Je suis vraiment navrée de vous avoir fait attendre, mais il se trouve que ces derniers jours j'ai pas eu le temps d'aller sur le net et la seule fois que j'ai pu, impossible d'aller sur Fanfic ( je déteste aol ), et donc voilà ça explique mon retard. Enfin en partie paskil est aussi du au fait que comme le chap 10 finit bizarrement, j'ai voulu vous mettre le 11 en mm temps, donc vous aurez droit a deux chapitres d'un coup aujourd'hui, la chance ! Allez, bonne lecture )

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Chapitre 10

Le mystère d'un poignard

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Myrane rentra dans ses propres appartements. Sa discussion avec le professeur McGonagall l'avait quelque peu calmée, mais elle nourrissait encore un certain ressentiment envers Snape. Sentant que sa colère reprenait le dessus, elle s'assit sur le rebord de sa fenêtre ouverte, faisant danser ses doigts fins sur les cordes de sa petite harpe, chantant un air triste mais léger. Sa voix claire s'éleva dans les airs, résonnant dans la nuit froide et vidant son esprit pour se concentrer sur l'ode.

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Severus, quant à lui, avait déployé ses ailes douloureuses sitôt la porte fermée. Il avait toujours à l'esprit sa collaboratrice imposée. Elle n'était restée qu'une heure et demie, mais cela avait été quatre-vingt dix minutes éprouvantes durant lesquelles il avait ardemment combattu son ( très fort ) désir de passer ses doigts sur son cou gracile... et de serrer un bon coup. Elle ne l'avait pas gêné pendant les premiers jours de la rentrée, ils ne s'étaient pas vus. Mais depuis la minute où le professeur McGonagall lui avait annoncé cette coopération forcée, il lui en avait profondément voulu. Rancœur qui avait évolué en véritable hostilité lorsqu'il l'avait vu se présenter à sa porte. De quel droit venait-elle carrément lui dire ce qu'il avait à faire, et dans ses quartiers encore ? Sans aucune expérience de l'enseignement en plus, quand lui avait déjà bien entamé sa quatorzième année de cours. On ne se permettait pas de faire des remarques à un aîné quand on débutait l'année scolaire avec un trimestre de retard ! Severus sentit qu'il commençait à s'énerver sérieusement, et les douleurs, légères mais lancinantes, qui couraient dans son dos n'arrangeaient rien. Et sa petite fée à quatre pattes qui n'était même pas là pour qu'il puisse lui faire un de ces câlins si apaisants, sa gorge ronronnante vibrant sous la caresse de ses doigts habiles. Elle avait fui l'envahisseur, la chanceuse...

Il aurait aimé pouvoir prendre un bain chaud pour se détendre, mais la seule perspective de plonger dans une baignoire le rendait malade, être totalement entouré d'eau menaçant à chaque instant de vous engloutir... Il frissonna en chassant de ses pensées les souvenirs que cette idée avait fait renaître en lui et décida d'aller se coucher. Il se glissa dans le pyjama de satin vert émeraude que les elfes étaient chargés de maintenir au chaud en cet hiver froid et s'assit en tailleur sur son lit, inspectant du regard les étagères de sa bibliothèque. Si celle de son bureau personnel – pas son sinistre bureau de directeur de Serpentard au fin fond des cachots, mais celui dans lequel il avait passé la soirée - était emplie de livres de Potions, de sortilèges plus ou moins puissants et de certains volumes de magie noire, le meuble dans sa chambre étalait ses lectures privées. Il soupira. Il était encore trop irrité pour se mettre à lire. Alors il se lova dans les draps chauds de son lit et finit par s'endormir, un long tuyau tombé sur l'oreiller, près de sa main.

Il se réveilla le nez dans une épaisse fourrure. Il sourit et fit une ou deux caresses à la chatte assoupie, puis la poussa doucement afin de se lever car elle sommeillait sur ses cheveux étalés sur l'oreiller. Il fit un geste de la main et les lourds rideaux s'écartèrent. La pâle lumière du dehors inonda la pièce. Le temps était d'un gris maussade, remarqua-t-il en s'étirant au maximum – plumes comprises. Il passa une main dans ses cheveux, encore tout endormi, et se traîna le plus rapidement possible vers la salle de bains. Il ouvrit l'eau du robinet argenté et s'apprêtait à en passer sur son visage, lorsqu'une petite patte velue agrippa ses doigts et attira ses deux mains pleines d'eau jusqu'à un museau rose qui se hâta d'y plonger une langue râpeuse.

- Tu sais que tu as une gamelle d'eau à côté de la fenêtre ? hein ? tu es au courant ? dit le sorcier, amusé, alors qu'elle se mettait à boire directement au robinet. Dis donc, poursuivit-il, Miss Pénible revient ce soir, alors j'espère que tu ne vas pas lâchement m'abandonner cette fois. Ah, je ne suis pas capable de faire un remplacement seul... On verra lesquels de ses cours ou des miens seront les meilleurs. De toute façon, j'ai tout mon temps pour les préparer, mes cours des Potions sont prêts pour les trois semaines à venir. ... Dis, tu m'écoutes quand je te parle ?

La chatte qui à présent faisait sa toilette sur le bord du lavabo sembla acquiescer d'un léger miaulement. Severus eut un sourire ironique.

- Tu miaules, mais tu n'as pas compris trois mots de ce que je viens de te dire, hein ? Si encore tu répondais, j'aurais l'air un peu moins stupide. Je me demande si je ne vais pas finir par faire un séjour à Sainte-Mang... Non, arrête. Arrête, s'il te plaît. Touche pas, j'ai dit... Non, ça suffit, c'est à moi ! Pas touche ! s'exclama-t-il en attrapant le chat qui, toujours assis sur le lavabo, semblait s'être mis en tête de plumer son aile droite. Confonds-moi encore une seule fois avec un vulgaire pigeon et je te jure que tu finis en plat de résistance pour Scroutt à pétard, menaça-t-il tandis que la chatte le regardait d'un air " je-suis-innocente-comme-l'agneau-qui-vient-de-naître " absolument pas convaincant. Et rends-moi ça, dit-il en lui tirant de la gueule une petite plume noire avant de la reposer sur le sol. Allez, file.

Il lissa de la main une ou deux rémiges qu'elle avait mises en bataille.

Il avait cours de potions toute la journée. En somme, une loooongue et ennuyeuse journée avant de devoir subir à nouveau Dana O'Shee. Le week-end serait bien mérité, et de tout repos. Ah non, il faudrait qu'il retravaille les cours de Défense contre les forces du Mal.

" Pitié, s'il y a quelqu'un là-haut, faites qu'on ait fini les cours suivants ce soir et que je n'ai plus besoin de l'avoir sur le dos, supplia-t-il en levant les yeux au ciel tout en revêtant sa chemise. Non, mieux, faites qu'Aegra lui refile son hépatite, songea-t-il avec un sourire sadique. J'espère que c'est contagieux..."

Au grand dam de Severus cependant, le professeur Dana O'Shee était toujours en vie le soir, qui plus est en pleine forme et nettement moins encline à se laisser faire que la veille. Il en résulta un planning expédié afin de ne pas se voir une seconde de plus, une Myrane qui se révéla posséder une langue très acérée lorsqu'elle s'énervait et un Severus qui, aux prix d'efforts surhumains "Non, reste calme, ne lui fais pas manger son dossier, le professeur Dumbledore ne serait pas content du tout ", tentait tant bien que mal de garder son calme – quoique ne se gênant pas le moins du monde pour répliquer vertement. Finalement, ils décidèrent d'un commun accord de suspendre leur collaboration, trop harassante pour leur tensions nerveuses respectives, le temps du week-end.

Severus consacra celui-ci à l'élaboration d'un philtre de croissance, d'abord par désoeuvrement mais surtout parce que son amaryllis, qui d'ordinaire étalait avec fierté ses grandes feuilles vertes en cette saison froide, avait bien triste figure depuis que la chatte la mâchait régulièrement. Il était sorti de sa chambre et après un tour de clé, avait rouvert la porte sur son bureau. La pièce était en fait la même que sa chambre. Seul son contenu s'était mystérieusement métamorphosé. Il y avait toujours la grande cheminée sur le mur de droite, jouxtant la porte de la salle de bains qui renfermait à présent sa réserve d'ingrédients. Son petit bureau était toujours collé dans le coin juste à sa droite, mais un chaudron y bouillonnait maintenant. Le grand lit d'ébène aux rideaux rouges appuyé sur le mur de gauche avait disparu pour faire place à des étagères. La grande table du centre, se dressant là où normalement un épais tapis offrait sa caresse aux pieds, était couverte d'ingrédients réduits en poudre, hachés ou coupés en morceaux. Severus, penché sur son chaudron, en ajoutait certains avec précaution. Précaution d'une part parce que ce mélange nécessitait beaucoup de délicatesse, et d'autre part parce qu'une plante à l'aspect plutôt agressif s'agitait dans son pot posé sur le même bureau. Il s'agissait d'une Griffe du Diable. Elle était constituée d'une longue tige avec une ou deux branches couvertes d'épines d'une longueur d'environ cinq centimètres, et couronnée d'une fleur ressemblant un peu à un chardon, auréolée de piquants. Le poison qui coulait dans sa sève était capable de tuer en homme en moins de cinq minutes s'il n'était pas immédiatement soigné et le végétal infernal n'hésitait pas à lancer ses griffes sur tout agresseur potentiel. Celle-ci se balançait de gauche à droite, manifestement dérangée par la proximité du sorcier, mais restait tranquille depuis que Severus en avait, avec bien du mal, coupé certaines feuilles. Malheureusement, on ne pouvait pas la neutraliser sans en annuler les effets curatifs, et elle était très utile dans les potions de régénération ou de croissance. Ces dernières n'étaient pas compliquées à préparer, mais requéraient une grande minutie. Il s'agissait après tout d'une potion capable de redonner vie et par conséquent une extrême concentration était indispensable pour ne pas inverser complètement le résultat escompté. Severus y travaillait depuis le matin, sans se presser, ravi de se trouver une occupation. Il se retourna afin de prendre le dernier ingrédient entrant dans la constitution de la mixture, des racines de peuplier finement hachées. Il chercha un moment parmi l'amoncellement de composants avant de trouver ce dont il avait besoin et l'ajouta doucement dans le chaudron avant de réduire le feu. Il retourna l'un des petits sabliers greffés au grand sablier de cuivre posé sur le bureau et commença à nettoyer la grande table – il préférait ranger lui-même plutôt que d'utiliser la magie pour ne pas altérer certains ingrédients - jetant des regards réguliers au sable bleu s'écoulant lentement. Lorsque les derniers grains furent tombés, il étouffa les flammes d'un léger geste des doigts et remua la potion, jugeant de sa consistance d'un œil expert. Il eut un sourire satisfait et retourna à son rangement, laissant refroidir le philtre d'une vague couleur orangée. Il n'eut pas sitôt tourné le dos que la chatte, allongée sur le parquet devant la cheminée, ouvrit ses yeux d'or et sauta sur le bureau afin de faire sa toilette.

La Griffe du Diable, dérangée, jeta soudainement ses griffes dans sa direction et l'animal, avec un feulement, bondit en l'air pour l'éviter. Severus se retourna brusquement et vit sa dague accrochée au-dessus de son bureau tomber dans le chaudron comme la chatte la heurtait dans sa tentative d'échapper à la fleur diabolique. L'animal alla ventre à terre se cacher sous la grande table, et Severus, pestant contre elle et contre la plante qui fouettait toujours l'air dangereusement, s'approcha du récipient encore fumant pour récupérer son précieux poignard. Il distingua l'arme au fond du chaudron et, sortant sa baguette, murmura un sortilège d'attraction. Le couteau s'éleva lentement dans la petite marmite et fendit la surface du liquide. Le sorcier se saisit de la garde mouillée et remarqua avec étonnement que la lame aux reflets mauves avait pris une couleur verdâtre, mais il n'eut pas le temps de s'interroger davantage, car le végétal lança de nouveau ses crochets empoisonnés.

Severus eut un bref mouvement de défense, et la dague serrée dans son poing déchira l'une des feuilles.

Ce qu'il vit alors le stupéfia, car la plante, bien qu'en contact avec un philtre de croissance, prit une teinte brûlée et se racornit, pour devenir un misérable tas de feuilles craquantes et brunes, complètement desséchée. Severus ouvrit de grands yeux et reporta son regard sur la lame qui portait toujours ces singuliers chatoiements verts. Il piqua de la pointe l'une des plantes " normales " posées sur la table, et avec un bruissement sinistre, elle se ratatina de la même façon. Il était pourtant certain de ne pas avoir fait d'erreur en préparant sa potion... Il alla remplir une louche dans le chaudron et la versa dans le pot où végétait l'amaryllis, quitte à la tuer. La plante se redressa, pleine de santé, et ses feuilles trouées par les minuscules crocs se rebouchèrent instantanément, plus vertes et brillantes que jamais. Le philtre avait été parfaitement préparé. Severus se figea un moment, cherchant une explication à ce phénomène. Il prit alors un chiffon qui traînait sur le manteau de la cheminée, et nettoya la lame effilée du poignard avec prudence. Débarrassée du mélange, elle finit par retrouver sa couleur habituelle. Curieux, il coupa alors un morceau d'un cactus qui reposait tranquillement dans son pot. Un liquide aqueux s'échappa de la blessure du végétal, mais rien d'anormal ne se produisit. De plus en plus intrigué, il plongea à nouveau la lame dans le chaudron, guettant tout réaction insolite. Les moirures vertes avaient repris possession de la lame lorsqu'il la ressortit, dégoulinante. Il lâcha un instant son arme, et fit apparaître une souris dans sa main gauche, et un simple couteau dont il enfonça légèrement la pointe dans le flanc de l'animal. Le rongeur couina de douleur, et une goutte de sang perla sur le pelage blanc. Severus serra les doigts pour empêcher la bête devenue folle de s'échapper. Il prit son poignard imprégné du philtre, hésita quelques secondes puis répéta l'opération. La souris eut un soubresaut, et avec un couinement particulièrement pathétique, s'effondra dans la paume du Maître des Potions. Il l'effaça d'un claquement de doigts et s'assit dans son fauteuil, observant attentivement le vert brillant de la dague, se gardant bien de passer ses doigts dessus comme il en avait la mauvaise habitude. Il effaça toute trace du produit à l'aide d'un sort, rendant ainsi l'arme " inoffensive ". De toute évidence, le dague en elle-même n'avait rien de mortel, si l'on pouvait dire ainsi. Et la potion n'avait aucun défaut. Par conséquent, c'était le fait de tremper cette lame dans cette potion qui la rendait si dangereuse. Plutôt contradictoire, étant donné que ce mélange était censé ramener à la vie. Ce poignard était encore plus mystérieux qu'il n'y paraissait.... Peut-être y avait-il là un lien avec son... suicide raté.

Cette lame... Cette lame si étrange... Dont il n'avait jamais rien dit à personne. Il avait promis. Un secret de plus... Il avait six ans. Malgré les années, il se souvenait parfaitement.

Le recoin du grenier sombre et poussiéreux, derrière une énorme poutre oblique soutenant le toit pentu. Ses pieds nus sur le parquet. Les rais de lumière blafarde tombant de la petite lucarne. La pluie qui tambourinait sur la vitre et les cheveux mouillés sur ses yeux. Les pas dans l'escalier. Sa voix qui l'avait appelé. Des pleurs. Son cœur qui battait sous la jolie robe blanche et le parfum de ses cheveux. Un papillon. Quelques mots échangés en français. La boîte de bois d'un gris argenté. Les éclats violacés de la lame et sa forme inaccoutumée, courbée et élancée. Le sang qui avait perlé au bout de son doigt, et une larme qui avait roulé sur sa joue. Une goutte d'un rouge profond tombée à terre. La promesse de ne jamais rien dire à personne. Et l'arme entre ses petites mains d'enfant. Car bientôt, c'est à lui qu'elle reviendrait. Il n'avait pas compris...

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