Chapitre 3 : Garde-robe

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Le matin suivant, Narcissa fut réveillée par un fort coup frappé à la porte de sa chambre.

Elle jeta un oeil à son réveil. Il était seulement six heures du matin.

- Zut ! siffla-t-elle, sortant de son lit afin d'ouvrir la porte.

Severus se tenait là, déjà complètement habillé. Il vit sa chemise de nuit de soie blanche et ses longs cheveux en bataille, et Narcissa se sentit soudain gênée.

- Je voulais juste vous dire que je sortais, dit Severus cérémonieusement.

Narcissa lui jeta un oeil.

- Vous sortez ?

- Oui.

- Et je peux vous demander où ? dit-elle en repliant ses bras autour d'elle.

- Je vais sur le Chemin de Traverse, répondit-il. J'ai besoin de me trouver quelques vêtements.

- Pourquoi ? demanda Narcissa, fronçant les sourcils.

Elle voyait bien qu'il était mal à l'aise, mais ne s'en inquiéta pas – sa curiosité avait toujours été forte.

- Eh bien, vous savez, ils ont détruit ma maison, murmura Severus, et tout ce qu'il y avait à l'intérieur par la même occasion, incluant la plupart des mes vêtements. Je n'ai donc pas grand-chose sur moi pour l'instant.

- Oh, et vous allez acheter de nouveaux vêtements ? dit Narcissa, ses yeux s'éclairant. Je peux venir avec vous ?

- Hein ?

- Je viens avec vous, décréta-t-elle enthousiaste. Vous ne pouvez pas aller faire du shopping et me laisser ici. Je vous aiderai à choisir. Laissez-moi juste cinq minutes pour m'habiller.

- Mais...

Narcissa lui ferma la porte au nez et se dépêcha de se débarbouiller et se vêtir. Un quart d'heure, elle sortit de sa chambre portant une cape bleu layette, les cheveux tirés en queue de cheval. Severus était assis sur le plancher, attendant, et se leva lorsqu'elle se montra.

- C'était rapide, dit-il, sarcastique.

- Je sais, acquiesça-t-elle sans relever la remarque. Allons-y.

Severus la fixa.

- Quoi ? sourit-elle.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.

- Oh, ne soyez pas idiot, répondit-elle avant de traverser le couloir. Bien sûr que c'est une bonne idée. Vous allez voir combien je peux me montrer utile quand il s'agit de shopping. Venez.

Severus grimaça, puis haussa les épaules d'un air résigné avant de la suivre.

- Le Chemin de Traverse, vous avez dit ? demanda Narcissa. Bon, vous savez transplaner, n'est-ce pas ?

- Evidemment que je sais !

- Alors, allons-y ! s'exclama-t-elle joyeusement, et avec un fort POP, elle disparut.

Severus poussa un long soupir et transplana également.

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- Il n'y a personne ici ! s'écria Narcissa.

Ils se tenaient sur le Chemin de Traverse, qui semblait presque désert. Seuls quelques sorciers et sorcières se promenaient alentours, bien que les boutiques fussent déjà toutes ouvertes.

- Bien, dit Severus qui se dirigea rapidement vers l'une des échoppes.

Narcissa courut après lui. Il entra. Elle entra derrière lui.

La boutique était vide, bien sûr, mis à part une vendeuse à l'air endormi qui leur sourit.

- Bonjour.

- J'aurai besoin de chemises noires... commença Severus, qui reçut un coup de Narcissa. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ne prenez pas de vêtements noirs ! Vous êtes fou ? dit-elle. Si vous achetez de nouveaux vêtements, achetez-les colorés !

- Mais je n'aime pas les vêtements de couleur, l'informa Severus, pensant mettre fin à la discussion.

Il se tourna de nouveau vers la vendeuse et ouvrit la bouche, mais Narcissa le coupa avant même qu'il ait pu dire un mot.

- On va juste regarder un peu, d'accord ?

La vendeuse acquiesça d'un signe de tête et se plongea dans la Gazette du Sorcier.

Severus protesta, mais Narcissa l'ignora et le poussa vers de grandes étagères.

- Commençons par les chemises, voulez-vous ? dit-elle joyeusement en sortant six ou sept chemises de leur étagère.

Severus leva les yeux au ciel et soupira.

- La journée promet d'être longue, murmura-t-il.

Narcissa l'ignora encore une fois.

- Hey, que dites-vous de celle-ci ? s'exclama-t-elle gaiement, agitant une chemise à longues manches cramoisie sous son nez.

Severus lui lança un regard dégoûté.

- Vous n'aimez pas ? Aucun problème, reprit-elle jovialement, jetant la chemise sur son étagère. Oh et celle-là, ça vous irait très bien !

Elle lui tendit une chemise azur. Il secoua la tête. Narcissa la jeta également et en tira une rose.

- Vous... êtes... folle ? grinça Severus entre ses dents alors qu'elle lui montrait.

- Pourquoi ? c'est ravissant !

Severus soupira.

- Narcissa. Je ne porterai jamais de rose. Jamais. Ca me donnerait l'air gay.

- Oh, très bien, mais je n'abandonnerai pas celle-ci! dit-elle en en sortant une verte.

Les yeux de Severus roulèrent impatiemment.

- Je veux juste du noir.

- Non, je ne vous laisserai pas sortir avec ça ! s'exclama-t-elle joyeusement en lui fourrant la chemise dans les mains. Essayez-la ! Essayez-la !

- Je ne vais certainement pas... commença Severus, mais Narcissa passa la chemise par-dessus sa tête.

- Si, vous allez ! s'écria-t-elle triomphalement alors qu'elle l'aidait à la mettre.

Severus soupira encore et regarda désespérément le plafond.

- Est-ce qu'il n'a pas l'air fantastique ? lança Narcissa à la vendeuse.

L'intéressée leva les yeux.

- Fabuleux, répondit-elle, baissant les yeux immédiatement.

- Voilà ! vous achetez celle-ci, annonça Narcissa en lui retirant la chemise et en la jetant sur une chaise. Maintenant, on va vous en trouver une autre...

Vingt minutes plus tard, ils en avaient fini des chemises. Severus n'arrivait pas à en croire ses yeux en les regardant – vert et vert foncé, bleu et bleu foncé, rouge et deux chemises blanches.

- Je crois que ça fera l'affaire, dit Narcissa, et comme Severus se tournait vers la vendeuse, elle le stoppa. Non ! Nous avons besoin de pantalons aussi !

Severus fit volte-face.

- Je crois que je m'en occuperai un autre jour, murmura-t-il, mais Narcissa ne lui prêta pas attention, comme toujours.

Et il se retrouva avec trois jeans, un pantalon kaki et un vert foncé.

- Je n'ai pas porté de jean depuis seize ans, maugréa-t-il.

- Et bien ça changera ! répondit Narcissa.

Ils payèrent et sortirent de la boutique.

- Je n'arrive pas à croire que je vous ai laissé faire ça ! grommela-t-il.

- Vous feriez mieux d'y croire, rétorqua-t-elle. Venez, allons manger un morceau.

- Vous avez faim ?

- Oui, et vous ?

- Non.

- Vous mangerez quand même. Venez ! dit-elle en le poussant vers un restaurant.

Narcissa prit de la salade et des biscuits. Severus commanda du bacon.

- Alors, dites-moi, dit Narcissa, ses grands yeux bleus plongés dans les siens, vous aimiez être à Serpentard ?

- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? demanda Severus suspicieusement.

- Je veux juste dire ce que j'ai dit. Est-ce que vous aimiez être à Serpentard ?

- Bien sûr. C'était ma maison.

- Vous vouliez y être ?

- C'est là que j'ai été réparti.

- Vous ne répondez pas à la question. Est-ce que vous vouliez être à Serpentard ?

- Eh bien...

Severus déglutit et regarda la table.

- En fait... il y avait une fille qui me plaisait à Gryffondor. Et... dans mon esprit de gamin, j'ai voulu aller à Gryffondor. Parlons d'autre chose, maintenant.

- Qui était-ce ? le questionna Narcissa, éludant totalement sa dernière remarque.

- Pourquoi vous le dirais-je ?

- Parce que je vous le demande.

Ses yeux noirs rencontrèrent les siens.

- Lily Evans, lâcha-t-il finalement, réticent.

- Ah-ha ! s'exclama Narcissa, et ce fut si soudain que Severus sursauta. C'est pour cela que vous détestiez James Potter, n'est-ce pas ?

- En fait, pas exactement, dit Severus. Je le détestais bien avant qu'il ne sorte avec Lily. Mais j'ai toujours su qu'il avait une meilleure chance que moi avec elle, et oui, je pense que ça ajoutait à ma haine.

"Pourquoi est-ce que je lui dis tout ça ?"

- Quelle était votre maison ? demanda-t-il rapidement, avant qu'elle ne puisse lui poser une autre question.

- Serdaigle.

- Est-ce que vous aimiez votre maison ?

- J'aurai préféré Gryffondor aussi, mais oui, j'ai aimé Serdaigle. J'y avais plein d'amis.

- Est-ce que quelqu'un vous plaisait à Gryffondor ? s'enquit-il avec un petit sourire.

- Non, bien sûr que non, protesta-t-elle.

- Vous voulez dire que votre premier et dernier amour a été Lucius Malefoy ? la taquina-t-il.

L'expression de Narcissa changea. Elle mordit sa lèvre et fixa intensément la table ; toute sa gaieté s'était envolée.

- Narcissa... je... je suis désolé, commença Severus.

- Allons-y, murmura-t-elle.

Elle sortit sa bourse, laissa un peu de monnaie sur la table et s'éloigna.

Severus courut derrière elle.

- Narcissa...

Elle ne le regarda même pas. Elle transplana juste devant lui. Il transplana à son tour.

Alors qu'ils apparaissaient dans la maison, Severus essaya immédiatement de lui parler.

- Ecoutez, Narcissa, je n'aurais pas dû dire ça, je n'aurais pas dû vous ennuyer, je...

Elle lui jeta un long et dur regard, et quitta la pièce. Elle courut dans les escaliers, vers sa propre chambre.

Severus resta immobile un long moment.

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