Auteur : Eilane

Genre : Romance / Drama

Rating : M

Résumé : Clarice Starling démissione du FBI après sa dernière rencontre avec le Dr Lecter et s'installe en France...Mais tout n'est pas terminé...

Note de l'auteur : cette fanfic suit la fin du film "Hannibal" d Ridley Scott et non pas celle du livre...pour les anti Hannibal/Clarice, passez votre chemin...Pour les autres, n'hésitez pas à reviewé si vous aimez !

Disclaimer : cette fic est basée sur des pesonnages créés par Thomas Harris...Seule l'histoire et les personnages que j'y ai rajouté m'appartiennent...

Et on ne le répétera jamais assez...review please !


Chapitre 1 : Point De Non Retour

La nuit était déjà tombée depuis plusieurs heures et les ombres formées par le feuillage des arbres rendaient la forêt inquiétante. Le vent s'engouffrant parmi les branches provoquait de sinistres craquements qui résonnaient dans les lugubres ténèbres.
La fatigue commençait à atteindre la jeune femme qui perdait son souffle. Dans le lointain résonnaient les cris d'une patrouille de police partie à sa recherche.
Elle continuait de courir, l'esprit davantage troublé par les derniers évènements que par la morphine qui s'écoulait doucement dans ses veines, lui rendant la douleur plus supportable.
Arrivée près du ponton, elle s'immobilisa : sur l'eau, un petit bateau à moteur prenait le large mais elle ne distingua personne à l'intérieur.
Au bord de l'évanouissement, elle scrutait les alentours. Elle était seule. Cette certitude s'immisçait en elle et elle ignorait si elle devait s'en réjouir ou en être malheureuse.
Il lui avait échappé. Cette fois encore, elle l'avait perdu. Cette pensée si soudaine lui transperça plus profondément le cœur que la balle des sbires de Mason Verger ne lui avait transpercé la poitrine.
Les secours ne tarderaient plus à présent. Acceptant sa défaite, elle les attendait, tout en observant l'embarcation s'éloigner de la rive. De l'autre côté du lac, le feu d'artifice du 4 juillet débutait à peine.
Elle repensait à cette terrible soirée : l'un des pires tueur en série que le monde ait jamais connu l'avait sauvée. Elle devait sa vie à un homme qu'elle aurait du détester, que son devoir lui ordonnait de traquer. Pourtant, elle s'était toujours sentie fascinée par lui. Depuis leurs premières discussions au centre de détention psychiatrique de Baltimore, il n'avait cessé de hanter ses nuits.
Bien qu'elle éprouvait une certaine affection pour lui, il n'en était pas moins un assassin, un cannibale, et elle ne pouvait se résoudre à accepter ses sentiments. Il avait dégusté le cerveau de Paul Krendler sous ses yeux terrifiés et des nausées la prenaient instantanément dès qu'elle repensait à cette horrible scène.
Elle ne pouvait se reprocher d'avoir été un mauvais agent du FBI. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour le capturer. Du moins essayait-elle de s'en convaincre. Alors qu'il l'embrassait, elle l'avait enchaîné à elle grâce à une paire de menottes, mais il s'était emparé d'un hachoir de cuisine et s'était sectionné la main. Encore maintenant, elle ne comprenait pas son acte : pourquoi l'avait-il épargnée ? Elle ne trouvait aucune réponse à cette question. Sans doute son esprit était-il trop embrumé pour qu'elle y réfléchisse.
Elle était partie à sa poursuite, sans aucune arme, ignorant pourquoi elle le cherchait si avidement. Etait-ce vraiment pour le livrer au FBI qu'elle l'avait coursé dans les bois, ou n'était-ce pas plutôt pour le voir encore une fois avant qu'il ne disparaisse...
Elle frissonna à cette idée. Elle croyait toujours aveuglément en la justice et, pour elle, le FBI la représentait dans toute sa splendeur, mais aujourd'hui, elle avait secouru un serial killer en fuite, n'hésitant pas à tuer pour lui venir en aide et lui avait, malgré elle, permis de s'échapper. Mais était-ce réellement à son insu ? Ne désirait-elle pas, elle-même, le voir libre ?
Soudain, les lumières de la brigade du FBI la sortirent de sa torpeur. Un policier l'interpella, lui demandant de mettre les mains derrière la tête.
-Je suis Clarice Starling, FBI, s'entendit-elle crier.
L'homme lui fit alors signe de baisser les bras et s'approcha d'elle. Clarice, épuisée, se reposa sur l'épaule du policier et le suivit jusqu'à une voiture où elle pu enfin s'asseoir. Quelques autres agents vinrent les rejoindre. L'un d'eux, la mine extrêmement pâle, sortait de la maison d'été de Mr Krendler et expliqua à ses collègues l'état du cadavre qu'il y avait découvert avant de revomir l'intégralité de son dernier repas.
Durant de nombreuses heures, ils s'acharnèrent, sans succès, à fouiller les environs. Hannibal Lecter avait disparu.

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La convalescence fut de courte durée pour l'agent spécial Starling qui avait enfin retrouvé ses fonctions au sein du FBI. Quelques semaines seulement après la fuite de Lecter, son supérieur et ami, Jack Crawford, tout près de la retraite, lui permettait de récupérer l'insigne doré désignant son appartenance au Bureau Fédéral d'Investigations. Puis il avait été contraint de la convier à un entretien privé au milieu de son sombre et froid bureau situé en sous-sol dans la division Science du comportement où elle-même avait travaillé ces derniers mois à la traque du cannibale dans la local que ses coéquipiers surnommaient affectueusement " l'antre d'Hannibal "
A son arrivée dans la pièce, Clarice remarqua immédiatement que Crawford lui désignait un siège. Malgré une certaine appréhension, - jusqu'à présent les deux agents avaient toujours obéit à une sorte de code de conduite voulant qu'ils discutent debout lors de leurs entretiens, - elle s'installa sur la chaise. Son supérieur s'assit, lui aussi, juste en face d'elle, après avoir fait fondre un alka-sletzer dans un gobelet en plastique. Il évitait du mieux qu'il le pouvait son regard interrogateur comme un enfant le fait avec sa mère après une grosse bêtise.
-Sincèrement, Starling, comment pensez vous que je vais pouvoir expliquer les faits aux médias ? C'est votre deuxième bavure en bien trop peu de temps...
Clarice dévisagea longuement la figure grave et coléreuse de son collègue. Il vieillissait à vue d'œil pensa-t-elle. Depuis la mort de sa femme Bella, il s'acharnait au travail sans songer à prendre un peu de repos. Devant elle, il gesticulait sur sa chaise avec énervement. Jamais encore elle ne l'avait vu dans une telle fureur et elle se sentait navrée d'être la cause de son emportement. La fin de sa propre carrière au coeur du FBI, la fin de l'agent spécial Starling, s'annonçait pour bientôt, elle le sentait, et, étrangement, cela ne semblait pas la traumatiser.
-Vous étiez pourtant l'un de nos meilleurs agents ! Et je vous ai toujours couvert car j'avais foi en vous... mais là, je ne sais plus quoi penser !
-Je vous ai pourtant déjà tout raconté, s'exclama la jeune femme. Lecter a réussi à m'échapper en se coupant la main et personne n'aurait pu prévoir une telle chose.
-Mais vous l'avez secouru, Starling, éclata son supérieur, et cinq hommes en sont morts, dont trois de votre propre chef... Avouez qu'il s'agit là d'une véritable catastrophe.
-Ce fou de Mason Verger avait prévu de tuer Lecter dans d'atroces souffrances. Il souhaitait faire justice lui-même ! J'ai simplement voulu l'en empêcher. La place d'Hannibal Lecter est en prison ! Ai-je eu tort de réagir ainsi alors que j'avais été démise de mes fonctions ? Sans doute, mais si c'était à refaire, je n'hésiterais pas un instant !
-Starling, je vous en prie, gronda Crawford outré par l'impertinence de Clarice. Lecter ne s'est pas gêner pour, lui aussi, se venger lui-même. Ses actes seraient-ils moins condamnables à vos yeux que ceux de Mason Verger ?
Clarice sentait dans la voix de Jack Crawford toute la haine qu'il éprouvait à l'égard du Docteur Hannibal Lecter et se demandait pourquoi son esprit, à elle, n'était pas en harmonie avec les pensées de son collègue.
-Si je puis me permettre d'exprimer le fond de ma pensée, Jack, Verger et Krendler sont bel et bien morts et j'en suis en partie responsable, c'est indéniable, mais sincèrement, je ne pleurerais pas pour eux. Ils ont eu ce qu'ils méritaient et le Docteur Lecter n'a sans doute fait que rendre un grand service à l'humanité en les éliminant... Est-ce cela que vous vouliez m'entendre dire ?
Crawford bondit de sa chaise, contourna son bureau et vint se planter, hors de lui, devant Clarice.
-Vous rendez-vous compte des paroles que vous venez de prononcer, Starling ? Elles seraient passibles d'un appel en justice ! Je vais mettre cela sous le coup de la fatigue et des tranquillisants et faire comme si je n'avais rien entendu, mais vous allez tout de même avoir à répondre de vos actes devant la commission d'enquête du FBI. Je ne vous cacherais pas que vous risquez un renvoi...et je ne pourrais pas vous protéger cette fois ci !
Clarice s'était levée, elle aussi.
-Ne vous donnez pas cette peine, Monsieur Crawford.
Elle déposa son insigne qu'on venait à peine de lui rendre et l'arme de John Brigham, décédé lors de l'arrestation désastreuse d'Evelda Drumgo que Clarice avait mené, sur le bureau de Crawford.
-Je démissionne.
La jeune femme tourna les talons d'un air décidé et sortit du bureau en faisant claquer la porte derrière elle, laissant son supérieur totalement abasourdi par sa réaction.
A présent, elle en était certaine, elle avait pris la meilleure des décisions depuis de longues années.

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La disparition d'Hannibal Lecter fit, une fois de plus, les gros titres de la presse internationale.
A Buenos Aires, tous les journaux télévisés relataient l'évènement...
" Hannibal Lecter, dit le cannibale, a encore réussi à échapper aux autorités américaines ", couinait un téléviseur aux couleurs délavées.
" ...l'agent Starling, chargée de l'enquête, a empêché le milliardaire fou Mason Verger, quatrième victime du serial killer, de tuer Lecter mais l'a ensuite laissé fuir... "
Une photo de Clarice, les cheveux tirés en arrière, habillée d'un tailleur sexy apparut à l'écran.
" ...plusieurs hommes ont perdu la vie durant cette pénible mésaventure dont Verger lui-même qui a malencontreusement subit le sort qu'il réservait au cannibale. On est en droit de se demander pourquoi seule l'agent Starling est revenue indemne de ces quelques jours de cauchemar. Cette dernière, qui a, depuis, quitté les rangs du FBI, refuse malheureusement de répondre à nos envoyés spéciaux, laissant ainsi planer un doute sur ses intentions vis-à-vis du fugitif. Alors Clarice Starling / Hannibal Lecter, nouvelle version sanguinolente du couple la belle et la bête ou ennemis jurés ? Seul l'avenir nous le dira ! C'était Killy White pour CBS "
Hannibal posa son verre sur la tablette de marbre, un large sourire aux lèvres.
-La belle et la bête, hein ? Réellement très intéressant !
La salle du petit bistrot où il s'était attablé baignait dans la pénombre. Les stores avaient été tirés et, dehors, une pancarte signifiait aux passant la fermeture du bar. Ainsi, il ne serait pas dérangé durant son repas. Les deux serveurs présents avaient montré d'odieuses manières lorsqu'il leur avait poliment demandé de se taire afin de pouvoir écouter tout à son aise les commentaires de la journaliste relatant son évasion et il s'était alors vu obligé de les corriger sévèrement.
Il se leva, enjamba le corps inerte du barman gisant sur le sol et alla éteindre la télévision.
-A nous deux maintenant...
Dans un coin, des frémissements de terreur émis par une serveuse ligotée retentirent.
Hannibal ouvrit une petite sacoche de cuir noir et en sortit un scalpel flambant neuf. Les gémissements de la femme se firent plus forts. Terrifiée, elle ne pouvait quitter des yeux le visage maculé de sang du garçon de café dont le regard inexpressif semblait à tout jamais rivé sur elle. Hannibal lui avait calmement dépecé le torse avant de faire cuir sa chair et de s'en nourrir.
-Préférez-vous une longue agonie ou une mort rapide ?s'amusa-t-il à demander à sa future victime.
Voyant Lecter approcher dangereusement le scalpel de son cou, la femme tenta de hurler du plus fort qu'elle pouvait, mais aucun son n'eut le temps de parvenir hors de sa bouche. Une douleur profonde la saisie, elle sentit son propre sang s'écouler sur sa poitrine et s'éparpiller sur le sol. Sa vision se troublait. Elle percevait dans le lointain le bruit du scalpel glissant sur sa gorge, tailladant sa peau. Ses paupières se fermaient doucement alors qu'elle s'écroulait sur le carrelage glacé du bistrot. Sa dernière vision fut son jeune collègue qu'elle allait bientôt rejoindre dans la mort.
Quelques heures plus tard, Hannibal sortit du café, le ventre plein, en sifflant un petit air joyeux.
Il entra dans un taxi et demanda à être conduit à l'aéroport.

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Les semaines passaient lentement et l'été touchait seulement à sa fin lorsque Clarice retourna une dernière fois au FBI afin de récupérer les quelques affaires laissées dans son bureau.
Là bas, ses collègues semblaient pour la plupart partis en vacances et seuls des remplaçants inexpérimentés rôdaient dans les couloirs. Aucun signe de sympathie ne lui fut montré durant cette rapide visite. Découragée par l'absence de Crawford et la froideur des autres agents, elle se précipita hors de la section Sciences du comportement, chargée des quelques souvenirs qu'elle tenait à ramener chez elle et qu'on lui avait négligemment posés dans un coin de " l'antre d'Hannibal ".
Un énorme carton dans les bras lui cachant la vue, elle se dirigeait donc vers la sortie, espérant que les gens se pousseraient poliment sur son passage. Mais quelqu'un d'un peu trop préoccupé lui rentra dedans de plein fouet et fit tomber la totalité du contenu de la boite sur le sol dans un cliquetis de verre brisé.
-Veuillez m'excuser, s'empressa de bafouiller le fautif.
Clarice, qui s'était déjà baissée pour rassembler ses biens, releva la tête. L'ancien médecin privé de Mason Verger, Mr Doemling, se tenait devant elle, embarrassé par l'incident. Il s'agenouilla à son tour et tenta de lui venir en aide du mieux qu'il le pouvait.
-Heureux de vous revoir vivante, Miss Starling !
Elle se contenta de lui sourire aimablement. La dernière fois qu'ils s'étaient aperçus, elle portait secours au Docteur Lecter et elle ne tenait pas spécialement à aborder le sujet.
Durant les quelques secondes où Clarice observa Doemling, elle pu d'ores et déjà jugé qui il était : un homme ni vraiment jeune, ni vraiment vieux, dont le crâne commençait toutefois à se dégarnir. Il n'avait rien de spécialement séduisant ou repoussant, il était seulement quelconque mais sa manière de s'habiller et de parler avec un accent bourgeois qui ne lui allait pas fit penser à Clarice que l'homme qu'elle avait devant elle devait être tout particulièrement imbus de sa personne.
-Mr Crawford m'a fait venir ici pour une déposition détaillée de la nuit où Hannibal Lecter a pris la fuite. J'ai appris votre démission du FBI. Je suis désolé pour vous, lança Cordell maladroitement.
Mais Clarice ne semblait pas le moins du monde accablée.
-Ne le soyez pas, rétorqua-t-elle, je crois que nous ne défendions plus les mêmes valeurs.
Mr Doemling continuait de ramasser les objets qu'il avait malencontreusement éparpillés sur le sol quand son regard fut soudain attiré par un papier légèrement froissé, tombé juste à côté de lui. Il s'agissait d'une lettre adressée à l'agent Starling, provenant sans doute du carton qu'il avait renversé. Il ne lui fallut que quelques secondes pour deviner qui en était l'auteur. Atteint d'une curiosité maladive due à son travail de psychiatre, il tendit la main pour s'en saisir mais Clarice fut plus rapide et s'empressa de ranger la lettre dans sa boite qu'elle avait fini de remplir.
-Mr Crawford sait-il que vous avez subtilisé une pièce à conviction ?
-Je ne pense pas, avoua Clarice, mais vous n'irez pas le lui dire, n'est-ce pas, Mr Doemling ?
Il parut soudain très mal à l'aise.
-Pourquoi croyez vous...
-Mr Doemling, le coupa Clarice, puis-je vous poser une question indiscrète ?...
Clarice semblait peu assurée. Elle évita soigneusement le regard du médecin et prit une profonde inspiration.
-Est-ce vraiment le Docteur Lecter qui a poussé votre patient dans la fosse à Muskrat Farm, demanda-t-elle enfin.
Doemling la fixa un long moment, sans parler. Comment aurait-il pu s'attendre à une telle question. Tous les agents à qui il avait fait sa déposition n'avaient jamais remit en doute ce point crucial. Mais Starling, elle, se doutait de quelque chose. Il baissa les yeux vers le sol et fit non de la tête. Clarice ne parut pas surprise.
-C'est bien ce que je pensais. De toute façon, cela n'a plus tellement d'importance. Ne vous inquiétez pas, Mr Doemling, votre secret sera bien gardé.
-Mr Verger et moi-même pensions que vous et Lecter étiez très proche, que vous entreteniez bien plus qu'une relation d'agent du FBI à Serial Killer. Avions-nous vu juste ?
Encore une fois, Clarice se contenta de sourire. Comment aurait-elle pu répondre à une telle question alors qu'elle-même n'était pas sure de ses propres sentiments.
-Et maintenant, où allez vous vous rendre, Miss Starling ?
Un grand sourire aux lèvres, Clarice se tourna vers la sortie et sans même jeter un regard à Mr Doemling, elle répondit :
-Paris...