Coucou les gens, voila mon chap 13 ! ( ouh ca porte malheur ca... )

Au fait, je suis dsl pour les revieweuses, je pense jamais à repondre ( mal, je sais... T  T ), mais je vous lis toutes et ca fait toujours tres plaisir... J'essaierai d'y penser ( pas bien, vilaine fanficeuse ). La je dois avouer que g un peu la flemme de le faire tt de suite, mais il est un peu minuit vingt aussi... ( et feignasse en plus, maaaal )...

Bon, allez, j'arrete, et je vous laisse lire cette merveille de la littérature ( hum... nan pas grosses chevilles pkoi ? °  ° )

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Chapitre 13

Unforgivable Sinner

You know where you've sent her

You sure know where you are

You're trying to ease off

But you know you won't get far

And now she's up there

Sings like an angel

But you can't hear those words

Sings like an angel

Unforgivable Sinner

"Unforgivable Sinner",

Lene Marlin

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Lundi soir, vers huit heures et demie, comme ils l'avaient maintenant prévu, Myrane Dana O'Shee prit le chemin des appartements de Severus Snape, qui n'avait toujours pas consenti à descendre en salle des professeurs. Comme ça, il pouvait la martyriser à souhait sans témoin, songea-t-elle. Elle était un peu plus confiante, cependant. Elle avait longtemps tourné le problème Snape dans sa tête, et en avait déduit que le mieux à faire, c'était encore de ne pas le contredire – dans la mesure du possible. De cette manière, il parvenait certes à ses fins, mais si c'était le seul moyen pour éviter l'affrontement, elle était prête à faire certains sacrifices. A partir de maintenant, il ferait donc comme il voudrait, et elle suivrait – encore une fois dans la mesure du possible. Si avec ça, il n'était pas content, elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire d'autre. Elle était arrivée sur le palier et cogna à la porte. Celle-ci s'ouvrit instantanément. Elle remarqua en entrant que le professeur de Potions, assis à la grande table, n'avait pas pris la peine de se déplacer pour ouvrir et haussa les épaules. Elle prit place non loin de lui, et lui demanda le plus gentiment possible sur quoi portait le cours qu'il avait fait avec les Serdaigle de deuxième année, étant donné qu'il l'avait préparé sans elle et qu'elle avait les Gryffondor le lendemain. Il haussa un sourcil étonné en la regardant, avant de répondre aussi désagréablement qu'à l'accoutumée. Ils travaillèrent environ une demi-heure, occupés à corriger des copies - tâche qu'ils devaient accomplir ensemble pour éviter des écarts de notes phénoménaux selon le correcteur - lorsque Myrane se tourna de nouveau vers lui.

- Au fait, avez-vous remarqué que le lac commençait à dégeler par endroits ?

- Fascinant.

- Je voulais dire par là qu'il pourrait être intéressant d'y attraper une raie blanche, pour les troisième année...

- Et ?

- Et je sais comment faire, mais la tâche serait grandement facilitée en étant deux.

- Vous espérez que je vais venir vous aider à attraper une raie blanche dans le lac ? interrogea Severus, levant les yeux de son parchemin pour fixer les siens.

- Je dois avouer que oui, j'espérais, répondit-elle avec un sourire.

- Hors de question, reprit le sorcier en replongeant le nez dans ses papiers. Vous n'avez qu'à demander à Hagrid, il en sera ravi.

La jeune femme parut déçue.

- Vous ne voulez vraiment pas ?

- Il me semble avoir été clair, j'ai dit non. Je ne mettrai pas un pied dans une vieille barque pour aller attraper une de ces bestioles, mais libre à vous de le faire, je vous en prie.

« Si seulement c'étaient les raies qui attrapaient une Dana O'Shee... Je vais aller en soudoyer quelques-unes...  »

Myrane n'insista pas, et ils reprirent leur correction, sous l'œil vigilant de la petite chatte, qui ne supportait pas que l'on s'approche si près de son maître adoré, et qui avait déjà tenté par deux fois de mordre. Elle sortit une heure et demie plus tard, et lorsque Severus, après avoir regagné sa chambre, sortit sur le balcon délasser ses ailes, il s'aperçut qu'elle avait raison et que la glace blanche du lac cédait par endroit la place à la noirceur angoissante de l'eau.

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Le lendemain soir, après une journée partagée entre les loups-garous, les mauvais sorts et la magie égyptienne et amérindienne, Myrane Dana O'Shee sortit couverte de son épaisse cape d'hiver bleu nuit et se dirigea vers la maisonnette du garde-chasse. Elle frappa à la lourde porte de bois et attendit quelques secondes. De lourds pas se firent entendre à l'intérieur et la haute silhouette de Hagrid apparut dans l'encadrement.

- Bonsoir, Hagrid.

- Professeur, salua le demi-géant avec un signe de tête amical.

- Euh... Puis-je vous demander un service ?

- Venez, entrez... proposa-t-il en s'effaçant pour la laisser passer. Que puis-je pour vous ? Vous voulez une tasse de th ?

Elle déclina l'offre avec un sourire..

- J'avais projeté d'attraper une raie blanche pour mes cours ce soir, c'est le moment idéal. Malheureusement, je n'y arriverai pas toute seule et je me demandais si vous accepteriez de m'aider...

- Bien sûr, répondit-il d'un air enthousiaste. Vous voulez y aller maintenant ? Il y a un endroit du lac où elles pullulent en ce moment. Allons-y. Viens, Crockdur...

Ils sortirent et prirent tous deux la direction du lac, l'énorme chien sur les talons.

- J'avais demandé au professeur Snape, mais vous savez comme il est, il a refusé, dit-elle avec un haussement d'épaules. De toute façon, quoique je dise, il refuse... Et pourtant, j'essaie...

- Ce n'est pas votre faute, assura gentiment Hagrid, qui prit un air songeur. Je me souviens, quand il était petit, il avait une peur bleue de l'eau.

- C'est vrai ? s'étonna Myrane, amusée. Non ? Le terrible professeur Snape a peur de l'eau ?

Elle eut un bref éclat de rire, puis redevint sérieuse.

- Mais comment ça se fait ?

- Je ne sais pas, avoua le géant. Je ne lui ai jamais posé la question, et il n'en a jamais parlé. Je me souviens, quand il est arrivé en première année, au moment de monter dans les barques, il est devenu blanc comme un linge. Il a embarqué avec moi. Les élèves sont tous complètement émerveillés en arrivant devant le château, mais lui était assis au fond de la barque sans bouger. Il ne répondait pas quand on lui parlait, mais je crois qu'il n'entendait même pas. Quand ils sont rentrés dans le hall, il était encore vert de peur et tremblait comme une feuille.

- Ainsi, même avec ses airs supérieurs, il a des failles comme tout le monde...

- Je ne sais pas si c'est toujours vrai, mais ne l'embêtez pas avec ça, dit Hagrid en détachant une barque du ponton de bois auquel elle était encordée, ça ne serait pas gentil...

- Je n'en avais pas l'intention. Nos relations sont déjà assez envenimées comme ça... C'est juste bon de savoir qu'il n'est pas si supérieur que ça...

Elle embarqua après le garde-chasse et ils s'éloignèrent doucement de la berge. Ils passèrent une quarantaine de minutes sur l'eau calme du lac, zigzaguant entre les plaques de glace, guettant les trous autour desquels se cachaient les poissons, avant de revenir avec un spécimen convenable. La nuit était tombée entre-temps, et lorsqu'ils se séparèrent pour regagner chacun leur logis, ni l'un ni l'autre ne virent la longue silhouette qui s'élevait au-dessus d'un balcon lointain, avant de disparaître dans l'obscurité.

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Severus, lui, retrouva ses pénates une petite heure plus tard. Il se sentait bien, son esprit étant toujours magiquement délassé par son narguilé, et par sa petite promenade, mais il était également épuisé. Il avait dû s'arrêter plusieurs fois pour reprendre son souffle, les muscles de ses ailes n'étant pas encore habitués à ce genre d'exercice. Il s'endormit sitôt couché, pour ne se réveiller que le lendemain matin, plutôt de bonne humeur.

Il prit vite l'habitude de sortir, une fois le soir tombé. Au bout de deux semaines, il avait déjà beaucoup moins de difficultés, et ses escapades atténuaient énormément la gêne qu'il ressentait dès qu'il faisait disparaître ses ailes. Et cela avait un effet presque aussi rassérénant que son ensorcelante fumée... mais ne lui procurait toutefois qu'un plaisir moindre en comparaison, aussi le narguilé était-il souvent encore chaud lorsqu'il sortait. Ces deux sources de satisfaction conjuguées avaient fini malgré tout par remonter le niveau de son moral, et il commençait réellement à se sentir bien. Le directeur de l'école lui en avait d'ailleurs fait la remarque, et bien qu'il le trouva un peu amaigri selon ses dires, il se réjouissait de le voir mieux. Ses cauchemars l'avaient pour l'instant définitivement oublié, puisque ses journées étaient maintenant bien remplies par ses cours de Potions et de Défense contre les Forces du Mal, et qu'il avait enfin trouvé le moyen de passer des soirées et des nuits calmes.

Seuls ses rendez-vous forcés avec le professeur Dana O'Shee, qui semblait tout faire pour le rendre fou, arrivaient encore à perturber sa tranquillité, ainsi que les insupportables regards compatissants que s'obstinait à lui lancer le professeur McGonagall. Il avait fini par se sortir de l'esprit le pourquoi de ses ailes et de sa capacité à voler, et bien que son poignard ne quitta plus sa ceinture, caché dans les replis noirs de sa cape, il avait également cessé de s'interroger à son sujet, ayant admis qu'il n'aboutissait à rien.

Bref, de matins humides en soleils embrumés, les jours de février se succédaient paisiblement dans le château perpétuellement enveloppé de ouate blanche et légère étouffant les bruits de l'école. Le seul qui ne goûtait pas la quiétude de l'hiver était le pauvre William Aegra, toujours alité et jaune comme un coing. Mme Pomfresh passait le voir matin et soir, et un elfe de maison avait été chargé de subvenir à ses besoins, au cas où. Cela faisait maintenant plus d'un mois qu'il passait ses journées allongé à contempler les tentures de son lit, et l'infirmière avait fini par rendre coupable de ce retard de convalescence la fragile santé du professeur. Severus avait néanmoins perçu une rumeur parmi les élèves l'accusant d'être à l'origine de la maladie afin de profiter du poste de son collègue. On entendait vraiment n'importe quoi... Pas plus tard que l'avant-veille, il s'était encore querellé avec Dana O'Shee. Pour être exact, les soirs durant lesquels ils n'avaient miraculeusement pas élevé la voix depuis le début de leur intérim se portaient au médiocre chiffre de trois. En fait, il avait remarqué que depuis un moment, leurs altercations ne duraient pas plus d'une minute, car elle lui faisait ensuite un grand sourire en lui demandant s'ils pouvaient se remettre au travail. Il se mettait en colère et tout ce qu'elle trouvait à faire était de sourire... C'était tellement horripilant !

Quant aux cours, ils n'étaient pas non plus une partie de plaisir... D'abord, la salle était presque aussi glaciale que ses cachots depuis que Dana O'Shee avait amené sa raie blanche en classe, puisque cette créature du froid ne vivait que dans la glace. Les misérables dix-neuf degrés de la pièce étaient donc tombés d'une douzaine de degrés. Et les élèves étaient tous tellement obtus... A part Miss Granger que tout le monde trouvait géniale et que lui jugeait simplement pénible. Mais cela faisait partie de la routine de son métier, et il ne changerait pas ses chers petits étudiants – pas plus qu'ils ne le changeraient lui.

Lorsqu'il descendit dans la Grande Salle le vendredi de cette douce semaine, il sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. L'ambiance semblait bien plus gaie qu'à l'ordinaire. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à faire des sourires idiots ces adolescents boutonneux ? Sans parler de ses collègues, qui pour la plupart étaient plongés dans leur courrier du matin : Dana O'Shee, à trois places sur sa gauche, lisait une longue lettre, un grand sourire aux lèvres entre elle et lui, Sinistra et Vector – rose de plaisir - étaient en grande discussion. A sa droite la sous-directrice plaisantait avec le professeur Dumbledore. Il avait dû louper quelque chose. Pour tout dire, il était rentré très tard la veille et il n'était pas encore tout à fait réveillé.

- Et vous, Severus, demanda Arlanne Vector, passant sa tête par-dessus l'épaule de sa voisine, avec qui fêtez-vous la Saint-Valentin cette année ?

Il leva les yeux au ciel. C'était donc ça. La Saint-Valentin.

- Je ne pense pas que Severus fête la Saint-Valentin, répondit le professeur Sinistra en se tournant vers lui, si ?

- Non, en effet, répliqua sèchement l'intéressé, un vague rictus méprisant aux lèvres.

Il ne parla pas beaucoup mais capta plusieurs discussions. La cause du rose vif qui teintait actuellement le visage hâlé du professeur Vector était une invitation à dîner d'Asbjörn Mannaz, qui de toute évidence avait déjà fait une tentative l'année précédente qui n'avait malheureusement pas pu aboutir.

« Eh bien, si ces deux-là ne s'invitent à dîner qu'une fois par an, ils ne sont pas arrivés », songea Severus en son for intérieur. Lorsqu'au moment de sortir de table, le professeur Dumbledore vint lui souhaiter une heureuse Saint-Valentin, le Maître des Potions s'aperçut qu'il avait pour l'occasion revêtu de belles chaussettes roses, et quitta la Grande Salle en secouant la tête, consterné. Il n'avait pas cours tout de suite, il avait donc le loisir de remonter dans sa chambre, ce qu'il fit immédiatement.

Il détestait la Saint-Valentin. Plus que n'importe quel autre jour de l'année. D'abord, c'était une fête totalement dénuée d'intérêt et uniquement commerciale. Est-ce que les gens qui s'aimaient avaient vraiment besoin d'une fête pour se le dire ? C'était ridicule. Et il vouait une haine personnelle à ce jour de février. Non pas parce que sa seule compagnie se résumait à un chat, au contraire, il vivait très bien comme ça.

Non. Parce qu'un lointain 14 Février lui avait à jamais ôté l'envie de fêter ce jour. La seule chose qu'il commémorait pour lui était loin des lettres d'amour et des invitations à dîner. Il retira de sa bibliothèque un livre relié de cuir, décoré d'arabesques sur sa couverture. Le nom d'Alfred de Musset y était inscrit en lettres d'or. Il ne lisait que très rarement Musset. Ses poèmes parlaient essentiellement de passions amoureuses, et il préférait de loin les Fleurs du Mal. S'asseyant sur son lit, il l'ouvrit au milieu, et prit délicatement le morceau de papier qui était glissé entre les pages. C'était une photo, dont les couleurs étaient un peu passées, et sans doute prise quelques décennies plus tôt. Malgré cela, elle n'était pas abîmée, aucune ride ne venait flétrir l'image, aucun pli ne déformait le sujet. On en avait pris grand soin. Le centre de la photo était occupé par un énorme saule pleureur. A droite, en arrière-plan, on pouvait distinguer une étendue d'eau, brillant à la lumière du soleil. Une fine silhouette en robe blanche était assise sur une balançoire, suspendue à une branche à la gauche de l'arbre. La jeune femme semblait avoir vingt ou vingt-et-un ans, peut-être moins. Ses longs cheveux noirs s'agitaient doucement derrière elle tandis qu'elle se balançait insensiblement, et sa jupe légère volait autour d'elle. Il y avait un peu de vent. Elle avait un teint très pâle, et de grands yeux clairs, tristes. Elle ne souriait pas. De temps en temps, elle s'immobilisait et regardait le ciel, la tête inclinée reposant sur une des cordes de la balançoire. Il caressa l'image du pouce, et la retourna avec un soupir. Le blanc jaunâtre du papier était fendu de quelques caractères noirs. Aliénor. C'était son écriture, il y avait peut-être... vingt ans ? Un peu maladroite en tout cas. La photo elle-même datait plus que ça. A bien y réfléchir, Aliénor ne devait pas avoir plus de dix-neuf ans. Elle était si jolie. Il se rappelait très bien son parfum, et ses robes blanches. Elle mettait toujours du blanc. Le creux chaud de ses bras, dans lesquels il venait si souvent se réfugier. Et cette Saint-Valentin... Il replaça avec soin la photo dans le livre et referma celui-ci d'un coup sec. Musset. C'était le poète préféré d'Aliénor. C'était elle qui lui avait appris à aimer la poésie. La petite chatte, remarquant l'air triste de son maître, sauta sur son épaule et se frotta à sa joue.

- Oui, tu es belle, dit distraitement le sorcier en embrassant son nez de velours.

Il reposa le livre sur son étagère, et alla écarter les rideaux de sa fenêtre, qu'il n'avait pas pris la peine d'ouvrir en se levant. Son regard tomba malgré lui sur le lac, et les quelques plaques de glace immaculées qui subsistaient, à moitié immergées.

- Elle aussi avait une robe blanche ce jour-là.

La chatte dressa ses oreilles disproportionnées, attentive, mais la cloche sonnant la fin des premiers cours résonna, et Severus s'arracha à la contemplation de l'eau si noire, pour prendre la direction des cachots.

- Elle disait que la plus belle chose que l'on pouvait offrir à l'être aimé était sa vie, murmura-t-il en caressant la gorge du petit félin. L'être aimé, tu parles... grinça-t-il d'un air méprisant. Tout était de sa faute à ce... ... Je lui en ai voulu si longtemps. Toujours... Plus que pour tout le reste. Et je hais la Saint-Valentin.

Lorsqu'il arriva devant sa salle de classe et qu'il vit les sourire niais qu'arboraient certains des élèves, il devint plus lugubre encore.

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- Non, Miss Branstone, non ! Il s'agit d'un foie de rat, dans le cas d'une potion de Ratatinage ! Avec un foie de lézard, vous obtiendriez une potion de Vieillissement, ce qui, permettez-moi de vous le rappeler, est totalement l'inverse ! Une chose m'échappe, c'est comment vous parvenez à faire une réponse aussi idiote en ayant le manuel sous les yeux ! Dix points de moins pour Poufsouffle !

C'était au moins la dixième scène identique de la journée. Plus il voyait d'élèves entrer avec un sourire radieux ou en faisant des minauderies, plus cela le mettait de mauvaise humeur. Et ils ne faisaient pas le moindre effort pour se concentrer, tous profondément plongés dans leurs petites histoires de coeur. Un peu plus tôt dans la journée, un hibou était même rentré dans le cachot avec sans doute un mot doux pour une jeune Serdaigle, qui avait aussitôt fini dans le tiroir de son bureau – avec une prime de vingt points de moins. En plus, il avait les Gryffondor de cinquième année en début d'après-midi. Londubat avait d'ailleurs atteint son dixième chaudron fondu la semaine précédente. Enfin il n'était pas tout à fait sûr, il avait depuis longtemps arrêté de compter, mais il semblait que les Serpentard, eux, tenaient à jour les exploits de Londubat.

La Miss Branstone en question regarda ses pieds d'un air piteux, et Severus tenta d'interroger un élève alphabète – spécimen rare – lorsqu'il perçut un rire étouffé venant du fond.

- Et le prochain – ou la prochaine – que je prends à glousser se verra remettre une invitation pour aller astiquer la totalité des armures de l'école en compagnie de Rusard pendant une semaine, c'est clair ? déclara-t-il, ses yeux noirs foudroyant l'ensemble des collégiens.

Il laissa tomber les interrogations orales pour aller, sa chatte dans les bras, inspecter les chaudrons qui emplissaient la salle de volutes de fumée bleue. Sauf celui-là, là-bas, qui dégageait une vapeur d'un magnifique rouge coquelicot. Severus fondit dessus, l'air courroucé, et les deux garçons qui un instant plus tôt souriaient d'un air goguenard ravalèrent aussitôt leur bonheur. Une heure et demie, deux retenues et trente divers points de moins plus tard, Severus sortit déjeuner. Il avait deux heures de libres devant lui. Il avait l'intention d'aller faire un tour dehors, du côté de la Forêt Interdite. Il mangea rapidement, parce qu'être coincé entre Sinistra, Dana O'Shee et Vector qui discutaient de la robe que cette dernière pourrait porter, et le professeur McGonagall qui lui faisait des remarques désobligeantes sur le fait qu'enlever quinze points à Gryffondor parce qu'une élève s'était présentée en retard pour cause d'infirmerie était exagéré n'était pas une position des plus confortables. Il dirigea donc ses pas vers la Forêt, sans avoir pour autant l'intention d'y pénétrer. Il semblait qu'il ait définitivement cessé de neiger à présent, mais le temps était souvent couvert et d'un gris maussade, ce qui faisait rouspéter Sinistra puisque professeur d'Astronomie. Plusieurs élève emmitouflés se promenaient deux par deux dans l'herbe maintenant recouverte d'une croûte de glace. L'oeil expert du directeur des Serpentard repéra assis dans l'herbe trois silhouettes en train de rire, ce qui signifiait qu'ils étaient forcément en train de faire quelque chose d'interdit. Il s'approcha donc d'eux sans se presser. Leurs écharpes vertes et blanches trahissaient leur appartenance à Serpentard. Il faillit abandonner, mais quelque chose le poussa finalement plus avant. Il les reconnut sans mal. L'une était une fille totalement insignifiante de troisième année avec un nez pointu, Eldas. Thomas Rosier, un élève de troisième année, dont les cheveux retombant sur son visage cachaient ses yeux globuleux. Il lui tournait le dos à ce moment-même. Et Blaise Zabini, un deuxième année plutôt bon en Potions.

- Puis-je connaître la cause de cette hilarit ? s'enquit Severus.

Ses soupçons se virent confirmés lorsqu'ils vit les trois élèves sursauter au son de sa voix. Un air coupable s'afficha illico sur le visage des deux garçons qui rabattirent maladroitement leur cape sur leurs genoux, tandis que la jeune fille, avec un sourire dévoilant son appareil dentaire, lui assura qu'ils ne faisaient rien de mal. Il n'en fallut pas plus à Severus pour s'approcher davantage, et découvrir leur amusement. Il se figea net. Il n'aurait pas été plus choqué si Black était venu lui dire qu'il était son frère caché.

Eldas avait sur ses genoux une boîte d'épingles que Rosier s'amusait à enfoncer dans une poupée de chiffon. La même poupée de chiffon qu'une petite Moldue blonde avait pour la dernière fois serré contre elle quelques mois plus tôt. Une vague de colère le submergea.

- Où avez-vous trouvé ça ? questionna-t-il sur un ton menaçant en agitant la poupée sous le nez de Rosier.

- Euh... ch.. je ne sais plus...

- J'ai dit où avez-vous trouvé ça ?

- C'était à moi, monsieur, mentit effrontément la gamine, ce qui le mit encore plus hors de lui.

- Je retire cinquante points à Serpentard, et vous passerez vos soirées avec Rusard pendant un mois ! Et si jamais je vous reprends à ce genre de plaisanterie, vous êtes collés jusqu'à la fin de l'année, me suis-je bien fait comprendre ? 

Les trois collégiens acquiescèrent, surpris de la réaction quelque peu excessive de leur directeur, réputé pour favoriser leur maison et ne jamais punir un Serpentard.

Severus, lui, regagna le château sur-le-champ, l'envie de se promener l'ayant plus ou moins quitté. Il alla s'enfermer dans sa salle de classe. Le claquement de la porte réveilla la chatte endormie sur son fauteuil, et il en profita pour s'y affaler. Il sortit de sa cape la poupée. Il savait parfaitement que c'était celle de la petite Moldue. C'était une simple poupée de chiffon, avec des nattes de laine jaune, et des grands yeux bleus semblables à ceux de la fillette, comme peints. Un large sourire était dessiné en travers du visage de tissu, et elle portait une robe jaune clair affichant une fleur aux pétales roses et au cœur blanc. Une étiquette dépassait sur la droite de la robe. Severus la regarda de plus près.

Elise P. y était inscrit en lettres capitales. Elle s'appelait Elise. Le ressentiment, le regret, la tristesse et la colère envahirent son esprit tout à la fois.  Comment ces petits imbéciles avaient-ils pu mettre la main sur cette poupée ? Elle n'aurait jamais dû atterrir dans leurs mains. Il retira brusquement une épingle qui était restée fichée dans le dos de la poupée. Le seul endroit où elle aurait dû se trouver à cet instant était les bras graciles d'une petite fille. Les souvenirs de cette nuit ressurgirent et il se laissa aller malgré lui, jusqu'à ce que de nouveau, la cloche résonne et ne le fasse ranger la poupée avant que les élèves ne rentrent.

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Il se coucha réellement tard ce soir là, car sa promenade s'éternisa jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, jusqu'à ce qu'il en ait le vertige et que les étoiles que l'on apercevait se mettent à tourner autour de lui. Ses pensées avaient perdu de leur caractère sinistre, bien sûr, mais il en persistait encore quelque chose au fond de lui, et il aurait aimé faire disparaître ça avant de se coucher. Avoir retrouvé cette poupée avait eu sur son moral un effet épouvantable. Il se sentait tellement coupable. Lorsque c'était arrivé, au cours de l'été, il avait été accaparé par sa convalescence et n'avait pensé à rien d'autre. Mais voir cette poupée là, alors qu'il était en pleine possession de ses moyens intellectuels, avait totalement bouleversé son esprit. Il lui semblait qu'on lui mettait son crime sous les yeux. Car ça n'était ni plus ni moins un crime. Il n'avait pas eu le choix, il le savait, mais une partie de lui se révoltait contre cette idée, il aurait dû tenter de la sauver. On avait toujours le choix.

Non, elle était condamnée. Il s'en voulait tellement. Et ses yeux bleus. Son regard tellement implorant. C'est elle qui avait choisi. Elle savait, et elle avait décidé, comme lui-même l'avait décidé plus tard dans la même soirée. Il avaient abrégé leurs souffrances. Sauf que dans son cas, il était toujours là,, avec le poids de ses fautes, et elle, toute innocente qu'elle était, pure et vierge de tout péché, avait probablement rejoint les anges. C'était son châtiment, il devrait vivre avec sa mort sur la conscience. Et plus il y réfléchissait, plus il s'en voulait d'avoir si bien vécu ces dernières semaines, sans penser une seule fois à la vie qu'il avait ôté. Il ne pourrait plus jamais se regarder dans une glace. Il resterait un criminel à jamais. La vie de Black était peut-être encore plus facile que la sienne finalement. Il vivait sans doute mieux le fait d'être considéré par tous comme un criminel en se sachant innocent, que lui le fait d'être considéré comme innocent alors qu'il avait... Tué. Une fillette de cinq ou six ans. Ce soir là, l'opium et sa promenade ne suffirent pas à chasser ses démons de sa tête, et c'était mieux ainsi.

Il aurait tellement voulu retrouver la chaleur de ses bras, quand elle le serrait contre son cœur et que le temps s'arrêtait, que rien au monde n'aurait pu le blesser...

Il finit par sombrer dans un sommeil agité, mais ce n'était pas ses cauchemars habituels.

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Elle était debout dans sa robe blanche, au milieu d'une prairie, au soleil. Le vent soufflait dans ses longs cheveux noirs. Elle se pencha en avant et accueillit dans ses bras grands ouverts une fillette blonde qui courait vers elle. Elle se releva, soulevant l'enfant. Et lui appelait. Elles se tournèrent vers lui avec un sourire et la petite lui fit signe. Il sentait des larmes sur ses joues, et en baissant les yeux, il vit la poupée de chiffon dans ses mains. Ses mains d'enfant. Une larme tomba sur ses doigts et il vit avec frayeur qu'elle était d'un rouge profond.

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