Désolée, le début n'était pas très gai, mais bon... ça ne peut qu'aller mieux, non ? quoique... c tellement sadique une fanficeuse .

Donc, puisque je l'ai pas fait, petit disclaimer : la plupart des petits personnages que je m'amuse bcp à torturer ne m'appartiennent pas ( comme c'est dommage ), mais l'histoire si – enfin ya des fois je me demande, paske avec son fichu caractère, Sev n'en fait qu'à sa tête...

Voilà, bonne lecture !

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Chapitre 2

Un Ange bien Ténébreux…

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Cinq mois étaient passés.

Personne n'avait jamais su ce qui était arrivé ce soir là.

Et Severus lui-même n'avait jamais compris ce qui était arrivé ce soir là.

Le froid de décembre avait enveloppé les environs de Poudlard dans un manteau de gel. On pouvait voir sur le lac prisonnier des glaces les traces des glissades des élèves. La neige tombait en poussières blanches. Le ciel n'était pourtant pas d'un gris triste comme il l'était parfois. Il avait été d'une teinte laiteuse tout le jour, en parfaite harmonie avec le paysage immaculé. A présent la nuit tombait, et on voyait au loin quelques lueurs rosâtres se fanant sur le noir d'encre du firmament.

Severus n'avait aucune envie de réveillonner. Il aurait de loin préféré regarder les étoiles qui brillaient faiblement entre les nuages déchirés. Un flocon lui tomba sur la nuque et il frissonna. Il devait rentrer se préparer. En tant que directeur de Serpentard, il avait des obligations. Avec un soupir, il ferma la fenêtre qui donnait sur le balcon et retrouva la tiédeur de sa chambre. Un feu ronflait dans la cheminée. Il y avait une atmosphère chaleureuse dans la pièce, mais Severus n'y prêta guère attention. Se dirigeant vers son armoire, il fit une rapide caresse au chat assoupi sur son lit. Celui-ci se mit aussitôt à ronronner avec bonheur. Le professeur sortit de sa garde-robe une tunique un peu plus élégante que les autres, et une chemise noire pour remplacer celle, humide, qu'il portait. Il passa une main dans ses cheveux, mouillés et encore blancs de tous les flocons qui étaient tombés. Il prit ses affaires et s'enferma dans sa salle de bains, pour en ressortir quelques minutes plus tard sec et changé. Un étrange sablier posé sur son bureau, dans un coin de la pièce, indiquait huit heures. Il soupira de nouveau et s'assit sur le lit. Le chat ouvrit les yeux et, se levant, vint réclamer des caresses. Un léger sourire éclaira le visage de Severus.

- Il faut que j'y aille, maintenant, ma belle, lui dit-il doucement. Toi, tu restes ici, mais je promets de te ramener quelque chose...

Il préféra se lever avant que l'animal ne s'installe sur ses genoux. Le félin fit mine de le suivre.

- Non, tu restes ici, je t'ai dit, déclara le professeur. Je reviendrais plus tard...

Le chat, assis sur le lit, la tête penchée sur le côté, cligna de ses grands yeux dorés, et le regarda sagement partir.

La Grande Salle semblait plutôt vide pour un réveillon. Avec la nouvelle du retour de Lord Voldemort – qui n'était toujours pas reconnue par le Ministère de la Magie – maintes familles avaient préféré voir leur enfant rentrer pour les fêtes.

Aussi n'avait-on dressé qu'une seule table, celle des professeurs, en ajoutant des couverts pour les élèves demeurés sur place. Ces derniers étaient au nombre de six. Il y avait les quatre Weasley - les deux jumeaux, Ronald et Ginny - Hermione Granger, qui avait tenu à rester avec ses amis pour cette année, et Harry Potter bien sûr.

Pour la même raison que les élèves, plusieurs professeurs manquaient à l'appel. Etaient présents le directeur et les professeurs McGonagall, Flitwick, Vector. Le professeur Aegra, nouvel enseignant de Défense contre les forces du Mal était bien au château, mais il était malade, comme à son habitude, et n'était pas venu. Avec Rusard et Hagrid, le total des convives se portait à treize. Le professeur Snape eut un sourire narquois en pensant à la tête que ferait la vieille libellule qui servait de professeur de Divination.

Lorsqu'il entra dans la Grande Salle, tous les autres étaient déjà attablés.

- Ah ! Severus ! il ne manquait plus que vous ! s'exclama le professeur Dumbledore.

- Je vous prie d'excuser mon retard, répondit-il seulement en prenant place à son côté.

- Et maintenant, que la fête commence !

A ces mots, les assiettes et plats d'or se remplirent de mets divers et variés, tous plus appétissants les uns que les autres.

Malgré leur nombre réduit, élèves comme professeurs semblaient décidés à profiter de la soirée et le repas se déroula dans la bonne humeur. Chacun évita soigneusement les sujets fâcheux comme les actions de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, ou le dernier devoir à rendre.

Severus, perdu dans ses pensées, ne dit pratiquement rien du dîner, ne répondant que par monosyllabes lorsque l'on s'adressait à lui – ce qui arrivait encore trop souvent à son goût.

- Vous allez bien, Severus ? s'enquit discrètement Dumbledore au moment du dessert.

- Hmmm ? Ah, oui, ça va...

- Vous semblez bien soucieux. Quelque chose vous tourmente ?

- Non... non, je réfléchissais, c'est tout, répondit le professeur de Potions d'un ton qui se voulait convaincant.

Le directeur n'insista pas.

Il s'arrangea pour sortir assez vite de table, furtivement, et laissa les autres, pour qui la soirée ne faisait que commencer, s'amuser. Au lieu de se rendre dans sa chambre, Severus se rendit dehors. La nuit glacée était belle. Une légère brise soufflait, la neige tombant en une danse folle. Le professeur aux yeux noirs avait un étrange besoin de réfléchir ce soir-là. Il avait quitté la Grande Salle plus tôt que les années précédentes, car il voulait être seul un moment.

Cela faisait exactement cinq mois ce soir... Un miracle de Noël avant l'heure, ironisa Severus. Marchant doucement dans le blanc tapis, il s'abîma dans ses pensées.

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Il s'était réveillé. Il n'avait pas su comment, ni pourquoi, mais il s'était réveillé. La première chose dont il avait eu conscience, c'était le goût du sang dans sa bouche. Et la deuxième une douleur derrière le dos. Derrière le dos ? Bizarre... Ne sachant plus trop où il était, ou même qui il était, il s'était redressé tant bien que mal. Et là, il avait eu la vision la plus étrange au monde.

Lui-même. Assis sur son lit, une dague enfoncée dans la poitrine. Il était resté immobile devant cette image, comme pétrifié. Pendant combien de temps ? il n'aurait su le dire... Jusqu'à ce qu'il se rappelle de son nom...

Alors il avait lentement baissé la tête, et vu, à quelques centimètres de son visage, la garde du poignard, qui disparaissait dans les chairs. La plaie sous la lame ne saignait plus...

Il était maculé de sang. Séché.

Dans un état second, il ne parvenait plus à réfléchir, ni à avoir des sensations véritables, n'avait même plus d'émotions.

Levant la main pour toucher cette excroissance de métal qui le blessait, il avait senti quelque chose dans son dos. Regardant de nouveau son reflet, il avait vu, à la lumière blafarde de la lune, une forme sombre bouger derrière lui. Mais il ne s'était pas retourné. Observant mieux son image, il avait pu distinguer la forme... d'une paire d'ailes. Ca n'était pas derrière lui. C'était lui.

Il avait voulu lever la main gauche vers l'arme, mais une soudaine douleur lui avait transpercé le bras. Au moins ses terminaisons nerveuses fonctionnaient toujours. Son avant-bras était lui aussi couvert de sang, et profondément entaillé à plusieurs endroits. Entre les estafilades se distinguait encore une marque. La Marque des Ténèbres. Tout lui était alors revenu en mémoire.

Le Seigneur des Ténèbres, sa mission, son... suicide.

Il avait inspiré un grand coup et ses poumons avaient semblé sur le point d'exploser. D'un soudain élan, il avait empoigné le long couteau et l'avait arraché de son écrin de chair.

Il n'avait jamais ressenti douleur plus intense. Il aurait voulu hurler sa souffrance et pourtant pas un son ne s'était échappé de ses lèvres. Il avait perdu connaissance avant.

Dieu que c'était douloureux de mourir !... ou de vivre...

Etait-il mort ou vivant ? c'était la première question qui lui était venue à l'esprit en reprenant conscience. Il était tombé au pied de son lit. Sa main était toujours crispée sur le manche de l'arme. Avec un effort surhumain, il avait desserré les doigts. Le bruit métallique de l'objet l'avait fait sursauter. Respirant avec peine, il s'était adossé tant bien que mal au lit, les deux grandes ailes toujours déployées dans son dos. Sa poitrine était percée d'un trou qu'il avait trouvé gigantesque.

Il n'était pas mort. Plus les minutes passaient, plus il en était persuadé. Il n'aurait jamais autant saigné s'il était vraiment mort. Reprenant sa dague, il en avait pressé la pointe sur l'un de ses doigts. Il n'était plus à ça près... Une goutte écarlate avait jailli. Le sang coulait toujours dans ses veines. Et il respirait encore.

Il n'était pas mort.

Il passa sa main sur son visage. Un début de barbe couvrait ses joues. Il avait dû passer plusieurs jours étendu sur son lit avec un poignard dans le cœur.

- Vivant...

Le mot avait résonné fortement dans sa tête. Pourquoi n'était-il pas mort ? Il avait pensé enfin trouver la paix qu'il recherchait dans l'au-delà. Plus de tortures, plus de souffrance, ni pour lui, ni pour personne d'autre.

A « vivant », le mot « lâche » vint se superposer.

En voulant se suicider, il avait refusé de se battre. Il avait secoué la tête. Non, ce n'était pas un acte de lâcheté. Il n'avait plus d'autre issue.

Lorsqu'il s'était fait prendre par le Seigneur des Ténèbres lors de sa mission, celui-ci avait pris un plaisir infini à le torturer pendant des heures. Et quand il avait levé sa baguette une dernière fois, Severus avait remercié tous les dieux du monde. Sa vie allait prendre fin et son supplice avec. Mais non. Voldemort ne l'avait pas tué. Il l'avait maudit. Puis il l'avait laissé repartir. Il n'était plus un danger. Il allait mourir après une lente et abominable agonie quelques jours plus tard.

Maudire quelqu'un était cent fois pire que le tuer sur le coup. Savoir que l'on va mourir et le ressentir dans chacune de ses veines. Mais tant que l'on est pas mort, on garde espoir. Et c'était cela le plus cruel. Car il n'y avait aucun espoir d'échapper à une malédiction. Et Severus le savait.

Cela n'avait pas été un acte de lâcheté. Il avait simplement abrégé ses souffrances.

Et finalement, sans savoir pourquoi, il était toujours bien vivant.

Il ne gardait pas vraiment le souvenir des jours suivants. Instinctivement, et curieusement contraire à son envie de mourir, sa première réaction avait été de se soigner. Puisqu' « on » lui avait laissé la vie. Il se rappelait vaguement avoir recousu ses plaies, mais son esprit était trop embrumé par les drogues qu'il avait avalées pour avoir un souvenir précis. Il ignorait comment la blessure si profonde de sa poitrine avait pu se fermer et cicatriser. C'était une guérison miraculeuse. A force de potions répétées, il avait recouvré ce qu'on aurait pu appeler une ombre de santé. Au bout de trois semaines, il arrivait à bouger correctement, sans trop souffrir.

Il était encore légèrement affecté par sa blessure lorsqu'il était revenu à l'école, mais n'avait rien dit à personne, et sa vie avait à peu près repris son cours normal. Il avait voulu retourner à Poudlard, pour se sortir de cette folie.

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Tout en réfléchissant, il avait fait plus de la moitié du tour du lac. Il se retourna et ne parvint pas à distinguer ses propres traces de pas, effacées par la neige. Le château illuminé, comme un phare dans la nuit, semblait tellement loin. Il fut soudainement pris d'une envie irrésistible et enleva la cape qui jusqu'ici le protégeait du mordant de l'hiver. Alors doucement, dans un bruissement, deux immenses ailes se déployèrent derrière lui. Il sentait le vent froid glisser dans ses cheveux, et entre les longues plumes d'ébène. C'était une sensation délicieuse et apaisante... Les deux ailes battirent un peu. Cela faisait du bien de les dégourdir. Il ne savait pas exactement la cause de cet appendice emplumé. Cela était évidemment une conséquence directe de son suicide raté, mais pourquoi ? Il n'avait pas réellement cherché à comprendre. Trop de choses inexplicables étaient arrivées à ce moment-là. Il n'avait pourtant rien d'un ange, s'était-il dit avec un sourire un peu amer. Cela expliquait peut-être leur couleur de nuit.

Il les étira au maximum possible, et eut un soupir de soulagement. Environ un mois après cette tragique nuit, Severus s'était aperçu qu'il pouvait les faire disparaître à volonté, mais il s'ensuivait une gêne dans le dos tout le jour. Et lorsque seul, il pouvait enfin les déployer, des fourmillements le démangeaient jusqu'à la pointe des rémiges pendant quelques instants. Mais il préférait encore supporter cela plutôt que de révéler son secret et faire cours à moitié transformé en corbeau.

Ses ailes battirent un peu plus, afin de se détendre rapidement. Il eut un sourire un peu moqueur lorsqu'il pensa qu'il pouvait sans doute s'envoler. A dire la vérité, il n'avait encore jamais essayé, mais il en était persuadé. A quoi bon avoir des ailes sinon ? Mais ça n'était pas ce soir qu'il allait se mettre aux acrobaties aériennes.

Il rebroussa chemin et se dirigea vers le château. Sa promenade nocturne lui avait fait du bien. Arrivé à une centaine de mètres de l'école, il retrouva avec regret une apparence tout à fait humaine.

De retour dans sa chambre après un détour aux cuisines, il fit face au regard accusateur du chat toujours assis sur son lit.

- Quoi ? Oui, j'ai mis plus de temps que prévu, je suis parti faire un tour, lança-t-il à son adresse en guise de justification.

L'animal eut un miaulement rauque notifiant qu'à le voir trempé de la sorte, c'était évident.

Il éternua soudainement.

- C'est malin, j'ai pris froid, marmonna-t-il en se dirigeant vers son bureau pour sortir un flacon de Pimentine d'un tiroir.

Un deuxième miaulement aux sonorités moqueuses lui fit comprendre que c'était uniquement sa faute.

- Je n'ai pas besoin de tes commentaires, le chat... Sinon, je ne te donnerai rien de ce que je t'ai rapporté.

Les yeux dorés brillèrent et devinrent aussitôt caressants. Un roucoulement sortit de la gorge féline et, descendant du lit, la minette vint se frotter à ses jambes avec tendresse.

- Tu veux que je te dise ? Tu es une opportuniste et une profiteuse, la réprimanda Severus en la prenant dans ses bras.

Ronronnante, la chatte accepta avec bonheur le morceau de gâteau que son maître lui offrait, puis sauta sur le bureau. Sa langue rose passant et repassant sur ses babines, le félin s'assit et commença une toilette minutieuse.

- Non, pas sur mes papiers ! combien de fois faudra-t-il que je le dise ?

Les yeux dorés se tournèrent vers lui d'un air innocent accompagné d'un miaulement cajoleur.

Le professeur soupira et abandonna la partie. Il passa dans la salle de bains.

Pour la deuxième fois de la soirée, il ôta une chemise trempée. La neige avait même traversé le tissu et mouillé également le bandage qu'il portait toujours au bras gauche. La mine sombre, il défit celui-ci. Sur sa peau blanche, la Marque rouge sautait aux yeux. Mais elle était aujourd'hui à moitié masquée par de longues cicatrices rosâtres aux reflets brillants. Severus serra les lèvres et entreprit de chercher autre chose pour cacher son bras à sa vue, puis changea d'avis et décida de prendre une douche. Revoir la Marque lui avait remis en mémoire sa sinistre méditation, et cela le détendrait un peu. Il sortit de la douche un moment plus tard, puis décida d'aller se coucher en étouffant un bâillement. La lumière n'était pas sitôt éteinte et lui recroquevillé sous les draps qu'un museau plein de fourrure vint quémander une place.

- Oh non, gémit Severus, tu ne peux pas dormir sur la couverture comme n'importe quel chat ?

Miaulement contrarié.

- Oui, bon, tu n'es pas n'importe quel chat. Mais tu pourrais...

Sans attendre davantage, l'insolent félin se glissa au chaud.

- Mais c'est pas vrai un animal pareil... se lamenta-t-il tandis que le chat se pelotonnait contre lui.

Un ronronnement bienheureux se fit bientôt entendre dans la chambre.

La dernière chose que Severus vit avant de s'endormir fut une marque rouge sang sur fond de neige.