Ca y est, voilà la suite !!! Elle a mis du temps à arriver paske je lisais le tome 5 d'Hp entre temps...

Voilà voilà, donc bah, j'attends avec impatience vos impressions, et bonne lecture.

Bizoux !!

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Chapitre 8

Elévation

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Pour la première fois depuis bien longtemps, Severus s'éveilla l'esprit en paix. Il avait passé une excellente nuit, ponctuée de rêves bizarres, mais dont il ne se souvenait plus, et bien éloignés de ses cauchemars habituels. Il jeta un coup d'œil autour de lui et fit la moue. La petite chatte avait déserté sa chambre, sans doute gênée par l'odeur pénétrante qui flottait toujours dans l'air. Quittant sa position en chien de fusil pour s'étirer de tout son long sous les draps blancs, Severus se dit avec plaisir qu'il n'avait pas eu une mauvaise idée. Il était étrangement de bonne humeur. Rejetant les couvertures pour se lever, il vit avec surprise qu'il avait dormi les ailes déployées. Il avait dû glisser dans les bras de Morphée sans s'en rendre compte, car d'ordinaire il les faisait disparaître par crainte de les meurtrir dans son sommeil. Il se sentait tellement bien qu'il serait volontiers descendu de la sorte, mais cela n'aurait pas manqué d'attirer des questions pour le moins gênantes, et sans réponse pour la plupart. Aussi accomplit-il son rituel du matin comme tous les jours avant de rejoindre la Grande Salle, attaquant le lundi matin calme et serein.

Après le déjeuner, il se rendit dans les cachots, dont l'atmosphère glacée ne lui avait absolument pas manqué. Il avait pris soin de mettre un T-shirt et une épaisse chemise en dessous sa tunique et sa cape habituelle, car le mercure du thermomètre suspendu derrière le bureau ne devait pas atteindre les sept degrés. Au bout de quelques minutes, des conversations plutôt animées se firent entendre dans le couloir. Serpentard et Gryffondor s'invectivaient mutuellement, pour changer. Soupirant, il quitta son fauteuil et ouvrit la porte de la salle brusquement. Toutes les discussions s'éteignirent immédiatement.

- Vous rentrez tous et je veux seulement entendre le grattement de vos plumes durant les deux heures à venir, vous avez un devoir, annonça-t-il d'un air menaçant.

Aux quelques élèves qui tentèrent de protester, il lança un regard noir et il n'y eut pas de réclamations. Ils prirent tous place tandis qu'il inscrivait le sujet au tableau d'un coup de baguette :

"Expliquez : 1. à quoi sert le philtre d'Archibald l'Alchimiste,

2. quels sont les ingrédients qui le composent et leurs principales caractéristiques,

3. pourquoi il ne faut pas l'utiliser sur les Animagus et enfants en bas âge. "

Un murmure de protestation courut parmi les élèves.

- Monsieur, risqua Seamus Finnigan en levant la main, ce n'est pas juste, on a vu ce philtre au mois d'octobre, et...

- Cinq points de moins pour Gryffondor, Finnigan, coupa sèchement Severus. C'est moi ici qui décide de ce qui est juste ou pas, et je considère qu'il est injuste que je m'échine à faire cours à des élèves qui oublient leur leçon aussitôt après une interrogation. Donc, par principe, même deux mois et un premier devoir après, vous êtes censés être capables de répondre à ces questions portant sur des notions pour le moins élémentaires. Laissez-moi vous rappeler que lorsque vous aurez vos BUSEs à passer, vous ne serez pas interrogés sur votre dernière leçon, mais sur cinq ans de cours.

Drago Malefoy eut un ricanement et murmura à son large voisin une insanité de plus sur les Gryffondor, destinée cette fois à Finnigan. Severus ne releva pas et il se mit à relire ce qu'il avait prévu pour le cours suivant.

Le fracas d'une chaise tombant avec celui qui était assis dessus le fit sortir de ses pensées. Londubat était étalé de tout son long sur la pierre des cachots, gémissant. Severus poussa un long soupir, tandis que le Gryffondor se relevait d'un air apeuré sous les sourires goguenards des étudiants à la cravate verte et blanche.

Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour replonger dans la voluptueuse sérénité de la veille, plutôt que des faire cours à des incapables uniquement préoccupés par leur précieux nombril... A commencer par cette grosse tête de Potter et son presque alter ego Malefoy. Si ce n'est que Malefoy avait tout de même plus de dignité. Severus se gifla mentalement pour avoir même osé comparer les deux.

Il ramassa les parchemins deux heures plus tard. Comme à l'accoutumée, celui de Londubat était pour ainsi dire blanc. Ceux de Crabbe, Goyle et Finnigan n'étaient guère plus remplis, alors qu'il dut arracher à Granger son troisième parchemin, ignorant ses protestations.

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La journée fut trop longue et astreignante pour quelqu'un qui n'avait dormi qu'une seule nuit en quinze jours, et il fut bien aise de retrouver ses quartiers le soir, après dîner. La petite chatte, qu'il n'avait étonnamment pas vue de la journée, l'attendait derrière la porte, tapie dans l'ombre, et lui sauta dessus dès qu'il pénétra dans sa chambre.

- Aïe ! Mais ça va pas ? Chat idiot ! s'exclama-t-il alors qu'elle semblait prendre son mollet gauche pour un os à mâchonner.

Après quelques instants de lutte, il attrapa tant bien que mal la bête qui avait planté ses griffes dans son pantalon – et la jambe avec.

- Non mais, ça ne va pas dans ta tête... Il y a eu un loupé avec toi, il te manque une case... lui dit-il tandis qu'elle mordait consciencieusement ses doigts déjà couverts d'anciennes griffures, à grand renfort de coups de pattes arrière.

Il la tint devant son visage.

- Est-ce que tu as fini, dis ? On dirait que tu n'as rien mangé depuis trois jours...

Le chat s'arrêta un instant pour lui jeter un regard étonné, paraissant méditer ses dernières paroles, et finalement - après mûre réflexion - lui mordit le nez.

- Aïe-euh !

La chatte sauta de ses bras sur le lit et eut un miaulement ressemblant fort à un ricanement tandis qu'elle le regardait étouffer une bordée de jurons, une main plaquée sur le visage.

- Mais qu'est-ce qui m'a pris de m'occuper d'un animal pareil ? se lamenta-t-il. Quand je pense que tu me faisais pitié... Tu sais, dit-il en s'adressant au chat comme à un être humain, il y a des jours où je me demande si je n'aurais pas dû te laisser sous ton buisson au fond du jardin. Et non, je t'ai ramenée à la maison, je me suis occupé de toi, je t'ai même prise avec moi ici, et toi, tu ce que tu trouves à faire, c'est de me mordre ! Bonjour la gratitude... Ca fait mal en plus, continua-t-il pour lui-même, se frottant toujours le nez. Espèce d'affreux sac à puces...

Se souciant à peu près autant de ce qu'il venait de dire que de sa première gamelle, la chatte s'étira voluptueusement sur le lit, et demeura étendue de tout son long, attendant qu'on vienne lui gratouiller le ventre. Severus, amusé par son manège, s'assit sur le lit et fourra ses doigts dans l'épais pelage noir et or. La chatte, paupières closes, semblait savourer chaque aller-retour de la main du sorcier, lorsque celui-ci attira son attention avec un claquement de langue. Ouvrant d'abord comme à regret ses yeux dorés, elle fit un bond en arrière lorsque les ailes de Severus se déployèrent brusquement de toute leur envergure. Il se mit à rire alors que la chatte, effrayée et vexée, feula dans sa direction.

- Bien fait.

Il se redressa, un sourire narquois aux lèvres et s'éloigna du lit, se dirigeant vers son bureau. Son sourire disparut cependant alors qu'il faisait apparaître un tas de parchemins sur la table d'acajou.

- Allez, courage... soupira-t-il en s'attelant à sa tâche.

Il se mit lentement à corriger les copies des cinquième année, suivant le barème des BUSEs – Brevet Universel de Sorcellerie Elémentaire. Il était ravi que ce fut leur dernière année, car au mois de juin, ils devraient choisir leurs matières de sixième année selon l'orientation qu'ils avaient décidé de suivre, et lui-même ne prenait de toute façon en Potions que ceux qui avaient obtenu la note maximale à l'examen. Ce qui signifiait donc que c'était – à moins d'un miracle, si on pouvait appeler cela ainsi - sa dernière année à supporter Potter, étant donné les notes abyssales que celui-ci avait. Presque pire que Londubat.

Il commençait à somnoler au-dessus des derniers devoirs, lorsqu'une douleur fulgurante lui traversa le bras gauche. Il attrapa son avant-bras d'un mouvement convulsif, puis, se reprenant, déboutonna sa manche et défit le bandage. La Marque apparaissait noire sous les lignes rosâtres. Il se leva brusquement et sortit de la chambre. Enfin, essaya du moins, puisque lorsqu'il voulut franchir le seuil, il heurta violemment un mur invisible. Marmonnant de nouveau, en se tenant la mâchoire cette fois-ci, il fit disparaître ses ailes et descendit l'escalier de pierre tout en refermant sa manche. A la rentrée, il avait ensorcelé la porte pour éviter de la passer avec ses plumes sur le dos. Il se hâta vers le bureau du directeur, mais arrivé devant la gargouille, le professeur McGonagall l'interpella.

- Le professeur Dumbledore n'est pas là, Severus. C'était vraiment important ? demanda-t-elle en voyant son air ennuyé.

- C'est...

Il regarda autour de lui pour vérifier que le couloir était désert, et hésita un instant. Mais McGonagall faisait partie de l'Ordre du Phénix, après tout, et il lui fallait prévenir quelqu'un.

- Le Seigneur des Ténèbres vient d'appeler ses Mangemorts à lui, finit-il par dire lentement.

A en juger par son air angoissé, elle ne s'était visiblement pas attendue à une nouvelle de cette nature-là. Il vit son regard glisser sur sa manche gauche et acquiesça sombrement. Apparemment, elle ne savait pas quoi dire, mais soudain son regard s'éclaircit en apercevant quelque chose par-dessus son épaule.

- Ah, Albus, vous êtes l !

Severus se retourna pour faire face au directeur qui les observait.

- Il y a... euh... commença le professeur McGonagall.

- Ma Marque, dit simplement Severus, à voix basse.

Le regard pétillant de Dumbledore s'assombrit un peu, et il lui fit signe de le suivre dans son bureau, avec Minerva.

- Ainsi Lord Voldemort a mandé ses fidèles ce soir, dit Dumbledore une fois installé dans son grand fauteuil.

Severus tiqua au nom du Seigneur des Ténèbres, et il vit Minerva réprimer un frisson.

- Il faudrait avertir l'Ordre, suggéra celle-ci.

- Ils sont au courant, Minerva. Alastor Maugrey vient de m'informer que Macnair avait quitté son domicile, et il en est de même pour Nott, mais impossible de savoir où ils sont allés...

Severus sur lui sentit les regards des deux professeurs.

- Je n'en ai aucune idée, dit-il.

- Je sais bien, Severus, répondit le directeur, je sais bien. Cela fait longtemps … ?

- Une dizaine de minutes env...

A nouveau son bras le lança. Il serra son poing de toutes ses forces sous l'effet de la brûlure, et il pâlit un peu.

- De toute évidence, certains ne sont pas encore arrivés, dit-il à Dumbledore qui le regardait, anxieux.

- Albus, pensez-vous que ce soit bien utile que Severus continue à endurer ces brûlures ? interrogea Minerva après quelques instants de silence.

- Je me le demandais justement. Nous sommes de toute façon informés des mouvements des Mangemorts, expliqua le directeur au professeur étonné en se levant. Il ne sert à rien que vous continuiez à subir cela puisqu'il vous est impossible aujourd'hui de rejoindre Lord Voldemort. Et même vis-à-vis du Ministère, il serait plus prudent de la faire disparaître, même si Fudge continue à se voiler la face. Je pense qu'on devrait trouver un moyen d'effacer cette marque.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, répondit Severus en cachant légèrement son bras derrière son dos tandis que Dumbledore s'approchait de lui. Si jamais Maugrey ou les autres n'étaient pas en mesure de vous prévenir... Quant aux brûlures, continua-t-il avec un sourire amer, j'y suis habitué. Et de toute façon, je doute qu'il soit possible de la faire disparaître.

- Est-ce que je peux y jeter un coup d'œil, Severus ? lui demanda le vieux sorcier très sérieusement.

- Je...

- Severus, s'il vous plaît, insista-t-il en plongeant ses yeux bleus dans les siens.

Severus ne soutint pas son regard et détourna la tête, priant pour que le directeur de Poudlard change d'avis. Il poussa un long mais discret soupir, et, lentement, déboutonna sa manche, fixant obstinément le sol de pierre son bandage était heureusement resté sur son bureau : il savait que cela aurait intrigué le grand sorcier. Ceci fait, il tendit vaguement le bras, l'air un peu embarrassé, l'intérieur de l'avant-bras tourné vers le haut. Le professeur Dumbledore lui saisit doucement le poignet, et tournant la Marque à la vue de tous, eut l'air profondément surpris. Le professeur McGonagall étouffa une exclamation horrifiée devant les longues cicatrices qui barraient sa peau sur une douzaine de centimètres. La Marque était encore noire.

- Est-ce... est-ce Vous-Sav... ? balbutia McGonagall.

Albus Dumbledore ne dit rien, et dévisagea Severus, qui regardait ailleurs, l'air rembruni. Un peu de rouge lui était cependant monté aux joues. Il sentit l'un des longs doigts de Dumbledore passer sur une des fines zébrures et frissonna.

- Non, Minerva. Je ne pense pas que ce soit le Seigneur des Ténèbres, dit Dumbledore en observant le serpent noir à présent coupé en deux.

Il releva sa tête couronnée d'argent. Le professeur de Potions savait qu'il cherchait ses yeux derrière le rideau de cheveux noirs qui lui tombait sur le visage. Mais il n'avait pas le courage d'affronter son regard et continua de contempler opiniâtrement le mur sur sa droite.

- Non, je pense qu'il s'agit de quelqu'un de profondément dégoûté par cette marque. Quelqu'un de... découragé.

Severus rougit davantage. Un instant de silence.

- Est-ce pour cela que vous refusiez d'en parler, Severus ?

- Vous... vous voulez dire que c'est Severus qui a fait ça ? hoqueta le professeur McGonagall. Mais pourquoi... ? demanda-t-elle à son collègue de Serpentard.

Celui-ci avait maintenant pâli.

- Je... Excusez-moi, je ne me sens pas bien, dit-il en portant sa main sur ses yeux, avant de quitter le bureau, laissant sur place un Albus soucieux et une Minerva ébranlée.

Il marchait à pas rapides, courant presque, en direction de sa chambre. Il refusait de reparler de ça. Il avait vu un éclat dans les yeux d'azur du directeur, triste et déçu. Mais il ne pouvait pas comprendre. Il ne savait pas ce que cela faisait de voir cette tache sur son bras. Il y a quatorze ans, il l'avait vue disparaître en même temps que le sorcier qui l'avait gravée dans sa chair. Mais il savait qu'elle devrait reparaître un jour. Et au courant de l'été précédent, elle était revenue. Il l'avait vue se dessiner de plus en plus précisément au cours de l'année, pour finalement devenir noire au mois de juin, lors de la re-naissance du Seigneur des Ténèbres. Et depuis elle était là, rouge sur sa peau blanche, plus sanglante que jamais. Le professeur Dumbledore ne pouvait pas savoir ce qu'elle représentait à ces yeux. Il ne supportait plus de la voir. Pendant toute l'année qui venait de passer, il avait porté le même bandage sans jamais le défaire pour la cacher à sa vue. Les cicatrices qui la barraient aujourd'hui étaient en quelque sorte sa revanche sur le sort, et le directeur n'avait pas à en être déçu. Elles n'avaient pas été intentionnelles, mais ces coupures, bien qu'il masque toujours son bras, rendaient la Marque plus supportable à ses yeux.

Il poussa la porte de sa chambre, jeta sa cape sur le fauteuil devant son bureau et s'écroula sur son lit, irrité par la réaction de Dumbledore, par sa Marque, par tout ce qui s'y rapportait. La chatte qu'il venait de réveiller vint se coucher sur sa poitrine en ronronnant. Il la caressa un moment, toujours agacé, puis finalement se tourna – l'éveillant une deuxième fois – sur le côté. Il saisit au pied de son lit le long et fin tuyau du narguilé avant de plonger dans un état de quiétude bienfaisant, entouré de légères volutes de fumée telles les morceaux d'une brume matinale. Bientôt ses soucis terrestres lui parurent bien loin derrière lui, tandis qu'il voyait des formes se créer dans le brouillard d'argent s'échappant de ses lèvres. Des nouveaux mondes s'offraient à lui, exempts de toute Marque, de tout Mangemort, pleins de vie. Des musiques résonnaient dans ses oreilles, et une voix, revenue de ses souvenirs, se mêlant au vent en un chant enivrant pour l'emmener par-delà les montagnes et la mer. Il se sentait s'envoler au milieu de la voûte bleu intense du firmament, à des lieues de cette misérable existence, au milieu des étoiles. Le souffle des cieux s'engouffrait dans ses cheveux tandis qu'il glissait dans le velours de la nuit, ses ailes de jais le portant loin, vers l'infini.

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Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!

« Elévation »,

III, Spleen et Idéal

Les Fleurs du Mal

Charles Baudelaire

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