Mwahahaha. Je vous préviens tout de suite, si vous me tuez, vous aurez pas la suite °evil grin°

Sinon, je suis vraiment vraiment désolée d'avoir mis aussi longtemps, mais je faisais vraiment un blocage énorme sur tout le passage avec Fudge, c'étais tellement confus que je ne m'y retrouvais plus moi-même v.v°

Et c'est pas faute d'avoir essayé. Heureusement, Arcadiane était là – vous pouvez lui dire merci... allez donc lire ses fics pour la peine – et je me suis décidée à me bouger. Enfin vous en avez un beaucoup plus long que la moyenne quand même de chapitre, il fait le double, voire le triple de certains. Bon. En toute logicité, le chapitre suivant étant tout écrit depuis des mois, vous devriez l'avoir bientôt, j'ai deux trois trucs à arranger et ça devrait être bon... Voala. Bizoux à tous !

PS : je viens de m'apercevoir que j'avais eu dix reviews pour le chapitre 17, merci bcp tt le monde ! Je vous aime !

Grima Langue de Serpent : bah càd que moi, Sev je le vois pas du tout comme dans le film... bon Alan Rickman est absolument merveilleux ( evidemment ), mais moi je vois Severus avec les cheveux plus longs que ca, juste en dessous le niveau des epaules quoi... et pas du tt avec la meme tete...

Et pis si j'ai été méchante avec Myrane de tps en tps, c de son point de vue a lui paske moi je l'adore...

DarkJezebel : bon allez, je vous le dis, oui il finira par le dire... mais ds longtemps...

Arcadiane : hum, oui je sais ct cruel le coup de la plume, mais vraiment celle elle est prete depuis des mois, j'allais pas l'effacer au dernier moment par une soudaine prise de conscience !

Ah, la vraie vérité, elle viendra mais pas tt de suite... faut lui laisser le temps et la confiance necessaire, lol et ca c dur...

( et pr le texte au centre, si si c possible Zel' y arrive, mais elle sait pas comment elle fait grrr... enfin bon, g eu les esplikations - merciiii - g pu qu'a reediter ts mes chapitres -.-° )

Exandra : merciiii pour cette precieuse info ... c sur que j'aurai bien aimé y etre moi a la place de Myrane yeux reveurs aussi surtout dans le chapitre la en fait...

Lunenoire : euh bah nan, il a pas trouvé mieux, lol, mais il a du mal a mentir a Dumbledore aussi...

Alexiel : hum, je sais pas si Dumbledore a gobé ca, on verra bien... mais de tte facon il n'a que cette explication la sous la main...

Et pis les eleves, bah, ils ont du etre surpris...

Snape4Ever1 : c pas grave, je t'en veux pas, lol, ca fait plaisir quand meme - Un vrai ptit ange, c pas l'expression que j'aurais employée, mais quand meme, c pas completement faux... Et pour les titres, en general, je m'arrange pr trouver des gens qui les ont ecrits a ma place ( naaaan pas feignasse du tout ). Mm le 15 et le 17, pr lesquels j'en avais pas trouvé, bah je me suis arrangée. C Zelda qui me les a sortis ceux-la ( mikiii Zeldichounette ! )

Erika : bah comme je le precise au dessus - et ds mon chapitre aussi je crois - j'ai pas trouvé ce titre la, il vient de Zelda, paske le chapitre lui faisait penser a la pub Milka ou un gamin soigne un zozio avec un bout de chocolat ( faut pas chercher plus loin, apres c'est s'aventurer dans l'esprit tordu de Zelda et la vs avez pas fini, mdr ) Sinon, j'adoOore le Milka, c ma drogue a moi...

Et je dois dire que je me suis bien amusée a l'ecrire ce chapitre, meme s'il ma donné bcp de mal ( ca c la version 3 ou 4 ) paske imaginer Sev en train de fR la gueule ratatiné sur sa chaise, ca me faisait bien rire... Le pôvre. ( et du synthol, il n'en a pas... yekyek )

Saral : Et bah je suis tres contente que mon histoire te plaise, ça fait tellement plaisir de voir des gens qui apprecient ce qu'on fait :)

C vrai que j'essaie de mettre des trucs marrants de temps en temps paske je trouve ca plutot lugubre en general... et le chat, j'ai pile le modele qu'il faut pour ses aneries. Mais c pr ca qu'on les aime apres tout, les minous...

Malthus Rayne : oui, sur ce coup la j'ai pas pu m'empecher, ya des ptites references betes qui sortent de temps en temps, la ct Toy Story 2 Mais ca collait tout a fait avec le propos, lol.

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Chapitre 18

You will not stay away long ?

...

- No, for I must away.

- Away ? Where ?

- That, I cannot tell you. It is a secret.

- ...You will not stay away long ?

( °O.o° )

.

Severus remonta lentement à sa chambre, ses ailes dissimulées sous sa cape que Minerva avait ramenée. Les couloirs étaient à peu près vides maintenant, les professeurs avaient contraint les élèves à rejoindre leurs salles communes respectives pour faire l'inventaire des dégâts matériels. Seuls quelques préfets ou fantômes peuplaient les longs corridors, et jetèrent des regards curieux au professeur, mais il ne les vit pas.

De retour dans la chaleureuse pièce, il eut envie de se laisser aller dans son grand fauteuil mais son aile immobilisée ne lui permettait pas, et il posa seulement sa cape dessus, avant d'aller s'étendre sur son lit. La petite chatte, vautrée sur le dos, somnolait comme une bienheureuse sur ses oreillers, dispersant allègrement ses poils noirs et dorés un peu partout. Elle ouvrit les yeux en sentant sa présence, et émit un doux miaulement. Il sourit et passa ses doigts dans la fourrure épaisse.

- Tu sais quoi ? J'ai écrabouillé un dragon... Quoique le contraire serait tout aussi vrai...

Il laissa tomber sa tête sur les draps et ne tarda pas à sombrer dans le sommeil.

.

Le soleil entamait sa descente, et le ciel pâlissait. Il devait être cinq heures, cinq heures et demie. Il avait dormi si longtemps ? Il dénicha la chatte qui dormait contre lui, le nez sur sa poitrine, et se redressa lentement. Si son mal de tête s'était quelque peu calmé, il n'en était rien de ses contusions et autres courbatures. Un troupeau d'éléphants aurait pu danser un ballet sur son dos qu'il n'aurait pas senti la différence. Et son épaule le démangeait affreusement. Son aile aussi, par endroits.

Il sortit sur le balcon. Il n'y avait plus trace de fumée nulle part mais on percevait certains éclats de voix. S'interrogeant sur leur provenance, Severus décida d'aller voir par lui-même. Il remit sa longue cape sur son dos, dissimulant en partie ses ailes, bien que l'on en distingua encore les formes sous le tissu, et pensa à désenchanter la porte avant de sortir. Il s'avéra que manier une baguette magique de la main gauche était une opération des plus délicates, tout comme couper sa viande avec un bras en écharpe, comme il devait s'en apercevoir plus tard. La chatte, voyant son maître sortir, se dépêcha de se mettre à sa suite.

Les couloirs du château résonnaient à nouveau des bruits familiers des élèves. Ceux-ci s'écartaient sur son chemin plus rapidement encore qu'à l'ordinaire, devenus brusquement silencieux et le regardaient passer avec un mélange de crainte et de respect encore plus flagrant. Les murmures reprenaient de plus belle dans son dos. C'était une sensation étrange. Pour une fois, il avait accompli quelque chose au vu et au su de tous. Parce que jusqu'ici, il n'avait jamais connu beaucoup de gratitude pour ce qu'il avait fait. Il avait notamment, de longues années auparavant, empêché un élève de sa maison de tuer sa cousine de Gryffondor – une affaire qui avait très mal tourné. Quatre ans plus tôt, il avait sauvé la vie de ce petit imbécile de Potter - deux fois par semaine, il se demandait toujours ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là – et contrecarré à plusieurs reprises les plans de Quirrell. L'année suivante, les victimes du Basilic étaient sorties de leur coma grâce à son philtre régénérateur ( et pas grâce à Pomfresh et Chourave comme c'est injustement dit dans le film . ). L'année d'après, il avait réussi à capturer le criminel le plus recherché de Grande-Bretagne, qui à cause de Potter, bien sûr, s'était ensuite envolé avec son Ordre de Merlin. Dumbledore lui avait assuré que l'adolescent n'y était pour rien, mais il restait persuadé du contraire. Et l'an passé, il avait repris son espionnage au sein des Mangemorts, à ses risques et périls. Et la seule chose à laquelle il avait eu droit jusqu'ici, c'étaient les chaleureux remerciements du professeur Dumbledore – en privé – qui malgré tout ne consentait toujours pas à lui accorder ce qu'il réclamait depuis quatorze ans... Cette fois, toute l'école avait assisté aux évènements, et nul ne pouvait nier qu'il leur avait rendu un bien grand service. Une bouffée de fierté l'envahit soudain. Il avait quand même tué un dragon à lui seul.

" Oh, on se calme, Severus. Ne va pas prendre une tête de pastèque comme cet imbuvable Potter et son imbuvable fils... "

Il poussa la vieille porte de chêne et dirigea ses pas vers le champ de bataille. La pelouse était encore à l'état de cendre, et la masse noire et luisante du dragon-serpent était toujours étendue près du lac. Une douzaine de personnes s'affairaient autour, sans doute des agents du Département des Créatures Magiques du Ministère. Le cadavre du dragon vert avait disparu, sans doute effacé par un enchantement. Un autre groupe débattait non loin de là, et la discussion semblait assez animée. Il y avait les professeurs McGonagall et Dumbledore, et Severus reconnut en face le ridicule chapeau melon vert de Fudge. Il méprisait considérablement cet homme, trop bien installé dans son petit monde idéal pour ouvrir les yeux sur ce qui se tramait dans l'ombre de la communauté sorcière. Peut-être que la Marque des Ténèbres gravée sur le front du dragon allait le décider à voir les choses telles qu'elles étaient réellement. Deux hommes se trouvaient aux côtés de Fudge, sans doute du Ministère également.

- Ah, Severus ! Vous revoilà parmi nous ! s'exclama le directeur d'un air joyeux en le voyant arriver. Vous allez mieux ? demanda-t-il plus doucement.

- Ce n'est pas exactement le mot que j'aurais employé, mais oui, je vais mieux, merci.

Sa présence jeta un froid sur le groupe. Fudge le fixait d'un air tout à fait déplaisant, à la fois dégoûté et un peu effrayé, tout comme les deux autres. Ils avaient dû avoir des échos du mois de juin précédent. Ca n'était apparemment pas aujourd'hui qu'il aurait son Ordre de Merlin...

- Ainsi, c'est vous qui auriez débarrassé l'école de du deuxième dragon ? s'enquit Fudge d'un air suspicieux.

- En effet, c'est moi, répondit Severus sans parvenir à dissimuler la pointe d'orgueil dans sa voix, qui passa pour son habituel mépris.

- Et puis-je savoir comment vous étiez au courant de son point faible ?

- Je n'étais pas au courant, je m'en suis rendu compte au bout d'un moment. C'est tout.

- Et pourquoi vous ?

La question parut tellement stupide à Severus qu'il en resta interdit une fraction de seconde. Dumbledore n'en parut pas étonné, mais semblait soucieux.

- Comment ça, pourquoi moi ? Parce que de toute évidence, je suis le seul à y avoir pensé. Je ne saisis pas bien le sens de votre question... ajouta-t-il, quelque peu irrité par cet interrogatoire et surtout par l'homme qui le menait.

Le petit Ministre lança un regard appuyé aux deux sorciers l'accompagnant, qui allèrent aussitôt voir ailleurs s'il y était. Fudge s'avança vers Severus qui le toisait de toute sa hauteur.

- Figurez-vous que je trouve très étrange que vous, fit-il en indiquant l'avant-bras du Maître des Potions d'un geste très significatif, soyez le seul à trouver ce qui cloche chez un dragon prétendument envoyé par Vous-Savez-Qui.

Les yeux de Severus, réduits à deux fentes noires, brillèrent de colère.

- Qu'est-ce que c'est que cette insinuation ?

Dumbledore intervint alors, posant une main sur l'épaule de son professeur, pour empêcher celui-ci d'écorcher vif le Ministre de la Magie, et d'autre part pour bien montrer à ce dernier de quel côté il se trouvait.

- Peut-être devrions nous continuer cette discussion dans mon bureau.

- C'est inutile, on m'attend au Ministère, je ne peux plus m'attarder. Mais croyez-moi Dumbledore, nous nous reverrons bientôt, ajouta pompeusement le petit sorcier. Il y a trop de choses ici à tirer au clair.

Sur ce, il tourna les talons, suivi des deux autres sorciers.

- Bon débarras, grinça Severus entre ses dents.

- Je ne suis pas sûr que nous en soyons débarrassés, dit Dumbledore d'un air soucieux.

- La Marque des Ténèbres sur la tête du dragon noir a disparu, expliqua gravement McGonagall à Severus. Plus rien ne prouve que c'est Vous-Savez-Qui qui les a envoyés, et bien entendu, Fudge ne veut rien entendre...

- Bien entendu...

- Myrane a dit que lorsqu'elle était dans la Grande Salle avec les élèves, il manquait la plupart des Serpentard, fit remarquer Albus, plongé dans ses pensées. Ils étaient bien descendus dans les cachots.

- Ils sont obéissants, rétorqua Severus avec mauvaise foi.

Minerva lui lança un regard sévère, qu'il ignora parfaitement.

- Vous... croyez que certains étaient au courant, M. le Directeur ? demanda-t-il après un instant de silence.

- Non, je ne pense pas que Voldemort ait pris ce risque. Ils ont simplement dû recevoir la consigne de ne pas sortir de leur salle commune. Plusieurs d'entre eux sont de sang pur et fils de...

- Mangemorts, termina le Maître des Potions sombrement.

Dumbledore acquiesça.

- Mais ça ne servirait à rien de les interroger. Quand bien même ils sauraient quelque chose, ce qui m'étonnerait fort, ils ne diraient rien.

- C'est ignoble de les entraîner là-dedans, murmura Severus, ce sont des gosses.

Et lui-même ne se rappelait que trop bien sa propre expérience.

- Vous savez, répondit doucement Dumbledore, je ne crois pas qu'ils aient vraiment eu la moindre information sur les évènements. Après tout, ils sont peut-être tout bonnement obéissants, termina-t-il avec un sourire. Et puisque vous êtes sur pied, montons dans mon bureau, voulez-vous ?

Deux minutes plus tard, Severus était debout devant une des larges fenêtres du bureau du directeur de l'école. Il avait faim – il n'avait rien avalé depuis le matin – et son bras le démangeait toujours autant. Dans un coin de la pièce, Fumseck roucoulait doucement.

- Vous ne vous asseyez pas, Severus ? demanda Dumbledore en prenant lui-même place dans son large fauteuil.

Fumseck vint se poser sur son accoudoir.

- Non, non merci, je préfère rester debout, répondit Severus, surtout gêné par son aile raidie.

- Je crains que Fudge n'agisse stupidement dans les jours à venir... soupira Dumbledore.

- Si je peux me permettre de donner mon avis, ça ne changera pas tellement de d'habitude.

- Severus... reprit le directeur après un instant de silence. Que pensez-vous de tout ceci ?

- C'est-à-dire ?

- La réaction de Voldemort par exemple...

Severus frissonna. Dieu qu'il détestait ce nom. Ce nom aux sonorités rampantes qui s'insinuait dans les veines tel un poison lent mais redoutable. Il se reprit et réfléchit à la question de Dumbledore, tout en grattant machinalement le menton de la petite chatte juchée sur son épaule gauche. Il n'avait pas songé à cet épineux détail.

- Et bien le fait est qu'il avait manifestement l'intention de réduire Poudlard en cendres et il préparait cela depuis longtemps... Je suppose qu'à l'heure qu'il est, il doit bouillir de rage. Il fera sentir sa vengeance.

Un deuxième frisson le parcourut. Les colères du Seigneur des Ténèbres étaient quelque chose que l'on n'oubliait pas facilement.

- Comment saviez-vous qu'il préparait cela depuis longtemps ?

- J'ai en entendu parler l'été dernier. Mais je n'était pas en état de comprendre ce que je percevais encore, alors m'en souvenir... Il doit déjà prévoir quelque chose d'autre, M. le Directeur, reprit-t-il au bout d'un court instant. Il a appelé ses Mangemorts tout à l'heure.

Sa Marque le brûlait encore un peu.

- Je le soupçonnais. J'imagine qu'il va tenter de retourner la situation à son avantage, c'est toujours comme ça qu'il a fonctionné.

- Et que croyez-vous qu'il puisse faire ?

- Je ne suis pas encore sûr mais...

Il s'interrompit.

- Je pense que nous devrions rester sur nos gardes. Et il n'est plus question pour l'instant que vous repreniez vos "activités". C'est trop dangereux.

- Bien sûr... murmura sombrement Severus.

- Vous devriez retourner vous reposer, vous avez une petite mine, ajouta gentiment le directeur.

Severus tourna les talons et sortit du bureau tout en réfléchissant. En fait, il avait peut-être trouvé une solution qui lui permettrait de continuer à espionner sans trop s'exposer, mais il devait y travailler encore. Il n'avait pas l'intention de redevenir aussi inutile que quelques semaines plus tôt. Ce que préparait le Seigneur des Ténèbres également l'inquiétait. Le Maître des Potions eut un sourire amer en songeant que si le sorcier l'avait tué sur le coup au mois de juillet, son plan de destruction de l'école aurait parfaitement fonctionné. Il n'avait sur le moment considéré Severus que comme un parasite insignifiant, mais il se faisait plus résistant et agaçant que prévu. Et il n'allait certainement pas en rester là.

Le dîner ne serait servi que dans deux heures. Il avait le temps de travailler un peu. Il reprit son livre, qui s'avérait être une excellente acquisition, bien qu'il ait encore un peu de mal avec le latin, et se plongea dans l'étude de l'intéressant chapitre qu'il avait entamé la veille. Malheureusement, il dut abandonner rapidement, son mal de crâne revenant au galop l'empêchant de se concentrer, aussi bien que son épaule qui le piquait horriblement. Elle devait l'avoir fait exprès... Il regarda avec envie la petite balance de cuivre posée sur son bureau, qui pouvait si facilement redevenir... Non, il avait promis au professeur Dumbledore. C'était tout de même diablement tentant... Non. Il soupira et tourna la tête vers la fenêtre. Il regrettait amèrement de ne pas pouvoir sortir faire un tour. Le temps était beau, l'air printanier frais, mais pas froid. Parfait pour une petite sortie sous le vent. Finalement il se leva et décida de relire pour la mille et unième fois les Fleurs du Mal jusqu'à ce que l'heure du dîner approche.

.

Lorsqu'il pénétra dans la Grande Salle qui se remplissait petit à petit, un étrange silence s'installa. On distinguait sans peine la forme des deux ailes sous sa cape, qui dépassaient au dessus de ses épaules. Tous les regards se tournèrent vers lui pendant qu'il prenait place et les chuchotements de dizaines d'élèves se mirent à bruisser dans la gigantesque pièce. Cela le mettait plus mal à l'aise qu'il ne l'aurait cru. C'était vraiment une impression curieuse que d'être entouré d'autant de personnes, dont il savait pertinemment qu'elles parlaient de lui, sans savoir ce qui se disait. Evidemment, cet imbécile de James Potter n'avait jamais eu le problème, tout le monde l'admirait et chantait ses louanges. Severus lui, connaissait parfaitement les bruits habituels qui couraient sur son compte, et là c'était différent. Ils avaient tous assisté à quelque chose qui ne leur serait jamais venu à l'esprit, et qui remettait en cause leur premier jugement. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils pouvaient penser à présent, et cela l'affectait beaucoup, lui qui ordinairement se moquait éperdument de sa réputation au sien de l'école. Les estomacs des élèves finirent cependant par avoir raison d'eux et ils reportèrent leurs yeux sur les grands plats qui garnissaient les tables, lui jetant de temps à autre des regards furtifs. Seuls les élèves de sa propre maison continuaient en grande partie de l'observer fixement. Leur avis l'intriguait plus encore que les autres. Est-ce qu'ils se sentaient soudain fiers d'appartenir à Serpentard ou bien au contraire lui en voulaient-ils pour avoir contrecarré la manœuvre du Seigneur des Ténèbres ? Après tout, il était leur directeur de maison mais certains étaient élevés selon des principes plus ou moins... Il fut soudain tiré de ses pensées par Arlanne Vector qui semblait être en train de lui parler depuis quelques secondes déjà.

- Pardon ?

- Je disais que Myrane a fait du beau travail, quand on voit l'état dans lequel vous étiez ce matin.

- Ah oui... oui, oui, sans doute, répondit vaguement Severus réfrénant son envie de plonger la tête de sa voisine dans son assiette de soupe.

D'après ce qui se disait à table, le dragon noir, qui n'était pas mort, avait été emmené par les hommes du Ministère. Le dragon vert, lui, avait bel et bien été effacé par magie. Severus était un peu déçu de ne pas l'avoir vu. Souffrant toujours de maux de tête, il ne prit pas vraiment part à la conversation, qui portait en grande partie sur les réactions du Ministère et notamment de Fudge. Il se retira rapidement, n'ayant véritablement qu'une seule envie : celle de regagner son lit le plus vite possible afin de s'endormir et ainsi ne plus sentir ces picotements incessants aiguillonner son bras. Ah oui, et ne pas oublier la fiole bleue...

.

Il s'éveilla tard le lendemain matin, et resta un moment engourdi par la position inconfortable qu'il avait gardée dans son sommeil pour ne pas tordre son aile. Il réalisa soudain que son bras restait parfaitement insensible à toute démangeaison inopportune. Après avoir réussi à enlever sa chemise d'un coup de baguette – et manqué de se s'enfoncer celle-ci dans l'œil par la même occasion – il défit l'écharpe qui maintenait son bras. Le bandage autour de la plaie avait pris une couleur verdâtre, aussi le défit-il rapidement et haussa brièvement les sourcils, étonné. Sa peau en dessous était totalement intacte. Il n'y avait pas la moindre trace des entailles de la veille, pas la moindre cicatrice. Juste sa peau blanche. C'était plutôt efficace. Il enleva également les bandages qui tenaient encore sur sa poitrine et sa gorge. Il n'y avait plus de sang, de lésion. Rien. Il n'y avait en revanche, aucune amélioration du côté de ses os brisés. Elle avait dit trois jours.

Il déjeuna rapidement et revint s'enfermer dans sa chambre puisque le directeur n'avait manifesté nul désir de lui parler. Il préférait ne pas sortir tant qu'il ne pourrait pas camoufler ses ailes. Ce n'était pas parce que toute l'école était à présent au courant qu'il allait les montrer ouvertement. Il reprit son grimoire où il l'avait laissé et se remit à l'étudier. Il avait indubitablement de grandes connaissances en magie noire, mais il y avait dans cet ouvrage des choses dont il n'avait même jamais entendu parler. C'était véritablement un domaine fascinant que la magie noire. Trop fascinant parfois. Les heures défilaient tandis qu'il lisait et relisait chacune des phrases du chapitre pour être sûr d'en saisir le sens. Il se mettrait à la pratique quand il serait complètement remis. Il savait parfaitement qu'une magie aussi puissante ne s'exerçait qu'au mieux de sa forme physique et morale. Mais alors, il pourrait espionner sans le moindre risque. Presque. Il savait que c'était une méthode qui pourrait être très utile à l'Ordre du Phénix et aux quelques Aurors qui suivaient le professeur Dumbledore, mais il doutait que ce fut une bonne idée que de leur proposer la magie noire pour résister au Seigneur des Ténèbres. Ils étaient déjà plus d'un à douter de sa loyauté, à commencer par Black et Maugrey Fol-Oeil. Il garderait donc cela pour lui. Sans compter qu'il fallait tout de même un certain entraînement, et que la plupart d'entre eux n'auraient pas été capables de sortir le plus simple maléfice.

Il lisait toujours lorsqu'un choc au carreau lui fit lever les yeux, et réveilla la chatte. Un grand-duc brun doré se tenait sur la balustrade du balcon, une lettre entre les serres. Quand il se saisit du message, le rapace s'envola sans attendre de réponse. Severus retourna l'enveloppe et y lut son nom, écrit en lettres droites et élégantes. ( j'ai failli couper le chapitre là, mais je me suis retenue... )

Il aurait reconnu l'écriture à la fois sèche et stylée de Lucius Malefoy entre mille. Que pouvait-il bien lui vouloir ?

Severus.

Abandonne Poudlard et fais-toi oublier pendant un moment. Les évènements ne vont pas tourner à ton avantage.

Il eut à peine finit de lire la missive que celle-ci s'embrasa et se consuma brutalement, ne laissant que quelques cendres sur le plancher. Severus en resta abasourdi, plus par le message en lui-même que par les flammes qui avaient dévoré la lettre. Pourquoi Malefoy lui avait-il envoyé ceci ? Il était vrai que malgré leur différence certaine d'opinion, ils avaient gardé quelques liens. Le ton était bref et froid, mais Severus savait que Lucius disait ça pour lui. Il prenait de gros risques à écrire cela. C'était donc que c'était une affaire des plus sérieuses.

Lorsqu'il frappa à la porte du professeur Dumbledore, il lui sembla que quelqu'un s'y trouvait déjà. La voix du directeur le pria d'entrer, et s'exécutant, il découvrit Fudge, tout gonflé de colère, qui faisait face à Albus Dumbledore.

- Ah, vous voilà vous !

- J'ai à vous parler, M. le directeur. C'est urgent, déclara Severus entré en trombe dans la pièce, jetant un très bref regard au Ministre suffoqué par temps d'insolence, avant de poursuivre - en français. J'ai reçu une lettre de Lucius Malefoy.

- Que veut-il ? demanda rapidement Dumbledore.

- Que je quitte l'école…

- Snape !

Severus se retourna et fit face à Fudge.

- Quoi ?

- Cornelius a quelques nouvelles à nous énoncer. Nous vous écoutons, Cornelius, ajouta cordialement le directeur.

- Je disais donc qu'une assemblée a eu lieu afin de discuter de l'attaque qu'aurait subi l'école…

- Comment ça "aurait subi" ? répéta Severus. Vous avez encore des doutes sur ce qui s'est produit ? Toute l'école a assisté aux évènements !

- Je sais tout cela, Snape, rétorqua Fudge acidement. Heureusement que vous étiez là d'ailleurs, n'est-ce pas ? C'est une chance que vous ayez découvert le point faible du monstre avant qu'il ne ravage complètement l'école…

Severus ne répondit pas, se demandant intérieurement ce que le Ministre cherchait à faire.

- Nos spécialistes en créatures magiques ont étudié les dragons, et ils sont effectivement issus de dangereuses expériences, comme nous le pensions… De dangereuses expériences, certainement menées par de dangereux sorciers, qui savaient très bien ce qu'ils faisaient. Il fallait être remarquablement bien informé pour en venir à bout… Ou peut-être simplement expert en ce genre d'expérimentations ?

- Où voulez-vous en venir exactement, Monsieur le Ministre ? interrogea Severus, passablement agacé.

- Nous avons réuni un conseil d'urgence hier soir, pour débattre du problème "Poudlard". Il est apparu qu'il est inconcevable que toute cette histoire n'ait aucun rapport avec Vous-Savez-Qui, ou tout du moins avec ses partisans, dont un certain nombre sont actuellement lâchés dans la nature, ce qui est plus que regrettable, mais plus pour longtemps.

- Voulez-vous dire que vous consentez enfin à ouvrir les yeux au sujet de Voldemort, Cornelius ? demanda doucement Dumbledore.

- C'est exact, pour reprendre vos propos, nous avons ouvert les yeux. Et je dois avouer que tout ce qui paraissait si obscur est soudain devenu limpide.

Severus n'aimait pas du tout le ton que prenait la conversation.

- Il semble aujourd'hui évident que vous soyez directement lié à Vous-Savez-Qui – puisque vous persistez à croire à son retour – ou du moins à ses fidèles serviteurs. Peut-être pas vous directement, Dumbledore, encore que cela ne m'étonnerait pas, mais il est indéniable que vous entretenez encore fort bien ces relations, Snape !

Dumbledore prit la parole avant que Severus ne puisse répliquer. Son ton était ferme, mais pas dur cependant.

- Je vous prierai de vous expliquer clairement, Cornelius.

- Mais tout à fait, Dumbledore. Tout d'abord, il se trouve que depuis quelque temps, vous fréquentez régulièrement l'Allée des Embrumes, Snape. Le nombre de vos visites aurait considérablement augmenté depuis l'évasion de vos anciens camarades. Curieuse coïncidence, n'est-ce pas ? Et oui, vous vous êtes fait repérer, même masqué par un sortilège. Nouveau fait étrange d'ailleurs, de se masquer lorsque l'on a la conscience tranquille… Et nous avons pris connaissance d'un achat plutôt conséquent à "L'Evangile de Lilith". La vendeuse n'a pas oublié l'acheteur d'un ouvrage pareil. Excellentes lectures que vous avez l

Dumbledore lança un regard curieux à son professeur, qui s'énervait de plus en plus.

- Dois-je comprendre que vous m'espionnez ?

- Il va sans dire que vos plus que fréquentes allées et venues ne sont pas passées inaperçues, et vous actuellement un des éléments les plus à même de nous mener jusqu'aux évadés d'Azkaban. Et vos activités et lectures ne jouent pas en votre faveur… Une commande de groupe, ce livre ? A un prix pareil, vous deviez bien avoir une idée derrière la tête, n'est-ce pas ? D'autres expériences comme les dragons, ou peut-être comme celle-ci, qui sait ? dit-il en indiquant les renflements de la cape de Severus dus aux formes repliées de ses ailes.

- Tout cela est ridicule ! siffla Severus, de plus en plus démangé par des pulsions meurtrières. Pourquoi aurai-je arrêté ce dragon si véritablement je me trouvais du côté du Seigneur des Ténèbres? Ne vous montrez pas plus idiot que vous ne l'êtes, ça ne tient pas debout !

- Oh si, justement ! répondit le petit sorcier en agitant son index sous son nez. Il y a même deux explications qui sont tout à fait probables ! Soit pour ne pas trahir la confiance que Dumbledore place aveuglément en vous, puisqu'il semble tellement sûr de votre revirement, et donc sauver l'école in extremis en vous faisant passer pour un héros, soit parce que vous Dumbledore, êtes également du même côté !

- Mais cessez donc de débiter des âneries ! Vous ne pouvez pas mettre en doute la…

- Snape, je vous conseille de vous calmer ! Au contraire, tout comme vous, j'ai toutes les raisons de croire à cette éventualité que l'on m'a très finement fait remarquer…

Dumbledore ne disait rien, se contentant d'observer l'échange de plus en plus virulent entre les deux hommes.

- Après tout, reprit le Ministre en s'adressant à lui, vous n'avez eu de cesse de parler du retour de Vous-Savez-Qui depuis l'été dernier, mais peut-être était-ce seulement pour embrouiller les esprits, alors que vous rassembliez ses anciennes troupes autour de vous par l'intermédiaire de votre Mangemort repenti ! Et tenter de prendre sa place un jour, maîtriser le monde ? Ou peut-être, comme vous l'annoncez si bien, le ramener à la vie par je ne sais quelle nouvelle expérience ? Et dans ce cas, votre "tragique événement" d'hier n'aurait été qu'un prétexte pour brouiller une fois de plus les pistes, et ainsi montrer votre puissance à certains sorciers qui vous résisteraient ?

Le petit Ministre, complètement emporté dans son délire paranoïaque, était tout gonflé de colère. Severus, quant à lui, était plus pâle que d'habitude, les mâchoires crispées de fureur contenue.

- Il est vrai que vous avez l'entourage parfait pour mener à bien ce projet : un Mangemort pour recruter les anciens serviteurs de Vous-Savez-Qui, un loup-garou pour les semi humains, un géant à deux reprises incarcéré à Azkaban, un garçon dérangé dont chaque parole devient un nouveau dogme, et pourquoi pas Sirius Black, mystérieusement échappé de votre bureau, pendant qu'on y est ! Peut-être même que vous et vos dévoués professeurs s'occupent de l'éducation personnelle des élèves ! Il n'y a qu'à voir le professeur de Défense contre les forces du Mal que vous avez engagé l'an dernier ! Mangemort lui aussi ! Evadé d'Azkaban, comme toujours !

- Ca suffit, Cornelius, dit calmement Dumbledore en le regardant droit dans les yeux. Tout cela n'a pas de sens, et vous ne pouvez pas le prouver. On ne peut toutefois pas prouver le contraire non plus, j'en suis bien conscient. Mais j'espère que votre bon sens saura faire la différence.

- Vous ne l'avez que trop influencé mon bon sens ! J'ai passé des années à vous écouter, je me rends maintenant compte que c'était une erreur !

Le regard bleu de Dumbledore était étincelant. Severus aurait pu jurer qu'il aurait pu réduire en cendres Fudge en un battement de cils, et pourtant son expression était calme, grave et sombre mais calme. Fudge fit tourner son chapeau entre ses mains, brusquement mal à l'aise.

- J'admets que je me suis un peu laissé emporter, reprit-il, un peu moins enragé, et que vous n'êtes peut-être pour rien dans tout cela. En revanche, le cas du professeur Snape est lui fortement préoccupant, et je ne peux vous laisser le couvrir !

- Mais qu'est-ce que vous avez après moi ? gronda Severus.

- Vous le savez parfaitement ! Tout le monde connaît vos penchants pour la magie noire, et aujourd'hui plus que jamais vous êtes suspect, dans cette situation de crise engendrée par la désertion d'Azkaban ! Peut-être finalement cette évasion permettra de rattraper certains Mangemorts qui ont réussi à échapper à une justice défaillante !

- Je suis innocent ! cette affaire est réglée depuis quinze ans, et vous savez ce qu'il en est, je suis innocent !

- Ce n'est pas ce qui se raconte couramment, quinze ans après, certaines personnes doutent de votre "innocence", et vous devenez un habitué des démêlés avec la justice, Snape ! Vous n'avez jamais paru aussi coupable qu'aujourd'hui, et vos jeux de héros ne vous serviront à rien ! Le Ministère a pour ordre de renvoyer à Azkaban tout Mangemort que l'on retrouverait, et vous ne faites pas exception ! Les perquisitions pourraient fort bien toucher Poudlard prochainement ! Et je vous assure qu'à la première preuve, votre compte est…

Une sonnerie stridente retentit, l'interrompant. Il tira une montre à gousset de sa poche qu'il consulta en grognant, l'air très contrarié.

- Affaire urgente. Messieurs, salua-t-il d'un air hautain, toujours hors de lui.

La pièce redevint brusquement tranquille. Ni le professeur de Potions ni le directeur ne savait trop quoi dire, complètement consternés par le comportement plus qu'absurde du Ministre. Finalement, ce fut le directeur qui rompit le silence.

- Je crois que nous nous trouvons face à un grave problème…

- Ca ne fait aucun doute. Je dois dire que je n'aime pas particulièrement l'idée de perquisition…

- Oui, la situation est extrêmement délicate. Le Ministère est actuellement en pleine crise depuis l'évasion d'Azkaban. Ils retombent presque dans la psychose de l'époque de Bartemius Croupton, et sont obsédés par les Mangemorts échappés. Fudge m'en tient en grande partie responsable, pour avoir annoncé le retour de Voldemort. Ils n'y croient pas mais ont tellement peur que cela ne se réalise, surtout depuis cette évasion, qu'ils deviennent complètement paranoïaques. Le premier évadé qu'ils retrouveront se verra renvoyé là-bas dans l'heure suivante. Et je crois que vous risquez la même chose, Severus. Un aller simple pour Azkaban, s'il persiste dans son idée. Sans procès. Sans compter ce qu'on a pu lui raconter à votre sujet. Il a laissé entendre à plusieurs reprises qu'on lui avait soufflé des idées… Je suppose que l'on doit tout ça à Voldemort.

- C'et probablement Lucius Malefoy. Il m'a prévenu, il était donc au courant de ce qui se tramait. Et il est dans les bonnes grâces de Fudge. C'est sans doute à lui que le Seigneur des Ténèbres a confié le soin de me discréditer auprès du Ministère. Ma côte de popularité n'était déjà pas très élevée, ajouta-t-il amèrement. Ainsi, l'échec qu'il a essuyé hier se retourne contre moi… et par là même contre vous, ce qui est plus grave. Jamais je n'aurai imaginé… Fudge est devenu fou à lier… Ses propos ne sont même pas cohérents.

- C'est le résultat de longues heures passées à lui glisser des rumeurs… Et sa méfiance grandissante envers moi n'a rien arrangé. Je pense que Voldemort prévoit ça depuis longtemps. Il espère me faire tomber par le biais du Ministère. Mais vous vous trompez, cela n'a pas de réelle importance pour l'instant. Cela n'empêche en rien l'Ordre d'agir, et il n'a aucune preuve me concernant directement qui puisse entraîner quoi que ce soit. Non, le principal problème actuellement, c'est vous.

- Et vous voyez une solution ? Il n'y a rien qui le fasse changer d'avis, cet imbécile est tellement buté.

- Allons, du calme, Severus. Il reste encore une solution : suivre le conseil avisé de Mr. Malefoy.

- Quitter Poudlard ? Et pour faire quoi ? Aller me cacher ? Hors de question !

- C'est encore la meilleure solution, Severus. Je vous l'ai dit, ils sont dans un état de panique tel qu'ils ne feront aucun procès. Vous avez bien vu les réactions de Fudge. Si Voldemort tient à vous toucher en particulier, il finira par y arriver. Il doit compter sur votre fierté et espère que vous resterez à Poudlard, vous le savez. Lucius Malefoy aussi. Si Fudge revient, ce qui ne tardera sans doute pas, il ne mettra pas longtemps à trouver un prétexte. Il semble bien décidé à vous mettre… hors d'état de nuire.

- Mais je ne peux pas partir comme ça, en milieu d'année !

- Ce n'est qu'un détail, on trouvera une explication et un remplaçant.

- Alors c'est tout ? Il ne me reste plus qu'à aller me cacher ?

Une profonde rancœur commençait à poindre. Il n'allait certainement pas se terrer comme certains sans rien faire. Alors qu'il redevenait utile.

- Je pense qu'il n'y a que ça à faire en attendant que les esprits se calment.

- Mais une fuite passerait pour preuve de culpabilité, Monsieur le Directeur !

- C'est fort probable, mais c'est toujours mieux qu'Azkaban.

Severus ne répondit pas, réfléchissant à tout ce que l'abandon de Poudlard impliquait.

- Vous pensez qu'il mettra à exécution ses menaces de perquisition ? demanda-t-il après un instant.

- J'en suis persuadé. Surtout si l'on constate votre départ. Il est sans doute quelques affaires personnelles que vous devriez emmener.

- Oui, cela vaudrait sans doute mieux, murmura Severus en songeant notamment à tout un pan de sa bibliothèque.

- Comme ce… livre, ajouta Dumbledore.

Ses yeux avaient retrouvé un peu de leur malice habituelle, malgré son attitude sérieuse. Severus se sentit un peu comme un gamin pris en faute.

- Oui… comme le livre… Je ferais mieux d'aller préparer mon départ.

- Attendez encore un instant, Severus, tout n'est pas encore réglé.

- Ah non ? quoi ? demanda-t-il étonné.

- Vous ne partez pas chez vous.

Severus haussa les sourcils.

- C'est certainement le premier endroit où ils viendraient vous chercher, soyons logiques. Votre adresse ne restera leur restera pas longtemps inconnue. Il me semble d'ailleurs que Lucius Malefoy la connaît.

- Oui, mais… Enfin personne n'aurait l'idée de fouiller là-dedans ! C'est une véritable ruine, à regarder ça, vous jureriez que c'est abandonné depuis des décennies ! C'est un peu le cas d'ailleurs…

- Ne soyez pas obstiné, Severus, vous savez aussi bien que moi que ce serait folie que d'aller vous cacher là-bas.

- Et en la mettant sous sortilège de Fidelitas ?

- Inutile, Lucius Malefoy vous retrouverait sans aucune peine.

- Admettons. Où irai-je ? Vous pensez que sur la banquise, ils me retrouveraient ? questionna Severus, un peu irrité.

- Non, pour tout vous dire, j'avais pensé à beaucoup moins éloigné, et bien plus sûr.

- Les quartiers généraux de l'Ordre ? demanda suspicieusement Severus.

- Non, non trop de passage… Non, un petit endroit bien tranquille, sur la côte est de l'Angleterre.

Un doute affreux vint titiller Severus.

- Vous ne songez tout de même pas

Dumbledore eut un sourire.

- Ah non ! Je refuse catégoriquement, il en est hors de question ! Je préfère encore retourner chez moi et attendre le Ministère !

- Allons Severus, soyez raisonnable. C'est un coin reculé, et la maison est protégée…

- Je suis tout à fait raisonnable ! Vous voulez ma mort ? Je refuse de mettre un pied là-bas ! Et il me semble de plus qu'aux dernières nouvelles, il y était toujours ?

- En effet…

- Alors non, je n'irai pas ! Je n'ai aucune envie d'aller me cacher dans un trou comme Black, alors certainement pas dans le même trou que Black !

Dumbledore prit un air sévère.

- Il est grand temps de faire abstraction de tout cela, Severus, vous le savez. Lui aussi. Remus sera là, de toute manière, ajouta le directeur tandis que le professeur de Potions grinçait entre ses dents que ça n'était certainement pas ce qui allait le consoler. Et puis vous n'avez pas le choix.

- Vous aurez ma mort sur la conscience… se résigna Severus. Il faudra tout de même que je repasse chez moi, s'il venait à l'esprit de Fudge de fouiller là-bas aussi. Mais je vous préviens qu'au moindre pas de travers de Black…

- Rien du tout. Il sera très sage et vous aussi. Nous ne devons pas diviser nos forces, Severus. Nous sommes déjà bien peu nombreux.

- J'espère au moins qu'il aura appris sa leçon…

- Je préviens Remus Lupin sur le champ, déclara Dumbledore en s'emparant d'un parchemin. Il faut que vous partiez le plus vite possible. Fudge peut revenir avec un mandat d'arrêt tout prêt d'un moment à l'autre. Vous devez avoir quitté l'école ce soir.

Severus prit donc congé du directeur comme Fumseck s'envolait par la fenêtre. Il avait encore un certain nombre de choses à régler avant de partir.

.

C'était décidément une très mauvaise journée. Il venait de sauver toute une école d'un péril certain, et voilà que pour sa récompense, il était forcé de rejoindre la cachette de Sirius Black ! L'homme qu'il détestait le plus en ce monde. Parce que les deux autres n'étaient plus, et le Seigneur des Ténèbres ne comptait pas comme un homme. Bon... il était inutile de se miner avec ça pour l'instant, cela viendrait bien assez tôt. Il allait préparer ses affaires et penser le moins possible à Black. Le reste suivrait ensuite.

- Bien...

Il jeta un regard circulaire à la pièce. Que devait-il emmener afin que ce sombre idiot de ministre ne tombe pas dessus ? Il n'y avait dans sa chambre pas grand-chose à cacher. Il aurait vite fini. Il s'approcha de son lit, y déposa sa cape et sortit de sa table de nuit son carnet noir. La tranche argentée scintilla lorsqu'il s'en saisit, et bientôt, quelques vides s'ouvrirent dans la bibliothèque, alors que les livres étaient aspirés à l'intérieur du calepin. Il tira ensuite à lui la malle de bois clair qui reposait sous son lit depuis presque sept mois, la posa sur les couvertures avec bien du mal. Si ses ailes ne le gênaient pas, son attelle au bras l'handicapait énormément. On frappa alors à la porte. C'était le professeur McGonagall.

- Minerva ?

- Albus m'a fait part de ce qui s'était produit, dit-elle tristement tandis qu'il commençait à plier ses vêtements. J'étais passée vous dire au revoir. Je suis désolée pour vous, Severus.

Il eut un rictus amer.

- J'ai vu pire.

- Je sais, soupira-t-elle. Je voulais vous dire avant que vous ne partiez qu'Albus a commencé à chercher un remplaçant... Et c'est Filius qui dirigera Serpentard durant votre absence, en plus des Serdaigle.

Severus hocha la tête.

- A propos des Serpentard... vous leur direz que je compte sur eux pour faire mieux qu'il y a deux ans et gagner la coupe de Quidditch...

- Je leur dirai, sourit McGonagall. Et ne vous inquiétez pas, je m'arrangerai pour que l'on vous trouve de quoi vous rendre utile, même à distance. Je sais combien cela doit être rageant...

- Merci, Minerva, répondit-il dans un murmure.

- Bien, je vous laisse, Severus. Vous transmettrez mes salutations à messieurs Lupin et Black.

- Mais certainement... répondit-il alors qu'elle sortait.

Il rangea rapidement ses vêtements et quelques autres affaires, puis alla chercher la boîte de bois cachée derrière ses livres et la rangea précautionneusement sur le dessus. Sur ce, il quitta sa chambre pour se rendre dans son bureau personnel, où il avait bien plus de choses à faire disparaître. Comme par exemple les cinq étagères de livres qui s'étalaient devant lui. Après un mouvement compliqué de baguette qu'il dut reprendre à quatre fois, tous les ouvrages disparurent, instantanément répertoriés dans son carnet, qu'il enfouit dans une poche. Il réarrangea les ouvrages de potions et de défense contre les forces du mal qui restaient afin de combler l'immense vide, et revint dans sa chambre. La chatte s'était installée sur la pile de ses tuniques dans sa malle, le nez caché derrière ses pattes. Severus eut un sourire attendri et ne la délogea pas. Il réfléchit soudain et jeta un œil à l'innocente balance de cuivre qui était posée sur son bureau. Autant la prendre. Elle servirait toujours s'il avait besoin de préparer quelque chose, et il doutait que Lupin soit équipé dans ce domaine. Et puis... La balance fut vite rangée dans le coffre, suivie d'un pot de terre à l'étiquette effacée. De nouveaux coups résonnèrent à la porte et il ferma vivement sa malle, invitant à entrer le nouveau venu. C'était Dumbledore cette fois.

- Ah, Severus, j'ai eu la réponse de Remus, il n'y a aucun problème.

" Si, son existence et celle de son affreux sac à puces... "

- Très bien.

- Minerva vous a mis au courant pour Serpentard ?

- Oui.

Dumbledore jeta un regard sur la malle fermée au milieu du lit.

- Vous êtes pratiquement prêt, je vois. Il reste cependant quelque chose que vous devez emmener... Vous permettez ? demanda-t-il en s'approchant de la tête de son lit.

- Euh... oui...

Dumbledore se pencha et tira les rideaux masquant le mur derrière les oreillers, découvrant la pierre nue... et un objet que le directeur décrocha de sa fixation.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? interrogea Severus, interloqué.

C'était le même cercle de fils entrelacés de plumes qu'il avait vu dans les appartements de...

- Il y avait le même chez Dana O'Shee, qu'est-ce que ça fait dans ma chambre ?

- C'est d'ailleurs elle qui l'a fait. C'est la seule personne ici qui s'y connaisse. C'est un attrape-rêves, Severus... Les cauchemars se font attraper dans la toile, alors que les rêves la traversent. Il s'agit de magie indienne.

- Et pourquoi est-ce que vous ne me l'avez pas dit ? J'estime tout de même avoir droit à une explication, qu'est-ce que ça fait dans ma chambre ?

Dumbledore sourit.

- Ce que ça fait dans votre chambre, vous le savez déjà. L'améthyste n'était qu'un prétexte. La raison pour laquelle je ne vous l'ai pas dit, c'est que nous savons l'un comme l'autre que vous n'auriez pas accepté en remarquant d'où il venait.

- Parfaitement ! Vous ne pouviez pas en trouver un autre ? Et vous auriez pu me le dire quand même !

- C'est un objet rare... quoiqu'on en trouve énormément chez les Moldus, ils en raffolent. Mais ceux que l'on trouve sur le marché sorcier sont inefficaces. Il faut qu'il soit confectionné pour une personne précise. Entre autres, je sais que vous êtes assez sceptique envers ce genre de croyances, et comme le professeur Dana O'Shee l'a fait remarquer, il faut croire à ces choses là pour que ça marche. En ignorant qu'il était accroché là, vous ne repoussiez pas l'éventualité que cela fonctionne...

- C'est évident. Mais..

- J'aimerais vraiment que vous le preniez, Severus, l'interrompit Dumbledore en lui tendant l'objet. Vous avez pu juger de ses propriétés, vous savez que cette magie opère parfaitement... Alors passez outre vos inimitiés et prenez-le.

Severus resta hésitant une demi seconde, puis le prit des mains du directeur d'un geste sec, et le fourra dans sa malle. Dumbledore sourit en même temps que la chatte laissait échapper un miaulement sonore, indignée d'avoir reçu l'attrape-rêves sur la tête, et sortait de la malle. Elle s'assit sur le lit et commença à faire sa toilette d'un air fier.

- Excuse-moi, je n'ai pas fait exprès, marmonna le Maître des Potions en lui caressant la tête.

- Je me demande si elle s'entendra bien avec Sirius, dit Dumbledore, les yeux pétillants.

- Certainement aussi bien que moi, grinça son maître, agacé. Il me reste quelques rangements à faire dans mon bureau...

Ils sortirent en même temps de la pièce, et Severus rejoignit les cachots, toujours bougonnant. Il y en avait une qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Il entreprit de trier les copies qui jonchaient son bureau. C'était tout de même un monde, ça... Il devait travailler en binôme avec un collègue, c'était elle. Il avait besoin de récupérer son livre, c'était elle qui l'avait. Il se blessait, c'était elle qui jouait les infirmières. Et voilà que c'était encore elle qui... Mais elle ne pouvait pas se mêler de ses affaires de temps en temps ? Un geste brusque de sa part fit tomber ses feuilles. Il n'avait plus qu'à tout trier à nouveau... Ce qu'elle pouvait l'agacer... Il préférait encore quand ils se disputaient sans cesse. Il était en terrain connu et avait toujours l'avantage dans ces cas-là. C'était tellement facile... Il jeta un regard aux parchemins qu'il tenait, couverts de l'écriture brouillonne ou appliquée de ses élèves. Il ferait mieux de les emmener plutôt que de laisser à un autre la correction des interrogations. Et puisqu'il ne pouvait étrangler Black, il passerait sa fureur dessus ( ouh les pauvres.... ) Il se mit ensuite en devoir de choisir certains ingrédients dans son armoire dont il pourrait avoir besoin, ou qu'il valait mieux ne pas laisser à portée de vue de Fudge, sans quoi il piquerait certainement une crise, lorsque pour la troisième fois de l'après-midi, des coups à la porte vinrent le déranger. Mais qu'est-ce qu'il avaient tous ?

- Oui ! lança-t-il sèchement en reprenant son occupation.

Un mauvais pressentiment le parcourut soudain... Pourquoi avait-il la désagréable impression que c'était sa charmante collègue qui pénétrait dans la pièce ?

- Professeur ?

Et pourquoi diable fallait-il qu'il ait toujours raison ? Il se retourna, déjà excédé. C'était bien Dana O'Shee, vêtue d'une robe verte qui faisait ressortir ses yeux et jouant avec un des rubans assortis tressés dans ses cheveux.

- Quoi ?

- Je ne voulais pas déranger... je viens juste d'apprendre que vous partiez, et je voulais vous dire au revoir.

- Et bien, c'est fait maintenant, siffla-t-il en lui tournant le dos, préférant ses fioles de poison.

- C'est étrange de vous voir partir si vite...

- Sombre histoire de famille, répondit-il d'un air lugubre, espérant qu'elle daignerait ensuite sortir, tout en alignant méthodiquement ses flacons sur le bureau.

- Oh... Et vous partez longtemps ? ( - You will not stay away long ? - ... O.o °bave° ( hum, les initiées comprendront, lol ))

Severus ferma les yeux et se pinça l'arête du nez, l'air soudain très fatigué.

- Je n'en sais rien.

- Très bien...

Elle se tut et fit mine de partir, puis se ravisa et revint près du bureau. Severus lui lança un regard de travers.

- Quoi encore ?

Elle leva les yeux vers lui et il eut la brusque envie de partir en courant. Mais il n'en eut pas le temps. Myrane prit son visage entre ses mains, glissant ses doigts fins dans ses cheveux en une caresse délicieuse et pressa tendrement sa bouche sucrée sur ses lèvres.

- Reviens vite…

Et elle s'enfuit dans un tourbillon de rubans verts et de cheveux flamboyants, comme un papillon porté par le vent.

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