Titre : Je dois revivre.
Auteur : Clôtho
Source : Gundam Wing.
Couple : 1x2
Genre : angst à fond, shounen ai, espoir.
Disclaimer : Je crois pas que les G-boys seraient d'accord pour m'appartenir de toute façon alors...
Petite note de l'auteur à l'usage de celui ou celle qui va lire cette fic : Je l'ai écrite pour le concours de Hatchan, j'espère que ça respecte les règles... Sinon, tant pis, je me serais bien amusée à écrire cette fic ! lol Bonne lecture !!
Un grand grand merci à toutes les personnes qui ont reviewvé ça m'a fait très plaisir. Donc, un grand bisou à Ichy (tout particulier pour la grande review et l'hymne à l'amitié) un gros gros bisous à Calamithy (qui essaie toujours de me rassurer mais je crois que tu n'y arriveras pas... Je flippe dès que je sais que tu vas lire, ton avis est important pour moi du fait que j'aime beaucoup ce que tu écris. ), un bisou tout beau à Misao Girl (merci pour la review et la petite remarque sur les terroristes, ça fait plaisir de voir que ce passage a été apprécié), un bisousnet à Nayade (pour ton enthousiasme à lire la suite) à Yuna ( qui connaît mes penchants de sadique insoignables mais qui sait mieux que personne que je suis la première à vouloir stopper la torture...), à Elenea Raberba Winner (Oui, on sait de qui tu es fan ! lol merci pour le punch de ta review !) à Chan156 (ta review m'a fait plaisir, j'espère que la suite te plaira et je trouve que tu es un grand auteur, à classer à côté de tous les grands noms à égalité) et enfin à :
Aèle : (j'avais pas ton adresse email pour te répondre...) Merci beaucoup pour ta review, elle m'a fait très très plaisir !! C'est vrai que le comportement de Duo est étrange par rapport à celui qu'il avait pendant la guerre, disons, plutôt contrasté par rapport à avant hein ? lol Mais bon, il est traumatisé, c'est compréhensible... Un événement peut changer le cours d'une vie, une personnalité... Tout. Et je te remercie encore énormément d'aimer cette fic, je suis contente. Merci de m'encourager pour la suite, je te fais des bisous et bonne lecture !
Je dois revivre« La folie... ça existe. »
Partie 3 : Vivre avec lui.
Je deviens fou, c'est pas possible, murmura le jeune homme en fixant son regard sur le mur qui lui faisait face.
Il se releva, la peur au ventre, comme toujours, et se dirigea vers la salle de bain. Tirant le rideau de la douche, il vérifia que personne ne s'y cachait... Jusqu'à ce qu'un autre lieu de cachette lui revienne en mémoire et qu'il coure à l'armoire, pour l'ouvrir en grand et constater que rien n'avait bougé.
Toujours le même schéma, il répétait sans cesse les mêmes gestes, dans un délire obsessionnel, par précaution, parce qu'il avait peur, pour se rassurer. Mais ça ne marchait jamais, et il finissait toujours comme la veille, en larmes, à terre, vaincu par la force des souvenirs.
Et puis la fenêtre. C'était par là qu'Heero était entré dans son rêve, par là qu'il avait commencé à le hanter depuis un jour.
Pourquoi est ce que ça ne commençait que maintenant ? Pourquoi voyait-il Heero ? Pourquoi pas Quatre ou Solo ? Non. C'était la voix du japonais qui se moquait de lui, qui le conseillait, lui répondait, riait de sa peur.
Est ce que Heero pouvait faire ça ? Est ce que le japonais se moquerait de ce qu'il était devenu s'il le retrouvait ? S'il le voyait, là assis sur la moquette, les yeux rougis, des débris de verre dans le tiroir, et des hallucinations à chaque placard, est ce ainsi qu'il réagirait ?
J'espère que non, se dit Duo d'une petite voix.
« Tu espères que non ? » répéta la voix bien connue, d'un ton ironique, appuyant sur le mot espérer.
J'espère que non, répéta le jeune homme d'une voix déterminée.
« Pourquoi est ce que ma réaction t'importe tant, Duo ? »
-Elle est très importante pour moi, c'est tout. Parce que tu es... Tu es... Une personne que j'aime.
« Et tu es parti sans un mot, sans rien me dire ? Tu es parti et maintenant, tu es seul. Relève toi et bats toi Duo. »
-Me battre contre quoi ? Je n'ai pas envie de combattre.
«Tu n'as aucune place dans mon estime. Tu as peur que je me moque de toi, mais tu ne fais rien contre. Je vais te dire, je te vois et j'ai envie de rire. Tu es pitoyable. »
Une étincelle de rage perla aux yeux de l'américain qui lança son poing contre la sol.
« Tu as l'air féroce, ça fait peur » se moqua le japonais.
La main du natté se reposa en douceur sur la moquette, caressant l'éraflure qu'il s'était faite à la main, frottant la plaie contre la matière rugueuse de la moquette. Le sang colorait la peau diaphane, éclairée par la faible lumière de la lampe de chevet.
« Duo, qu'est ce que tu fais ici ? Franchement, tu as l'intention de passer toute ta vie dans cet appartement, à répéter des phrases par cœur pour enfin ne pas parvenir à les dire devant un simple glacier ? Tu veux vraiment finir tes jours ici, à attendre une quelconque menace de l'extérieur ? »
-Arrête. Heero, arrête, laisse moi tranquille ! Je ne t'ai rien demandé ! Je ne t'ai pas demandé de remuer tout ça en moi, de me rappeler combien toi, tu es fort et moi faible, je ne t'ai pas demandé de me montrer que je suis misérable, de m'éclairer sur ce monde ! Je ne veux pas relever les bras et sourire ! Je ne veux pas, tu m'entends ? Je ne veux pas apprendre à ouvrir une fenêtre et revoir le soleil, je ne veux pas te parler, je ne veux pas te voir, je ne veux pas voir ce monde. Je veux rester dans mon coin, à regarder passer les années, à sentir le temps autour de moi.
Les larmes avaient rejoint de nouveau le sang sur la moquette et Duo fixait avec une attention toute morbide le mélange qui s'effectuait devant ses yeux.
« Je ne suis pas plus fort que toi, je suis pareil. Tu te trompes toujours Duo. Tu crois qu'il y a des forts et des faibles et que c'est comme ça, qu'on n'y peut rien. C'est faux. Je saigne comme toi, j'ai mal comme toi, et j'ai peur. »
-Alors même le soldat parfait a peur ?
« Oui, même le soldat parfait. S'il existe. »
-Pourquoi es tu là ? Pourquoi me parles tu ?
« Je veux que tu te bouges, Duo. c'est tout. Que tu évolues. En bien ou en mal mais que tu évolues. Arrête de pleurer sur ton sort, tu pourras toujours trouver pire, tu pourras toujours trouver mieux. J'en ai marre de stagner avec toi, marre de ne rien faire. A quoi ça sert de rester comme ça ? »
-Je ne sais pas. A me conserver.
« Tu te périmes si tu veux mon avis. »
-Heero ?
« Hn ? »
-Tu n'es pas vraiment là, n'est ce pas ? Ce n'est pas vraiment toi qui me parle ?
Seul le silence lui répondit lui répondit. Le vide, oppressant, se referma sur les frêles épaules du jeune homme. Il était véritablement seul.
-Je suis fou, prononça lentement l'américain en testant les sonorités.
« Peut être, Duo-chan » répondit le japonais dans un sourire.
Il entendait des voix, croyait voir des personnes qui devaient être à des lieux d'ici, et devaient certainement penser à d'autres choses que, « mais où est donc Duo ? », et était devenu complètement paranoïaque, combien de complot avait-il découvert ? Combien en avait-il évité ?
Aucun.
Aucun lui hurlait la partie qui restait la plus lucide. Une centaine lui hurlait la partie la plus lucide de son esprit. Laquelle est la bonne ? Laquelle est la véritable partie lucide ? Qui a raison, qui a tort ? Il était fou, voilà.
Aussi simple que trois mots.
Je suis fou.
Tout se brouillait tout se mélangeait. Pour lui, toute personne était un ennemi potentiel. Un kidnappeur caché. Le visage de ses ravisseurs le poursuivait toutes ses nuits, tous ses jours, tout le temps à la moindre seconde. D'ailleurs, peut être que ce glacier, avec son faux sourire... Oui, il savait certainement qui il était, c'était pour ça qu'il n'y avait pas beaucoup de chocolat dans sa crêpe.
Oui, il n'y avait pas assez de chocolat dans cette crêpe il s'en souvenait à présent.
Tout le monde lui en voulait. Tout le monde voulait lui faire du mal, le surveiller, écouter la moindre de ses conversations, se moquer de sa folie, de son enfermement. C'était pour ça qu'il ne sortait plus d'ailleurs. Il n'était rien, tout le monde lui en voulait. Ils savaient tous pour son kidnapping, ils en riaient tous.
Ah, là, tu n'as plus rien à me dire, hein, Heero ? ricana le natté. Tu n'as plus rien à me dire parce que j'ai raison ! Tout le monde m'en veut et tu fais partie du complot ! Tu veux qu'on m'enlève encore, hein ?
Et l'américain sombra une fois de plus dans sa folie, ignorant le temps qui passait, les gouttes de pluies qui tombaient contre les volets fermés de son appartement.
Il ne put donc pas voir un taxi s'arrêter juste devant son immeuble.
Un jeune homme en sortit, protégé du froid par un manteau, laissant la pluie mouiller son visage et plaquer ses cheveux sur son front.
Il remonta le col de son manteau, empêchant les gouttes de s'infiltrer à l'intérieur et regarda les fenêtres closes, un moment, avant de monter dans cet immeuble.
Cet homme voyageait depuis un an, sans s'arrêter, jamais, sans prendre le temps de téléphoner à ses proches, sans jamais souffler.
Les passants qui le croisaient pouvait lire son âme dans ses yeux, ils reflétaient tous ses sentiments.
Pour l'instant, on pouvait y lire une certaine appréhension, mêlé d'un sentiment de soulagement. Curieux mélange pour cet homme, donc, qui montait à présent les marches, un air curieux sur le visage, enregistrant le moindre détail, souriant devant un chat qui dormait, à l'ombre d'une marche, mais jamais s'essoufflant, malgré les marches qu'il montaient.
Lorsqu'il arriva à l'adresse qu'il avait apprise par cœur, il regarda la porte.
Il observa longuement cette porte en bois, avec cet petit trou par lequel la personne qui habitait ce lieu pouvait le regarder. La porte était des plus banales, elle ressemblait à toutes celles qu'il avait vu en montant. Il n'y avait pas de tapis par terre qui disait « bienvenue » et malgré la date, le 23 décembre, il n'y avait pas de couronnes de guis accrochée. Une porte classique, qui ne portait aucun indice temporel, rien de particulier sur son propriétaire.
Le jeune homme sonna à la porte.
Personne ne répondit. Il insista, sentit une présence derrière la porte, et puis la personne ouvrit la porte, avec un regard fatigué, les yeux rougis.
-Entre, vas-y, c'est pas comme si je pouvais t'en empêcher, hein ? murmura t-il avant de rentrer dans l'appartement, refermant avec précaution la porte derrière son invité.
Il mit tous les verrous, replaça la chaîne à sa place et jeta un dernier coup d'œil par le petit trou.
Après il se retourna vers le visiteur.
-Heero, mais qu'est ce que tu fais là, hein ? Tu peux me dire pourquoi il faut que tu passes par les portes maintenant ? Faut vraiment que tu te fasses remarquer, toi. Tu veux pas que je t'ignore ? Faut que je te parle toujours ? Je te l'ai déjà dit. Laisse moi tranquille, c'est simple, non ? J'ai pas besoin que tu me dises tout ton mépris, j'ai pas besoin que tu te moques de moi, je viens de te le dire ! Si c'est pour me réveiller demain et voir que c'était encore un rêve, un rêve où tu m'insultes...
-Duo ?
Le natté sembla surpris en entendant cette voix. Il ne la connaissait pas. C'était une voix plus grave que celle qu'il connaissait.
-Duo, de quoi tu parles ? Pourquoi tu dis ça ? questionna le jeune homme de la même voix, en s'approchant un peu.
-Heero ? interrogea le natté d'une voix hésitante.
Il reconnaissait un peu la voix mais elle avait changé.
Elle avait mué.
Un éclair passa dans l'esprit de l'américain avant de s'éteindre.
-Duo. Je te retrouve enfin, murmura le japonais. Je t'ai cherché partout.
-Tu as été long, remarqua le natté en se servant un verre d'eau.
Comme si le fait qu'Heero soit là, était normal, comme s'il s'attendait à sa visite.
Il se rapprocha du japonais, et tendit la main, fermant les yeux. Il toucha le front, les mèches de cheveux trempées, et descendit doucement, effleurant de ses doigts le nez fin, puis la bouche d'où s'échappait un souffle de vie, et continua son chemin, sur le cou, la nuque, puis les clavicules et enfin le torse. Il s'arrêta là, comme sonné.
-Tu n'es pas vraiment là, souffla l'américain.
Il sentait la texture du manteau qui était mouillé, il voyait les gouttes d'eau descendre sur son parquet, il voyait deux yeux cobalt qui le fixaient, une lueur interrogatrice au fond des yeux et enfin, la bouche qui ne disait toujours rien.
Duo se retourna, ferma les yeux, les rouvrit et fit de nouveau face à son invité.
Heero était toujours là. Il n'avait pas osé bouger depuis son arrivée. Il observait le natté, comprenant peut être ce qui se passait, comprenant peut être pourquoi il était là.
-Duo, je... Si, je suis bien là, répondit-il d'une voix hésitante.
-Ah ! Ce n'est pas toi ! Heero ne dirait pas ça ! Heero n'hésite pas, Heero n'a pas ta voix, Heero est le soldat parfait ! Il n'est pas là, avec ton air triste, il n'est pas là, avec ta main tendue, et tes cheveux mouillés, il n'est pas toi. Heero se moquerait de moi et repartirait, un air impassible sur le visage !
-Duo, je... Je suis Heero ! Bien sûr que si ! Je suis là, en face de toi, et tu veux que je me moque de ton état ? Regarde toi, je ne te reconnais presque pas. Tu as tellement changé, Duo. Et tu me demandes des comptes ? Pourquoi j'hésite, pourquoi ma voix a changé ? Pourquoi je dis tout ça ? Parce que j'ai changé, aussi, répondit le japonais avec un sourire triste.
-Pourquoi es tu là ? demanda finalement l'américain.
-Je voulais te voir ! Je voulais savoir pourquoi tu es parti, pourquoi tu n'as pas laissé une seule adresse, pourquoi tu ne voulais pas qu'on te retrouve ! Je voulais te voir, aussi, c'est normal, non ?
-Tu voulais me voir ?
-Oui.
-Pourquoi, tu vois, regarde, je ne suis plus celui que tu as connu. Mon monde est devenu un monde de silence et de solitude, Heero Yuy, tu recherches une personne qui n'existe plus.
-Non. Non. Toi, ton visage, tes yeux, je te reconnais. Je reconnais tes gestes. Ca me suffit.
Le japonais se rapprocha encore un peu du natté et leva une main vers son visage. Soudain, dans un élan qui fit sursauter Duo, il le serra contre lui. Il le serra très fort, comme s'il avait peur qu'il s'échappe à nouveau, comme si Duo pouvait se volatiliser. L'américain ne sut pas quoi faire. Il ne comprenait rien, tout se mélangeait. Heero n'aurait pas du avoir ce type de réaction.
Quelque chose le fit frissonner. Puis encore. Un contact froid sur sa peau, qui tombait doucement, à intervalles irréguliers. Duo mit du temps avant de comprendre qu'il s'agissait de larmes.
Heero pleurait silencieusement dans son cou et ses larmes se mêlaient à son parfum.
Dans un geste qu'il n'avait pas fait depuis des années, Duo le serra à son tour, murmurant des mots sans sens, pleurant à son tour dans les bras du japonais, cherchant à le consoler.
Et puis Heero se redressa, fit un sourire timide et sécha les larmes du jeune homme.
-Je ne suis pas venu pour te faire pleurer, expliqua t-il doucement au natté.
Un bruit retentit dehors, et Duo sursauta, se terrant contre le mur, se bouchant les oreilles.
-N'aie pas peur, Duo, fit le japonais en s'asseyant à une distance raisonnable du natté.
Il s'adossa lui aussi au mur et tourna la tête vers celui qu'il avait tant cherché.
Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Un air apeuré sur le visage il semblait guetter le moindre bruit suspect, à l'affût d'une attaque. Mais il avait aussi serré dans sa main un couteau, comme pour le lancer sur le premier qui oserait franchir cette porte.
Il avait apparemment repris les mauvaises habitudes, songea le japonais en fronçant les sourcils.
Les habitudes de guerre.
-Lâche-ça, fit-il en fixant du regard le couteau.
Duo le regarda un moment, perdu, et puis raffermit sa prise sur le couteau.
-Pourquoi ? C'est toi qui m'a dit de le reprendre !
Heero le regarda un moment, déstabilisé par la réponse, mais hocha la tête et répéta.
-Lâche-le. Tu n'en a pas besoin Duo.
-Si, bien sûr que si ! Comment je pourrais faire pour me défendre dehors ? C'es toi qui... C'est toi qui m'a dit de me défendre, de me battre ! Tu m'as dit que si j'avais tant besoin de savoir me battre alors il fallait que je réapprenne à combattre. Tu m'as entraîné, assura l'américain.
Devant le silence du jeune homme, Duo continua.
-Heero, j'aimerais tout recommencer et ne jamais avoir vécu tout ça.
-On ne change pas le passé.
-J'étais sûr que tu me dirais ça ! C'est ce que tu m'as dit hier soir... Mot pour mot. Qu'il fallait apprendre à vivre avec son passé et que tu étais parti faire le point après la guerre. Tu as peut être trouvé la réponse à tes questions, mais moi non. Alors je ne reviendrais pas parce que je n'ai pas de réponses.
-Je... Duo, je ne suis jamais parti en voyage pour faire le point !
Le natté le dévisagea, étonné, puis répondit, en bégayant, après un silence.
-Bien sûr que si... Après... Après la guerre, tu as disparu ! Tu m'as dit hier que tu étais parti en voyage ! Pour faire le point !
-C'est faux. J'ai disparu parce que... J m'avait donné une dernière mission. C'était une voie de garage. Il voulait me tuer, plus besoin d'une arme comme moi. Alors, j'ai disparu de la circulation, le temps qu'il m'oublie... Duo, je ne suis pas parti pour faire le point !
Tout se mélangeait dans la tête du natté.
-Mais si ! C'est ce que tu as dit ! Tu as aussi dit que tu ne voulais pas être le témoin d'un monde blanc, que tu avais refusé d'être le témoin du mariage de Trowa pour ça !
-C'est faux. Ce matin là, quand Trowa m'a demandé d'être son témoin, je revenais à peine de ce qui devait être ma dernière mission. Je ne voulais pas être aperçu à vos côtés tout de suite, je ne voulais pas que J apprenne que j'avais survécu. Alors j'ai refusé. Pour ça et aussi pour Wufei. Je ne voulais pas le laisser à l'écart.
-Je... Ce n'est pas du tout ce que tu m'as dit hier !
-Duo, hier, j'étais dans l'avion.
L'américain se prit la tête dans les mains et serra de toute ses forces, enfonçant ses ongles contre ses tempes, ne se préoccupant pas du sang qui coulait le long de ses joues.
Heero lui prit vivement les mains et les écarta, empêchant le jeune homme de se faire plus de mal.
-Duo, mais qu'est ce qui t'arrive, murmura Heero en tenant fermement ses mains.
Duo baissa la tête et ne répondit pas.
Heero pencha la tête de côté, observant le jeune homme et, reprenant son couteau, il le déposa plus loin.
-Je crois qu'il est midi. Tu n'as pas faim ? demanda t-il en se dirigeant vers la cuisine.
Il regarda les placards, les murs et l'emplacement des meubles.
Prenant une serviette, il la passa sous le robinet de l'évier et, revenant au visage de l'américain il la fit lentement glisser sur ses joues, son front, pour essuyer le sang, nettoyer les blessures...
Il ne dit rien de plus quand il rinça le tissu et le posa sur le rebord de l'évier.
-J'aime bien chez toi. C'est accueillant, fit-il simplement en ouvrant un placard peu de temps après.
Il sortit deux assiettes et ouvrit le frigo. Devant le vide, il ne dit rien mais chercha dans d'autres placards. Un paquet de pâtes restait dans un placard. Il les sortit et les mit dans une casserole. Allumant la plaque sur le feu, il se retourna vers le natté qui n'avait pas bougé, collé au mur, assis, les genoux repliés sur lui.
Le japonais alla le chercher et le releva doucement. Il le fit asseoir sur une chaise et s'assit à ses côtés.
-Il s'est passé beaucoup de choses en un an, déclara t-il au bout d'un moment. Quatre et Trowa sont toujours ensembles. Wufei a rompu ses fiançailles avec Sally. Ils s'étaient fiancés il y a six mois. Je... Tu nous as manqué.
-Je ne voulais pas vous revoir, dit Duo doucement, comme ailleurs. Tu as changé Heero. Tu es... Tu parles plus, tu es plus calme. Qu'est ce qui est arrivé ?
Souriant franchement cette fois, Heero regarda le jeune homme, les yeux pétillants.
-J'ai découvert plein de choses, appris la vie, sourit encore le japonais.
-As tu déjà goûté une glace ? demanda t-il brusquement.
-C'est délicieux ! poursuivit-il les yeux pétillants. Je ne connaissais pas avant... Comment ont-ils réussi à faire ça ? A y penser ? Faire de ce froid un met si fondant, avec autant de goûts et de parfums ? Je ne connaissais pas avant. Je pensais que les hommes ne savait faire que le mal... u'ils ne savaient faire que ça. j'ai découvert que non finalement, conclut-il en remettant une mèche de cheveux en place.
- Je ne connaissais pas. Mais tu en avais parlé. Alors, j'ai goûté un jour. Et ça m'a tellement plu que j'ai commencé à faire tout ce que tu faisais. Tout ce dont tu avais parlé. Le bleu du ciel, l'odeur du café le matin, percer les bulles des papiers d'emballage. Sourire aux autres. Je crois que tu m'as appris à vivre, un peu. Et j'ai vu... J'ai vu des choses si jolies... Je voudrais te les montrer. Je voudrais tout te montrer. Quand je te vois, j'ai l'impression que tu les as oubliées. Toutes ces belles choses que j'ai vues, testées et goûtées en pensant à toi. En pensant que comme ça, je me rapprocherais de toi. Et je te retrouve, et tu les as oubliées.
-Je vois le noir, les couloirs crasseux, la drogue dans cette ville. Je vois la corruption, les tags, les agressions, les agresseurs...
-Je ne vois qu'une ville. Des lumières, des gens, des sourires des petits cafés, des marchés. Je vois toutes les couleurs, les publicités, les gens qui sourient. Dans ton immeuble, j'ai vu un mur de béton, lisse et doux quand on passe sa main dessus. Un chat qui dormait à l'abri de la pluie, et des couronnes de fleurs à chaque porte. Des tapis de bienvenue, et même si la voisine fumait, même si l'homme à côté de chez toi m'a bousculé, le chat dormait toujours, le mur était toujours aussi lisse, et les rires des enfants derrière la porte de gauche... La pluie est douce sur le visage. Elle amène un sentiment de fraîcheur et d'apaisement.
-Tu ne caches plus tes sentiments maintenant, constata Duo en regardant le japonais.
-Non. Je ne suis plus en guerre. Mes sentiments...
Il sourit un moment et puis se redressa, vérifiant les pâtes qui étaient cuites. Il servit son ami et le regarda manger avant de reprendre.
-Mes sentiments, je les vis. Les gens disent que j'ai l'air d'un enfant qui découvre la vie. C'est peut être vrai, au fond. Je découvre, je ne fais que découvrir. Maintenant j'ai le droit, souffla t-il après un moment.
-Mais tu sais ce que ça peut être. Tu connais le pire, Heero. Tu sais bien que ce monde peut avoir une face menaçante.
-Mais je ne connaissais que cette partie. Je ne savais pas qu'il y en avait une autre. Je ne connaissais que le revers de la médaille et tu m'as fait découvrir l'endroit. Le brillant.
-Je ?
-Pendant la guerre, j'ai écouté, et je t'ai observé. Tu te réjouissais de chaque seconde, et appréciait les plaisirs de la vie.
-Je jouais la comédie. Pour vous détendre, répondit Duo, en ayant envie soudain de blesser le japonais, de le surprendre, de lui apprendre que la vie qu'il aimait tant, celle qu'il pensait voir à travers ses yeux à lui, que cette vie n'était que factice. .
-Je sais ça aussi, sourit Heero. Mais je sais que tout ce que tu disais n'était pas faux. Et même si tu me mentais, même si tu ne voulais pas vraiment que j'abandonne mon ordinateur pour me reposer, quand il faisait nuit, et bien, ce n'est pas grave. Parce que ça m'a fait plaisir et que c'était la première fois qu'on s'intéressait à moi en temps qu'être humain. Alors même si c'était calculé, je te dis merci. Pour tout ce que tu m'as appris sans le savoir. Pour ta vie.
Les larmes recommencèrent à couler sur les joues de Duo, envahissant son assiette, brouillant sa vue. Il laissa tomber sa fourchette à terre et releva la tête, essuyant ses larmes pour apercevoir Heero.
Mais Heero s'était déjà relevé et l'avait enlacé. Il était debout, derrière lui, et le serrait très fort. Pour la deuxième fois en une matinée. Ca tenait du record.
-Arrête de pleurer, onegai.
Et Duo sécha ses pleurs et écouta tout ce que le japonais avait à lui dire.
Tout ce qu'il avait découvert, les parfums, les voiles, les couloirs, les pays différents, les fêtes, tout ce qu'il avait découvert pendant sa cavale pour que J l'oublie. Heero lui raconta comment il avait mené l'enquête pour le retrouver lorsqu'il avait été kidnappé, comment il était en colère contre ses ravisseurs, les premières larmes qu'il avait versé quand il avait vu la photo de l'américain, au fond du trou noir.
Il écouta le japonais lui parler de la vie au dehors, du soleil qui brûlait plus qu'autrefois, de la température qui augmentait dehors, de la vie de ses anciens coéquipiers.
Heero parla toute l'après-midi et parfois, il voyait une lueur s'allumer dans les yeux du jeune homme quand il lui parlait d'un événement comique. Il gardait dans sa tête chaque sourire et à la fin de la journée, Duo riait avec lui et lui posait spontanément des questions.
Heero n'avait jamais cherché à savoir pourquoi Duo pensait lui avoir parlé la veille, il ne chercha pas non plus à ce qu'il lui explique la présence du verre brisé dans le tiroir et il ne lui demanda jamais pourquoi ses mains étaient écorchées. C'était des choses qui n'avaient pas besoin d'être expliquées.
Des coins sombres qu'il n'avait pas besoin de connaître.
Des coins de folie.
Lorsque la nuit vint, Heero ouvrit une fenêtre et aéra l'appartement un moment. Il huma avec délice le soir, le vent frais d'hiver.
Il prit les mains de Duo dans les siennes et le fit danser sur un air qu'il chanta, une chanson triste comme son état actuel mais qui jamais ne perdait espoir. Il le garda précautionneusement contre lui, tournant doucement, sentant le corps du natté se détendre dans ses bras, jusqu'à la somnolence.
Heero le laissa dormir contre lui, laissant le natté s'accrocher à lui, toute la nuit, jusqu'au matin, et le regarda se réveiller avec douceur.
Il le laissa ouvrir les yeux, constater qu'il n'était pas un rêve et lui sourire. Et les premiers mots qui accueillirent le jeune américain fut un « Joyeux Noël » soufflé à son oreille.
Les jours passèrent, puis les semaines et enfin les mois.
Heero était resté dans sa vie. Il était venu un matin, lui avait parlé et puis était resté. Duo regarda un moment le ciel étoilé, et son regard se porta de nouveau sur le japonais.
Pourquoi Heero était revenu ? Pourquoi Heero avait tant tenu à venir le chercher, pourquoi Heero restait avec lui, il n'en savait rien.
Il avait compris que la voix qu'il entendait au début n'était autre qu'une illusion, qu'elle lui avait permis de s'éveiller, d'avancer, mais qu'elle ne disait pas forcément la vérité. C'était en quelque sorte une réaction de son inconscient une réaction de survie, pour faire avancer les choses avant que la folie ne vienne l'envahir complètement.
Heero était revenu changé. Il avait laissé derrière lui le soldat parfait et s'appliquait à reconstruire sa vie. Il lui avait dit un soir qu'il n'avait jamais eu le droit de s'amuser, de rire et que maintenant, il se rattrapait. Il prenait la vie comme elle venait, il avait toujours des réflexes surprenants, il avait toujours une grande maîtrise de ses sentiments, mais il ne s'en servait pas forcément. Il était moins froid et parlait plus de lui.
Il n'était pas bavard, il n'aimait pas qu'on le touche, craignant le contact humain, mais il s'était découvert un naturel enjoué.
Il riait chaque jour, et offrait sans compter ses sourires. Il s'émerveillait pour un rien, et restait fragile dès qu'il voyait une fleur, les souvenirs remontant.
Mais il ne partait pas.
Duo le voyait à ses côtés chaque matin, le sourire aux lèvres, un sourire heureux qui l'accueillait avec des croissants chauds. Il n'avait pas perdu cette habitude.
Se lever tôt.
Il disait que la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il se couchait tard pourtant, consolant son ami lorsqu'il reprenait ses délires, et dormant à ses côtés lorsqu'il avait trop peur.
Et il ne partait pas.
Toujours à ses côtés. Heero restait et prenait soin de lui mais Duo ne savait toujours pas pourquoi. Heero aurait pu refaire sa vie, éloigner ses souvenirs de guerre, oublier Duo ou faire comme Quatre, Trowa et Wufei.
Se contenter d'une visite. D'un appel.
Mais non.
Il s'était installé, avait posé sa valise et dormait dans la chambre d'ami. Sauf pendant les cauchemars.
Le natté ne pouvait s'empêcher de se poser la question. Pourquoi Heero était revenu le chercher ? Pourquoi Heero l'aidait-il ? Pourquoi faisait-il tout ça, sans rien demander en retour ?
Alors ce soir-là, il lui demanda.
Il lui demanda pourquoi il avait insisté pour aller voir un psychiatre avec lui, pourquoi il lui tenait la main dans chaque coup dur, pourquoi il restait, pourquoi il ne voulait pas refaire une nouvelle vie, avoir une vie toute neuve et profiter de tout ce qu'il découvrait.
Profiter de cette vie qu'il n'avait découvert que trop tardivement. Avoir une famille.
Heero sourit et le prit dans ses bras, tendrement.
Il n'y avait jamais rien de plus. Il le serrait fort contre lui et souriait, mais il ne le touchait jamais plus.
Et même que des fois, Duo en était déçu.
Mais ce soir-là, Heero le prit dans ses bras, le calant sur ses genoux et resta silencieux un moment avant de répondre.
Il lui dit que c'était lui, sa famille, que quand il avait disparu après le kidnapping, il s'était retrouvé un peu seul et désemparé. Alors il avait recherché sa famille avec toute l'énergie de l'espoir.
Il avait cherché et voilà.
Il l'avait trouvé.
Enfin.
Alors qu'importe si Duo était malade, qu'importe si Duo avait peur la nuit, qu'importe si il devait lui-même lui réapprendre la vie, les gestes quotidiens, les gestes simples.
Parce que c'était lui qui les lui avait appris et qu'il savait que ça rendait heureux. Et il était avec lui.
Ca suffisait. Il était heureux comme ça.
Et puis Heero pencha la tête et l'embrassa dans le cou. Un petit baiser, tendre, qui dura une demi-seconde. Il souffla dans le cou, et cala sa tête contre l'épaule de l'américain.
Duo resta immobile, comme statufié.
Il avait la réponse à sa question, mais il ne s'attendait pas à ça. Il ne s'attendait pas à cette réponse.
Et puis Heero bougea sous lui et le déplaça, le reposant en douceur sur le canapé. Heero se releva et se plaça à hauteur de l'américain. Il s'accroupit devant lui, plongeant dans ses yeux et prit sa main.
-Tu es ma seule famille. Et moi, je t'aime, Duo. Alors, je prends soin de toi, car tu es fragile. Ton cœur est comme en verre, un petit bout de verre et je peux presque lire à travers. Je sais quand tu as mal parce que j'ai mal. Tout ce qui te touche me touche, parce que je t'aime. Un cœur de verre, ça peut mourir s'il y a une fissure. Il peut se briser. Alors, je te garde et je te protège. Et je ne veux pas partir, je ne veux pas partir, parce que tu m'es trop précieux. Je t'aime, Duo, et rien ne pourra me l'enlever. Et même si toi tu ne m'aimes pas comme je t'aime, même si tu ne peux pas me rendre cet amour, je suis heureux. Je suis heureux de vivre à tes côtés et de pouvoir t'aider.
Les larmes coulèrent doucement sur les joues du natté, pendant que Heero finissait de parler.
Le japonais avait la voix qui tremblait et ses larmes menaçaient de couler aussi et il le regardait, comme si même la mort serait douce de sa part. Il le regardait avec ce même air d'émerveillement quand il croisait un oiseau qui volait plus haut que les autres, quand il voyait une couleur qu'il n'avait vu, ou un arc-en-ciel près des pompes à essence.
Il le regardait comme une personne dont il se souciait réellement, comme quelqu'un de précieux, oui, c'était ça. Quelqu'un de cher à ses yeux.
Un sourire, un vrai sourire éclaira les traits du natté pendant qu'il se penchait sur cet ange aux yeux cobalt qui continuait de le regarder, un sourire triste sur les yeux, et il ferma les yeux pendant qu'il déposait ses lèvres sur celles qui tremblaient encore, et où le souffle de vie qui battait là avait suffit à reconstruire deux vies brisées.
Celle de leur propriétaire et la sienne.
Et cette nuit fut suivie par bien d'autres, mais cette fois, Heero déménagea.
Il prit toutes ses affaires et les installa dans la chambre du natté.
Et ils dormaient ensembles encore. Mais cette fois, ce n'était pas uniquement pour consoler Duo qu'Heero dormait à ses côtés. C'était pour être ensemble, plus proches encore l'un de l'autre, pour s'aimer.
A SUIVRE...
Voilààààààààà.... Bon, là, vous avez toutes vos réponses normalement... C'est la fin ou presque de cette fic... J'ai juste prévu quelques pages de plus, quelques lignes pour l'épilogue... Dîtes moi ce que vous avez pensé de ce chapitre en attendant ?
Heero... la réaction de Duo... Etc.
