Chapitre 10 : Bal Masqué
Comme indiqué sur le billet que le Docteur Lecter lui avait fait parvenir, Clarice se rendit à la gare de Paris Bercy aux environs de 19h45 pour prendre le train de nuit qui devait l'emmener bien loin de Paris, dans la plus belle ville d'Italie.
Pendant le trajet en bus, tout en scrutant les rues de la capitale comme elle en avait pris l'habitude depuis son arrivée en France, elle se demandait si elle ne faisait pas la chose la plus démente de toute sa vie…Elle allait rejoindre, dans une ville qui lui était inconnue et dont elle ne maîtrisait que très peu la langue, le pire monstre que l'humanité ait jamais déploré. Elle se sentait tellement loin de cette femme qu'elle avait été autrefois qu'elle se prenait à croire que la folie allait finir par l'emporter définitivement.
Enfin, le bus s'arrêta et Clarice se retrouva nez à nez avec les portes automatiques de la gare de Paris Bercy. Elle connaissait à présent très bien le français et il lui fut presque facile de trouver le train numéro 223 partant de la voie A en direction de Venezia Santa Lucia. Elle atteignit le quai sans encombre et aperçu le train qui venait d'être mis en place.
Elle grimpa aussitôt dans le wagon de première classe où sa place réservée l'attendait. Après l'avoir trouvé, elle disposa son petit sac et la grande boite que lui avait offert le Docteur Lecter sur la tablette au dessus de sa tête puis s'installa bien confortablement dans son fauteuil en attendant que le chef de gare siffle le départ.
Enfin, à 20h01, le convoi se mit en mouvement et commença son long périple de 12h15 en direction de l'Italie.
Dans la voiture où se trouvait Clarice, tout était à peu près calme. Les autres passagers se contentaient de feuilleter un journal ou de lire d'énormes livres qui les absorbaient totalement. Toutefois, le jeune garçon assis en face d'elle, affublé de monstrueux écouteurs sur les oreilles, auditionnait de la musique grâce à son baladeur CD. Le volume avait tellement été monté que l'on pouvait entendre la batterie de la chanson à plus de cinq ou six mètres alentours.
Clarice, agacée par ce son incessant, décida de se lever afin d'aller prendre un bon café qui la tiendrait réveillée. Le train, voyageant toute la nuit, offrait, évidemment, tout le confort pour dormir agréablement, mais elle ne tenait pas spécialement à s'endormir dans un endroit pareil, entourée de gens qu'elle ne connaissait pas. Cette idée la fit sourire, elle qui allait au devant de nombreux ennuis en répondant à l'appel d'un cruel tueur en série, avait peur des quelques étrangers l'accompagnant durant ce voyage !
Arrivée au wagon restaurant, elle commanda un café court au comptoir puis s'assit à une petite table à côté du bar après avoir payé un prix très élevé pour la quantité de boisson servie.
Elle ouvrit alors son sac à main et en sortit un immense plan de Venise dont elle avait pensé à se munir. Au moins pourrait elle réussir à se guider si jamais elle se perdait dans la ville.
Elle regrettait presque les conseils avisés d'Ardelia qui lui aurait sûrement fait la moral en voyant le peu de prudence dont elle faisait preuve en se rendant, seule, en Italie. Mais Ardelia avait regagné sa tout nouvelle maison de Quantico depuis déjà longtemps et elle se voyait mal lui téléphoner du train pour lui demander de la rassurer sur les événements à venir. Elle ne devait à présent plus compter que sur elle-même. Personne ne savait où elle allait et si jamais quelque chose tournait mal, si jamais il lui arrivait malheur, personne ne saurait ce qui s'était réellement passé. Elle réprima un frisson à cette pensée et avala une gorgée de café brûlant dont s'échappait un filet de fumé.
La nuit allait être longue. A chaque arrêt du train, Clarice jetait un coup d'œil par les fenêtres mais ne discernait que les lumières éblouissantes de petites gares. Au bout d'une heure et demi à rester accoudée à la table du wagon restaurant, elle pensa qu'il était temps de retourner à sa place et retraversa tout le train en sens inverse, manquant de tomber à chaque fois que celui-ci entamait un virage, pour rejoindre la voiture de première classe où ses affaires l'attendaient.
Le jeune garçon, endormi depuis longtemps, avait éteint son walkman pour le plus grand plaisir de ses voisins de siège, eux aussi assoupis. Clarice, elle, ne pouvait se résoudre à dormir. Il lui semblait que quelque chose se préparait, quelque chose qu'elle ne pouvait maîtriser et qu'elle devait se contenter d'attendre durant toute cette nuit. Cette impression étrange ne la rassurait pas du tout et elle voulait à tout pris s'occuper l'esprit. C'est pourquoi elle se leva pour prendre dans la boite que lui avait fait parvenir Hannibal Lecter, le message signé de sa main. Elle le relut à de nombreuses reprises avant de le renifler comme elle l'avait fait de par le passé avec l'une de ses lettres. C'était d'ailleurs la crème pour les mains qu'il avait utilisé avant d'écrire cette fameuse lettre qui avait permis à Clarice, alors encore agent du FBI, de retrouver sa trace à Florence. Mais cette fois-ci, elle ne le traquait plus, elle allait même à sa rencontre et ce qu'elle cherchait n'avait rien d'un indice. Elle essayait seulement de s'imprégner de la personnalité de cet homme énigmatique. Un doux parfum de cannelle et de musc emplissait ses narines et lui faisait tourner la tête. Elle ferma les yeux pour apprécier la délicatesse de cet arôme et bientôt, son esprit s'évada dans des rêves exotiques.
" Venezia Santa Lucia, qui è Venezia Santa Lucia " annonçait la voix du contrôleur italien quand Clarice rouvrit les yeux.
Elle regarda sa montre, il était 8h17…elle avait dormi presque toute la nuit ! Elle rangea la lettre dans sa poche, s'empara de ses bagages et descendit du train en hâte.
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La gare de Venise n'avait rien d'exceptionnelle. Elle ressemblait à peu près à toute les autres gares que Clarice avait eu l'occasion de découvrir. Mais quel ne fut pas son émerveillement quand elle franchit les grandes portes vitrées qui la séparait de la ville.
Le soleil illuminait les monuments tous plus beaux les uns que les autres et ses rayons scintillaient dans l'eau du Canal Grande, traversé par le vaporetto ainsi que par de nombreuses gondoles. Sur sa gauche, elle aperçut le Ponte Dei Scalzi. Venise avait pour elle quelque chose d'enchanteresse. Ici, la vie s'écoulait plus lentement qu'ailleurs et le temps semblait s'être arrêter.
Le mois de février venait à peine de débuter, le printemps faisait émergé les premières bourgeons de fleurs, les arbres, nus depuis trop longtemps, arboraient quelques feuilles vertes encore timides et dans la Sérénissime, le carnaval battait déjà son plein et de nombreux passants portaient d'étranges masques parfois comiques, mais la plupart du temps sinistres.
Clarice, impressionnée par ce qu'elle voyait, s'empressa de prendre un ticket de vaporetto afin de rejoindre l'adresse indiquée sur la lettre. Bien entendu, il était trop tôt, mais elle préféra prendre ses marques au cas où il s'aurait agit d'un piège, bien que, bizarrement, elle restait persuadée qu'elle ne craignait rien.
Elle monta dans l'un de ces bateaux plats qui servent de navettes aux vénitiens. Les bruits des moteurs étaient assez impressionnants et parfois, il lui semblait qu'il s'en fallait de peur pour que deux de ses engins ne se rentrent dedans. Elle observait, les yeux écarquillés, toutes les beautés que la ville offrait à elle : la casa d'Oro dont la luminosité ambiante faisait ressortir sa couleur rosée si particulière, le Ponte Di Rialto, célèbre pont de Venise, à la sublime architecture, au loin, la basilica della Salute et surtout la Piazza San Marco, lieu unique au monde et emblématique de la Sérénissime, où Clarice se promit d'aller faire un tour le lendemain avant son départ. Chaque nouvelle découverte l'émerveillait davantage
Enfin, elle arriva sans encombre à l'arrêt Ca'Rezzonico où son voyage se terminait.
Mais elle n'était pas pour autant au bout de ses périples. Les ruelles étroites se ressemblaient toutes et il lui fallut un temps appréciable pour arriver à s'orienter dans ce méandre de minuscules passages. Comme demander son chemin était exclus à la vue de son horrible accent Italien, elle se contenta de chercher méticuleusement jusqu'à trouver, enfin, la Piazza Santa Margherita. Elle découvrit alors une jolie petite place abritée par d'énormes arbres, où les pigeons voletaient tranquillement et où les marchandes de poissons hurlaient les prix de leur fameuse Sepia Nera.
De nombreuses affiches avaient été accrochées aux pancartes du restaurant Antico Capon et du bistrot Il Cafè : le soir même un grand bal costumé accompagné d'un orchestre de musique classique devait s'y dérouler…Parmi une foule Hannibal Lecter et elle passeraient sans doute inaperçus.
-Judicieuse idée, Docteur, remarqua-t-elle tout bas.
Il lui fallait à présent trouver un endroit où manger. Elle opta pour la pizzeria de la place mais ne prit qu'une petite salade. La nuit presque blanche qu'elle avait passée et la soirée qui s'annonçait lui nouaient l'estomac et elle ne pouvait rien avaler sans avoir d'affreuses nausées.
Une fois son modeste repas terminé, elle se dirigea vers le propriétaire. Elle avait remarqué en entrant dans le restaurant, que celui-ci proposait aussi quelques chambres à louer et elle n'aurait pas été mécontente de pouvoir prendre un peu de repos. Elle formula difficilement sa phrase dans un italien très mauvais mais l'homme en face d'elle ne sembla pas en être affecté, sûrement avait-il l'habitude des touristes. Il est très rare à l'époque du carnaval que l'on puisse trouver une hôtel qui ne soit pas complet dans Venise, toutefois, Clarice eut de la chance et l'homme lui trouva ce qu'elle voulait. Elle réserva la chambre pour une nuit, son trajet de retour n'ayant lieu que le lendemain.
Arrivée dans la pièce elle remarqua que le confort bien que vétuste était largement suffisant pour dormir dans de bonnes conditions. Un grand lit occupait la majeure partie et une petite table de chevet y était juxtaposée. A droite, une porte coulissante donnait sur une minuscule salle de bain.
Clarice posa toutes ses affaires sur le carrelage de la chambre avant de s'affaler sur le lit et s'assoupit aussitôt.
Elle se réveilla aux environs de 19 heures. Il faisait déjà nuit et dehors l'orchestre semblait s'être installé. Elle entendait au loin les musiciens accordant leurs instruments. Elle ouvrit la grande boite envoyée par le Docteur Lecter et s'affaira à se préparer.
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Lorsque Clarice sortit de l'hôtel, tous les visages, masqués ou non, se tournèrent sur son passage. Elle arborait une robe de soie verte et blanche, réplique quasiment parfaite de celle de Scarlet O'Hara dans "Autant En Emporte Le Vent", qui laissait admirer les jolies formes de son décolleté. Sur sa poitrine pendait un médaillon argenté en forme de cœur. Ses cheveux aux reflets de feu avaient été remontés en un chignon d'où tombaient quelques mèches coiffées en anglaise. Dans une situation différente, elle aurait été parfaite en héroïne de conte de fée.
Elle scruta la foule. La plupart des gens portaient les fameux masque vénitiens et il aurait été impossible de dire si le Docteur Lecter se trouvait parmi eux.
A peine après 20 heures, le bal débuta enfin sur des musiques de Vivaldi, compositeur ayant vécu à Venise et très apprécié par la population de la ville.
Clarice trépignait. Les minutes s'écoulaient et personne à l'horizon ne semblait s'intéresser à elle. Peut-être avait elle eu tort de venir…Peut-être Hannibal Lecter ne faisait-il seulement que jouer avec elle comme à son habitude.
Mais elle n'allait tout de même pas rester là les bras croisés à attendre quelqu'un qui sans doute ne viendrait jamais. Elle s'approcha des danseurs et immédiatement, un jeune Italien, la voyant seule et resplendissante, l'invita à valser. L'homme était bien trop collant à son goût mais Clarice accepta tout de même l'offre, espérant qu'un autre cavalier la sortirait bientôt des griffes de ce charmeur.
A la deuxième valse, un homme, affublé d'un masque de diable, s'avança vers les deux jeunes gens, fit une révérence et tendit un bras à Clarice qui ne fut que trop heureuse de se débarrasser de l'italien dont les mains se baladaient excessivement dans le bas de son dos.
Le jeune Italien émis quelques jurons dans sa langue natale avant d'aller s'occuper d'une autre femme esseulée.
Clarice finissait par se dire que, malgré l'absence du Docteur Lecter, cette soirée allait finalement être plutôt amusante. Son nouveau cavalier, bien que peu bavard, dansait divinement bien et elle se sentait étrangement en harmonie à ses côtés. Après quelques minutes, celui-ci s'adressa enfin à elle.
-Cette robe vous va à ravir.
Clarice faillit s'étrangler. Cette voix résonna dans sa tête. Comment n'avait-elle pu le reconnaître.
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Docteur Lecter ! J'ai cru un instant que vous ne viendriez pas…
Hannibal ôta son masque et elle pu contempler son visage. Elle remarqua que quelques nouvelles rides le parsemait mais il restait tout de même très séduisant.
-Continuez de danser, Clarice. N'éveillons pas les soupçons. Il vaudrait mieux passer inaperçus !
Clarice, bouleversée, se laissait portée par les pas de danse, sa main dans celle d'Hannibal Lecter, ses yeux plongés dans les siens, l'autre mains du cannibale, la moins valide des deux, posée sur sa hanche.
-Merci pour la robe, bafouilla-t-elle.
Dans un tel instant où une émotion si intense l'enveloppait, tout ce qu'elle réussissait à lui dire était d'une banalité à mourir et elle s'en voulut que ces mots soient les seuls qui lui viennent à l'esprit.
A la fin de la valse, Clarice lâcha la main d'Hannibal et sortit de la foule. Elle se sentait proche de l'évanouissement. Tout ses membres tremblaient, son cœur battait la chamade, son sang semblait bouillir dans ses veines et sa tête menaçait d'exploser. Elle aurait voulu se contrôler, arriver à se calmer les nerfs, mais cela paraissait impossible.
Il ne tarda pas à la rejoindre dans un coin plus sombre de la place. Après quelques secondes d'hésitation, il s'approcha d'elle et l'enlaça mais Clarice, horrifiée, se libéra aussitôt de son étreinte.
-Le froid vous ferait-il trembler, Clarice ? A moins que ça ne sois la peur…Avez-vous peur de moi ? J'avais osé espérer que nous ayons dépassé ce stade tout les deux !
-Cela fait bien longtemps maintenant que je n'ai plus peur de vous.
-Oh, alors peut-être s'agit-il de cet Italien un peu trop empressé. Vous aurait-il manqué de respect ? Dans ce cas, vous n'auriez qu'un mot à dire pour qu'il soit remis à sa place, Clarice. Vous savez que je peux le faire. Il vous suffit de le demander.
-Je vous en prie, Docteur, surtout ne faites rien, s'exclama Clarice affolée par cette proposition. Et de toutes façons, il n'a rien à se reprocher. A vrai dire, c'est de moi-même que j'ai peur. J'ai l'impression de ne plus rien maîtriser, pas même mes propres pensées et je dois l'admettre, cela me terrifie.
-Pourquoi êtes-vous venue, Clarice ?
-Je ne sais pas. Je…je n'aurais peut-être pas du…
Un coup d'œil dans les yeux d'Hannibal lui prouva qu'elle avait raison. Elle voulait plus qu'une simple discussion avec lui, elle en était consciente à présent. Cette homme éveillait en elle un désir bestiale et son côté démoniaque la fascinait et l'attirait, mais elle n'était pas prête à céder à ses pulsions et tout ce qu'elle désirait maintenant était de fuir le plus loin possible et d'oublier ce sentiment qu'elle ressentait.
Elle se retourna rapidement et se mit à courir dans les ruelles sombres de Venise, éclairées uniquement par de petites lanternes dont les lumières vacillaient par endroit.
Elle ignorait si le Docteur Lecter se trouvait derrière elle et n'osait se retourner de peur de ralentir sa course en le voyant et de le laisser la rejoindre. Elle menait un terrible combat avec elle-même et elle commençait à croire qu'elle n'arriverait jamais à gagner.
Elle courait toujours plus vite, ne regardant même plus les noms de rues inscrits en haut de chacune d'elles. Un point de côté l'obligeait à se tenir pliée en deux, mais elle continuait sa course, quand, soudain, il n'y eut plus de passage. La ruelle dans laquelle elle s'était engouffrée était un cul de sac. Résignée, elle s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle. Dans son dos, des bruits de pas angoissants martelaient le sol.
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Hannibal arriva lui aussi dans l'impasse où Clarice l'attendait. Il s'approcha d'elle et la regarda, l'air mécontent.
-Pourquoi me fuyez vous toujours, ex agent spécial Starling ?
-Ca ne serait pas drôle sinon , répondit Clarice dans un souffle.
Décidément, les répliques qu'elle rétorquait lui paraissaient vraiment déplacées…Faire de l'humour dans un moment pareil était plus que mal choisi.
Hannibal s'avança encore de manière à pousser Clarice contre le mur.
-Laissez moi partir, Docteur, le supplia-t-elle.
Mais il ne semblait pas décidé à ce qu'elle s'en aille. Alors qu'elle tentait de se débattre afin de fuir une nouvelle fois, il lui attrapa fermement les mains qu'il plaqua contre la pierre. Puis il resserra son étreinte autour de ses poignets de telle sorte que la jeune femme ne puisse plus bouger. Celle-ci poussa un petit hoquet de douleur.
-Lâchez-moi !
-Pourquoi le ferais-je, Clarice. Il est si agréable de vous avoir à ma merci.
Leur visage se trouvaient tellement proches l'un de l'autre que leurs bouches se touchaient presque et leurs haleines se mélangeaient.
-Vous me faites mal !
Hannibal serra plus fermement encore les poignets endolori et Clarice du se pincer les lèvres pour ne pas crier.
-Je pourrais vous faire bien plus mal encore, Clarice. Vous savez très bien de quoi je suis capable…
Clarice frissonna mais il ne s'agissait plus là d'un frisson de peur. Etrangement, sa manière brutale de la tenir ainsi encourageait son excitation. Elle avait perdu son combat. Elle n'était définitivement plus elle-même et celle qu'elle devenait faisait remonter à la surface ses fantasmes les plus secrets.
-Alors, allez-y, Docteur, dégustez-moi …
Hannibal sourit. Non seulement il ne la terrifiait plus mais il l'attirait et rien ne pouvait plus l'amuser. Il la regarda. Non, l'avoir fait venir jusqu'à Venise afin de la tuer ne serait pas correct et il ne voulait en aucun cas la voir morte.
Il secoua la tête, mais Clarice reprit.
-Embrassez-moi !
Cette fois Hannibal ne se fit pas prier et posa sa bouche sur celle de la jeune femme. Ce baiser, très doux et très chaste, jurait presque avec la violence de la situation.
Clarice ferma les yeux pour profiter au maximum de cet instant et les garda clos encore quelques longues secondes après que les lèvres du Docteur Lecter aient quitté les siennes. Quand elle les rouvrit, elle était seule, Hannibal avait, une fois de plus, disparu.
