In stellis memoriam

Disclaimer : In JKR honorem.

Les reviews et les réponses….

C'est bien les vacances (merci Alana), ça fait connaître de nouvelles têtes. Bienvenus donc à Ypsilon, Parvus Lupus, Shiriliz, Juliette D…. Et puis à ceux qu'on voit pas souvent (Fraisou) et puis à ceux qui aiment et le disent… Sinon :

« plus tu te rapproche du scénario du tome 2, moins tu t'en approche et plus tu nous embrouille »… b'en ouais Vert, c'est mon petit challenge perso… et puis c'est pas fini… Gniark, gniark…

« mais les garçon ne devrait-il prévenir kelk'1 ou kelke chose comme sa? » Parvus Lupus (OUI ça veut dire petit loup, bravo… ) Et JKR elle ferait quoi, hein ? Moi je crois que je suis bien plus gentille qu'elle en fait… preuve dans quelques lignes…

« je me demandais si on aurait pas , par hasard, la chance d'avoir un jour une suite ( tout aussi alternative ) de "entre lune et étoile" mais cette fois avec notre Sirius adoré... » Hem…. Fénice très embêtée, regarde un peu ses sandales et ose dire d'une toute petite voix. « Non … ? » Désolée Juliette. Mais j'ai en tête une autre fic qui tournera autour de Sirius… c'est dans s ma bio d'ailleurs…

« dans ta bio, j'ai pas pigé le jeu de mot avec "Fénice" et "Fénoire »… Super Juliette d'avoir essayé de comprendre ma bio… Fénice est le nom d'une héroïne de la table ronde et veut dire Phénix en italien… Fénoire – « Fée noire » - est née pour « Les sentiments d'un jouet » fic très différente de tout ce que j'ai bien pu écrire ici… Mon côté punk on va dire…

La suite du feuilleton (Mystick, Godric, etc.) ? Tout de suite !

16- Le temps des miens

« Alors ? » - demanda le rouquin avec une certaine excitation. « On y va ? »

Harry leva des yeux curieux et pensifs vers lui.

« Où ça ? »

« B'en là-dedans », répondit Ron en désignant le trou béant d'un geste furtif.

« Ron… tu crois vraiment que ce soit une bonne idée de nous jeter tête baissée dans un trou noir sans avoir aucune idée d'où il mène ?» - demanda-t-il calmement.

Son ami lui lança le regard scandalisé qu'il attendait :

« Il serait content Rogue de te voir aussi 'raisonnable' ! » - grinça-t-il.

« Ron… Regarde Cyrus et Ginny… Ils sont là-dedans depuis plus de huit heures a priori et ils ne sont toujours pas ressortis… »

« C'est peut-être très grand », se risqua son ami.

« Moi, je crois plutôt qu'ils sont tombés sur plus forts qu'eux… » - répondit Harry de sa voix la plus sincère. « Et nous, on est pas bien meilleurs qu'eux, tu sais… »

Ron se rappelait des compétences parfois curieuses de Cyrus et il n'ajouta rien.

« Alors ? » - demanda-t-il sur un ton bougon.

Harry prit le temps de répondre. Un peu comme il savait que Remus l'aurait pris avant d'annoncer une décision difficile.

« Alors… on va aller chercher de l'aide… » - répondit-il simplement. N'était-ce pas ce que ses propres mésaventures lui avaient appris l'année dernière ?

Ron fut plus véhément qu'il ne l'avait pensé.

« Quoi ? De l'aide ? A qui ? Tu crois que Rogue va t'écouter cette fois ! On ne fera que perdre plus de temps ! »

« Non, pas Severus, non », admit Harry avec un petit pincement au cœur. Il était encore loin d'avoir digéré la réaction violente du maître de potions. Il était presque sûr que Remus, lui, les aurait écoutés. Papa, soupira-t-il intérieurement, pourquoi es-tu si loin… Et pendant tout ce temps, Cyrus et Ginny étaient sans doute en danger !

« Alors qui ?! » - insista Ron avec tout le sarcasme dont il était capable. « McGonagall ? Percy peut-être ?! »

« Non, non » - reconnut de nouveau Harry. « On peut être sûrs qu'à défaut d'avoir écrit à mon père, Severus est déjà allé prévenir Minerva contre nous… Non, je ne vois qu'une seule personne qui ait la compétence et qui soit disposée en notre faveur… » Intérieurement, il se surprit à espérer qu'il ne se trompait pas.

« Et c'est qui ta perle rare ? »

« Tonks », dit Harry simplement.

Ron se contenta d'ouvrir la bouche et de la refermer. Puis il objecta avec vigueur :

« Mais elle n'est pas là… »

« Severus a dit qu'elle rentrait… il faut juste que je la vois avant lui… »

« Vaste programme », grinça le jeune Weasley.

« Ecoute… On va pas mettre tous nos œufs dans le même panier… » - le coupa Harry. « Toi, tu restes ici… »

« Génial ! »

« Ecoute-moi ! J'irai plus vite seul et j'aurai moins de chance de me faire prendre… et puis tu seras mon moyen de pression… si elle ne vient pas, je lui dirais que tu vas y aller seul ! »

«Quoi ! »

«Y a trente secondes tu voulais y aller tout de suite. »

« Mais pas tout seul ! »

Harry soupira mais se leva, décidé à passer outre : « Et bien n'y va pas…. Moi, je m'occupe de ramener Tonks. » Quand il atteint la porte, il se retourna et ajouta :« Si jamais je ne reviens pas dans trois-quarts d'heures… »

« J'aurais le choix entre me jeter seul dans ce trou ou aller me faire pendre par MacGonagal… » - compléta sombrement son ami. Mais Harry décida qu'il n'avait pas le temps d'écouter son amertume. Il referma la porte derrière lui sans plus tergiverser.

Mais quelques mètres plus loin, il s'arrêta indécis. Même si Tonks paraissait une bonne idée, il n'avait aucun moyen pour savoir où elle pouvait être à cet instant précis… et si même elle était déjà arrivée ! Il se sentait passablement démuni. Ce n'est pas le moment de douter… s'encouragea-t-il.

Pour avoir l'impression de faire quelque chose, il continua d'avancer prudemment vers l'aile des professeurs, se cachant derrière chaque armure… Il arriva ainsi devant le portrait de Bonny, une elfe connue pour avoir sauver les douze enfants de ses maîtres pendant la sixième révolte des Gobelins. L'elfe dormait paisiblement, et Harry lui trouva – pour la première fois - une ressemblance frappante avec Linky….

Linky !

Il se serait donné des gifles de ne pas y avoir pensé plus tôt. Voilà quelqu'un qui saurait si Tonks est rentrée et où elle est ! Il se glissa immédiatement dans la pièce munie d'une cheminée la plus proche et trouva sans difficulté sur son manteau une boîte de poudre à communication. Il en prit une pincée et murmura : « Linky ? »

L'elfe se matérialisa immédiatement.

« Maître Harry ? Mais que faites-vous… »

« …à cette heure loin de mon dortoir », compléta Harry avec un certain fatalisme. « S'il te plaît Linky, j'ai besoin de ton aide ! Ecoute-moi !»

Il vit l'elfe hésiter entre la méfiance et la bonne volonté.

« S'il te plaît », insista t-il de sa voix la plus humble. Il vit les oreilles de Linky frémir et se coucher en arrière. Il respira. Elle allait au moins l'écouter.

« Tu as entendu, hein, pour Cyrus ?» - commença-t-il.

« Oh oui... Linky se demande bien quelle bêtise vous… » - rétorqua vivement l'elfe reprenant instantanément sa voix d'éducatrice martyr.

« Linky », intervint Harry, toujours cruellement conscient que le temps lui était compté. Il posa ses mains sur les épaules de l'elfe qui leva des yeux inquiets vers lui. « Linky, je… je crois savoir… où il est… »

« Oh mais c'est merveilleux ! », répondit l'elfe changeant immédiatement d'expression. Mais son front se rida de nouveau la seconde suivante et elle ajouta : « Il faut arrêter le professeur Rogue avant qu'il ne prévienne maître Remus… »

« Non Linky » - la coupa Harry avec une autorité tranquille qu'il ne se soupçonnait pas. « Il faut aider Cyrus à sortir d'où il est, et ça une seule personne peut le faire. »

L'elfe le dévisagea avec une grande curiosité et dit, avec une déférence renouvelée : « Bien sûr maître Harry, Linky fera ce que veut maître Harry »

'Maître Harry' ne put s'empêcher de penser que son plan avait intérêt de réussir parce que Remus n'allait pas peut-être pas apprécier qu'il se serve ainsi de l'elfe.

« Est-ce que tu sais où est Tonks ?» - demanda-t-il, repoussant une nouvelle fois ses incertitudes. Il n'avait décidément pas le temps.

« Oh ! Le professeur Tonks, vient d'arriver…. Elle est chez elle et j'allais justement chercher le professeur Rogue quand Maître Harry m'a appelé. »

Harry ne put s'empêcher de la serrer contre lui.

« Linky, tu es géniale ! », dit-il avec sincérité. Il reprit avec moins d'assurance : « Est-ce que… est-ce que tu peux prendre… le plus grand temps possible pour aller prévenir le professeur Rogue ? »

L'elfe prit aussitôt un air conspirateur.

« Maître Harry pourrait gagner du temps en prenant la main de Linky… »

Harry lui sourit et obéit immédiatement. Il avait toujours adoré transplaner avec elle quand il était petit et que les couloirs du château lui semblaient sans fin !

§§§

Linky les matérialisa juste devant la porte de l'appartement de Tonks.

« Maître Harry promet à Linky de… »

« Je serais allé voir Papa s'il était là », répondit Harry avec sincérité.

« …de bien faire attention à lui », continua l'elfe avec beaucoup d'émotion. Elle esquissa une vague caresse de son menton puis saisit son tablier aux armes de Poudlard à pleines mains pour s'essuyer furtivement le coin des yeux.

« Je te promets Linky. » Harry lui aussi avait les yeux brillants en prononçant ces mots.

L'elfe disparut dans un claquement de doigts et Harry se sentit étrangement seul, petit et vulnérable dans le couloir de l'aile des professeurs. Il se ressaisit pourtant et frappa des coups brefs et légers sur la porte du professeur de Défense contre les forces du mal.

La porte s'ouvrit aussitôt laissant apparaître une Tonks visiblement sur le qui-vive.

« Professeur… » - commença-t-elle avant de le voir - Visiblement, elle attendait Severus – et sa voix changea pour articuler : « Harry ?! »

« Tonks, laisse-moi entrer » - supplia Harry étrangement intimidé. Était-ce la même Tonks que quelques secondes plus tôt, il aurait donné n'importe quoi pour voir et pour pouvoir lui demander conseils ? Celle qu'il avait imaginé comme un refuge ? Devant elle, il se demandait uniquement comment elle allait réagir, s'il avait la moindre chance qu'elle le croie…. Il jeta des regards nerveux autour de lui, s'attendant à chaque instant à voir surgir le maître de potions. Les sourcils froncés, Tonks s'effaça finalement pour le laisser pénétrer dans son appartement. Harry ne fut pas vraiment étonné par le décor coloré, mais la pensée que c'était la première fois qu'il y entrait le gêna un peu. Il se dit qu'il se trompait peut-être. Ce n'était pas lui qui était proche de Tonks…

« Je sais que tu te demandes ce que je fais là » - commença-t-il péniblement. Elle ne le gratifia que d'un haussement de sourcils sans ajouter un mot. « Tu es, bien sûr, au courant de la disparition de Cyrus » - ajouta-t-il. Incapable de trouver des mots convaincants, il lui tendit simplement le message, qu'elle n'accepta qu'avec mauvaise grâce. Elle lut rapidement et leva immédiatement des yeux soupçonneux vers Harry.

« C'est quoi ça ? »

« Quoi ? » - s'étonna Harry.

« Ça », dit elle en agitant le parchemin.

« J'ai… Ron et moi avons trouvé ce message dans les toilettes du premier étage…tu sais… »

« Oui je sais, celles où vous avez enfermé Malefoy l'année dernière… »

L'inhabituel ton sarcastique qu'elle adopta finit de Harry rendre conscient de l'étendue de ses soupçons, et ça lui fit mal. Plus mal encore que l'incrédulité de Rogue...

« Tonks », dit-il faiblement. « Tonks, ce n'est pas une blague… c'est… c'est sans doute difficile à croire… Severus ne m'a pas cru déjà… mais…j'avais pensé que toi… »

Mais la jeune femme ne répondit rien, se contentant de l'observer longuement sans rien dire, et Harry s'emporta.

« OK, j'ai compris, ne me crois pas… puisque c'est une blague, hein, tu permettras que j'aille vite rejoindre Ron avant qu'il ne s'aventure tout seul dans le passage ! »

En parlant, il s'était dirigé vers la porte. Tonks s'avança sans hâte vers lui se plaçant entre le garçon et la porte.

« Calme-toi, Harry, calme-toi… »

Le jeune garçon leva des yeux verts brillants vers elle. Elle cilla, incapable de penser que ce garçon plutôt réservé vis-à-vis d'elle ait pu simuler une telle émotion.

« Tonks, j'aurais cru que…. » - commença-t-il d'une voix étranglée, « je croyais que tu étais différente… »

« Harry… » - l'interrompit-elle en posant un doigt léger sur ses lèvres. « Harry, je…je ne demande qu'à te croire… Allons voir… »

§§§§

Ron fut encore plus content de les voir arriver que Harry s'y était attendu. Il les appela à grands cris dès qu'ils poussèrent la porte et ils se précipitèrent pour le trouver à plat ventre devant le passage qui s'était refermé. En s'approchant plus, Harry vit que la robe de Ron était coincée dans la charnière. Le garçon n'aurait pas pu s'en libérer sans déchirer ses vêtements. En s'approchant plus encore, Harry vit que la baguette de son ami était cassée en deux…

« Ron… »

« Le passage Harry, le passage… il s'est fermé juste après ton départ… j'ai essayé de le bloquer… »

« Avec ta baguette ? », demanda Harry.

« J'ai essayé de jeter un sort de retardement », rétorqua Ron vexé de la réaction de son ami.

La situation malgré son ridicule avait cependant un mérite. Elle sembla convaincre Tonks et de l'existence du passage, et de la sincérité des garçons. On ne casse pas sa baguette pour une blague… Elle examinait déjà l'entrée et essayait différents sortilèges d'ouverture sans succès. Harry et Ron la regardaient faire sans mot dire. Jusqu'au moment où le rouquin murmura.

« Tu as remarqué, Harry ? »

« Quoi ? »

« Et bien les robinets de ce lavabo… ce sont les seuls en forme de… de serpent… »

Tonks se retourna vers eux et acquiesça gravement. Ron s'empourpra légèrement. Les yeux sombres de l'Auror posèrent alors silencieusement la question à Harry.

« Tu veux que… ? » demanda le jeune garçon avec surprise.

« Ça vaut la peine d'essayer », dit-elle avec son habituelle légèreté.

Harry se sentit très bête en regardant les serpents dorés. Parler à des vrais serpents était une chose, parler à des robinets… l'inspirait moins. Il s'obligea à penser à Cyrus et à Ginny… à tout ce qu'il avait déjà fait ce soir, ferma les yeux et laissa les mots venir...

Le cri étouffé de Ron lui apprit que ses efforts avaient été couronnés de succès. Il rouvrit les yeux et croisa le regard étrangement brillant de Tonks avant de porter ses yeux sur le passage rouvert. Ron s'était déjà dégagé et contemplait tristement les deux moitiés de sa baguette.

« Maman va m'étriper » - dit-il sombrement.

« Ronald, cette baguette ne vous a jamais vraiment convenue » - commenta Tonks, d'un ton professoral. « Il faut voir ça comme une opportunité d'amélioration… » En parlant, elle s'était avancée à mi-corps dans l'entrée du passage et avait projeté un rayon lumineux puissant contre les parois. « Vieux et en mauvais état… un truc à tout prendre sur la tête… descendre sera une chose, remonter une autre…»

Sur ces commentaires peu rassurants, elle fit apparaître une grosse bobine sur laquelle était enroulée un filin rouge. Elle accrocha solidement l'extrémité à un robinet et fixa la bobine à sa taille.

« On ne peut pas totalement écarter l'idée qu'ils se soient perdus ou qu'ils aient été bloqués par un éboulement… soyons plus prudents… Faisons comme cette vieille Ariane, attachons nous pour ressortir entier du labyrinthe... » - lança-t-elle retrouvant un instant cette gouaille qu'elle réservait à ses proches. Ron lui lança un regard curieux mais la jeune femme devint grave en croisant ses yeux.

« Ronald… Ron… tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire… Je ne vais pas t'emmener je ne sais où… avec une moitié de baguette… »

Le garçon grimaça et elle lui fit un petit sourire désolé. Il opina et son sourire à elle s'élargit.

« Merci, Ron »

Elle fourragea ensuite dans ses poches, en sortit de quoi écrire et traça nerveusement quelques lignes sur un morceau de parchemin. « Voici un mot pour le premier professeur que tu trouveras… je commencerais par McGonagall ou Flitwick si j'étais toi… » - conclut-elle assez légèrement. Ron acquiesça de mauvaise grâce mais ne trouva rien à redire.

« Tu es sûr de vouloir venir avec moi, Harry ? », demanda encore l'Auror tout en rassemblant ses cheveux dans une queue de cheval basse.

L'interpellé opina, étonné qu'elle lui laisse même le choix.

« J'espère que je ne fais pas une trop grosse bêtise en t'emmenant », soupira la jeune femme en se glissant la première dans le passage. Avec un dernier regard de commisération pour Ron qui avait l'air aussi renfrogné que le fantôme qui hantait généralement les lieux, Harry se laissa tomber à sa suite dans l'étrange toboggan de marbre.

Le toboggan les emmena loin, très loin, sous Poudlard. Peut-être même sous le lac. Enfin, c'est ce que pensa Harry pendant cette longue descente interminable dans les ténèbres pendant laquelle il n'entrevit qu'à de brefs moments Tonks devant lui. Heureusement quand il toucha à son tour le sol, elle était déjà debout et sa baguette irradiait une douce lumière.

« Ça va ? »

Comme la tête lui tournait encore un peu, il se contenta d'acquiescer.

« Il y a des traces par là », indiqua-t-elle pointant sa baguette vers une sorte de tunnel à leur gauche et il la suivit sans poser de questions.

Ils marchèrent longtemps sans parler. Les couloirs étaient humides et sombres et parfois des objets secs craquaient sous leurs pas.

« Des ossements de rat », expliqua Tonks étrangement calme à Harry, qui ne trouva rien de plus brillant à répondre que « Ah… ».

Soudain le passage leur fut interdit par une masse méconnaissable et blanchâtre. Tonks intensifia la puissance du halo de sa baguette sans que Harry puisse mieux reconnaître ce qu'il voyait. On aurait dit du vieux cuir devenu translucide et cassant. L'animal ne pouvait être que gigantesque. Mais l'Auror fut de nouveau catégorique : « C'est une mue de serpent »

« De serpent ? Mais il doit être énorme ! »

« Oui », confirma Tonks. De nouveau, Harry ne trouva rien à ajouter.

« Tu n'as rien entendu ? » - demandait la jeune femme en continuant son observation de la mue qui encombrait le couloir. « Je veux dire… rien que je n'aurais pas pu entendre ? »

« Non », murmura le jeune garçon.

Tonks continua son inspection jusqu'à trouver la tête du gigantesque reptile. Elle l'observa longuement avec attention avant d'ajouter :

« Et bien… ça alors… »

« Quoi ? » se força à demander Harry - bien qu'il ait plus ou moins le pressentiment qu'il n'aimerait pas la réponse qui lui serait faite.

« Si je ne me trompe pas… c'est… pas un serpent… enfin... c'est une sorte très rare de serpent… tellement rare que beaucoup disent que c'est un mythe… » Tonks fit une pause avant de demander un ton plus bas : « Tu as déjà entendu parlé des basilics, Harry ?»

Le jeune garçon fronça les sourcils.

« Papa… papa m'a raconté une sorte de légende… qu'ils naissent d'un œuf de coq noir touché par la lune… un truc comme ça… »

Tonks hocha la tête.

« Oui je la connais aussi… Il y en a d'autres en fait… On sait pas vraiment… Aucun de mes professeurs n'en avaient jamais rencontré… » Elle sembla étonnamment grave à Harry quand elle reprit : « Si le serpent que tu entends est un basilic, Harry… »

« Oui ? »

« Hum… c'est pas vraiment une bonne nouvelle… Celui-ci a l'air énorme… » Harry opina. « La principale arme d'un basilic est son regard… » - expliqua Tonks. « Il peut pétrifier de… »

« Miss Teigne ! » s'exclama Harry.

« Sans doute. »

Ils restèrent tous les deux silencieux quelques secondes. Tonks soupira plusieurs fois.

« Harry… »

« Tonks, faut au moins qu'on trouve où ils sont ! » plaida immédiatement le jeune garçon.

Elle hocha la tête.

« S'ils… Chaque seconde compte », reconnut-elle presque à regret. « Et je n'ai pas le temps de te raccompagner… Espérons que Ron fasse vite… » Elle se redressa comme mû par une résolution soudaine et désigna le corridor de sa baguette. « A partir de maintenant, tu marches devant moi, Harry, et tu te tiens prêt à te jeter au sol et à fermer les yeux s'il arrive quoi que ce soit…»

Ce n'était pas un conseil ou une proposition. C'était un ordre précis et sans discussion de quelqu'un qui savait. C'était l'Auror qui prenait le pas sur Tonks ou sur le professeur que Harry pouvait connaître. Relativement impressionné par cette évolution, le jeune garçon ne put que hocher la tête avant de s'avancer le premier dans le boyau sombre. Ils marchèrent ainsi encore quelques minutes et, au détour d'un couloir, les ténèbres qui les avaient entourées depuis le début furent soudain percées par une lueur imprécise. Ils s'en approchèrent un peu plus jusqu'au moment où une voix leur parvint étonnamment distincte.

« Narcissa va être déçue si tu meurs, jeune Black…. Tous ces efforts pour rien…»

La voix glaça Harry. Cette voix il l'avait déjà entendue. Il ne savait pas où mais il connaissait cette voix inhumaine…

« Tu as sans nulle doute de grandes capacités, jeune Black », continuait la voix. « Animagus, Legilimens… Et tout ça à à peine dix ans… Remarquable, remarquable… Et beaucoup d'endurance aussi… Je dois le reconnaître…»

Instinctivement, Harry se rapprocha de Tonks qui le serra contre lui. Du menton, elle lui indiqua qu'ils devaient encore s'approcher. Harry se demanda vaguement s'il avait vraiment envie de savoir qui parlait à Cyrus… Mais la pensée qu'il n'avait pas encore entendu Cyrus répondre suffit à lui faire oublier cette crainte fugace.

Ils avancèrent sans bruit. A chaque pas, la voix devenait plus forte :

« Narcissa dit que tu as simplement une mauvaise éducation… Ceci se corrige… avec de la volonté… ne voudrais-tu pas, jeune Black, rendre splendeur et puissance à ta lignée ? Devenir à ton tour un mage puissant et respecté… Je sais, je sais, ça fait des heures que je te demande ça… mais je ne résiste pas à l'envie de te donner une dernière chance…»

Harry et Tonks arrivèrent alors à l'entrée d'une immense salle souterraine éclairée de torches magiques aux flammes vertes. Au centre de la pièce, se tenait la silhouette fantomatique d'un jeune homme. A ses pieds, deux enfants. La tête rousse de Ginny reposait sur les genoux d'un Cyrus échevelé et livide. Un livre était ouvert devant eux et Harry le reconnut. C'était le journal intime de Ginny. Cyrus secoua la tête, comme si parler lui demandait trop d'efforts.

« Non ? » demanda l'homme. « Non, vraiment ? Pourquoi donc ? … Pour cette misérable fille qui croit t'aimer ? Si tu savais comme j'ai dû être patient à la lecture de tes qualités et de ses misérables peurs…. J'ai crû que jamais elle ne s'ouvrirait à toi… que jamais tu ne viendrais jusqu'ici… que jamais le possible ne serait accompli… Mais tu es là, hein, jeune Black, comme Narcissa l'avait promis… Et si tu ne te joins pas à moi…. »

Cyrus se recroquevilla sur le corps de Ginny et Harry sentit son cœur s'accélérer.

« Au moins personne d'autres n'en profitera ! Continue à lui donner ton énergie ! Continue ! » - commenta l'homme avec un petit rire de mépris. « Bientôt tu craqueras à ton tour… Et moi, pourtant, je veux ton bien… »

« C'est un fantôme ? » souffla Harry.

Tonks lui murmura alors à l'oreille.

« Une sorte de résonance psychique…. Plutôt… Un double de la mémoire de quelqu'un à une époque donnée…. »

« Ici ? C'est ça le secret de Serpentard ?»

« Non… » La jeune femme se mordilla les lèvres avant de compléter. « Non, je ne pense pas… C'est un procédé magique trop récent… cinquante ans tout au plus… Pour que ça marche, il faut un support qui est conservée la mémoire… et qui puisse la réactiver en se nourrissant de leurs énergies… »

« Quel type de support ? »

« Je ne suis pas une spécialiste… ton père saurait mieux dire… hum… Il faut que quelque chose lie la résonance et l'humain… un bijou souvent… »

Ils se turent tous les deux, ruminant ces information alors que la créature évanescente cerclait comme un vautour autour de Cyrus qui se balançait sur lui-même d'avant en arrière, les deux bras noués avec obstination autour du corps inanimé de Ginny :

« Narcissa n'avait pas prévu que tu donnerais mon journal à quelqu'un d'autre… Elle faisait le pari que tu ne le donnerais pas au Loup… Il l'aurait sans doute détruit, nous le savions… Mais elle pensait que ta curiosité serait la plus forte… Et elle ne se trompait pas… » Le fantôme eut un geste d'agacement en reprenant : « Quand cette fillette naïve s'est mise à écrire j'ai crû devenir fou… Toutes ces années d'attente pour ça ? Mais finalement, tu as bien fait… jeune Black… tu as bien fait… ta jeune amie m'a donné peu à peu sa force… et je suis prêt à te mâter maintenant… »

« Le journal… » - murmura soudain Harry. Son pouls battait de plus en plus fortement dans ses tympans. « Le journal de Ginny… ça pourrait être ça ? ça pourrait marcher ? »

« Des papiers magiques peuvent aussi canaliser l'énergie de celui qui écrit… ils pourraient sans doute libérer une résonance… » - marmonna la jeune Auror comme si cette confirmation lui répugnait.

Harry déglutit avec difficulté. Cyrus, après avoir réprimé avec difficulté de grands tremblements qui lui prenaient tout son corps, se transforma en chien et la silhouette rit. D'un rire sans âme qui ne pouvait que glacer le sang de ceux qui l'entendaient. Et Harry sut.

« Voldemort », souffla-t-il.

Tonks se mordit les lèvres.

« Tu es… ?» - demanda-t-elle très doucement. Pouvait-on mettre en doute la parole du Survivant quand il s'agissait de Voldemort ?

« Oui », confirma gravement Harry.

Mais la voix reprenait :

« Alors comme ça, tu te fatigues… hein… Plus facile de résister en chien, j'imagine… Intéressant, intéressant. Mais perdu d'avance… Pourquoi résister jeune Black ? Qui viendra te chercher ici, hein ? Oh tu crois peut-être que ton soi-disant frère… » La voix se fit sifflante : « Ce Potter… viendra t'arracher à moi… Ah j'aimerais bien qu'il vienne….. Ceci me consolerait de ta stupide résistance… cela vengerait un peu mon sombre futur… Tout serait possible… de nouveau…»

« Jeune alors…» - commenta l'Auror.

« Tonks, qu'est-ce qu'on peut faire ? »

« Attendre… »

« Ils ne vont pas tenir ! » s'insurgea Harry.

« Non… » - reconnut la jeune femme avec un soupir désolé. Elle garda un silence inconfortable quelques minutes. « A moins de… Il faudrait… il faudrait une diversion… si… si… Harry, est-ce que… » La question sembla mourir dans sa gorge.

« Quoi ? »

« Ton père ne me pardonnera jamais… » - commenta sombrement la jeune femme.

« Tonks, tu crois qu'il abandonnerait Cyrus ? » - demanda Harry.

« Non. »

Harry sentit qu'elle prenait une résolution et se tut prudemment. La voix de Voldemort s'imposa de nouveau à eux.

« Bientôt je pourrais lire dans ton esprit… ton esprit de chien… tu es en train de perdre jeune Black… Et mon ami viendra se repaître de vos jeunes corps tendres… »

Cette menace semble emporter la décision de Tonks.

« Harry... Tu… tu vas aller les voir… t'avancer vers eux… » Devant le regard incrédule du jeune garçon, elle expliqua sombrement : « Tu es la seule chose qui le détournera de son projet… Si c'est moi, il les tuera plutôt… Seule la curiosité le retiendra… un peu…»

« Allons, mon petit ami… sois raisonnable… » - susurrait l'horrible voix.

« Le basilic ne doit pas être loin, tu devras être prudent… » - continuait nerveusement Tonks. « Tu vas t'avancer et lui parler… Tu sais encore bloquer ton esprit comme Don Léandro t'a appris l'été dernier ? »

Harry hocha la tête. Tonks, livide, sortit alors un couteau d'argent recourbé de sa robe et lui tendit. Le jeune garçon prit d'une main déférente l'athamé à manche d'ébène que la jeune femme avait reçu, il le savait, en devenant Auror. Il passa le doigt sur les runes qui indiquaient à qui appartenait le poignard. Un Auror ne se dessaisissait jamais du poignard indestructible qui prouvait son appartenance à ce corps d'élite et servait aussi à reconnaître les corps les plus méconnaissables. Mais la jeune femme reprit d'une voix impérieuse avant qu'il n'ait eu le temps de commenter :

« Tu vas t'avancer le plus possible… du journal… sans jamais t'arrêter de lui parler… jamais, Harry, hein ? Il sera trop content de t'expliquer ses projets de malades… Il se méfiera moins… Dès que tu pourras, tu te jetteras sur le journal et tu planteras le couteau dedans… »

« Pourquoi pas plutôt un sortilège lance-flamme ? » - demanda Harry que la perspective de s'approcher autant de la « résonance » n'enthousiasmait pas. Il se rappelait vaguement avoir lu des choses sur ce phénomène dans un étrange livre de son père deux ans auparavant. Les images étaient assez suggestives sur ce qui arrivait à ceux qui s'étaient laissés dominer par une résonance psychique. Sur ce qui va leur arriver, songea-t-il sombrement.

Mais Tonks repoussait sa suggestion :

« Non. Les armes blanches sont les seules capables de défaire la magie noire… Le feu est trop facile à prévoir… Donc écoute bien, Harry : toi, tu t'avances…Moi, je te couvre… je m'occupe du serpent… si tu l'entends… surtout ne le regarde pas…. Jamais, tu m'entends !? »

Harry la regarda gravement et hocha la tête.

« Ça va aller ? » - articula-t-elle avec une visible émotion.

« Pas le choix », marmonna Harry, pas loin de vomir.

« Harry » - dit alors Tonks très émue en le prenant étroitement dans ses bras. « Harry, quoi qu'il arrive… Je ne sortirais pas vivante d'ici sans vous… Je te le jure ».

ooo