Salut ! Merci encore pour les reviews, c'est chouette. Bon, pour les amateurs et amatrices de slash, ça m'étonnerait que ça arrive par ici. J'essaie de rester dans la ligne Rawlings (je ne suis plus sûre de l'orthographe, quelle hérésie...), de respecter les caractères des personnages et d'approfondir les relations entre eux. Dites-moi ce que vous pensez de leurs sentiments ! à la semaine prochaine si tout va bien, et bonne lecture. Kam.
Chapitre Huit : Inquiétudes
Le lendemain commença par la même grisaille que la veille.
Avant le lever du jour, Harry eut une attaque de poison qui le laissa hébété pour plusieurs heures. La leçon de potion en fut assez perturbée : l'humeur générale était tendue, la souffrance de Harry, et l'incertitude sur sa guérison pesait lourd et empêchait Ron et Hermione de se concentrer.
Les deux amis furent heureux de sortir en début d'après-midi pour la cueillette quotidienne. La pluie s'était interrompue.
Ron repensait à la séance d'apprentissage de la potion.
-Je comprends pas, disait-il, dès que Rogue me regarde, je fais tout de travers... à croire qu'il me jette un sort en cachette, exprès pour se moquer...
Hermione sourit :
-Il a dit que demain nous essaierons de préparer chacun une potion complète... ça veut dire qu'il pense que tu en es capable, non ?
-C'est drôle, tu as remarqué ce matin, il a dit « Harry » au lieu de «Potter »
-Oui. Il a failli m'appeler par mon prénom moi aussi : « Herm... Mlle Granger...euh... »
Ron s'esclaffa :
-Tu crois qu'on peut l'appeler Severus ? Moi il me tutoie maintenant. Je sais pas si c'est un bon signe...
-Là, le gros arbre, il faut tourner !
-J'ai failli prendre une branche ! Et tes champignouses ils sont où ?
-J'ai pas trop envie de les voir, tu sais.
-Ecoute !
A gauche du sentier, venus de derrière les arbres, ils entendaient des piaillements, piaillements qui devenaient de plus en plus stridents et implorants.
Sans même se consulter du regard, ils sortirent du sentier en direction des cris. Mais au fur et à mesure qu'ils avançaient, les piaillements semblaient s'éloigner. Ron aperçut alors une grande masse sombre :
-Là, il s'enfuie !
La trace de l'étrange animal était facile à suivre dans les fougères et la boue. Hermione avait sorti sa baguette magique. Les deux amis bondissaient entre les ronces et les pierres, jusqu'à l'entrée d'une grotte. Ils s'arrêtèrent. Face à eux, se tenait une sorte de singe géant et velu. Il tenait à la main un filet dans lequel trois champignouses piaillaient de désespoir. Hermione identifia la créature en quelques secondes : il s'agissait d'un Trolleygues, variété très rare de la famille des Trolls. La jeune fille se souvint surtout qu'ils se nourrissaient de viande et pouvaient à l'occasion manger des humains. Pendant qu'elle réfléchissait, Ron avait sorti sa baguette. « Stupefix ! ». L'affreux Trolleygue tomba immédiatement en arrière en lâchant ses proies. Les trois Champignouses se précipitèrent alors dans les bras de leur sauveur en criant des «merci » très aigus.
-Euh... mais de rien, répondit Ron qui souhaitait plus que tout s'éloigner de cette odeur de champignon pourri. Hermione profita de l'occasion pour une petite leçon de morale :
« Nous sommes des sorciers. C'est quand même bien pratique d'en avoir dans sa forêt pour vous délivrer non ? »
Les Champignouses ne répondirent pas. Comme pris de panique, ils se mirent à crier et à courir le plus vite possible loin des deux enfants, qui se regardèrent, étonnés.
A ce moment là, un gros filet de corde les plaqua au sol, les assommant presque sous le choc. Trois Trolleygues sortirent de la grotte en ricanant. Ils les tirèrent à l'intérieur.
-Ils ne sont pas encore revenus de la cueillette ?, s'étonna Harry
-Non, répondit Rogue, irrité.
Il devait mettre une autre préparation en route maintenant, et il ne restait plus aucune feuille de Rajastane.
Harry était resté conscient presque tout l'après-midi. Il souffrait toujours, mais il avait accepté l'assiette de pâtes que Rogue lui avait préparé. Ils n'avaient pas vraiment parlé, juste échangé quelques mots sans conséquences qui manifestaient l'état de trêve qui régnait entre eux depuis l'empoisonnement.
Une heure passa, et Rogue commença à s'inquiéter sérieusement. Il était déjà 17h, cela faisait plus de trois heures que les gamins étaient partis. Le professeur ne se décidait pas à agir pourtant, il préférait penser qu'ils traînaient dans la forêt poussés par leur curiosité maladive. Toujours à désobéir...
-Monsieur ! appela Harry soudain.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Il leur est arrivé quelque chose. Je les connais. Ils seraient de retour s'ils l'avaient pu.
Rogue prit un air sceptique, tout en pensant que le garçon avait sans doute raison.
-Qu'est-ce qu'on peut faire ? continua Harry.
Rogue réfléchissait. Il ne pouvait pas laisser le malade tout seul pour se lancer à la recherche des deux imprudents. Il devrait demander de l'aide, et il détestait cette idée.
-ça va, je peux rester seul, fit le garçon d'une voie assurée.
-Arrête tes bêtises.
Rogue sorti de la chambre et revint vêtu de sa grande cape noire.
-Je sors un quart d'heure.
-Vous allez où ?
-Chercher des informations. Reste tranquille pendant ce temps, surtout.
Visiblement, Rogue hésitait à partir.
-C'est bon, ça ira, pas de problèmes, dit Harry avec une pointe d'agacement.
L'homme en noir sorti sous une pluie battante. Il n'y avait qu'un espoir, que Artan soit au courant de quelque chose. Il se reprochait d'avoir accepté de s'occuper de ces gamins. Potter, la potion, et en plus ces deux là, cela faisait trop de préoccupations. Et pourtant, au fond de lui, s'il voulait être de bonne foi, il ne regrettait pas la présence de Ron et Hermione. Quelque chose avait changé. Les enfants apportaient des rires, de la vie. Et puis cela lui évitait de pénibles tête-à-tête avec le fils de James.
Mais où pouvaient-ils être ?
Il mit un peu moins de dix minutes pour atteindre le repaire du centaure ; Rogue se souvenait vaguement de sa demeure. Ce n'était pas un très bon souvenir.
La créature magique avançait vers lui, le port altier et le pas fier. Elle frappa du sabot contre une pierre.
-Artan, dit simplement Rogue.
Le centaure lui lança un regard méprisant.
-Les deux jeunes sorciers avec moi ne sont pas revenus de leur cueillette de Rajastane. Je ne peux pas m'absenter plus longtemps pour aller à leur recherche. Est-ce que ... tu saurais comment retrouver leur trace ?
Il y eut un long silence, puis le centaure fit quelques pas en direction de son interlocuteur.
-Tu sais, sorcier, que les centaures n'ont pas pour habitude de se mêler des affaires humaines.
De plus... Severus Rogue... tu ne m'es pas particulièrement sympathique.
Rogue ricana :
-Je ne suis pas sympathique pour la plupart des personnes que je rencontre, vois-tu. Mais je ne te demande pas de m'aider, moi. Je te demande d'aider Harry Potter. Lequel t'est, apparemment, beaucoup plus sympathique.
Le centaure le regarda encore un instant.
-Je t'ai peut être mal jugé, Severus Rogue.. dit-il d'un ton énigmatique.
Il se passe de drôle de choses dans la forêt depuis que vous êtes arrivés. Je vais me renseigner.
Rogue hocha la tête.
Pendant l'absence du professeur de potion, Harry avait senti anxieusement la douleur l'envahir de nouveau. Il avait eut beau fixer son esprit sur ses deux amis perdus en forêt, le poison reprenait inexorablement le dessus. Et puis il entendit la porte claquer et une bouffée de soulagement l'envahit.
Rogue, trempé de la tête aux pieds jeta sa cape sur une chaise et alla voir le malade
-Ils.. sont... revenus ? balbutia-t-il
Potter tremblait de la tête aux pieds et avait les yeux remplis de larmes.
-Tu as très mal ?
-Mal... oui...
Rogue apporta une forte potion contre la douleur, qui rendit Harry inconscient. Puis il attendit.
Il ne pouvait pas commencer une nouvelle potion, et il ne restait que deux verres de la dernière. Harry en aurait besoin maintenant, mais il valait mieux le rationner. Et prendre le risque de retarder la guérison. Ou pire.
Rogue avait confiance dans le centaure, Artan connaissait tous les habitants de la forêt, il les retrouverait tôt ou tard. Mais dans quel état ?
Pris dans ces sombres pensées, le professeur sursauta. Une heure après son entrevue avec Artan, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir.
Ron et Hermione se tenaient sur le seuil. Mouillés. Boueux. Sains et saufs.
Rogue avait un air sévère.
-Euh... on était prisonnier des Trolleygues... murmura Hermione.
-Artan nous a tiré de là, fit Ron.
Un silence. Rogue les examina attentivement. Ils ne paraissaient pas blessés. Les sacs de jute étaient vides.
-Et la Rajastane ?
Ron jeta un œil vers son amie. Cette histoire de Rajastane lui était complètement sortie de la tête avec les aventures de la journée. Tout l'après-midi prisonniers dans la grotte fétide, ils avaient oublié Harry et ses souffrances.
-Autant y aller tout de suite, souffla Hermione.
Ron aurait préféré se réchauffer un peu, boire un thé, mais il acquiesça.
Dehors la pluie avait redoublé d'intensité.
Rogue referma la porte.
-Super, Ron après quelques pas. On aurait pu penser à remplir les sacs, quand même, ajouta-t-il dans un effort d'honnêteté ;
Hermione sourit. A ce moment elle ressentait beaucoup de tendresse envers ce garçon. Elle lui mit la main sur l'épaule et le serra doucement. Cela ne dura que quelques secondes qui rendirent Ron euphorique.
Rogue avait ouvert la porte d'entrée. Il regardait la brume envahir la forêt dans le déclin du jour. De nouveau, il se surprit à s'inquiéter. Les enfants avaient été prisonniers des Trolleygues. Mais que faisaient ces créatures dans la forêt magique ? Feuillefous devait être protégée contre ce genre de bestioles, peu dangereuses physiquement, mais fourbes et cupides. Prêtes à servir n'importe quel maître. Il ne faudrait pas que les Trolleygues parlent de ces deux enfants sorciers. Il ne faudrait pas les laisser sortir de la forêt, maintenant. « Je devrais encore parler avec Artan. », soupira Rogue, les sourcils froncés. Potter dormait encore.
Il pensa aux deux enfants sous la pluie. Ils avaient accepté sans broncher de s'enfoncer de nouveau dans la boue.
Il fit revenir à la poêle des oignons, des poireaux et des pommes de terre. Et puis il prépara un gâteau au chocolat, son gâteau préféré, celui que lui faisait sa mère quand rien n'allait plus.
Il se demanda s'il y aurait assez à manger en pensant au jeune Weasley qui, malgré sa maigreur, dévorait comme quatre.
Il se demanda quel père il aurait été.
La cueillette fut interrompue par la nuit. Ron voulait finir de remplir les deux sacs, mais Hermione le convainquit qu'il pourrait continuer le lendemain. Ils faillirent se perdre sur le chemin du retour et aperçurent avec soulagement la lumière de la cabane. Ils étaient vraiment trempés. Mais ils rapportaient la précieuse Rajastane.
Ils sentirent l'odeur du chocolat en entrant.
-Ouaah... fit Ron avec un large sourire. Son estomac gargouillait très fort.
Il porta les deux sacs dans la cuisine. Un grand feu chauffait la pièce.
-Bon... dit-il à Rogue, on n'a pas tout rempli, mais on finira demain. Ça ira pour la potion, non ?
-Allez vous changer et venez manger, répondit Rogue d'un ton détaché.
