Tadaaaaaaam ! ( gloire à notre illustre héroooos ! ( oups, pardon, je m'éloigne du sujet... ;p ))
Et oui c'est moi ze newcome back ! - j'espère que ça va pas devenir une habitude...
Et voilà, enfin, le chapitre 20... bon j'avais dit à la rentrée, moi je suis pas rentrée depuis longtemps alors hein, bon.... hum. Bref. ( les sales excuses !! quand même je suis vraiment désolée, je me prosterne si vous voulez v.v )
Le voilà donc.
Alors si vous avez oublié ce qui s'est passé dans les chapitres précédents – ce que je ne peux pas vraiment vous reprocher... v.v – et bah un pitit résumé :
alors dans le 18, Sev se préparait à quitter Poudlard piske Fudge a l'intention de l'envoyer à Azkaban. Et à la fin il se faisait vaguement agresser par Myrane, qui lui saute dessus et l'embrasse – comme c'est vilain !
Et dans le 19, il s'en va, passe d'abord chez lui pour faire disparaître quelques petites choses compromettantes avant que Fudge ne vienne y mettre son nez et va s'installer chez Lupin et Black. Comme il refuse de se servir de l'attrape-rêves de Myrane, il fait un cauchemar et finalement se calme en ressortant son narguilé. Le lendemain matin, ya Dumbo qui vient faire un petit coucou par la cheminée et le chapitre 20 reprend le même jour, au soir.
Si ya des passages qui vous semblent flous dans le 20, notamment à propos de Fudge et Voldemort, dites le, paske moi j'ai du mal à savoir ! Et sorry pour les petites fautes d'accent, c'est fanfiction qui me les vire !
Je voudrais remercier les gens qui se sont préoccupés de mes résultats d'examens, c'est très gentil... bon, j'ai loupé ( à 1, 05 point !!! :( ) la session de mai et celle de septembre – à ce sujet je tiens à maudire ma prof d'archéo orientale et celle qui m'a fait cours sur la pierre en Egypte ( et aussi les scénaristes d'Urgences mais c'est une autre histoire... ) sur douze mille générations – et donc je retape mon année, mais du coup, comme j'ai déjà eu tous les cours, je vais pouvoir en profiter pour avancer ma fic – comme j'ai vaguement fait la semaine dernière, mais faut pas le dire, c'est mal... ( il paraît )
Sinon, je voudrais aussi remercier mes trois chercheuses-de-trucs-qui-collent-pas, à savoir Zel, Erivan et ma ptite sœur – qu'elle est mignonne !
Et pis tout le monde là en dessous très très beaucoup paske j'avais quand même six mois de retard et j'ai eu tout un tas de reviews à faire enfler la tête comme une pastèque – c'est même très probablement le cas :p – et je vous adore tout le monde !! alors comme j'ai encore eu un peu ( V.V ) de retard cette fois, je suis pas sûre que vous vous souveniez de vos reviews, mais bon, c'est le moins que je puisse faire, alors merci à :
Meline Snape : eh non, je ne suis pas morte ! Merci merci merci !!
Pour les exams, ne sois pas désolée, je ne le suis pas et m'en suis très bien remise ( en fait j'aurais eu du mal à m'en remettre si je les avais eus... )
En tout cas, ta review m'a vraiment fait sauter de joie sur mon siège paske après six mois, j'étais pas sûre de retrouver mes lecteurs v.v' Et pis il faut dire que j'ai rarement eu une review aussi flatteuse alors merciiiiiiiiii ! ( toute rouge, moi ) Je suis contente que le passage du rêve t'ai plu ( t la deuxième, en même temps ça m'étonne paske je trouve ça affreux ;) mais c'est toujours des passages que je travaille plus que le reste. Mais déprime quand même pas pour tout ça, hein...
Enfin, normalement je ne devrais pas recommencer, c'est promis, et quand bien même ça devait se reproduire, je suis bien décidée à la finir malgré tout !
( et ne t'inquiètes pas pour Sev, il va se raisonner sur l'opium... ;)
Dalamis : hum, et oui enfin... Merci beaucoup !
Kalika : mmmh, peut-être ;) Oui, la suite viendra plus vite ( on pourrait difficilement faire moins, hum ). En tout cas, merci beaucoup !
Satji : Merci ! hum, le côté philosophique, je fais ce que je peux pour éviter, mais c'est pas ma faute, il est complètement névrosé...
Zelda : tiens tu m'avais laissé une review ? Michi !!
Moonbblack : mais nan, t'es pas sadique, ca fait plaisir de se voir attendue comme ca – désolééée de pas être revenue plus tôt ! fin bon, évite quand même les Crucio, je donne pas dans le masochisme ;)
Snape4Ever1 : Tu n'exagères pas un peu là ?? et ne t'inclines pas 34 fois, tu vas te faire mal au dos !! en tt cas, merci merci merci merci merci, c'est le genre de review qui te fait enfler la tête comme une pastèque mais c'est très agréable !!! Merci merci merci !
Ceci dit, en parlant de fics potables sur Sev, de come back et de "a quand la suite ?"... t'as pas updaté Carib Islander depuis Noël dernier !! c'est pire que moi ! Or, il se trouve que c'est une de mes deux fics les plus préférées que j'adore !!! donc, à mon tour : à quand la suite ?? – surtout que tu avais quand même coupé à un passage crucial ! alors siteuplé siteuplé – à genoux – écris la suite !!
Lome : bin, moi j'espère que je vais pas trop suspendre les updates, paske quand même, j'abuse un peu là... enfin merci merci merci pour cette review très ( trop ) flatteuse et bizoux !
Lorina Wormtongue : c'est très malin de changer de pseudo comme ça, comment je fais pour m'y retrouver moi après ? désolée de t'avoir fait peur, j'espère que j'aurais pas recommencé cette fois ;) Merci !
erika : hum. oui bon, ça faisait six mois pour le 19, et cette fois, qqch comme quatre, hum, bon... voilà... j'espère au moins que le chapitre va pas vous décevoir, si vraiment ça se "bonnifie avec le temps" ! et t'inquiète pas pour sa naïade, ça finira bien par lui passer... merci !!
Sevina Roguette : Merci !et oui, je me suis faite un peu attendre... j'espère que C'est arrivé au printemps t'aura fait patienter un peu... Enfin voilà, donc effectivement, ce pôvre petit Sev se tape l'affreux méchant Sirius... remarque, ça permet de sortir un peu de l'habituel registre tragique ;)
Moonymei : Merci ! mais nan, faut pas désespérer, je la finirai cette fic, je me suis donné trop de mal jusqu'ici pour ne pas la finir !! A dire vrai, je serai ravie pour lui de venir le cacher chez toi, mais ça risque de me poser quelques problèmes pour la suite, et j'en ai déjà assez comme ça !
o-'Nyx'-o : argh, la voilà la suite, assez longue j'espère !
Arcadiane : Arcaaa ! coucou ! ton chapitre 13 était génial !!! – au cas où tu n'aurais pas encore compris :) J'espère que t'auras été prévenue par ce vilain fanfic cette fois ! Encore une longue review – j'adore ;) ( et oui tu es bien ma revieweuse préférée – enfin, surtout, ne prenez pas ça mal, j'adore toutes les reviews, mais celles d'Arcadiane, c'est pas pareil... )
Et oui, Aliénor est pour beaucoup dans le barricadage du coeur de Sevinouchet ( o.O ), amis je vous dirai pas pourquoi tt de suite !! ( sinon c pas drôle... ) Et pis j'aime bcp l'Orage de Vivaldi aussi, mais je crois que je préfère encore plus le début de l'Hiver...
Et la chatte est vraiment déréglée, oui, c'est ptete paskelle est inspirée de mon chat à qui il manque quelques cases quand même... Et encore oui, Sev a beaucoup de mal avec l'eau... enfin c'est surtout l'eau stagnante... Et t'inquiète pas pour l'opium, il va se raisonner quand même...
En fait, je sais pas combien de temps je vais le faire mariner chez Lupin, j'ai pas réféchi ( ah oui, tiens... il va falloir que je me penche sur la question... ) C'est sûr que Myrane pourrait venir le voir, mais elle est pas trop censée savoir où il est... et pis Black et Lupin pourrait jaser en plus...
Et désolée d'avoir mis plus de 3 mois... .
Bizouxx ! ( et toutes mes condoléances, aussi, sniiiiiiiiiiiiiif ! TToTT ( et mort Corday !! ))
Asilys : oh mon dieu, on m'a rarement appelée comme ça ( toute rouge !! ) Merci merci merci !! ( après une review pareille, c'est comme une montgolfière la tête... ) Mais c'est vrai que j'aimerais bien écrire "pour de vrai"...
Pierre de Lune : La voilà !
Lisandra : Merciii beaucoup !! et voilà la suite !
bohemio : merci merci merci ! ça fait très plaisir de voir des nouvelles têtes ! ;)
Sirianne : ouh, cinq reviews d'un coup, merci très très beaucoup ! Mais d'abord, je tiens à dire que c'est pas pour une petite année de plus que je vais te laisser Alan Rickman, grrrrrr, à moi, attention je mords !! ( d'ailleurs tu devrais avoir honte de l'avoir appelé Alanichounet !! ) Et je maintiens que s'il passe dans le coin, qu'il n'hésite pas à me laisser son numéro de téléphone !
Quant à Sev, je crois que je l'ai tjs imaginé beau moi, mais pas du tout du tout comme Alan – qui ceci dit l'incarne à merveille ( je tiens d'ailleurs à fustiger le doubleur pour ces horribles roulements de R dans le 3 !! on devrait interdire les vf... )
Et pis naaan, Allez Schumi, c'est le plus fort, c'est le meilleur, la preuve il a encore gagné, héhéhé ! Et pis vive Barich !! ( et d'ailleurs Ferrari c'est tout aussi italien que Fisichella ! )
Et le "désappointe", oui, oui, c'était bien le Cinquième Elément, et c'est bien Gary Oldman qui le dit ;p
Enfin je suis très flattée de ce que tu penses de mon histoire, merci merci MERCI ! ( et mes chaussures, ya longtemps que je rentre plus dedans avec tout ça... ) C'est vrai que j'aimerais bien être écrivain, mais bon, les études d'abord . Et mon âge, bah, j'ai eu 18 ans fin juillet ( ouais, grande moi ! )
Ah oui, pour Truly Madly Deeply, bien sûr, je l'ai vu, je l'ai en dvd ! j'ai sauté dessus quand je l'ai vu en rayon alors que je savais même pas ce que ça racontait... tu as raison très très bon film ( mais je le regarde pas souvent... ) Pour ce qui de la voix d'Alan par contre, bien sûr il a la plus belle voix du monde ( masculine ) mais quand il chante, vraiment je peux pas, c'est au dessus de mes forces... je suis morte de rire avant même qu'il ouvre la bouche... je serai même pas fichue de dire s'il chante bien ou non, ça me fait trop rire... en fait, non, je trouve ça atroce – euh sauf, quand il dit blue, je sais pas si tu te souviens mais la j'aime bien – mais à Noël dernier, j'ai eu le coffret des cassettes audio de The Return of the Native, piske c lui qui fait tte la narration du bouquin, et il chante plusieurs fois, et je peux pas m'empêcher de rigoler...
Enfin voilà, merci beaucoup pour tes reviews, et voilà la suite !
Chapitre 20
Run Away
.
I wanna run to you
I wanna run to you
But if I come to you
Tell me…
Will you stay
Or will you run away ?
"I Wanna Run To You",
Whitney Houston
Petite note : ya deux mots d'irlandais à la fin – c'est paske ça ressort chez elle quand elle fait pas attention - en voilà la traduction...
Níl a fhios agam : se prononce Nil es agam. Signifie 'Je ne sais pas' .
Ní thuigim : se prononce Ni higuim. Signifie 'Je ne comprends pas'.
.
Severus s'étira sur le canapé avec un long soupir. Vingt-trois heures sonnaient à la vieille horloge qui tictaquait dans un coin du salon. Les deux anciens Maraudeurs venaient juste de rejoindre leur chambre et il était enfin seul. Presque. Pelotonnée sur ses genoux, la chatte sommeillait paisiblement.
La journée lui avait paru ne jamais finir. Le professeur Dumbledore avait discuté un moment avec Lupin avant de partir enfin. Severus l'avait vu disparaître avec agacement. Il avait horreur qu'on décide à sa place de ce qui était bon pour lui ou non. Il était adulte tout de même...
Il n'avait pas beaucoup vu Black. Celui-ci avait quitté la maison dès le matin, pour ne revenir que sur les coups de sept heures du soir. S'il ne s'était pas agi de Black, Severus lui en aurait presque été reconnaissant. Il avait déjà bien assez de Lupin et de ses tentatives de communication désespérées...
Il se leva et alla tirer les rideaux de la baie vitrée. Le ciel était plus noir que l'encre : la lune s'était absentée pour cette nuit.
Il retourna s'étendre sur le sofa et observa les possibilités qui s'offraient à lui.
Il pouvait prendre un livre, de l'opium... ou l'attrape-rêves. Severus ouvrit le coffre et en sortit l'objet. Assis en tailleur sur le canapé, il le tint devant lui d'un air perplexe. C'était en soi un bel objet, soigné, bien fini et esthétique. Que le professeur Dumbledore lui avait donné pour lui éviter de nouveaux cauchemars. Et il ne pouvait pas honnêtement en nier les propriétés, il n'avait aucune preuve de son inutilité. ( ça s'appelle l'auto persuasion ;)
Bien.
Bien, bien, bien.
Dans ce cas... Il allait essayer une nuit, mais si la moindre ombre de cauchemar venait empoisonner son sommeil, cette chose finissait en jouet pour chat. Elle adorait tout ce qui était plume.
Alors qu'il le déposait sur le couvercle de la malle surgit dans son esprit le sujet qu'il s'appliquait consciencieusement à éviter depuis quelques minutes : Myrane Dana O'Shee.
Myrane Dana O'Shee. Plus précisément, leur dernière rencontre.
Avec le recul, Severus trouvait presque honteuse la réaction qu'il avait eue. La colère.
Il s'était laissé emporter par sa colère. Il s'était laissé submerger par ses émotions comme n'importe quel gamin de quinze ans. Pitoyable.
Il n'avait pas réfléchi. Maintenant qu'il y songeait à tête reposée, cet incident prenait une autre tournure. En fait, il ne prenait pas de tournure du tout. C'était totalement idiot. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? La chose dépassait complètement l'entendement de Severus. Plus il y repensait, plus il trouvait invraisemblable le fait qu'elle ait pu l'embrasser par amour comme il avait pu le croire le soir précédent. Evidemment, c'était la première idée qui lui était venue à l'esprit, c'était l'explication la plus logique d'un fait somme toute très banal. Mais en l'occurrence, ça ne tenait pas debout. Ca n'était pas logique, justement. Or, il y avait incontestablement une autre explication, logique celle-là. Il y en avait toujours une, il suffisait de raisonner clairement. Méthodiquement.
Mais il avait beau prendre le problème en long, en large et en travers, Severus ne parvenait pas à la trouver. ( c'est bien fait ! t'as qu'à pas être un glaçon sur pattes avec le quotient émotionnel d'une huître qui cherche de la logique là où y en a pas !! mwahaha ! )
Bien sûr, le moyen le plus simple de savoir serait encore de demander directement à Dana O'Shee, mais ce n'était pas forcément une bonne idée. Il débattit un instant sur le sujet, mais préféra ne pas trouver de réponse. Il avait l'esprit assez embrumé comme cela. La nuit portait conseil, paraissait-il.
.
A sa grande surprise, Severus se leva frais et dispos. Il s'en trouva certes soulagé, mais aussi tout à fait dépité. Il fourra l'attrape-rêves dans sa malle en maugréant – histoire de faire bonne figure – puis s'étira longuement. Il découvrit alors avec délices que son bras droit ne le faisait plus souffrir, et mieux encore, qu'il en avait recouvré l'usage complet ( pas comme ce poooov Romano ! sniiif. Sauf que lui c'était le gauche... ). Il défit l'attelle qui enserrait toujours son avant-bras et fit jouer ses doigts encore raides un moment. Il sortit aussitôt sa baguette – c'était un vrai plaisir que de pouvoir s'en servir sans craindre de faire une catastrophe – et leva de suite le sortilège qui immobilisait toujours son aile. Il se leva et put vérifier qu'elle avait retrouvé son entière motricité.
Une vraie joie en ces jours tout à fait désagréables : il n'était plus handicapé. Il prit quelques minutes pour se dégourdir, puis alla tendrement réveiller la chatte qui dormait au coin de l'âtre. Il n'eût pas à attendre longtemps avant d'entendre les premiers signes de vie à l'étage, et il fit disparaître ses ailes dès que les pas de Lupin résonnèrent dans l'escalier. Ils se souhaitèrent froidement bonjour et sans plus de cérémonie, se dirigèrent vers la cuisine, où ils prirent leur petit déjeuner rapidement, en compagnie de Black, descendu un instant plus tard.
Severus profita de la journée et de sa main droite retrouvée pour corriger une partie de ses copies, jusqu'aux environs de cinq heures, quand Lupin vint lui proposer une tasse de thé.
- Ce sont des copies de Potions ? s'enquit-il en tendant à Severus une tasse fumante.
- Jusqu'à encore très récemment, Lupin, j'étais professeur de Potions, grinça l'intéressé. Que veux-tu que ce soit ?
- Dumbledore m'avait dit que tu remplaçais le prof de Défense contre les forces du Mal, pendant un moment.
Severus ne prit pas la peine de répondre, et griffonna quelques mots rageurs d'un vif trait rouge sur la copie qui se trouvait sous les yeux.
- Dumbledore nous a raconté ce qui s'était passé avec les dragons, à Poudlard.
- Ca devait être impressionnant.
Severus haussa les épaules.
- Et c'est pour...
- Pourquoi t'obstines-tu à m'adresser la parole, Lupin ? répondit enfin Severus, levant les yeux d'un air passablement agacé.
- Eh bien... disons que... comme tu risques de rester un long moment ici, j'essaie de faire en sorte que ça se passe bien.
- Cesse de me parler et tout se passera bien, cracha Severus en raturant tout un paragraphe. ( pauvres élèves... )
Remus inspira profondément, et reprit, un peu crispé.
- Ecoute, Severus. Je fais de gros efforts. Vraiment. J'aimerais qu'on s'entende plus ou moins, parce que cette indifférence polaire me met les nerfs à vif. Alors j'essaie de m'intéresser à ce que tu fais et...
- Voyez-vous ça. Et depuis quand suis-je devenu intéressant ?
- Je ne sais pas, soupirant Lupin en luttant de toutes ses forces pour ne pas arracher ses yeux au Maître des Potions. Depuis qu'il t'est poussé des ailes dans le dos par exemple, ou que tu abats des dragons, que tu es un criminel en cavale, que tu prends de l'opium, que...
- C'était un accident, je... Qu'est-ce que tu viens de dire ? demanda soudain Severus.
- Un accident ? de quoi ?
- Les ailes ! Les ailes, c'était un accident ! Je...
- Je ne t'ai rien demandé, se défendit Remus, un peu surpris.
- Non, mais ça fait deux jours que tu louches dessus ! Alors voilà, maintenant tu sais, c'était un accident de potion quand j'étais plus jeune, tu es content ?! Qu'est-ce que tu disais à propos d'opium ? questionna Severus qui perdait patience.
- Que tu en prenais. Le salon sentait l'opium hier matin. C'est forcément toi.
Severus eut un rictus narquois, masquant son appréhension.
- Et depuis quand le sage Lupin connaît-il l'odeur de l'opium ?
Lupin observa le paysage par la fenêtre, haussant les épaules.
- J'en ai pris il y a longtemps, à cause de mes métamorphoses. Mais ça n'a pas fait effet très longtemps, alors, j'ai arrêté.
Il jeta un regard en coin à Severus.
- Mais c'est une odeur qui est très reconnaissable, et j'ai le nez fin...
Le coin de la bouche de Severus tiqua imperceptiblement, et il retourna à son parchemin qu'il barra d'un large T, sans répondre. S'il restait parfaitement impassible en apparence, intérieurement il se traitait de tous les noms. Et Lupin aussi.
Celui-ci finit par se lever et rejoindre la cuisine où il commença à s'activer. Oubliant un instant ses préoccupations au sujet de ce que pourrait raconter Lupin à Dumbledore, Severus grimaça. Il se demanda si le fait de manger correctement était une compensation assez valable quant à l'humiliation que ce serait de faire la cuisine pour Lupin et Black.
.
"Merveilleux. Quatre heures d'efforts culinaires pour ce repas gastronomique..."
Severus plia sa serviette de table et allait se lever lorsqu'une explosion assourdie résonna dans l'âtre. La tête du directeur de Poudlard apparut alors dans le foyer, et les trois sorciers attablés se retournèrent d'un même mouvement.
- Bonsoir, Messieurs ! s'exclama Albus Dumbledore avec un sourire. Severus, s'il vous plaît, j'aimerais vous parler, ajouta-t-il rapidement.
Celui-ci se leva docilement, appréhendant quelque peu le sujet de la conversation.
- Que puis-je pour vous ? murmura-t-il en s'asseyant en tailleur devant la cheminée.
- Pas grand-chose, en fait. Je venais juste vous informer.
- Fudge ?
Le directeur acquiesça.
- Il est passé dans l'après-midi, il vous cherchait. Il disposait d'un mandat de perquisition, il a fait fouiller vos appartements, votre bureau et même votre casier en salle des professeurs. Inutile de vous dire qu'il n'a rien trouvé qui puisse être retenu contre vous, je suppose que vous aviez pris toutes vos précautions.
- Et de quoi suis-je accusé exactement ? maugréa Severus, qui trouvait tout de même la situation parfaitement injuste : il n'avait rien fait !
- Depuis ce matin, vous êtes officiellement accusé d'être Mangemort, et donc passible d'un enfermement à vie à Azkaban.
- Mais c'est totalement stupide ! s'emporta Severus. Cette affaire a été réglée il y a presque quinze ans, il ne peut pas m'accuser à nouveau pour ça ! C'est une affaire classée, j'ai été acquitté !
- Je sais, Severus, je sais... J'ignore comment il s'y est pris pour faire rouvrir le dossier, mais les faits sont là. Il semblerait qu'il veuille faire croire que le jugement n'avait pas été équitable car influencé. Par moi, entre autres...
- Est-ce qu'il avait un mandat d'arrêt ?
- Je ne sais pas, il m'a très peu parlé. Il était cependant très dépité de ne pas vous trouver. D'un autre côté, il est maintenant persuadé que vous êtes coupable, et que je vous couvre.
- Je vous l'avais dit, grommela Severus en haussant les épaules.
Il y eut un instant de silence. Severus, toujours assis par terre et appuyé sur ses bras, regardait le plafond d'un air noir ; Dumbledore l'observait d'un air grave et les deux Maraudeurs suivaient la scène tout en débarrassant la table.
- Ce qui est quand même extraordinaire dans cette histoire, c'est qu'il ne veut même pas croire au retour du Seigneur des Ténèbres, siffla Severus d'un air méprisant.
- Non, mais je pense qu'il a fini par craindre qu'il ne revienne un jour. Et il s'imagine probablement que remettre sous les verrous tous les Mangemorts actuellement libres résoudra ce problème.
- Il est déjà revenu, martela Severus.
Dumbledore hocha la tête silencieusement.
- Le Seigneur des Ténèbres... souffla Severus avec un rire sans joie. Et d'ailleurs, à quoi est-ce que ça peut bien lui servir de me faire enfermer ? De toute façon, il s'est déjà arrangé pour que je ne serve plus à rien...
- Je pense qu'il prend comme un affront personnel le fait que vous soyez toujours en vie, après les évènements de cet été. Et vous avez fait échouer son assaut contre Poudlard. Disons qu'en fait, vous l'enquiquinez. Il doit mettre un point d'honneur à se débarrasser de vous, aujourd'hui. Et à défaut de vous tuer...
Severus ricana.
- Pensez-vous que je doive me sentir flatté d'avoir pris autant de considération à ses yeux ?
- Et il compte certainement me faire tomber avec vous, poursuivit Dumbledore sans sourciller. Cela confortera aussi Fudge sur ses positions, ce qui lui est bien utile.
- Cet imbécile ferait bien de faire le ménage autour de lui. Il lance des perquisitions dans tous les coins mal famés de Londres, mais une majorité de Mangemorts se trouvent dans ses propres locaux !
- Il a l'intention de se rendre chez vous demain.
- Je vous demande pardon ?
- Il m'a assuré qu'il se rendait en personne chez vous demain, avec plusieurs hommes, et qu'il comptait bien faire fouiller la maison de fond en comble.
Severus soupira.
- Je ne devrais rien avoir laissé...
- Si jamais quelque chose vous revenait, il vous reste cette nuit, et c'est tout, prévint le directeur tandis qu'il acquiesçait.
Il pausa un instant.
- Ceci étant, vous avez l'air de vous porter comme un charme aujourd'hui.
- Oui, je suis complètement remis, admit Severus en regardant ailleurs.
- Oh, et j'allais oublier... Nous vous avons trouvé un remplaçant, il commence demain.
Severus haussa un sourcil.
- Laissez-moi deviner, c'est Dana O'Shee ? s'enquit-il d'un air malveillant.
Le directeur parut étonné.
- Non, pourquoi, elle devrait ?
- Elle n'était plus à ça près, elle remplace tout le monde, s'entendit-il perfidement répondre.
- Non. En fait, c'est un jeune homme qui vient de finir ses études. Il est très enthousiaste, ajouta-t-il avec un sourire.
- Merveilleux.
.
Le lendemain, Severus constata avec bonheur qu'il avait cessé de pleuvoir, et qu'il y avait même quelques rayons de soleil. Il aimait la pluie, mais dans le cas présent, cela transformait tout l'environnement proche en marécage, et il n'avait pas la moindre confiance dans les enchantements d'étanchéité que Lupin avait dû jeter sur sa maison.
Il était d'humeur assez chagrine. Il avait bien dormi, mais s'était réveillé sur l'idée que Fudge n'allait pas tarder à mettre son nez chez lui, et cela l'indisposait particulièrement. Et il trouvait tout de même particulièrement pénible que de tous les Mangemorts en liberté, ce demeuré congénital de Ministre s'évertue à poursuivre le seul qui avait changé de camp, quand tout son précieux Ministère était pourri de criminels. Black lui avait fait stupidement remarquer qu'il n'avait vraiment pas à se plaindre, car les accusations portées contre lui étaient justes, contrairement à de pauvres innocents qu'on avait osé enfermer pour rien. La discussion avait failli finir en pugilat mais Lupin s'était interposé.
" Pourquoi y a-t-il de ces périodes de la vie où tout va mal ? " s'interrogeait Severus tout en démêlant ses cheveux devant la glace de l'unique salle de bains, qu'il devait à son plus grand dégoût partager avec Lupin et Black.
Il prit un instant de réflexion et observa son reflet, les sourcils froncés.
" Mmm... Toute ma vie est allée mal. "
Il rangea ses quelques affaires et sortit sur le palier.
- C'est quoi cette odeur de brûlé ? lança-t-il soudain à l'intention de Lupin, qui refaisait son lit dans la pièce attenante.
- A priori, je dirais que c'est Sirius qui fait à manger.
- Hein ?!
- Quoi ?
- Et c'est à Azkaban qu'il a appris à cuisiner ?
Remus lui lança un regard noir et haussa les épaules. Severus, quant à lui, descendit en vitesse dans la cuisine, marmonnant qu'il tenait à rester en vie et que la brochette de rat le tentait très peu.
- Qu'est-ce que tu fais l ? demanda Sirius en le voyant entrer en trombe dans la cuisine.
Une spatule en bois à la main, il était manifestement en train de batailler avec une poêle dont le contenu avait peut-être été comestible dans une autre vie.
- Ce n'est pas que je doute de tes talents culinaires, Black, mais un peu quand même. Ôte-toi de là. La cuisine de Lupin a suffi.
- Parce que toi, tu cuisines ? ricana l'Animagus, grattant la poêle au-dessus de l'évier. Je dois dire qu'étant donné ta ligne "sac d'os", ça ne m'aurait jamais traversé l'esprit...
- Je doute que beaucoup de choses te traversent l'esprit, Black, et je te répondrai bien quelque chose, mais je risquerai d'être vulgaire. Sors de cette cuisine.
- Parce qu'en plus tu te soucies de ton image maintenant ?
- Sirius, dégage si tu ne veux pas que j'assaisonne ton assiette au cyanure !
- Ravi que ça n'aie pas été dans ton projet initial, grogna celui-ci en quittant les lieux.
Severus décida donc de mettre son orgueil de côté au profit de son estomac, et s'installa aux fourneaux, quitte à y rester durant tout son séjour. Après tout, il aimait cuisiner – il était même plutôt doué, ce n'était jamais que de la chimie - et ça l'occupait au moins un petit moment. D'un autre côté, il n'avait pas la moindre envie d'avoir une dette envers Lupin qui l'hébergeait, et il estimait que c'était une contrepartie équitable – il ne fallait pas oublier qu'il avait passé un temps considérable à préparer sa potion Tue-Loup deux ans auparavant, ils seraient donc quittes. Et enfin, cela lui permettait de se sustenter correctement.
Il passa donc une petite heure dans la cuisine, à s'occuper du repas, sous l'œil gourmand de la chatte qui s'était trouvé un observatoire digne de ce nom en haut d'un placard. En plus, ça le détendait. Il travaillait mécaniquement, sans avoir besoin de prêter attention à ce qu'il faisait.
Sa mauvaise humeur du matin retombait au fur et à mesure, pour peu qu'il évitât de songer à Fudge, et ses pensées suivaient leur cours sans qu'il y fasse vraiment attention. Il se surprit rapidement à penser à Myrane Dana O'Shee. Elle s'était arrangée pour qu'il ne passe pas une journée sans qu'il pense à elle. Il n'avait toujours pas trouvé de réponses cohérentes à ses questions, et cette situation le troublait plus qu'il ne l'aurait cru. Il aurait vraiment aimé savoir. Avoir l'explication.
Il écarta d'un revers de main la chatte qui, descendue de son poste d'observation, s'approchait l'air de rien d'un bol de sauce chaude en se léchant les babines.
.
- Sirius...
- Je refuse d'y toucher ! Je n'ai absolument aucune confiance en ce qui se trouve dans ce plat ! Et en lui encore moins !
- Sirius...
- Qu'est-ce que tu sais sur leur provenance, hein ? Tu sais d'où ils viennent ? Je n'y toucherai pas !
- Sirius, ne sois pas stupide, je t'assure que ces champignons sont comestibles.
- Ah oui, et comment tu le sais, c'est écrit dessus peut-être ?
- Le chat en a mangé, il est toujours vivant.
- Ce sont des champignons à retardement. Ils t'empoisonnent quand tu crois avoir échappé au pire. C'est vicieux, ces bêtes-là !
- Tu ne crois pas que tu exagères un peu ? Et je ne vois pas l'intérêt qu'aurait Severus à empoisonner son chat.
L'argument ne parut pas convaincant à Sirius, qui continua de bouder devant son assiette, puis commença à trier les champignons.
Severus, lui, ne pipait pas mot. Il était surtout absorbé par la chatte qui, juchée sur ses genoux, faisait tout son possible pour se servir sans se faire repérer.
- Tu ne veux pas manger des pâtes, Remus ? Je vais faire bouillir de l'eau et il reste de la sauce tomate...
- Sirius, tu es ridicule !
Ne tenant aucun compte de cette dernière remarque, Sirius se dirigea vers la cuisine en maugréant quelque chose du genre " Le ridicule ne tue plus, les champignons, si... "
- C'est... bon, fit remarquer Lupin à Severus qui se chamaillait toujours avec son chat.
Celui-ci releva le regard un instant et eut un vague signe de tête.
" Evidemment, c'était bon ! Il savait se servir d'une casserole tout de même ! "
Severus passa l'après-midi à lire, car son appréhension quant à la perquisition de Fudge le déconcentrait trop pour corriger ses copies correctement. Il aurait aimé sortir un peu pour se dégourdir, mais il préférait attendre la nuit pour ce genre d'escapade. Sirius profita du beau temps pour astiquer sa moto, garée sous un arbre, derrière la maison, et Remus était sorti en ville, puisqu'il restait le seul à pouvoir sortir sans se faire arrêter. Il avait à ce sujet fait remarquer qu'il pourrait bientôt ouvrir un refuge pour criminels en cavale. Plaisanterie qui n'avait fait rire ni Sirius, ni Severus. Il était alors parti en bougonnant qu'ils n'étaient pas drôles, avec la chatte de Severus dans les bras. Ce qui par ailleurs, énervait grandement le Maître des Potions.
- Espèce de vilaine traîtresse ! gronda-t-il en la voyant revenir, toute ensommeillée et très contente d'elle-même, après une séance de gratouilles sur les genoux de Lupin, rentré à la maison vers six heures.
Elle s'installa l'air de rien sur ses propres genoux et s'assoupit sans attendre.
- Tu n'es qu'une petite ingrate, maugréa Severus tout en fourrant ses doigts dans l'épais pelage.
Au même moment, un hibou brun doré vint taper à la fenêtre. Lupin se leva et ouvrit la fenêtre, et laissa entrer le grand-duc, qui tenta de lui mettre un coup de bec quand il voulut s'emparer de la lettre. Le rapace s'engouffra dans la pièce et vint se poser sur le fauteuil de Severus, provoquant la fuite immédiate de la chatte. Severus eut à peine pris la missive que l'oiseau prenait de nouveau son envol et disparaissait au dehors.
- Pas très aimable, fit remarquer Lupin en observant le hibou s'élever au dessus des arbres.
- Non, tu as des amis ? ricana Sirius en regardant la lettre que Severus n'avait pas encore ouverte.
Oui. Un. Toujours le même.
Il décacheta prestement le parchemin et en parcourut les quelques lignes, prenant bien garde qu'aucun autre regard ne se pose dessus.
Severus,
J'ignore si tu es déjà au courant, Fudge a organisé une perquisition chez toi aujourd'hui. Tu sais qu'il est de notoriété publique que nous nous sommes plus ou moins connus par le passé : il a donc tenu à ce que je l'accompagne.
Ils ont entièrement retourné la maison, notamment la bibliothèque. J'ai pris le risque de leur indiquer le panneau dissimulé sur une des étagères : ils se sont ainsi persuadés de n'avoir laissé échapper aucun détail, et n'ont pas cherché plus loin quand ils ont vu qu'il était vide. En revanche, l'absence du tableau les a beaucoup intrigués, le fait de le trouver dans ta chambre encore plus : Fudge est certain qu'il cache quelque chose, et a voulu l'emmener pour le faire examiner. Je l'ai convaincu de me laisser m'en charger, il est donc actuellement en ma possession, tu peux venir le chercher quand tu veux.
Je suis monté le premier à l'étage, ce qui m'a laissé le temps de faire purement et simplement disparaître la deuxième chambre. Je n'ai pas compris pourquoi tu ne l'avais pas fait toi-même, il n' y avait pas pire idée pour exciter la curiosité de Fudge que de la condamner ainsi. La précipitation, sans doute... Toujours est-il qu'ils sont passés devant sans la voir, et je leur ai assuré qu'il n'existait pas de grenier – et l'état lamentable du toit n'a fait que renforcer mes dires.
Ils n'ont donc absolument rien trouvé qui puisse prouver ton appartenance aux Mangemorts à quelque époque que ce soit. Fudge était furieux, puisque tu as apparemment pris soin d'effacer aussi tes traces à Poudlard.
Je tenais également à te dire que je suis passé à Gringotts ce matin, pour fouiller ton coffre avant qu'il n'en ait l'idée, je ne sais pas si tu y avais pensé. Je n'y ai pas touché, il n'y avait rien là de... dangereux.
Tu as bien fait de partir. Tout ce que je te demande, maintenant, c'est de rester bien à l'abri, aussi pénible que cela te paraisse. Tu n'as pas idée du nombre de gens que tu agaces, d'un côté, comme de l'autre. Je sais que tu détestes ça, mais s'il te plaît, ne bouge pas et attend que ça se calme. Et surtout, surtout, ne fais pas de bêtises.
- L.M. -
Les yeux de Severus eurent à peine le temps de se poser sur la signature que la lettre prit feu, comme toutes les autres. Une gerbe de flammèches et d'étincelles s'éleva brusquement, consumant le parchemin avec violence, et disparut sans même laisser la moindre trace de cendres.
Lupin et Black se lancèrent un regard perplexe.
- C'était qui ?
- Je ne vois vraiment pas en quoi ça vous regarde, murmura Severus, toujours absorbé par le contenu de la lettre.
- Tu as des connaissances un peu paranoïaques, déclara Lupin en refermant la fenêtre.
Pas paranoïaques. Prudentes. C'était même une question de vie ou de mort. Pour l'un comme pour l'autre.
La lettre avait rasséréné Severus. Il s'agissait plutôt de bonnes nouvelles. Fudge n'avait aucune preuve tangible contre lui, il finirait peut-être par lâcher le morceau. Cela ne résoudrait pas le problème du Seigneur des Ténèbres, qui avait manifestement la ferme intention de le tuer, mais au moins il serait libre.
Evidemment, il restait une marque sur son bras un peu compromettante, qui ne manquerait pas de mettre Fudge en joie. Il était peut-être un peu utopique de penser que l'affaire s'arrêterait là... Il aurait été très commode que Lucius Malefoy glisse à l'oreille de Fudge quelques mots en sa faveur pour faire avancer les choses, qu'il était innocent, etc. Le Ministre gobait tout ce qu'il lui racontait. Cependant, du fait de cette raison justement, Severus était quasiment certain que c'était Lucius lui-même qui avait ravivé les rumeurs qui l'accusaient aujourd'hui.
Sirius, dont le regard soupçonneux commençait à fatiguer Severus, se leva et chuchota quelques mots à l'oreille de son ami, avant de sortir du salon. Celui-ci se dirigea sans rien dire vers le vieux fauteuil de cuir craquelé et alluma la télévision qui annonçait les nouvelles du jour. La speakerine portait un tailleur d'un vert absolument hideux, qui rappelait à Severus la mousse douteuse qui avait guéri ses plaies. Et elle avait un cheveu sur la langue.
Il soupira en songeant que s'il ne mourait pas assassiné par Black, ce serait probablement d'ennui. Inévitablement, le fil de sa pensée dériva très vite vers l'incident de son départ. Il ne parviendrait pas à s'en défaire avant d'avoir eu un éclaircissement. Il fallait qu'il y aille. C'était la solution la plus simple. Il se décida en un instant.
Il allait retourner à Poudlard, s'expliquer avec elle, voir s'il devait la tuer ou non et serait revenu en moins de vingt minutes. C'était clair, net et précis. Et plus vite il irait, plus vite il serait débarrassé de cette histoire.
Il préféra ne pas réfléchir davantage à ce qu'il allait faire de crainte de changer d'avis et se leva.
- Il faut que je sorte, murmura-t-il à l'adresse de Remus. Je ne devrais pas être long.
- Rapport à ta lettre ? demanda Lupin sans quitter le poste des yeux, les sourcils froncés.
- Euh, non, rien à voir. Une course à faire, qui vient de me revenir, répondit-il en se dirigeant vers l'entrée pour y prendre sa cape, qu'il s'était décidé à quitter depuis qu'il pouvait à nouveau dissimuler ses ailes.
- Hmm. Fais attention quand même.
Severus foudroya du regard l'arrière de la tête de Lupin et sortit. Il devrait marcher un peu, car il était impossible de transplaner dans le voisinage immédiat de la maison. Une dizaine de minutes s'écoulèrent avant d'arriver au pied du bosquet d'arbres qui marquait la limite nord de cette zone. Le temps qu'il fasse le chemin, la nuit était tombée. Il s'emmitoufla un peu plus dans sa cape, s'interdit de penser et transplana aussitôt à la lisière de la Forêt Interdite. Il préférait ne pas passer par le portail du parc de Poudlard, car l'allée illuminée ne permettait pas une entrée des plus discrètes.
Il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouvait, et ne savait pas non plus comment entrer. Il ne pouvait décemment pas pénétrer dans le château au vu et au su de tout le monde. Il ignorait ce qu'avait pu raconter Fudge, et s'il était vraiment officiellement recherché, et n'avait pas plus envie que ça de se trouver nez à nez avec Dumbledore, qui n'apprécierait certainement pas sa petite sortie.
Vu l'heure, le dîner était probablement terminé. A priori, elle devait donc se trouver dans sa chambre. Il restait toujours la fenêtre... Severus eut un vif signe de dénégation, mais après quelques minutes de réflexion, fut bien obligé de constater qu'il n'avait pas d'autre idée. Il ne pouvait pas entrer dans le château. Et il ne voyait pas comment il aurait pu l'en faire sortir sans aller la voir pour lui dire. Il soupira à nouveau tout en se défendant toujours de songer à ce qu'il était en train de faire, et se mit en devoir de trouver les appartements de Dana O'Shee. Il n'était pas très aisé de localiser une pièce de l'extérieur, puisque les composantes du château avaient cette habitude de ne pouvoir rester en place, mais rapidement, il fut certain d'avoir trouvé la fenêtre qu'il cherchait. Ses appartements et ceux qui le jouxtaient étaient établis dans un quartier qui bougeait assez peu. Il n'y avait aucun signe de vie sur le balcon, mais on percevait cependant l'éclairage des chandelles qui venait de l'intérieur.
Elle avait peut-être simplement oublié la lumière et était absente...
Severus secoua la tête. Autant en finir une bonne fois pour toutes.
Guettant toujours le balcon, il inspira longuement. Il prit soudain appui sur ses pieds et s'élança vivement dans les airs. Quelques secondes plus tard, il atterrit sur la balustrade de pierre, sans faire plus de bruit qu'une plume portée par le vent. Malgré la froideur du temps, la porte-fenêtre était largement ouverte.
Il ne s'était pas trompé. Elle était bien là, gaie et chantante. Elle allait et venait avec grâce dans sa chambre, fredonnant et apparemment occupée à trier des livres. Severus laissa échapper un soupir. Il n'aurait pas dû venir. Il était déjà agacé. Ca ne pouvait que mal finir.
Il allait redescendre lorsque, mue par un sentiment subit, elle se retourna pour le découvrir assis sur la rambarde de son balcon.
Son visage d'abord marqué par la surprise s'illumina.
- Severus, t... Professeur, vous êtes revenu ! s'exclama-t-elle rayonnante, faisant d'abord mine de s'élancer vers lui, puis se retenant brusquement. Bonsoir. ...
- ... Bonsoir, murmura-t-il, un peu pris au dépourvu.
Il se leva lentement et fit disparaître ses ailes.
Qu'était-il venu faire là déja ?
- Je suis... contente de vous revoir... Votre aile va mieux ? enchaîna-t-elle pour briser le silence qui menaçait de s'installer.
Il acquiesça d'un signe de tête.
- Je... vous voulez boire quelque chose ? un the ? proposa la jeune femme qui cherchait en vain un sujet de conversation autre que celui qu'elle redoutait tant.
Une nouvelle fois, il hocha la tête.
- ...S'il vous plaît...
Ils restèrent debout, leur tasse dans la main, regardant ailleurs. Aucun des deux ne semblait disposé à briser la glace qui lentement s'emparait d'eux-mêmes, attendant un premier pas venu de l'autre, tandis que le temps s'écoulait, inexorablement. L'atmosphère se faisait quelque peu tendue, lourde, dans ces non-dits qui gênaient tant.
Severus s'admonesta mentalement. Il perdait ses moyens et cela l'irritait profondément. Il ne savait plus par où commencer, ni comment s'y prendre.
- ... Severus... demanda doucement Myrane au bout d'une éternité, si j'ai fait une bêtise, dites-le moi...
Elle avait parlé sans réfléchir, pressée de savoir.
Severus lui lança un regard noir.
- La question n'est pas de savoir si vous avez fait une bêtise, bien sûr que c'en était une. La question, c'est pourquoi.
- Pourquoi ? répéta-t-elle, totalement décontenancée. Je...
Elle eut un sourire mi-figue, mi-raisin.
- Je pensais... que c'était plutôt évident, maintenant...
Elle eut un éclat de rire bref, sans joie.
- C'est que... je...
Elle s'interrompit, ne parvenant pas à exprimer le véritable fond de sa pensée et but une gorgée de thé, cherchant quoi dire.
- Parce que j'en avais envie depuis longtemps.
- Vraiment ? s'étonna Severus, tombé des nues et un peu sceptique.
Myrane hocha la tête avec un sourire d'excuse.
- Vous étiez sur le point de partir, et je ne savais pas quand vous reviendriez. C'est tout.
- Mais...
Severus était plongé dans ses réflexions, à la fois perplexe et contrarié. Il posa sa tasse sur une table basse près de lui.
- Pourquoi... moi ? dit-il enfin.
Les yeux verts de Myrane s'agrandirent.
- ...
- Vous ne me connaissez pas.
- Il ne tient qu'à vous de changer cela, répondit-elle, une pointe d'espoir dans la voix. Je ne demande qu'à vous connaître mieux...
- Vous pensez vraiment ce que vous dites ? interrogea-t-il, le visage maintenant rembruni.
- Oui.
- Je ne crois pas.
Les jolis traits de Myrane se teintèrent de déception, et d'interminables secondes s'égrenèrent avant qu'elle ne reprenne la parole, lentement.
- Vous ne concevez pas que l'on puisse vous aimer, n'est-ce pas ? C'est triste...
Un long silence suivit ses derniers mots.
- Non, vous avez raison. Je ne le conçois pas. Vous perdez votre temps.
- Je m'en doutais un peu. Mais je continue d'espérer.
Severus lui lança un regard intrigué qu'elle ne remarqua pas. Qu'espérait-elle ? Qu'il change brusquement d'avis ? Il n'arrivait pas à la comprendre.
- Vous... feriez mieux de trouver quelqu'un capable d'apprécier vos sentiments... à leur juste valeur. Moi, ce n'est pas la peine.
- Oh, Severus, vous ne comprenez donc pas ? s'exclama-t-elle d'un ton désolé. Quelqu'un, c'est tellement différent ! Moi, c'est vous que... je...
Elle passa fugitivement sa main sur ses yeux d'un geste las.
- Níl a fhios agam... C'est que... je ne sais pas... vous êtes toujours si... distant, si méfiant... sur la défensive... et pourtant... derrière vos apparences, vous semblez... triste... On a l'impression que vous cachez... que vous réagissez si souvent avec colère pour... dissimuler des souffrances peut-être... ou...
Le visage de Severus s'était durci.
- Alors c'est quoi ? De la pitié ?
Elle le regarda, presque effrayée.
- Oh non, je n'ai jamais voulu dire...
Elle se laissa tomber sur un pouf et cacha sa tête dans ses mains.
- C'est tellement compliqué... Mais vous voir tout le temps si... sombre, c'est... pénible... J'aimerais tant vous voir un jour... sourire. Je voudrais... je ne sais pas... faire quelque chose... Pourquoi refusez-vous qu'on vous aide ? ...
- Vous ne savez rien. Je n'ai nul besoin d'aide, cracha Severus, qui lui tourna le dos et se dirigea vers le balcon, bien décidé à partir.
Elle se précipita à sa suite, et le rejoignit à l'extérieur, posant sa main sur son bras pour le retenir.
- Ne le prenez pas comme ça, s'il vous plaît, l'implora-t-elle. Ne le prenez pas mal... je ne voulais pas… Ce n'est pas ce que je voulais dire... Au début, c'était... comme les autres... je ne voyais que... quelqu'un de désagréable... et peu à peu, j'ai vu autre chose... et... ce n'est que lorsque j'ai vraiment pris conscience... de mes sentiments... que j'ai vu... quelqu'un qui souffrait... Ce n'est pas de la pitié... c'est l'inverse... ça s'est passé autrement... Ce... ce que je ne comprend pas, c'est... pourquoi refusez-vous qu'on vous prête attention ? Pourquoi est-ce que cela vous dérange tant que je... que... vous comptiez pour moi ? On dirait que vous avez... peur de ce que mes sentiments pourraient... engendrer... peut-être peur de vous lier... de vous attacher ? ... Et... il y a tant de choses que je voudrais comprendre... murmura-t-elle alors que ses yeux, qui la seconde précédente balayaient le ciel et le paysage tandis qu'elle cherchait ses mots, se fixaient à nouveau sur lui. Pourquoi vous... cachez-vous ? Ní thuigim... Il y a... tellement de choses que je ne comprends pas...Vous fuyez... toute relation affective, même amicale... comme pour vous préserver des autres... Vous êtes tellement... froid et pourtant... je suis certaine que si on s'en donne la peine... il y a tant à découvrir derrière de... merveilleux... Vos yeux en disent... tellement long quand vous ne faites pas attention... Ils deviennent tristes quand vous abandonnez enfin votre masque... et... Je... commença-t-elle avant de pousser un long soupir, puis de reprendre. Je... ne sais pas ce que vous avez vécu... et je ne peux pas vous reprocher de crain... vous reprocher votre attitude... et je n'ai rien besoin de savoir, je vous vois tel que vous êtes aujourd'hui et je me moque du reste... et je n'attends rien et tant pis si je reste la collègue empoisonnante mais... s'il vous plaît... souffla-t-elle, ses yeux brillants rivés aux siens, presque embués, je vous en prie... laissez-moi... juste... une chance de vous aider ... une chance de vous aimer...
Ses mains s'étaient posées sur la poitrine de Severus comme en un geste de prière tandis qu'elle parlait, mais ils ne s'en aperçurent pas sur l'instant, figés, se dévisageant mutuellement.
- Je... dois partir, murmura finalement le sorcier.
Il recula de quelques pouces et déploya ses ailes alors qu'elle laissait retomber ses mains le long de son corps, et se tourna vers le vide.
- Severus... ... Est-ce que... vous... reviendrez ?
Il la regarda brièvement, puis sauta par-dessus la balustrade avec un froissement léger de plumes. Une fois au sol, il se fondit dans l'obscurité à pas rapides et feutrés, et disparut totalement.
.
