Chapitre 16
The Gladiator Waltz
ou
Zorrogue à la rescousse
( mwahahahaaaaa )
( le titre n'a rien à voir avec le contenu du chapitre, si ce n'est que c'est sur ce magnifique morceau de Hans Zimmer que j'ai imaginé ce chapitre et que j'avais pas de titre convenable... )
.
C'était un paisible samedi de fin mars, et le soleil printanier rayonnait déjà, rosissant les sommets lointains. Severus était de bonne humeur ce matin-là. Il s'était endormi sur son livre après sa soirée de traque – qui comme toutes les autres depuis deux semaines, n'avait rien donné - et devait avouer que sa nuit avait été des plus agréables, bien qu'il ait rangé son narguilé depuis cinq jours déjà, avec quelque regret. Peut-être que le truc du professeur Dumbledore marchait, finalement. Ou peut-être était-ce de l'auto-persuasion. Il était possible qu'il ne fasse plus de cauchemars simplement parce qu'il était sûr du pouvoir de l'améthyste. Oui, mais il n'était pas superstitieux, et il ne croyait qu'à moitié à la propriété que l'on prêtait à cette pierre. Donc ça n'était pas de l'auto-persuasion. Alors s'il ne cauchemardait plus, c'était bien parce que l'améthyste neutralisait vraiment ses chimères. Mais si cela fonctionnait vraiment...
Il fut tiré de ce débat existentiel qu'il tenait avec lui-même, assis devant la cheminée, par une petite chatte venue réclamer à manger.
- Oui, ça va, j'arrive...
Il tira sa baguette de sa poche, et l'animal se précipita en ronronnant vers sa gamelle. Severus, lui, rejoignit la salle de bains et alla prendre une douche. Il soupçonnait fort le directeur d'avoir touché un mot à l'infirmière de son "somnifère", car elle était venue le voir. Il n'était pas possible d'avoir une vie privée... Sans compter les tableaux qui écoutaient les conversations. Cela n'avait cependant donné suite à rien, d'abord parce qu'il l'avait envoyée promener, et deuxièmement parce qu'elle avait quitté Poudlard au début de la semaine, pour d'obscures raisons familiales selon les dires. C'était Dana O'Shee qui la remplaçait. A croire qu'elle avait l'intention de tout faire dans l'école. Il s'était d'ailleurs fait la remarque qu'à toucher à tout, on n'était bon à rien... Il sortit une dizaine de minutes plus tard, emmitouflé dans une longue serviette. La chatte, qui entre-temps avait pris position à côté du lavabo, descendit nonchalamment et vint lui lécher les chevilles. ( authentique, il y a des chats qui font ça, je vous jure... )
- Non mais, tu as vraiment un grain, toi... Si tu as soif, tu as une gamelle d'eau. Ou bois au robinet à la limite mais arrête ça, ça chatouille.
Il la prit dans ses bras, amusé, et lui gratta les oreilles.
- Je suis vraiment tombé sur un spécimen rare... Tu es complètement dingue, comme chat, tu sais ? Mais oui, je t'aime quand même....
Il embrassa sa tête de velours et la laissa sauter sur le sol, où elle s'affala pour rester allongée de tout son long devant la porte. Il s'habilla rapidement, et décida de sortir faire un tour avant de travailler. La neige de février avait laissé place à la renaissance de la saison nouvelle, et certains endroits alentours devaient être magnifiques.
Il descendit de sa tourelle, traversa quelques couloirs, vides à cette heure matinale, emprunta le grand escalier de l'entrée. Il traversa le grand hall, ouvrit la lourde porte de chêne, sortit sur les marches de pierre et... fut heurté de plein fouet par un bolide en robe rouge et or, qui manqua de l'envoyer rouler à terre.
- Potter ! rugit-il en se tenant l'estomac. Vous ne pouvez pas...
- Professeur ! il y a un truc bizarre là-bas, haleta l'adolescent qui avait visiblement couru, pointant le doigt en l'air. Dans le ciel !
- Qu'est-ce que vous racontez encore comme sornettes, Potter ? Vous ne...
Tout en parlant, Severus avait levé les yeux dans la direction qu'il indiquait, et les écarquilla, portant une main à sa bouche d'un air atterré. Dans le lointain, deux silhouettes encore assez petites se détachaient vaguement sur la tache rose du soleil. Assez petites certes, mais il avait déjà une idée de ce qui pouvait voler de la sorte... Si seulement il pouvait se tromper.
- Allez me chercher le professeur McGonagall immédiatement, Potter. Et tous les autres professeurs...
L'élève courut à l'intérieur, et il resta là, à observer le ciel. Quoique ce pusse être, cela ne présageait rien de bon, surtout si son hypothèse s'avérait juste. Bien au contraire. Les deux formes se rapprochaient dangereusement vite, et Severus fut bientôt à même de voir de quoi il s'agissait. Minerva McGonagall apparut soudainement sur le perron, essoufflée. Elle se tourna vers Severus, qui fit un signe de tête en direction de l'est. Il avait eu raison...
- Ce sont des dragons. Deux énormes dragons.
Dire que le visage de la sous-directrice se décomposa eût été un euphémisme.
- Oh, mon Dieu... et Albus qui a été appelé au Ministère ce matin... souffla-t-elle.
Les autres professeurs arrivèrent peu à peu, la plupart déjà inquiets.
- Il faut faire rentrer les élèves, dit Severus à McGonagall qui était toujours sous le choc.
- Dans les cachots ! s'exclama-t-elle, sortant de sa torpeur, il faut les faire descendre immédiatement ! Stebbins ! Granger ! Faites-moi rentrer tous les élèves tout de suite !
- Et que faisons-nous ? demanda Arlanne Vector, dont la peur se lisait clairement sur ses traits.
- Il faut nous préparer à l'affrontement, j'en ai peur... Tous ensemble nous devrions pouvoir y arriver... Que quelqu'un aille chercher Hagrid ! Le plus important est de protéger le château. Poudlard n'a pas été prévu pour résister aux attaques de dragons... Il faut jeter un sortilège Gèle-Flammes sur l'ensemble de l'école, ou quelque chose comme ça...
- Ce ne sont pas des dragons ordinaires, intervint Severus qui examinait toujours le ciel. Il y en a un qui est bien plus gros que la moyenne. Et je crains qu'ils n'aient subi quelques modifications...
- Que voulez-vous dire ? s'enquit Flitwick, tandis que deux de leurs collègues s'efforçaient de faire rentrer les élèves qui s'étaient massés à la porte d'entrée pour assister au spectacle.
- Si c'est, comme je le crains, le Seigneur des Ténèbres qui les envoie, il faudra plus qu'un sortilège de Stupéfixion pour les arrêter. Il n'aurait pas envoyé d'ordinaires dragons. Il doit être sûr de l'issue du combat...
- Il faut protéger le château avant tout ! s'écria Minerva. Et après, nous nous préoccuperons de les arrêter. Arlanne par pitié, faites descendre les élèves dans les cachots ! Et séparons-nous en deux groupes, il faut que l'un s'occupe de protéger le château et l'autre de neutraliser ces monstres !
Vector obtempéra sans mot dire, trop heureuse de ne pas rester dehors. La plus grande agitation s'installa alors. Les deux dragons étaient arrivés au dessus du parc, et commençaient à tournoyer d'un air menaçant. Severus ne s'était pas trompé sur leur provenance, l'un deux, noir, portait la Marque des Ténèbres sur son front. Celui-ci était serpentiforme, et n'avait pas d'ailes, comme les dragons d'Extrême-Orient, et était d'une taille à couper le souffle. L'autre avait une forme « plus classique », avait une couleur tirant sur le vert clair et était de taille moyenne. Certains élèves étaient toujours dehors, comme les membres de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, qui revenaient à toute vitesse du stade, ou d'autres, curieux qui s'étaient aventurés à l'extérieur sans se faire remarquer. Les professeurs mirent quelques instants à s'organiser, sous la direction de McGonagall. Quelques instants de trop de toute évidence, car l'un des dragons lança une grande flamme devant la porte d'entrée du château. Arlanne Vector, qui avait finalement décidé de sortir pour leur prêter main-forte, manqua d'être réduites en cendres, et se jeta à terre. Myrane Dana O'Shee, qui n'était pas loin derrière elle, bondit en arrière, à l'intérieur, avant de refermer vivement la porte devant les flammes qui menaçaient. Les deux groupes se séparèrent alors, pour éviter de finir carbonisés. Ils agissaient finalement comme d'un accord tacite : les deux bataillons s'étaient sous-divisés. Certains professeurs avaient réquisitionné les balais de Gryffondor, et s'en servaient pour aller ignifuger les parties élevées du château, tout en prenant garde au grand dragon noir qui s'entortillait autour des tours de manière sournoise pour les surprendre au détour d'un créneau. L'autre groupe, dont Severus, Chourave, Aegra et Minerva, contenait tant bien que mal les assauts du deuxième dragon, qui visiblement prenait son temps, lançant une petite flamme par-ci, par-là. Il lâcha soudain une boule de feu qui alla se fracasser sur la porte du château, et ils durent s'écarter prestement pour ne pas être touchés par les violentes étincelles. Une véritable confusion régnait. Il semblait qu'un ou deux préfets, et même des élèves restés dehors, s'étaient joints aux professeurs, mais ceux-ci n'y prêtait pas attention. Ils étaient une quinzaine encore dehors, mais aucun Serpentard. Le professeur Flitwick, jetant sortilège sur sortilège au dragon noir, était juché sur le balai d'Angelina Johnson, qui devait faire appel à tout son talent de Poursuiveuse. Le professeur Bibine volait à ses côtés, et avec le professeur Mannaz et plusieurs autres, ils essayait d'écarter le reptile géant du château. Les jumeaux Weasley, armés de leurs battes de Quidditch, venaient agacer, attirer la bête, qui se retourna plus d'une fois pour les griller, sans succès. Au sol, les professeurs se trouvaient plus en difficulté, puisque en position inférieure face à leur adversaire volant, qui se jouait tranquillement d'eux. A plusieurs reprises, ils avaient dû tous lancer le même sortilège de Bouclier en même temps pour éviter de périr passés au lance-flamme, et cela les empêchait d'attaquer. Ils tentèrent de se disperser une ou deux fois, mais se rendirent vite compte qu'ils n'en étaient que plus vulnérables. Le professeur Vector se proposa finalement pour s'occuper seule de leur protection, afin qu'ils se concentrent sur la défense du château et leur riposte. Elle faisait de son mieux pour maintenir le fragile bouclier de ses collègues tandis que ceux-ci lançaient des jets de lumière multicolores sur le dragon qui décidément n'en avait que faire. Il finit par leur tourner le dos, fatigué de ce petit jeu, et préféra cracher son haleine de braise en direction de la Grande Salle, où s'étaient rassemblés les élèves, qui de terreur, reculèrent tous d'un même mouvement. Le professeur Flitwick, toujours assis sur le balai d'Angelina, l'aperçut au dernier moment et évita une catastrophe de justesse, bloquant la flamme d'un puissant sortilège qui le laissa étourdi quelques secondes.
- Pourquoi les élèves ne sont-ils pas dans les cachots ? s'écria McGonagall en direction de Vector qui, sursautant, en oublia la protection magique.
- Il n'y a pas eu moyen de les faire descendre ! J'ai préféré venir vous aider ! Myrane est avec eux !
- Et bien ils vont peut-être descendre maintenant ! rétorqua Severus, détournant une flamme qui allait venir refaire le brushing de la sous-directrice. Occupez-vous donc de votre sortilège !!
Le dragon revint à la charge, insensibles aux misérables maléfices des sorciers.
- Il faut l'attaquer tous ensemble ! rugit Hagrid.
- Hagrid a raison, nous ne sommes pas assez coordonnés ! renchérit Aegra. A trois ! Un ! Deux ! Tr...
Il fut interrompu par le dragon qui visiblement ne l'entendait pas de cette oreille. La lumière bleutée de leur armure magique vola en éclats sous le choc de ce nouvel assaut et Arlanne Vector, laissa échapper un cri d'effroi, avant de se reprendre et d'invoquer à nouveau le sortilège. Severus, lui, comme la plupart des autres professeurs, n'avait pas peur. Il était bien trop occupé pour ça. Le dragon vert se retourna soudain vers la forêt et embrasa les premiers arbres. Plusieurs créatures s'envolèrent à tire d'aile, mais quelques-unes ne furent pas assez rapides. Une épaisse fumée noire s'élevait maintenant au-dessus des bois, piquant les yeux et la gorge des sorciers à proximité. Asbjörn Mannaz et deux des Poursuiveuses de Gryffondor abandonnèrent le dragon noir pour aller éteindre le brasier. Des langues de feu léchaient déjà l'herbe du parc, se rapprochant rapidement du château et des ses défenseurs. Ils passèrent à une rapide allure devant le dragon vert, déversant de l'eau à ses pieds où l'herbe était déjà calcinée. Celui-ci, que les étincelles rouges et jaunes semblaient réjouir, jeta ses griffes en avant, sans les toucher heureusement, puis cracha à nouveau son souffle brûlant. L'extrémité du balai de Katie Bell prit feu, la déséquilibrant, mais elle fut épaulée par sa coéquipière et Mannaz étouffa les flammes d'un coup de baguette. L'incendie de la Forêt semblait à peu près maîtrisé, et ils repartirent à la poursuite du deuxième dragon, dont un coup de queue avait arraché quelques tuiles de la plus grosse tour du château et presque désarçonné Johnson et Flitwick. Les tuiles tombèrent à l'entrée du château, et l'une d'elles manqua d'assommer Severus, qui s'écarta au dernier moment. Le dragon vert se posa brutalement au sol, générant un mini-tremblement de terre qui fit trébucher tous les sorciers à proximité et fit allègrement flamber les quelques touffes d'herbe qui restaient, avant de cracher une longue flamme qui vint tracer un cercle autour des quelques professeurs rassemblés devant lui. La chaleur devenait insupportable, et le brouillard de suie qui s'élevait à leur pieds les empêchait de voir comme de respirer. Une clameur victorieuse se fit soudain entendre, suivie d'exclamations effrayées. Le dragon noir avait finalement été touché, et il allait s'écraser sur le château. Professeurs et élèves le firent dévier à temps, mais il emporta tout de même dans sa chute une bonne partie de la tour d'Astronomie, et de celle du professeur Trelawney, avant de plonger, inanimé. L'arrière de son corps tomba dans le lac, faisant jaillir des trombes d'eau qui vinrent noyer quelques flammes. Un nuage de vapeur vint embrumer le champ de bataille, se mêlant à la fumée, et Chourave et McGonagall en profitèrent pour souffler le cercle brûlant qui les entourait encore. Les sorciers toujours montés sur leurs balais se précipitèrent pour neutraliser le dragon noir tandis qu'il gisait toujours inconscient. Au bout de quelques minutes, ils vinrent aider à l'entrée du château, où la situation était des plus critiques. Ils avaient beau y faire, le dragon était toujours debout, et maintenant très proche et incendiait consciencieusement le toit d'ardoise d'une des tours, sans faire attention aux jets de lumières qui ricochaient sur ses écailles. Lorsqu'il vit que ses adversaires étaient maintenant plus nombreux, il fit volte-face. L'atmosphère empestait le brûlé. Profitant de ce que son attention était détournée, certains allèrent éteindre la tour qui se consumait. Les jumeaux Weasley, grisés par la situation mais pourtant très lucides, faisant la sourde oreille aux injonctions angoissées de leur directrice, tournaient autour du monstre, cherchant à capter son intérêt. Les professeurs et élèves à terre, beaucoup plus organisés qu'au début, rassemblaient leurs forces pour attaquer de front. Un préfet était venu aider le professeur Vector dans sa tâche. Mais tout aussi harmonisés qu'ils étaient, leurs enchantements – quelqu'ils soient - restaient toujours sans effet. Severus s'immobilisa brusquement. Une conversation venait de faire surface dans sa mémoire. Surprise dans un état de semi-conscience, entre deux Mangemorts, des mois plus tôt, tandis qu'il était étendu aux pieds du Seigneur des Ténèbres. Des dragons. Qui seraient insensibles à la magie. Une expérience de leur maître qui leur serait très utile.
Et s'il avait réussi ? Il ne pouvait y avoir d'autre explication. Et si ce dragon ne ressentait pas la magie ? Qu'elle glissait sur lui comme glissaient leurs sortilèges sur ses écailles ? C'était forcément ça. Et s'ils ne s'en rendaient pas vite compte, ils étaient finis.
- Arrêtez ! s'exclama-t-il, tout à coup. Ca ne sert à rien ! Il ne craint pas la magie ! On ne peut rien contre lui ! Arrêtez, nous devons trouver autre chose !
Mais il avait beau s'époumoner, personne ne l'écoutait, tous trop absorbés dans leur affrontement. Ca ne servait à rien, c'était un combat perdu d'avance. Si les armes magiques ne pouvaient rien, alors rien ne l'arrêterait. Il réfléchissait à toute vitesse. Il devait bien exister une solution. Si les armes magiques ne pouvaient rien.... alors il fallait autre chose. Autre chose que des armes magiques. Il jeta un œil au dragon. Les jumeaux Weasley, semblables à des guêpes, venaient toujours le piquer, l'aiguillonner. Ils ne manquaient pas de cran, et c'est vrai qu'il se rendaient utiles, à agacer le monstre de la sorte. Mais si peu. Puisque les armes magiques ne marchaient pas. Autre chose que des armes magiques. Autre chose. D'autres armes... Une éclair de génie lui traversa l'esprit. ( oh... ça doit faire mal... ) Une idée. Complètement folle. Suicidaire même. Et il avait tout intérêt à y arriver. Et pourtant il ne voyait rien d'autre à faire. Le bouclier céda une nouvelle fois, et plusieurs professeurs furent touchés par des étincelles venant de la collision. Le dragon tentait de se débarrasser des frères Weasley, à coups de dents et de flammèches. Severus, l'air déterminé, arracha l'attache de sa cape, qui tomba à ses pieds et dégaina son poignard, retira le bouchon de la petite fiole des dents, et en versa le contenu sur la lame violacée, qui prit bientôt la couleur verdâtre attendue. S'il était vraiment le seul à avoir compris cela, il était aussi le seul à pouvoir réussir. Et il le devait, sans quoi... Il inspira profondément, les yeux clos, et serra la garde du poignard dans son poing. Alors il s'élança. Il courut, droit sur le dragon. Son visage ne reflétait aucune émotion, seulement une extrême concentration. Le professeur McGonagall l'entrevit, mais il demeura sourd à ses appels. Elle somma les professeurs de cesser sur le champ tous leurs sorts, qui risquaient de le toucher à chaque seconde. Tout semblait se dérouler au ralenti, et plus rien n'existait d'autre à ce moment que le dragon en face de lui. Doucement, tandis qu'il courait toujours, son arme à la main, ses deux longues ailes noires se déployèrent derrière lui, et se mirent à battre, de plus en plus fort, de plus en plus vite. Il volait déjà littéralement, et pourtant ses pieds touchaient terre. La distance qui le séparait du dragon s'amenuisait encore et toujours. Il restait fixé sur son objectif, sans réfléchir. Vingt mètres. Dix-huit. Quinze. Douze. Dix. Huit. Et soudain, prenant appui sur ses jambes en un brusque élan, soulevé par ses deux ailes gigantesques, il s'éleva, le poignard brandi dans sa main droite. Il s'éleva à hauteur du dragon, prêt à frapper. Frapper à la gorge. C'est là que ce serait le plus rapide. Il n'était plus qu'à deux doigts de son but. Il sentait déjà les écailles se déchirer sous la lame. Mais le dragon, jusque là bataillant avec les deux batteurs de Gryffondor qui venaient de redoubler d'ardeur, vit au dernier moment le sorcier, et le balaya d'un coup de patte, comme s'il ne s'agissait de rien de plus qu'un insecte. L'arme se planta dans le cuir du dragon, si facilement, presque trop, bien plus bas que prévu, au niveau de l'épaule, tandis que Severus chutait. Il lâcha le poignard qui resta piqué dans l'épaule du dragon, tandis qu'il allait s'écraser dans les cendres fumantes. Il ne se sentit pas tomber, et perdit connaissance dès qu'il eut touché l'herbe noire du parc, avant de rouler face contre terre.
Un silence de mort régnait, bientôt brisé par le gémissement du dragon qui se contorsionnait, en proie à une vive douleur. Il tournait et se retournait, faisant presque peine à voir. Le poison n'était pas assez violent pour tuer sur le coup une bête de cette taille-là. Il laissa échapper une plainte à la fois rauque et stridente, en même temps qu'une interminable flamme en direction du château, et les professeurs ne furent pas trop de tout leur nombre pour l'éteindre, tandis qu'il se tordait sur lui-même, avant de finalement, au bout d'une éternité, s'écrouler dans un bruit sourd mais impressionnant, à une distance effroyablement courte du professeur de Potions. L'onde de choc sortit Severus de son évanouissement. Sa main gauche se crispa sur le sol.
- Severus !
Le professeur McGonagall, blême, accourut à ses côtés, immédiatement suivie du professeur Aegra, tandis qu'il essayait péniblement de se mettre à genoux, s'aidant de son seul bras gauche. Les deux professeurs l'aidèrent tout d'abord à s'agenouiller. Son bras droit, saignant abondamment, était serré sur sa poitrine. Du sang s'écoulait aussi de son nez et de ses lèvres, mais c'était probablement dû au choc quand il avait roulé sur lui-même après être tombé. Aegra, toujours à sa gauche, passa son bras dans son dos pour le remettre debout. Minerva, ayant trop peur de le blesser davantage, resta immobile, presque aussi livide que Severus lui-même et complètement abasourdie par les dernières minutes. L'une de ses ailes était repliée comme à son habitude, mais l'autre, la droite, pendait misérablement, en triste état, mélange lugubre de sang et de plumes. Elle avait été en partie déchiquetée par sa chute. Encore un peu assommé, Severus se laissa faire pendant que William Aegra le relevait. Du sang. Beaucoup de sang. Des bourdonnements dans ses oreilles. Et il voyait un peu flou. Mais il sentait surtout le sang. Dans sa bouche. Partout. Et une odeur de brûlé. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, ses sensations revinrent peu à peu. Il avait très mal à la tête aussi. Quant à son bras, et son aile, il ne les sentait plus. Il monta les quelques marches du perron, toujours soutenu par Aegra. Minerva tenait tant bien que mal les lambeaux de son aile pour éviter qu'elle ne traîne par terre. Les élèves, sortis de la Grande Salle, le regardèrent passer les yeux ronds comme des soucoupes.
.
Bon et le premier qui vient me dire que Poudlard doit être de toute façon protégé contre le feu se prend ma main dans la tronche...
