Chapitre Deux : une décision difficile

Dans le salon de la vieille maison de famille de Sirius Black, Arthur et Molly Weasley, Remus Lupin, Nymphodoria Tonks et Sirius Black attendaient. Ils avaient reçu le message de Rogue appelant Dumbledore à la rescousse. Depuis ils n'avaient plus de nouvelles. Il était plus neuf heures du soir. Molly Wealsley poussa soudain un cri : son fils venait d'apparaître tout près d'elle. Hermione arriva juste après.

-Poussez-vous, Harry va débarquer ! fit Ron.

Tout le monde se leva pour accueillir Dumbledore. Une minute après, une minute pleine d'anxiété et de questions suspendues, Rogue apparu, Harry endormi dans ses bras, le tête en arrière, le visage pâle.

Rogue ne salua personne, marcha vers le canapé et y déposa le malade. Il croisa ensuite le regard de Sirius Black qui s'approchait de Harry , le visage crispé. Sirius s'assura que le garçon respirait doucement, rejoint par Ron, Hermione et les parents Weasley.

-Hum, hum, toussota Dumbledore. Si vous voulez bien vous rassembler autour de la table.... Nous avons des décisions à prendre.

-Excusez-moi, Albus, fit Rogue d'une voix froide, mais si vous voulez que Potter ait une chance de survivre je dois continuer la préparation.

-Bien sûr... le manque de Rajastane Horizontus sera le problème majeur... marmonna Dumbledore.

-Le manque de quoi ? s'exclama Sirius.

Rogue commençait à disposer ses ustensiles sur un coin de la grande table de bois.

-Nous parlerons pendant que vous préparez le mélange, si cela vous convient, Severus ? dit Dumbledore en s'asseyant, Harry va encore dormir quelques heures.

Ron et Hermione, assis sur le canapé avec Harry endormi hésitaient à se lever pour prendre part à l'assemblée de l'Ordre. Ils n'avaient pas été explicitement invités, mais ils étaient quand même venus jusque là.

Hermione lança un regard déterminé à Ron. « Bon, moi j'y vais ». Elle se leva et Ron la suivit. Ils s'assirent discrètement.

-Pour commencer, je laisse la parole à Severus Rogue. Il répondra à vos interrogations concernant le poison et son traitement.

Rogue avait un air ennuyé. Il aurait voulu se trouver à des kilomètres de cette assemblée et de ce Potter qui causait toujours des problèmes.

-Bon... fit-il d'un ton las. Potter a bu une dose mortelle de Kilison. Il n'est pas mort parce qu'on est intervenu rapidement. L'antidote contient une plante rare, la Rajastane. Sa préparation dure sept heures avec des plantes fraîches, moins avec des plantes séchées comme celles que j'utilise en ce moment. Le traitement devra durer, à première vue, au minimum un mois, et rien ne garantit pour le moment qu'il s'en sortira au final. C'est aussi à lui de lutter, sans relâche. Il aura des crises, il souffrira.

Tout en parlant d'un ton détaché, Rogue surveillait un mélange bouillonnant d'ou se dégageait une odeur de poisson pourri. Il s'interrompit pour procéder à l'introduction de morceaux de Gengivre dans le mélange, opération délicate car si il le faisait trop lentement ou trop rapidement, toute le préparation était perdue. Personne n'osait prendre la parole.

-Voilà, reprit-il quand le liquide s'apaisa et prit une teinte orangé.

-Et où en trouve-t-on, de cette herbe ? demanda Mme Weasley. Je crois que nous en avons un peu dans notre jardin, mais..

-Mais nous en avons besoin tous les jours, coupa Rogue. La forêt interdite de Poudlard en est riche. Nous pourrions peut-être faire des allers-retours ?

Dumbledore intervint :

-Harry a subi une tentative de meurtre à l'intérieur de l'enceinte de l'école. Cela est très inquiétant. Il ne peut pas rester à Poudlard. Cela m'attriste, mais vraiment, je crois, pour le moment du moins, que nous devons abandonner l'école.

Tout le monde manifesta son incompréhension.

-Je veux dire... La santé de Harry et la lutte contre le retour de Voldemort et de ses disciples sont autrement plus importantes que nos carrières de directeur, de professeur ou d'étudiants... dit-il en regardant malicieusement Ron et Hermione.

-Alors, nous allons rester ici avec Harry ? lança Ron.

-Deux tâches urgentes nous attendent maintenant, repris Dumbledore d'un ton solennel. La première est de soigner Harry, ce qui, comme l'a rappelé le professeur Rogue, signifie préparer et administrer la potion Jivaho pendant au moins un mois. La deuxième, aussi urgente, est d'identifier comment Harry a pu être empoisonné à l'intérieur de Poudlard. Il faudra enquêter discrètement et efficacement.

Après ces paroles un silence lourd recouvrit les clandestins. Des bulles épaisses se gonflaient au dessus de la potion orangée et éclataient mollement.

Et puis Molly Weasley parla :

-Je considère Harry comme mon fils. Je le soignerais. Il pourrait venir au Terrier. Si le professeur Rogue m'aide pour la potion...

Rogue la regardait, vaguement intéressé. Il savait qu'il serait de toute façon impliqué dans cette histoire. Il n'osait pas encore envisager jusqu'où.

Dumbledore sourit.

-Votre offre est génereuse, Molly. Mais... je ne suis pas certain que le Terrier soit un lieu très sûr, sans vouloir vous offenser. Si Voldemort découvre que vous hébergez Harry, alors toute votre famille est condamnée. Je suis convaincu que nous sommes surveillés de très près.

-Mais alors, repris Molly Weasley, si Harry ne peut pas être soigné à Poudlard, ni ici parce qu'il n'y a pas de Rajastane, ni au Terrier... ! ?

-Je suis en train de mûrir une idée, dit Dumbledore. Et vos réflexions me montrent que c'est peut-être la seule solution... Je connais un endroit. C'est assez loin, au Nord. Une forêt magique, gardée par des centaures. Bien gardée. Invisible pour ainsi dire. Il y a une cabane là bas, qui a été utilisée pendant la première guerre. Je pense que Harry y sera bien, il pourra y guérir, sereinement. Il sera coupé du reste du monde, ainsi que ceux qui le soignerons. Ils devront rester isolés, strictement, jusqu'à la guérison. Toute communication vers l'extérieur attirerait l'attention de Voldemort. Je serais le seul à connaître ce lieu et seuls ceux qui y habiterons connaîtront cette cabane. Voilà ma proposition.

Sirius, qui n'avait encore rien dit, pris la parole :

-J'irais là bas avec Harry. Je l'aiderais à guérir ! De toute façons, je dois me cacher.

Rogue lui jeta un œil méprisant :

-Tu sais préparer la potion, peut-être ?

-J'apprendrais. Cela ne pas être si compliqué puisque quelqu'un comme toi y arrive...

-Sirius, dit doucement Dumbledore, une chose est certaine, Severus doit aller avec Harry.

A ces mots, qu'il redoutait tout en les attendant, Rogue eut un soupir résigné. La perpective de passer un mois à jouer les gardes-malades de ce petit insolent ne l'enchantait guère. Mais si, en plus il devait cohabiter avec ce type détestable qui lui servait de parrain....

-J'irais avec Potter, parce qu'il n'y a personne d'autre qui puisse préparer la Jivaho. Mais en aucun cas je n'irais avec ... ce crétin. Il regardait Sirius avec une moue dégoûtée. Celui-ci se leva, blême et s'exclama

-Il déteste Harry ! il va le laisser crever ! Harry a besoin de soutien, d'amour, pas de sarcasmes et d'humiliations !

Sirius se dirigeait vers Rogue, menaçant. Dumbledore empêcha les choses de dégénerer :

-S'il vous plaît ! nous devons chercher l'intérêt du garçon, je vous le rappelle, dit-il sévèrement. Vous montrez par votre comportement qu'il serait extrêmement risqué pour Harry de vous avoir tous les deux à son chevet. Harry a effectivement besoin de soutien, pas de disputes perpétuelles.

A ce moment-là, Hermione leva la main.

-Mlle Granger, vous avez une proposition ? sourit Dumbledore.

-Oui... Comme vous l'avez rappelé, la vie de Harry est plus importante que notre carrière d'étudiants à Poudlard. Vous nous avez dit aussi que Harry a besoin de soutien, d'amitié... et de potion pour guérir. Je propose que le professeur Rogue, Ron et moi-même allions dans cette cabane avec Harry. Pendant ce temps, les membres de l'Ordre pourront mener l'enquête et lutter contre la progression de Voldemort. L'ordre du Phénix a besoin de sorciers expérimentés, comme vous, Sirius, M. Lupin, Nymphedoria et M et Mme weasley... et vous , Dumbledore.

Ron n'en croyait pas ses oreilles. Hermione avait proposé qu'ils passent un mois avec Rogue.... C'était difficile à avaler. Mais il ne voulait pas quitter Harry...

Rogue réfléchissait. La proposition de Granger ne manquait pas d'audace, ni de bon sens. Mais, un mois avec ces deux gamins insupportables...

-Si je peux avoir mon mot à dire, j'aurais déjà suffisamment à faire avec Potter pour ne pas être en plus encombré par deux adolescents arrogants...

-Monsieur, coupa Hermione fermement, excusez-moi. Nous vous aiderons, nous nous occuperons de Harry. Nous ne sommes plus des enfants.

-Bien, bien, intervint Dumbledore. Je vous remercie Mlle Granger. J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette proposition. Nous avons eu l'avis de Severus Rogue. Et le vôtre, jeune Weasley?

Ron avala sa salive ;

-Je... Hermione a raison. Harry a besoin de ses amis pour guérir. Je suis prêt. Et... ajouta-t-il en regardant Rogue : je ne suis pas un « adolescent arrogant » ;

-Bien, bien, continua Dumbledore. Et vous, Molly et Arthur, laisseriez vous partir votre fils ?

-Eh bien, soupira Molly, j'aimerais y aller aussi. Mais, si le nombre de place est limitée....

-Ce n'est pas une question de place, coupa Dumbledore, mais la nécessité de rester en force au sein de l'Ordre. Comme l'a justement souligné Hermione.

-Alros c'est d'accord, souffla M. Weasley, Ron partira. Mais, Ron, il faudra obéir au professeur Rogue, n'est-ce pas ?

Ron hocha la tête.

-Sirius ? Dumbledore chercha des yeux le parrain de Harry mais ne le trouva pas. Il était sorti de la pièce.

« bon, il finira bien par accepter... »

-Remus? Nymphedora ?

Les deux hochèrent la tête gravement.

-Severus ?

-C'est bon, grommela-t-il. Je veux une obéissance totale, vous deux, vous entendez ? dit-il d'une voix menaçante.

-Vous apprendrez à vivre ensemble, j'ai confiance, dit Dumbledore. Vous partirez au matin. Je vais préparer le terrain, avertir les habitants de la forêt; préparer les réserves de nourriture, les affaires des enfants.... murmura-t-il en quittant la table. Je reviens avant le départ de Harry.

Rogue se leva et suivit Dumbledore jusqu'à la porte.