In Stellis Memoriam

Disclaimer : In JKR Honorem

Remerciements à la toujours disponible Alixe et à Alana, pour qui Rogue sera toujours Rogue…

Grands remerciements à tous les lecteurs qui aiment toujours…et qui le disent… Parce que les autres, hein, on sait pas.

Je suis un peu contente d'avoir aiguiser votre curiosité. J'avoue…

Allons donc voir….

15 - Intuition et aveuglement

« Tu penses donc que c'est toi qui l'as... ouverte... »

Ginny se serra un peu plus contre son compagnon pour arriver à murmurer :

« Je crois... Qui d'autre ? J'ai... Cyrus, j'avais des tâches de peinture sur ma robe... le soir où... où tout le monde a cru que c'étaient Harry, Hermione et Ron qui... »

Sa voix se brisa de peur, d'émotion et de remords mélangés.

« J'aurais dû... » - reprit-elle après quelques instants.

« T'aurais dû quoi ?! » - l'interrompit abruptement Cyrus. «Te livrer comme victime expiatoire à la paranoïa de Rusard ? »

« Mais... au moins... le dire » - insista la jeune fille en repoussant les mèches rousses qui se mêlaient à ses larmes.

Le vent soufflait fort dans la volière où ils s'étaient réfugiés pour continuer leur conversation. Les nuages de pluie s'avançaient rapidement par l'ouest. Les entraînements de Quidditch allaient être peu agréables... Comme Cyrus ne répondait rien, Ginny continua :

« Maintenant... à cause de moi, Harry a des cauchemars et tout le monde le regarde d'un drôle d'air... A cause de moi... » Elle chercha sans doute les bons mots pour parler de Miss Teigne mais ne les trouva pas. Personne, à part son maître, ne pleurait vraiment l'absence momentanée de la chatte du concierge.

« Tu sais quoi, Gin » - commença doucement Cyrus sur un ton résolu qui le faisait paraître étrangement plus mûr que d'habitude. « Si c'est vraiment le journal la clé... la clé des cauchemars, de la pétrification de Miss Teigne, des voix dans les couloirs... » Il accompagna d'un geste de la main l'énumération interrompue. « Alors, ce n'est ni ta faute, ni la mienne. C'est celle de Malefoy... enfin de sa mère... »

« Tu crois ? », chuchota Ginny vaguement rassérénée.

Cyrus hocha la tête d'un air sombre.

« Je sais pas trop ce qu'elle a derrière la tête, Narcissa », continua-t-il comme pour lui-même. « M'attirer dans cette fameuse chambre ? Pour m'enlever ? Pour me faire pétrifier ? » Il secoua la tête une nouvelle fois, dubitatif. « Mais pourquoi ces messages en Fourchelangue alors ?... J'comprends pas »

« Pourquoi voudrait-elle t'attirer ? » - se risqua Ginny presque timidement.

Cyrus haussa les épaules. « Ce serait pas la première fois... Pour elle... Pour elle, je suis... je suis un Black, le dernier. Un capital génétique en quelque sorte... sur lequel elle aurait des droits... »

Ginny ouvrit la bouche stupéfaite de s'entendre confirmer brutalement des rumeurs que Cyrus avait toujours semblé mépriser.

« Tu veux dire... » - commença-t-elle.

Mais son camarade reprenait les sourcils froncés :

« Tout ça, ça ne nous dit pas ce qu'il y a là-dedans... Si on en croit Harry, y'a au moins un serpent bavard... T'as vraiment aucun souvenir ? »

La jeune fille plissa les yeux et fit visiblement un effort pour retrouver des images ou des sensations. Mais elle finit par secouer la tête d'un air désolé.

« Non... non Cyrus... je... je me rappelle... Je me rappelle seulement d'une... d'une grande sensation de froid. »

Cyrus lui prit la main et la serra dans les siennes, visiblement peiné de ce qu'elle avait enduré seule par sa faute.

« C'est pas grave Gin... C'est pas grave... »

« Qu'est-ce qu'on va faire ? » le pressa à son tour Ginny, reprise par une bouffée d'angoisse. Elle se corrigea presque immédiatement. « Enfin, je veux dire qu'est-ce que JE dois faire à ton avis ? »

Cyrus la gratifia d'un regard courroucé :

« Qui t'a collé ce sale journal entre les pattes ? Hein ? Tu crois que je vais aller me cacher et attendre que tout soit fini ?»

Ginny le gratifia d'un sourire timide.

« Je voulais pas que... »

Mais Cyrus ne la laissa pas poursuivre :

« Ce qui est clair, c'est que ça peut plus durer... Si mon père était là, on saurait quoi faire... En plus, Tonks est à Londres jusqu'à ce soir, je crois... »

Il secoua la tête avant de reprendre :

« Si on va voir Minerva en lui disant qu'on a trouvé la Chambre des secrets, elle va jamais nous croire... On peut parier si tu veux... trop rationnelle... Même quand Grand-père lui en parle, elle ne le croit pas vraiment. Quant à Severus... » Ginny grimaça au prénom du Maître de Potions. « Rogue nous écouterait peut-être », reconnut Cyrus après avoir pesé le nom sur le bout de sa langue. « Mais après... après il nous laissera jamais venir avec lui. »

Ginny prit un air inquiet, mais Cyrus ne la regardait pas.

« Il va parler de sécurité, de responsabilité... » - continua le jeune garçon sur un ton dédaigneux - « et nous, on verra même pas la tête de ce fameux serpent... Non... si on veut qu'ils nous écoutent, tous autant qu'ils sont, faut qu'on en sache plus. Faut d'abord qu'on aille voir par nous-même», conclut-il.

« Cyrus », souffla Ginny. « Cyrus mais... mais, c'est dangereux... Regarde... regarde Miss Teigne ! »

« Peuh ! Je suis bien plus dur à cuire qu'un chat, moi ma chère ! » - rétorqua Cyrus avec assurance. Il se leva et plongea ses yeux gris flamboyants dans les yeux marrons de Ginny. La jeune fille sut immédiatement, pour la deuxième fois de la journée, qu'elle serait totalement incapable de résister à ce regard-là. Surtout, quand ces yeux prirent un air protecteur pour ajouter :

« Si tu as peur, ne viens pas. C'est sans doute mieux comme ça, d'ailleurs... » Il s'empara du journal et demanda : « Faut juste que tu me dises comment on fait ça... »

Ginny déglutit avec difficulté, secoua la tête et se leva à son tour - une ombre de défi au fond des yeux. Il croyait tout de même pas qu'elle allait l'attendre sagement en se rongeant les sangs !

« Je n'en suis pas vraiment sûre mais... mais je crois qu'on peut commencer par les toilettes des filles au premier étage.»

oo

La nouvelle ne leur parvint qu'en début de soirée, après un dîner plutôt normal, des heures de devoirs et une après-midi très pluvieuse. « Vivement le printemps ! » - n'avait pu s'empêcher de faire remarquer Harry à ses amis.

En point d'orgue de cette journée grisâtre, McGonagall leur était apparue brusquement au détour d'un couloir - plus tard, Harry se souviendrait que ni elle, ni Rogue n'avait été présents au dîner. Et, à son air particulièrement tendu, Harry ne put que murmurer aux Gryffondors qui l'entouraient : « Lequel de d'entre vous à fait quelque chose ? » Mais ni Seamus, ni Dean, ni Hermione - quelle idée ! -, ni Ron - il l'aurait su de toute façon -, ni Neville ne lui répondit.

« Potter-Lupin, Weasley ! » - avait appelé sobrement le professeur de métamorphose avec un petit signe de tête. Les deux garçons échangèrent un regard surpris mais obéirent à leur directrice de maison. Un autre signe de tête tout aussi sec indiqua aux autres qu'ils devaient partir.

« Professeur ? » - s'enquit poliment Harry.

« Harry, Ronald, où sont-ils ? », demanda abruptement McGonagall. Ron fut tellement surpris d'entendre le professeur l'appeler par son prénom qu'il ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte.

« Qui ? » - osa Harry après une demi-seconde de réflexion.

« Vous ne savez pas », en conclut leur professeur avec un soupir navré.

« On ne sait pas quoi ? » - se risqua son camarade.

Le professeur soupira de nouveau et leur murmura tout doucement :

« Cyrus...Cyrus et Ginny sont introuvables. Ils n'ont paru à aucun cours de l'après-midi. La dernière fois que quelqu'un les a vus c'était ce matin à la bibliothèque... »

Harry se rappela soudain qu'il n'avait pas vu son frère ni au déjeuner, ni au dîner. En y réfléchissant mieux, Ginny non plus n'y était pas. Il se souvint aussi qu'Archibald lui avait demandé dans la salle commune avant le dîner, s'il avait vu Cyrus... Il n'y avait pas fait très attention sur le moment...

« Non, Minerva », répondit-il enfin, sûr qu'elle ne lui reprocherait pas un manque de formalisme puisqu'elle avait commencé. « Je n'ai pas vu Cyrus depuis ce matin moi non plus... »

Ron ajouta : « Percy... Percy m'a demandé à midi où était Ginny... je lui ai dit de la laisser tranquille. » Il y avait une note de regret dans sa voix.

McGonagall hocha la tête.

« Les camarades de dortoir de Ginny disent qu'elle était très renfermée depuis la rentrée. Elles pensaient qu'elle s'était disputée avec Cyrus. » Elle accompagna cette affirmation d'un coup d'œil interrogatif à Harry qui haussa les épaules avec franchise. Ginny n'était pas à proprement parler un sujet de conversation entre Cyrus et lui. McGonagall reprit sur un ton fataliste : « Le professeur Rogue pense qu'ils se sont peut-être lancés dans une exploration d'un passage et qu'ils sont restés coincés ».

Harry fit une moue dubitative.

« Je sais... je sais ce que vous... ce que vous tous pensez de Cyrus mais... mais je ne crois pas... D'abord, franchement, il ne nous reste pas grand-chose à explorer... »

« Il aura peut-être voulu briller devant Ginevra », suggéra McGonagall - résistant stoïquement à la franchise provocatrice d'Harry.

« Vous croyez ? » - s'étonna d'abord Harry. « Enfin... enfin, j'en sais rien », finit-il par admettre, se rappelant brutalement cette impression fugace qu'il avait eu plusieurs fois depuis le début de la rentrée. Cyrus lui cachait bien des choses. Et lui aussi avait remarqué qu'il était moins avec Ginny... Mais de là à disparaître ! Ron lui en semblait moins sûr.

« Tu sais comme moi Harry que Ginny ferait n'importe quoi s'il lui demandait... » - murmura le rouquin.

McGonagall soupira.

« J'ai bien peur, Harry, que nous soyons obligés de prévenir ton père si on ne les retrouve pas avant le couvre-feu. S'il vous vient une idée », ajouta-t-elle, « une cachette que Cyrus aime particulièrement... un endroit qu'il voulait montrer à Ginny... » Les deux garçons hochèrent la tête de manière peu encourageante. « En attendant, gardez ça pour vous... Ce n'est pas la peine de semer la panique ou des rumeurs supplémentaires », conclut la professeur de métamorphose.

Les deux garçons promirent d'être discrets et reprirent lentement le chemin de leur salle commune. Ils ne firent pas cinquante mètres avant que Harry ne se tourne vers Ron avec un air décidé :

« Tu crois qu'ils sont partis en exploration, toi ? »

Ron hésita.

« Tu crois quoi ? Qu'ils ont fait une fugue ? »

Harry pesa l'hypothèse mais secoua la tête :

« Tu sais Ron, tout le monde pense que Cyrus est un inconscient doublé d'un irresponsable, mais franchement... Faire une fugue ? Pour aller où et pourquoi ? Et Ginny l'aurait suivi ? Ils n'ont aucune raison de faire ça... Se cacher pour inquiéter les profs et se faire traîner par Rogue et Minerva devant Papa ? » Harry secoua la tête. «Franchement, moi, j'y crois pas... Il se ferait assassiner, j'ose même pas y penser... Non... S'il a disparu... »

« Et bien ? »

« S'il a disparu, c'est qu'il s'est passé quelque chose... qu'on l'a forcé ou... ou attiré ou je ne sais pas moi... mais quelque chose de grave ». Harry frissonna après avoir dit cela.

« Et... et ma sœur ? », articula son ami tout aussi grave.

Harry haussa les épaules et soupira.

« Je sais pas... » - reconnut-il avant d'ajouter avec une lueur de décision dans les yeux : « je ne sais pas pour toi, mais moi... moi je me vois pas aller sagement me coucher... »

Ron se contenta de le fixer du regard.

« Moi... moi, j'ai un pressentiment... un truc... un truc qu'aurait à voir avec ces voix... ces rêves bizarres... Papa et Grand-père ont toujours dit que ça ressemblait à un piège... Je sais pas... Ils ont peut-être trouvé quelque chose... ou peut-être que le piège était pour Cyrus et pas pour moi... »

Ron articula très prudemment :

« Et donc ? »

Harry lui lança un regard suppliant.

« On peut pas ne pas essayer... ne pas essayer de les trouver... s'ils sont en danger... c'est peut-être... »

« Le serpent ? » - compléta Ron.

Harry remercia tous les dieux existants et à venir que Ron fut depuis si longtemps son ami, son presque frère. Devant tout autre, il aurait sans doute rougi.

« Oui... » - lâcha-t-il du bout des lèvres, avant d'ajouter très honnêtement « Mais je peux me tromper ! »

Ron ne cilla pas et ses pensées semblèrent se refléter dans ses pupilles brillantes : Harry avait des pouvoirs que personne ne pouvait anticiper... Ses intuitions s'étaient rarement révélées totalement fausses... Dangereuses parfois mais justes dans le fond... Sa résolution prise, il opina gravement : « Allons faire un tour... »

oOO

« Qu'est ce que vous faites ici ? »

Pas la peine de chercher à qui appartenait cette voix. Harry et Ron se retournèrent très lentement, saisis du même sombre pressentiment. Harry nota du coin l'œil la pâleur de son camarade s'en sentit péniblement responsable. Il espéra que sa propre angoisse n'était pas aussi visible.

« Et bien ?! Pas très loquaces tout d'un coup ! » - commenta avec acidité le Maître de potions s'avançant dans la lumière des torches du troisième étage - là où Harry avait entendu le serpent pour la première fois. Devant le regard éperdu de Ron, Harry se sentit très démuni. Ça n'allait pas être une partie facile, sans doute.

« J'attends », insista Severus Rogue.

« On cherche », essaya Ron d'une voix tremblante.

« Vous QUOI ? »

Harry fit un pas en avant.

« On essayait de... de trouver... une piste ou... d'entendre quelque chose », reconnut-il avec fatalisme. « Mais rien pour l'instant » ajouta-t-il précipitamment en voyant la fureur envahir par vagues les yeux de Rogue.

Il n'avait jamais pensé que le Maître de potions allait prendre calmement cette initiative mais la réalité dépassa ses pires anticipations.

« Est-ce que j'ai bien compris ?! », rugit Severus Rogue. « Vous cherchez à entendre des voix de serpent au moment même où tout le château cherche vos frère et sœur disparus ?! Vous vous moquez de moi ?! »

Les deux garçons eurent un geste silencieux de dénégation sans endiguer un instant le flot des reproches de Rogue.

« Etes-vous donc totalement inconscients ? Moi, qui avait failli accorder à ton père, Harry, que tu avais plutôt mûri ces derniers temps…»

Ron ouvrit de yeux comme des soucoupes. Harry se contenta de secouer très prudemment la tête. Maintenant que Severus s'était laissé aller à exprimer ses sentiments devant Ron, il s'attendait au pire. Il ne fut pas déçu

« Non ? Vraiment ? » - reprenait le maître de potions avec une feinte douceur. « Alors, vous êtes complices ? Oui c'est ça une nouvelle et grandissime blague lupinesque ?! »

« Mais non », essaya Harry, inquiet des flammes que lui jetaient maintenant les yeux noirs en face de lui.

« Non ? » demanda Rogue faussement sur le ton de la conversation, avant de reprendre avec beaucoup plus de vigueur : « Crois-tu vraiment Harry que je suis quelqu'un dont on peut impunément se moquer ? Crois-tu donc qu'il n'y a aucune limite à se que je peux tolérer ? Je ne sais pas quelles excuses vous trouvera encore ton père mais... »

« MAIS QUOI ? » - explosa alors Harry. « CE N'EST PAS UNE BLAGUE ET TU LE SAIS SEVERUS ! ET JE SUIS SANS DOUTE LE À POUVOIR LES RETROUVER ! A...A POUVOIR FAIRE QUELQUE CHOSE ! JE DEVRAIS FAIRE QUOI ? ALLER ME COUCHER ?»

« Est-ce tout ? », demanda très lentement le Maître de potions.

La phrase sèche et méprisante tomba sur Harry comme un seau d'eau glacée. 'J'aurais jamais dû l'appeler par son prénom… jamais dû le provoquer'… Severus n'allait pas l'écouter. Non pas un mot de ce qu'il dirait ne changerait sa petite théorie. Il prenait sa sincère inquiétude pour Cyrus et Ginny pour un caprice de gamin gâté. Ses yeux devinrent brûlants. Et l'homme qui avait aidé à l'élever depuis son arrivée Poudlard, celui qui lui avait ouvert la porte de son laboratoire, continuait avec une raideur mortelle que le tutoiement rendait pire encore :

« Toi et ton petit ami, c'est exactement ce que vous allez faire : aller vous coucher », articula Rogue. « Vous allez laisser les adultes régler ça, et je vous souhaite que je ne découvre pas que vous êtes pour quelque chose dans cette prétendue disparition… Tonks est en chemin, et je vais de ce pas écrire à ton père, Harry... Prie donc le ciel pour que j'oublie cet incident avant d'avoir trouvé ma plume et mon encrier... »

Mais Harry ne le laissa pas terminer. Incapable d'en entendre plus, il le bouscula et s'enfuit dans le couloir du troisième étage en direction du Grand Escalier.

« Tu rentres directement, Harry ! Tu m'entends ?! Directement !» - ajouta encore Severus Rogue dans son dos avant de se tourner vers Ron pour lui jeter : « Qu'est-ce que vous attendez pour le suivre Weasley ? »

oOOO

Ron courut longtemps pour rattraper Harry. Il lui fallut descendre quatre à quatre tout un étage pour juste entrevoir la robe noire de son ami. Un deuxième étage fut nécessaire pour qu'il arrive à sa hauteur.

« Harry » appela-t-il à bout de souffle. « Attends ! »

Il le rattrapa sur le palier du premier étage. Ron ne l'avait jamais vu aussi frémissant de rage.

« Tu l'as entendu ? » gronda-t-il. « Il croit que c'est une blague... »

Ron hocha la tête. Il partageait la colère d'Harry même s'il n'avait jamais attendu de compréhension du Maître de Potions.

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? », demanda-t-il. Harry haussa les épaules, visiblement indécis. « On va pas laisser tomber, hein Harry ? On n'avait même pas fini d'inspecter le troisième étage... »

Les yeux brillants de son ami le dévisagèrent.

«S'il nous retrouve, Ron...», commença-t-il dans un soupir.

«Si on LES retrouve, il sera bien content», répliqua Ron. «Tu l'as dit ! Si c'est le serpent...Y'a que toi qui puisse essayer... Et je pense comme toi qu'ils ne sont pas assez fous pour faire une blague pareille... On va se planquer quelque part... attendre qu'il parte et y retourner... de toutes façons, on n'a plus grand-chose à perdre... soit on a raison, et ils oublieront... soit...»

Harry eut un rire nerveux.

«Soit il y aura quatre Anglais l'année prochaine à Beaux-Bâtons », termina-t-il sur un ton plus détaché que ses propres sentiments. « Au mieux. »

Ron haussa les épaules avec fatalisme mais Harry posa sa main sur son épaule.

«Tu as raison... allons par là... y'a les toilettes de Mimi-Geignarde... personne ira nous chercher là-bas... »

Quand ils poussèrent les portes des toilettes désaffectées, Ron eut une impression bizarre comme si ce lieu avait eu des pouvoirs magiques propres. Il se surprit à déglutir. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de demander à Harry s'il ressentait la même chose que lui, une voix aiguë et pleurnicharde s'éleva.

« Et en voilà d'autres ! Des garçons en plus ! Les garçons ne doivent pas venir ici ! Bande d'impolis ! Et puis surtout ne vous excusez pas hein ! Tout le monde se fiche de déranger la pauvre Mimi ! »

Ron, éberlué, se retourna pour voir flottant devant la porte d'entrée des toilettes un fantôme de jeune fille, elle avait dû mourir en troisième année... - estima-t-il. Il eut beau la reconnaître - elle était venue dans la grande salle prévenir de la présence de Drago Malefoy dans SES toilettes, presque un an auparavant - il fut quand même un peu impressionné. Il n'y avait pas beaucoup de fantômes aussi jeunes !

« B'jour », articula-t-il péniblement.

« Bon-jour ? » - répéta la jeune fille. « Comment pourrais-je jamais plus avoir UN bon jour ? » Elle sanglota de plus belle et Ron se sentit rougir d'embarras.

« Tu sais bien que moi je suis toujours content de te voir, Mimi ! » - lança alors Harry.

Le fantôme leva la tête de ses mains et son visage s'illumina instantanément.

« Harry ! Harry ! Ça faisait longtemps que tu n'étais pas venu me voir ! » Elle s'assombrit tout aussi vite. « Qui aurait envie de venir voir Mimi-Geignarde ? »

Harry sourit et Ron ne put s'empêcher d'admirer son sens de la diplomatie.

« Mimi... tu sais bien que ce sont des toilettes pour les filles... je peux pas venir tout le temps... et puis je t'ai envoyé de la visite, hein ? On a bien rigolé avec Malefoy, non ? »

Le fantôme sourit doucement.

« Oui », reconnut-elle, « c'était plutôt drôle... Mais tu as un drôle d'air Harry... ça va ? »

L'interpellé grimaça.

« Disons que je me suis disputé avec le professeur Rogue » - commença-t-il, la colère marquait encore sa voix.

« Ah lui, je le déteste ! », lança Mimi avec hargne et elle entonna une longue litanie de ses griefs contre le Maître de potions qui finit de lui accorder la sympathie de Ron. Harry sourit lui aussi. Le fantôme continua longtemps un portrait de l'ensemble de l'équipe enseignante dont il sortit qu'elle ne supportait que le professeur Lupin -« parce qu'il avait toujours un sourire en la voyant » et Sibille Trelawney « parce qu'elle ressentait sincèrement son malheur éternel ».

Harry laissa ensuite diplomatiquement entendre qu'ils feraient mieux de rentrer avant le couvre-feu. Ron opina vigoureusement. Ils allaient partir quand Harry posa innocemment la question : « quand on est entrés, tu as dis 'encore d'autres ' !? » Qui d'autre est venu t'embêter récemment, Mimi ? Ce fouinard de Rusard, non ? »

« Mais non Harry, ton frère... et une rouquine en larmes... » - répondit le fantôme avec l'ombre d'une hésitation.

Ron et Harry se regardèrent interdits. Le dernier demanda très doucement :

« Cyrus ? Tu as vu Cyrus ? Aujourd'hui ? »

« Oui, ils sont entrés ici vers midi. Ils m'ont à peine parlé. » Le fantôme prit un air boudeur. « Cyrus a dit qu'il n'était pas là pour socialiser ! Ton frère est vraiment sans cœur, Harry ! »

Comme la digression menaçait une fois de plus, Harry surmonta son excitation et demanda le plus fermement possible.

« Quand sont-ils partis ? »

« Ils ne sont pas partis », répondit assez mystérieusement le fantôme. Et, assez paradoxalement, elle n'ajouta rien de plus.

« Mimi ? » - demanda doucement Harry « Tu veux dire qu'ils sont toujours... ici ? »

« Enfin... ils ont disparu dans le trou là-bas » dit-elle en désignant d'une main vague le fond des toilettes, après la première rangée de lavabos.

« Dans... dans le trou ? », répéta Ron.

« Oui... comme la première fois... Parce qu'elle est déjà venue la fille... je m'en souviens... Elle avait lu quelque chose d'incompréhensible dans un livre et le trou était apparu... Ensuite... ensuite elle a pleuré pendant des heures, qu'elle était folle... Et puis aujourd'hui elle est revenue avec ton frère... 'Cyrus par ci, Cyrus par là'... 'Fais bien attention'... 'Mon dieu, qu'est-ce qu'on est en train de faire'... 'On devrait laisser un message pour expliquer'... » - se moqua le fantôme.

« Un message ? » - intervint abruptement Harry.

Mimi prit un air embarrassé, puis haussa les épaules.

« Comme si ça intéressait quelqu'un… »

Ron fronça les sourcils mais Harry posa une main apaisante sur son avant-bras. Et s'avança vers Mimi.

« Ils ont écrit ce message Mimi ? » demanda-t-il d'une voix à l'innocence forcée.

Le fantôme lui jeta un regard de biais et bailla.

« Je devrais aller me reposer si je veux pouvoir hanter convenablement le château cette nuit… »

« Mimi ? », insista Harry.

« Quoi ? »

« Où est-il ce message… »

« Quel message ? »

Harry leva les yeux au ciel.

« Tu sais Mimi, tout le monde les cherche… si on apprenait que tu as caché des informations… » - commença-t-il.

« Des menaces ?! Toujours des menaces !? Pauvre Mimi, même morte on la menace !? » - pleurnicha instantanément le fantôme.

Ron grinça : « Harry, retiens-moi… »

Harry lui souffla : « Tu connais des sorts contre les fantômes, toi ? » Après une inspiration, il reprit : « Mais moi, Mimi, je veux justement te protéger… »

La fantôme lui lança un regard de biais et finit par désigner les premières toilettes derrière elle.

« Ils pourraient avoir laissé quelque chose là…. » - admit-elle du bout des lèvres.

« Là ? »

« Peut-être que je devais l'apporter à quelqu'un s'ils ne revenaient pas… » - ajouta encore Mimi d'un ton boudeur. Comme Harry avait visiblement du mal à garder son calme, le fantôme conclut : « Contente de t'avoir revue, Harry ! A bientôt ! » - et disparut aussitôt.

Ron qui s'était précipité dans les toilettes, revint livide, un morceau de parchemin déchiré à la main.

« Harry… »

Sans un mot, celui-ci prit le message dans ses mains et lut à son tour cet appel au secours :

« Nous avons ouvert la chambre à 12h30. Nous allons juste voir ce qu'elle contient. Si nous ne sommes pas revenus pour dîner, venez à notre recherche. C et G. »

Harry, le premier, se précipita alors vers le fond des toilettes. En dessous, d'un lavabo en marbre, une trappe était apparue. Il y passa la tête mais il y faisait plus noir que dans un four. « Cyrus », murmura-t-il avant de crier à pleins poumons : « CYRUS ! »

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Alors je sais c'est une fin de feuilleton… et en plus n'attendez aucune suite avant le 25 juillet… Allez, la suite s'appelle «Le temps des proches… »