In Stellis Memoriam
Disclaimer... Hum... En doutez-vous ?
Messages complémentaires au sincère MERCI A TOUS POUR VOS REVIEWS Oui, Alixe, pas toujours très cool d'être les fils du directeur... Lulu... Cyrus/Sirius légèrement 'inconscient', ça t'étonnerait tant que ça ? Réponse plus directe, ne pourrait-il se tromper sur la vraie nature du journal ? Lunenoire... Merci... C'est pratique une Pensine, non ?
Dédicace à Alixe qui voulait un chapitre « plus léger »... Essayons de relever ce défi...
13- Préjugés et Allégresse
« Mais que vous êtes chics ! »
Harry et Cyrus échangèrent un regard lourd d'embarras mais celui du plus jeune fut le premier à s'éclairer d'une lueur moqueuse.
« Tant qu'à faire de la représentation ! » - lança-t-il à Tonks qui sourit, elle aussi. Remus, qui avait levé la tête de ses 'sempiternels parchemins' comme disait Cyrus, choisit d'ignorer le reproche latent de son plus jeune fils.
« Vous êtes magnifiques » - commenta-t-il à son tour avec une sincérité affectueuse. Et effectivement, les deux garçons étaient inhabituellement « chics » avec leurs robes de soirée gris pâle, presque identiques et leurs écharpes de soie, vert émeraude pour Harry, orange pour Cyrus. « Malheureusement, vous ne pourrez pas sortir comme cela »
Deux froncements de sourcils lui répondirent et il expliqua avec un clin d'œil complice à Tonks.
« Le taxi serait étonné, non ? »
« Oh », répondirent du même élan les deux garçons. Cyrus se frappa le front tandis que Harry remontait ses lunettes.
« On va tout mettre dans un sac, on se rhabillera à la Croisée des Chemins », ajouta Lupin en replongeant dans ses papiers.
Les deux garçons allaient repartir dans la chambre qu'ils partageaient dans le petit appartement que Remus venait d'acheter dans Londres – son vieux studio devenait singulièrement trop petit pour accueillir sa tribu grandissante... mais son besoin de dépaysement Moldu, lui, ne disparaissait pas - quand Harry se retourna pour demander à Tonks :
« Alors toi, tu ne viens vraiment pas ? »
« Pas invitée », répondit Tonks avec une feinte légèreté. Bienvenue au royaume des préjugés, mon amour, pensa amèrement Remus sans lever la tête.
« Et tu vas faire quoi ? » - demanda Cyrus avec un air sincèrement désolé.
La jeune femme haussa les épaules et laissa son regard se perdre dans le feu de la cheminée.
« Le pub au coin de la rue propose une 'soirée magique', j'ai pensé... » - commença-t-elle.
« La chance ! » - l'interrompit Cyrus. Harry sourit mais ses yeux disaient qu'il partageait l'avis de son frère. Tonks rit doucement avec un regard complice pour Remus qui sentit son embarras croître.
« Non... c'est une blague... je suis invitée à un petit réveillon de copains Aurors... rien de bien délirant mais des gens que j'aime bien» - expliqua-t-elle tranquillement en regardant les garçons bien en face cette fois.
« Ça a l'air bien aussi », dit Harry avec beaucoup de délicatesse.
« Merci », répondit Tonks avec sincérité.
Remus sentit toutes les émotions mêlées l'assaillir.
Harry et Tonks avaient pendant ses vacances fait d'énormes pas l'un vers l'autre... à moins que ce soit à mettre au crédit du professeur Tonks... Il ne savait pas vraiment. Quoiqu'il en soit, Harry, Cyrus et Tonks avaient passé leurs vacances moldues ensemble pendant que lui finissait tout ce qu'il devait finir à Poudlard pour pouvoir partir, une semaine après la rentrée, accompagner Aethel Wind et les huit préfets qui allaient lui tenir compagnie à Beaux-Bâtons pour le Tournoi. C'était Tonks qui avait proposé cet arrangement quand elle avait vu que, sinon, ils allaient passer l'intégralité des vacances à Poudlard.
«Tu te sens de les gérer dans un monde totalement moldu, de leur parler de devoirs, d'heure de coucher et de légumes?» - avait-il vérifié légèrement incrédule. « Aussi incroyable que ça ait l'air de te paraître... oui... Encore que moi, je les emmène en vacances, pas en séjour pédagogique », avait-elle rétorqué, ouvertement moqueuse. « Tu sais... faire du shopping, hanter les salles de jeux vidéo, les parcs et les cinémas... Et si je ne peux pas cuisiner magiquement, on risque d'aller tous les jours au restaurant, je te préviens », avait-elle ajouté en ajoutant une chevelure parme à ses paroles pour bien marquer, qu'elle aussi, avait besoin de changement.
Evidemment, les garçons avaient adoré.
Evidemment, il ne pouvait que s'en réjouir.
Evidemment, il s'était senti seul et vieux.
Et toutes les questions qu'il repoussait vaillamment nuit après nuit, Tonks à ses côtés, étaient revenues l'assiéger. Ne demandait-il pas trop à sa jeune compagne ? Avait-il même le droit de lui faire passer les plus belles années de sa vie auprès d'un loup-garou presque vieux ? Pourrait-elle jamais être plus qu'une sorte de 'grande sœur' pour Harry et Cyrus ? De toutes façons, combien de temps durerait encore cette relation ? Et cette invitation non partagée ne pouvait que lui rappeler que le monde magique était bien loin d'accepter qu'un loup-garou épouse qui que se soit... Et le moindre revers politique aurait sans doute pour conséquence de faire disparaître la tolérance tacite dont ils bénéficiaient pour l'instant.
Mais elle glissa alors ses bras autour de son cou, brisant sa douloureuse inquiétude de sa chaleur et de son parfum, et lui glissait à l'oreille :
« Ils seraient trop contents... »
« Qui ça ? » - grommela-t-il pas sûr de vouloir être si vite rassuré.
« Fudge... Lucius aussi... s'ils voyaient combien ça t'affecte... Ne les laisse pas m'utiliser pour t'affaiblir », expliqua-t-elle et le sérieux de ses paroles tranchait nettement avec l'excentricité de ses cheveux bleus pastel assortis aux poissons de sa minijupe rose.
« Je ne te savais pas Légilimens », répondit-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
« Tu oublies mon père moldu, très cher... psychologie, on appelle ça... »
Remus se détendit un peu et se laissa aller contre elle.
« Et laisse donc tous ces satanés parchemins et occupe-toi un peu de nous » - ajouta-t-elle encore. « Harry, Cyrus, venez, on sort ! »
« Tonks, faudrait presque qu'on parte pour le Ministère... » - essaya-t-il de se défendre.
« Vous y serez bien assez tôt pour entendre Fudge discourir sur 'le Futur Radieux de la communauté magique' », rétorqua-t-elle péremptoire.
« Sédition ? » - sourit-il, tandis que les garçons passaient des têtes curieuses par la porte du salon.
« Non, révolution ! » - dit-elle en emprisonnant ses mains sous son bras gauche alors que sa main droite commençait à le chatouiller dans le cou. Harry et Cyrus ne furent pas très longs à venir lui prêter main forte...
oO
Les deux Aurors qui montaient la garde près de l'entrée du Ministère furent surpris et soulagés de les voir arrivés si tard.
« Professeur Lupin », commença l'un d'entre eux – Oliver Forrest, Serdaigle, pas mauvais batteur, se souvint Remus. « M. Le Ministre s'inquiétait... »
Remus se contenta d'un haussement de sourcil pour marquer son incrédulité.
« Allons vite rassurer ce cher Cornelius... » - répondit-il en tendant sa cape d'hiver à sa collègue - Tania Kolyakov, Gryffondor...Particulièrement bonne en charmes. Harry et Cyrus se débarrassèrent de même de leurs vêtements.
« Nous n'avions même pas votre adresse... » - ajouta quand même Forrest, le chef de l'équipe et Remus sentit qu'on avait quand même dû sérieusement s'interroger sur leur retard. Arriver à près de onze heures était pour le moins cavalier... Tonks, Tonks, Tonks... soupira-t-il intérieurement.
« Vous avez demandé au professeur Dumbledore ? » - répondit-il très poliment. L'Auror se rembrunit.
« Il nous a répondu que vous finiriez bien par arriver... »
« Il avait raison comme toujours », conclut Lupin très professoral. L'Auror ne manqua pas le sourire en coin de ses fils et se rembrunit. « Vous êtes bien Oliver Forrest ? », reprit alors Remus bien plus gentiment.
« Oui », répondit le jeune homme sans cacher sa surprise.
« Tonks m'avait dit que vous seriez sans doute là. »
L'expression de l'Auror s'adoucit.
« Elle est allée chez Dawn et Carley, n'est-ce pas ? », demanda-t-il avec une certaine envie.
Remus confirma d'un sourire.
« Elle ne rate rien, n'est-ce pas ? »
L'Aurors qui les accompagnait vers le grand auditorium où avait lieu la fête prit un air gêné.
« C'est un moment important politiquement », répondit-il finalement.
« Vous avez tout compris, Oliver », répondit Lupin avec bienveillance en ouvrant la porte de l'auditorium. Ils ne firent pas trois pas dans le large auditorium, où pour l'occasion les sièges avaient été remplacés par de petites tables et une piste de danse, que Ludo Verpey leur fondait dessus :
« Lupin ! Enfin ! Tout le monde s'inquiétait ! » - s'exclama-t-il - et ce fut clair pour tous les nouveaux arrivants que le ministre de la Coopération magique avait déjà abusé du Whisky de Feu ou de toute autre substance mise à la disposition des convives. « Cornelius se demandait même si vous n'aviez pas été arrêté par la police moldue... Ah, ah, ah... Savent- ils seulement qu'il faut des balles en argent ? »
Cyrus et Harry se figèrent, incrédules, osant à peine regarder comment Remus allait réagir. Il ne peut pas bien réagir à une provocation pareille ! - estima Cyrus. Pourtant Lupin était à peine plus pâle qu'à l'ordinaire à la fin de cette tirade qui avait pourtant fait s'arrêter net les conversations environnantes.
« Je ne sais pas Ludo », répondit Remus avec une certaine légèreté. « Je ne suis pas sûr qu'ils croient autant que nous à de pareilles sornettes... »
Verpey fronça les sourcils pendant que son cerveau embrumé faisait le tri parmi ces informations. Avant qu'il n'ait décidé d'une interprétation, Fudge s'avança, Diggory et Ombrage dans son sillage.
« Mon cher Remus », s'exclama le Ministre avec un entrain marqué. « Nous sommes si contents de vous voir enfin vous joindre à nous ! Harry ! Cyrus ! » - ajouta-t-il avec une tape amicale sur l'épaule de chacun des garçons qui grimacèrent un sourire de circonstance.
« Bienvenu professeur, bienvenus les enfants », les salua à son tour Amos Diggory tandis que Ombrage se contentait d'un signe de tête un peu brusque et d'un sourire crispé.
Quelle belle brochette d'hypocrites ! - songea Cyrus avec colère. Je me demande comment Remus peut encore les supporter tous autant qu'ils sont !
Mais Lupin n'avait pas l'air si prêt que cela à se montrer aimable. Il se contenta d'un bref sourire pour répondre à toutes ces salutations.
« Je n'aurais jamais manqué un moment aussi important pour notre communauté ».
« Vous, hum, arrivez pourtant bien tard », remarqua la secrétaire à l'Education avec une certaine acidité.
« L'important est d'arriver », intervint immédiatement Diggory se posant, à son habitude, en gardien de l'entente cordiale. Lupin le récompensa d'un sourire fugace.
« D'autres engagements » - ajouta-t-il laconiquement.
Ouais, te laisse pas impressionner !- le soutint mentalement Cyrus en accompagnant cette pensée secrète d'un vigoureux et moins secret acquiescement.
« Bien sûr, bien sûr », commenta Fudge visiblement peu soucieux de créer un conflit le soir où il allait célébrer l'union de la communauté magique britannique. Seule Ombrage sembla s'offusquer de cette tentative d'apaisement. Mais le Ministre reprit sans lui laisser l'occasion d'exprimer son désaccord : « Allons donc rejoindre l'héroïne de cette fête et notre ami Albus », dit –il en prenant le bras de Lupin qui ne lui résista pas.
Ils avancèrent donc sans rien ajouter vers le centre de l'Auditorium et Cyrus vit d'assez loin la robe violette étoilée et l'immense barbe blanche de Dumbledore qui s'entretenait avec un petit groupe au centre duquel se tenaient la jeune et timide championne de Poudlard, Aethel Wind, et ses parents. Mais une nouvelle fois leur marche fut interrompue par une envolée de robe vert-de-gris et de mains chargées de bagues, dont l'éclat rappela un peu douloureusement à Cyrus ses mésaventures dans le Chemin des Embrumes, un an et demi auparavant.
« Notre grand directeur ! Nous ne l'attendions plus ! Rien de grave j'espère ? » - demanda Lucius Malefoy avec une expression qui suggérait le contraire. « Et ma jeune et charmante cousine par alliance ? Elle ne vous accompagne pas ? Quel dommage ! Narcissa tenait tellement à la féliciter ! »
Une fois de plus, toutes les conversations s'étaient éteintes autour d'eux. Cyrus sentit la rage monter dans son corps en vagues brûlantes. Les Malefoy, toujours les Malefoy ! Et leur malveillance. Comme s'ils ne pouvaient pas nous laisser un peu tranquilles ! Il sentit aussi l'énervement de Harry, comme un écho au sien. Mais seul le durcissement du regard de Remus témoignait d'un quelconque agacement.
« Mon cher Lucius, je transmettrais vos regrets familiaux à Nymphadora... Elle appréciera, soyez-en sûr... » - répondit-il, la voix froide et sèche.
Et toc.
Diggory grimaça, hésita, puis sembla se décider à porter une partie de la responsabilité dans cet affrontement.
« Mademoiselle Tonks ne pouvait être officiellement invitée à cette réception », commença-t-il d'un ton contrit.
Lupin se contenta de le fixer avec insistance. C'est dommage qu'ils n'aient pas trouvé en même temps un motif pour ne pas inviter les Malefoy, songea amèrement Cyrus.
« Elle n'est pas officiellement votre... » - essaya d'expliquer le Chargé de la sécurité du Ministère, de plus en plus rouge.
« Et elle ne pourra jamais l'être », intervint Ombrage.
Tout le monde se tourna vers elle mais elle ne sembla y prêter aucune attention.
« Ceci va trop loin », énonça sévèrement Dumbledore.
« Oui », l'approuva nerveusement Fudge. Cyrus remarqua la curiosité inquiète de la famille Waeld. Vous avez raison, c'est une belle bande de dingues !
« Aucune, hum, dérogation durable à la, hum, loi de Protection de la Communauté magique contre, hum, les créatures du mal, hum... n'est... hum... envisageable », asséna Ombrage avec un regard pour Malefoy dont elle cherchait visiblement l'approbation. « N'est-ce pas, maître ? »
Et bien en voilà une qui cache de moins en moins son jeu - s'agaça Cyrus qui laissa presque s'échapper un petit grondement.
Mais avant que Dumbledore, Fudge, Diggory ou Lupin n'ait eu le temps de lui répondre quoi que ce soit, la voix coléreuse de Harry s'imposa :
« C'est donc vraiment impensable qu'un jour la loi reconnaisse ce que la science a établi ? »
Sa question jeta un silence stupéfié sur l'assistance. Cyrus n'en croyait pas ses oreilles. Harry, son réservé Harry, intervenait dans une conversation d'adultes sans y être invité et pas du tout pour calmer le jeu ! Si les conséquences ne menaçaient pas d'être cataclysmiques, Cyrus en aurait hurlé de joie ! Il dévisagea chacun des protagonistes avec un intérêt mêlé de crainte.
Harry luttait pour ne pas trop rougir sous les regards désapprobateurs conjugués de Malefoy, Ombrage et Diggory. Dumbledore avait pris un regard rêveur. Et Fudge hésitait entre le rire et la colère. Mais Lupin s'autorisa, contre toute attente, son premier vrai sourire depuis qu'ils avaient pénétré dans le Ministère. Toujours compter sur Papa pour trouver des raisons incompréhensibles de sourire ! - constata Cyrus avec une certaine admiration.
« Voilà qui a le mérite d'être clair », commenta Lupin avec calme. Harry lui jeta un regard éperdu de reconnaissance.
« En effet », confirma gravement Dumbledore dont le regard pétillait.
« Belle déclaration d'amour filial », grinça Malefoy. « A se demander... »
« Je pense que maintenant que vous avez fait la preuve de votre bonne éducation, les garçons, vous pouvez partir à la recherche de compagnons et de sujets de conversation de votre âge », l'interrompit Remus en poussant légèrement Cyrus et Harry dans le dos.
oOO
« J'aurais mieux fait de me taire », soupira Harry.
Son frère haussa les épaules : « Je crois pas qu'ils aient eu besoin de toi pour s'empailler... »
« Tu ne trouves pas ça dégueulasse ? », s'emporta de nouveau Harry.
« A ton avis ? », demanda sombrement Cyrus.
« Merde Malefoy... le fils ! »
« Juste ce qui nous manquait » confirma Cyrus.
Harry le poussa derrière une tenture juste avant que Drago et Pansy Parkinson ne les voient.
« Je crois qu'on va adopter un profil bas », expliqua-t-il sa voix pleine de colère contenue.
« Parle pour toi », bougonna Cyrus.
Harry soupira. Cyrus avait raison : il était bien le seul responsable... Et pourtant, c'était encore Remus qui allait devoir réparer son manque de sang- froid... Harry se détesta pour ça. Tout à ses regrets, il ne remarqua pas Cyrus qui s'était mis à fouiller dans les caisses rangées derrière le rideau.
« Regarde ça ! »
« Quoi ? »
« Whisky Pur-Feu, Vodka enchantée, Gin des Elfes... »
« Les réserves du buffet », répondit Harry en haussant les épaules.
« Notre chance de s'amuser un peu », corrigea Cyrus.
« Cyrus », soupira son frère, « tu crois que c'est le moment qu'on nous trouve ivres ? »
« Hé, Grand Frère », répondit Cyrus en insistant sur les majuscules comme à chaque fois que Harry l'agaçait, « qui a parlé de se mettre minable ? Y'a aussi du jus de fruits... On se fait juste un petit cocktail... léger... »
Harry voulut protester mais ne trouva pas les mots. Et puis l'idée était quand même tentante...
« T'es pas obligé d'en prendre », ajouta Cyrus qui venait de trouver une bouteille vide et commençait son mélange.
« T'es sûr de ce que tu fais ? », demanda Harry, partagé entre la mauvaise conscience et la curiosité.
« Fais donc confiance à mon IMMENSE mémoire », lança son jeune frère, très concentré sur ce qu'il faisait.
« Intéressant cas de mémoire sélective », s'amusa Harry contrefaisant Severus Rogue.
Cyrus haussa les épaules pour toute réponse. Il reboucha soigneusement la bouteille où il avait fait son cocktail et secoua. Le liquide prit une belle couleur orange fluo. Cyrus dévissa doucement le bouchon, en prenant garde qu'aucune goutte ne tombe sur sa robe neuve, et porta le goulot à ses lèvres.
« Huuum... Harry, tu devrais essayer ! Ça te ferait oublier Ombrage ! »
Harry se dit que cette méthode risquait plutôt de finir de faire dégringoler rapidement leur côte de popularité auprès des adultes. Il secoua la tête.
« On va pas rester là toute la soirée ! », objecta-t-il.
« Je croyais que tu ne voulais pas voir notre ami Drago... » Cyrus prit une deuxième gorgée.
« Cédric doit bien être quelque part... »
Cyrus leva les yeux au ciel.
« Faut-il être tombé bien bas pour penser s'amuser avec un type comme lui ! »
« Hé ! C'est MON copain ! » - protesta Harry. Depuis plus longtemps que tu n'es mon frère, songea-t-il encore, sans aller jusqu'à le dire à haute voix. Cyrus ne méritait pas ça.
« Oh oui ! Le noble, le franc, le parfait Cédric ! Gentil avec les dames, sérieux avec les professeurs et même bon au Quidditch ! » - se moqua Cyrus. « Avec lui, c'est sûr, on ne risque que des bonnes notes ! »
« C'est sûr que ça te changerait ! », constata Harry dégoulinant de sarcasme.
« Hé ! » protesta Cyrus, visiblement blessé. « Même Papa a dit que ça allait ! »
« Un autre cadeau de ton IMMENSE mémoire... Allez, viens », insista Harry avec un sourire protecteur. Cyrus le fusilla un instant du regard, puis décida de laisser courir et emmena la bouteille.
Ils reprirent leur exploration et montèrent les escaliers menant aux loges au-dessus de l'Auditorium. Harry se demandait où pouvait en être la conversation des adultes. Heureusement que Grand-père est là... Cyrus posa brusque sa main sur son bras.
« Tiens regarde ! Ton Poufsouffle préféré ! »
Cédric était, en effet, affalé dans le profond canapé pelucheux qui tenait de siège dans une loge de l'auditorium, en pleine discussion amicale avec quelqu'un qu'ils ne pouvaient pas voir. Il leva des yeux surpris mais bienveillants à leur approche:
« Harry ! Cyrus ! On ne pensait plus vous voir ! »
« On a déjà entendu ça ! », répliqua vivement Cyrus, et Harry lui lança un regard qui disait clairement : ''arrête un peu !'.
« Ton frère est toujours aussi aimable, Harry », constata alors une voix féminine et sèche.
« Marietta ! », répondit Harry ignorant la remarque, « Félicitations pour la promotion de ta mère ! »
« Merci », dit la jeune fille avec une fierté visible.
Moi aussi j'aurais préféré que ce soit Arthur Weasley mais il paraît que ça va se faire, songea Harry en voyant Cyrus leva les yeux au ciel.
« Oui », confirma Cédric. « Comme ça, on se sent moins seul au milieu de toutes ces longues et vieilles lignées magiques... Je ne parle pas pour toi, Harry », ajouta-t-il précipitamment.
« T'inquiète pas », répondit l'interpellé avec un sourire, « ils ne me considéreront jamais comme l'un des leurs, quelle que soit la partie de mon nom de famille que j'utilise... »
Cyrus s'approcha du balcon et lança :
« Bon ça à l'air d'aller mieux en bas... Papa parle avec les Waeld et Fudge... Ombrage a disparu... Ah non, elle est là-bas... C'est ta mère, non, Marietta avec elle ? »
Cédric lança un regard interrogateur à Harry.
« Elle s'en ait pris à ton père, hein ? C'est sa nouvelle croisade, mes parents m'ont dit »
« Rien de très nouveau », répondit sombrement Harry.
« Ce qui était nouveau, c'est que Harry la remette à sa place ! », commenta joyeusement Cyrus.
Harry grimaça sous les regards inquiets des deux Serdaigles.
« Je... » - commença-t-il.
« 'C'est donc vraiment impensable qu'un jour la loi reconnaisse ce que la science a établi ?' Je cite ! Trop fort ! » - continua Cyrus, très fier de son grand frère.
« Harry ! », s'exclama Cédric avec une surprise admirative. « Trop bien vu ! »
Harry rosit.
« Et ton père... ? », demanda Marietta d'un ton beaucoup moins admiratif.
« Il a dit 'ça a le mérite d'être clair, non ?' et il nous a envoyé jouer ailleurs », exulta Cyrus. Marietta le regarda comme s'il était fou.
« Tu seras moins content demain », prédit-elle.
« Je crois qu'il le pensait... », intervint Harry. « De toute façon, c'est moi qui ai dit cela... pas Cyrus... »
« Désolé, chère Marietta... » - la défia le garçon aux yeux gris, avec une petite révérence.
Cédric sentit, comme Harry, qu'il ne fallait pas laisser ces deux là continuer longtemps à s'envoyer des piques.
« C'est quoi ta bouteille, Cyrus ? », demanda-t-il.
« Gin des Elfes, jus de citrouille, airelles et suc de fleurs... composition maison », expliqua fièrement l'interpellé.
« Non ?! Où t'as eu ça ? Je peux goûter ? On a eu juste un demi verre de Bièreaubeurre par le père de Marietta tout à, l'heure... »
Cyrus fut très content de partager son œuvre avec Cédric, et Harry décida qu'il devait, lui aussi, y faire honneur. Marietta commença par refuser mais elle accepta quand Cédric insista. La bouteille tournait et les quatre jeunes gens eurent bientôt tous le regard plus brillant.
«Au moins, ça a fait un peu d'action ! C'est triste à mourir cette fête... Regardez les têtes d'enterrement qu'ils font tous!», lança Cédric après avoir jeté un nouveau regard par-dessus le balcon.
« Ils attendent le discours de Fudge... pas qu'on ne sache pas ce qu'il va dire... », commenta une Marietta étonnamment moins réservée qu'à l'ordinaire.
« Le Futur Radieux de notre communauté », complétèrent les trois garçons dans un rugissement.
« Ça vous fait pas peur ? », demanda soudain Cédric, « vous croyez qu'on sera un jour comme nos parents à écouter de telles conneries ? »
Cyrus rit. Marietta soupira. Harry se contenta de demander : « Pas sûr que tout le monde partage son avis, en bas ».
« Oui, mais votre père et votre grand-père sont minoritaires... les Malefoy s'en moquent tant qu'on leur fiche la paix et mon père et la mère de Marietta songent d'abord à leur carrière... »
« Oui, c'est pas très brillant comme avenir », reconnut Harry.
« Dommage que le père Weasley n'ait eu qu'une si petite promotion... les jumeaux auraient su remédier à ça !», grommela Cyrus.
Le regard de Cédric pétilla soudain davantage.
« Oui... mais et vous, les Lupin, hein, vous manquez pas de compétence non plus, hein ? Une petite idée pour décoincer l'ambiance ? »
« Décoincer, Cédric ? » demanda Harry qui n'en croyait pas vraiment ses oreilles.
« Ouais... rigoler un coup ! » explicita le jeune Serdaigle.
« Un sortilège d'Allégresse ? » - demanda Cyrus le regard tout aussi alerte.
« Cyrus... » - commença Harry, « si... »
« J'prévois pas qu'on se fasse prendre », rétorqua son jeune frère.
« Ah oui ? », se moqua Marietta avec acidité.
« Oui... faudrait que... que ça se déclenche... quand on est sagement avec les parents à écouter le discours... »
« Cyrus », essaya encore Harry en fermant les yeux.
« Oui... un sortilège de Déclenchement... On vient de voir ça avec Flitwick... Faut un objet situé près de là où Fudge va parler... et faut trouver un mot qu'on est sûr qu'il va dire... », s'échauffa Cédric.
« Ça paraît évident, non ? »
« Le Futur radieux de notre communauté » s'esclaffèrent Harry et Cédric en même temps. Même Marietta ne put s'empêcher de sourire.
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« Vous n'allez pas être malades au moins ? », demanda assez sèchement Remus quand ils s'engouffrèrent tremblants de froid dans le taxi. Harry et Cyrus échangèrent un regard furtif.
Bien sûr, ni l'un ni l'autre n'avait jamais envisagé que Remus ne leur pose PAS de questions sur ce qui venait de se passer. Comme l'avait dit Cédric, ils avaient une 'réputation' – pas celle des frères Weasley mais quand même... Même si, devant Fudge, leur père s'était rallié à l'avis de Diggory et avait douté que des 'enfants' – les siens compris - aient pu concevoir si rapidement une blague si compliquée...
Même si Grand-père avait invité le Ministre à la plus grande clémence : « Commencer l'année par une blague me paraît de très bonne augure, Cornélius ! »
Même si le ministre leur avait accordé qu'une enquête donnerait à des gens comme Skeeter de nouvelles munitions pour une campagne contre le Ministère...
Même si le pire avait été évité, oui, il fallait au moins s'attendre à des questions...
« Malade ? » - s'étonna Harry qui pensait plus ou moins qu'en tant qu'aîné officiel, il se devait de prendre la responsabilité.
« J'ignorais que vos estomacs étaient aussi habitués que ça au Gin », expliqua Remus tout bas, après avoir donné l'adresse au chauffeur.
Harry grimaça – cette question là, il ne l'avait pas anticipée...
« C'est moi, ça », se dénonça très loyalement Cyrus.
Le regard mi-exaspéré mi-amusé de Remus le laissa dans l'expectative.
«Puisqu'on y est, c'est toi aussi le...» Il retint le mot 'sortilège' par respect pour les oreilles moldues et murmura : «l'Allégresse ? »
« L'idée... oui », avoua presque timidement Cyrus.
Remus tourna la tête vers le paysage sans répondre.
« Tu es en colère », constata Harry.
Son père haussa les épaules.
« Je devrais... Imaginez que vous vous soyez faits prendre ! » Il soupira plusieurs fois comme pour leur laisser le temps 'd'imaginer'... Les deux garçons échangèrent une grimace embêtée. «...C'est toi, Cyrus qui a fait le... le Retardement... » - demanda-t-il encore sans les regarder.
Le garçon déglutit avant de répondre.
« Non... enfin... Non. »
«Tu sais déjà faire ça toi, Harry ? », demanda Lupin, l'étonnement tempérant l'agacement.
« Non... enfin... Maintenant, si »
Le silence qui suivit ces explications tronquées était plus profond que la nuit
« Qui ? »
Les deux frères hésitèrent, mais Remus insista plus sèchement : « Qui ? »
« Cédric et Marietta », chuchota Harry en fermant les yeux.
Remus tourna brusquement la tête vers eux et les étudia comme pour se convaincre qu'il avait bien entendu.
« Cé... et MARIETTA ? »
Les deux garçons hochèrent la tête en silence, le cœur battant, attendant avec fatalisme l'explosion qui allait suivre condamnant leur irresponsabilité et les inévitables sanctions qui l'accompagneraient. Et, contre toute attente, lorsque Remus explosa...ce fut le rire qui l'emporta. Son corps tout entier était secoué de hoquets. Pendant de longues minutes, il sembla incapable de réprimer un fou rire bien plus violent que celui qu'avait déclenché le sortilège quelques heures plus tôt – de fait, Harry et Cyrus avait été un peu déçus car seuls les premiers rangs avaient vraiment réagi... Ce fou-rire était aussi violent que la fois où Hagrid et Harry s'étaient lancés dans la fabrication de crêpes, et qu'ils avaient recouvert toute la cabane de garde-chasse de farine et de coquilles d'œufs... Devant les garçons médusés, il essuya des larmes aux coins de ses yeux pâles avant d'arriver à articuler :
« Cédric ET Marietta... Mais comment avez-vous pu les convaincre de s'embarquer dans un truc pareil ? »
« Hé ! », s'éleva Cyrus, « c'est eux qu'ont demandé ! »
« Enfin... presque », corrigea Harry.
A peine plus sérieux, Remus secoua la tête et conclut :
« Vous êtes des monstres... Ombrage a sans doute raison... je ne suis bon qu'à... qu'à engendrer des monstres... !»
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Dédicace à mon cousin Anthony et à nos découvertes des cocktails - au même âge que Cyrus et Harry... Dommage qu'on n'ait pas connu le sortilège d'Allégresse ! On s'était contenté de raser le chat angora des voisins... enfin à moitié... il s'était échappé... Bref...
Ensuite... L'état des sentiments de chacun en ce début d'année... Ça s'appelle « Hautes Résolutions » pour l'instant... J'aimerais bien de vos nouvelles...
