Note : Salut à toutes! Juste un petit mot pour vous dire merci de lire cette fic, que je trouve absolument géniale...ceci n'est qu'une traduction et je vous conseille donc aussi de lire la version originale sur la page de Haeniliel (elle aussi sur FanFiction). Vous pourriez découvrir plusieurs très belles fic...Aussi, je voulais vous dire que ce chapitre est le dernier de ceux que j'avais traduit à l'avance, et que le prochain risque donc d'être plus long à arriver. Mais je vous promet de faire de mon mieux! Gros bisous!!!
Réponses aux reviews :
Franfreluche : Non, non, ce n'est pas la fin! Il reste encore beaucoup de chapitres à écrire (pour l'auteur) à traduire (pour moi) et à lire (pour vous). Merci de ta review!
Les-divans-infernales : Je répète : non, ce n'est pas fini (« c'est rien qu'un début »...désolée... ça allait bien dans le contexte...) En tout cas, merci de ta review!
Bee orchid : Merci! Moi aussi, je l'ai trouvé absolument sublime! Tu verras à quel point l'auteur a bien compris le personnage au chapitre 8. Il y a une réplique absolument parfaite, qui décrit parfaitement Jack. Gros bisous!
Sushi-powa : Tu ne resteras pas déçue trop longtemps, alors... :-p Gros bisous!
BoB Chiri : Haha! J'espère que tu trouveras ce chapitre moins triste...et que Jack ne te décevra pas... ;-) À bientôt!!!
Chapitre 5 : Colère
De lourdes portes de bois s'ouvrirent à la volée, rebondissant légèrement sur le mur. Tous ceux qui étaient présents savaient que Jack était entré dans sa cabine avec l'aura d'un homme chargé d'une mission : les yeux perçants avec ce qui pouvait sembler être de la détermination, la bouche en une fine ligne et les sourcils si froncés que cela en devenait pénible à regarder. Cependant, Jack n'avait pas de mission à accomplir, il était sur le sentier de la guerre.
La colère et la contrariété qu'il avait si bien cachées et enterrées dans les recoins sombres de son esprit avaient finalement réussi à le prendre d'assaut et étouffaient son bon sens. Même s'il lui avait fallu beaucoup de temps pour accepter les événements passés, il ne se sentait pas encore tout à fait confortable et encore moins calme et passif. Tout ce qu'il ressentait en ce moment était une aveuglante haine voyageant au travers de ses veines, faisant bouillir son sang. Jack bouillait intérieurement de fureur alors qu'il se rappelait avoir dit qu'il avait eu un mauvais pressentiment en acceptant de faire le sale travail de Willow. Il se mordit les lèvres. Cela n'avait pas aidé les choses que le salaud de moralisateur l'ait interrompu...
Jack sourit de contentement alors que la blonde l'embrassait du haut vers le bas de la poitrine, fixant expertement sa langue sur les endroits les plus sensibles. Il s'était écoulé beaucoup de temps depuis la dernière fois qu'il avait eu une femme, et se dit-il, une bonne. La blonde lui effleura le mamelon de ses dents et Jack grogna.
- « Touché un point sensible? » murmura-t-elle d'une voix rauque, répétant le mouvement, ses cheveux caressant légèrement sa poitrine en le chatouillant.
Jack échappa un petit rire, passa sa main dans les longs cheveux et remua les hanches de façon suggestive. Deux mois avaient filé depuis que son équipage et lui avaient amarré à Tortuga; deux mois, longs et plutôt dépourvus d'événements, depuis qu'il avait laissé Will et Élizabeth langoureusement enlacés à Port-Royal et pour la première fois depuis, il se sentait libre. Aucun souci ne le tracassait pour le moment, il ne ressentait que le plaisir marqué de pulsations en son aine qui, pensa Jack, avait grand besoin d'être soulagé.
Presque psychiquement, Désirée (enfin, il était certain que son nom ressemblait vaguement à quelque chose du genre) déplaça ses mains vers l'intérieur de son pantalon et entoura sa virilité de ses doigts. Jack grogna, bougeant ses hanches de bas en haut, la forte contraction de son pantalon douloureusement plaisante. Ah!, soupira intérieurement Jack, c'est tellement bon! Elle s'arrêta cependant et ramena ses mains sur sa poitrine. Jack se renfrogna, déçu, et échappa un long soupir. Putain de femme! Essayait-elle de le tuer?
- « La patience, Capitaine, est une vertu », murmura-t-elle.
Jack retint la réplique vulgaire qui lui brûlait les lèvres (Pas quand tu paies ta femme à l'heure), grogna et la renversa, lui emprisonna la taille entre ses genoux et lui ramena les mains au-dessus de la tête.
- « Nah! J'crois pas à la patience dans des moments comme ça, ma belle. »
Il commença à délacer son pantalon et elle le regarda avec désir, un excitement soudain emplissant l'atmosphère. Elle se demanda à quel point ce serait amusant de se vanter de son exploit. Elle connaissait plusieurs femmes qui seraient certainement jalouses.
Jack posa sa bouche sur son sein, faisant glisser ses mains de plus en plus bas sur son corps gracié de courbes.
Puis, lorsque arriva ce qui pourrait seulement se décrire comme un des moments cruciaux de l'amour, un « boum » sonore retentit dans la chambre, ayant pour effet immédiat d'éloigner Jack et la blonde dans un bond commun. La main de Jack trouva son pistolet abandonné avec la vitesse d'un réflexe et le pointa vers l'intrus offensant dont il se débarrasserait rapidement s'il n'avait pas une excellente raison pour son intrusion inopportune.
- « J'arrive au mauvais moment, Cap'taine Sparrow? » gloussa de la porte un homme de grande taille, le visage dans l'ombre et la main sur la poignée de son épée.
Pas qu'une épée puisse faire grand chose contre un pistolet...
- « Oui, en fait », gronda Jack, plissant les yeux.
Il connaissait cette voix, beaucoup trop bien. Elle l'avait sauvé auparavant, bien qu'il lui était difficile d'avouer que lui, le Capitaine Jack Sparrow de la Perle Noire, avait un jour eu besoin d'être sauvé. Cependant, la Compagnie des Indes Orientales n'était pas aussi bienveillante et chaleureuse que ce que disaient els gens. En fait, elle était tout simplement diabolique. Comme disait Jack à toute personne qui osait même penser à s'y aventurer, il vallait mieux réciter ses dernières volontés, demander à son équipage de nous torturer de façon inimaginable aux êtres humains et ensuite terminer par saboter son navire, ce serait beaucoup plus appréciable.
Willow échappa un rire semblable à un aboiement et la blonde à côté de Jack passa sa langue sur ses lèvres sèches, se couvrant avec une couverture inutilisée. Cette situation était pour le moins inusitée autant pour Jack que Désirée.
- « Ben c'est pas important si j'te dérange , continua l'homme, ne portant aucune attention à l'agacement de Jack et la prostituée. J'ai besoin d'te parler, de toute façon, c'est urgent. Pressant, je t'assure. »
Jack releva un sourcil.
- « J'avais pris pour acquis qu'on f'rait plus affaire après ce petit incident à Singapour, Cap'taine Willow.
- Ah, mais Jacky!
- S'il te plaît, mate, pour ton bien, m'appelle plus jamais Jacky. »
Une lueur brillante de fureur enflamma son regard d'ébène. Personne ne l'avait jamais, JAMAIS appelé Jacky! Le maudit nom était déjà assez nauséeux tel quel...
- « Oui, oui, continua Willow en ignorant son commentaire. Mais tu me dois toujours une faveur, hein? J'en ai besoin maintenant. C'est assez important, faut que je m'occupe de ça bientôt. Alors pourquoi t'attraperais pas ta chemise pour venir me rejoindre au pub pour boire un peu de rhum? »
Jack gronda.
- « T'as interrompu quelque chose, laisse-moi finir et on parlera jusqu'à ce que tu sois content. Savvy? »
Willow sourit d'un air suffisant.
- « Tu f'rais mieux d'te dépêcher, tu veux pas qu'elle te r'vienne trop cher. »
En disant ceci, il se retourna et s'en alla dans le couloir après avoir claqué la porte avec assez de vigueur pour secouer toute la chambre.
Les deux occupants restèrent quelques instants dans un silence contemplatif. Un rapide courant de pensées passa à toute vitesse dans son esprit. Faveur? Il échappa un soupir inaudible. Il y penserait tout à l'heure, il avait des choses plus importantes à faire en ce moment. Jack sourit et se retourna de façon dramatique, saluant la jolie dame.
- « Où en étions-nous, hein ma belle? »
Désirée sourit.
- « Juste là. »
Elle mit ses mains dans son pantalon. La respiration de Jack se crispa.
- « Ouaiiiiiiis. Comment ai-je pu oublier? »
Ils eurent un petit rire et succombèrent à leur désir.
Une heure plus tard, Jack trouva Willow assis tout seul dans un coin sombre au fond du Sailor's Den avec une pinte de bière. Son chapeau à une seule plume était perché de façon négligée sur sa tête et ses pieds étaient posés sur la table devant lui.
- « Pathétique, hein? Qu'les êtres humains aient si peu d'manières, » dit Willow lorsque Jack eut tiré une chaise opposée au vieux pirate.
Le sarcasme évident n'était pas passé inaperçu pour Jack, qui grimaça un sourire, lançant subrepticement un regard à une bagarre rageant au bar.
- « J'pense pas qu'deux pirates comme nous soient en position d'faire un commentaire comme ça, » répondit Jack, relevant l'ironie dans la voix de Willow.
Willow se mit à rire.
- « Très vrai, très vrai. »
Il prit une gorgée de sa bière et fit claquer ses lèvres avec entrain.
- « J'ose dire qu'c'est une des meilleures bières qu'j'ai goûtées. »
Jack secoua la tête et arrêta une serveuse.
- « L'plus gros verre de rhum que t'as.
- Ce s'ra une pinte, m'sieur, » répondit-elle, roulant les yeux en voyant Jack promener ses yeux sur sa poitrine et ses hanches, serrés dans sa robe bleue.
- « J'reviens dès qu'je peux, espèce d'ordure insubtile. »
Avec un dernier mouvement de la main, elle se dépêcha vers le bar, criant plutôt fort la commande de Jack, puis se dirigea vers une autre table tandis que le barman préparait la boisson. À peine une minute plus tard, la femme déposa violemment la chope sur la table, prit son argent et laissa les deux gentilshommes seuls.
- « Alors, Willow, qu'est-ce que tu veux d'moi? » commença Jack avec bonne humeur.
Il n'avait après tout aucune raison de se montrer hostile à ce point de la conversation. Lorsque le temps viendrait, par contre, il ne ferait pas l'erreur de le cacher.
- « Faut qu'j'te d'mande d'me rendre la faveur qu'tu m'dois, » répondit malicieusement Willow, les yeux brillants d'hilarité.
Jack le regarda paresseusement et émit innocemment :
- « Faveur? J'me rapp'lait pas que j't'en devais une. »
Les yeux de Willow s'amincirent avec déplaisir.
- « Est-ce que t'insistes pour rendre ça difficile, Jack? Ou est-ce qu'on peut en finir le plus tôt possible. La faveur va t'prendre beaucoup d'temps. »
L'esprit de Jack s'accéléra aux mots de Willow. Prendre beaucoup de temps? Nom de Dieu, que pouvait-il bien lui vouloir?
- « Alors répond à ma question, Willow. Pourquoi est-ce que j'te dois une faveur? »
Jack se pencha vers lui, baissant sa voix et rendant sa voix enrouée difficile à discerner à travers le bruit incessant.
- « Compagnie des Indes Orientales? Ça t'dit quelqu'chose? J't'ai sauvé, » souligna Willow avec orgueil, baissant la voix pour rejoindre celle de Jack.
Jack ricana de dégoût. Salaud! Il aurait pu jurer qu'il avait vu Willow se taper le dos en signe de récompense, absorbé dans un moment de fierté. Cependant, ce qu'il avait fait pour Jack était une mauvaise imitation d'un sauvetage; cela avait été, sans aucun doute, beaucoup plus comme une assistance, une aide en quelque sorte...
- « Aidé. Aidé avec l'intention d'me tuer par la suite, » dit Jack en toute vérité.
- « Non! » nia Willow.
Il mentait à travers ses dents jaunes et n'importe qui aurait pu le deviner.
- « Jamais! » continuait-il, feignant l'offense.
Jack persifla.
- « D'accord, pas tant qu' tu m'devais la maudite faveur, » avoua-t-il, laissant tomber son voile d'affectation.
- « Ah! Et la vérité finit par sortir, proféra Jack. Putain d'merde, Willow, s'il te plaît dis moi c'que tu peux bien vouloir de moi pour qu'on puisse rentrer et voler, piller et escroquer pour contenter nos cœurs noirs, s'il te plaît? S'il te plaît! »
Willow soupira; la patience de Jack était à sa limite. Même si Willow prenait un plaisir particulier dans l'irritation et la contrariété du pirate, Jack, qui devenait de plus en plus saoul au fil des minutes, entrait dans un état d'esprit dépourvu de sens. Quiconque ayant un peu de jugement savait qu'il ne fallait pas agacer ou fâcher un pirate en colère. Cela se terminait toujours avec des désavantages directs pour l'offenseur; soit il mourait, soit il perdait des membres ou des objets importants. Willow était assez intelligent pour savoirr, non seulement en connaissance de cause mais aussi par bouche-à-oreille, que Jack était un des pirates les plus dangereux lorsqu'il était en colère. Donc, étant assez intelligent, Willow ravala sa fierté un instant.
- « Alors, commença Willow d'un ton conspirateur en s'approchant de plus en plus près de Jack jusqu'à ce qu'il soit à quelques centimètres à peine de son nez. Écoute moi, mon vieux, j'ai besoin qu'tu m'trouves une fille. »
La mâchoire de Jack s'ouvrit malgré toute sa bonne volonté.
- « Pardon? J'ai pas vraiment compris la dernière partie. »
Avait-il dit une fille ou une bille? Pft! C'était ridicule! Willow voulait qu'il lui trouve une bille! Un jouet!
- « Va falloir qu'tu m'excuse d'entrer dans ta bulle, mais j'ai dit une femme. »
Jack resta interdit. Willow grogna.
- « Une femme! Une femme! T'es sourd, Sparrow?
- Non, dit Jack. Oh non, non, non! Juste royalement frustré, mate. Tu veux que moi, Jack Sparrow, capitaine pirate renommé, j'te trouve une p'tite saloppe? Est-ce que c'est toi qui es sourd?
- Non, Sparrow, j'suis définitiv'ment pas sourd. Et j'te préviens, Jack, t'as d'la chance. Cette tâche est assez facile et j'ai d'autres choses plus pressantes à faire, qui m'empêchent de l'accomplir. J'suis sûr que tu voudrais pas faire c'que j'ai à faire. Alors, monte sur ton bateau, trouve-la et amène-la moi, dit Wilow avec un sourire malicieux. Est-ce qu'on a un accord? »
Jack ouvrit la bouche, prêt à débiter une lignée d'insultes véhémentes.
- « Ah! N'y pense même pas, mate, t'as rien à dire là-dessus. »
Jack le regarda fixement, une furie perfide emplissant tout son corps.
- « Où? » gronda-t-il.
Quand il aurait terminé cette maudite course, il s'assurerait que Willow paierait. Jack Sparrow n'était pas un pirate à déranger, surtout quand il était en colère.
Willow, toutefois, semblait plus qu'heureux du dénouement de son entretien.
- « Ça, c'est mieux. »
Sa jubilation, cependant, ne plaisait pas du tout à Jack.
- « Tu vas l'regretter, compte sur moi. »
Pour mettre de l'emphase sur ce qu'il venait de dire, il brandit sa pinte à quelques centimètres de la figure de Willow et découvrit ses dents en un sourire.
- « C'est ça, ouais. Alors, dit-il en frottant ses mains l'une contre l'autre, heureux de son succès. T'as trois mois pour l'amener à Saint-Martin, vivante bien sûr et en bonne santé. Elle est relativ'ment petite, une beauté. »
Les sourcils de Jack se soulevèrent.
- « Tu veux que j'te trouve une pute, c'est ça? »
Willow eut un rire qui venait du fond du cœur et qui fit froncer les sourcils de Jack.
- « Non, pas une pute. Une fille relativ'ment riche, de classe moyenne. J'l'ai gagnée à un jeu de cartes, son imbécile de père l'a échangée contre des bijoux et des meubles et – ça, c'est la meilleure partie, crois moi – i' s'est fait tirer. Bah! La pauv' petite se retrouvait toute seule...en ma possession. Bien sûr, elle a pas coopéré et les choses se sont précipitées et, beh, tout le monde doit réparer ses erreurs, hein? En tout cas, tu peux la trouver... »
Au nom de Dieu, qu'est-ce qui l'avait poussé à accepter la demande de Willow sans même livrer bataille? Il était de loin meilleur à l'épée et avait le meilleur intellect, avec plusieurs années d'éducation derrière lui. Peut-être que ce qui l'avait amené à accepter était le désir – le sentiment brûlant au creux de son estomac lui disant qu'il avait besoin de l'aventure, de la sensation enivrante qui accompagnerait la capture. Ou peut-être, au fond, cela avait été la curiosité. Il voulait savoir exactement qui Willow voulait revoir et pourquoi il avait tant besoin d'elle.
Tout ce que savait Jack, par contre, était que la maudite faveur avait fait plus de putain de mal que de bien. Deux hommes – deux pirates – étaient morts de ses mains et une jeune femme était étendue sur son lit de mort. Sa dernière pensée amena son attention vers Gibbs et Anamaria qui se penchaient d'un air morne au dessus de son lit. Sa mâchoire tomba tandis qu'il s'avançait vers son lit.
- « Quoi? hurla-t-il. Pourquoi est-elle dans mon lit? »
Il se tourna vers Anamaria.
- « Qu'est-ce que tu penses que tu es en train de faire? Tu vas ruiner mon lit!
- C'est juste d'la courtoisie, Jack. Si on se fie au bruit, t'as eu aucun mal à aller dans l'sien la nuit dernière, ce s'rait juste qu'elle utilise le tien, » cracha venimeusement Anamaria, faisant bien attention d'accentuer dans l'sien.
À son commentaire, Jack se tut. Il n'avait pas était dans un tel état de manque de mots d'aussi loin que Gibbs et lui puissent se souvenir. Le fait énoncé par Anamaria avait touché un point sensible (bien qu'il ne puisse pas mettre le doigt sur pourquoi cela avait fait si mal) et fit monter encore plus de pensées furieuses dans son esprit.
À ce moment précis, il devint immensément difficile de dire si Jack avait finalement perdu la raison. Tandis que Gibbs et Anamaria regardaient leur capitaine adoré, ils essayèrent tant bien que mal de produire une réponse. La figure de Jack était rapidement devenue blanche, vidée de tout son bronzage habituel et avait, à la même vitesse, regagné un cramoisi foncé. Ses yeux s'amincirent. Il imagina la progression de sa colère comme une pyramide à l'envers : une œuvre
d'art qui se construit lentement et qui devient une massive structure majestueuse de plusieurs couches. Sa colère avait d'abord été minime et dédaigneuse, mais avait grandi hors de toute proportion; il en était au point de dire qu'elle avait atteint l'insanité.
Un besoin inextinguible d'infliger la douleur s'élevait, passant à travers lui tel un raz-de-marée. Avec une imagination claire comme le cristal, Jack vit la femme à la peau foncée marchant sur la planche et plonger dans une eau infestée de requins. Il se sentait forcé de prouver à Anamaria que ce qu'il avait fait dans le lit de Katelyn n'avait pas été comme avec les innombrables autres femmes qu'il avait connues à travers les années. Les événements de la nuit dernière s'étaient imprimés dans son esprit et il savait qu'ils ne s'effaceraient pas avant longtemps, très longtemps. Aussi ridiculeusement romantique et contraire à une attitude pirate que cela puisse sembler, il ne voulait pas les oublier.
- « T'as donné ta langue au Cat, Sparrow? » persista Anamaria (le choix de ses mots évidemment calculé), son regard surpassant celui de Jack.
Une fois de plus, Gibbs se prit à murmurer qu'amener des femmes à bord était porteur de malchance.
- « Trouble et conflit, croyez-moi. Y'aura rien d'bon qui en ressortira, j'vous l'dis. Rien d'bon du tout! »
Il fit claquer sa langue d'une façon qui laissait présager le futur et sortit de la cabine, allant chercher plus de rhum pour nettoyer la blessure de Katelyn. La pauvre fille, elle allait passer une longue nuit...
Pendant ce temps-là, Jack essayait, essayait fort, fort, fort de se calmer. Respirations profondes...inspire et expire...inspire et expire...inspire et – putain de merde! Ça n'allait pas fonctionner! Quelle sorte de garce était-elle? Honnêtement, elle avait du culot pour faire ce commentaire!
- « Corrige-moi si j'ai tort, Anamaria, mais je ne vois aucune pertinence dans ton commentaire. Katelyn ne peut pas avoir ma langue maintenant, non? Elle est plutôt indisposée en ce moment, hein? »
C'est ça, Jack, met la façade, le masque que tu connais si bien, la seule chose qui te permet de ne pas t'en faire.
Anamaria regarda Jack d'un air narquois.
- « Et c'est pour ça qu'i' faut qu'on la mette ent'e de bonnes mains... »
Jack secoua la tête. Pas question! Pas de putain de question!
- « Anamaria, pense même pas, une seule minute qu'je vais faire c'que tu proposes. J'me suis mis dans assez d'problèmes comme ça. »
Était-elle folle?
- « Pour l'amour de Dieu, Jack Sparrow, la fille est en train d'mourir. T'es pas capable d'le voir? Tu veux plus de sang sur tes mains sales? Si t'avais un peu d'cœur, tu t'dirigerais vers Port-Royal au moment où on s'parle pour lui donner l'aide qu'elle mérite et dont elle a besoin. Et depuis quand not' Jack sans peur recule devant un peu d'aventure? »
Anamaria avançait lentement vers lui, pointant son index vers lui de façon menaçante.
- « Sois pas stupide, j'peux pas sonner chez Will Turner et lui d'mander d's'occuper d'une femme qu'il a jamais rencontrée avant! Sans compter qu'à la seconde où je s'rai vu, l'équipage entier se retrouv'ra aux galères et Miss Katelyn sera dans un problème encore plus grand.
- Jack, cria Anamaria. Jack! T'es sourd? Sort ton cul d'ici et va dire à l'équipage qu'on va à Port-Royal. »
Un soudain cri de douleur sortit des lèvres de Katelyn et elle se crispa légèrement, resserrant son étau sur les draps blancs. Jack secoua la tête. Elle semblait si petite et innocente, presque enfantine, étendue sur son lit. Ses cheveux bruns étaient humides, sa respiration entrecoupée et une couche de sueur recouvrait son corps. Elle ne ressemblait pas à Katelyn Hockley...
- « La fièvre va s'installer avant la nuit et qui sait c'qu'on peut faire...personne sur c'bateau a la moindre idée sur comment i'faut soigner une blessure. Elle va mourir, Jack. »
Katelyn allait mourir...
Mourir de ses mains...
Mourir parce qu'il avait trop peur d'admettre qu'elle comptait pour lui et de l'amener à Port-Royal...
Il était un meurtrier...il tuait de sang-froid.
Non! Non, il ne deviendrait pas Barbossa et il ne deviendrait pas Willow. Il était Jack Sparrow, le capitaine pirate à l'air complètement fou et à l'intelligence surprenante qui n'en faisait qu'à sa tête!
Avec une répugnance qui le dérangeait plus qu'il n'était possible, Jack soupira, défait.
- « Très bien, Anamaria, prépare les voiles. On va à Port-Royal... »
