Petite note :

Je rappelle pour celles ( ceux ? ) qui aiment les détails que Severus peut transplaner de sa chambre.

Pour le bouquin, j'ai pas mis le prix paske j'ai vraiment aucune idée de ce que ça peut valoir, tout ce que je sais, c'est que ça doit être astronomique ( genre avec 6 zéros derrière le premier chiffre ) et que donc il a dû se ruiner...

Et pis dsl pour les autres mais je commence par les reviews -

Ah oui aussi : je trouve ce chapitre assez nase et tout a fait ininteressant dc vous avez le droit de passer tt de suite a cui d'apres qui est à mon avis biiiien plus interessant.. enfin lisez qd mm un tit bout histoire de suivre, lol.

Et je voudrais remercier une nouvelle fois mon chat chéri, qui décidément m'inspire beaucoup, et qui à l'heure actuelle dégueulasse mon lit aussi mais bon...

Dodie-Ange : En fait, le truc c'est que je lisais les Paradis Artificiels, qui analyse donc l'oeuvre de Quincey. Mais ça, je n'arrive pas à me souvenir si c'était une traduction de Quincey ou si c'était Baudelaire qui s'exprimait. Mais t'as raison, je pense que c'est plus Quincey.

Arcadiane : Bah en fait, William Aegra est un peu là pour faire pot de fleurs, donc c'est pour ça que j'en parle pas beaucoup. Il me fallait un prof de DCFM qui soit régulièrement malade, c'est tombé sur lui, lol. Ta première review m'avait quand même bcp étonnée je dois dire, lol...

Pour Aliénor, j'ai pas mal de trucs à dire dessus, le problème, c'est que je sais pas comment les mettre... Mais en tout cas, il y a un prochain chapitre où j'en parlerai pas mal. Mais il est encore loin --'

Enfin bon, ya un passage sur Myrane, et il devait y en avoir un autre apres mais je l'ai coupé ca sera le chapitre 17... mais j'espere que ca te plaira qd mm, voila... faut que j'aille lire ton chapitre trois moi...

Dark Jezebel : bah la suite était deja bien entamée qd j'ai eu ta review, paske je l'ai posté assez tard sur fanfic le chapitre 14. Et pis bah, comme d'habitude, contente que ça plaise ! )

Et t'as raison, vive Severus ! ( et Alan bien entendu ! )

Exandra : merci beaucoup, ca fait toujours plaisir des pitites reviews comme ça !

Lunenoire : oui mais quelque part, c'est pour ça qu'on les aime les chats non ? et pis c'est pas qu'elle y a pris plaisir, c'est qu'elle a très bien compris que ct pas bon, lol. C qu'elle est intelligente cette bête-là... Et pis en plus ca derangeait son petit confort personnel.

Alexiel : et oui Dumbeldore qui ne penserait pas a tout, ca ne serait plus tellement Dumbledore... Euh, la larme de sang du chapitre d'avant, je pense que ça restera inexpliqué, paske si je me mets à disserter sur les rêves de Severus, j'ai pas fini... Disons que g trouvé que ca ferait bien et que c pour ca que c la. Pour ses ailes faudra peut-etre que je cherche un jour quand meme. Paske si j'ai pas encore dit a quoi ct du, c que je ne le sais pas moi-même !

Et au fait merci bcp pour le lien, le dessin est super chouette, je l'ai imprim

Grima Langue de Serpent : et bah ca y est la voila enfin la suite et meme deux chapitres de'un coup. vous pouvez d'ailleurs remercier Zelda qui ma trouvé mon titre de chapitre 15 sinon je laurai jamais posté.... ptete que le 17 arrive ce soir, ca dependra de mon emploi du temps lol...

Le nom d'Elise, franchement, j'en ai aucune idee, c pr ca que je lai pas mis en entier d'ailleurs. Mais c pas Potter hein...

Allez, voila, bizoux les gens, et bonne lecture !

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Chapitre 15

Ballade légère et sombre excursion

( Merci Zel' )

Come to me, my love

Hear the pulse of the land

The ocean's rhythms pull

To hold your heart in its hand

.

I heard an old voice say

Don't go far from the land

The seasons have their way

No mortal can understand

.

"Courtyard Lullaby", Loreena McKennitt

( rien à voir avec le chapitre pr une fois,

c juste la fin de la chanson qui y est...)

.

Severus regagna lentement sa chambre, la pierre serrée dans sa main, caressant de l'autre la tête de la chatte qu'il tenait dans ses bras. L'évasion des Mangemorts, et même des autres prisonniers avait de quoi mettre mal à l'aise, évidemment, mais il était tout même content de se rendre à nouveau utile. Ca le mettait sur les nerfs de rester inactif. S'il n'avait rien à faire, il se retrouvait en tête à tête avec ses pensées et il n'y avait rien de pire. Il savait qu'il était le mieux placé de l'Ordre pour recueillir ce genre d'informations : il connaissait mieux que quiconque les lieux mal famés comme l'Allée des Embrumes, et les codes des Mangemorts. Il entra dans sa chambre, referma la porte du pied, et posa le chat sur le lit, qui en sauta aussitôt. L'améthyste lança un éclat violet semblable à ceux du poignard passé à sa ceinture et il la glissa distraitement sous son oreiller. Puisque le professeur Dumbledore soutenait que cela marchait... Il ressortir de sa chambre pour rentrer dans son bureau. Il était encore tôt, le soleil n'était même pas encore couché.

Il s'assit à sa table et se mit à réfléchir sur ses cours du lundi suivant.

Cinquième année – le cauchemar. Devoir ...

Première année. ...

Quatrième année, Eau de Manticore. Crins de Manticore, poudre de calamar séché, décoction d'aubépine, baies de... baies de... Blanc.

Severus étouffa un grognement. Il travaillait depuis deux heures sur ses cours et voilà qu'un incident tout à fait déplaisant venait troubler sa studieuse quiétude. Qu'est-ce qu'il y avait dans l'Eau de Manticore ? Etaient-ce des baies d'arum pied-de-veau ou d'arum blanc ? C'était très agaçant. Rien ne l'irritait plus que d'avoir des doutes, surtout au sujet de ses cours. Il n'était tout de même pas Maître des Potions pour rien. C'étaient des baies de... Blanc. Il se plongea dans ses souvenirs, mais ceux réservés à l'élaboration de ce mélange étaient bien minces... « Ca va me revenir, réfléchis, c'est... Raaah, ça va me revenir... c'est de l'arum... L'arum blanc est une espèce cultivée alors que le pied-de-veau est spontané et ça m'avance beaucoup de savoir ça et ça m'énerve je ne me souviens pas de ces fichues baies c'est quoi déjà qu'il y a dans cette potion de malheur... » Il s'était levé et dirigé vers sa bibliothèque, abandonnant le combat avec sa mémoire regrettablement défaillante. Bouquins français, troisième étagère Potions, côté Plantes et... Severus se traita de tous les noms. Il lui manquait justement le livre dont il avait besoin là, tout de suite, maintenant. C'était cette vipère de Dana O'Shee qui lui avait subtilisé. Enfin... emprunte. Mais pourquoi donc lui avait-il prêté ce livre ? ( avec beaucoup de réticence d'ailleurs ). Oui, bon. Parce que ça lui avait permis de lui faire une remarque méchante et tout à fait sournoise sur son incapacité à le lire. Mais après deux semaines, elle aurait tout de même pu lui rendre ! Il allait devoir le quémander, et cela lui faisait particulièrement horreur.

- Elle va m'entendre, celle-là. Comment je fais si j'en ai besoin, moi ? maugréa-t-il en sortant de son bureau. Et c'est d'ailleurs le cas, soit dit en passant. Pourquoi lui ai-je prêté ce livre ? Sinistre imbécile...

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Severus prit la direction de l'aile du château réservée aux professeurs. Certains y résidaient, cinq en tout. Ce que Severus jugeait parfaitement stupide, étant donné la vilaine propension des escaliers et portes à changer de place. Maintes et maintes fois, les uns s'étaient retrouvés dans la chambre des autres pensant en tout innocence pénétrer dans la leur. Les autres professeurs logeaient à part dans le château, comme lui, ou même à l'extérieur : Bibine, par exemple, habitait Pré-au-Lard.

Bien. Cette porte-là menait aux quartiers gryffondoriaux de McGonagall. Celle-ci chez Aegra. C'étaient les pièces qui se transmettaient de professeur de Défense contre les forces du Mal en professeur de Défense contre les forces du Mal. Ca, c'était un placard à balais. Il s'en souvenait parfaitement, il y avait passé une nuit entière et s'était même pris une retenue pour s'être trouvé dans l'aile des professeurs. Black et Potter avaient eu une formidable éruption d'acné après ça. Celle-là ne devait pas avoir servi depuis des années, c'était un des accès aux appartements de Trelawney. La porte de merisier donnait chez Vector. Donc la dernière était forcément celle de Dana O'Shee. De la lumière filtrait sous la porte. Elle était là. Parfait. Il frappa et patienta quelques instants, mais aucune réponse ne lui vint. Il réitéra son geste, plus fort cette fois, impatient. Toujours rien. Elle commençait à lui taper sur les nerfs. Etait-elle sourde ? Il cogna une troisième fois, puis jeta un regard autour de lui. C'était la seule porte illuminée, tous les autres devaient être absents. Elle devait être partie avec la lumière allumée. Severus pesta. Elle n'était pourtant pas en salle des professeurs, ni à la bibliothèque. Et il avait besoin de son livre. Il fit mine de partir, courroucé, puis se ravisa et colla son oreille à la porte. On percevait un léger bruit à travers le bois. Comme... une musique. Il soupira, excédé. C'était ça. Elle écoutait de la musique pendant qu'il tambourinait à sa porte. Il hésita un moment, la main sur la poignée de la porte, puis la tourna.

On se serait cru dans la caverne d'Ali Baba. Il y avait de tout et n'importe quoi, du sol au plafond. Qu'on ne voyait plus d'ailleurs, car recouverts de tentures chatoyantes, de draperies chamarrées et d'épais tapis de toutes les couleurs et de toutes les provenances. Un bâton d'encens fumant était piqué dans un encensoir en forme de dragon celtique, posé entre quelques lettres et un service à thé arabe, sur une table basse dorée aux motifs orientaux. Sur un énorme et profond canapé de cuir reposaient une multitude de coussins colorés, et un tambourin. Plus loin, sur un guéridon à l'aspect tout à fait honorable se jouxtaient une statue de Vishnou, une petite flûte de métal et une pile de livres dont le premier était manifestement rédigé en runes. Une tapisserie aux motifs incas était suspendue derrière. Une cithare était posée sur un gros coussin rouge, dans un coin de la pièce. Au dessus de la cheminée était accroché un objet étrange, un cercle pourvu d'une sorte de toile d'araignée de liens de cuir sur lesquels étaient enfilées des perles. Plusieurs longs fils de cuir étaient fixés sur la partie inférieure du cercle, pleins de plumes. L'objet attira l'attention de Severus, car sur le fil du milieu était suspendue une longue plume noire. Le foulard bleu d'un Touareg masquait le visage brun d'une tête de bois posée sur le manteau de la cheminée. Mais au milieu de tout ce fatras plus ou moins exotique auquel il avait à peine accordé un regard, point de Dana O'Shee. La musique, en revanche, se faisait toujours entendre, mais elle venait d'une ouverture que Severus n'avait pas remarquée, entre une tenture et la bibliothèque remplie d'ouvrages de toutes formes et venus de tous les coins du globe ( oui je sais, par définition, un globe n'a pas de coins, c'est une image ). Cela semblait être le son d'une harpe, conjugué à... " When the wind draws strong across the cypress trees…"

...une voix féminine. Parce qu'en plus de se prendre pour une enseignante, elle se prenait pour une artiste ? ... Le visage de Severus fut partagé entre un rictus ironique et une expression du plus pur étonnement. Enfin, de toute évidence, elle était ici - c'était bien sa voix, on reconnaissait sans doute aucun son accent irlandais – et c'était là le principal. Il slaloma entre les poufs marocains, les tablettes de bois et leurs bijoux aztèques et africains et les coffrets égyptiens recelant de pierres irisées et atteint la porte découpée dans le mur. La pièce qui s'étalait devant lui étant beaucoup moins emplie que la première, mis à part quelques gros coussins disposés en tas. Un drap vert brodé d'or était tendu en travers de la chambre, cachant sans doute un lit. Au centre trônait un grand piano à queue, et à quelques pieds de là, une harpe décorée de motifs celtiques. Et à sa droite, assise sur le bord de la fenêtre avec une petite harpe entre les mains, vêtue d'une tunique verte à longues manches très courte et d'une paire de chaussettes blanches montant à mi-cuisse, Myrane Dana O'Shee chantait.

Last night you spoke of a dream

Where forests stretched to the east

And each bird sang its song

A unicorn joined in a feast

.

And in a corner stood

A pomegranate tree

With wild flowers there

No mortal eye could see

Sa voix jouait de la mélodie à son gré, douce et légère, puis montant soudain en une note haute et claire, cristalline, avant de reprendre avec calme.

Come to me, my love

Hear the pulse of the land

The ocean's rhythms pull

To hold your heart in its hand…

Lorsque, après un certain temps, elle se tut enfin et que ses doigts cessèrent de caresser les cordes de son instrument, Severus s'éclaircit la gorge, signalant sa présence. La jeune femme sursauta et ses joues s'empourprèrent lorsqu'elle aperçut le professeur de Potions.

- Oh, S... professeur Snape, dit-elle embarrassée en descendant de son rebord de fenêtre, posant sa harpe, je suis navrée, je ne vous ai pas entendu arriver, je suis désolée...

- Pas autant que moi, trancha-t-il.

Elle rougit d'autant plus.

- Euh... ça fait longtemps que vous attendez ?

- Non. J'arrive à l'instant. Vous comprendrez qu'étant pressé et n'obtenant pas de réponse, je me suis autorisé à...

- Oui, vous avez bien fait, ce n'est pas grave, l'interrompit-elle. C'est pour votre livre ?

- Une fois n'est pas coutume, fit-il d'un air cynique, votre déduction est exacte. Et j'en ai un besoin urgent.

- Oui, je comprends, je vous le donne tout de suite.

Elle disparut derrière le rideau et revint lui mettre le livre entre les mains. Il remarqua ce faisant que sa tunique s'était sensiblement rallongée durant le temps qu'elle avait passé hors de sa vue.

- Voilà. Je suis désolée de ne pas vous l'avoir rendu plus tôt. Je n'ai pas encore eu le temps de le finir, les sortilèges de traduction sur un volume pareil prennent du temps, expliqua-t-elle avec un sourire d'excuse, mais comme je ne comprends pas un mot de français...

- Je vous avais dit que c'était une sérieuse lacune, rétorqua Severus perfidement.

- Je sais, soupira-t-elle, nullement vexée. Mais je vous rappelle que vous avez refusé de m'apprendre lorsque je vous l'ai demandé...

- J'ai bien d'autres choses à faire ! Comme courir après ma propriété, par exemple.

- Et certainement plus passionnantes que d'apprendre le français à une empoisonnante jeune collègue n'est-ce pas ? sourit-elle. Sans quoi vous n'hésiteriez pas un instant, j'imagine...

- Je n'aurais pas trouvé mieux moi-même, siffla Severus après un instant. Empoisonnante.

Sur ce, il fit volte-face et quitta les lieux.

.

- Descends de là immédiatement !

La chatte, chez qui la voix de Severus venait de provoquer la plus belle peur de sa vie, se réfugia sous la table en quatrième vitesse, le poil totalement hérissé, cherchant ses torts. Celui-ci venait de rentrer, déjà passablement de mauvaise humeur, lorsqu'il l'avait trouvée endormie sur son bureau, la tête sur les pieds de la poupée d'Elise.

- Je t'ai interdit de toucher à ça ! s'exclama-t-il en prenant la poupée.

Il l'observa un instant. Il ferait mieux de la ranger ailleurs que sur son bureau. Il préférait l'avoir sous les yeux, il s'était habitué à cette présence plutôt incongrue. Mais s'il arrivait encore que l'on pénètre dans sa chambre en son absence, on lui poserait certaines questions tout à fait gênantes. Il écarta quelques livres de sa bibliothèque, et sortit une boîte de bois clair dans laquelle il déposa la poupée blonde, jetant un bref regard attristé aux yeux peints, et à la fine baguette qui reposait à côté. Il referma la boîte et la remit à sa place. Il posa son livre sur le bureau et l'abandonna là – il avait assez travaillé pour ce soir et avait vérifié ce qu'il voulait savoir : baies d'arum blanc. Il sortit un moment goûter l'air du soir, mais il faisait plutôt froid et il rentra bientôt, s'étendant vite sur son lit, l'extrémité du narguilé glissée entre les doigts.

- Les bonnes habitudes ne se perdent pas en un soir, que veux-tu, lança-t-il à l'adresse de la chatte tapie sur le lit, qui le regardait de travers. Et d'ailleurs, toi, dit-il en la pointant du doigt, tu es une vilaine traîtresse...

La volute de fumée blanche qui s'échappa de ses lèvres vint s'évanouir autour de la tête féline. La chatte sauta aussitôt du lit et alla se pelotonner sur le fauteuil, lui tournant le dos.

- Et tu sais parfaitement que je ne veux pas que tu viennes te coucher sur mon bureau, je te ferais remarquer, tu mets des poils sur toutes mes copies.... ( et le mien vient tout juste de marcher exprès sur mon ordinateur ! vilain minou... ) Et la dernière fois, tu as renversé mon encrier.

Il se redressa quelque peu sur ses oreillers, et à moitié allongé, se mit à réfléchir au programme de son samedi. Autant commencer par l'Allée des Embrumes et le Chemin de Traverse, c'était là qu'il avait le plus de chances de trouver quelques informations. Il irait tôt, et y passerait la journée. Ce qui voulait dire qu'il devait se préparer maintenant. Il avait une potion à faire, et n'aurait pas le temps le lendemain matin. Il grimaça rien qu'à y penser. Une potion d'Enrouage. Car s'il pouvait aisément se promener incognito, comme beaucoup de sorciers dans l'Allée des Embrumes, il n'allait pas se laisser trahir par sa voix facilement reconnaissable. Aussi avait-il mis au point quelques années auparavant une potion d'Enrouage. Pas tellement goûteuse, amère, et difficile à supporter puisqu'elle irritait véritablement la gorge – il n'avait malheureusement pas réussi à se débarrasser de ce très désagréable inconvénient – mais efficace. Il se leva et retrouva son bureau comme il l'avait quitté plus tôt dans la soirée. Il alla chercher un petit chaudron dans sa réserve et le posa sur la grande table au centre, et sortit de sa bibliothèque un carnet relié rédigé de sa propre main. Il y avait couché par écrit les quelques recettes qu'il avait lui-même élaborées, dont quatre-vingt-dix pour cent de somnifères et autres philtres du même acabit. Un des avantages de sa potion d'Enrouage était qu'elle demandait peu de temps de préparation, le dosage requérait juste un peu de minutie. Les premiers essais avaient été plutôt longs à concocter. Il se mit vite au travail. Ses gestes étaient précis et calculés, et il progressait rapidement, plus qu'il ne l'avait initialement prévu. L'opium avait cette vertu de clarifier les pensées, de les ordonner. Cela rendait lucide. Il eut bientôt fini. La potion reposait dans le chaudron, et il la laissa refroidir le temps d'aller chercher une bouteille, dans laquelle il versa plusieurs louches de la solution bleue. Il nettoya ses ustensiles, et alors que son regard déviait sur son bureau, une idée traversa son esprit. Quelques minutes plus tard, de nouveaux ingrédients avaient envahi la table, et il mélangeait de plus belle. Concentré et toujours sous l'effet de l'opium, il ne ressentait pas la fatigue, et les heures défilaient tandis qu'il restait penché sur son chaudron. Vers une heure du matin, il s'assit enfin, une petite fiole pleine d'un liquide orangé dans la main. On ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber dans l'Allée des Embrumes. Il valait mieux prendre ses précautions. C'était une petite fiole de verre de sept centimètres environ, facilement glissée dans une manche, qui passait inaperçue tenue dans la main, et qui s'ouvrait d'une simple pression du doigt. De retour dans sa chambre, il la laissa sur le grand fauteuil, déjà recouvert d'un long manteau et de ses vêtements du lendemain, à côté de la bouteille contenant sa potion d'Enrouage. Il ôta sa tunique, la plia et la posa sur le bureau, puis défit la fine ceinture de son pantalon et en retira le fourreau de son poignard, qu'il coucha près de la petite fiole.

Severus s'éveilla le lendemain matin au doux son du carillon de son sablier qui tintinnabulait. La chatte avait encore profité de son sommeil pour venir se lover contre lui, sous les draps, et il la réveilla au passage. Il la reposa sur le lit une fois celui-ci fait, et elle s'y pelotonna, bien décidée à reprendre son petit somme interrompu. Severus, dont le ventre criait famine, commença à s'habiller, passa son poignard à sa ceinture, puis la fiole, dont le capuchon était pourvu d'une cordelette. Il ne remit pas sa tunique, par contre, car la température dans la chambre était juste bien, et il prit un rapide petit déjeuner en chemise. Après quoi, il partit profiter des courts instants de répit qu'il avait encore pour aller sentir la légère brise dans les plumes noires de son dos, sur le balcon, et revint finir de s'habiller. Il jeta un œil dégoûté à la tasse qui chauffait depuis quelques minutes, en suspension dans la cheminée, et l'attira à lui d'un geste de la main. Le bleu de la potion rappelait celui des yeux d'Elise, azuré comme un beau ciel d'été. C'était en partie pour elle qu'il faisait ça. Il avait fini par voir en sa mort une raison de continuer. Jusqu'à ce que le Seigneur des Ténèbres tombe, elle serait sa justification. Il lui devait ça. Il observa un moment sa tasse.

- Je ne te raconte pas l'horreur que ça a été quand j'ai goûté à ça la première fois, déclara-t-il, tandis que la chatte paisiblement endormie, ne faisait même pas l'effort de lever une oreille pour l'écouter. Ca n'était pas très au point, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai eu l'impression d'avaler un verre d'acide sulfurique – quoique ça, je n'ai jamais essayé, à vrai dire. Pomfresh n'a pas compris ce qui m'arrivait, naturellement. Je suis resté aphone durant une semaine...

Il hocha la tête.

- Ce qui ne m'a pas empêché de recommencer la semaine d'après... Et je parie que tu n'as pas écouté un mot de ce que je viens de te dire ! râla-t-il alors qu'il se tournait vers la masse de fourrure se soulevant à intervalles réguliers. Vilaine bête...

Il vida sa tasse d'un trait, et s'essuya les lèvres avec une grimace.

- Ah, que c'est mauvais, ce truc... croassa-t-il d'une voix rauque en reposant sa tasse. Et j'ai déjà la gorge complètement ravagée... J'en viendrais presque à plaindre Aegra qui passe son temps à être malade. Presque.

Il fut pris d'une quinte de toux tandis qu'il enfilait son manteau, puis il ramena ses cheveux sur le devant de son visage, rabattit sa grande capuche et compléta sa tenue d'espion ( je m'appelle Bond, James Bond. Oups disolée, ça m'a zéchappé... ) par un sortilège Passe-partout, qui lui permettrait de passer inaperçu des gens tant que lui-même n'allait pas les voir - et même ceux-là n'arrivaient pas à se rappeler du physique exact de leur interlocuteur. Très utile pour éviter d'être repéré lorsque l'on passe pour la trentième fois dans la même rue. Il ferma les rideaux de sa chambre et ouvrit la fenêtre pour aérer un peu, étouffa le feu dans la cheminée, et alla embrasser la tête du félin caché derrière ses pattes, avant de quitter la pièce.

- A ce soir, minette...

Et il transplana, alors que les premières lueurs de l'aube doraient le ciel endormi.

Il arriva près du Chaudron Baveur, sur le Chemin de Traverse. La tête lui tourna un peu. Transplaner du fin fond de l'Ecosse jusqu'à Londres n'était pas une chose facile. La rue commençait tout juste à s'éveiller, commençant à résonner des bruissements générés par les livres animés ou les objets magiques qui prenaient peu à peu vie. Il vit Ollivander ouvrir sa boutique, et il y avait déjà quelques clients dans le Chaudron Baveur quand il y pénétra. C'était le genre d'endroit où l'on avait le plus de chance de récolter quelque information. Il s'assit dans un coin, ouvrant un journal qui traînait là et tendit vaguement l'oreille aux premiers chuchotements des sorciers curieux.

Il resta là deux bonnes heures durant lesquelles il n'apprit cependant rien d'intéressant. A présent, passé neuf heures et demie, la plupart des clients « intéressants » avaient déserté le vieux pub pour se rendre sur leurs lieux de travail respectifs. Toutes les discussions traitaient du même sujet, bien entendu, la désertion d'Azkaban. Mais rien de bien solide, seules les quelques mêmes rumeurs qu'ont retrouvaient dans toutes les bouches, et toutes dénuées de sens. Il reviendrait dans le petit bar vers midi, quand il y aurait plus de monde. Il marcha donc un moment sur le Chemin de Traverse, entrant dans diverses boutiques, sans trouver le moindre indice. Maintenant que le personnel du Ministère et autres individus éventuellement au courant avaient quitté la rue, ce n'était pas parmi les ménagères et les marmots accrochés à leur jupes qui hantaient le Chemin de Traverse qu'il allait récolter quelque chose digne d'intérêt. Il ne lui restait plus qu'à rejoindre l'Allée des Embrumes. Ses occupants savaient bien mieux faire la différence entre simples rumeurs et angoissantes vérités que les sorcières faisant leur shopping du week-end, et il ne faisait aucun doute que, comme dans l'allée commerçante, c'était le même sujet qui occupait tous les esprits. Une idée lui était venue en passant devant l'animalerie, celle d'utiliser sa féline compagne et un ou deux sortilèges pour écouter les conversations tout à son aise, mais il craignait bien trop qu'elle ne finisse au fond du chaudron d'un sorcier peu scrupuleux comme il y en avait tellement dans ce coin de Londres. Il marchait à grandes enjambées, dans la rue tortueuse et à l'aspect glauque, lorsqu'il s'arrêta brusquement et fit quelques pas en arrière. Il eut un léger sourire. Le lèche-vitrine n'avait jamais fait partie de ses quelques rares passions, mais cette boutique-là était de loin sa préférée. L'Evangile de Lilith. Etudiant, il y avait dilapidé une véritable fortune. Il pénétra dans l'échoppe. Elle était mieux tenue que la dernière fois qu'il y était rentré. Il n'y avait plus de livres posés à même le sol, et la couche de poussières sur les étagères avait nettement diminué. Il commença à examiner les titres des ouvrages sur les premières étagères.

" Severus, tu n'es pas là pour ça ! Ah oui, tiens, c'est vrai... " Il tourna un instant le problème dans sa tête et s'accorda finalement une demi-heure pour explorer un peu le merveilleux contenu de ces étagères. Certains des volumes étaient des plus intéressants, comme par exemple l'Encyclopédie de la Magie Esotérique en quinze volumes – ésotérique étant une façon détournée de dire noire – mais il l'avait déjà. D'autres l'étaient beaucoup moins, comme ceux parlant du chamanisme et autres sornettes. Il continua son inspection, en ouvrant certains pour lire quelques lignes avant de les reposer. L'un d'eux, posé avec précaution sur une étagère haute comportant de précieux ouvrages, était superbe, avec sa couverture de vieux cuir et ses ornementations, mais rédigé en latin. Il était particulièrement beau, avec les courbes colorées de ses enluminures dansant sur le papier parcheminé, et d'après ce que Severus en comprit, traitait des sciences occultes moyenâgeuses.

- Très bel ouvrage, c'est un grimoire d'époque, déclara une voix féminine derrière lui.

Severus lui jeta un coup d'œil rapide. C'était une jeune femme qu'il ne connaissait pas, mais elle avait un certain air de ressemblance avec la précédente propriétaire. Sa fille, certainement, jugea-t-il en se replongeant dans l'étude du manuscrit, l'ignorant parfaitement. Il n'avait pas besoin d'une gamine pour venir le conseiller dans ses lectures.

- Evidemment, il faut connaître le latin, mais...

Severus leva la main d'un geste autoritaire pour la faire taire, sans même se retourner cette fois.

- Je crois qu'il y a des clients qui ont besoin de vous là-bas, dit-il entre ses dents.

La demoiselle n'insista pas plus longtemps. Le client était roi, surtout s'il portait un manteau à capuche noire, qu'on ne voyait pas son visage et qu'il était mal embouché. C'était le b-a-ba du métier de vendeur dans l'Allée des Embrumes... Severus remit le livre à sa place et continua de fouiner dans les rayonnages, curieux de tout ce qui s'y trouvait. Il avait maintenant repéré quatre ouvrages susceptibles de valoir qu'on les étudie de près, en plus du vieux grimoire, mais persévérait cependant dans sa recherche. Un petit livre noir dont la tranche était ornée d'une rose attira son attention, mais il le reposa un moment plus tard, consterné. « Complètement siphonnées, ces Roses Noires... C'est quoi cette secte de folles ? » Enfin au moins il semblait qu'elles s'amusaient entre elles, et pas sur de pauvres Moldus comme certains autres adhérents à un club de magie noire. Cela lui remit soudainement en tête le pourquoi de sa présence en ces lieux, et il se rappela qu'il s'était promis de ne rester dans la boutique qu'une petite trentaine de minutes. Cela faisait déjà trente de plus, d'après la vieille horloge couverte de toiles d'araignées au fond du magasin. Après une demi seconde de réflexion, il décida toutefois de prendre le vieux livre qu'il avait admiré un peu plus tôt avant de partir. Il allait lui certainement lui coûter les yeux de la tête – et bien plus - et il devrait se remettre au latin – qui mis à part des noms scientifiques ou botaniques avait plutôt déserté son esprit – mais on aimait les livres ou pas et celui-ci était une merveille. Lorsqu'il le posa sur le comptoir, la jeune femme parut sur le point de dire quelque chose mais se ravisa. Elle prit le livre délicatement et l'emballa, avant de lui en annoncer le prix.

Même bien préparé, cela faisait tout de même un choc. Severus resta encore un certain temps dans la librairie, avant d'en sortir enfin, son paquet sous le bras. Après un ardent débat d'un bonne dizaine de minutes, durant lequel il avait usé de toute sa rhétorique pour convaincre la jeune femme, celle-ci avait accepté de réduire le prix de quelques Gallions. Le contenu de son coffre à Gringotts devait tout de même avoir diminué de plus de la moitié, et il se jura de ne plus pénétrer dans une librairie avant au moins un an. ( Le genre de promesse que l'on ne tient jamais. On dirait moi avec la Fnac... ) Le coffre en question, qui avait été, des décennies avant la naissance de Severus, plein à craquer semblait aujourd'hui bien vide, en comparaison. Son contenu avait fondu comme neige au soleil les années passant, pour lui revenir allégé de presque trois quarts de la fortune initiale. Mais le Maître des Potions n'était cependant pas à plaindre, il avait de quoi vivre à l'aise, et il dépensait très rarement. Il sortit d'une poche intérieure de son manteau un petit carnet noir à la tranche argentée, et y inscrivit à l'intérieur le titre de l'ouvrage. Le paquet disparut aussitôt, comme aspiré à l'intérieur du carnet, et il se remit en route. La partie la plus sombre de l'Allée des Embrumes – qui venait en partie de l'étroitesse de la rue et de la hauteur des bâtiments - étalait maintenant son atmosphère poisseuse devant lui. Elle était pour ainsi dire déserte. Il n'y eût pas sitôt fait un pas qu'il sentit une main s'aventurer dangereusement sous son manteau, probablement à la recherche des Gallions qui cliquetaient dans sa poche. Rapide comme l'éclair, il dégaina sa dague et la plaqua sous le menton de celui qu'il avait violemment repoussé contre un mur. Apparemment c'était bien plus effrayant qu'une baguette magique, car l'autre avait viré au blanc, et de la sueur perlait déjà à son front. Severus l'identifia sans peine, et relâcha sa pression. C'était un petit escroc assez connu du coin – et du Ministère aussi.

- Furtus, c'est ça ?

L'homme acquiesça d'un signe de tête convulsif. Severus recula de quelques pas pour mieux l'observer. En fait, c'était peut-être une chance d'être tombé sur lui...

- Tu as souvent les oreilles qui traînent, toi, n'est-ce pas ? Je suis sûr que tu es plein de renseignements intéressants... Suis-moi, ajouta-t-il en se retournant et en commençant à avancer.

- Je ne vous connais pas. Je n'ai rien à vous dire.

Severus lui fit-face.

- Je serai navré de devoir insister.

Sa gorge enrouée cassait tout l'effet de sa voix menaçante, mais cela paru suffire. Le peu d'assurance qu'avait retrouvé le jeune homme s'évanouit aussitôt et il céda, le suivant dans un minuscule pub plein à craquer. Severus commanda deux pintes d'hydromel et ils prirent place à une petite table. Furtus vida la moitié de son verre d'un trait, pour se remettre de sa frayeur. Severus le regarda faire sans toucher au sien. Le sorcier était mal à l'aise, mais se reprenait peu à peu.

- Qui êtes-vous ?

- Aucune importance.

Le silence se réinstalla, et Severus en profita pour sonder un peu les conversations alentours, mais sans résultat. Le jeune homme eut tôt fait de vider sa chope. Le professeur de Potions fit mine de lever la main pour en demander un autre.

- Vous cherchez à m'enivrer pour que je réponde de bonne grâce ?

Sous sa capuche, Severus sourit.

- Tu es moins bête qu'il n'y paraît. Très bien. Dans ce cas, entrons dans le vif du sujet. Que sais-tu des Mangemorts à l'heure actuelle ?

Les yeux bruns de l'escroc s'agrandirent de frayeur, et il jeta des regards de tous côtés.

- Je ne peux pas répondre à ça, et d'ailleurs je ne sais rien du tout, souffla-t-il à toute vitesse. Absolument rien.

- En plus d'être un voleur minable, tu es un pitoyable menteur, Furtus.

- Vous êtes l'un d'eux ? Je vous jure que je ne sais rien !

Severus soupira.

- Cesse de trembler comme ça, je n'ai pas l'intention de te tuer. C'était cela que tu cherchais tout à l'heure ? demanda-t-il en tirant sa bourse de sa poche. Je suis persuadé que tu sauras te montrer un peu plus bavard, ajouta-t-il en en déliant les cordons, faisant tomber quelques Gallions dans sa main gauche.

Le jeune homme hésita, puis attrapa deux pièces qu'il lui tendait.

- Ils... ils sont assez excités en ce moment... Quelque chose leur... plaît de toute évidence.

Il se tut, fixant sa pinte vide. Un Gallion doré vint rouler jusque sous son nez, suivi d'un autre.

- Et... il paraît que Lestrange est dans le coin. Rabastan Lestrange. C'est tout ce que je sais.

- Tu en es sûr ?

- Oui.

- Je te remercie. Tu vois que tu peux te montrer raisonnable. Et maintenant rappelle-toi bien que tu ne m'as jamais vu...

Severus se leva, et se penchant vers lui pour lui glisser un dernier gage de sa reconnaissance, lui jeta un sortilège d'Amnésie. C'était plus prudent. Il régla les consommations, n'ayant d'ailleurs pas touché à la sienne, et sortit rapidement.

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