In Stellis Memoriam
Disclaimer: In JKR Honorem...
Bon !
Alors comme ça, vous aimez les blagues !? Je sais que j'aurais pu raconter LA blague en elle-même (Tobby), mais je crois que c'est encore plus drôle de l'imaginer... Marietta est-elle réhabilitée (Vert, Lulu, Titou...) ? Je ne crois pas qu'elle l'aurait fait sans la présence de Cédric et du cocktail... Ombrage ? Verpey ? Hum... est-il nécessaire de confirmer que je ne les aime pas beaucoup ? Vous aimez bien quand Harry 's'en mêle' (Godric...) ? Ca tombe bien...
14 – Confidences et résolutions
Ne plus m'énerver bêtement contre Cyrus
Ne plus avoir peur de mes cauchemars
Ne plus me mêler des histoires des adultes
Ne plus attendre le dernier moment pour faire mes devoirs
La plume d'Harry s'arrêta sur le parchemin. Est-ce que ça suffisait comme résolutions ? Tonks avait dit que, depuis qu'elle savait écrire, tous les premiers janvier elle établissait une liste et qu'à la fin de l'année suivante, elle la ressortait pour voir si ça avait porté des fruits.
« Et alors ? » - avait demandé Cyrus visiblement dubitatif.
« Alors, ça dépend... J'ai longtemps demandé à être moins maladroite mais... comme mes œufs brouillés le montrent encore ce matin, ça n'a pas totalement marché ! »
Ils avaient tous ri. Mais l'idée avait quand même plu à Harry. Il s'était dit que c'était exactement ce qu'il devait mettre dans le journal que Tonks lui avait offert pour Noël.
« C'est un truc de fille, ça ! » - s'était exclamé Cyrus avec sa délicate franchise quand Harry avait écarté le papier cadeau.
« Hé, c'est toi qui as offert son journal à Ginny, je te rappelle ! » - avait-il immédiatement répliqué, il s'en souvenait, avec ce même agacement épidermique qu'il venait de décider de bannir de leurs relations.
« Tu lui as offert un journal ? » - avait souri Tonks. Pas besoin de lui demander, avait songé Harry, elle trouve ça 'trop mignon' ! Les filles alors !
Cyrus, lui, avait eu l'air plutôt embêté de cette révélation. Harry avait eu l'impression qu'il lançait un regard furtif vers Remus et Grand-père, comme pour vérifier qu'ils discutaient toujours bien ensemble des capacités du Scrutoscope persan que le second venait d'offrir au premier, avant de répondre.
« Juste parce que je trouvais l'objet joli », avait-il marmonné, baissant la tête et laissant ses longues mèches noires pendre et cacher son visage.
« Tu sais, Cyrus », avait commenté Nymphadora gentiment. « Il n'y a aucune raison d'avoir honte... De très grands sorciers ont tenu des journaux et c'est d'ailleurs ce qui nous permet de mieux connaître encore aujourd'hui leurs travaux... »
« C'était une pratique très courante jusqu'à la fin de la Renaissance moldue », avait alors précisé Albus, qui avait capté l'essence de leur conversation. « Souvent les sorciers préféraient transmettre leur savoir par leur journal plutôt que par d'autres moyens... Certains journaux ont ainsi été le dépositaire de très grands pouvoirs... De tellement grands pouvoirs qu'ils ont fini par être considérés comme des objets de magie noire... »
« ...et, comme à chaque fois, interdits... » - avait terminé Remus, avec un sourire désabusé qui en disait long sur ce qu'il pensait de ce type de loi. « Remarquez que certains ne doivent pas constituer des lectures bien édifiantes... Arthur Weasley m'a dit une fois que le Ministère soupçonnait Lucius Malefoy d'avoir hérité de la bibliothèque de Voldemort... Il détiendrait ainsi le journal de Tom Jedusor... »
« C'est qui ça ? » - s'était intéressé Harry.
« Allons, Harry... » - s'était exclamé son Grand-père. « Tu ne connais pas cette histoire ? »
D'un geste souple du poignet, il avait fait apparaître dans l'air des lettres de feu qui formèrent les mots : « Tom Elvis Jedusor » puis, d'un deuxième geste, il les avait fait se mélanger pour former une autre phrase : « Je suis Voldemort ».
« Il avait déjà trouvé ce surnom à Poudlard... Tom a toujours eu un côté potache... » - avait-il commenté avec son inimitable regard moqueur.
Harry s'était rendu compte qu'il n'avait jamais auparavant songé que Voldemort pouvait avoir eu une enfance, avoir été élève – à Poudlard ! – avoir eu un surnom... toutes des choses banales et peu effrayantes... Il avait voulu voir si Cyrus était aussi troublé que lui par cette révélation, mais son frère était toujours caché derrière son rideau de cheveux.
« Ils n'ont pas que celle de Voldemort », avait-il soudain lancé, de derrière sa muraille capillaire. « Ils ont celle des Black et sans doute des autres... Lestrange et compagnie... »
« Qu'est-ce que tu en sais ? » - avait demandé Tonks avec une curiosité franche, mais Harry avait pu voir, dans la légère crispation des mains de Remus et dans la concentration du regard de son grand-père, qu'elle n'était pas la seule à se poser ce genre de question. Cyrus avait eu l'air plus embêté encore.
« Il... Drago... Drago s'en est... s'en vanté auprès de moi... une fois... »
Les trois adultes avaient échangé des regards lourds, et finalement Remus avait demandé très simplement : « Cyrus, est-ce qu'il y a quelque chose que nous devrions savoir ? »
« Comme quoi ? » - avait répliqué le jeune garçon, en ramenant brusquement ses mèches derrières ses oreilles – et Harry avait pensé que cette question ressemblait à un aveu.
« J'ignorais que tu discutais à cœur ouvert avec Drago », avait répondu Remus, le sarcasme dans sa voix témoignant de son agacement.
« Je... nous... on a failli se battre » - avait finalement reconnu Cyrus. Harry n'en avait pas cru ses oreilles ! Cyrus lui avait caché un truc pareil !? Qu'il le taise à Remus, il pouvait le comprendre, mais à lui ! Et le soupçon diffus était revenu, Cyrus lui cachait des choses...
Remus avait soupiré : «OK, je ne crois pas que je veuille en entendre plus... Cyrus, combien de fois, t'ai-je dit d'éviter TOUS les Malefoy, en toutes circonstances, hein ? »
Cyrus, penaud, avait acquiescé en murmurant : « Pleins de fois... Désolé... »
Remus et Albus avaient échangé un autre regard et le vieux sorcier avait pris la parole : « Je pense que maintenant que nous avons tous déballé nos cadeaux, nous pourrions retourner à table pour voir si ce pudding est aussi bon qu'il en a l'air ! »
Tout le monde avait souri à la gourmandise toute aussi légendaire que les pouvoirs manifestes du Président du Magenmagot et l'avait suivi. En chemin vers la table, Remus s'était arrangé pour se retrouver à côté de Cyrus et le prendre dans ses bras comme pour bien l'assurer que l'incident était clos pour lui. Harry avait surpris le sourire de Tonks devant cette scène et n'avait pas pu s'empêcher de penser que, même si sa famille était entièrement faite de pièces rapportées, il n'en aurait désiré aucune autre...
Il sourit à ce doux souvenir dans la pénombre du dortoir de Gryffondor. Il s'était assis sur la fenêtre et écrivait à la lueur de la lune montante. Dans deux nuits, elle serait pleine... Dans deux nuits, son père retrouverait la solitude glacée des caves de Poudlard – sans doute une autre que celle où ils l'avaient rejoint six mois auparavant ou peut-être pas... Il songea une énième fois à ce combat mensuel, à ce cauchemar répété lune après lune... sans espoir de rémission... et au courage que Remus montrait face à cette souffrance et aux préjugés qui l'accompagnaient, mois après mois... à ses efforts infinis pour faire « comme si tout était normal ». Il relut sa deuxième résolution : « Ne plus avoir peur de mes cauchemars ».
Oui, sans doute, était-ce le moins que lui, le fils du Loup, pouvait faire... Et cette idée–là aussi était à mettre au crédit de Tonks.
Un soir à Londres, elle lui avait demandé très doucement : « Alors ces cauchemars ? »
Harry avait haussé les épaules, un peu gêné de la voir comme cela assise sur le bord de son lit. «Pas un depuis le début des vacances... »
«Sûr ? »
Il avait opiné.
«Tu ne te gênerais pas avec moi, hein, Harry ? », avait-elle insisté.
«Non, non... Promis. »
Sa promesse lui avait valu un large sourire.
«Tu sais, Harry, c'est peut-être parce que tu penses à autre chose, ici, loin de Poudlard, que tu n'as plus de cauchemars » - avait-elle repris, un peu hésitante, après quelques secondes de réflexion.
« Mais... » - avait immédiatement objecté Harry. « C'est pas des cauchemars quand j'entends le Serpent, c'est... »
« Sans doute pas, non... » - avait-elle répondu d'une voix douce qui l'avait étrangement apaisé. « Peut-être est-ce quelqu'un qui cherche à te perturber en t'envoyant ces messages - c'est ce que pense ton père... Mais les cauchemars Harry, moi, je crois que plus tu y penses, plus tu les redoutes, plus tu as de chance d'en faire. »
Il n'avait rien trouvé à répondre à cela. Elle avait de nouveau souri et l'avait embrassé sur le front en lui souhaitant bonne nuit. Et il s'était endormi incroyablement vite après ça...
Tonks... Il écrivit ce nom sur le journal... Tonks n'est pas comme je croyais, écrivit-il encore. Il ne trouva pas les mots pour dire ce qu'il ressentait. Il savait qu'il l'avait regardée avec méfiance entrer dans sa famille, mais maintenant il sentait que si elle en repartait, une partie de son cœur repartirait avec elle. Il repensa à ces vacances moldues, au temps qu'elle leur avait donné... Bien sûr, elle n'était pas toujours très conventionnelle dans sa façon de s'habiller et souvent on se retournait sur eux, mais Harry savait qu'on se retournait souvent sur les familles de sorciers dans les rues moldues – même si lui en avait peu l'habitude tant Remus mettait un point d'honneur à se fondre dans la masse... Elle était sans doute moins précise que ce dernier dans ses explications devant les momies du British Museum, mais les histoires qu'elle connaissait étaient toutes drôles ou insolites... Que ce soit au restaurant ou dans l'appartement, chaque repas - son contenu, son horaire ou sa forme - avec elle était en soi une aventure... Ils avaient aussi pu vérifier à leurs dépens que, à l'image de la professeur Tonks, on ne jouait pas impunément au plus malin avec elle...
Non, sans doute. Mais en même temps, elle n'était pas non plus l'espèce d'espion de leur père que Harry avait parfois imaginé. Elle n'avait pas, par exemple, rapporté leurs frasques chez Harrod's, l'incroyable grand magasin de jouets moldus. Sur l'impulsion de Cyrus, qui lui avait dit que Sirius avait toujours rêvé de le faire, ils avaient tenté de donner vie à une dizaine de poupées et peluches... Mais elle les avait retrouvés avant qu'ils n'aient eu le temps de mettre le projet à exécution et, avec un calme déterminé, elle les avait privés de leurs baguettes - pour ne leur rendre que deux jours plus tard avec un regard qui valait bien des discours. Harry grimaçait encore au souvenir de ses yeux gris pleins de froide détermination. Mais, quand Cyrus avait timidement demandé si elle allait en parler à Remus, elle s'était contentée de leur répondre avec son air le plus ingénu : « Je devrais ? Vous avez envie de recommencer ? »
Et puis, n'était-ce pas elle qui avait été capable de sortir Remus de son sacro-saint travail ? Elle seule avait su le décider à aller faire un tour dans la ville pour voir les préparatifs moldus pour le Nouvel an, au moment même où ils auraient dû se préparer pour le Nouvel an magique officiel. Il avait même cru un instant que grâce à elle, ils n'iraient pas du tout au Ministère...
Non, Tonks apportait des tas de choses avec elle. De la douceur, de la fantaisie et de l'optimisme... Et eux, les trois garçons, soudés par leurs blessures, en avaient plus que besoin. Il le sentait.
Et il savait aussi – pour avoir écouté la discussion avec Cyrus, pour une fois, derrière la porte de leur chambre – qu'elle était aussi pour beaucoup dans le peu de suite que Remus avait donné à l'Allégresse qu'ils avaient imposée aux vœux du Ministère.
« Bah, qu'importe si on les soupçonne... Il n'y a aucune preuve n'est-ce pas ? » - avait-elle répondu, avec un bâillement ensommeillé, au compte-rendu plus inquiet qu'amusé que Remus lui faisait de la soirée après les avoir mis au lit avec une cuillère de potions contre les nausées.
«Mais Tonks, quand même ! », s'était exclamé ce dernier. «D'abord, Harry renvoie à Fudge ses contradictions, puis ils trouvent le moyen de dévergonder deux des plus sages élèves de Poudlard... pour se moquer du ministre de la Magie en personne ! Sans parler de leur cocktail... J'ai l'air de quoi, moi ? »
« Mais de quoi voudrais-tu avoir l'air, Remus ? » - avait-elle demandé sans cacher son amusement. « Tu veux te montre aussi raide et compréhensif que Diggory ? Prive-les de Quidditch pour le reste de l'année scolaire... Mieux, demandes à Ombrage de fixer la punition et tu seras aussi lèche-botte que la mère de Marietta... Tu peux aussi la jouer Malefoy : tempête en surface et félicitations en privé... Alors ? »
Remus avait mis du temps à répondre un faible : « Alors quoi ? »
« Alors, tu as l'air de Remus Lupin. Tu reconnais que leur blague était bien trouvée, tu leur fais quand même savoir que tu n'es pas dupe, mais tu les protèges parce qu'en fait tu es fier de Harry quand il met sur le feu la question épineuse du statut des loups-garous... Tu es indépendant, lucide et courageux... Et là, je t'aime ! »
« Doux Merlin », avait-il soupiré.
Ensuite ils l'avaient entendue s'approcher de lui et aux sons qui leur parvenaient, ils avaient compris que la suite ne les concernait plus.
Ceci l'amenait à sa dernière résolution. Ne plus se mêler des affaires des adultes. Parce que bon... Il n'était pas sûr de vouloir prendre à chaque fois des responsabilités pareilles... Les conséquences étaient trop impossibles à prévoir. Il avait voulu défendre son père et dénigrer les préjugés du Ministère et maintenant il était indirectement responsable de la mise à pied de Ludo Verpey... Remus lui avait expliqué pourquoi, mais il trouvait toujours cela incroyable.
« C'est d'abord une question de forme, Harry... Fudge voulait que ses vœux soient un moment de communion au sein de la communauté magique et un de ses bras droits me provoque publiquement – à dix jours du début du Tournoi, sur une question sur laquelle le Ministère est lui-même divisé... Il le fait parce qu'il est saoul, ce qui n'arrange rien... »
Harry avait hoché la tête, pesant ces différents éléments avant d'objecter :
« Oui... Bien sûr mais...Ombrage aussi en rajoute après... Pas qu'un peu... C'était même plutôt pire parce qu'elle n'était pas saoule et qu'elle mijote ça depuis un certain temps - Cédric me l'a dit... »
« Ça Dolorès ne m'aime pas, c'est le moins qu'on puisse dire » - avait reconnu Remus avec cet amusement détaché qu'il affectait devant les épreuves qui attendaient le Loup dans chaque recoin de la communauté magique. « Mais elle est trop maligne pour tomber comme ça ! Et puis elle n'a fait que faire référence au droit tel qu'il est... C'est indélicat, malvenu, tout ce que tu veux, mais c'est pas un crime en soit, or Fudge veut un coupable... »
« Et Verpey ? »
« Verpey est moins malin et, surtout, il a d'autres choses à se reprocher. On le savait sans doute avant, remarque... mais bref, on découvre le lendemain qu'il a pris de l'or dans la caisse de son département pour éponger ses dettes de jeu... Il est totalement discrédité. »
« Tout ça à cause de moi ? »
« Mais non, Harry... Tu as juste rendu l'affrontement un peu plus visible... Tout le monde n'a pas la chance d'être défendu par Le Survivant ! » - avait-il conclu en lui passant une main moqueuse et affectueuse dans les cheveux.
«Je m'en fiche, moi, d'être le Survivant ou pas... Je veux juste que tu puisses te marier avec Tonks», avait-il rétorqué avec colère.
Remus l'avait longuement observé avant de répondre.
«Harry... Ne mélange pas tout, d'accord. Le statut des Loups-garous est un archaïsme intolérable mais, avec l'aide d'Albus et sans doute cette petite crise du Nouvel An, qui va jouer paradoxalement en notre faveur - d'ailleurs Malefoy reconnaît lui-même que les restrictions britanniques n'ont d'égales qu'en Russie - on va sans doute pouvoir avancer... Ensuite, il y a moi et Tonks, Harry, et la question n'est pas seulement légale... On ne se marie pas seulement parce qu'on en a la possibilité... Il faut... il faut de l'amour, un projet commun... Et si nous nous aimons, nous ne sommes pas encore sûrs d'avoir les mêmes rêves d'avenir... »
Il avait eu l'air très ému en expliquant cela, mais Harry avait froncé les sourcils sans pitié.
«Mais tu l'aimes ? »
«Oui »
«Alors ?! »
«Alors, ça ne suffit pas, Harry... Aimer les gens, c'est aussi les vouloir libres... de choisir ce qui est le mieux pour eux... »
Ça avait été au tour de Harry de le dévisager pour essayer de percer le sens de ces paroles. Cette histoire d'amour qui s'arrêtait à la liberté lui paraissait plus qu'obscure ! Non, que les adultes s'amusent entre eux à couper les cheveux en quatre !
Il relut ce qu'il venait d'écrire. Les quatre résolutions et cette phrase sibylline : Tonks n'est pas comme je croyais. On ne pouvait pas dire que les mots soient venus facilement... Tout ça tenait sur une demi-page. Il referma le journal, posa dessus le sortilège que Tonks lui avait appris pour le verrouiller et rejoignit silencieusement son lit en se demandant ce que Ginny Weasley pouvait bien écrire dans le sien...
oO
Comme toujours il l'avait entendue arriver bien avant qu'elle frappe à sa porte. Mais il avait continué à préparer ses affaires comme si de rien n'était. Parce que, deux jours après sa transformation mensuelle, ses capacités auditives et olfactives lui étaient exactement ce qui le séparait du reste de l'humanité. Trop exactement pour qu'il les utilise. Il ne s'était tourné qu'au son de sa voix l'interpellant.
« Alors, prêt, M. Le Directeur ? »
« Non », répondit-il avec un sourire las. « Enfin si, presque ».
Elle lui rendit son sourire.
« Je les ai vus », avait-elle lancé soudain.
«Et ? »
«Tu ne t'es pas moqué d'eux... Ce sont des animaux magnifiques ! »
«J'ai laissé carte blanche à Hagrid... et, tu le connais, il leur a pris ce qu'il y avait de mieux. Ce sont deux espèces de chouette rares... J'ai oublié les noms mais je suis sûr qu'il leur expliquera tout ça en détails... »
«C'est toi qui as décidé que la noire irait à Cyrus ? » demanda-t-elle.
Il se retourna et la regarda les sourcils légèrement froncés en répondant :
«Non, je les ai laissés choisir, pourquoi ? »
«Tu sais qu'il l'a baptisée Black ? »
Il haussa les épaules.
« Elle EST noire, Tonks... Harry a appelé la sienne, Neige... Pas beaucoup plus original ! »
« Tu crois pas que... »
« Non. Tout le monde pense qu'il EST un Black de toutes façons... »
Elle haussa les épaules.
«Tu as sans doute raison... Au pire, ça agacera Narcissa... »
Elle vint s'asseoir à côté de la malle ouverte et le regarda faire entrer vêtements et livres – toujours faire confiance à Remus pour se charger en livres. Son visage portait encore les traces de sa récente métamorphose et elle trouvait cela émouvant... même si elle n'osait pas lui dire cela... Arriverait-il à croire qu'elle l'aimait non malgré sa lycanthropie, mais sans doute à cause d'elle ? A cause de cette fragilité, de cette brèche dans son indéniable force ? Elle en doutait. Il se tourna alors pour prendre sur une commode un coffret de flacons qui, elle le savait, l'aiderait à passer sans trop de souffrances les prochaines lunes. Elle sentit qu'il évitait son regard alors qu'il calait le coffret dans la malle au milieu des vêtements.
« Tu ne comptes pas revenir ? » demanda-t-elle d'une voix un peu faible.
« Pour les pleines lunes ? » demanda-t-il. Elle se contenta d'acquiescer.
« Non... On a prévu un wagon blindé », ajouta-t-il. « Et puis tu connais Maugrey... il ne laissera personne s'en approcher... »
Elle confirma d'un sourire. Elle aimait bien l'idée de Remus d'emmener en France une réplique plus courte du Poudlard express pour permettre aux élèves d'avoir et un moyen de locomotion et des appartements confortables pendant leur séjour à Beaux-Bâtons. Pour elle, comme pour tous les anciens élèves de Poudlard sans doute, le train faisait partie intégrante de l'école et, comme tel, constituait un très bon emblème.
« Vous partez toujours demain ? »
« Oui, après le petit-déjeuner... Attendez-vous à avoir du mal à mettre les autres au travail après... »
Elle rit franchement avant de lâcher :
« Ça va être long trois mois sans toi... »
Il sourit doucement.
« Toi aussi, tu peux m'écrire... Tu veux une chouette ? »
Elle leva les yeux au ciel et il s'assombrit immédiatement.
« On peut pas se permettre que les gens pensent que... » - commença-t-il.
« ...que tu m'emmènes pour d'autres raisons que la sécurité des élèves, je sais », le coupa-t-elle avec une sécheresse inhabituelle.
« Tonks... » - soupira-t-il malheureux.
« Ça va aller » répondit-elle, se forçant à sourire. « T'inquiète pas, amuse-toi bien là-bas, écris-nous et reviens vite... Avec la coupe ! »
oOO
« Alors c'est là que tu te caches... » - souffla Cyrus en se laissant tomber en face d'elle, tout sourire.
La jeune fille se crispa légèrement avant de répondre tout aussi bas.
« Salut. »
Comme Cyrus ne disait rien, elle ajouta un peu sèchement.
« Je ne me cache pas ... je fais mes devoirs... »
Cyrus hésita un moment puis demanda.
« Gin... qu'est-ce qui va pas ? »
Ginny se raidit et leva les yeux sur le plus jeune fils Lupin. Ses grands yeux sombres firent fondre toutes ses résolutions.
« Rien, Cyrus... rien... »
Son regard lui confirma qu'il n'en croyait pas un mot. Elle savait que malgré tous ses efforts, elle n'arrivait plus à cacher sa nervosité et son malaise. Percy lui avait déjà fait des remarques ce matin... et ses camarades de dortoir la regardaient en biais depuis la rentrée... Pouvait-elle s'ouvrir à Cyrus de ses terreurs ? Il allait la prendre pour une folle, se détourner d'elle à tout jamais... non jamais... Mais à qui d'autre alors ? Comme elle se contentait de se mordiller les lèvres, il changea de sujet avec cette délicatesse qu'il lui réservait :
« Tu as fait quoi pendant les vacances ? »
Elle haussa les épaules
« Rien de spécial, Bill et Charlie sont venus... Maman était contente... On a cru un moment que Papa allait enfin être nommé chef de service... et puis non... Mais il est maintenant directeur du bureau des détournements d'objets moldus... C'est déjà quelque chose... »
Cyrus confirma d'un sourire et elle lâcha la question qu'elle n'avait pas osé lui poser depuis la rentrée – d'ailleurs elle savait qu'elle avait fait son maximum pour l'éviter depuis leur retour à Poudlard. Elle savait aussi qu'il ne pouvait que l'avoir remarqué - même s'il avait pris un air détaché et continué à hanter les couloirs avec Archibald.
« Mais toi, hein... Papa nous a dit que... que Harry et toi, vous... » Elle regarda à droite et à gauche avant d'ajouter. «Vous vous êtes bien amusés au Nouvel An ? »
Cyrus retint un sourire encore plus large.
« Si je te dis non, tu me croiras ? » demanda-t-il avec un air suffisamment content de lui pour que la réponse soit claire. Ginny se mordit les lèvres pour s'empêcher de s'esclaffer trop bruyamment. Ils étaient tout de même dans la bibliothèque.
« Non », admit-elle.
« Alors je te jure solennellement que nous n'y sommes pour rien », confirma-t-il avec un clin d'œil. Ginny ne put s'empêcher de le regarder avec admiration. Cyrus...
« Et ton père ? », murmura-t-elle encore plus bas. Elle nota un nuage dans les yeux noirs de Cyrus qui répondit avec un détachement qu'elle jugea forcé :
« Bon... il allait pas nous féliciter... mais... mais il l'a plutôt bien pris... sans doute parce qu'on ne s'est pas fait prendre d'ailleurs... »
« Fred et George étaient sûrs que c'était vous... » - confia Ginny. « Mais Percy disait que vous ne pouviez pas savoir faire un sortilège de Retardement... »
« Oh », dit Cyrus en détournant la tête pour la première fois. Son regard se perdit sur un groupe de Serdaigles qui travaillaient à deux tables d'eux et il eut un petit sourire. « En fait, on ne savait pas... » - reconnut-il.
« Mais alors comment ? » souffla Ginny un peu plus fort et Mme Pince se racla la gorge en signe d'avertissement. Cyrus attendit un peu que la bibliothécaire soit occupée par la requête d'un élève pour répondre.
« Disons qu'on a pas fait ça tout seul. »
« Qui ? »
Cyrus hésita et puis la tentation du partage parut être la plus forte. Il sortit de son sac un parchemin et dessina dessus une flèche qu'il orienta vers la table des Serdaigles. Elle leva les yeux et secoua la tête.
« Voyons... qui était là... Cédric ? »
Cyrus ferma les yeux en signe d'assentiment. Ginny sentit son cœur s'accélérer. Ils avaient réussi à mêler Cédric Diggory à une blague pareille, le parfait Cédric Diggory, celui qui était déjà candidat désigné pour le poste de préfet... Même les jumeaux qui étaient ses amis depuis l'enfance n'avaient jamais réussi un truc aussi fort !
« Quelqu'un d'autre ? »
Deuxième clignement d'yeux. Ginny laissa les yeux vagabonder sur le groupe.
« Je ne vois pas... La seule qui devait être là c'est... »
Cyrus acquiesça avant qu'elle ne prononce le nom.
« Non ?! » s'exclama-t-elle mais Cyrus mit son doigt sur ses lèvres.
« NON ?! » articula-t-elle sans un bruit. Les yeux de Cyrus dansèrent.
« Vous êtes incroyables... »
« Papa a dit qu'on était des monstres », confirma son ami avec un petit rire silencieux.
« Tu m'étonnes ! »
Ils se sourirent encore un moment puis Cyrus déplaça deux lourds et épais volumes de Métamorphoses pour glisser sa main vers la sienne et la serrer.
« J'aurais bien aimé que tu sois là... »
Elle résista à l'envie de retirer sa main. Je suis un monstre Cyrus, tu ne le sais pas, mais c'est moi le monstre...
« Qu'est-ce qu'il y a, Gin ? On rentre juste de vacances et tu es plus pâle qu'avant Noël... ?»
Son souci sincère pour sa santé la prit au ventre.
« Je dors pas bien » dit-elle avec un geste évasif de la main. « Cauchemars. »
« Cauchemars ? Mais qu'est-ce que vous avez tous à faire des cauchemars ? » - s'étonna Cyrus. « Toi aussi un serpent te parle ? » - lança-t-il sur le ton de la boutade. Mais Ginny perdit d'un seul coup le peu de couleurs qu'il lui restait et des larmes brûlantes remplirent ses yeux.
« Ginny », souffla-t-il désemparé.
« Cyrus... je... je sais pas... Tu vas peut-être me croire folle mais... » De son bras libre, Ginny ouvrit son sac et en sortit d'une main tremblante le journal qui lui avait donné en septembre. « J'ai... j'ai l'impression que... que c'est à cause du journal. »
« Quoi ?! »
La jeune fille lui lança un regard suppliant avant de continuer, d'une voix faible et hachée :
« Parfois, je sais plus... je sais plus ce que j'ai fait... parfois je... j'ai l'impression que JE suis le serpent qui parle à Harry...»
Bon, bon, bon... hein... Fallait quand même bien y arriver... Mais est-ce que la suite est plus évidente pour autant... ? Gniark, Gniark, Gniark... Je me demande bien comment vous voyez ça... Un indice ? Pour l'instant, ça s'appelle « Intuitions et aveuglement ».
