TUNED

CHAPITRE 7: Les larmes et le sang

Depuis l'aube, Keina s'affairait avec les deux filles étranges...

Elle avait été réveillée par un raffut dans les sous-sols de la clinique.

Elle avait d'abord cru que les garnements de la ferme étaient revenus pour faire les fous.

La réserve était une véritable caverne aux trésors pour des jeunes enfants pleins d'imagination.

Le repère idéal pour inventer les jeux les plus farfelus au milieu des corps de métal, plus ou moins assemblés, de toutes époques et de toutes tailles, avec tous ces objets étranges qui jonchaient le sol et les étagères jusqu'au plafond.

Keina, d'assez mauvais poil d'être éveillé de si bonne heure, s'arma d'une crosse de fer et se prépara à paraître absolument furieuse et effrayante.

En réalité voir les gamins décamper aussi vite que pouvaient leurs petites jambes la mettait déjà en joie, et elle ricanait doucement à l'affût derrière la porte qui la séparait de la réserve en se préparant à bondir comme un tigre, quand une voix au milieu des fracas de tôles remuées lui fit perdre son sourire sadique.

« Viens voir...Je crois que j'ai trouvée se qu'il te faut ! »

Keina aurait voulu rester derrière cette porte pour écouter la conversation, mais la fureur pris le pas sur la curiosité.

Elle se précipitât dans la pièce, son rôle de démon sortant de sa boite plus vrai que nature, mais au lieu d'enfants apeuré qui détalaient de toute part, elle se trouva face à deux tuneds stoïques face à sa fureur.

Keina crachait tous son venin sur les jeunes filles, elle serrait la crosse d'une manière tout à fait menaçante, mais l'attitude des autres la refroidie après quelques minutes.

Elles ne semblaient pas le moins du monde se préoccuper d'elle...

La brune extirpait quelque chose d'une caisse dans un grand fracas métallique pendant que l'autre, en retrait, la regardait s'époumoner en croisant nonchalamment les bras.

Le regard bicolore la pénétrât tout à coup, et stoppât son élan furieux.

Honteuse de s'être autant emportée, elle posât son arme en équilibre contre un amoncellement de membres et s'approchât en lissant ses cheveux en batailles.

Elle s'adossât de la même manière que la blonde et regardât a son tour ce que faisait N8.

La cyborg svelte disparaissait presque totalement dans un énorme container de métal, elle balançait, de ci de là, des pièces encombrantes, en ressortant de temps à autre déposer au sol diverses choses.

Keina ne voulant pas s'abaisser à poser une, simple mais évidente, question, se plongeât alors quelques minutes dans la contemplations des « choses » que déposaient la tuned à leurs pieds.

C'était des plaques de métal ouvragées, épaisses d'un bon centimètre parfois articulées avec d'autres plaques.

De toutes part des attaches et des sangles jonchaient le sol.

C'était, de toute évidence, une armure, ou quelques choses du genre.

Le tas de pièces augmentaient, on pouvaient y voir un plastron articulé, des coudières et genouillères, des protèges tibias et d'autres identiques pour les avant-bras, un peu plus petits.

Harts immergeât une dernière fois du container, tenant une sorte de casque à la main.

Elle le regardait attentivement, comme le reste de l'armure il était en métal tout cabossé et raillé par l'usure, une simple forme arrondie sans autres fioritures que quelque renfort extrudé de part et d'autre.

N8 regardât sa soeur en fronçant les sourcils avant d'envoyer le casque par dessus son épaule de nouveaux dans les fatras embrouillé d'où elle l'avait extirpé.

Keina ne pu se retenir.

« Pourquoi avoir délaissé le casque ? »

Fünf s'approchât dans son dos et s'agenouillât devant les pièces.

« Ce n'est pas ma tête qu'il faut protéger...»dit elle dans un souffle.

La jeune fille, enveloppé de sa chevelure, tournait et retournait entre ses mains de métal, fin et légèrement bleuté, les rudes plaques de protections.

On aurait dit qu'elle avait été forgée à la main avec le métal le plus grossier qui soit.

Presque aucune brillance, pas un seul reflet de lumière, l'armure était terni par les coups et la poussière.

Fünf, avec un bout de sa manche essuyât un coin de métal, faisant apparaître un semblant de lustre sur cette armure.

Harts, sans rien dire, pris la partie la plus importante.

Elle tenait le plastron articulé dans ses mains et lui décochât une sorte de vibration qui fit tomber la poussière et fit résonner l'air pendant longtemps.

Keina ne pouvait pas comprendre comment elle avait fait cela, mais elle était hypnotisée par tous ce que ces deux filles faisaient.

La blonde s'était redressée et tenait dans une main ses cheveux réunis pour que l'autre puisse lui passer le plastron par dessus la tête.

Les plaques articulées de métal étaient visiblement faites pour une personne plus grande que la jeune fille.

Mais le fait qu'elle soit articulé était pratique, car les partie étant supposée simplement protéger des épaules massives se pliaient et protégeaient ses omoplates, et les parties devant s'arrêtaient au flanc se recourbaient légèrement dans son dos.

Harts accrochait adroitement le tout avec des sangles et des cordons comme si elle serrait un corset.

Fünf tenait ses cheveux dans ses mains pour ne pas qu'ils se prennent dans les sangles.

Keina en voyant cela poussât timidement Harts sur le côté pour qu'elle finisse de lui ajusté l'armure.

Elle entreprit de réunir les cheveux blonds et en fit une tresse serrée qu'elle fermât avec une cordelette qui traîné au sol, puis elle aidât Harts à boucler et ajuster les autres protections.

Keina était gênée.

Elle avait l'impression d'être une intruse entre les deux sœurs.

Elle avait l'impression de participer à un rituel mystérieux, l'impression que quelque chose lui échappait totalement.

Enfin, il ne restât plus aucune pièce au sol.

Harts et Keina se reculèrent pour observer la Tuned blonde.

Comme elle paraissait minuscule dans son armure imposante...

Son visage, dégagé et fragile, regardait de ses yeux, magnifiques et étranges, ses membres sanglés grossièrement de plaques de métal épaisses.

D'abord N5 fit de grands mouvements amples et lents, puis elle se regroupât comme un chat prêt à bondir et effectuât un enchaînement de mouvements virevoltants, presque impossible à suivre des yeux.

Keina était émerveillée.

Comment avait-t-elle fait pour être si gracieuse et si rapide ?

Harts était rayonnante de fierté, un large sourire étirait son visage.

Sa sœur, malgré son corps et son armure peu adaptée, avait prouvée qu'elle était prête au combat.

La perspective de celui-ci lui faisait monter un délicieux sentiment euphorique.

Fünf enfin certaine d'être parfaitement à l'aise dans son armure s'arrêtât dans son élan et regardât sa sœur en souriant elle aussi.

Keina se sentait encore plus exclu, mais elle pris son courage à deux mains et déclara l'air très sur d'elle.

«Je connais un endroit idéal pour un combat, une sorte de place utilisée dans ce but.»

Les soeurs tournèrent immédiatement leur attention vers elle.

Harts fit un pas vers la jeune fille et Fünf battait des cils en croisant les bras.

« Emmène-nous. » soufflât N8.

« Attendez-moi dehors, je vais juste enfiler autre chose qu'une chemise de nuit. »

Et elle partit, avec hâte, sans même attendre de réponse.

Keina se peignât rapidement, noua ses cheveux comme à son habitude en accrochant au bout de sa tresse un poids.

Aujourd'hui se sera celui en ambre et en cuivre.

Elle enfilât rapidement les premier vêtements, un peu sportif, qu'elle trouvât dans son armoire, un débardeur et un jogging, sans couleurs bien définis, et des basquettes montantes, toutes aussi usagées, qui se fermaient pas des scratches.

Elle couru aussitôt au dehors de la clinique après avoir laissé un mot griffonné pour Ido sur la table du salon.

Les Tuneds l'attendaient.

Elles pouvaient enfin se mettre en marche.

Elle remarquât que Fünf tenait à la main l'arme qu'elle avait prise pour effrayer des « salles gamins »...ce devait être encore un autre moyen de les mettre à égalité.

Keina ne dit rien et passât devant pour leurs montrer le chemin.

Jun n'entendais plus rien depuis un bon moment...

Il se demandait se qu'il se passait dans les sous sols, sa curiosité pris le pas sur la douleur et la fatigue et au prix d'un grand effort il se retrouvât debout.

De son bras valide, il enfilât, du mieux qu'il put, un simple short large et long de toile brute qui se fermait par un cordon à la taille.

Il chaussât rapidement des sandales de cuir et descendit les étages en oubliant la douleur dans sa cuisse.

Il arrivât dans le salon.

Sa jambe lui faisait décidément trop mal, il espérait se reposer dans les canapés quand il s'aperçut qu'il y avait déjà quelqu'un dans la pièce.

Ido.

Ido était pensif, assit sur le bord d'un canapé, il avait posé ses coudes sur ses genoux, et regardait, en se tenant la tête dans une main, un petit bout de papier dans son autre main.

Le jeune garçon toussotât pour lui faire part de sa présence tout en s'approchant pour s'asseoir lentement dans le canapé.

« Jun ! s'exclamât le cybernéticien, tu te sent assez fort pour marcher ? »

« Pas vraiment...mais j'avais envie de savoir se qui se passait en bas. »

Ido lui passât alors le mot raturé à la hâte par son assistante.

Tout devient clair alors pour Jun, c'était tellement évident...

Seulement il n'arrivait pas à comprendre quelques chose.

Pourquoi Ido avait il l'air si pensif, tellement contrarié.

« Je le savais. »dit il.

« Quoi ? »demandât Ido.

« Hier soir, elles sont venues dans ma chambre et je les ai dissuadé de se battre...Elles ont juste reportée ça au lendemain...et il n'y a pas de meilleur endroit pour un combat que la place des larmes et du sang... »

Ido semblait encore plus préoccupé par ses pensées mais il ne voulais visiblement pas en faire part à son cadet.

Jun ne se souvenait pas qu'il se soit déjà inquiété pour un combat...

Keina passait son temps libre à s'entraînait là-bas avec tout un tas de cyborgs...

Se pourrait-il qu'il s'inquiète pour le sort des Tuneds ?

« J'aimerai bien assister à ça...soufflât Jun d'un air nonchalant en observant la réaction du Doc. Tu ne voudrais pas m'y emmener dans ma camionnette, je ne pourrais pas y aller moi même. »

Ido le regardait d'un air doux mais qui voulait dire qu'il voyait clair dans son jeu.

« OK !Allons-y ! »répondit il finalement en aidant Jun à se relever.

Tout les deux souriait de façon complice.

Harts et Fünf pénétraient à la suite de Keina dans une sorte d'arène circulaire pavée de pierres grisâtres et uniformes.

Le soleil était à peine levé au dessus des toits de tôles de la ville que la place était déjà occupée.

Des groupes de personnes plus ou moins cybernétisés parlaient, se livraient à des échauffements et des enchaînements de toutes sortes.

Il y avait des combats qui se déroulaient de toute part.

La place était remplie du brouhaha et des cris des combattants, et une odeur de transpiration flottait dans l'air.

« Les anciens ont appelés cet endroit la place des larmes et du sang... »

« C'est un peu pompeux, non ? »demandât Fünf.

Harts fronçait le nez d'un air désapprobateur.

« Nous, nous l'appelons simplement l'arène... »

Keina s'approchât d'un groupe de gars et se posât sur une caisse de fer.

Tout le monde l'accueillait avec enthousiasme.

Elle ne tarda pas à être entourée d'une foule qui lui posait tout un tas de questions pressantes.

« Keina ! C'est vrai se que disent les rumeurs ! »

« Tu as soignée des anges de Zalem ? »

« Le ferrailleur a été vraiment attaqué en dévalisant le Barjack ? »

« Depuis quand il est si téméraire celui-là ! »

« Depuis qu'il est accompagné par des super combattantes peut-être...On dit que c'est lui qui les a trouvés. »

« Keina c'est vrai tout cela ? »

« On pourrait les voir ces filles-là ? »

« On pourrait même les défier ! »

« Vous êtes crétins ou quoi ? »s'exclama la brune en les fusillant du regard, se qui eu pour effet de mettre fin au commérages.

Elle fit un petit mouvement de tête, et tout le monde se retournât pour regarder ce qu'elle leur indiquait.

La place était vide.

Toutes les personnes qui s'entraînaient, avaient senties qu'un événement important allait se produire...

Un spectacle digne d'intérêt.

Tout le monde s'était poussé sur les côtés de l'arène, debout ou assis contre les caisses de fer qui s'empilaient de façon aléatoire pour former la place des larmes et du sang.

En fait ce lieu avait été aménagé depuis des dizaines d'années par les dockers dans un recoin du port de la ferme 21.

Ils l'avaient fermé avec des vieilles caisses de marchandises et d'année en années, les nouveaux travailleurs faisaient monter les gradins pour donner de véritables allures d'arènes à la place des larmes et du sang.

C'est là, dans cette cours pavé, que ce passaient les événements les plus prisés de la ville.

Les gens, combattants ou pas, se réunissaient là bas, il y avait toujours quelque chose d'intéressant à regarder ou à apprendre.

Aujourd'hui semblait encore plus prédestiné au divertissement...

Aujourd'hui...

Sur la place...

Deux jeunes filles s'observaient avant un combat dont l'intensité était déjà palpable.

La rumeur s'était déjà dispersée dans la ville comme une traînée de poudre, et des gens de tout âge arrivaient de toute part pour s'asseoir dans les gradins.

Ido venait de garer la camionnette derrière les rempart de l'arène.

Il voyait des gens accourir et grimper sur les grands escaliers de fortune et il se demandait comment il allait faire avec Jun blessé quand il aperçut un ami de Keina.

Une sorte de grand géant à la tête massive en forme de marteau.

« Khamer ! J'ai besoin de toi, tu peux venir une minute ? »

Il s 'approchât de la portière qu'Ido tenait ouverte et découvrit le garçon au torse nu, recouvert de bandage.

« Le ferrailleur... »grommelât-il de sa voix caverneuse.

Il ne se fit pas prié et attrapât délicatement le jeune homme dans sa main énorme et le posât sur son épaule droite pour que Jun puisse s'accrocher de son bras valide.

Le géant montât, en maintenant Jun par la taille pour être sûr qu'il ne tombe pas, enjambant sans aucun problème les caisses empilées pour monter au plus haut des gradins, Ido le suivait avec moins de facilité.

Il arrivât enfin au côté des deux autres et tournât immédiatement la tête vers la scène où convergeaient tous les regards de l'assemblée.

Le silence était oppressant...

La foule était tendue vers les adversaires qui se jaugeaient au milieu de l'arène.

Les deux jeunes cyborgs étaient éloignées d'à peine quelques mètres.

Harts avait retroussée ses manches à mi-bras, ces cheveux flottaient, lâches dans la brise.

Fünf paraissait minuscule et misérable dans son armure, mais elle était sereine et tenait ferment la lourde crosse de métal à la main.

Aucune des deux ne semblait présenter des intentions violentes.

Elles avaient même l'air particulièrement détendues, mais leurs regards ne se quittaient pas l'une de l'autre.

Mais personne n'était dupe, et tous retenaient leur souffle pour ne pas manquer le début de l'affrontement.

Tous, sauf Jun qui observait à la dérober Ido.

Il se mordait la lèvre inférieure, son visage était crispé et recouvert de sueur, et ses poings se serraient machinalement, tremblaient comme pris de convulsions.

Un sursaut d'horreur !

La foule poussât un cri de stupeur !

Jun se retournât immédiatement vers l'arène...

Les deux jeunes filles s'étaient jaugées du regard pendant de longues minutes, mais leurs bonds simultanés prodigieux avaient mis fin aux préliminaires.

Le combat venait de commencer !

Jun avait faillit être déséquilibré, l'épaule, sur laquelle on l'avait posait plus tôt, s'était renversé en arrière.

Khamer, comme tout le monde avait levé la tête dans le ciel pour observait le combat, mais il n'oublia pas pour autant la frêle créature de chaire, recouverte de bandages, juchée sur son épaule et il saisit prestement une jambe pour l'empêcher de tomber.

Ido avait le souffle coupé, son cœur même semblait vouloir s'arrêter de battre, mais ses yeux exorbités ne pouvaient quitter les corps tournoyants dans le ciel bleu.

Harts et Fünf avaient guettées, chacune, la moindre impulsion venant de l'autre mais elles ne savaient plus laquelle des deux avait déclenchée les hostilités.

A présent, elles chutaient vers le sol.

Harts donnait des coups de pieds en tournant sur elle même, se laissant emporter par sa chute et par ses mouvements.

Fünf bloquait avec sa crosse, ses tibias et ses avant bras protégés.

Elle savait très bien que sa sœur ne donnerait pas toute la puissance de son corps de Tuned.

Même avec son arme et ses protections, elle ne pourrait pas faire le poids.

Mais sa sœur semblait avoir une confiance aveugle en ses capacités, il fallait trouver une faille de se côté-là.

Fünf touchât le sol et bondit en arrière, elle ne faisait qu'éviter adroitement les coups de la brune qui l'avait suivie aussitôt.

Sa longue tresse blonde flottait comme un étendard dans son sillage.

Harts enchaînait gracieusement et de plus en plus rapidement les attaques, on aurait dit qu'elle testait la résistance et la rapidité de N5.

A force de reculer, la blonde vit se qu'elle voulait voir se profiler de part et d'autre de sa vision...

Les gradins...

Elle bondit dans les empilements de caisses, faisants déguerpir tous les spectateurs aux alentours.

Elle se ramassât sur elle-même feignant la parfaite indifférence, comme si se combat était profondément ennuyeux, et qu'elle était résignée à le subir.

Harts bondit vers sa sœur, entourée des ses boucles qui devenait doré en contre jours.

Fünf reculât son pied et pris appuis sur un coin de caisse, bandât rapidement ses muscle de métal, réunissant toute la puissance et la rapidité qu'elle pouvait extraire de ce corps.

Elle bondit furieusement vers sa sœur et bien avant qu'elle puisse se remettre de sa surprise, elle lui assenât un revers de crosse impressionnant dans la mâchoire.

Harts n'avait pas pu l'esquiver, non pas que son corps ou son cerveau ne soit pas de taille, mais le regard bicolore emplie de hargne et de fougue soudainement braqué sur elle, lui avait fait perdre momentanément ses moyens.

Le coup en lui-même ne l'avait pas vraiment blessé mais elle se sentait un peu sonnée, un goût aigre envahis sa bouche, et elle retombât maladroitement dans les gradins en se tenant le crâne.

Mais Fünf ne voulait pas en restait là, elle profitât de l'égarement de sa sœur pour bondir au dessus de cette dernière et se laissât tomber, crosse en avant, de toute sa masse et de toute la puissance qu'elle pouvait trouver.

Harts reçût un second coup plus puissant que le précèdent à la base du cou, achevant de la rendre hagarde, elle ne se senti même pas s'enfoncer voilement dans un flot de lattes de bois brisées et de ferrailles.

Jun n'avait pas compris ce qu'il s'était passé, mais il voyait à présent que la situation s'était retournée.

Harts était visiblement sur le ventre, encastrée dans les débris d'une partie de gradins brisées.

Fünf la rouant de coups comme une furie insatiable.

La foule à présent s'était regroupé à l'opposée du combat et était parcourut de frissons.

Tous étaient tendus, cette furie blonde se battait d'une manière totalement désespérée...

On aurait dit qu'elle n'avais plus les moyens de réfléchir...

...mais tous se trompaient...

Fünf s'arrêtât d'un coup...

Sa force n'était pas de taille à mettre longtemps sa sœur au tapis, déjà elle la sentait revenir à elle, et si elle continuait comme ça, elle se relèverait sans aucun problème.

Fünf plaquât ses paumes contre les omoplates de N8...

« Je peux le faire ! »se dit elle en se mordant la lèvre inférieure et elle plaquât sa sœur au sol de toutes ses forces en se concentrant pour faire jaillir une vibration le long de ses bras qui se répercutait dans le corps étendu.

Harts ouvrit les yeux soudainement comme un démon...

« Hertza Haoen! »

Plus question de retenir ses coups cette fois !

Harts sentie les vibrations dans son dos, mais elle se souleva par la force de ses bras en faisant tournoyer ses jambes à toute allure.

La foule étouffât un cri d'horreur en voyant le corps désarticulé de la blonde projetée violemment dans les airs.

Fünf ne put même pas se réceptionner correctement et son corps effectuât un dérapage sur une dizaine de mètres.

Elle restât étendue comme morte dans la fumée qui s'élevait de son corps.

Harts, elle par contre, sortait haletante des décombres des gradins.

Elle tenait à la main la barre de métal que sa sœur avait posée peu de temps avant.

Son dos fumait et ses bras le long de ses flans étaient pris de violents tremblements.

Tout en marchant vers Fünf, elle tentât de reprendre son souffle et de refaire bouger ses bras endolori par le Hertza Haoen.

Fünf reprit prestement ses esprits, se redressât sur son séant et observât sa sœur s'approcher d'elle.

La brune refermât de rage ses poings, se qui eu pour effet de tordre la crosse dans sa main dans un bruits qui ressemblait à un hurlement roque.

En serrant les dents, elle envoyât rouler la barre de métal aux pieds de N5.

La blonde était toujours assise à terre, elle aussi était prise de tremblements, elle regardât sa sœur avec un regard emplie de rage et de désespoir à la fois.

Elle se saisit de la crosse et se relevât.

Sa tresse était visiblement défaite et se dénouait peu à peu sous la brise.

Fünf fut bientôt comme à son habitude enveloppée de sa longue chevelure.

Elle n'arrivait apparemment pas à reprendre son souffle et à calmer ses tremblements, mais ça ne l'empêchât pas de se jeter sur Harts.

Fünf donnait tout se qu'elle pouvait, elle enchaînait coups de pieds, sauts, coup de coudes, de poings, de crosse...

Mais harts les bloquait tous et trouvait même le temps de rendre quelques coups à sa soeurs.

Celle-ci faiblissait, elle haletait de plus en plus...

Harts, elle, entendait sa respiration rauque et difficile avec inquiétude.

Les coups de Fünf devenaient de plus en plus lents, faibles...

Son corps fumait, et dégageait une odeur de brûlé, puante...

Fünf ne voyait plus rien, ses yeux vitreux étaient voilés par un masque opaque qui ternissait leurs couleurs, mais elle avançait lentement en traînant les pieds, braquant toujours son regard vers sa sœur.

Harts était pétrifiée, dans un craquement sinistre elle vit tombé au sol l'avant bras de sa sœur qui tenait encore la crosse toute cabossée et tordue.

Elle vit chanceler sa sœur, instantanément elle la pris dans ces bras et l'allongeât délicatement au sol.

Harts n'entendait pas la foule pousser des cris de détresses, elle ne vit pas les gens descendre des gradins en masse et s'agglutiner autour d'elles...

Elle n'entendait que la respiration sifflante de Fünf qui ne bougeait plus, allongée au sol, les bras, ou se qu'il en restait, en croix...

Elle ne voyait que son torse qui se soulevait rapidement de façon saccadé...

Elle ne voyait que la fumée s'échapper de son corps, par tous les interstices qu'elle pouvait trouver...

Elle ne voyait que son visage, entouré par un halo de cheveux blond, étalé sur les pavés, que ses yeux vitreux terriblement ouvert, froid et immobile...

Ido accourut et la poussât sans ménagement en arrière.

Il pris sa place agenouillé devant le corps de Fünf et commençât à lui enlever son plastron.

Un cyborg dans l'assemblée lui passât un couteau, et Ido tranchât une a une les attaches dans le dos de Fünf puis il la reposât à plat délicatement.

« Keina ! »cria Ido.

La jeune fille se frayât un chemin dans la foule.

« Je suis là ! »s'écria-t-elle.

Ido sortit de sa poche de pantalon des clefs et la jeune fille les attrapât au vol.

« La camionnette de Jun est garée là-bas ! »dit il en indiquant de son doigts une direction.

Harts voyait la jeune fille à la natte disparaître en jouant des coudes dans la foule.

Ido criât alors de nouveaux ordres et les cyborgs les plus imposant dégagèrent un passage dans les gradins pour faire passé le camion de Keina.

Khamer posât à terre Jun et allât aider les autres à faire une chaîne pour dégager rapidement les caisses.

Keina était déjà là, dans un autre véhicule, celui que Ido utilise pour faire de l'intervention en extérieur.

Elle klaxonnait avec enthousiasme pour les encourager.

La foule ouvrit un passage pour laisser passer le véhicule au plus proche de la jeune fille étendue.

Keina apportant prestement une caisse de secours pour cybernéticien, elle repartie dans la camionnette et demandât à un grand gaillard de prendre une grosse machine et de l 'apporter au Doc.

Celui-ci avait découpé le tee-shirt de Fünf, il caressât du bout des doigts les boulons qui fermait son ventre et choisit rapidement un tournevis adapté.

Il entreprit de déboulonner la plaque ventrale de Fünf, mettant ses entrailles brûlées à nu.

Une fumée encore plus âcre et épaisse, s'échappât enfin.

La respiration de la jeune fille blonde était toujours aussi alarmante, mais Ido consciencieux finit de lui ouvrir la cage thoracique.

Il prit des tuyaux qui partait de la grosse machine que l'on venait de déposer à ses cotés et commençait à débrancher des organes dans les entrailles de Fünf et à les reconnecter sur l'appareil.

Keina alluma alors toutes sortes de commandes et la machine se mit en route faisant fonctionner les différents canaux au fur et à mesure qu'Ido les branchaient.

Ido ainsi que toute la foule était pendue aux lèvres de Fünf d'où s'échappait petit à petit une respiration moins saccadée et rocailleuse.

Fünf battit des paupières et déglutit...

Ce fut le signal, et la foule poussât un immense soupir de soulagement et fit une ovation joyeuse pour un Ido rayonnant.

Le grand gaillard reprit délicatement la machine qui alimentait le corps inerte de la jeune fille, Khamer la pris délicatement dans ses mains immenses et tout deux déposèrent le précieux fardeau dans l'arrière de la camionnette.

Ido restât à ses côtés et Keina montât prendre le volant, elle cherchât un instant si Jun était dans les parages mais ne le trouvant pas, elle mit le moteur en marche et partie aussitôt.

La foule était survoltée après les événements de la matinée, bon nombre restèrent à discuter avant de se disperser vers d'autres occupations.

Tout ceux qui n'avais rien à faire de spécial partir en direction de la clinique de Daisuke Ido pour avoir plus rapidement des nouvelles sur cette jeune fille étrange qu'ils avaient vu défier si sauvagement bien plus fort qu'elle.

Jun se retrouvât seul.

Hagard...

Il avait tenté de retrouver Harts mais dans la foule, il avait juste eu le temps de la voir disparaître...

Et maintenant...

Il était au milieu de l'arène...

Il tenait sa casquette à la main, ses cheveux étaient entraînés par la brise...

Il tournait sur lui même, en cherchant la Tuned brune du regard...

Le bruit de la foule s'éloignait et le silence s'écrasât sur la place...

C'est alors qu'il la vit...

Elle était en haut des gradins et tournait dos à la place...

Bon...

Il allait falloir grimper !

Jun ravalât sa douleur et commençât son ascension des gradins...

Dur dur !

Il s'assit enfin à côté d'elle, tout son corps était douloureux mais il n'en fit rien paraître.

Il regardât la Tuned à la dérober...

Elle était recroquevillée sur elle-même...

Ses bras entouraient ses jambes réunies contre sa poitrine...

Son visage était enfoui dans ses cheveux, appuyé sur ses genoux...

Visiblement, le peu qu'il en voyait était envahis par les larmes...

Halala...

Une fille qui pleure...

Mon dieu que c'est difficile...

Jun ne savait pas quoi faire dans cette situation...

Il passât en revue dans sa tête tout se qui pourrait la consoler...

Lui parler ?

Lui dire que c'est pas grave...blablabla...après tout vous êtes deux machines de guerres, c'est normal de s'entre-tuer entre sœurs...

Hum...ça à pas l'air top comme manière de consoler...

Euh...

Lui caresser l'épaule d'un air compatissant ?

Pourquoi pas la prendre dans ses bras tant qu'on y était !

Mais il ne pouvait pas rester sans rien faire non plus...

Ralala...

« ...Harts...ne...ne pleure pas... »

En disant cela, il ne put s'empêchait de lui caresser une boucle de cheveux pour enlever un débris de bois.

« ...Harts...s'il te plaît...regarde moi...parle moi... »

La jeune fille frémit et étouffât un sanglot.

Jun ne put s'empêcher de la serrer de son bras valide, à moins que ce ne fut Harts qui se jetât contre lui.

Elle pleurait sans retenue le visage enfoui dans ses cheveux contre son épaule recouverte de bandages.

Jun souffrait mais il la laissait aller contre lui en l'entourant du mieux qu'il pouvait.

Il lui murmurât à l'oreille des mots doux et rassurants, il ne s'en souvenait plus aussitôt qu'ils les avaient dit...

Il restèrent ainsi longtemps en regardant le port s'affairer.

Et même quand les larmes de la Tuned cessèrent de couler, elle laissât sa tête contre lui et lui son bras autour d'elle.

Puis elle se ressaisit, s'arrachât à son étreinte, et bondit sur les toits sans même lui jeter un regard.

Jun la regardât disparaître comme la nuit dernière, bondissante comme un chat.

Bon...

Je ne m'en suis pas trop mal sortie finalement...

Jun se retournât, faisant la moue devant la descente...

Une vrai partie de plaisir...