son bureau.

Le petit groupe fut plutôt silencieux sur le chemin du retour. Hermione était encore pleine des images entrevues. Elle sentait plus que jamais le lien fort qui unissait cet homme et ces deux enfants, qui au-delà de toutes leurs évidentes différences physiques formaient une vraie famille, aussi soudée que les Weasley. Elle repensa à toutes les épreuves qu'ils avaient traversées... Elle fut heureuse qu'ils l'aient jugé digne de garder ces souvenirs...

« On fait quoi pendant les vacances ? », demanda soudain Cyrus qui semblait sortir de la bouderie où l'avait mis la mise en garde de son père.

« Hum... Je ne sais pas encore », répondit Remus avec franchise. « Nous devons absolument être là pour les vœux du Ministère le 1er janvier... »

Hermione ne put s'empêcher de sourire en voyant la tête des garçons.

« Oh non », souffla Cyrus avec un air catastrophé.

« On y a coupé l'année dernière », essaya Remus, « mais cette année, avec le Tournoi, il faut vraiment que j'y aille. »

« Nous aussi ? » - se risqua Harry.

« Oui Harry, vous aussi. » répondit très calmement Lupin mais Hermione sentit le peu de place qu'il y avait là pour la discussion. Cyrus leva les yeux au ciel.

« Même si on est sûr que ce sera tellement dur qu'on sera insupportable ? », demanda-t-il d'un ton innocent. Harry explosa de rire.

« Insupportable ? », demanda Remus avec un léger sourire de défi. Cyrus secoua la tête d'un air dégoûté.

« C'est si dur que ça ? », questionna Hermione.

« Oh, que le gratin, chère Hermione, que des Sangs purs... A part nous, les célèbres demi-humains... Que des Malefoy, des Nott et compagnie... Un délice... » - répondit Cyrus en prenant une voix hautaine et traînante qui ressemblait assez bien à celle de Drago Malefoy.

Harry ajouta : « On espère chaque année que M. Weasley ait enfin la promotion qui fasse qu'il y soit invité... En vain... »

Remus sourit plus largement : « Voilà ce qu'il faut demander à votre grand- père pour Noël ! »

Harry et Cyrus échangèrent un regard exalté.
« Tu crois ? » demandèrent-ils d'une seule voix.

« Vous pouvez toujours essayer ! Si lui ne peut pas, personne ne peut... »

« Alors là, alors », s'enthousiasma Cyrus, « s'il fait ça, je jure que... Que je serais très sage au moins, au moins... Tout un mois ! »

Cette fois, c'est Remus qui rit ouvertement.
« Je me demande bien ce qu'une telle promesse peut recouvrir ! » lança-t- il.

Cyrus prit un air fâché, mais continua à discourir sur ce qu'une promotion d'Arthur Weasley aurait de positif et de mérité. Cette ambiance légère fut brusquement mise à mal lorsque Harry se figea, portant violemment ses deux mains sur son front.

« Harry ? », s'inquiéta immédiatement son père en le prenant dans ses bras.

« Il est là », souffla son fils. « Il dit... Il dit... Il dit qu'il recommencera... Qu'il se vengera... »

Hermione instinctivement regarda autour d'elle mais le Grand Escalier était... le Grand Escalier. Ni plus, ni moins bizarre que les autres fois...

« Est-ce que tu peux dire de quelle direction vient cette voix ? », interrogea Lupin, les sourcils froncés.

« De partout... Enfin, plutôt de par là... » Et il montra la direction où l'on avait retrouvé Miss Teigne quelques semaines plus tôt. « Oh Papa ! »

« De partout », répéta Lupin tout en lui caressant le dos. « De partout... »

« On le suit ? », demanda Cyrus visiblement partagé entre la perplexité et l'excitation.

« Non », dit gravement Lupin.

« J'en étais sûr » grommela Cyrus, immédiatement déçu.

« De toutes façons, à chaque fois que tu as essayé, tu l'as perdu, n'est-ce pas Harry ? Donc ça ne sert à rien... 'Il' n'est pas dans les couloirs... Visiblement... »

« Où alors ? », ne put s'empêcher de demander Hermione.

« Si je savais », répondit Lupin d'un ton las. « Peut-être très loin d'ici... Peut-être sous nos pieds... La question est plutôt de savoir ce qui déclenche ses paroles... »

Les trois jeunes gens pesèrent ce jugement en silence. Il leur fallut quelques minutes pour se décider à reprendre leur progression vers la Tour de Gryffondor. Remus restait en alerte, jetant en permanence des regards devant et derrière lui. Harry semblait éteint comme si cette dernière aventure l'avait vidé de toute énergie. Cyrus et Hermione restèrent chacun dans leurs pensées. C'est assez tristement qu'ils dirent bonne nuit à Remus et passèrent le portrait de la Grosse Dame – qui sembla très fière de la visite du Directeur.

Il ne restait pas grand monde dans la salle commune à cette heure là et Percy fronça les sourcils en les voyant arriver.
« Vous étiez où tous les trois ? » demanda–t-il avec autorité.

« On parlait avec mon père », répondit Harry d'une voix atone. « Il est encore dehors d'ailleurs... Il a dit que tu pouvais lui demander si tu avais besoin d'une confirmation...»

Cyrus observa avec amusement les hésitations préfectorales de Percy – amusement partagé par Ginny qui avait levé la tête de ses devoirs en les voyant entrer. Quand il fit mine de la rejoindre, il la vit fermer et mettre dans son sac le Journal de Narcissa Malefoy...

(version corrigée en novembre 2010)
ooooo

Ensuite... Ensuite, logiquement, Tonks, Noël et ce fameux Nouvel an... A moins que ça ne m'ennuie...et qu'on rentre directement dans la vif du sujet... Surtout que ça ne vous empêche pas de m'écrire...