TUNED

CHAPITRE 8: Embarquement

Depuis trois jours, Jun attendait...

Il s'accoudait à la fenêtre de sa chambre, écoutant ses blessures guérirent, guettant quelques choses...

Depuis le combat, le temps semblait s'être suspendu...

Ido gardait jalousement, dans une salle d'opération, la sœur blonde...

On n'avait vu ni l'un, ni l'autre depuis trois jours...

Keina s'occupait seule de la clinique, soignant les blessures occasionnelles qui s'amenaient de temps à autres...

En faite, elle était surtout accablée, Jun le voyait, d'un sentiment oppressant...

La plupart du temps, elle errait désœuvrée dans les couloirs ou restait prostrée dans un siège...

Elle aussi attendait-elle quelques choses ?

Non...

Jun avait plutôt l'impression que pour elle, quelques choses d'irréparable s'était produit, et que résignée, elle regardait les événements s'enchaîner lentement sans ne plus rien pouvoir y faire...

Parfois Keina venait dans sa chambres lui tenir compagnie silencieusement, omniprésente, elle regardait avec lui par la fenêtre puis repartais sans rien dire...

Rien aujourd'hui non plus ne s'était produit, mais pour elle s'était déjà trop tard...

Jun ne comprenait pas, il était perplexe mais ne tentait en aucune manière de percer les sentiments de la jeunes cyborg.

Il sentait que le mutisme de cette dernière cachait quelques choses de tabou.

Un frisson le parcouru.

Le soleil se couchait.

Elle n'était pas revenue.

Jun venait de finir le repas que Keina lui avait apporté, celle-ci comme tout les soirs était partie chercher de quoi lui nettoyer ses plaies et lui refaire ses bandages.

La blessure de la cuisse, qui était la moins grave, était recouverte d'une croûte bien dur, celle-ci n'avait plus besoin que l'on s'occupe d'elle, bien que sa jambe soit encore douloureuse.

Quant à celle de l'épaule, celle où la balle avait traversée tout le corps, Keina la désinfecta scrupuleusement avec un coton imbibé d'une lotion nettoyante puis d'une autre favorisant la cicatrisation.

Jun savait très bien que son dévouement n'était pas vraiment par amitié pour lui ou encore dû au fait qu'elle était une infirmière, mais plutôt en raison de la chaire.

Keina était cybernéticienne, bien qu'un jour elle avait été humaine, il était probable qu'elle ne se souvienne même plus des sensations que cela produisait...

La chaire pour elle était inconnue, la chaire blessée et suintante était sans doute effrayante pour elle.

Elle avait soignée quelques fois des êtres de chaire et de sang mais toujours en compagnie d'Ido.

Maintenant elle avait à charge cette blessure, Ido lui avait donné des instructions qu'elle suivait très minutieusement à la lettre.

Les plaies de l'épaule s'étaient rouvertes, il y a trois jours, elle avait été effrayée de revoir le sang maculer les bandages mais ce n'était finalement pas grand-chose.

La cicatrisation était en bonne marche, bien qu'il faille nettoyer les plaies de leur pue chaque jours tandis que la chaire alentours était à vif.

Jun tentait de détendre l'atmosphère en se moquant de ses attentions, mais s'était peine perdue.

Tout à coup, tout deux se tendirent.

Un bruit !

Ils se précipitèrent à la fenêtre pour apercevoir dans la nuit une silhouette qui se faufilait doucement.

« Ce n'est pas elle. » soupira le jeune homme.

« C'est Ido... » lui répondit Keina.

« Ido ! » s'étonna Jun.

Ido ?

Cette silhouette entourée de mystère, ce long manteau au col relevé fortement ?

Ce chapeau enfoncé jusqu'au oreilles ?

« Il sort ainsi chaque nuits depuis trois jours...tu le remarque seulement se soir ? » reprit Keina, « Il est vrai que cette nuit il est plus pressé... moins discret... »

« Pourquoi fait-il cela...ça ne lui ressemble pas cette attitude. »

« Je ne sais pas vraiment...peut être que ça lui ressemble plus que ce que tu crois. »

« Est-ce qu'il la cherche ? » susurra Jun.

« Peut être... »

Keina se retira silencieusement, enfin elle décida d'agir un peu en attendant le retour du cybernéticien. Là, elle l'obligerait à parler, à cracher la vérité.

Assise dans le salon obscure, Keina attendait tandis qu'assis à l'embrasure de sa fenêtre, Jun attendait aussi.

Une heure avant l'aube, l'est se teintait d'un raie de rose pastel, et Ido choisi cet instant pour rentré enfin chez lui.

Malgré sa nuit blanche, il était animé d'une force que bien peu de gents avaient su discerner chez lui, le doux et aimable cybernéticien.

Alors qu'il enlevait son manteau et son chapeau et se dirigeait vers sa chambre pour les déposer, un bruit de froissement de tissus se fit entendre dans la pénombre, des pas puis la lumière fut.

Keina venait d'allumer la lumière et bloquait le passage dans l'embrasure de la porte le regardant comme un rapace.

« Ido, met toi à l'aise je t'apporte du café. » dit elle en se dirigeant implacablement vers la cuisine.

Le Doc soupira avec un brin d'amusement, alla déposer ses affaires dans sa chambre mais revint comme lui avait ordonnée son assistante.

Ido s'assit dans le canapé et Keina vint s'asseoir face à lui en posant un petit plateau sur la table basse.

Elle prit une la petite cafetière et remplit les deux tasses du liquide noir, brûlant et parfumé, mettant le nombres exacte de sucres qu'il convenait au Doc, puis elle pris sa propre tasse et bu lentement tout cela sans jeter un regard à l'homme en face d'elle.

Ido soupira et pris à son tour la tasse restante, tout deux buvait paisiblement dans une atmosphère lourde et tendue.

Keina posât assez peu légèrement sa tasse, et redressât enfin la tête, tout en croisant les bras.

Ido continua à boire à petites gorgées.

« Cela fait plusieurs jours que tu t'affaires en secret Ido, vas tu me dire enfin ce que tu fais ? »

Celui-ci posa sa tasse mais ne répondit pas pour autant et donc Keina poursuivit.

« Tu ne m'as pas demandé ton aide la première fois que cette machine, N5, était en lambeaux, et à nouveau tu n'a pas plus besoin de moi. »

Ido cherchât une autre position tant il se sentait peu à l'aise, mais la jeune fille ne s'arrêta pas pour autant avec ces questions pertinentes.

Au bout d'un moment, Keina marqua une pose, cherchant ses mots avant de reprendre.

« Je sais que tu as une affection absolument hors de propos pour cette créature...Tu une fille, peut-être même plus...Tu la gardes jalousement, ne permettant personne de la voir à part toi. Tu aimes la construire, la remodeler de tes mains... tu la garde endormie dans tes appartements, parce que tu sais que si tu lui permets de se réveiller, elle t'échappera encore et encore... »

Ido pâlit d'une façon déconcertante, il essayât de répondre mais en vain et son assistante poursuivit de sa voix monocorde mais empreint d'accusations.

« Je te connais bien mieux que tu ne le penses et je sais encore mieux que toi pourquoi tu fais cela...Mais il y a une chose que je ne comprend pas... »

Ido redressât la tête, les poings crispés attendant la question qui semblait vouloir l'achever.

« Cette fille n'est qu'une machine ! Son corps n'est qu'une machine vide sans âme ! Dans son crâne, il n'y a qu'une puce de métal ! C'est un ordinateur à forme humaine ! Pourquoi es-tu si attaché à elle ?! »

Ido abattit son poing sur la table.

« Tait-toi ! Comment peut-tu être dépourvue de sentiments à ce point ! Tu ne vois pas qu'elle est...qu'elles sont humaines ! Il y a forcément une explication ! Keina, tu dois les considérée comme des patientes, des HUMAINES ! »

Ce fut au tour de Keina d'abattre sauvagement ses deux poings sur la table, elle était à demi redressée et regardait Ido avec toute la fureur du monde, ses yeux semblaient crier quelques choses.

Elle se rassit en croisant les bras, avant de dire, « Ainsi pour toi ces puces seraient comme la sauvegarde de leurs esprit dans une matrice plus résistante... »

« Quelque chose comme ça... » répondit Ido déstabilisé.

« Il n'y a rien de gênant à cela, je suppose ? »

« Non, absolument rien ! » affirma-t-il mal à l'aise.

Keina le regarda dans les yeux avec un regard empreint de tristesse et de reproches.

« Cela n'explique pas pourquoi tu t'occupes avec tant d'attentions de cette fille... »

« C'est assez difficile à expliquer... » Il marquât une pose... « Quand je suis avec elle, quand je l'ai vu dans son état la première fois, quand je l'ai réparé... » Ido regardait ses mains... « Cela m'a rendu nostalgique...J'ai eu l'impression de toucher quelques choses enfoui au fond de moi... »

« ...peut être retrouve-tu la mémoire... » avança timidement Keina.

« Je ne sais pas...Au début je le pensais, mais en fait c'est plutôt comme des émotions...rien de concret en fait... »

Keina soupira...

« Que faisait-tu ces trois nuits ? »

« Je...je prenais des dispositions... »

« A quel propos ? »

« Et bien j'ai des contacts, j'ai d'abord cherché des pièces de remplacement pour son corps... puis j'ai pensé que ça ne serait pas suffisant... »

« C'est-à-dire ? »

« Je me suis mit en contact avec des armuriers de Kuzutetsu pour lui trouver un corps de combat bien plus résistant... »

« ...Kuzutetsu...rien que ça... »

« J'ai pris toute les dispositions qu'il fallait, je te l'ai dit ! J'ai réservé un emplacement pour faire monter une camionnette dans le train en direction de la décharge...J'ai déjà contacté des gens là-bas...le départ est pour la semaine prochaine, le train arrive dans trois jours et repart deux jours après. »

Keina bouillonnait de rage.

« Et tu compte me laisser TA clinique sur les bras pendant ce temps ! »

« Allons pourquoi t'énerves-tu ! Ce genre de choses est déjà arrivé. »

« Laisse Jun y allé ! »

« Quoi ! »

« Il a l'habitude des voyages ! C'est son travail ! Et ses blessures son bien soignées, il n'y a plus de risque d'infection et la guérison est en bonne voix ! »

« Mais voyons...ça ne le concerne pas ! »

« Il serait accompagné ! »

« Tu l'accompagnerait ? »

« Mais non ! Moi je resterait ici avec toi ! Harts l'accompagnerait, elle veillerait sur lui et le protégerait de tout se qui pourrait arriver ! Et puis je suis sur qu'elle serait heureuse de chercher un corps pour sa sœur ! »

« Mais... »

« Et toi tu resterait ici ! Tu soignerais les gens, tu apprendrais à vivre à ta petite protégé loin de la violence dans laquelle l'entraîne sa sœur ! »

Ce dernier argument eu raison de la volonté d'Ido, il fléchit et assistât au soleil levant en discutant des préparatifs avec son assistante.

Le lendemain il informerait Jun de sa proposition de travail.

Keina assura qu'elle trouverait Harts à temps.

Et Keina trouva, en effet, Harts...

Comment fit-elle ?

Et bien, elle était comme une sorte de mascotte pour la ferme 21, sa popularité n'était plus à faire, et presque toute la ville l'adorais...mais, elle, croyait qu'elle inspirait le respect.

Elle ordonnât, avec fougue, dans toutes les rues, dans toutes les brasseries, de chercher la Tuned brune...on l'obéit, non pas par respect, mais par curiosité pour la cyborg introuvable, et affection pour elle.

Et harts fut trouvée...

Personne ne la dérangeât, mais les dockers d'un secteur l'avaient aperçut comme un chat, errant parmi les cordages et les marchandises.

Keina, mise aussitôt au courant, était venue le plus vite possible et avait fait le reste.

Elle exposât à N8 la situation, ce qu'elle espérait qu'elle fasse, ses craintes...

La Tuned l'écoutât sans mots dire et acceptât tout avec de simples hochements de tête.

Keina se retira, la laissant derrière elle, visiblement Harts ne voulait pas rentrer à la clinique cybernétique, mais elle lui assurât qu'elle viendrait...dans cinq jours...à la gare...

Junelong fut moins facile à convaincre.

Il croisât les bras, pesta contre ces idées saugrenus, s'offusquât que se soit Ido qui soit derrière tout cela, se moquât des supplications de Keina, puis se calma au nom de celle qui devait l'accompagner.

Keina s'amusa à le charrier, mais elle était si contente qu'elle parti bien vite lui préparer un petit plat.

Keina, pendant ces quelques jours fut la plus adorable et la plus attentionnée des infirmière.

Elle se chargeât aussi de préparer tout se qu'il fallait pour un voyage aussi impressionnant.

Prendre le train nucléaire qui traverse les plaines désertiques et mal famées du continent en direction de la ville flottante et de sa subalterne de poubelles.

Keina pris la camionnette de Jun, elle lui aurait bien passée celle de Ido, bien plus performante, mais celui-ci ne voulait pas se détacher de son vieux tacot.

Elle la remplit de diverses choses, vivres, caisses de médicaments pour soigner le jeune homme, ainsi que quelques armes et munitions qu'elle dissimulât dans un faux fond.

Elle expliquât au moins une centaine de fois à Jun que les armes était interdite à Kuzutetsu, et que les armes devaient ABSOLUMENT rester cachées, là-bas, par contre on ne sait jamais si le train est attaqué par une bande du Barjack ou autre.

Jun lui en fut extrêmement reconnaissant, même si la Tuned était en soi une armure imparable, il appréciait le fait d'avoir les moyens de se défendre seul.

La trappe des armes fut correctement camouflée et recouverte par d'autres caisses.

En cas d'urgence Jun pouvait y avoir accès par-dessous la camionnette.

En cinq jours les blessures de Jun eurent le temps de cicatriser en bonne partie.

Son épaule était encore douloureuse et tenue en écharpe contre son torse, mais il n'avait plus besoin de bandages, et sa jambe n'était presque plus douloureuse.

Il avait souvent marché le long du quai pour observer le train.

Tellement impressionnant !

Il avait eu l'occasion d'assister à la mise en place d'un recrutement de mercenaires pour défendre le train.

Cela voulait donc dire que les recrues engagées à Kuzu avaient été quelques peu ébranlées.

...une attaque...

Beaucoup de marchandises avaient été embarquées, ainsi que son véhicule.

Ido s'était chargé des billets, tout était en ordre et il allait embarquer.

Il était seul.

« Ne t'inquiète pas ! Elle viendra ! » lui avait assurée Keina.

« Oui, oui... » répondit Jun en montant avec d'autre passagers.

Ils n'y avaient pas beaucoup de monde, de simples passagers comme lui, mais quelques mercenaires étaient montés dans ce wagon là, on les reconnaissait à leur allure plutôt imposante, leurs armes et une armada dans leurs dos.

Jun montât par un escalier de fer et se posât comme les autres sur le toit large du train.

Le train se mit à bouillonner sur lui-même et dans un vrombissement il tira sa masse hors de la ville d'eau et de bois.

Jun fit un signe de la main à un Ido stoïque et une Keina surexcitée qui lui faisait de grands signes de la main.

Harts se faufila dans les couloirs de la clinique.

La porte était verrouillée...évidement...

Elle brisa le loquet comme du verre, et entra dans la salle d'opération.

Fünf comme la première fois dormait sur une table d'opération.

Son corps était toujours ouvert avec des tuyaux qui l'alimentent à partir d'une machine ronronnante.

Harts s'approchât de la machine et chercha parmi les boutons, pour finalement en actionner quelques-uns.

Elle s'assit au bord de la table et regarda Fünf s'éveiller.

« Pourquoi tu te laisse faire ? » la sermonnât-elle.

« Tu es jalouse ? » lui répondit La blonde encore toute ensommeillée.

« Mmf... » bougonna Harts le sourire aux lèvres.

« Pourquoi es-tu là ? » demanda N5 en ouvrant les yeux.

« Je m'en vais... »

« Où ça ? »

« A Kuzutetsu...te chercher un corps... »

« Ooh ... »

« Tu es jalouse ? »

« Bien sur... »

« Et bien à la prochaine...petite sœur. »

« Bonne chance, grande sœur. »

Harts absorba le regard bicolore tendre de sa sœur, puis elle sauta de la table et actionna à nouveau les boutons pour la replonger en état inconscient.

« Merde...je dois être en retard. » dit-elle en souriant férocement.

Le train ne faisait à présent pratiquement plus de bruit mais il allait à une vitesse vertigineuse, prenant encore et encore de la vitesse.

Jun soupirait, il sorti de sa poche des papiers que lui avait passé Ido, faisant dos au vent, il feuilletât les instructions, les autorisations, les adresses écrites.

Tout à coup il fut attiré par des éclats de voix.

« Regardez ! » s'exclamât un grand balèze cybernétisé, un mercenaire.

Jun vit une ombre féminine courir au côté du train.

...Harts...

Jun était hypnotisé par sa vitesse et sa grâce, elle soulevait derrière son ombre un fin nuage de sable et elle bondissait plus vite qu'une panthère quand un obstacle se présentait à elle.

Mais il fut sorti de sa rêverie en voyant les mercenaires commencer à la viser et à tirer !

Il rangeât nonchalamment les papiers dans ses poches et s'approcha d'un homme qui semblait être le chef.

« Arrêtez ça ! » dit-il en lui tendant ses billets.

Les autres mercenaires continuaient à tirer tandis que leur chef consultait les billets.

La Tuned semblait voler entre les rafales.

Finalement le chef levât un bras en criant un ordre et tous se rassirent, regardant la jeune silhouette faire la course avec le train.

Bientôt le train allât si vite qu'elle commençât à se faire distancer et elle daignât enfin sauter à bord.

Harts était accroupie comme un fauve avant de bondir sur sa proie, personne n'aurait cru qu'elle venait d'accomplir ce qu'elle venait de faire.

Les mercenaires enthousiasmés, applaudirent et poussèrent des vivas, tandis que N8 replaçait ses mèches désordonnées.

« N'importe quoi... » maugréa Jun en détournant les yeux de ce spectacle pour se replonger dans ses papiers.

Harts s'assit à ses côtés et souri, regardant le désert aride défiler à toute vitesse.