« Un Millier de Feuilles » part 2
Disclaimer : Hakkai et Gojyo sont pas à moi, les autres non plus… Faites pas comme si vous saviez pas !
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Matte kudasai. Mes limiters ?« De quoi tu as l'air ? Sans tes limiters, je veux dire ? » tu reprends.
Comme si tu t'attendais réellement à ce que je te montre tout de suite, tu te retournes soudain vers moi et tu tends le bras, briquet en main, pour allumer le bougeoir désuet sur la table de nuit qui se dresse entre nous.
C'est dément. Ne me dis pas que tu crois à ces balivernes sur l'attrait du mystère. Ne me dis pas que tu te demandais à quoi je ressemblerais sans les limiters. Tu veux dire que ça t'intrigue ? Je devrais le savoir, pourtant. Je ne devrais même pas être surpris le moins du monde. Des enfants. Toi et Goku, vous êtes des enfants, des fois. Et les enfants posent toujours quantité de questions. La plupart du temps, pas même une seconde ils ne pensent qu'ils pourraient être bien plus heureux de ne pas connaître certaines réponses.
« Tu n'as pas vu déjà assez de youkai pour parfaitement savoir de quoi ils ont l'air ? » J'essaye de répondre avec légèreté.
« C'est pas la même chose. »
« Comment ça ? »
« C'est toi. »
Silence, pendant que je considère ta réponse. Ça fait vraiment une telle différence ?
Je n'aurais pas pensé que je me laisserais fléchir si facilement par une telle demande, pourtant. Mes mains volent vers mon visage de leur propre chef. Comme pour essayer de dissimuler les traits invisibles que mes mots sont en train de décrire en une énumération monocorde :
« Cheveux plus longs. Pupilles fendues. Oreilles en pointes. Griffes presque comme des serres. Et des tatouages…qui sont comme…des feuilles de lierre. C'est tout. »
« Des feuilles ? » Tu t'appuies sur ton coude pour me détailler de la tête aux pieds. Tu as bondi sur ce mot comme le rapace sur le rongeur… Pourquoi ça t'intéresse, tout d'un coup ?
« Alors… Combien de feuilles ? » Tu oses demander. Et tu souris déjà d'une oreille à l'autre. Peut-être parce que tu es déjà si fier de toi alors que tu as simplement réussi à me faire parler… de ça.
« Tu crois que j'ai compté ? » je rétorque. Plus brusque que je n'en avais vraiment l'intention, sans doute.
Mais tu as raison. Je l'ai fait. Je le fais toujours…
…cinq cent soixante-treize, cinq cent soixante-quatorze…Les Trois Aspects m'avaient dit d'être Cho Hakkai, à partir de ce moment, quand Sanzo m'avait présenté devant eux. Cho Hakkai était un youkai, mais j'avais toujours porté les limiters. Je ne savais pas du tout à quoi ressemblerait la bête en moi. Ça n'avait pas beaucoup d'importance, au début. Je m'en fichais. En fait, il y avait beaucoup de choses dont je me fichais, dans les premiers temps.
Un jour, pourtant, il a juste fallu que je sache. Alors j'ai ôté les limiters… Toute la journée, j'avais ressenti ce sentiment d'incertitude qui ne me lâchait pas et me rongeait de l'intérieur. C'est drôle : je ne m'en souviens pas, mais je suis quasiment sûr que ça devait être un jour de pluie. Peut-être que quelque part, j'espérais profondément que le youkai en moi aurait disparu et qu'en me regardant dans le miroir, tout ce que je verrais serait mon moi humain. Plutôt puéril, maintenant que j'y pense.
Peut-être aussi que c'était parce que tu n'étais pas à la maison. Ce n'est pas la même chose quand il faut que je me fasse constamment du souci pour toi : comment ne pas s'inquiéter quand on vit avec un homme qui passe son temps à rentrer à la maison soit totalement épuisé à cause de m'importe quel boulot temporaire qu'on aura bien voulu lui donner, ou contusionné si ce n'est pas blessé au cours de trop nombreuses rixes de taverne, ou même, si totalement ivre, au point de ne pas pouvoir marcher droit ? Mais j'étais seul ce jour-là, avec un temps horriblement long qui m'était laissé pour que mes pensées soient pleines de moi-même.
Hakuryu ne vivait pas encore avec nous, en ce temps-là. Bien sûr, comme je l'ai dit, Tu n'étais pas à la maison. Je n'aurais pas pris le risque de peur de te blesser, autrement. J'ai été assez sage pour penser quand même que ce n'était peut-être pas une bonne idée, alors je me suis retranché dans la salle de bain, porte verrouillée. L'un après l'autre, les trois limiters métalliques sont tombés dans l'évier, et juste sous mes yeux mon propre corps a vu ses contours se brouiller. C'est étrange : l'image que me renvoya le miroir ne m'a pas du tout surprise. Comme si j'avais su, pendant tout ce temps, profondément enfoui mais trop pour en être pleinement conscient, ce que j'allais découvrir. Et en cet instant, même si je ne savais pas si cela allait durer, je pouvais le contrôler. Le corps était toujours le mien, et ne s'engageait pas dans un mode destructeur comme je l'avais craint.
Je me suis débarrassé de ma chemise et de mes autres vêtements, calmement, pour avoir une meilleure vue. Avec le regard presque détaché d'un scientifique.
C'est à ce moment que j'ai cédé à l'impulsion soudaine de compter les feuilles. Comme si je devais impérativement apprendre la moindre petite chose à savoir sur la créature qui me renvoyait mon regard, jusqu'aux plus insignifiantes d'entre elles.
…neuf cent quatre-vingt dix-huit, neuf cent quatre-vingt dix-neuf …La réponse me glaça jusqu'aux os, même si j'aurais dû deviner bien avant.
Mille.
Un millier de feuilles.
Pour un millier de vies.
Bien sûr.
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Tu es soudain si près que je ne sais pas comment je ne t'ai pas senti tant t'approcher… Je sens ton poids sur mon lit, ton souffle près de mon visage.
« Bien…Si tu es trop paresseux pour toutes les compter toi-même, enlève les tous, vêtements et limiters, je t'aiderais pour ça, et je m'en chargerai moi-même ! »
Mais le pire, c'est que je sais que tu en es capable. Hooo, non. Oubliez-ça. Le pire étant que tu es sur le point de le faire…Tu es bien plus ivre que je ne le pensais et cela pourrait mal finir…Souviens-toi qui je suis, bon sang ! Les limiters ne sont pas des jouets ! Gojyo…
« Y'en a une, là ? »
Ta prise sur mon poignet est ferme, mais tendre quand tu essayes d'ôter ma main de mon visage. Tes lèvres effleurent ma paume. Électricité. La sensation se diffuse sous ma peau, brûlant mes nerfs avec autant d'intensité que le ki libéré lors d'une bataille. Si douce que ça en fait mal. J'en ai le souffle coupé.
« Et ici ? »
Mon doigt sur tes lèvres avant que tu ne puisses à nouveau toucher ma peau. Ma main qui saisit la tienne. Il faut que ça s'arrête maintenant. On ne peut pas laisser les choses dégénérer. Ou plutôt, je ne peux pas, parce que je suis presque sûr que tu n'es pas en état de penser rationnellement, et que tu ne seras même pas capable de te souvenir de quoi que ce soit demain matin, de toute façon ; le parfum de l'alcool s'attarde sur toi.
« Tu brises toutes les règles tacites, » je constate simplement.
Tacites, parce que nous n'en avons jamais parlé, bien sûr. Règles, parce que c'est ainsi que sont les choses et qu'elles doivent demeurer. C'est plus facile de mourir demain quand on n'a rien à perdre. Nous savons que nous n'allons pas tous nous en sortir vivants (et si nous l'avons pensé à un moment, les dernières blessures de Sanzo étaient la douche froide de la triste réalité…).
Nous ne sommes pas des fous. Nous essayons juste de rester aveugles aussi longtemps que possible : c'est un défaut humain (Ho, tu te qualifies d'humain, maintenant ?). Et même si je veux vivre un peu plus longtemps qu'avant, maintenant, il reste des choses qui doivent être faites, ordres des dieux ou pas. C'est pourquoi rien ne doit se dresser sur notre route. Même pas nous-même.
Mais seulement à cause du voyage ? C'est vrai que c'est presque difficile de se souvenir qu'il y a eu un « avant le voyage », ces jours-ci. C'est comme si nous avions toujours été sur la route. Pourtant, il y a trois ans, dans la petite maison de la forêt, nous n'en avions aucune idée, et les règles étaient déjà là. Des passés aussi sanglants que tourmentés nous ont-ils rendus soucieux de ne pas nous accrocher à de vains espoirs ou l'illusion du bonheur ?
Peut-être. Ou le credo de Sanzo qu'on ne devrait attacher de l'importance à rien, un froid détachement par rapports aux évènements de l'existence, était-il gravé déjà si profondément en nous ? Qui sait. Moi, je ne sais pas. Et ça ne change rien de toute façon, n'est-ce pas ?
« Ouais, c'est ça que ça veut dire, être un enfant tabou : notre premier cri à la naissance – notre vie elle-même – c'est déjà enfreindre une règle tacite… » tu lâches avec une amertume non dénuée d'une once de mélancolie fataliste.
« Alors on fait une sacrée paire. » je réplique. Moi, l'humain devenu youkai par le pouvoir du sang versé. « Je suis aussi une impossibilité ambulante. »
J'avais l'intention de me montrer réconfortant, mais mes mots sonnèrent incroyablement durement ; C'est pour ça que ton regard est un peu perdu, ne sachant pas comment prendre la réponse. Juste assez pour me laisser l'occasion de me libérer de ta poigne. Tu te laisses rouler sur le matelas comme un pantin dont on a coupé les fils, comme si toute ta force s'était soudain enfuie. Flasque. Ta silhouette dégingandée étalée sur le lit, si abandonnée que tu pourrais paraître mort si ce n'est ta respiration régulière et le regard vaguement réprobateur de tes yeux grand ouverts qui suivent chacun de mes mouvements quand je me lève.
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Le temps pour les révélations et l'intimité est passé. Nous n'avons plus besoin de lumière. Je me penche pour étouffer entre deux doigts la petite flamme de la bougie. L'obscurité tombe sur nous, nullement oppressante ce soir. Juste présente, comme un havre de paix où l'on n'a pas besoin de penser.
Un millier de feuilles.
Pour un millier de vies.
Des vies que j'ai prises.
Un, deux, trois…Et du début encore une fois, les chiffres défilent dans ma tête pourtant. Mon corps se meut de son propre chef dans l'espace réduit de la pièce, sans but. Vers la fenêtre. Ensuite, retour vers les lits. Et encore vers la fenêtre. Très lentement. Mes yeux collés à mes mains et mes avant-bras dont la chair pâle émet presque une lueur blême dans le noir.
Je peux toujours les distinguer, toutes, sur cette peau apparemment parfaitement humaine… Les feuilles…
Ou peut-être que ce sont seulement les ombres du feuillage qui bat contre la fenêtre et contrastent avec le clair de lune, dehors, tombant sur ma peau. Ça doit être ça : les petites taches sombres sont mouvantes sur la chair…Mais je n'en suis pas réellement sûr. Superstitieusement, mes doigts se portent aux limiters, mais leur fraîcheur glacée est toujours là. Je laisse échapper un soupir de soulagement, si profond que tout ce qui reste de mon énergie quitte mon être en même temps que ce souffle brûlant. Fatigue. Non…Épuisement. J'ai consumé tant de ki aujourd'hui, que je dois être complètement…vide. Corps et âme.
Tout à coup, même mon propre corps est trop lourd pour moi, la tête me tourne. Je réalise que mes jambes se sont dérobées sous moi seulement quand je me retrouve vaguement assis sur le sol, en un désordre de membres, aussi dénué de nerfs qu'une poupée de chiffon.
J'entends l'exclamation étouffée de Gojyo, en provenance de mon lit qu'il occupe toujours.
« Hakkai…Ma vie en dépendrait, je ne serais pas capable de quitter ce lit… » il gémit presque.
Je lève les yeux sur lui parce qu'il est en train de parler, mais je n'écoutais pas vraiment. Je ne sais même pas si j'ai entendu, à cause de mon sang qui hurle furieusement dans mes oreilles comme une vague puissante qui me rend étrangement sourd. Je fixe son visage sans clairement comprendre ce qu'il veut dire, mais je peux lire la douleur derrière le regard rouge, même si ses yeux ont l'air plus sombres, presque d'un noir d'encre dans la pénombre. Des années d'habitude me disent pour sa gueule de bois. Cela explique pourquoi ses mots sonnent creux quand il continue de parler. Comme si s'était difficile pour lui de s'exprimer, comme s'il avait du coton dans la bouche.
Concentre-toi. Essaye d'écouter, cette fois…
« Pourquoi ? » Il est en colère. « Pourquoi est-ce que tu les as enlevés, tout à l'heure, si ça te ronge comme ça ? On aurait trouvé un autre moyen. »
Me ronge. Exactement. Quand je vous dis qu'il sait toujours ! Et il ne me croit jamais… Je ne sais pas pourquoi ça a été un tel choc, néanmoins. Il fallait bien que ça arrive tôt ou tard et que je les ôte, ces limiters. Et les autres ont vu ce que j'étais et ça ne semble pas les détourner de moi…
Il sent mon regard accroché à lui, déconcertant, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je crois que ce qu'il n'aime pas, c'est l'inexpressivité sur mon visage…Mais il m'a laissé interdit et ne le comprend pas.
Il a raison… Pourquoi est-ce que je l'ai fait ? Ça, c'est la question qui compte.
Je me revois debout dans la salle au haut plafond, ces youkai des dieux dépenaillés qui nous encerclaient, nous assaillaient, et moi appelant Sanzo pour lui dire ce que je voulais faire. Le sentiment que j'ai ressenti alors…Ce sentiment que j'ai senti, c'était… De la certitude ? C'était ce qu'il fallait faire à ce moment. La parfaite chose à faire. Le fait est que j'avais tellement plus à perdre que le sens de mon fragile ego reconstruit… Il y avait quelque chose d'autre que je ne voulais pas perdre… À n'importe quel prix… Qui comptait plus que n'importe quel sutra à récupérer, que cette renaissance d'un monde à empêcher.
Des personnes.
C'est surprenant parfois comme les choses sont simples en fait…La révélation se fait jour comme le soleil qui se lève toujours même après une nuit de tempête…
Un millier de feuilles pour me donner le pouvoir de protéger ceux que j'aime.
Assez de force pour être capable de ressentir à nouveau.
Un millier de feuilles pour trois vies, maintenant.
Trois personnes qui vivent et qui respirent.
Hakuryu émet soudain un sifflement, du coin qu'il avait choisi ce soir pour abriter son sommeil (à moitié enterré dans mon sac de voyage, comme d'habitude), me faisant sursauter. Il arque son long cou et nous foudroie du regard (ou moi, plus particulièrement) avec ses brûlants yeux de rubis. Soit il est irrité parce que nous l'empêchons de dormir en parlant et nous déplaçant dans la chambre en pleine nuit, soit le dragon est capable de lire dans mes pensées comme je le suspecte parfois et se sent un peu offensé. Il a raison, bien sûr…
Summimasen, Hakuryu…
Quatre personnes.
### Le mot de la fin : Gojyo ###
Ho, toi… Qu'est-ce qui t'arrive encore ?Il reste là, assis sur le sol, à me fixer de ses yeux vides comme s'il était complètement coupé de tout ce qui se passe maintenant dans cette pièce. Il me fait peur comme lui seul le peut…Je n'attends même plus une réponse, maintenant. Une simple réaction suffirait…
Mais je peux pas te laisser dans cet état, n'est-ce pas ?Je soupire.
Ces choses que tu me fais faire, je pense au moment où je me tire du lit, très lentement. Très laborieusement. Très douloureusement. Blessures et alcool. Je déteste ce mélange.
Hakuryu fait du tapage dans son coin et Hakkai, comme tiré abruptement de ses pensées, jette à la petite bête un regard chargé de gentillesse. Bien. Demain, je laisserai le dragon voler un peu plus de nourriture que d'habitude dans mon assiette. Mais pas trop. La bestiole risquerait de croire que je l'aime bien, après…
Après une éternité pour traverser la pièce minuscule, ma main tombe sur son épaule. Il me renvoie un regard interrogateur, puis vers le lit, comme s'il était impossible que je me retrouve tout à coup à ses côtés.
« Même si ta vie en dépendait, tu as dit… » il fait soudain remarquer, comme s'il s'en souvenait juste à l'instant.
Oh. Par pitié. C'est même pas drôle.Il est incapable de se relever, ses membres restent comme inertes. Et nous y revoilà. Encore en train de le traîner au lit. Rappelez-moi de ne jamais même essayer de compter combien de fois j'ai fait ça…
Je sais vraiment pas pourquoi je m'embête avec toi…« Ça c'est bien plus important… » je réponds d'un ton bourru. « Tu vas bien ? »
Il se contente de sourire. Il ne dit pas : « Je vais bien. » À chaque fois qu'il dit ça, d'habitude c'est qu'il ment. Alors paradoxalement, c'est rassurant. Mais cet homme…Il a l'habitude de me servir des demi-vérités ou des apparences trompeuses, et moi-même j'ai la sacrée réputation d'être plutôt obstiné (même si Sanzo a tendance à appeler ça être un emmerdeur fini).
« Comment tu te sens, vraiment ? » j'ai besoin d'insister.
« Rien de plus à souhaiter. »
Drôle de réponse. Mais pour ce soir, ça suffira.
Nous titubons aussi « gracieusement » que possible jusqu'à l'autre bout de la pièce. Pas un en meilleur état que l'autre, je dirais. Une seconde, tout allait à peu près bien, la suivante je perds complètement l'équilibre. Quand je disais que j'y arriverais pas ! J'aurais jamais dû quitter mon (non, son… Enfin, qu'importe…) lit. Nous nous écrasons sur un des lits. Si enchevêtrés l'un dans l'autre que je ne sais plus ce qui est à moi et ce qui lui appartient. Ok. Cette fois, je ne bouge plus. Pas d'un pouce.
De toute façon, la chambre entière tangue déjà bien assez à mon goût et celui de ma pauvre tête qui pulse sans fin. Je peux pas croire que j'ai encore essayé d'absorber autant d'alcool qu'Hakkai le fait d'habitude, ce soir. Je dois être stupide. Et fauché en plus (puisque le namagusa bouzu n'était pas là avec sa carte dorée bénie des Dieux pour se joindre à mon enivrement forcené de toute à l'heure ).
« Je bouge pas, » j'avertis quand même mon compagnon de lit. J'en serais pas capable, d'ailleurs. Mais ça, il a pas à le savoir…
Il a l'air plutôt endormi lui-même quand il répond, sa voix étouffée dans le tissu de mon T-shirt :
« Comme tu voudras. Moi non plus. »
Un dernier grand soupir et sa tête retombe doucement sur mon épaule. Je crois qu'il était en train de dormir bien avant moi. Un sommeil paisible au lieu des cauchemars auxquels je m'attendais à moitié après son tourment de ce soir.
« Oyasumi nasai, » je souhaite à la pénombre d'une chambre obscure.
Hakuryu feule, cette fois. Je me sens faire la grimace, et pas seulement à cause de ma gueule de bois malheureuse. Ça ressemblait à un juron reptilien exaspéré pour avoir oser interrompre son sommeil encore …
Il a raison. C'était une rude journée.
### Owari ###
A/N: Gojyo et son caméléon… Je n'ai pas inventé la chose : c'est ce que certaines personnes disent des caméléons, je me souviens plus où…(Madagascar ?)
On dit qu'ils ont deux yeux indépendants : pendant qu'un regarde en avant vers le futur, l'autre regarde en arrière. C'est pourquoi ils ont la réputation de voir passé et futur en même temps…(et peut-être même vivre entre les deux, hors du présent, j'ai pensé ! Qui sait ...)
