Soulevant ses couvertures, les yeux mi-clos, encore lourds de sommeil, Severus bailla longuement. Il s'étira et passa une main dans ses longs cheveux noirs et gras en songeant qu'il aurait bien besoin de passer chez le coiffeur.

Lorsqu'il se mit debout, son pied heurta un objet dur au sol. Severus étouffa un juron en attrapant son orteil endolori. On y voyait strictement rien, malgré le fait qu'il soit déjà huit heures.

Il leva les yeux vers la lucarne, maudissant son orientation qui ne lui permettait pas d'avoir une once de soleil avant dix heures à cette période de l'année.

-Lumière ! vociféra Severus en continuant de masser son gros orteil.

Aussitôt, la petite bougie de la pièce s'alluma. C'était sur elle que Severus avait trébuché.

De mauvaise humeur, il l'attrapa et la posa sur le bureau avant de s'habiller. Qu'est-ce qu'il détestait ces conditions de vie… mais il s'y était fait. Comment ne pas se faire à quelque chose quand ça fait deux ans que vous vivez avec ?

Amèrement, il jeta son pyjama en boule sur son lit et s'installa à son bureau. Ce n'était pas le même qu'au début bien sûr. Son père avait du le faire changer il y a peu avec la chaise : trop petits.

Trempant sa plume d'oie dans l'encre, Severus se demanda pourquoi il continuait. Avant, c'était pour sa mère, mais voilà bien longtemps qu'il avait cessé d'espérer. Il l'avait cherchée sans résultats, il avait questionné son père qui s'était montré aussi muet qu'une tombe, il avait interrogé les elfes qui ne savaient rien. Alors pourquoi ?

Un sourire aigre se dessina sur les lèvres de l'enfant. L'habitude sans doute. Et la fatalité.

« L'expression magique de la souffrance » commença à écrire Severus.

Tandis qu'il continuait sa rédaction imposée par son père, l'enfant eut un rictus mauvais. Après tout, peut-être y avait-il du bon dans tout cela ? Quand il aurait enfin une baguette, il pourrait se venger de tout ça… voir même retrouver sa mère.

Il stoppa net à cette pensée. Retrouver sa mère

Des larmes commencèrent à envahir les yeux de Severus qui les chassa promptement. Pourquoi pleurait-il ? Il s'en rappelait à peine ! Pourquoi avait-il d'ailleurs pensé à la retrouver ?

Severus lâcha sa plume et soupira en se rejetant contre le dossier de sa chaise. Des cheveux noirs et ondulés. C'était à peu près tout ce dont il se souvenait. Alors pourquoi y restait-il tant attaché ?

L'enfant secoua vivement la tête en grognant, comme pour chasser ses pensées. Mais ses cheveux vinrent lui fouetter le visage. Une chanson lui revint en mémoire, ainsi que le souvenir tendre d'un peigne dans ses cheveux.

Elle les lui brossait et coupait régulièrement, lui faisait des shampoings…

-Ca suffit ! s'écria Severus. Pourquoi je me rappelle de ça ? Elle n'est plus rien, non plus rien !

Et c'est ce qu'il veut, lui murmura une petite voix, c'est exactement ce qu'il voulait, tu n'as pas compris ? Il t'a mis ici pour te séparer d'elle, que tu l'oublies et que tu deviennes ce qu'il veut lui…et il a réussi…

De nouveau, des larmes envahirent les yeux de Severus qui serra les poings. C'étaient des larmes de tristesse, de rage et de colère. Il s'en voulait d'avoir oublier sa mère, il était en colère d'avoir fait ce que voulait son père, et par-dessus tout, il était triste de ne rien pouvoir y faire…

Severus ravala ses larmes. Il attrapa sa plume et se mit à écrire. Dans une semaine, il y aurait un tournoi de Quiddtich, et son père avait promis de l'y emmener s'il travaillait suffisamment bien. Non pas que le garçon soit particulièrement fan de Quidditch, il en savait bien peu dessus étant donné qu'il sortait rarement, mais il était sûr d'y rencontrer Lucius, et le blondinet avait un père bien au courant des affaires de Damius Rogue… Avec un peu d'habileté, il pourrait peut-être lui soutirer des informations utiles. Car malgré tout ce qu'avait beau se dire Severus, il n'était pas encore détaché de sa mère.

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Severus mettait un point final à son travail lorsque Damius Rogue entra brusquement, ouvrant la porte à la volée. Le maître de maison avait coutume de faire ce genre d'entrée fracassante pour voir son fils sursauter. Mais cela n'arriva pas.

Le fils Rogue ne put s'empêcher de ricaner intérieurement tandis qu'il reposait sa plume. Il était habitué maintenant. Mais il fait dire qu'il s'était aussi bien entraîné à ne plus donner la satisfaction à son père de le voir manifester ce genre d'émotions telles que la surprise, la crainte, ou encore la peur.

Severus se leva et se tourna vers son père, son devoir, s'étalant sur trois parchemins, dans les mains. Si Damius Rogue était déçu de son effet raté, il n'en laissa rien paraître, et s'avança prendre le travail de son fils qu'il commença à lire avec autant d'hautaineté que d'habitude.

Bien évidement, Damius Rogue ne resta pas debout. Comme à l'accoutumée, il prit la chaise de son fils et s'y installa pour parcourir le devoir des yeux.

Le garçon, resté debout, l'observait. Son père avait toujours la même expression de froid général inspectant des troupes, et ses yeux sautaient de lignes en lignes avec plus d'acération que les yeux d'un aigle. Après tout, songea Severus, l'aigle cherchait sa proie et son père cherchait des erreurs pour fondre sur son fils. C'était quasiment la même chose.

Damius Rogue posa la première feuille de parchemin sur le bureau tout en continuant de lire la seconde. Il n'avait encore rien trouvé à redire, et Severus pu se permettre d'esquisser un sourire narquois : son père, plongé dans la lecture ne le regardait pas.

Sûrement une grande frustration pour lui de ne rien avoir trouvé à redire dans le premier parchemin, songea-t'-il avec une satisfaction mauvaise. D'habitude, même la moindre petite faute d'orthographe était repérée et suffisait à valoir au fils Rogue des reproches.

Une sorte de contrariété apparue sur le visage de Damius Rogue lorsqu'il reposa le second parchemin. Il n'avait toujours rien dit, et Severus faisait de gros efforts pour retenir d'afficher un immense sourire satisfait. Quand son père ne trouvait pas d'erreurs et qu'il ne restait plus beaucoup de texte, il avait tendance à lever les yeux. S'il voyait Severus sourire, l'enfant le payerait cher.

Cela ne rata pas : Damius leva cinq fois les yeux durant sa lecture du dernier parchemin, et le garçon se félicita d'avoir appris à connaître son 'ennemi'.

Damius Rogue fit craquer ses poignets et se leva avec une expression bizarre au visage. La gorge de Severus se noua à la pensée d'un doute affreux : il n'allait quand même pas le punir pour avoir rendu un devoir exemplaire ?

Solennellement, Damius Rogue se leva et avança une main vers son fils. Celui-ci s'attendit à être empoigné, ou à essuyer une gifle, mais son père se contenta de lui poser la main sur l'épaule. Un petit sourire en coin se dessina sur ses traits.

-Et bien mon fils, dit lentement le maître de maison. Ca commence à rentrer il faut croire. Tu as bien travaillé… mais voyons voir si tu n'as pas oublié les bases.

Là, il retira sa main, et commença à interroger Severus sur diverses formules. Ils échangeaient questions et réponses à un rythme très rapides, se laissant à peine le temps de respirer ou de réfléchir. Le ton de Damius était redevenu froid, et, après avoir interroger son fils sur les sortilèges déjà vu l'année passée, il passa à des choses plus complexes apprises au cours des trois derniers mois. Il l'interrogea sur certains événements historiques, sur les effets secondaires et immédiats de certains sorts, et même lui demanda de réciter par cœur la liste des ingrédients nécessaires à une potion. A la fin, il se rassit, détaillant son fils avec une étrange expression au visage.

-C'est bien Severus, c'est bien… si tu continue à bien travailler comme ça, tu pourras aller au match de Quidditch de la semaine prochaine…

Le cœur de Severus fit un petit bond. Il était heureux, et en même temps, sa joie était amère : son père repoussait encore son accord ! Damius Rogue se releva et se dirigea vers la porte. Alors qu'il allait la refermer, il se tourna vers son fils et ajouta.

-Bien entendu, tu dois travailler afin d'être prêt pour les autres jours. Tu ne sortiras donc pas.

L'air sadique qui s'affichait alors sur le visage de Damius Rogue fit crisper poings et mâchoires à Severus qui du faire de gros efforts pour ne pas protester et perdre son droit d'aller au match.

Quand son père eut refermé la porte, Severus s'autorisa néanmoins un mot avant de saisir un livre et de recommencer à travailler.

-Salaud.

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Severus marchait à côté de son père sans regarder où il allait. En effet, l'enfant était bien trop occupé à admirer le décor et les gens autour de lui.

Au milieu de la foule dense des supporters de Quidditch, les deux Rogues se frayaient un chemin. Damius, avec son habituel air de maître des lieux qu'il arborait à chaque fois qu'il sortait, marchait d'un pas conquérant et assuré vers une destination connue de lui seul. A son passage, les gens s'écartaient, comme s'ils croisaient une personnalité importante… ou un dangereux criminel prêt à leur lancer un sort s'ils ne débarrassaient pas le chemin assez vite !

Son fils quant à lui, suivait docilement et observait avec émerveillement chaque stand, chaque décoration, et même chaque personne.

Deux ans qu'il n'était pas sorti de chez lui. Deux ans qu'il n'avait vu personne d'autre que son père et les elfes de maison. Mais maintenant, il était enfin dehors, et le monde l'émerveillait.

Avec curiosité, il détaillait les enseignes magiques qui brillaient dans la nuit au-dessus de chaque stand en changeant de couleurs. Il pencha la tête de côté en se demandant pourquoi les supporters portaient tous des tenues ridicules les faisant ressembler à des plantes vertes, ou encore à de gros bourdons, et nota qu'il faisait partie de la toute petite minorité de personne qui n'était pas affublée de la sorte, semblant en décalage dans cet univers de costumes.

Son regard fut surtout captivé par un vendeur ambulant déguisé en ce qui ressemblait à un trèfle. Il hurlait d'une voix forte, faisant la promotion de figurines animées de balais, de mini vifs d'or, ou encore des fameuses multiplettes dont Lucius lui avait parlé il y a fort longtemps. Les balais et mini vifs d'or voletaient autour de l'homme, et l'un d'eux alla même jusqu'à Severus qui fut émerveillé de voir un objet si intriguant de près.

L'enfant leva une main timide pour le toucher, mais une détonation retentit et le petit vif d'or fila se cacher auprès du vendeur.

Severus leva les yeux vers le ciel, car c'était bien de là que provenait le bruit, et son visage fut illuminé de couleurs. L'enfant s'arrêta de marcher, et il observa le feu d'artifice qui éclatait en gerbes d'étincelles oranges, vertes et rouge. Il n'en avait jamais vu auparavant.

Son père, notant la disparition de son fils qui n'était plus à ses côtés, se retourna dans la foule, un air agacé au visage. Lorsqu'il aperçut Severus, il émit un 'Tsss' méprisant, sûrement en se disant que son fils n'était vraiment qu'un pauvre gamin niais. Sa main, telle une serre, se referma sur le bras du gosse qu'il entraîna avec lui.

Manquant de perdre l'équilibre, Severus réalisa alors la situation. Il s'en serait donné des gifles ! Comment avait-il pu se laisser ainsi aller ? De toutes évidences, il avait largement sous-estimé l'effet que pouvait avoir le monde extérieur sur lui. Fronçant les sourcils, Severus se jura de ne plus se laisser avoir. Il ne devait pas oublier ce qui l'attendait au retour et ce qui pourrait lui arriver s'il se laissait aller à vaguer de la sorte. Et surtout, il ne devait pas oublier la belle occasion qui se présentait à lui : bientôt, il reverrait Lucius et ça serrait l'occasion de l'interroger.

Une vive douleur le tira de ses pensées, et il grimaça à cause de la force avec laquelle son père lui emprisonnait l'avant-bras. Il n'avait donc aucune conscience ?

Severus ferma les yeux pour refouler les larmes de douleur qui lui montaient aux yeux, et leva la tête. Il ne craignait pas de se cogner à qui que se soit, étant donné que tout le monde s'écartait au passage de Damius. Il resta un instant ainsi pour que les larmes s'effacent. Malheureusement, il rouvrit les yeux au mauvais moment.

Un autre feu d'artifice éclatait, mélange savant de magie et de savoir moldu. Dans le ciel se dessina un grand balai de couleur verte, qui scintillait de milles feux. Vint ensuite s'ajouter une longue traînée dorée qui aurait pu faire penser à une comète si elle n'avait était précédée d'une petite boule aux ailes d'argent.

Damius continuait de traîner son enfant avec mécontentement, et ce à un rythme rapide. Mais le petit Severus n'y faisait plus guère attention. Ses pensées étaient ailleurs, dans ce monde d'étoiles scintillantes, avec le balai vert et le vif doré.

Est-ce que maman en a déjà vu ? se demanda une partie de l'esprit de l'enfant. Elle aimerait sûrement beaucoup…

Severus trébucha sur une pierre, manquant de s'étaler par terre. Le spectacle dans le ciel sorti de son champ de vision, le ramenant brutalement à la réalité.

Il s'était une fois de plus laisser avoir ! Il sentit une violente colère monter en lui. Il avait envie de se crier dessus… et se rappeler qu'il venait de penser à sa mère ne fit qu'empirer les choses ! Comment avait-il pu ? Il se l'était pourtant déjà dit : elle n'était plus rien, plus rien du tout ! Et il se devait de ne plus penser à elle, et de se concentrer. Quand bien même il voudrait la retrouver, il lui faudrait se focaliser sur la manière de tirer à Lucius des informations… ce qui n'allait pas être une mince affaire !

Deux ans qu'il n'avait pas revu le blondinet, mais il se rappelait très bien qu'il n'était pas du genre à répondre à la légère. Même à six ans, le fils Malefoy cherchait toujours à savoir pourquoi on lui demandait telle ou telle chose… et bien souvent, il arrivait à cerner à peu près les motivations de ses interlocuteurs.

Severus songea qu'il devrait s'en méfier pour cela.

Perdu dans ses pensées, il ne réalisa pas que juste devant lui, son père venait de s'arrêter net. Il lui rentra dedans et poussa un petit cri de douleur et de surprise. Son père avait le dos plus dur qu'il n'en avait l'air !

-Damius ! entendit-il s'exclamer. Alors, nous t'attendions !

-Bonsoir Baltus, répondit la voix du père Rogue d'un ton amical et poli. Bonsoir Endora.

Tout en se massant le nez, Severus vit son père faire un baisemain à Endora Malefoy, sa cape noire volant derrière lui dans une élégante révérence. Aussitôt, l'enfant cessa son geste. Si les parents étaient là, le fils n'étaient pas bien loin, c'était à n'en pas douter. Il entreprit alors de sonder les alentours du regard à la recherche de Lucius. Il n'eut pas à le faire bien longtemps.

Le blondinet arborait un air hautain semblable en tout point à celui de son père. Il se tenait à côté de lui, habillé aussi élégamment que si la petite famille se rendait à une réception.

Severus nota que son ami avait bien grandi, même s'ils avaient toujours la même taille.

Lorsque les yeux du fils Malefoy se posèrent sur son camarade, ses lèvres s'étirèrent en un large sourire qui n'enlevait rien à la malveillance de sa posture.

Endora Malefoy, habillée dans une belle robe verte et grise, sourit à Damius Rogue et fit onduler ses cheveux blonds qu'elle avait lâchés. Elle se tourna ensuite vers Lucius et Severus et annonça avec un petit geste expéditif de sa main droite qui était chargée de bagues.

-Les enfants, allez vous acheter quelques objets avant le match, et revenez ici pour que nous montions dans les gradins dans une demi-heure.

De toutes évidences, Mrs Malefoy excellait dans l'art de faire partir les petits pour que les adultes puissent discuter.

Severus et Lucius s'inclinèrent poliment avant de se regarder, d'échanger un regard suivi d'un sourire complice et de partir en courant. Où, ils ne le savaient pas eux-mêmes. Tout ce qui importait était à présent qu'ils étaient libres. Le stade était à eux, les chemins entre les stands, les bancs, tout cela était à présent à portée de main.

Ils slalomaient entre les sorciers, esquivant vendeurs et supporteurs déchaînés. Bizarrement, comme guidés par un sixième sens, ils ne se perdaient pas l'un et l'autre. Si l'un tournait, l'autre le suivait, même s'il ne le voyait pas.

Severus sentait un sentiment de joie l'envahir tandis qu'il esquivait une grosse dame portant un chapeau en forme de trèfle, et qu'il déboulait plus rapidement qu'un balai dans une allée chargée de monde. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas autant amusé !

Il tourna la tête et aperçut Lucius. Le blondinet lui sourit et désigna un banc un peu plus loin.

Severus hocha la tête. Ils s'arrêteraient là-bas.

Le fils Malefoy atteint l'objectif le premier. Il fit un formidable dérapage juste devant le banc, soulevant un gros tas de poussière, avant de reprendre l'air hautain qu'il arborait au naturel. Il s'assit élégamment, comme un enfant modèle. Personne n'aurait pu se douter que quelques secondes auparavant le blondinet venait de courir à toute vitesse au milieu de la foule comme n'importe quel enfant moldu.

Le fils Rogue ralentit son allure et arriva au banc, un peu essoufflé, mais arborant un grand sourire.

Il s'assit ensuite à côté de Lucius dans un soupire de contentement et se laissa tomber en arrière, s'affalant sur le banc.

Le blondinet rejeta ses cheveux en arrière afin d'avoir un air plus noble, et se tourna vers son ami. Ses lèvres se fendirent d'un petit sourire quand il donna un coup de coude à Severus.

-Alors ! Ça fait un bail qu'on c'est pas vu ! Mon père dit que c'est parce que ton père te fait bosser comme un dingue.

Cette déclaration atténua un peu l'allégresse de Severus tandis que son esprit lui recommandait de faire bien attention et de guetter le moment d'interroger Lucius.

Le fils Rogue se redressa et s'efforça d'adopter une posture aussi noble que son voisin.

-En effet, approuva Severus d'un ton qui se voulait détaché. Tes parents ne te font rien étudier à toi ?

-Bof, répondit le fils Malefoy en haussant les épaules. Poudlard est là pour ça non ? Et puis ils n'ont pas le temps. Avec le travail de mon père, les amies que reçoit ma mère... tu sais que les Black viennent de plus en plus chez nous ?

-Lesquels ? demanda Severus en fronçant les sourcils. Les parents de Sirius ou des trois filles ?

-Ceux des trois sœurs, répondit Lucius dont un sourire étrange fendait à présent le visage. Donc je disais, ma mère reçoit, mon père travaille... le soir il sort en secret, sans avertir ni ma mère ni moi... les elfes en parlaient entre eux, je les ai entendus un jour. Et j'ai guetté mon père pour vérifier : en effet, tous les soirs il va on sait pas où.

Il marqua une petite pause. Severus songea que peu lui importait les allées et venues secrètes de Baltus Malefoy, surtout que d'après ce qu'en disait Lucius, ça ressemblait à une liaison extraconjugale... mais avec un peu de chance viendrait peut-être le moment de parler de son père à lui !

Lucius reprit après un temps de réflexion.

-En fait non. Le week-end, lui et ma mère s'en vont toute la journée, et même parfois toute la nuit... Enfin bon, ils sont très occupés et ne veulent pas non plus me confier à un tuteur, avec toutes les racailles qui traînent…

Les sourcils de Severus se froncèrent tandis qu'il notait quelque chose de très étrange... ça ne pouvait pas être qu'une coïncidence...

-Mon père aussi s'en va le week-end, déclara lentement Severus... t'aurais pas une idée de ce que nos parents pourraient faire ?

Lucius haussa les épaules.

-Pas vraiment. Mais ils en parlent entre eux beaucoup, je le sais.

Le cœur de Severus fit un petit bond et il prit son courage à deux mains. C'était le moment.

-Dis… commença-il d'un ton qu'il essayait de rendre blasé. Tu saurais pas ce que fais mon père par hasard ? Je travaille tout le temps alors je sais pas…

Le blondinet se tourna très lentement vers le fils Rogue et il le fixa un instant. Severus sentit son ventre se retourner tandis qu'un doute s'insinuait dans son esprit…

-Severus, dis lentement Lucius alors qu'un sourire étrange fendait son visage. N'essayerais-tu pas de me soutirer des informations ?

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Severus soupira en donnant un coup de pied dans un petit caillou. Un peu plus loin devant lui, Lucius venait d'arriver devant un vendeur de figurine de Quidditch vêtu de vert. Il avait encore gagné la course ! Mais ce n'était pas ce qui décevait le plus l'enfant.

Il n'avait rien appris de son ami qui avait dit ne rien savoir sur les affaires de Damius Rogue. Et en plus, le blondinet avait clairement signifié à Severus que celui-ci n'était décidément pas doué dans l'art fin d'obtenir des informations.

Un sentiment traversa soudainement l'enfant de part en part, et il cessa d'avancer. La dure réalité le frappait. Ses poings se crispèrent et il ferma fortement les yeux pour refouler ses larmes de rage et de tristesse. C'était fini. Jamais il ne trouverais sa mère. Il avait échoué.

Comme il s'en voulait de ne pas avoir réussi à tenir un masque assez longtemps pour faire parler Lucius ! Comme il s'en voulait d'avoir utiliser les mauvais mots, les mauvaises phrases… ! Il avait été si maladroit… c'était vraiment pitoyable !

Severus rouvrit les yeux, malgré leur humidité encore présente, et observa le blondinet qui achetait à présent quelque chose au vendeur. Il arrivait à savoir ce que Severus voulait, et devant lui, tous ses plus grands efforts étaient balayés d'un geste…

Le fils Rogue serra encore plus les poings, et dans ses yeux ne se lurent plus tristesse ou déception, mais une profonde détermination. On aurait dit qu'un feu ardent venait de s'allumer à l'intérieur de l'enfant, balayant les sentiments qui l'accablaient et le jetaient à terre un instant plus tôt.

Son père n'était pas son plus grand ennemi, bien au contraire. Les ennemis, il y en avait partout, même un ami pouvait par moment devenir notre plus grand danger.

Là, Severus se jura d'apprendre à tenir un masque, non plus simplement devant son père, mais devant le monde entier. Il se devait de cacher ses motivations et ses buts, ses émotions et ses doutes. Il le fallait s'il voulait cesser de n'être qu'un pauvre enfant enfermé par son père et incapable d'être convainquant devant un autre gamin.

Il vit Lucius tendre une poignée de pièces au vendeur et lorgner sur des multiplettes que proposait un stand juste à côté. Le blondinet s'y dirigea et Severus se mit en marche pour le rejoindre. Ou plutôt, il essaya…

Il ne put même pas faire un pas en avant, il ne réalisa même pas ce qui lui arrivait. Il sentit son pied buter contre quelque chose, et réalisa qu'on le poussait dans le dos. Le sol arriva si vite qu'il n'eut pas le temps de lever une main pour amortir sa chute. Il s'étala sur le sol.

Severus retint un gémissement de douleur et tenta de faire disparaître les larmes qui envahissaient ses yeux. Il avait mal… mais ce n'était pas le moment de renier le serment qu'il venait de se faire une minute avant !

-Tiens donc, mais c'est notre ami le sang-pur ! dit une voix railleuse et emplie de méchanceté. Alors, on mange la poussière ?

Une chaussure noire vernie apparue dans le champ de vision de l'enfant resté à terre. Severus fut parcourut d'un frisson intérieur. Il venait de reconnaître la personne qui se tenait devant lui. Un terrible sentiment de tristesse et d'injustice l'envahit. Pas lui… Pourquoi fallait-il qu'il soit mis à l'épreuve si tôt ?

-Allons Sirius, dit vicieusement une voix qu'il ne connaissait pas, il ne la mange pas, il y dort. Et oui, les espèces de petits prétentieux dans son genre ne vivent que dans la poussière de leurs convictions malsaines !

Severus se releva lentement et tenta de cacher sa douleur aux deux jeunes qui le regardaient de haut. Il constata amèrement qu'il ne c'était pas trompé. Sirius Black était bel et bien là, avec son air d'arrogant prince. A ses côtés se tenait un autre garçon de leur âge. Severus ne savait pas pourquoi, mais il lui inspira de suite une extrême antipathie… et le regard que le garçon lui jetait n'y était pas pour rien !

De taille moyenne, avec des cheveux noirs décoiffés et des lunettes, l'inconnu observait Severus avec une intense satisfaction, comme s'il était un répugnant insecte qu'il se plaisait à faire souffrir.

-Hey, il se relève le petit prétentieux, déclara le garçon aux cheveux noirs. Mais va-il rester debout bien longtemps ?

Sirius et lui émirent un ricanement qui noua l'estomac du fils Rogue. Cela ne présageait rien, mais alors vraiment rien de bon…

Severus déglutit. Il tenta de dissimuler la peur qu'il ressentait, et essaya d'avoir l'air assuré.

Tu ne les vois pas Severus, se dit-il. Tu ne les vois pas, fixes le vide…

Il prit une profonde inspiration. Au fur à mesure que l'air entrait dans ses poumons, il se forçait à écouter ses propres conseils, mais les sourires vicieux de ses deux adversaires continuaient de rester devant lui. Il expira et se concentra sur une femme qui marchait un peu plus loin derrière les deux importuns.

-James, mais c'est qu'il nous ignore le bougre on dirait ! railla Sirius en s'approchant un peu plus de Severus. Allons Rogue, tu as trop peur pour parler ?

Ne pas les regarder… tu ne les entends pas Severus !

Il s'efforça de ne pas cligner des yeux. Il savait que s'il le faisait, ils deviendraient humides de larmes et la situation empirerait car Sirius et son ami le remarqueraient. Les railleries fuseraient... et tout dégénérerait.

Regardes la dame Severus, surtout ne les regarde pas eux, si tu pleures, tu es faible, si tu es faible tu ne t'en sortiras jamais !

Luttant, l'enfant concentra son attention sur la femme. Elle était rousse, avec des tresses, et était déguisée elle aussi en une sorte de plante verte, ce qui jurait horriblement avec sa chevelure. Elle tenait dans la main un petit sac à main dans lequel elle farfouilla.

Le nommé James dit quelque chose, mais Severus ne comprit pas quoi. Il réalisa alors qu'il se concentrait suffisamment sur la femme. C'était le moment de tenter de maîtriser son visage à présent…

Allez Severus, un dernier effort, supplia une petite voix dans sa tête, maintenant que tu arrives à ne plus les voir et les entendre, oublies qu'ils sont là ! Ils ne sont pas là Severus, n'ai plus peur !

Le fils Rogue obéit. Les contractions de son visage et sa bouche tordue par l'inquiétude se transformèrent soudain. Il s'était fermé.

Severus tourna alors les yeux vers ses opposants. Son inquiétude revint au galop en voyant que James aussi à présent se rapprochait. D'après leurs têtes, les deux enfants préparaient un mauvais coup.

Non ! intima de nouveau une partie de l'esprit de Severus. Ne leur montre pas que tu as peur ! Gardes cette expression ! Tu peux le faire, tu y arrives très bien devant ton père ! C'est la même chose !

-Vous ne me faîtes pas peur ! s'écria alors Severus dont la voix tremblait légèrement.

Les deux garçons se regardèrent et se mirent à rire. Sirius se glissa derrière Severus dont l'inquiétude grandissante pu se lire pleinement sur son visage. James passa rapidement une main dans ses cheveux tandis que ses lèvres s'étiraient en un sourire carnassier. Il prit Severus pas les épaules.

-Mon pauvre Rogue, dit-il en feignant de la compassion. Tu n'es décidément pas convainquant du tout. Tu t'es regardé ? J'aurais presque pitié. Malheureusement, étant donné que les espèces de maniaques adeptes de la magie noire, comme toi et tous les autres sangs purs, êtes de parfaits crétins, et que tu es en plus très moche, je vais me contenter de te donner ce que tu mérites avec l'aide de Sirius.

Dans son dos, Severus entendit le fils Black bouger. La panique le submergea. Il tenta de se dégager, mais James ne voulait pas le lâcher.

L'enfant se débattit, mais Sirius lui attrapa les mains et les lui maintint dans le dos tandis que James se reculait.

Le cœur du fils Rogue stoppa en voyant le garçon aux cheveux noirs sortir une baguette.

-Il est temps d'expier les péchés de tes ancêtres, Rogue, susurra-il. Et de payer le prix de tes convictions.

Il brandit sa baguette sur l'enfant qui tremblait à présent, un air terrifié au visage, et commença à prononcer une formule.

-Furoncul...

Severus ferma les yeux et détourna la tête. Il avait deviné la nature du sortilège qu'on allait lui lancer. Une larme s'échappa de ses yeux. Furonculus, un sortilège visant à faire pousser d'ignobles furoncles sur la cible. Très durs à enlevées, ces plaies étaient en plus douloureuses.

Un bruit retentit. Severus leva immédiatement la tête. James n'avait pas fini la formule, ce n'était donc pas de son sort que provenait la détonation magique.

Les yeux écarquillés, le pauvre malmené découvrit avec étonnement que le garçon aux lunettes était jeté à terre un peu plus loin. Il gémissait en se tenant la tête, les vêtements couverts de terre. A l'endroit où il se tenait auparavant, il y avait Lucius. Celui-ci brandissait encore sa baguette sur le garçon aux cheveux noirs, mais bien vite il changea de cible et pointa le fils Black tandis qu'un sourire moqueur et sadique illuminait son visage.

Severus sentit que l'étreinte de Sirius se relâchait. Il se dégagea d'une secousse et partit se mettre à côté de Lucius. Il déglutit et épousseta ses habits, toujours sales de quand James et Sirius l'avaient mis à terre. Même s'il était à présent en sûreté, le cœur de Severus battait la chamade et la terreur se lisait toujours dans ses yeux. Il avait vraiment cru qu'il était fini.

-Alors, railla Lucius en fixant le fils Black d'un air mauvais particulièrement inspiré. Comme ça les défenseurs des moldus tentent de s'affirmer ?

Il émit un petit rire et d'une main remit ses cheveux blonds en place.

-Comme vous avez pu le voir, deux traîtres au sang ne valent pas un sang pur. Mais je suis d'avis que même à dix je vous aurai eu, pour la simple et bonne raison que vous êtes des sorciers de pacotille.

Sirius fulminait, les poings crispés. Un peu plus loin, James se relevait, le nez en sang, sa baguette à la main. Il avait l'air tout aussi furieux que Sirius, et ses yeux brillaient d'un éclat de rage. Severus fut parcouru d'un frisson et son cœur se serra en voyant que cette haine était dirigée non pas sur Lucius, mais sur lui. De toute évidence, pour James, c'était de sa faute si Lucius venait de l'envoyer littéralement mordre la poussière.

Pourquoi, pensa tristement Severus, pourquoi c'est toujours moi ? Qu'ai-je fais de si mal pour mériter qu'ils me haïssent à ce point ?

Le fils Malefoy suivit le regard de son ami et aperçut la baguette dans la main de James. D'un rapide sortilège de désarmement, Lucius fit s'envoler l'arme du garçon aux cheveux noirs et l'attrapa au vol de sa main libre avant de la tendre à Severus.

-Toi qui n'as pas de baguette, lui proposa le blondinet, ça pourrait te dépanner.

Le cœur du fils Rogue fit un bond. Il allait pouvoir avoir une baguette ! Même si elle venait de cet inconnu de James après ce qu'il lui avait fait ça n'aurait été que justice. Ne venaient-ils pas, lui et Sirius, de l'agresser sans raisons ?

Il tendit la main et s'empara de la fine baguette. Il la contempla un instant puis leva les yeux vers Sirius et James. Ils semblaient prêts à se jeter sur lui et à l'étriper.

-Rien que pour avoir touché à ma baguette, prévint James en pointant un doigt accusateur sur Severus, je te ferais cinq fois pire que ce que tu as failli recevoir !

La menace d'un désespéré. Severus l'identifia facilement. Il reposa les yeux sur la baguette. C'était lui maintenant qui avait l'avantage. Il releva les yeux vers James et Sirius qui avaient le visage tordu de fureur. Lucius, lui, attendait calmement en pointant sa baguette sur les deux autres avec un air supérieur.

-Rend cette baguette Rogue ! hurla Sirius. Et on ne t'amochera pas trop la prochaine fois.

-Oh la ferme, fit Lucius d'un air lassé.

Il agita sa propre baguette et le fils Black se mit à cracher des bulles de savon. James, inquiet, se pencha vers son ami pour le soutenir tout en foudroyant les deux sangs-purs du regard.

Severus regarda encore un instant la baguette. Il prit sa décision.

Il leva le genou en tenant une extrémité de la baguette dans chaque main, et la brisa dessus. Il jeta ensuite les morceaux aux pieds de James. Maintenant, ils avaient une raison valable de le haïr.

-On s'en va, déclara froidement Severus à l'intention de Lucius. Ne traînons pas un instant de plus en compagnie de la racaille.

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Severus et Lucius marchaient en silence, fendant la foule. Personne parmi les supporters ne remarquait ses deux enfants perdus dans leurs pensées.

Les deux garçons se remémoraient individuellement les derniers événements de la soirée.

Le visage fermé, le regard durcit, Severus avait les yeux fixés devant lui, mais il ne voyait pas vraiment les stands multicolores, et les harangues des vendeurs parvenaient à ses oreilles sans qu'il les comprenne.

A côté de lui, Lucius était beaucoup plus calme et naturel. Un léger sourire flottait sur les lèvres du blondinet qui marchait tête haute, comme un vaillant petit soldat de retour d'une escarmouche d'où il viendrait de ressortir avec les honneurs.

Severus bouillait de colère intérieure. Il venait de briser la baguette de James… Mais ce garçon l'avait mérité, oh que oui ! Qu'il ose venir s'en plaindre un peu ! Ne l'avait-il pas, avec Sirius Black, lâchement attaqué ?

D'ailleurs, pourquoi s'acharnaient-ils ainsi sur lui ? C'était réellement injuste !

Les poings de Severus se crispèrent. Il ne ressentait plus aussi intensément cette immense tristesse impuissante, comme il y a deux ans lorsque Sirius l'avait mis à l'eau. A vrai dire, il doutait qu'elle soit encore présente. La seule chose qu'il ressentait en ce moment, était une violente colère.

En y réfléchissant bien, Severus du reconnaît qu'il y avait aussi un autre sentiment, mais il ne parvenait pas à le définir. C'était quelque chose d'étrange, qui vous serrait la gorge et vous oppressait le cœur. En même temps, cela le forçait à se justifier pour ce qu'il venait de faire : briser la baguette de James… mais il l'avait mérité !

Perdu dans sa fureur, les pensées du fils Rogue parvinrent quand même à une interrogation : qui était ce James ?

-Lucius, demanda alors Severus. C'était qui ce garçon à lunettes avec les cheveux noirs qui accompagnait Sirius ?

Le fils Rogue vit son ami tourner la tête vers lui. Le blondinet leva la main droite et examina ses doigts.

-James Potter, répondit-il en délogeant une petite saleté de sous un ongle. Fils unique d'une famille de traîtres-au-sang qui remonte à… je ne sais plus quand, mais à loin.

Severus émit un grognement.

-J'aurais du me douter que Black irait chercher ce genre de racaille… il n'y a que des sangs-de-bourbe ou des défenseurs des moldus pour se livrer à de telles basseries…

Lucius stoppa net et sa main retomba lentement le long de son corps. Un étrange sourire fendit son visage. Lorsqu'il parla, ce fut d'un ton qui fit frissonner intérieurement Severus. C'était un air mielleux sous lequel on devinait une sorte de sournoiserie.

-Severus… quel changement… !

Le fils Rogue détourna les yeux de son ami et recommença à marcher, Lucius à sa suite.

-Je n'ai pas changé, dit-il. J'ai réalisé.

Le blondinet arriva au niveau de son ami et lui jeta un regard interrogateur. Non pas qu'il ne comprenne pas, mais il voulait que Severus développe sa pensée. Le fils Rogue expliqua.

-Ils m'attaquent sans raison, ce sont des gens violents, comme les moldus qui se battent entre eux, ils ne me causent que des problèmes. Sans ce genre de déchets, la communauté sorcière irait bien mieux…

-Sans compter, susurra Lucius, que si tu y réfléchis bien, c'est de leur faute si ta mère n'est plus là.

Severus stoppa net. Son trouble s'étalait pleinement sur son visage. Il dévisagea son ami qui attendait en face de lui avec un drôle de sourire aux lèvres.

Et alors, une évidence le frappa. Lucius avait totalement raison !

-Oui, murmura Severus toujours troublé. Oui… si Sirius ne m'avait pas fait tomber dans l'eau et ne m'avait pas accusé, mon père et ma mère n'auraient jamais eut cette dispute et…

Les mots moururent dans sa gorge. Le chagrin qu'il avait éprouvé à ce moment lui revint en mémoire. Il ne pouvait continuer à en parler devant Lucius…

Severus secoua la tête, les yeux humides. Ses poings se crispèrent.

-C'est de sa faute ! s'écria-il.

Il leva les yeux vers Lucius qui avait le même air sournois que tout à l'heure. Apparemment, il semblait satisfait d'avoir fait réaliser cela à Severus.

Le blondinet s'approcha du fils Rogue et, en bon camarade, passa un bras autour de ses épaules. Ils commencèrent à marcher.

-Oui Severus, commença Lucius. C'est de sa faute. Et tu as bien vu que ces traîtres-au-sang sont tous pareils ! James ne t'avait jamais vu mais il n'a pas hésité à t'attaquer ! Ils sont tous pareil, tu mettrais n'importe quel moldu ou traître-au-sang à la place de Sirius le jour où il t'a mis à l'eau ça aurait été la même chose. Sans eux le monde serait vraiment bien meilleur…

Severus avait maintenant des larmes dans les yeux. Penser à sa mère et à ce qui lui était arrivé, se rappeler combien on lui en voulait injustement, l'avait rendu très triste. D'un revers de la main il essuya ses larmes, et il tourna vers Lucius un visage déterminé et remplit d'une haine nouvelle qui avait déjà commencé à naître après qu'il eut brisé la baguette de James. Une haine que Lucius avait attisée.

-Oui, répéta le fils Rogue. Le monde serait vraiment bien mieux sans eux…

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Après quelques minutes de marche silencieuse, les deux enfants débouchèrent enfin sur la rue où attendaient leurs parents.

Depuis tout à l'heure, Severus n'avait eu de cesse de tourner et retourner dans sa tête sa rage fulminante contre Sirius et James. Il en était sûr, il les haïssait ! Mais l'enfant se demandait si tous les autres traîtres-au-sang étaient comme eux, s'ils méritaient aussi d'être détesté. Sur le moment, cela lui avait paru évident que oui, mais il doutait à présent…

Le fils Rogue jeta un regard en biais à son ami dont les cheveux blonds bougeaient à chaque pas. Sûrement avait-il raison…

Tandis qu'il reportait son attention sur le chemin en face de lui, les arguments évoqués par Lucius lui revinrent en mémoire. Et là, il n'eut plus aucun doute, et il savait dorénavant que s'il venait à se questionner, repenser à sa conversation avec Lucius dissiperait tout.

Severus réalisa soudain que lui et son ami étaient déjà parvenus à leurs parents. Damius Rogue, son habituel air fourbe et vicieux au visage, avait les bras croisés sur le torse et dardait un regard profond sur son fils.

La gorge de l'enfant se serra, mais il s'efforça de ne rien laisser paraître. Ce n'était pas le moment d'avoir peur. Quand Damius Rogue avait ce regard, c'est qu'il voulait savoir comment s'était comporté son enfant. Si celui-ci frémissait ne serait-ce qu'un peu, ou détournait honteusement le regard, c'est qu'il était en lien direct avec quelque chose que son père pouvait lui reprocher. Severus savait fort bien que c'était ça que son père faisait. Et il savait aussi qu'au moindre signe, une monumentale correction sans sommation l'attendrait au retour à la maison.

Lucius se précipita dans les jambes de ses parents. Endora Malefoy passa affectueusement une main dans les cheveux de son fils et Baltus Malefoy déclara avec un grand sourire aux lèvres.

-Allons-y ! Si nous tardons trop, nous devrons passer au milieu de la foule pour accéder à nos places… et aucun d'entre nous ne souhaite être mêlé avec n'importe qui… dans les foules il y a tellement de sorciers indignes...

La famille blonde commença alors à partir d'un pas lent vers le stade que Severus apercevait au fond. Mais Damius Rogue ne bougea pas. Pendant quelques secondes, il continua de fixer son fils d'un air mauvais, avant de pivoter sur lui-même et de se mettre en route, faisant voler derrière lui son catogan et sa cape.

La gorge nouée, Severus le suivit.

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Severus suivit son père entre deux rangées de sièges de velours rouge. La tribune officielle était vraiment confortable. Placée en hauteur, elle offrait une vue imprenable sur tout le terrain de Quidditch dont l'herbe bien verte était tondue. Il n'y avait qu'une vingtaine de sièges, et peut importe où l'on se plaçait, on voyait toujours aussi bien le jeu.

Damius Rogue serra la main d'un homme mince et bien habillé qui se tenait dans la rangée de sièges du devant, avant de s'asseoir à côté de Baltus Malefoy.

Le fils Rogue quant à lui, passa devant les deux pères de famille et Mrs Malefoy, pour aller s'asseoir à coté de Lucius, qui se tenait, assis bien droit à côté de sa mère.

L'enfant s'assit avec soulagement, et lutta contre l'envie de se masser les jambes. Pour accéder à la tribune officielle, il fallait monter pleins d'escaliers, et Severus ne faisant pas vraiment de sport dans sa petite chambre, n'avait pas l'habitude de solliciter ses muscles pour tant d'efforts.

Il se força à adopter une posture noble comme son ami. Après tout, s'il voulait tenir un masque, il devait s'y entraîner en tout temps.

Lucius se pencha vers lui, un air malicieux au visage, et lui désigna l'homme bien habillé à qui son père venait de serrer la main.

-C'est Hector Rouldoublon, le ministre des jeux et sports magiques. Il va faire le commentaire du match.

Le fils Rogue détailla Rouldoublon. Assez grand, les cheveux bruns virant au gris, l'air sérieux, il était plongé dans une conversation avec un très jeune homme assez bien bâti vêtu d'orange et qui tenait un balai à la main.

Le fils Malefoy eut une moue de mépris en voyant que Severus regardait l'autre homme.

-Lui c'est Ludo Verpey. Il joue dans le match de ce soir… un parfait crétin si tu veux mon avis… même s'il est assez doué sur un balai.

Verpey éclata de rire et fit un signe de la main au ministre des jeux et sports magiques avant de sauter sur son balai et de filer sur le terrain.

Il fit quelques pirouettes vertigineuses que Severus ne put s'empêcher d'admirer, et salua les spectateurs déjà présents avec de grands gestes, avant de filer vers une porte au niveau du sol, qui devait donner sur les vestiaires.

Lucius soupira.

-Quinze ans et il se pavane comme une star ! Rien que pour ça, j'espère que l'équipe d'Irlande va lui mettre la pâté ! Quitte à ce que l'Angleterre perde… de toute façon, jamais l'équipe des Frelons n'aurait du être choisie pour représenter notre pays… Rouldoublon est un excellent ministre, mais sur ce coup là, il a pas assuré.

Les minutes qui suivirent furent pleines des explications de Lucius sur des techniques de Quidditch au noms étranges que Severus avait le plus grand mal à comprendre, le stade se remplissant, petit à petit pendant ce temps là. Soudain, alors que Lucius expliquait à Severus en quoi consistait la feinte de Wronsky, un curieux silence s'empara du stade.

Hector Rouldoublond venait de se lever. Severus l'entendit murmurer une formule d'amplification de voix, et le ministre commença à parler.

Il fit un discours d'introduction classique, présentant les équipes, les joueurs et l'arbitre qui pénétrèrent tour à tour sur le terrain sous les hourras de la foule, puis le match débuta.

Severus en eut le souffle coupé. Tout allait si vite !

-Verpey a le souaffle ! Passe en hauteur à Progle ! Ah dommage pour la joueuse irlandaise Vanda, c'est trop loin ! Oh ! Belle interception de Yulrik qui fonce vers les buts anglais ! Ouh ça fait mal ! Cognard vicieux par Francis Delmas de l'équipe anglaise ! Et Verpey reprend la balle !

Le jeune homme se mit alors à faire diverses figures, feintant tous les adversaires qui se jetaient sur lui, avant de filer comme une flèche vers les buts, où une autre de ces pirouettes trompa le gardien et lui permis de marquer sans gros effort.

La foule rugit de triomphe, et de petits drapeaux anglais se mirent à voler parmi le public.

Verpey fit un tour d'honneur et tendis une main que son ami batteur, Delmas, vint frapper. Ils se firent une franche accolade avant de se remettre en position pour la nouvelle balle.

-Et c'est Vanda qui prend le souaffle ! A non, je n'ai rien dit, Delmas a décidément le bras agile pour expédier des cognards si vite ! Et c'est Progle qui prend la balle ! Esquive d'un cognard de Olmer, et passe à Jonson ! Interception de Yulrick ! Il tire et… manqué ! Verpey reprend le souaffle ! Belle avancée, passe à… oh mais…

Instinctivement, Severus se leva, et il remarqua à peine que tout le monde faisait de même.

Dans un coin reculé du terrain, les deux attrapeurs fondaient sur un petit point brillant.

-Le vif d'or ! Les joueurs sont au coude à coude ! Qui l'aura en premier ?

Severus se mordit la lèvre. Les deux joueurs avaient tendu un bras… Soudain, alors qu'ils allaient s'écraser au sol, ils remontèrent. L'un d'eux tenant dans sa main l'objet brillant.

-Et c'est Gornis de l'équipe irlandaise qui a le vif d'or ! Mais… attendez…

Le joueur irlandais se dirigea vers la tribune officielle et remis ce qu'il tenait dans la main au ministre avec un air désappointé.

L'homme haussa un sourcil et déclara en tendant à bout de bras l'objet qui sembla étrangement à Severus ne plus être un vif d'or.

-Qui a laissé tomber sa montre ?

La foule éclata d'un même rire, mais personne ne se manifesta.

-Cette personne pourra venir la rechercher à la fin du match. Bon aller, continuons ! Progle passe à Verpey, Verpey feinte…

Severus se laissa retomber dans son siège et suivit les joueurs des yeux. Bizarrement, il s'était senti, comme les autres, gagnés par l'excitation du match. Pourtant, il n'aimait pas spécialement le Quidditch…

Alors qu'il commençait à réfléchir sur la question, il vit de nouveau les deux attrapeurs fondre sur un objet doré.

-Je vous préviens, déclara Rouldoublon. Si c'est encore une montre, et qu'elle est aussi belle que la précédente, je la garde !

La foule éclata de rire et la tension diminua quelque peu. Tout le monde gardait néanmoins les yeux rivés sur les joueurs. Au bout d'une seconde qui sembla une éternité, les deux joueurs atteignirent enfin le supposé vif d'or. Les supporters anglais hurlèrent de joie lorsque l'attrapeur des Frelons remonta en tenant la petite balle dorée et se mit à faire un tour d'honneur.

-Ça aura été le match le plus rapide que j'ai jamais arbitré, commenta doucement le ministre. Bravo les Frelons !

L'équipe gagnante se rassembla au centre du terrain et, guidée par Ludo Verpey, se mit à faire des figures acrobatiques pour fêter leur victoire.

Severus entendit le bruit d'un feu d'artifice qui éclatait dans le ciel. Il se força à ne pas lever les yeux.

Il tourna la tête vers Lucius, qui, malgré tout ce qu'il avait bien pu dire, semblait très heureux que l'Angleterre ait gagné.

Un peu plus loin, Severus aperçut son père, qui le regardait avec suspicion. La gorge de Severus se noua, et il se félicita de ne pas s'être laissé tenté par le feu d'artifice, qui, à coup sûr, l'aurait de nouveau hypnotisé.

Prenant exemple sur Baltus Malefoy, le fils Rogue se tint bien droit et prit un air satisfait de la victoire de son pays.

Il n'oublierait plus de mettre son masque dorénavant…

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Severus marchait à présent en silence à côté de Lucius. Une fois la remise de la coupe et les traditionnelles félicitations finies, le stade c'était peu à peu vidé.

A présent, Baltus et Endora Malefoy discutaient tranquillement avec Damius Rogue. Les adultes semblaient avoir totalement oublié leurs enfants, qui n'en demandaient pas moins pour pouvoir s'amuser librement.

Ils s'éloignèrent un peu, évitant les groupes de supporters qui se réunissaient pour boire à la victoire de leur pays, ou pour se désoler du manque de chance de leur équipe.

Lucius remis ses cheveux blonds en arrière et se dirigea vers un banc. Il fit signe à Severus de s'asseoir à côté de lui.

Le fils Rogue se posa à côté de son ami et ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Lucius était si soigné, si bien peigné… et lui, avec ses cheveux gras, de quoi avait-il l'air ?

Maman me les lavait avant…pensa l'enfant malgré lui. Mais depuis qu'elle n'est plus là...

Une nouvelle fois, Severus eut envie de pleurer et de se gifler. Il ne devait pas penser à sa mère, et pourtant il continuait, encore et encore !

L'enfant s'efforça de se calmer et de conserver un air normal. Mais Lucius n'était pas dupe.

-Qu'est-ce qui va pas ? fit le blondinet en haussant un sourcil. T'es énervé de pas savoir ce que fait ton père ?

Severus hocha la tête.

-Oui, mentit-il, ne voulant pas avouer la vérité.

Lucius balaya les environs du regard, comme pour s'assurer que personne ne les espionnait, puis se pencha sur le fils Rogue.

-Ecoute, lui murmura-il, le moyen le plus simple c'est encore que tu sortes et que tu fouilles dans ses affaires…

Severus fit non de la tête.

-Il verrouille la porte, le seul moyen de l'ouvrir c'est un Alohomora… et je n'ai pas de baguette.

Le fils Rogue fixa alors le blondinet un long moment, un doute germant dans son esprit. Il plissa les yeux et déclara d'une voix étrangement légère.

-Dis-moi Lucius, n'essaierais-tu pas de m'amener à te procurer des informations ?

Un large sourire fendit le visage du blondinet qui donna une petite tape dans le dos de son ami.

-Tu deviens malin mon vieux Severus.

Le fils Rogue garda un air détaché, bien qu'il fut intérieurement mi-furieux contre celui qu'il appelait 'ami', et mi-content de lui-même d'avoir réussi à ne pas se faire avoir.

-Dis-moi juste, lâcha-il en s'efforçant de ne pas hurler sur le fils Malefoy, tu ne va pas fouiner dans les affaires de ton père par couardise ou alors tu as déjà essayé sans succès ?

Lucius s'adossa tranquillement et rejeta encore une fois ses cheveux en arrière.

-Un peu des deux on va dire. J'ai déjà fouillé dans ce qui n'est pas protégé… je ne suis pas assez expérimenté pour essayer de désamorcer les protections magiques du bureau de mon père… si j'essayais je raterais sûrement et la punition ne serait pas des plus agréables…

Le blondinet se redressa alors et colla son visage tout prés de celui de Severus.

-Mais toi, avec tout ce que ton père te fait apprendre, tu pourrais peut-être réussir…

Ses yeux luisaient d'un éclat ardent, d'une volonté profonde, un plan si mauvais… Severus en fut effrayé. Il voulait que lui, aille prendre tous les risques et il voulait le manipuler du fait qu'il était obligé d'étudier ! Severus bouillonnait d'une colère triste. Lucius ne le fréquentait-il donc que par intérêt ? L'enfant s'efforça de rester calme et adopta un air songeur.

Lucius, son ami, cherchait à profiter de lui… décidément, il avait bien eut raison de penser que tout le monde est un ennemi en soi…

Mais malgré tout, le blondinet restait motivé par la frustration d'ignorer ce qui faisaient leurs parents… peut-être pourrait-il se servir de ce fait pour que le manipulateur devienne manipulé.

-Il faut voir, déclara Severus. Mais j'aurais besoin d'une baguette.

-Je peux te prêter la mienne, avança Lucius. Demain c'est dimanche nos parents partiront, tu caches la baguette, tu fouilles et tu me renvoies les infos et la baguette par hibou.

Severus eut un petit rire silencieux.

-Et si jamais je me fais prendre on m'accusera du vol de ta baguette et je serais puni pour ça en plus d'avoir voulu fouiller les affaires de mon père tandis que tu n'auras rien ? Non désolé, j'ai une meilleure idée…

A son tour, le fils Rogue jeta des regards inquisiteurs aux alentours avant de se pencher vers son ami. Il avait un plan. Il n'était plus un faible ! Il tenait son masque ! Et peut-être même que ce plan fou qu'il avait monté, même s'il n'y croyait pas, allait se faire avec l'accord de Lucius… Il en serait le chef !

-Personne ne te garde le week-end, quand les parents s'en vont pas vrai ? Et si je travaille bien, mon père permettra qu'on reste ensemble…

Le visage du blondinet se transforma, il avait l'air inquiet à l'idée de ce que le fils Rogue allait suggérer.

-Il n'y a pas de raison pour qu'on ne partage pas les risques ! s'exclama Severus. Tu viens un week-end. Le samedi je m'entraîne à lancer des sorts et on repère les protections. Le dimanche on passe à l'application. Il n'y aura que le soir et le matin, quand mon père sera là, qu'on ne pourra pas passer à l'acte, mais ça nous laisse bien assez de temps.

-Tu es fou, murmura Lucius, mi-admiratif, mi-craintif devant tant d'audace et de planification. Ça ne marchera jamais…

Severus lui fit un sourire de comploteur.

-Avoue qu'en théorie, c'est faisable…

Cependant, une partie de lui savait que même si Lucius acceptait et que les conditions du plan se trouvaient réunies, ça ne marcherait pas. Tout de même, il n'avait que huit ans ! Et son père était un puissant magicien comment pouvait-il ne serait-ce que penser pouvoir désamorcer puis remettre en place les protections magiques de son père ?

Une partie de lui-même ne voulait pas le faire. Une partie de lui-même, assez majoritaire, avait peur…

Mais une autre partie, pleine d'espoir, pensait qu'il était en train de sortir de sa condition misérable. La preuve : il arrivait maintenant à ne plus trop montrer ses émotions, c'était lui qui dirigerait cette expédition… ne se devait-il pas de continuer pour ne pas perdre ces atouts ?

Lucius toussota, mal à l'aise.

-Tu sais… finalement c'est peut-être une si bonne idée que ça… mon père dis que ton père il y va pas molo sur les protections magiques… je pense que tout bien réfléchi, tu arriverais peut-être pas à les désamorcer.

Severus ne put s'empêcher de rire. Evidemment, quand on parle de s'engager, les couards se défilent…

-Si tu as trop peur, je comprends Lucius, fit Severus d'un air de défi. Pas la peine d'essayer de me le cacher. Enfin bon, il n'empêche que si tu ne te décides pas à prendre des risques tu n'iras pas bien loin dans la vie…

Lucius recula un peu et considéra le garçon aux cheveux gras avec un petit sourire.

-J'ai du mal à croire que c'est le même Severus que j'ai sauvé des traîtres-au-sang qui se tient devant moi… aller, ça marche ! Mais on ne doit pas le faire dans l'immédiat. Ça serait mieux qu'on attende qu'on se soit renseignés sur les protections qu'on peut trouver… de mon côté je m'entraînerais aussi.

Severus hocha la tête.

-Bien. On fera le point quand on se verra… ça serait bien qu'on puisse se rencontrer une fois par mois… minimum une fois tous les deux mois.

Lucius approuva, et désigna, au loin, Endora Malefoy qui leur faisait signe d'approcher. De toutes évidences, c'était l'heure de partir.

Les deux garçons se levèrent et rejoignirent leurs parents.

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Ce soir-là, allongé dans son lit, Severus regardait le ciel par la haute fenêtre de sa chambre.

Il n'aurait pas su dire pourquoi, mais il se sentait triste… peut-être à cause de sa rencontre avec Sirius et James, ou de l'attitude de Lucius… les deux sans doutes.

Le fils Rogue repensa à sa mère. Etait-ce son souvenir qui le rendait si mélancolique ? Ou le fait d'avoir perdu l'espoir de la retrouvée… ?

Non. Il n'avait pas perdu l'espoir. Severus se mordit la lèvre inférieure. En fait, qu'en avait-il à faire des affaires de son père ? Au fond de lui, s'il avait accepté l'offre de Lucius, n'était-ce pas pour sa mère ?

L'enfant se prit la tête entre les mains. Il ne savait plus ! Des larmes s'échappèrent de ses yeux fermés.

Pourquoi continuer de s'attacher à sa mère ? Elle était partie depuis si longtemps… ce n'était plus rien ! A quoi bon vouloir la retrouver ?

Mais en même temps, c'était mal de l'oublier… elle était si gentille…

Severus se redressa dans son lit, l'estomac noué, les yeux humides.

-Je ne sais plus… gémit-il. Que dois-je faire ?

Il leva les yeux vers la fenêtre, et une douce lumière inonda son visage jeune. Il voyait enfin la lune.

Et voilà fin du chapitre 2 ! :) N'hésitez pas à laissez des reviews pour me dire ce que vous en pensez ! Comment trouvez-vous le style d'écriture ?

Ca vous à plu ?

Que pensez-vous qu'il va arriver à ce pauvre Sévy ?

Au fait si vous voulez que je réponde à vos rewiews, laissez moi votre mail !

Ps : Dsl si jamais il manque des é ou des à :s c'et la mise sur le site qui les enlève.