Titre : Je dois revivre.
Auteur : Clôtho
Source : Gundam Wing.
Couple : 1x2
Genre : angst à fond, shounen ai, espoir.
Disclaimer : Je crois pas que les G-boys seraient d'accord pour m'appartenir de toute façon alors...
Petite note de l'auteur à celui ou celle qui va lire cette fic : Je l'ai écrite pour le concours de Hatchan, j'espère que ça respecte les règles... Sinon, tant pis, je me serais bien amusée à écrire cette fic ! lol Bonne lecture !!
Encore un grand grand merci aux personnes qui m'ont reviewvé, Yuna (clin d'œil à ma complice), Misao, (merci à toi pour tes compliments, et tout le reste), Itchy-chan (en pensant à tous nos délires et aux sourires que tu fais naître en moi), Hina Maxwell,( merci pour ta review, voilà la suite miss !! ) Chris (merci d'aimer et de lire, et avec quel enthousiasme !) Calamithy (Merci pour ce mail si bien construit et ce fou rire donné a propos d'une certaine natte... ) et à Miss AngelLove (Merci encore pour ta review, elle m'a fait très plaisir !!)
Raziel : Je n'ai pas ton adresse e-mail donc, je n'ai pas pu te répondre directement... gomen nasai ! Donc, je voulais juste te dire un grand merci pour ta review qui m'a fait très plaisir !! J'adore les reviews !! lol Merci pour ton compliment et donc, comme tu me la demandes, voilà la suite !
Un merci tout particulier à Chris pour m'avoir mise dans ses favorite author, (c'est me faire une sacré confiance dès la première fic !) ainsi qu'à Misao girl à Hina Maxwell et à Dodie-Ange pour avoir coché la case des author alert !! (là, aussi, vous avez pas peur... lol)
Evidemment, Yuna, je ne t'oublie pas ! Mais toi, je t'ai déjà remerciée mais je te préviens tu sais pas ce que tu risques en me rajoutant dans tes author... lol
Ptite note de l'auteur 2: Bonne lecture à tous, j'espère que ce second chapitre vous satisfera autant que le premier et ne vous décevra pas trop... En tout cas, encore un grand merci à tous, je vous fais de gros bisous ! (Oui, avant que vous ne lisiez la suite, on sait jamais... après, je risque de prendre quelques vents... lol)
Je dois revivre :
Partie 2 : RespirerHeero était debout, dans le salon, et le fixait.
Duo s'assit dans un fauteuil et ferma les yeux.
-Je deviens vraiment fou. Tu n'es pas là, je le sais, murmura t-il.
« Si, » répondit la voix familière.
-J'y croyais moi ! J'y croyais à la paix ! cria soudain l'américain en relevant la tête vers le japonais.
Heero s'approcha du jeune homme et s'assit à ses côtés.
« Tu ne crois pas que tu devrais arrêter, maintenant ? » demanda t-il d'une voix posée et complètement détachée.
-Arrêter quoi ? Ce cauchemar ! Tu peux pas savoir combien de fois j'ai souhaité me réveiller ce fameux matin, et recommencer, tout recommencer ? Apprendre que Quatre allait se marier, et que je serais un de leur témoin, apprendre que tu avais refusé sans donné d'explication, savoir que j'allais au travail, rire avec mes collègues, rentrer chez moi, fatigué, mais content de ma journée et me coucher, dormir et me réveiller sur un matin, tout neuf, un matin que je n'ai jamais vu !
« Tu ne peux pas changer le passé. »
-Merci, j'avais remarqué, répondit le natté d'un ton amer. Le passé me colle à la peau, il reste là, accroché, et j'ai beau frotter, frotter jusqu'au sang, il est là, incrusté, comme une tâche qui s'accroche et ne me quitte plus. Après la guerre, j'ai voulu vivre comme tout le monde, Heero, je te jure que j'ai essayé ! Toi, tu es parti en voyage sans nous laisser un numéro où te joindre. Moi, je n'ai pas compris ce que tu faisais. Je n'ai pas compris.
« Et maintenant, tu comprends ? » demanda doucement le japonais.
-Oui, j'ai compris. Tu voulais d'abord faire le point. Savoir ce qui changerait de ce qui ne changerait pas. Disons que tu as été le moins naïf de nous tous. Il fallait faire le point. Rester posé.
« Je suis revenu, » continua le japonais en haussant les épaules.
-Et tu as refusé d'être le témoin du mariage de ton meilleur ami, et je me suis fait enlever.
« Je ne voulais pas. Je ne peux pas être le témoin d'un monde blanc. Ils reconstruisent leur vies à deux, ils ont compris que la guerre n'était pas finie, qu'elle continuait chaque jour, mais ils ont décidé de la mener. Ils la font cette guerre, tous les jours, en s'aimant. Ils construisent leur vie, à deux, ils forment leur bonheur. Je ne me sens pas à ma place dans ce bonheur. »
-Moi, je voulais le partager, le croquer à pleines dents, ce bonheur, en arracher un bout et le garder pour moi tout seul. Et j'ai compris que je ne l'aurais jamais avec l'enlèvement. Ma sécurité est partie, je n'étais plus à l'abri. La première chose qu'on assure quand on est soldat c'est sa sécurité, tu sais ? La mienne a volé en éclats. Je n'ai pas pu recoller les morceaux, alors j'ai fabriqué un autre vase. Je m'y suis enfermé et j'ai survécu. J'ai fui tous ceux qui pouvaient la compromettre, ceux qui étaient capables de passer à travers la gaine de verre, et j'ai reconstruit ma vie ici.
« Reconstruit ? Duo, regarde-toi, tu trembles au moindre bruit, tu ne vis plus. Ta protection, tu t'y es enfermé. Tu t'y crois à l'abri mais si le feu vient, comment feras tu pour en sortir ? Tu as jeté les clés. »
-Je me protège de tout. Rien ne peut m'atteindre ! Je ne serais plus jamais déçu par quoique ce soit !
« Tu ne seras plus déçu, plus surpris, plus enchanté par rien, c'est sûr, répondit Heero à la pointe de la nonchalance. Es tu protégé contre toi-même ? Tu te détruis tout seul, tu n'as même pas besoin des autres. »
-Et tu l'as, toi la solution ? La clé ? Tu l'as trouvée peut être ?
« J'ai cherché une réponse à mes questions en partant après la guerre. Quand je suis revenu, j'avais toutes mes réponses, oui. Duo, tu dois vivre, pour toi, pour tes amis, pour vivre tout simplement. Tu crois qu'en t'enterrant, tu vis ? Tu es comme dans cette cave, sauf que le kidnappeur, c'est toi. Ouvre ta porte et accepte le monde extérieur. Bien sûr qu'il faut savoir se protéger, mais pas comme ça. Pas comme tu le fais. Ouvre les fenêtres, les volets, le soleil ne te fera aucun mal. »
-Je ne peux pas, gémit le natté. Je ne peux pas, ils pourront entrer...
« Qui ? Mais qui, Duo ? Des voleurs ? Des terroristes ? Des tueurs ? Tu crois qu'ils n'ont que ça à faire que de s'occuper de la taupe que tu es devenue ? Et même s'ils le voulaient, tu crois vraiment qu'ils n'auraient pas su passer tes barrières ? Ouvre les yeux Duo, tu n'es pas recherché, personne ne te cours après. Le monde a toujours été dangereux, et tu sais te défendre. Tu n'as pas a en avoir peur. »
-Qui me défendra ?murmura Duo. Qui pourra me défendre ? Je suis seul.
« La faute à qui ? Après ton enlèvement, nous étions prêts à rester auprès de toi, à te protéger, à prendre soin de toi, et tu es parti ! La faute à qui, Duo ? »
-Je voudrais tout effacer, tout recommencer du début. Je ne veux plus vivre comme ça !
« Ouvre les fenêtres, laisse entrer le soleil dans cet appartement. Il a trop longtemps été ta prison. »
L'américain se releva en tremblant, gardant les yeux du japonais dans les siens, et avança. Il regarda avec appréhension les rideaux qui lui faisaient face. Il se retourna vers le jeune homme, une lueur d'angoisse perçant sur son visage.
-Je ne peux pas, je ne peux pas, Heero, aide moi.
« Duo, n'aie pas peur. »
-Je ne peux pas. Je... Le soleil brûle aussi, s'exclama t-il soudain.
« Quand on ouvre son cœur, on laisse entrer le bon et le mauvais, c'est la vie. »
-Est ce que ça vaut le coup ?
« Regarde Quatre, regarde Trowa. Ils se soutiennent mutuellement dans les mauvais moments et créent le bon. »
-Pour toi, est ce que ça vaut le coup ? As tu trouvé le bon ? Moi je crois que tu n'as vu que le pire, Heero. Je crois que tu te dis que puisque tu as vécu tout le pire, tout ce pire, tu ne peux plus que vivre du bon. Mais c'est faux ! Complètement faux ! Tu te crois dans un rêve, mauvaise nouvelle, la vie c'est pas un conte de fée, mon pote !
« Pour moi... Pour moi, c'est différent. Je suis fort. Je n'ai besoin de personne pour me protéger. Je ne me terre pas dans mon appartement. J'ai trouvé le meilleur de ma vie, et il me fait vivre le pire. Ouvre le rideau Duo, s'il te plait. Je veux sentir que tu vas mieux. »
-Pourquoi ?
« Je te protègerai. Je te le promets. Tu n'auras plus peur la nuit, et tu ne cacheras plus ton visage sous tes genoux. Ouvre le rideau, Duo, onegai. »
L'américain tira doucement le rideau. Le soleil filtra à travers les vitres et éclairait la pièce. Le canapé, les fauteuils, tout prenait une autre couleur.
-Et maintenant ?
« Maintenant, tu reconstruis. Maintenant que tu vois la vie telle qu'elle est, sous la lumière crue du jour, maintenant, relève toi. Ouvre la fenêtre. »
Le natté obéit, sans même protester. L'air frais lui caressa le visage dans une caresse bienfaisante. Quelque chose en lui se réveilla. Autrefois, oui autrefois, il aurait aimé courir dans ce vent et respirer cet air. Il aimerait...
Il sentit un souffle contre son cou et tourna légèrement la tête. Heero le tenait dans ses bras, le serrant contre lui.
« Pourquoi tu n'y vas pas ? demanda t-il. »
-Je ne sais pas... Je voudrais... Je voudrais savoir me défendre avant.
« Tu en as vraiment besoin ? »
-Je crois oui. Je veux être sûr que je pourrais faire quelque chose. Etre sûr de moi, avoir confiance. Même si je ne m'en sers pas, je veux avoir confiance en moi.
« Alors, entraîne toi, répondit le japonais en haussant les épaules. »
Il se recula doucement et s'adossa contre le mur du fond, observant avec attention le moindre mouvement que pourrait faire le natté.
Celui-ci avança dans la pièce, sortit un couteau de sa natte lentement et visa le mur. Il le lança d'un coup sec et le couteau tomba à terre.
« Plus fort. Plus droit, » fit la voix d'Heero derrière lui.
-D'accord, répondit-il avec détermination.
Il lança un deuxième couteau plus fort, plus rapidement. Il se planta sur le mur et y resta enfoncé.
« C'est mou. N'importe qui pourrait faire ça. Tu ne fais pas le poids. »
Heero se déplaça lentement et plaça au milieu un bout de tissu rouge.
« Vise. »
Le natté visa et envoya un premier couteau. A côté. Encore un autre. A côté. Encore. A côté. Encore. A côté. Encore. A côté. Encore. A côté.
Toujours à côté.
Au bout de deux heures il y parvint enfin. Pendant tout ce temps, Heero n'avait cessé de le soutenir, lui donnant des conseils toujours avisés, quelquefois blessants.
Lorsque enfin Duo y parvint, le jeune homme était exténué. La fatigue l'envahissait peu à peu, et il sentait ses paupières se fermer toutes seules.
Il commença à se diriger vers sa chambre lorsqu'il s'arrêta.
-Heero ?
"Hn ?"
-Je... Non, rien.
L'américain s'allongea sur son lit et se glissa sous les couvertures. Mais dès qu'il ferma les yeux, il sentit le froid l'envahir. Les pas sur la moquette. Les cris quand il était dans la cave. La faim. La peur. Sans qu'il s'en rende compte, il commença à trembler.
-Je sais me défendre alors pourquoi, pourquoi ? protesta le natté en pleurant.
Sa rage était telle qu'il griffait les draps, passait son poing fermé sur les couvertures, appuyant fortement, jusqu'à ne plus sentir ses doigts. C'est alors qu'il sentit une main se refermer sur ses poings. Heero s'était assis sur le lit et retenait ses poings.
« Parce que tu n'as personne pour te protéger, toi. »
-Alors protège-moi Heero. Protège-moi s'il te plait.
Le japonais se glissa à son tour dans les couvertures et serra contre lui le corps du natté.
« Je te protège Duo, mais promets moi que tu ne t'enfermeras plus. Ne me ferme plus ton monde, onegai, chuchota-t-il avant de s'endormir à son tour contre le jeune homme qui s'était blotti contre son cœur. »
Quand Duo se réveilla le lendemain, le lit était vide et il était allongé sur la moquette. Il ne s'était jamais relevé, il n'avait jamais été vérifier pour le bruit qu'il avait entendu. S'il avait entendu un bruit bien sûr. Les rideaux étaient fermés. Le bout de papier rouge avait disparu. Mais pas les paroles qu'Heero avaient prononcées. Pas le message d'espoir qu'il lui avait donné.
Ce n'était qu'un rêve, se dit-il amèrement.
Heero ne l'avait pas retrouvé. De toute manière il ne voulait pas être retrouvé alors...
L'américain se servit une tasse de café fumante, surpris de constater qu'il voulait vraiment boire quelque chose de chaud. Pour une fois.
Son rêve lui avait fait prendre conscience d'une chose. Il voulait se réveiller.
Alors, il devrait toujours fuir, jusqu'à la fin de sa vie ?
Heero avait réveillé en lui son passé.
Un pilote de gundam ne fuit pas. Il affronte. Il se bat. Mais il ne se cache pas. Et tant pis si aujourd'hui, il n'est plus un pilote de gundam. Tant pis si aujourd'hui, la guerre est finie, qu'il n'a plus de raison de se battre.
Il y en a une qui restera toujours.
L'envie de vivre. L'envie de se battre pour sa vie.
La réaction de tout être vivant quand il est menacé ? Sa première réaction ? Sauver sa peau.
Par tous les moyens, sauver sa peau, s'accrocher, se battre. A tuer celles des autres, mais sauver sa vie.
Une raison de vivre ? Vivre pour vivre.
Vivre pour soi.
Duo fixa son regard droit devant lui. Il se leva, la tasse à la main et ouvrit les volets. Le soleil perçait à travers la brume matinale et le jeune homme sentait la fraîcheur de la nuit qui n'était pas encore dissipée.
Inspirant un grand coup, le natté se retourna. Il faisait dos à la fenêtre, en cas d'attaque surprise, il serait maîtrisé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Serrant les dents, le natté marcha doucement dans l'appartement et déverrouilla sa porte. Il revint au centre de la pièce principale.
Pris d'une impulsion soudaine, le natté alla chercher un couteau dans la cuisine et revint au centre. Il visa soigneusement sa cible et tira. Comme dans son rêve, le couteau retomba au sol avec un bruit mat.
Et c'était comme s'il entendait Heero à ses côtés. Heero qui le guidait.
« Encore plus fort. »
« A droite. »
« Ferme mieux ton poing. »
« Comme ça. »
« Hai ».
Le japonais lui donnait des directives et le jeune homme réussit au bout de quatre heures à retrouver son agilité du passé.
Au bout de quatre heures, il avait retrouvé ses réflexes, sa rapidité, sa précision.
Heero avait hoché la tête et puis, Duo ne l'avait plus revu.
L'américain alla se servir un verre d'eau et ferma les yeux.
Oui, maintenant, il pouvait presque entendre les pas de ses voisins de palier, il les entendait. Celui-là se déplaçait sur sa droite, et celui-ci sur sa gauche.
C'était rassurant de sentir qu'il n'était pas seul dans cet immeuble. Rassurant et inquiétant à la fois.
Mais pour la première fois depuis un an, il sentait que la vie, partout l'entourait. Le danger, mais la vie aussi. Le danger qui tuait, la vie qui créait.
Le jeune homme eut un mouvement de peur quand il entendit la sonnerie.
La sonnerie de son téléphone.
Il n'osa pas décrocher. Pas encore. Je veux encore un peu de temps.
Derrière lui, la voix d'Heero s'éleva.
« Encore un peu de temps ? »
-Oui, je veux encore du temps, je veux tout remettre en place mais doucement, à mon rythme.
« Tu peux croire que le temps peut t'attendre si tu veux, mais tu sais que c'est faux. »
-Le temps m'attendra.
« Tu as laissé passer un an. Un an à te cacher. De quoi ? Du monde extérieur. Et aujourd'hui, tu découvres que le monde qui t'entoure est vivant ? Menaçant mais vivant. Menaçant pour qui d'ailleurs ? Pour les inconscients. »
-Les inconscients comme moi ?
« Non. Tu es conscient de tout ça. Tu joues les inconscients c'est tout. A tes risques et périls. »
-Je ne veux plus que ça arrive.
« On ne peut pas tout prévoir. Ce jour là, tu croyais avoir le monde pour toi. Le monde t'as, nuance. »
-Depuis quand es tu devenu philosophe ?
« Depuis que tu es devenu peureux. »
-Je ne suis pas...
« Laisse moi rire ! Tu as peur de décrocher un simple téléphone... Tu t'attends à quoi ? Une décharge électrique ? Ca te ferait le plus grand bien, pourtant. Tu as peur d'un simple son. D'une voix. Tu ne sais même pas qui appelle. »
-Je ne veux pas le savoir. Je veux que le monde m'oublie.
« Mais il ne le fera pas. »
-Ah, la ferme ! s'énerva Duo.
Il se dirigea d'un pas déterminé vers le téléphone et le décrocha. Mais il avait depuis longtemps cessé de sonner et le natté raccrocha lentement, reposant le combiné en fermant les yeux.
Il devenait fou.
Il n'y avait pas d'autres explications. Devenir fou en temps de guerre, devenir fou face à la mort, devenir fou parce qu'on a fait quelque chose d'atroce, l'américain était d'accord. Mais pas quand on était la victime... Pas quand on subissait.
Pas à cause de quelqu'un. Ca, il ne l'accepterait jamais. De la faute de ces hommes morts... morts, enterrés, pourrissant dans leurs cercueils...
Une lueur de détermination brilla dans ses yeux et il serra les dents.
A partir, d'aujourd'hui, il reconstruirait toute sa vie, il rebâtirait un monde à lui, un monde sûr, il allait se reprendre en main. Il allait dépasser tout ça.
Poussant un long soupir, Duo détailla son appartement. Fallait faire du rangement d'abord. Et puis aérer le tout et peut être penser à refaire le papier peint... La peinture était écaillée en certains endroits... Sans parler des trous que ses couteaux avaient faits... Il allait repeindre cet appartement, tout aplatir comme il allait aplatir les angles de sa vie et repeindre son esprit en couleur. En bleu.
En bleu cobalt.
Décidément, le japonais était partout.
Pourtant il n'était pas là.
Ce qui était normal, vu qu'il avait pris des dispositions pour ne pas être retrouvé. Mais au fond de lui, en étant honnête avec lui-même, il ressentait une profonde déception.
Heero aurait du le retrouver depuis le temps, non ?
S'il l'avait vraiment cherché, il l'aurait retrouvé. Heero était très doué pour retrouver les gens et connaissait toutes les ficelles du métier de comment disparaître sans que vos amis ne puissent vous retrouver.
Et puisqu'il connaissait chaque fil, chaque ficelle du métier, alors pourquoi ne l'avait-il pas retrouvé ? Parce qu'il n'avait pas cherché assez fort. Pas assez fort, pas de toutes ses forces, jusqu'à bout de souffle, à n'en plus dormir, comme lui l'avait fait jours et nuits, sans relâche, sans manger, jusqu'à ce que le japonais revienne de lui-même de son petit voyage.
Dans son rêve, il avait dit que c'était pour faire le point.
Le point sur la vie, sur ce qui changerait ou non.
Bon, tout changeait, et rien ne changeait, c'était compliqué.
Ou non, à voir.
L'américain se prit la tête entre ses mains. Il devenait complètement timbré. Complètement timbré à rester enfermé là, à ne plus bouger.
Attrapant son blouson, le jeune homme sortit dehors en claquant la porte.
Il dévala les escaliers, et se retrouva bientôt dehors, l'air jouant entre ses mèches brunes, heurtant sa peau par son froid.
Duo fronça les sourcils et s'avança d'un pas déterminé vers le parc municipal. Il y en avait un juste au coin de la rue, il passait tous les jours devant quand il allait travailler. Mais aujourd'hui, il ne passerait pas devant, il y entrerait.
Fixant son but, précis dans sa tête, le jeune homme pénétra à l'intérieur, se faufilant tel une ombre entre les arbres et les pelouses magnifiquement bien taillées. Des pelouses magnifiquement taillées ? Mais d'où est ce que ça sortait ce magnifiquement ? Depuis quand est ce qu'il trouvait qu'une herbe verte était magnifiquement taillée ? se demanda t-il un moment. Haussant les épaules, il n'était plus à un bizarrerie près, après la vision d'Heero, le dialogue, maintenant c'était la pelouse voilà, tout, quoi de plus normal ?
L'américain se retrouva au milieu du parc, debout, seul, planté comme un i, avec, rien à faire.
Il n'attendait personne, il ne savait même pas pourquoi il était là.
Bon, un point positif dans la chose, il avait fait ce qu'il voulait. C'était ce qu'il s'était donné comme but, non ? Sortir dehors, puis entrer dans ce parc.
Ben voilà, c'est fait, mon gars, maintenant, tu peux gentiment rentrer chez toi, se dit-il.
Bon, c'était trop con. Il allait se donner une autre mission, histoire de pas être descendu pour rien.
Regardant autour de lui, il aperçut une crêperie. Bon, il devait avoir un billet dans sa poche, ça devrait suffire pour payer la crêpe.
Hum, et qu'est ce que je dis ? se demanda t-il angoissé.
« Une crêpe au chocolat. »
Non. Trop brusque.
« Une crêpe au chocolat, s'il vous plait. »
Non. Ca n'allait pas.
« Est ce que je pourrais avoir une crêpe au chocolat, s'il vous plait ? »
Non. Toujours pas ça.
« Bonjour, est ce que je pourrais avoir une crêpe au chocolat, s'il vous plait ? »
Hum, pourquoi pas.
Répétant toujours la même phrase dans sa tête, changeant le ton au possible, l'américain se dirigea vers la crêperie.
Il se posa devant le comptoir et attendit que quelqu'un le remarque, l'interroge du regard, lui dise bonjour, n'importe quoi pour qu'il puisse placer cette phrase qu'il n'arrêtait pas de répéter.
Enfin, un homme d'une quarantaine d'année s'avança vers lui et lui demanda d'un air avenant :
-Vous désirez?
Oubliant sur le champ sa phrase pré-répétée, l'américain lâcha d'une voix froide:
-Une crêpe au chocolat.
...
« Bon, pour la sympathie, tu repasseras une autre fois, hein ? » lui dit la voix d'Heero d'un air moqueur.
Et c'est toi qui causes ? rétorqua le jeune homme dans sa tête.
Le gars se retourna pour aller la préparer tandis que l'américain se traitait mentalement de tous les noms...
Ridicule, complètement stupide ! Il n'était même pas capable de... De dire une simple phrase ! Il avait été littéralement cloué sur place dès que le mec lui avait adressé la parole !
Lorsque l'homme revint avec sa crêpe toute chaude dans les mains, l'américain paya rapidement et sortit après un merci murmuré à la hâte. Même pas sûr que le gars avait entendu le merci, d'ailleurs. C'était presque sûr qu'il l'avait pas entendu même.
Bon, et qu'est ce qu'il allait en faire de sa crêpe, hein ? C'était pas comme s'il avait faim... Le natté croqua machinalement un bout de la crêpe, toujours perdu dans ses pensées. Il s'assit sur un banc, et se contenta de savourer le chocolat chaud qui glissait entre ses doigts.
Au bout d'un quart d'heure, il se releva et rentra chez lui, les yeux dans le vague, avec la mauvaise impression qu'il venait de faire un rêve.
Mais les traces de chocolat sur ses doigts étaient bien là. Il n'avait pas rêvé.
Duo se leva et ferma la porte à clef, à double tour, fermant tous les verrous, mettant la petite chaîne en place.
C'était vraiment... inutile, il ne se sentait pas pour autant rassuré, car, si lui pouvait passer cette porte, et il y arrivait sans difficulté, alors, quel voleur ne serait pas capable de faire la même chose ?
Oui, c'était peut être ça le plus grand problème. Quand on a été un terroriste, quand on est au courant de toutes ces petites combines pour entrer chez les autres, quand on sait comment forcer une porte, passer par une fenêtre fermée, se laisser glisser dans la pénombre jusqu'à ne plus faire qu'un avec elle, alors tous les doutes sont permis.
Si lui pouvait le faire, une autre personne pouvait le faire.
Alors, si un terroriste glisse dans la paranoïa...
Alors, il peut tout imaginer. Parce qu'il sait ce qu'une personne est capable de faire. Et qu'il n'y a pas un seul endroit que l'on peut qualifier de sûr. N'était-ce pas lui qui s'en vantait en temps de guerre ? Une personne peut tout faire. Tout.
Il disait qu'aucune serrure ne lui résistait, non, que s'il voulait entrer dans un lieu, il y parviendrait. Oui, les mads l'avaient pris au sérieux vu que c'était lui qui écopait des missions de vols.
Mais quand on savait tout ce qui était possible dans ce monde... Quand on avait connu les caméras microscopiques, les micros, les espions, les armes à feu, comment revenir à la normale ? Comment se dire qu'on est en sécurité ? Et non surveillé ? Qu'il n'y a pas un micro caché, là sous votre table du salon, où qu'il n'est pas collé au revers d'une de vos tasses, celle dont vous ne vous servez jamais, là, tout au fond, dans le noir ?
Le natté glissa lentement au sol, sa tête cognant contre le mur. Il était dans le corridor, les bras tremblants, le visage baissé vers le sol. Le parquet se brouillait sous ses larmes.
Pourquoi tout était comme ça ? Pourquoi avait-il tant peur ?
Le jeune homme entendit à ce moment une sonnerie. Pas le téléphone, non, c'était la porte.
Duo se releva péniblement, essuyant ses larmes.
Regardant à travers le petit trou, il vit un homme d'une trentaine d'année qui attendait dehors, les yeux dans le vague.
Il ne le connaissait pas celui-là. Faisant silencieusement demi-tour, l'américain s'affala dans son canapé, fermant les yeux de nouveau, attendant que l'autre ait fini de s'exciter comme un malade sur sa sonnerie, attendant qu'il s'en aille.
Il n'avait pas envie d'avoir de la visite, il ne voulait voir personne. Ironique quand on pensait qu'il était le plus social pendant la guerre.
Duo donna un grand coup de pied devant lui.
Pourquoi fallait-il que tout, oui, tout, se rapporte à la guerre ?
« Parce que tu n'as connu qu'elle. Tu n'as que ça comme référence. » lui répondit la voix qu'il avait désormais l'habitude d'entendre. La voix d'Heero.
Rha la ferme toi ! T'es pas là, alors pourquoi tu causes, hein ? Je ne t'ai rien demandé moi !!
« Si tu viens de me poser une question... Je ne suis pas là, vraiment ? »
Le rire du japonais retentit dans toute la pièce. Duo ne l'avait jamais entendu mais ce qu'il écouta lui fit froid dans le dos. C'était un rire froid, sans vie, un rire méchant.
Je deviens fou, c'est pas possible, murmura le jeune homme en fixant son regard sur le mur qui lui faisait face.
A SUIVRE...
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