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Cherchez l'intruse !

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Résumé : Une moldue habite un orphelinat à Londres et remarque des gens étranges. Quand elle va décider de les suivre discrètement, sa vie va basculer malgré elle.

Disclaimer : Les personnages snif et les lieux ne resnif m'appartiennent pas..

Résumé du chapitre précédent : Elise a obtenu le job, et commence à prendre possession des lieux, mais remarque que mrs Stanie l'a tenue à l'écart du dernier étage de la maison. Elle rencontre enfin les voisins du numéro 1 : les Abbot. Elle s'entend tout de suite très bien avec eux, quand soudain elle aperçoit dans les mains de leur fille des photographies animées.

Petit mot de l'auteur : et hop, tout de suite un nouveau chapitre lol J'ai eu le temps alors j'en profite ;o)

Chapitre 2 : Sam Abbot

Elise s'était levée tôt machinalement. Bien sûr, tout le monde dormait un samedi matin. Elle n'avait pas spécialement faim et elle n'allait pas chez mrs Stanie aujourd'hui. Elle avait donc tout son temps.

Elle resta quelques minutes à écouter les respirations chuintantes et régulières de ses camarades de chambre. Mary n'avait plus aucun mal à respirer depuis que l'infirmière lui avait donné un sirop pour son allergie. Son bras était replié sous son oreiller, son visage reflétait la quiétude du sommeil et elle souriait. Peut-être rêvait-elle de son petit-copain.

Cette idée acheva totalement de la réveiller. Elise s'allongea silencieusement sur son matelas pour se saisir de son journal. Les crissements de son stylo semblaient résonné dans la salle silencieuse.

« Le samedi 26 juin 1992,

« Cher journal,
« Je me suis réveillé à l'aube comme si j'allais chez mrs Stanie. Plus tard, il faudra que je me recale si je veux réussir un jour à refaire une grâce matinée. Une lettre pour moi est arrivée durant la nuit : elle a été posée sur ma table de nuit. Je reconnais l'écriture régulière d'Hermione. Impossible de savoir si je devrais me réjouir de cette lettre : si je vais enfin pouvoir la revoir, il est plus qu'évident qu'elle me cache quelque chose (elle le dit ouvertement). Et il semble que cette chose soit dangereuse. Je suis vraiment inquiète ! J'espère qu'elle ne s'est pas laissée entraîner dans quelque chose de louche ! Mais je tourne autour du pot, je ferais mieux de recopier ici la lettre.

« Ma petite Lise,

« Je suis super heureuse d'avoir reçu ta lettre. Désolée de t'avoir délaissé cette fin d'année, mais j'étais très occupée. Comme tu le sais, je suis très absorbée par mes études. J'ai passé une année très intéressante, si tu savais comme j'ai eu peur de ne pas pouvoir rentrer pour les vacances. Cette année, il s'est passé assez de choses pour écrire un livre policier.
« Tu te souviens de la description que je t'avais faîte du professeur Rogue ? Comme quoi c'était un type louche ? J'avais tout faut : le type louche c'était un autre professeur. Mais il ne pourra jamais témoigner.
« Ca fait un peu bizarre de te dire ça comme ça. Mais bien que je ne puisse pas t'expliquer l'histoire en entier, ça me fait du bien de t'en parler. Ne m'en veux pas. C'est juste que lors d'un moment spécial, tu m'as réellement manqué. J'ai réalisé que c'était triste que tu ne sois pas là.
« Sinon devine quoi ? Je suis de retour à la maison depuis hier ! Tu viens me voir aujourd'hui, n'est-ce pas ? Appelle-moi dès que tu peux.

« Affectueusement,
« Hermione

« Je préfère ne pas m'attarder sur cette lettre qui ne ressemble pas à une lettre d'Hermione, et elle est pourtant la plus intéressante que je n'ai jamais eu. J'irais la voir après le thé chez Marilyn.
« Le thé chez Marilyn. Ca devrait me rendre nerveuse. Je devrais avoir les mains qui tremblent et des sueurs froides. Mais non. Je trouve la perspective d'aller boire le thé agréable. Comme si je n'avais jamais vu les photographies. Pourtant j'ai bien vu ces deux garçons se pousser pour avoir la meilleure place sur la photo en rigolant et en faisant de grands signes à Hannah et son père. »

Un bâillement m'empêche de continuer : Mary s'étire dans son lit avec la douceur d'un chat. Elle me sourit, les yeux pleins de sommeil. Je lui rends son sourire.

« C'est étrange de te voir le matin.. Tu reste là toute la journée ?
- Non, je vais prendre le thé chez des voisins de mrs Stanie, puis je me rends chez Hermione. »

Elle ne lui avait pas parlé des Abbot.

« Mary ?
- Hummm ?
- Que penserais-tu si tu voyais une image bouger ?
- Sans doute que j'ai oublié d'éteindre la télé, pourquoi ? »

Elle décida de ne rien lui dire. C'était déjà un fait d'avoir un peu espionner leur vie, s'en était un autre de l'étaler devant des personnes inconnues. Elle ne dirait rien.

« Rien. »

Elle descendit prendre son petit-déjeuner. Ses pensées ne se calmaient pas et elle ne trouvait aucun réconfort à écrire dans son journal.

Car une idée folle s'interposait en elle.

Une idée absurde.

Une idée que seule une lectrice de livres fantastiques pouvait formuler, presque naturellement.

Ce genre d'idée qui s'insinue en elle pour ne plus en ressortir, qui dessine sur les murs de son esprit, qui change le sol en plafond et qui nome le plafond sol.

Une idée qui tenait en cinq lettres.

Si Elise n'avait pas eu tant d'imagination – ou de futilité aurait corrigé madame la directrice – elle aurait pensé à des hologrammes. L'entendement aurait eu raison de l'intuition et de la volonté.

Mais Elise voulut croire ce que disait Claude Bernard 'C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d'apprendre.'

Elise voulu croire qu'il y avait un mystère caché.

Le plus beau des mystères en cinq lettres.

Si seulement elle pouvait ne pas oser le penser.

Penser comme tout le monde 'illusionnisme', 'prestidigitation' ou 'tour de passe-passe'.

Elise ne pouvait penser qu'à...

... 'magie'.

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Pour la centième fois - il lui semblait - Elise remit ses cheveux en place. Une maison aussi immense que mrs Stanie, mais pas aussi impressionnante ni aussi attirante. Mrs Stanie n'aurait peut-être pas dit 'magnifique' dans son ton si lourd de sens, qui signifie un peu que tout doit être parfait.

Cette maison ressemblait à peu à celle de mrs Stanie, mais elle avait un étage de moins. Elise se força à ne pas penser 'le grenier en moins'. Elle avait aussi quelques dessins d'enfants sur les murs, un ballon en mousse dans la pelouse. De la fumée s'échappait de la cheminée. Les vitres avaient besoin d'être lavées, mais elles étaient encore correctes. Les mauvaises plantes n'étaient pas arrachées, mais le gazon était tondu. Des rires d'un enfant s'échappaient malgré la porte close.

Elise, incapable d'aller sonner tout de suite, voulu prendre le ballon dans ses mains pour se calmer un peu. Juste l'envoyer dans l'herbe. Mais à peine s'était-elle penchée que le ballon fut poussé d'une dizaine de centimètres en s'exclamant d'une petite voix étrange :

« Fiche-moi la paix ! »

Elise n'en revint pas. Elle essaya de calmer ses pensées qui lui criaient magie, magie, magie. Elle se pencha à nouveau. Elle crut entendre encore une fois la protestation, mais plus loin. Le ballon ne bougea pas. Il n'essaya pas de se défendre, vaincu.

Elle put le laisser tomber dans l'herbe.

Le 'Fiche-moi la paix !' n'était plus qu'un murmure parmi des bruissements d'herbe. Peut-être que parler demandait un grand effort au ballon, il devait sans doute s'essouffler. Ca ne doit pas être facile de parler pour un ballon.

Elise ne sut jamais pourquoi elle se sentit calmée par l'évènement étrange qui venait d'avoir lieu. Peut-être parce qu'il confirmait le mot qui tournait inlassablement dans sa tête.

« Ah ! Elise, te voilà ! Comment vas-tu ? Entre. »

Le salon était à l'image de l'extérieur de la maison. Un salon joli, mais pratique. Aucunes photos ne bougeaient, aucun objet n'était magique. Les tissus du canapé étaient beaux et pouvaient s'enlever pour être lavés. Des jouets traînaient dans sur le tapis. Les objets de valeurs avaient été posés dans un coin précis du salon, sous vitrine, parmi lesquels on comptait un prix de dessin et une sculpture informe en argile. Une porte-fenêtre s'ouvrait sur un jardin dans lequel des balançoires oscillaient au gré du vent.

C'était un salon plein et pourtant vide. Plein de vie, plein d'objets, mais il manquait des choses. Dans ce cadre, il y avait sans nul doute une photo avant. Et sur ce rebord de cheminée, la cendre et la poussière s'étaient accumulé autour d'un objet à la base ronde aujourd'hui absent. Quant à l'étage de la vitrine où demeuraient des diplômes, on voyait qu'il en manquait.

Elise reconnut Hannah, sur le tapis. Ses cheveux étaient détachés en cascade blonde et ses joues plus rouges que jamais. Elle s'était assise à côté d'un petit garçon qui était sans nul doute son petit frère. Le petit bonhomme devait avoir tout juste un an. Elle était en train de lui expliquer comment on enfilait des anneaux, et dans quel ordre. C'était adorable.

Christophe lisait le journal 'Le Monde' en fumant un cigarillo. Il leva les yeux de sa lecture et sourit à l'invitée.

« Ah, bonjour ! Alors comment vas-tu ? Euh, comment t'appelles-tu déjà ? »

Bientôt, Elise fut installée dans le canapé avec une tasse de thé fumant devant elle et des gâteaux maisons. Elle apprit qu'Hannah avait le même age qu'elle, qu'elle était douée pour le dessin et qu'elle jouait aux boules (elle eut particulièrement du mal à comprendre le dernier mot, car elle grondait en même tant son frère qui bavait sur son chemisier.) Son frère s'appelait Sam. N.A : J'ai abusé du seigneur des anneaux hier XD Entre châtain comme son père et blond comme sa mère, il avait de grands yeux bruns et curieux. De belles pommettes, un visage déjà intelligent : il semblait angélique. Marilyn n'avait pas l'air de vouloir démentire cette comparaison, ces yeux bienveillants surveillaient ses moindres gestes. Enfaîte, ça paraissait étrange de la voir habillé autrement qu'en jogging.

Alors qu'ils discutaient joyeusement de lecture (Hannah semblait dévorer les livres à la même façon qu'Elise, mais elles n'étaient apparemment pas versées dans la même culture), quelqu'un éternua. Les choses s'enchaînèrent rapidement.

En premier lieu, Hannah s'exclama par pur réflexe 'A tes souhaits'.

Puis Marilyn me prit le poignet et m'emmena à la cuisine pour l'aider à apporter des gâteaux.

Avant de disparaître, Elise regarda discrètement dans le salon. Christophe levait les yeux au ciel et sortait une longue tige de bois. Une étincelle rouge apparut à son extrémité et frappa une photo. Une photo qui ne bougeait pas il y avait quelques minutes. Ou disons, qui ne bougeait plus. Dès que l'étincelle toucha la photo, elle redevint immobile. Sam rit joyeusement.

Elise suivit innocemment Marilyn, le sourire aux lèvres. Elle ne dit rien.

Cinq lettres.

Le reste du thé se passa normalement jusqu'à cinq minutes avant la fin. Hannah et Elise avaient déjà trouvé de nombreux terrains d'entente. Et lorsque Sam fut posé entre elles deux, ce fut des jeux, des jeux et des jeux. Sam était décidément adorable. En quelques minutes, il lui trouva même un surnom : Moldue. Elise eut beaucoup de mal à lui apprendre à l'appeler Elise, mais ce fut très amusant. Il semblait qu'il l'aimait bien. Il demanda à aller sur ses genoux.

Enchantée, Elise le hissa sur ses genoux. Alors qu'il allait porter sa main à ses cheveux pour les tirer, elle lui tint la main en riant. Lui tenir la main le calma un peu. Mais Elise ne le remarqua qu'à peine, car le salon venait de changer sous ses yeux. Essayant de ne rien laisser paraître, Elise laissa ses yeux discrètement dériver dans le salon.

L'objet sur la cheminée apparut sous la forme d'un pot plein de poudre étincelante. Juste au-dessus, une double pendule se tenait là : la première alignait de drôles d'aiguilles avec des planètes étranges, la deuxième restait la plus insolite. Quatre aiguilles étaient dirigées vers une inscription 'à la maison' tandis que la cinquième pointait 'au travail'. Cette aiguille était surmontée d'un petit portrait d'un jeune homme blond. Animé, naturellement.

Le regard d'Elise était ensuite descendu du côté du tapis. Elle remarqua plusieurs jouets jusque là invisibles. Un petit balais planait à quelques centimètre du sol contre le mur. Près des anneaux, des petits personnages en plastique (semblait-il) faisaient des cabrioles pour espérer attirer l'attention de Sam. Dans la vitrine, une nouvelle sculpture était apparue, sorte de petite coupe en métal où était gravés d'étrange signes. Dedans, tournait un liquide inconnu. Il semblait à du métal fondu, froid, léger, lumineux et tourbillonnant comme agité d'une légère brise. De nouveaux diplômes étaient apparus. Elise pouvait lire 'Oubliator' en belles lettres, ainsi que sur un autre 'Guérisseur'.

Les yeux d'Elise dérivèrent sur la porte-fenêtre. Quelques pomme de terres grises, montées sur jambes, couraient en lançant parfois le fameux 'fishmoilapaix !'.

Posé près du cendrier, une fine baguette de bois était posée sur le journal plié. Mais son nom avait changé. Ce n'était plus 'le Monde'.

Au plus profond d'elle, Elise sourit comme elle ne l'avait jamais fait. Elle relâcha la main de Sam qui baillait et se frottait les yeux. Le salon reprit son apparence habituelle.

'La Gazette du Sorcier.'