Je suis très contente, j'ai déjà neuf reviews...

Jezebel : Contente d'avoir une fan assidue ! Voilà le chap 5, dsl d'avoir fait attendre, bac oblige. ( et vive Sevie aussi ! )

Dodie-Ange : merci bcp ! c mieux la mise en page comme ca ? -

Exandra : merci aussi ! ( et pis c vrai que je vois trop bien Sev avec des grandes ailes, il serait encore plus sexy. Oo )

Ela : Mici beaucoup ! t'inquietes pas, il va pas etre malheureux longtemps Sevichou, j'oserais pas le laisser comme ca.

Ps : exact, ct bien du Peter Gabriel

Vaness :
Merki !!

Angie :
merci beaucoup, c gentil ! Et pis ct bien du Peter Gabriel, Digging in the Dirt ( des connaisseurs ! )

Moonbblack :
Merci ! je c pas si c dans les projets de JK Rowling de lui mettre des ailes, mais personnellement, avec ou sans, je fonds !

Bon, la suite maintenant.

(Le titre est tiré du poème Snow, d'Archibald Lampman. J'ai oublié l'auteur du poème qui suit, désolée O.o )

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Chapitre 5

In wood and water, earth and air, silence is everywhere

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Dans la forêt étrange c'est la nuit ;
C'est comme un noir silence qui bruit ;
Dans la forêt, ici blanche et là brume
En pleurs de lait filtre le clair de lune
Un vent d'été qui souffle on ne sait o
Erre en rêvant comme une âme de fou ;
Et, sous des yeux d'étoiles épanouie,
La forêt chante avec un bruit de pluie.

En Forêt

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- Tiens, Severus nous fait l'honneur de sa présence ! lança Arlanne Vector lorsqu'il pénétra dans la salle des professeurs. C'est lui le premier couché et il arrive tout de même à être le dernier lev ! A croire qu'il a fait la fête sans nous cette nuit...

Plusieurs collègues réprimèrent un sourire tandis que le professeur de Potions, qui n'était pas dans son meilleur jour, lui adressait un regard meurtrier dont lui seul avait le secret.

- Apparemment pas...

- C'est bien que vous soyez descendu, Severus, on n'attendait plus que vous, dit le professeur McGonagall alors que la petite chatte, effarouchée par le monde, grimpait à la cape de son maître.

- Aegra est là aussi ? s'étonna Severus le cherchant des yeux, le félin sur l'épaule.

- Oui, oui, je suis là, Severus, déclara une voix enrouée mais gaie venant du fond de la pièce, faisant se retourner le professeur de Potions.

Le nouveau professeur de Défense contre les forces du Mal, un homme d'une quarantaine d'années au caractère joyeux, était assis dans un fauteuil au coin du feu, une couverture sur les genoux. Bien qu'il occupait le poste tant convoité par Severus, celui-ci ne lui était pas trop hostile, car s'il avait une bonne raison de détester chacun de ses prédécesseurs, William Aegra ne lui avait rien fait justifiant une guerre ouverte. Aussi le Maître des Potions mettait-il son talent à son service avec un peu moins de rancœur que pour Lupin : en effet, le professeur Aegra était réputé pour tomber malade au moins une fois par semaine, et c'est Severus qui était chargé de lui concocter de quoi le remettre sur pied.

- En passant, je vous remercie, votre potion m'a rétabli en deux jours.

Le professeur Snape acquiesça vaguement.

- Je suppose que Sybille ne nous rejoindra pas ? s'enquit Arlanne.

- Non, répondit la directrice de Gryffondor d'un air pincé.

- Alors nous allons pouvoir procéder à la distribution des cadeaux, annonça allègrement Dumbledore qui était resté muet jusqu'ici, observant son ancien espion. Hagrid, s'il vous plaît...

Le demi-géant hocha la tête, sortit et revint les bras chargés de paquets. Il était coutume, à Noël, de se réunir en salle des professeurs afin de s'échanger quelques cadeaux entre collègues. Cette année, ils étaient peu, mais Albus avait tenu à ce qu'ils fêtent Noël normalement, même sans les autres professeurs. Selon le directeur, ils devaient continuer à vivre ordinairement malgré le retour de Lord Voldemort, sans quoi c'était déjà une victoire pour le mage noir. Hagrid posa les paquets sur la table principale. Il y en avait six, un pour chacun d'entre eux.

- J'ai laissé celui de Rusard et les autres dans le placard, dit le garde-chasse gigantesque à l'attention du professeur Dumbledore.

- Vous avez bien fait, répondit distraitement celui-ci en examinant les paquets. Très joli, le papier avec les petits anges... Ah, celui-là est pour vous, Filius ! ajouta-t-il en tendant un paquet au professeur Flitwick qui eut une exclamation de ravissement.

- Quel dommage que nous soyons si peu, c'est triste un Noël comme ça, se lamenta le professeur Vector, repoussant une mèche de ses longs cheveux châtains alors qu'elle se penchait également sur les cadeaux. Tiens, c'est celui de Severus, là...

La jeune sorcière le prit avec précaution et lui mit entre les mains avec un charmant sourire, auquel il répondit légèrement. La chatte sur son épaule feula en direction de la jeune femme.

- Chut ! Veux-tu ? lui souffla Severus d'un air de reproche.

- C'est fou ce que cet animal peut être possessif, dit Arlanne en s'écartant, toujours un sourire aux lèvres. On ne peut plus approcher Severus à moins de cinq mètres.

- C'est vrai qu'elle a un caractère bien spécial... murmura le professeur McGonagall, qui donnait le dernier cadeau au professeur de Défense contre les forces du Mal.

- Je sens une pointe de sarcasme dans votre voix, Minerva, me trompé-je ? questionna Dumbledore, amusé. Oh ! une paire de chaussettes et l'écharpe assortie ! s'exclama-t-il, ravi, en ouvrant son paquet. J'adore le violet !

- J'ai le privilège d'être la personne qu'elle déteste le plus, poursuivit Minerva.

- Ce doit être le côté félin en vous qu'elle ne supporte pas, avança William Aegra qui venait de découvrir un énorme livre dans le papier aux petits anges.

- Avez-vous fini de médire sur mon chat ? demanda Severus qui n'avait pas bougé, un tantinet agacé.

- Allons Severus, vous ne pouvez pas nier qu'elle a mauvais caractère, dit le professeur McGonagall. Personne ne peut l'approcher.

- Ce n'est pas qu'elle a mauvais caractère, c'est juste qu'elle est un peu... disons... asociale, répondit Arlanne qui posait avec ravissement un magnifique châle sur ses épaules.

- On dit bien tel maître, tel chien...

Severus fusilla des yeux le professeur Aegra qui se mit à rire, tout en défaisant le ruban vert de son paquet-cadeau.

- Moi, je le trouve charmant, cet animal, sourit Dumbledore en grattant le menton noir du chat.

- Merci, M. le Directeur...

- Sincèrement Albus, je ne vois pas comment vous faites pour dompter ce fauve. Oh ! une montre ! Elle est vraiment superbe, je vous remercie tous, vraiment... Merci !

Minerva était aux anges, oubliant la chatte.

- C'est une idée de notre directeur, dit le professeur Flitwick. Pour remplacer celle que vous avez perdue.

Severus, quant à lui, découvrit une jolie balance de cuivre.

- On a pensé que la vôtre commençait à dater un peu... expliqua Arlanne Vector.

- A peine dix ans, répondit Severus avec un léger sourire. Merci.

- C'est bon de vous voir sourire un peu, lui glissa le directeur tandis que Minerva défaisait le paquet de Hagrid, trop bien ficelé pour ses gros doigts.

La salle des professeurs était à présent emplie de « merci » et d'embrassades en tous genres et Severus félicita intérieurement sa petite chatte jalouse pour l'avoir suivi. Il jeta un coup d'œil narquois à la branche de gui qui trônait au-dessus de la porte. Au moins il éviterait ce genre de désagrément cette année.

- Pendant que nous sommes tous réunis – malgré l'absence de plus de la moitié du corps enseignant, commença le professeur Dumbledore, je voudrais vous annoncer que le professeur Dana O'Shee m'a confirmé son arrivée pour la rentrée des vacances de Noël.

- Le professeur Dana O'Shee ? demanda Severus, étonné. Mais qu'est-ce qu'un nouveau professeur viendrait faire ici ?

Toutes les personnes présentes se tournèrent vers lui.

- Severus, dit Dumbledore, j'en ai parlé des dizaines de fois...

Le professeur de Potions se sentit un instant gêné. Il est vrai qu'il n'avait guère prêté intérêt à la vie de l'école ces derniers temps.

- Il se trouve que cette année, Severus, nous avons une nouvelle option pour les cinquième, sixième et septième années, et que le professeur Dana O'Shee était dans l'incapacité de nous rejoindre plus tôt.

Effectivement, cela lui rappelait vaguement quelque chose. Une option traitant de la magie d'autres cultures, s'il se souvenait bien. De la géographie de la magie, en quelque sorte.

Une pluie de boules de neige multicolores s'abattit sur une des grandes fenêtres de la salle.

- Qu'est-ce que... commença Minerva qui avait sauté en l'air.

- C'est la dernière invention des frères Weasley, sourit le professeur Dumbledore tandis que le professeur de Métamorphose regardait par la fenêtre d'un air offusqué, se demandant ce qu'elle avait bien pu faire au ciel pour hériter de deux énergumènes pareils dans sa maison.

Profitant de ce que l'attention de ses collègues était détournée, Severus s'éclipsa discrètement. Il avait envie de faire un tour dehors. C'était une bonne chose, remarqua–t-il en remontant dans sa chambre, qu'il ait encore des envies. Il avait encore quelque peu le goût de vivre. Parvenu à destination, il posa la balance sur son bureau et sortit de son armoire une cape plus chaude que celle qu'il portait, pourvue d'une capuche. Il ne tenait pas à se rendre malade. Cette petite réunion l'avait un brin réconforté et il était content de sa nouvelle balance. Il quitta sa chambre et se mit à descendre les escaliers de pierre. Il avait eu l'impression de compter un peu pour ses collègues, malgré son caractère et son comportement. « Rassure-toi, ce n'était qu'une impression » se dit-il amèrement. Il poussa la porte de chêne du grand hall et sortit. La neige s'était remise à tomber, légère et papillonnante. Ne voulant pas risquer un deuxième rhume, il rabattit sa capuche noire sur sa tête. Le chat s'y réfugia, à moitié enroulé autour de son cou. Seul son museau curieux ressortait de sous les cheveux du sorcier pour ne pas perdre une miette de ce qui se passait.

Il se hâtait vers la forêt lorsqu'une boule de neige d'une belle couleur myosotis atterrit à ses pieds. Il se tourna brusquement sur sa droite, dans un tourbillon d'étoffe noire, manquant de faire tomber le félin, avec un air qui ne laissait présager rien de bon. A une quinzaine de mètres, Ginny Weasley avait viré au rouge pivoine.

- Je… je suis désolée, professeur, balbutia-t-elle, effrayée. Je visais Hermione…

Effectivement, à quelques pas de lui se trouvait Hermione Granger, à genoux sur le sol, prise d'un soudain intérêt pour les multiples toits d'ardoise du château. Severus foudroya la petite rouquine du regard et passa son chemin sans dire un mot. Hermione se releva et courut jusqu'à Ginny qui était restée immobile.

- Eh bien, on peut dire que tu as eu de la chance… En temps normal, Gryffondor aurait perdu trente points et tu aurais écopé de deux ou trois heures de retenue. Ca doit être ce qu'on appelle un miracle de Noël…

Ginny éclata de rire et Hermione reçut une boule de neige mauve en plein visage d'un des jumeaux. L'incident fut vite oublié et ils se lancèrent dans une nouvelle bataille.

Severus leur jeta un coup d'œil. Les jumeaux Weasley, leur sœur et Granger se battaient dans la neige tandis que Potter et son inséparable acolyte patinaient sur le lac gelé. D'une certaine manière, il les enviait. Il enviait cette insouciance qu'ils avaient tous. Alors que dans l'ombre, Lord Voldemort échafaudait des plans machiavéliques pour devenir le maître du monde, eux s'amusaient. Même Potter qui était pourtant la cible privilégiée du Seigneur des Ténèbres. Il aurait aimé pouvoir rire avec la même facilité, mais il y a avait bien longtemps qu'il ne savait plus. Il pénétra dans la forêt sous le regard suspicieux des six Gryffondor.

Les sombres bois ne l'avaient jamais vraiment effrayé. Il y avait fait sa première excursion en première année, lorsqu'il était élève, à la suite d'un défi que lui avait lancé des cinquième année. Sur le moment, il avait eu la peur de sa vie, mais rien ne lui était arrivé et il en était fièrement ressorti, ravi du regard surpris des adolescents qui l'y avaient poussé. Il y était ensuite retourné maintes fois, afin de suivre ces quatre imbéciles de Maraudeurs qui ne l'avaient jamais repéré, ou pour aller chercher des plantes entrant dans la composition de mélanges plus ou moins illicites, ou tout simplement pour se promener. Il aimait la tranquillité qui régnait sous la voûte obscure des arbres gigantesques. A l'orée des bois régnait un véritable silence de mort, et une brume opaque permanente dissimulait aux regards les chemins, comme pour décourager les moins téméraires de s'aventurer plus loin. Mais au fur et à mesure, le brouillard s'évanouissait et l'obscurité inquiétante s'emplissait des cris de la faune – ou de la flore – avoisinante, de légers glissements de reptation, du bruissement des feuilles qui s'agitaient dans le sillage d'êtres silencieux, du souffle animal de la forêt. Du moins durant le restant de l'année… Et si on suivait assez longuement certaines pistes écrites par les pas de chimériques créatures, laissant le sentier sûr loin derrière, à travers les hautes fougères, on pouvait arriver à de lumineuses clairières perdues au cœur de la végétation massive. Celle qui s'étalait devant Severus était recouverte de neige immaculée, offrant un fort contraste par rapport à l'éternelle nuit dormant sous l'épais feuillage des arbres. En été, ces clairières étaient envahies d'une flore luxuriante et sauvage, telles des jardins d'Eden au milieu des Enfers. Il était fréquent de trouver des licornes dans ce genre d'endroits, mais pas en cette période de l'année. On pouvait distinguer dans la neige les marques du passage de plusieurs animaux, plus ou moins étranges. Severus traversa lentement la clairière et poursuivit son chemin. Il ne savait pas où il allait comme cela, mais il marchait en regardant autour de lui, sans penser à rien. Même s'il connaissait la forêt, il foulait un territoire qui n'était pas le sien et il devait se tenir sur ses gardes. Quelques habitants le connaissaient et ne se souciaient pas de sa présence, d'autres étaient plus menaçants. Mais aucun mouvement ne troublait le calme qui régnait. Une véritable paix envahissait les bois en hiver. Les animaux pour la plupart en léthargie se faisaient discrets. Les sons de la forêt étaient étouffés par la neige, les battements d'ailes feutrés par le brouillard, le doux chant de l'eau des rivières scellé par la glace. Le ramage d'un oiseau esseulé se faisait entendre de temps à autre, mais c'était l'unique signe d'une présence animale. L'hiver plongeait la forêt dans un profond sommeil. Severus avait l'impression d'être la seule âme vivante dans les sous-bois dormants. Il pouvait voir son souffle se matérialiser en une vapeur cristalline. Il se délectait de ce calme si précieux, loin du babillage des élèves et des réflexions des professeurs. Loin de ses soucis. Il chemina de la sorte pendant près d'une heure, n'ayant croisé qu'un lynx sorti de sa tanière en quête d'un repas, un groupe de champignons mordeurs et quelques gnomes engourdis par le froid. Arrivé près d'une paisible rivière ayant échappé à l'emprise de la glace, il s'assit sur une souche afin de reposer ses longues jambes et souffler un peu. Le soleil était revenu et quelques rayons éclairaient à travers la couche de feuilles, fournie même en décembre, un sentier recouvert d'herbes folles et de fleurs hivernales. Des éclats de lumière flottaient à la surface de l'eau. Il rabattit sa capuche et le chat, délogé de son abri, sauta à terre pour se mettre en chasse d'un papillon-neige qui passait par là.

- Attention, le chat, ne t'éloigne pas, prévint le sorcier à voix basse, ne voulant pas troubler la tranquillité du lieu.

Il suivit des yeux l'animal batifolant et avisa la plante sur laquelle venait de se poser l'insecte qui semblait fait de glace : une feuille-de-brume. Elle était connue pour ses propriétés oniricides, ce serait toujours utile s'il se décidait à fabriquer un nouveau philtre anti-rêves. Il s'agenouilla près de l'herbe aux feuilles duveteuses et couleur de lait, et la cueillit délicatement, chassant le papillon.

- Reviens là, petite bête, tu vas te perdre, murmura-t-il à l'adresse du chat qui courait toujours après le lépidoptère.

Il attrapa la boule de poils bondissante et la posa sur son épaule, remettant sa capuche.

- Il faut qu'on y aille, sans quoi le professeur Dumbledore va encore s'inquiéter. Nous mettrons bien une heure à rentrer...

En se redressant, son regard entraperçut entre les arbres une grande forme ailée. Un hippogriffe. A une vingtaine de mètres de lui, il inspectait les alentours de ses yeux oranges. Severus ne fit plus un bruit, pas tellement attiré par une éventuelle rencontre avec la redoutable créature. Mais la chatte n'en fit pas autant. Prenant à son tour conscience de la présence de l'hippogriffe, elle se mit à feuler dans sa direction, faisant se dresser les cheveux de Severus sur sa tête. L'animal tourna instantanément son regard de feu vers lui et se mit en marche d'un air menaçant. Pour être exact, il tenta d'avancer. Severus distingua un collier autour du cou emplumé. Ne voulant pas énerver davantage l'animal, il choisit d'aller lui-même dans sa direction. On ne savait jamais, il aurait très bien pu casser la corde qui semblait le retenir... Autant l'affronter tout de suite. Severus s'approcha prudemment en prenant bien garde de ne pas baisser le regard. Il avait de l'entraînement dans ce domaine, et en général c'était plutôt les gens qui cillaient devant lui, mais en face d'un hippogriffe c'était une autre paire de manches. Il remercia le ciel qu'il fut attaché. Arrivé à quelques mètres de lui, il s'inclina. Au bout d'un instant interminable, l'hippogriffe salua à son tour. La petite chatte ne disait plus rien et se cachait dans la capuche de son maître, terrifiée. Doucement, Severus caressa les plumes grises de l'encolure de la bête.

- Eh bien, tu es tout seul ici ? dit-il dans un souffle pour le calmer. Qui est-ce qui t'a attaché comme ça ?

Il s'écarta un peu et jeta un œil autour de lui. Il n'y avait personne en vue.

Soudain, la chatte aux yeux d'or sortit de la capuche et se mit à cracher. Avant que Severus n'ait pu réagir, elle avait sauté sur le grand chien noir qui s'apprêtait à tirer sur sa cape d'un coup de dents. Il rejeta sa cape en arrière avant que les mâchoires ne se referment dessus et s'éloigna promptement de l'hippogriffe, devenu agressif.

- Arrête ! cria-t-il au chat qui s'était jeté toutes griffes dehors sur le molosse qui lui, contre toute attente, cachait sa tête entre ses pattes.

Sous les yeux étonnés du sorcier, il se métamorphosa en homme. Le félin terrorisé remonta à la vitesse de l'éclair sur l'épaule de son maître, qui regardait maintenant avec dégoût son vieil ennemi sur le sol.

- C'était quoi cette furie ? gémit Sirius en se tenant le nez. Et qu'est-ce que tu fais la ? aboya-t-il à Severus tandis qu'il se remettait debout en tentant d'apaiser Buck.

- C'est mon garde du corps personnel, railla le professeur. Et je pourrai te retourner la question, Black, fit-il d'un ton glacial.

- Je viens voir Harry et Dumbledore, grogna Sirius qui se tenait toujours le nez.

L'hippogriffe s'était calmé.

- Et tu as besoin de dévorer ma cape en passant ?

- Je ne pouvais pas savoir que c'était toi, au milieu de la Forêt Interdite, en ces temps troublés, avec une cape et une capuche noire... sinon je me serais bien gardé de mordre dedans, on ne sait pas où ça a traîné...

Le regard de Severus s'obscurcit davantage à l'allusion de Sirius aux Mangemorts.

- Tu ne m'as pas dit ce que toi tu faisais dans la forêt, ajouta l'évadé d'un air soupçonneux. Et tu ne peux pas dire à ta bestiole d'arrêter de me cracher dessus, ça devient désagréable.

- Pour ta gouverne, ce n'est pas une bestiole mais un mammifère domestique appartenant au genre félin et que l'on appelle communément un chat, répondit acidement Severus. Quant au fait qu'elle te crache dessus, je n'y peux rien – même si je l'approuve totalement – tu sais que les chats détestent les chiens. A moins que ce ne soit ta tête qui ne lui revienne pas, tu dois lui faire peur. Et ce que je fais ici ne te regarde pas, je suis maître de mes actes. Au fait, je crois que tu t'es éraflé le nez, juste là.. tu ressembles à ton filleul comme ça… termina Severus avec un sourire narquois.

Effectivement, une griffe balafrait son visage émacié. Ses cheveux noirs et mi-longs, qui cachaient ses yeux sombres le fusillant, n'étaient pour une fois pas trop sales. Il avait dû prendre une douche dans le mois, songea Severus. Il ne l'avait pas vu depuis mi-juillet et il devait avouer qu'il ne lui avait pas spécialement manqué. De son côté, Sirius pensait exactement la même chose.

- Au fait, dit soudain celui-ci, on raconte que tu te serais fait prendre par Voldemort cet éte ?

- Et alors ? demanda Severus d'un ton sec.

- Alors, je trouve étonnant que tu t'en sois sorti... un Auror s'est fait prendre à peu près au même moment, et il y est passé, mais curieusement, l'ex-Mangemort en a réchappé...

- Où est-ce que tu veux en venir, comme ça ? cracha Severus.

- ...

Le sang de Severus commençait à bouillir dans ses veines.

- Tu doutes de ma loyaute ?

- Il y a de quoi, non ?

- Tu es vraiment une ordure, Black. Moi qui avais fini par croire à ton innocence.

- Relève donc ta manche gauche et on verra qui de nous deux est l'ordure, rétorqua vertement Sirius.

- Tu sais parfaitement que c'est du passé, murmura Severus, les dents serrées.

Quelque part, il se disait que Black n'avait pas tort. Ses fautes passées le poursuivaient toujours.

- Alors comment expliques-tu que tu aies réussi à t'en sortir ? Et pas un Auror parfaitement entraîné à ce genre de situation ?

- Je ne me l'explique pas ! Et tu ne peux pas t'entraîner à ce genre de situation... Tu ne sais même pas ce que c'est, arrête de parler de choses auxquelles tu ne connais rien !

- C'est sûr que tu t'y connais mieux que moi en la matière...

Les yeux noirs de Severus lancèrent des éclairs, mais le regard brun de Black ne cilla pas.

- Je suis fidèle à Albus Dumbledore, il me fait confiance et je ne le trahirais pas !

- Je sais bien qu'il te fait confiance... Mais peut-on faire confiance à quelqu'un qui a déjà trahi son maître une fois ?

- Autant qu'à un évadé qui est recherché pour douze meurtres, me semble-t-il !

- Moi, je suis innocent !

- Je sais ! Alors je te prierais de croire que moi aussi !

- Et pourquoi me crois-tu innocent tout d'un coup ? Quand l'an dernier tu voulais me ramener à Azkaban avec tous les honneurs ? interrogea Sirius, soudain calme.

- Le professeur Dumbledore te tient pour innocent. Il n'y a pas de raison que mon avis diffère du sien. Je crois ce qu'il dit.

Ils restèrent à s'observer quelques instants. Les deux animaux, eux, n'avaient plus bougé depuis le début de la dispute, attendant en silence.

- Dumbledore m'attend, finit par dire Sirius.

Il reprit sa forme de chien tandis que Severus tournait les talons vivement, encore troublé par la discussion. Il vit le canidé noir le dépasser au galop puis s'enfoncer dans les fourrés. Black avait raison. Tout le monde devait le prendre pour un espion de Voldemort à présent. Alors que ça avait été l'inverse. Ironie du sort. Il marchait à pas rapides, pressé de rentrer. Sa rencontre avec le sorcier en cavale avait ruiné l'effet apaisant qu'avait eu sur lui sa promenade. Tout le chemin du retour, les phrases de Sirius tournèrent et retournèrent dans sa tête. On le prenait plus que jamais pour un Mangemort... Même ceux qui étaient du même bord que lui. Dumbledore ne parviendrai plus à les convaincre.

La petite chatte sauta à terre lorsqu'il sortit enfin de la forêt et trotta gaiement dans ses pas, heureuse de se retrouver en terrain connu, insouciante.

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