In Stellis Memoriam
In JKR Honorem
Réponses et Reviews.
Chapeau bas à Lulu qui a réussi à mettre une review alors que j'étais encore sur le site de Ffnet. Impressionnant. Plus de Maugrey ? Heu... Est-ce que Poudlard va gagner le tournoi ? C'est une question ? Lazule, t'inquiète pas pour Cyrus, j'ai encore pleins d'idées pour lui... Je crois que «l'esprit de meute » détecté par Alixe en Remus a encore de beaux jours devant lui... Oui Juliette, Narcissa comme punition je crois aussi que c'est plus durable qu'une engueulade... Salut Louloute et merci de toutes ces douceurs... J'espère que ça va mieux. Oui je sais déjà la fin... Hem... Oui (2), pour moi, Remus s'est battu par et pour ses fils essentiellement. Titou ne croit pas complètement à la scène de l'infirmerie... trop de choses à la fois, si j'ai bien compris... hum... J'ai pas vraiment de réponses à ça... si ce n'est qu'il faut bien que la pression retombe... Lunenoire aime un Lupin un peu plus incisif, elle a bien raison...Clin d'oeil à Elodie, nous as-tu rattrapés ? Bien sûr Godric, Alinem, Lupini Filiae et Ryan, que la suite va venir...
Merci encore à Alixe, qui aime l'esprit de meute, et Vert, qui aime les virgules...et Alana Chantelune qui avait lu une première version...
Spéciale dédicace à Hamadryas qui vient de mettre Entre Lune et Etoile sur un forum de discussion La Chambre des Secrets.....parce que ses compliments m'ont fait rougir...
19 – Professions de foi
Remus arriva tard à la résidence de Dumbledore à Finchley.
Il avait mis un point d'honneur à passer cette journée comme si rien de spécial n'était en train de se produire et comme si aucune décision importante ne devait être annoncée le lendemain. Il avait dispensé, à son habitude, les cours fondamentaux de 6e et 7e années de Défense contre les Forces du Mal que Maugrey ne pouvait pas assurer, étant toujours à Beauxbâtons. Il avait de même présidé des réunions de professeurs, dicté du courrier, confirmé les dates des Buses et des Aspics et partagé, comme si de rien n'était, le repas de ses collègues dans la Grande Salle. Personne n'avait pu à aucun instant le trouver plus distant, plus nerveux ou plus triste qu'à l'accoutumée. A aucun moment, son attitude ou ses paroles n'avaient pu indiquer que son esprit pouvait être ailleurs. A la session de printemps du Grand Conseil Magique, par exemple, et aux débats qui devaient entourer la présentation du Décret de Régulation de Conditions de Vie des Créatures Magiques ayant du Sang Humain. « Et non l'inverse », avait sobrement commenté Minerva McGonagall quand Remus l'avait mise au courant du projet de Dolorès Umbridge comme de sa décision de quitter le pays s'il aboutissait. « Avec Harry, on pense que Dolorès doit avoir du sang de vampire », avait alors lancé Cyrus. Mais sa blague n'avait même pas fait sourire Tonks.
Remus savait qu'il avait exaspéré cette dernière par son mutisme sur la seule chose vraiment importante. Il savait qu'il avait exaspéré Harry et Cyrus par son apparent détachement... Il se mettait assez facilement à leur place...Mais n'arrivait pas à s'imaginer fonctionner autrement. Il ne voulait pas les voir porter avec lui cette épreuve. Son épreuve... Il suffisait bien déjà qu'ils dussent en porter avec lui les conséquences - quelles qu'elles fussent.
De la même manière qu'il avait refusé le soutien de sa famille et de ses amis, il avait refusé de prendre comme un signe de bon augure le profil étonnamment bas qu'avait adopté Drago Malefoy pendant les dernières semaines. Ce qui se jouait était trop important pour être laissé aux seuls augures. « C'est bien la première fois que je te vois plus pessimiste que moi », avait conclu Severus, presque admiratif.
Mais, malgré son obstination à faire comme si ne rien n'était, il n'avait pas pu résister à la proposition de son vieux mentor : « Remus, j'imagine combien cette attente doit être intolérable. Venez donc passer la soirée avec moi... A. D. »
Le vieil homme l'accueillait maintenant dans le grand salon de Finchley avec un sourire aussi chaleureux que les autres fois. Comme si de rien n'était. Lui aussi.
« Comment allez-vous Albus ? » demanda Remus avec douceur. De nombreuses fois, Dumbledore lui avait paru insupportable de manipulations - Comment cet homme fait-il pour être toujours tenu comme le plus parfait exemple des qualités de Gryffondors ? s'était-il à chaque fois demandé. Ce soir, il pensait que le monde magique aurait été carrément inacceptable sans des Dumbledore habités d'une incroyable et perpétuelle énergie pour peser sur les destinés de leur communauté.
« Aussi bien que puisse se porter un vieil homme qui a connu trop de batailles », répondit doucement le grand sorcier. « Et beaucoup dont il se serait passé... »
Remus soupira.
« J'en suis venu à me dire que cette bataille-là, je l'attends depuis trop longtemps... »
Dumbledore eut un sourire triste.
« Je vous reconnais bien là, Remus.... Toujours un peu trop sage...»
Mais son ancien élève ne l'écoutait pas vraiment. Il laissa d'un coup sortir l'amertume et l'angoisse qui le hantaient depuis des semaines et qu'il avait niées ressentir à ses proches :
« Vous comprenez... N'est-ce pas là pour quoi j'ai lutté toute ma vie... Etre comme les autres... Etre accepté... ? Cesser de rougir quand on me demande des nouvelles de ma santé... Cesser de cacher mes besoins ?... Pouvoir enfin faire les mêmes rêves que tous les autres hommes ? »
« Ne cédez pas au tragique quand même... Vous avez déjà accompli plus que bien des hommes », le gronda gentiment Dumbledore.
Remus secoua la tête avec une expression obstinée qui le rajeunissait à son insu.
« Et je sais que je n'aurais pas accompli la moitié de ces choses sans vous, soyez en sûr ! »
Dumbledore soupira avant de répliquer :
« Moi non plus, je n'aurais pas accompli bien des choses qui me tenaient à cœur - à commencer par assurer l'avenir de Harry – sans vous, Remus... Sans vous et sans d'autres qui m'ont fait confiance... Encore que chez vous, la confiance a toujours été le résultat d'un choix conscient et non d'un abandon », ajouta le vieil homme sans cacher sa gaieté.
Remus accepta le diagnostic avec bonne grâce :
« ça n'a jamais rien changé dans ma bonne volonté, mon obéissance et ma diligence, professeur... »
« Non, certes... Voire au contraire », reconnut le président du Wizengamot qui s'était approché d'un bar et leur versait deux généreuse rations de whisky Pur feu. « Allons, trinquons... Si ce n'est à l'avenir, à tout ce que nous avons accompli ! Parlez–moi un peu de mes étonnants petits-fils par exemple...»
Remus sourit en acceptant son verre.
« Je commence par qui ? »
« Hum... Cyrus ? »
Le sourire de Remus s'élargit.
« Ma foi... Il va bien... Il semble remis de ses émotions... Si j'en juge aux retenues et aux éclats de rire qui l'accompagnent dans les couloirs de Poudlard... »
Dumbledore gloussa.
« Il vous en fait voir de toutes les couleurs, hein ? Des fois, je me dis qu'il vous a été envoyé par le destin en punition de tout ce que vous m'avez fait subir... »
« Je me dis parfois la même chose... »
Leurs yeux rirent de concert.
« Vous vous rappelez quand vous m'aviez dit dans ce même salon que je devais devenir le père de Cyrus parce que moi seul connaissais assez le fonctionnement de Sirius pour pouvoir l'aider ? » demanda soudain Remus, plus sérieux.
« Oui »
« Moi aussi... Ce sont en fait des paroles que je me répète presque tous les matins et tous les soirs... »
« Vraiment ? »
« Oui, parce que, pour une fois, vous vous êtes trompé Albus... »
« Vraiment ? Voilà qui m'intéresse ! Et en quoi ? »
« Et bien... Honnêtement... J'ai beau être un ancien maraudeur, j'ai beau sentir les bêtises de Cyrus à des kilomètres.... Je suis aussi démuni face à lui que si j'avais un autre passé... »
Dumbledore rit de nouveau mais avec une certaine dérision cette fois.
« Je ne suis pas du tout d'accord, Remus... Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez accompli...Vous voulez que je vous rafraîchisse la mémoire sur le tableau de chasse de votre quatuor au même âge ? Est-ce que les crises d'apoplexie des Black, les colères des Potter, les pleurs de la mère de Pettigrow ou les inquiétudes légitimes de vos propres parents ont eu alors un quelconque effet sur votre comportement ? »
Remus rosit mais le vieux sorcier continuait.
« Vous souvenez-vous du nombre de fois où, sur la demande d'une Minerva proche de la crise de nerfs, je vous ai convoqués tous les quatre dans mon bureau ? » - continua-t-il ouvertement moqueur. « Et je passe sur les fois où j'ai essayé de vous influencer séparément... »
« Albus... »
« Oui, Remus... Bien plus... Bien plus que ce que Cyrus arrive à faire...Et ce n'est pas parce qu'il manque d'acolytes enthousiastes, à ce que me raconte Minerva... »
« Je ne suis pas sûr que je doive me réjouir de lui faire peur... » - répondit sourdement Lupin.
« Vous pourriez plutôt vous réjouir qu'il vous fasse assez confiance pour essayer de contrôler les pulsions et les capacités qu'il a », asséna le vieux professeur. « Vous pourriez vous réjouir de ce qu'ont accompli votre amour et votre compréhension »
Un silence s'installa pendant lequel le plus jeune sembla chercher des arguments et y renoncer.
« A moins qu'il ne fasse cela pour Harry...» essaya encore Remus.
« Ah ça », reconnut Albus, « quel dommage que James n'ait pas eu plus tôt sa sagesse ou vous sa confiance en lui... Ne vous rembrunissez pas comme cela ! Ce n'est pas votre procès ! Au contraire ! Vous pouvez être fier de ce que vous avez fait de lui ! »
Remus rit à son tour.
« Comment voulez-vous que je sois autre chose que fier de lui ? Je suis fier d'eux deux, d'ailleurs... »
« Et vous pouvez ! »
Ils se sourirent. Remus se laissa aller contre le dossier du fauteuil comme s'il se détendait enfin, mais Albus le connaissait trop pour lui laisser le loisir de s'enfermer dans ses pensées circulaires et défaitistes.
« A propos d'Harry... Et ce tournoi de Quidditch, alors, comme ça se passe ? Harry m'a écrit au lendemain de sa victoire sur les Serpentards mais depuis il a oublié son vieux grand-père ! »
« Ca se présente plutôt bien, je dois dire. Ils sont favoris... Je crois vraiment que cette victoire les a galvanisés... Un sacré match, Albus... », répondit Remus, retrouvant son sourire à la simple évocation de l'affrontement entre les Gryffondors et les Serpentards, trois semaines auparavant. « Les deux équipes étaient survoltées et pas très fair play... Même Severus a reconnu que Flint était allé trop loin... Résultat : un score très bas : 60 à 40. 3 élèves - deux Gryffondors et un Serpentard - à l'infirmerie et Harry qui rafle le vif sous leur nez. Et le lendemain quand ils sont venus me voir, il m'explique : « tu comprends papa, même si Olivier ne décolère pas du score, moi j'ai préféré arrêter la casse avant que je prenne moi-même une batte pour assommer Flint !»
Albus rit.
« Qu'est-ce que je vous disais Remus... Harry est un étonnant mélange de James et vous... Physiquement et moralement... »
Comme le directeur de Poudlard ne lui répondait pas, il ajouta immédiatement :
« Ne me dites pas Remus que vous vous sentez toujours coupable que James n'ait pas vu grandir son fils ! »
« Non... Enfin... Ca reste une grande angoisse pour moi de savoir ce qu'il aurait fait ou dit... Même si souvent je n'y pense qu'après coup... La plupart du temps je me dis qu'il aurait réagi autrement... »
Dumbledore prit le temps de répondre.
« Qu'aurait-il fait de si différent ? »
« Je crois que... que Harry... » Remus hésita puis lâcha : « que James lui aurait plus que moi... donné l'idée de sa valeur... »
« Vous trouvez que Harry doute de lui ? »
Remus haussa les épaules.
« Vous savez ce que je veux dire... »
« Qu'il l'aurait élevé comme un petit prince ? Vous... »
« Comme lui-même avait été élevé ! » contra Lupin.
Dumbledore haussa les épaules :
« Quand bien même... James savait que les temps avaient changé... Lui-même n'avait plus rien du jeune et arrogant Potter de ses quinze ans... Et, surtout, vous oubliez Lily, Remus !»
Son ancien élève et successeur eut plus de mal à trouver une riposte.
« Je suis sûr en tout cas qu'il n'aurait jamais accepté ce que nous avons trouvé comme solution pour Sirius... » reprit-il finalement, s'échauffant en parlant. « Il aurait voulu sa réhabilitation pleine et entière... Il se serait battu !»
« Oh... et qu'aurait-il gagné ? »
« Il se serait battu », insista Remus avec obstination Dumbledore secoua la tête.
« Remus, je ne pourrais jamais vous convaincre que vous prêtez des pensées fantasmatiques à votre plus vieil ami... alors je vais faire comme vous et biaiser : Vous croyez qu'il aurait réussi à faire changer Sirius de décision ? »
Remus resta un instant interdit, puis admis sa défaite en murmurant :.
« Vous avez raison Albus avec des si... »
« Sans doute... », confirma ce dernier. « Et puis...Est-ce que ça ne fait pas assez longtemps maintenant que vous êtes devenu le chef de votre propre meute ? »
Remus sourit un peu tristement.
« Pour combien de temps encore ? »
Le vieux professeur ne cacha pas sa gravité.
« Est-ce que je peux me permettre un conseil amical, Remus ? Avant de perdre toute confiance dans notre communauté magique, n'oubliez pas que vous n'êtes pas le seul à vous être battu et mobilisé... N'oubliez pas qu'une telle mesure nous mettrait au ban de la communauté magique internationale ! Le Conseil est de fait plus que divisé que vous ne le pensez sur l'opportunité de ce décret... »
« A défaut de s'inquiéter de sa justesse », remarqua amèrement Remus mais Dumbledore continua :
« Même si Malefoy soutenait Umbridge... »
« J'aimerais bien voir ça », gronda sourdement Remus et le vieux professeur gloussa :
« Quand je vous disais que vous teniez du chef de meute... »
OOo
Le lendemain matin, Harry fut debout avant tous ses camarades de dortoir. En fait, il avait l'impression d'avoir attendu toute la nuit que le soleil se lève enfin. Il se glissa alors hors de son lit en faisant le moins de bruit possible, s'habilla dans le noir et sortit tout aussi silencieusement hors de son dortoir. En arrivant dans la salle commune, il fut surpris et presque agacé de voir que quelqu'un lisait déjà devant l'âtre où les dernières braises s'éteignaient. Cette personne sauta sur ses pieds en l'entendant arriver et Cyrus l'accueillit avec son rentre-dedans habituel :
« Je me demandais comment tu faisais pour dormir ! »
« Je ne dormais pas », répondit Harry sur le même ton. Il s'approcha pourtant de son petit frère avec son meilleur sourire. « On va le voir ? »
« Hum... Je sais pas s'il sait déjà... » - grommela Cyrus qui semblait y avoir déjà pensé.
« Tu crois ? Ils ne devaient pas rendre leur décision à minuit ? »
« Et il nous aurait laissés mariner toute la nuit ? » s'insurgea Cyrus.
Harry haussa les épaules avec fatalisme.
« Va savoir comment il a pu considérer ça... »
Cyrus éternua et regarda sa montre.
« Le petit-déjeuner doit être servi déjà... »
« La Gazette va arriver », ajouta Harry.
« Après tout, il sait où nous trouver », conclut Cyrus.
Silencieusement, ils descendirent dans la Grande Salle. Ils n'y virent que des cinquièmes et septièmes années anxieux d'être là à l'ouverture de la bibliothèque. Ils s'assirent face à face sans un mot. La table des professeurs était encore vide. Harry se versa par habitude un verre de jus de citrouille qu'il ne toucha pas tandis que Cyrus regardait d'un œil morne le plafond nuageux dans l'attente du courrier.
« Et dire qu'on est même pas abonné », grommela-t-il.
Harry sourit.
« J'y penserais pour ton anniversaire ».
Mais sa pique ne porta pas. Cyrus haussa les épaules, se servit en porridge qu'il détestait d'habitude et porta machinalement une cuiller à ses lèvres. Harry soupira et suivit son exemple. Les élèves arrivaient seuls ou en petits groupes dispersés et remplissaient lentement les quatre tables. Les Gryffondors leur jetaient généralement un regard surpris, à l'exemple de Hermione qui vint les rejoindre les yeux écarquillés :
« ça alors ! Qu'est-ce que vous faites là si tôt tous les deux ? » Puis elle fronça les sourcils : « Pas de nouvelles bêtises, j'espère ! »
« T'inquiète Hermione », se moqua Cyrus. « Tu as encore quatre années à t'entraîner avant de devenir préfète ! »
Harry pouffa malgré lui avant d'intervenir :
« Allez Cyrus, laisse-la tranquille... Assieds–toi », ajouta-t-il pour la jeune fille. Celle-ci s'exécuta, sa suspicion intacte.
« Vous aviez rendez-vous ou c'est par hasard ? »
« Hasard », grommelèrent-ils d'une même voix.
Les élèves arrivaient toujours plus nombreux ainsi que les professeurs. Ils ne manquaient plus que Minerva, Severus, Tonks et... Remus Lupin. Bien sûr, seuls Harry et Cyrus le remarquèrent. A Drago Malefoy qui venait d'arriver, Harry trouva un air satisfait mais décida de ne pas en tirer de conclusions hâtives. Sa bouche était étonnamment sèche et se versa un nouveau verre de jus de citrouille.
Ron, Neville, Dean et Seamus arrivèrent et s'étonnèrent à leur tour que Harry, si souvent en retard, soit déjà à la table du petit déjeuner.
« Mal dormi », essaya-t-il de s'expliquer, ne réussissant qu'à s'attirer un nouveau regard soupçonneux de Ron en direction de sa cicatrice.
Ginny et Archibald firent à leur tour leur entrée et, avant qu'ils n'aient eu le temps de demander quoi que ce soit, Cyrus leur lança un peu sèchement : « Oui je sais, c'est un miracle, je suis debout avant vous ! »
Ginny leva les yeux au ciel et répliqua :
« Moi ça m'étonne pas vu comme tu avais du mal à te concentrer hier à la bibliothèque... T'as fini quoi, Potions ou Métamorphoses ? »
A la moue de son frère, Harry supputa que ni l'un ni l'autre des devoirs n'avait reçu d'efforts supplémentaires. Mais est-ce que cela était important ? Il se sentait étrangement loin de tous ces gens, ses amis ou ceux de Cyrus, qui l'entouraient de leur sollicitude, de leurs questions, de leurs soucis comme de leur bonne humeur. A des années lumières. Deux choses et uniquement deux l'intéressaient : quelle tête ferait Remus en arrivant et quand le courrier allait-il enfin arriver.
Severus fit alors son entrée, repérable comme toujours par la prudente réduction du volume sonore des conversations qui suivit. Harry nota, le cœur serré, le signe de tête que le Maître de potions fit en direction de Drago Malefoy. Un signe d'intelligence et de connivence... comment l'interpréter ? Il nota aussi péniblement que Rogue ne jeta pas un seul regard dans leur direction. Non qu'il en jeta plus d'habitude... Le Maître de potions s'assit ensuite, tout à fait conventionnellement, à la droite du siège du directeur de Poudlard avec sa retenue habituelle. En ramenant les yeux vers son assiette, Harry croisa ceux de Cyrus et il sut qu'ils pensaient la même chose. On ne pouvait rien prédire du comportement d'un Severus Rogue en représentation.
Minerva et Tonks entrèrent un peu plus tard, en même temps, par la même porte dérobée derrière la table des professeurs. Harry leur trouva un air... Un air indéfinissable, encore qu'il eut cru lire dans l'expression de Tonks une excitation extrême. Et pour la première fois, il se demanda s'il devait y croire. Cette impression fut tout de suite bousculée par le vol de hiboux et de chouettes de toutes tailles et de toutes couleurs qui obscurcit tout d'un coup la Grande Salle avec l'arrivée du courrier.
« Un de vous est abonné à la Gazette ? » murmura alors Cyrus d'une voix étrangement blanche, s'attirant les regards sidérés de tous ses voisins. Nul n'avait jamais vu le plus jeune frère Lupin regarder un journal si ce n'est pour s'enquérir des derniers résultats de l'équipe d'Irlande de Quidditch.
Le courrier fut, comme toujours, un moment d'effervescence et d'excitation. Harry et Cyrus ne purent qu'attendre, une fois encore, avant de déterminer dans le comportement de leurs camarades quoi que ce soit de décisif. Un silence inhabituel, coupé d'exclamations étouffées, s'installa pourtant assez rapidement. Notant que beaucoup de ses condisciples avaient le nez plongé dans le journal, Harry eut l'impression qu'il allait vomir. Il était certain de ne pas être paranoïaque. Les autres élèves les regardaient par dessus les pages. Cyrus était livide. Les murs et le plafond tournoyaient. Soudain, Katie se leva de sa place, son exemplaire de la Gazette à la main et vint vers eux. Harry vit, dans une brûme, Fred, George et Lee qui la suivaient des yeux.
« Harry, Cyrus... Je... Je crois qu'il faut que vous sachiez... »
Harry déplia la une du journal et regarda les caractères danser devant ses yeux. Il pensa qu'il ne saurait jamais plus lire. Il sentit Hermione et Ron qui se penchaient de chaque coté avec curiosité pour mieux voir.
« Un décret historique », lut Ron à voix basse.
Hermione, qui avait depuis longtemps dépassé le titre, eut soudain une exclamation étouffée et saisit le bras de Harry :
« ...Ce décret constitue un grand pas pour notre communauté qui ne pouvait plus longtemps ignorer ce que la science a établi, a déclaré Lucius Malefoy à la sortie du Grand Conseil Magique. M. Malefoy a en effet pris pendant les débats la tête de ceux qui ont refusé de continuer de singulariser la communauté magique britannique par un traitement discriminatoire des créatures magiques ayant du sang humain... Tu entends ça, Harry ?! »
« Ca veut dire quoi ce charabia ? » gronda Cyrus.
Harry leva les yeux vers son frère.
« T'as pas compris ? » demanda-t-il d'une voix tremblante.
« Les mariages entre sorciers et créatures magiques de sang humain seront désormais possibles avec consentement préalable et éclairé des deux parties... » - continuait Hermione imperturbable.
C'est au même moment que les portes de la Grande Salle s'ouvrirent une nouvelle fois sur un Remus Lupin étrangement pâle. Il entra pourtant de son pas habituel, à la fois efficace et posé. Il n'avait pas traversé un tiers de la salle que les applaudissements commencèrent. D'abord les Serdaigles, puis les Pouffsouffles et les Gryffondors. Les Serpentards se joignirent ensuite aux hourras avec plus de circonspection – la position de Malefoy expliquait peut-être la quantité des soutiens exprimés. Peut-être pas.
En arrivant au niveau de la table des Gryffondors, il s'arrêta un instant. Harry et Cyrus ne lui laissèrent pas le temps de réfléchir et se jetèrent sur lui d'un même élan.
« Si tu me dis que tu savais depuis minuit... », grommela Cyrus, enlacé contre lui.
Remus rit, peut-être un peu trop fort.
« J'arrive tout juste de Londres... Nous dirons que j'ai dignement fêté ça avec votre grand-père... »
« C'est pas juste... »
« Quoi donc ? Le décret faisant de ton père un être humain ou que tu n'aies pas su ? »
Harry n'écouta pas la réponse de son frère. Une conséquence venait de s'imposer à lui brusquement et il se tourna instinctivement vers la table des professeurs pour croiser le regard embué de Tonks. Avec une décision qui le surprit lui même, il leva le bras et tendit la main vers elle comme pour les inviter à les rejoindre. La jeune femme se redressa, jeta un regard éperdu au professeur McGonagall qui eut un étrange geste de la tête et au professeur Rogue qui haussa distinctement les épaules. Quand elle se leva, faisant tomber sa chaise dans sa précipitation, elle tremblait visiblement. Elle eut du mal à descendre dignement de l'estrade et manqua d'ailleurs de tomber à la dernière marche - arrachant un sourire tendre à Remus.
Une deuxième salve d'applaudissements salua la réunion du professeur de Défense contre les Forces du Mal avec la famille Lupin.
« Tu crois qu'ils vont se marier ? » - soupirèrent bien des filles.
Remus finit par trouver le courage de rétablir l'ordre en regagnant avec Tonks la table professorale et en acceptant de commenter brièvement l'événement.
« Je ne cacherais pas que cette décision... Historique... Me touche grandement et personnellement... J'ai aujourd'hui l'impression qu'une grande justice a été faite et ceci me rend particulièrement optimiste et confiant pour l'avenir de notre communauté... Vous avez de la chance d'en faire partie... »
Il fallut les efforts conjugués de tous les professeurs et des préfets pour faire que la fin du petit-déjeuner soit suivie par le début des activités scolaires.
« Lupin », grommela l'irascible Maître de potions dans son dos alors qu'ils sortaient de la salle, « manquerait plus qu'on gagne la Coupe des trois sorciers... »
« Tu vois, toi aussi des fois tu crois aux miracles », répondit légèrement Remus.
OOO
D'une certaine façon, la deuxième année pourrait s'arrêter là.... Mais bon quand même... Deux ou trois petites choses à vous raconter... La suite s'appelle « La chance et son contraire»...
