Moonlight Shadow

The last that ever she saw him
Carried away by a moonlight shadow
He passed on worried and warning
Carried away by a moonlight shadow.

Chapitre II

Nouvelle Venue

La forme indistincte de Poudlard commençait à se préciser. Il faisait nuit, à présent. Je me sentais déjà mieux. Le soleil pouvait me faire des dommages permanents que si je restais trop longtemps à découvert, contrairement à un vampire qui se consumerait littéralement sous les rayons brûlants. Je regardai rêveusement la pleine Lune. Cet astre-là ne me ferait pas de mal.

J'étais fin prête à partir lorsque la locomotive du Poudlard-Express arrêta ses moteurs. Saisissant mes valises, je me précipitai comme une gamine excitée hors du train. Je voulais profiter de l'air frais sur ma peau tant que je le pourrais. Les donjons apportaient peut-être la sécurité mais la douceur du vent me manquerait sûrement. J'entendis une voix d'homme m'interpeller :

- Professeur Bathory? Veuillez me suivre, s'il vous plaît.

Je me retournai pour faire face à mon interlocuteur à la voix bourrue et grave.

- Je suis Rubeus Hagrid, garde-chasse de Poudlard. Je dois m'occuper des premières années, je reviendrai vous chercher dans quelques instants pour traverser le Lac.

J'acquiesçai pour lui signifier que j'avais compris. Cet homme dégageait de la gentillesse. Mon instinct me disait qu'il serait sûrement un ami précieux. Je retournai à la contemplation du château qui se dressait devant moi. Les hautes silhouettes des tours semblaient vouloir atteindre les étoiles scintillantes.

- Professeur? Montez dans cette barque, elle vous conduira à Poudlard. Attendez-moi là-bas, je vous emmènerai à la Grande Salle.

Je suivis Hagrid jusqu'à la petite embarcation. Quelques élèves me dévisageaient. Ma peau à l'éclat surnaturel devait les effrayer. J'aurais dû m'enduire de suie comme m'avais appris sa mère afin de ternir la blancheur peu commune. Tandis que nous avancions sur les eaux sombres du Lac, je me sentis nostalgique. La Hongrie et Stanislas me manquaient. Avais-je bien fait de rompre notre union? Ses sentiments à lui étaient indéniables mais les miens n'étaient pas réciproque. Je m'ennuierai sûrement de ses doux cheveux blonds, de ses grands yeux bleus et de ses bras protecteurs mais ce n'était pas comme s'il était mon âme sœur. Je laissai échapper un soupir de mes lèvres.

J'arrivai dans la Grande Salle après la Cérémonie de Répartition car j'avais tenu à aller ranger mes affaires moi-même et ainsi connaître le chemin qui mène à ma chambre. La Grande Salle portait bien son nom. Je n'avais jamais vu de pièce aussi vaste à Durmstang. Hagrid me mena à la Table des Professeurs où je s'assis aux côtés de Dumbledore. Il me salua chaleureusement et après les formalités d'usage, il me présenta les autres membres du personnel. Je notai mentalement chacun des noms et me promis de les apprendre au plus vite. Ma mémoire retenait facilement les informations, une autre faculté que j'avais hérité de mon sang vampirique.

Je remarquai qu'un seul de ses nouveaux collègues n'avait pas daigné poser les yeux sur moi. Il avait des cheveux noirs qui lui arrivaient à l'épaule et les yeux les plus profonds que j'aie vus de ma vie. Ils étaient encore mieux que ceux de Stanislas à la différence que les yeux de Stanislas reflétaient sa joie de vivre et son innocence. Ceux de l'étranger étaient éclairés par une flamme qui n'avait aucun lien avec la pureté des sentiments du jeune Polonais. Je détournai la tête, troublée et engageai la conversation avec la femme assise à ma gauche.

« Je suis le Professeur Bibine, mais vous pouvez m'appelez Adèle. Je m'occupe des cours de vols », se présenta-t-elle.

Elle pointa sa voisine de table.

« Voici le Professeur Vector. Amanda, notre nouvelle collègue, Elisabeth. » Adèle baissa le ton et me confia : « Amanda peut paraître un peu sévère mais je crois que c'est la faute de ses cours d'Arithmancie. Elle ne pense qu'à ça et n'a plus le temps de s'amuser, la pauvre.

- J'ai toujours dit qu'une bonne dose de plaisir ne fait jamais de mal », affirmai-je.

Il semble que ma remarque plut à Adèle Bibine car elle me sourit puis me décrit plus amplement ses confrères et consœurs.

« Là-bas, le petit bout d'homme, c'est le Professeur Flitwick. Il enseigne les enchantements. C'est un homme charmant. Il est aussi Directeur des Serdaigles. Assise à la droite de Dumbledore – que vous connaissez déjà, à ce que j'ai entendu dire -, il y a Minerva McGonagall, directrice des Gryffondors et la seconde du Directeur, en quelque sorte. Elle est un peu sèche, par moments, mais elle sait tenir la discipline dans ses classes de Métamorphose. Elle essaiera peut-être de vous impressionner avec son petit numéro de ''Je suis un Animagus'' mais n'y faites pas attention. C'est le lot habituel, ici.

- J'ai très bien entendu, Adèle, s'éleva la voix sévère de Minerva McGonagall.»

Les joues d'Adèle Bibine s'enflammèrent. Elle dit d'un ton innocent :

« Pardon Minerva? Je n'ai pas bien compris. »

McGonagall foudroya du regard ma nouvelle amie et reprit sa conversation avec Dumbledore. Je regardai la femme au visage austère. Son grand âge ne semblait pas l'affecter car elle dégageait la vitalité. Adèle poursuivit sa description en chuchotant :

« Il faut se méfier de ces vieilles chouettes! On peut penser que l'âge les rend complètement sourdes mais… »

La professeur de Métamorphose émit une toux discrète pleine de sous-entendus.

« Bon, comme je le disais, Minerva est une femme merveilleuse. Nous l'adorons tous. Les élèves chantent ses louanges dans les corridors tout en dansant de joie lorsque c'est l'heure de leurs cours avec elle. »

La quinte de toux reprit de plus belle, mais plus prononcée, cette fois.

« Bon.. hum.. Je crois que vous avez déjà fait la connaissance de Rubeus Hagrid. C'est un homme si bon. Le professeur Chourave, avec qui il est en train de parler, est la Directrice des Poufsouffles et elle enseigne la Botanique. »

Je me risquai à demander qui était le grand ténébreux qui m'ignorait. Adèle gloussa et me demanda :

« Le trouveriez-vous de votre goût, Elisabeth? »

Je rougis et réitérai ma question.

« Allons, il n'y a pas de mal à ça… Enfin.. C'est Severus Rogue, notre bien-aimé Maître des Potions et Directeur adoré de Serpentard.

- Aurais-je perçu une pointe de sarcasme dans vos propos? »

Elle pouffa à nouveau.

« Bien sûr que non! Severus est l'homme le plus agréable qui soit… pour un aveugle sourd et muet! Lorsqu'il parle, ce n'est que pour se moquer des autres avec ses commentaires sarcastiques qu'il susurre de sa voix doucereuse. Sinon, c'est un véritable ermite qui reste reclus dans ses cachots, toujours en train de préparer des potions plus dégoûtantes les unes que les autres. »

Je lui fis part de l'impression qu'il m'ignorait délibérément. Ayant repris un peu de son sérieux, elle grimaça et dit :

« Il est de notoriété publique que ce pôôôvre Severus Rogue aurait aimé être Professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal. Il vous en fera voir de toutes les couleurs parce qu'il jalouse tout ceux qui ont le malheur d'avoir ce poste.

- Malheur?

- Je ne voudrais pas vous effrayer mais on dit qu'il y a une malédiction sur tous ceux qui oseront prendre le travail. Je ne serais pas surprise de savoir que c'est Severus qui l'a proférée. »

Avant que je puisse songer aux confidences qu'Adèle venait de me faire, Dumbledore se leva et prit la parole.

« Avant que vous ne partiez à vos dortoirs respectifs, je souhaiterais vous présenter votre nouveau professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal, Mlle Elisabeth Bathory.

- Levez-vous! m'intima Adèle à l'oreille. »

Je m'exécutai, fis un signe de tête un peu trop raide à mon goût et me rassis, visiblement gênée. Dumbledore posa une main apaisante sur mon épaule et continua :

- Je vous rappelle que le couvre-feu est à 21 :30 et que l'accès à la Forêt Interdite reste prohibée, particulièrement dû à l'avènement très proche du Seigneur des Ténèbres.

J'eus l'impression qu'il jeta un coup d'œil entendu à une Table précise au mot ''prohibée'' mais j'étais trop déconcertée par la phrase de Dumbledore pour le confirmer. ''Avènement très proche du Seigneur des Ténèbres''? Des rumeurs disaient qu'on l'avait aperçu en Albanie mais je croyais qu'elles n'étaient pas fondées. Le Directeur appuyait donc ces faits…

« À présent, suivez vos préfets jusqu'à vos Salles Communes. »

Je me retirai non sans avoir échangé quelques mots avec Dumbledore et souhaité une bonne nuit à Adèle. Les portes du Hall d'entrée étaient ouvertes. Le souffle doux du vent me parvint. La tentation était trop forte, je décidai de sortir le temps de me rafraîchir les idées.

Je m'arrêtai à une distance respectueuse du château. J'observai la lune qui se réfléchissait sur l'eau mouvementée du lac. Des bruits de pas me firent comprendre que je n'étais pas seule. Je regardai derrière moi et vis l'inconnu ou plutôt..

« Severus Rogue », murmurai-je, inconsciemment.

Il sursauta à l'ouïe de son nom. Il devait être aussi perdu dans ses pensées que je l'étais moi-même il y a quelques instants. Il ne m'accorda pas un regard. Je ne voyais pas son visage mais j'avais reconnu sa carrure grande et mince. Son ombre, projetée par le clair de lune, s'étirait au loin. Soudainement, il porta la main à son bras et poussa un grognement sourd. Je m'en souciai peu. Les rhumatismes étaient fréquents, surtout dans une contrée aussi pluvieuse que l'Angleterre. Ma rancune revint à la charge. Prenant mon courage à deux mains, je lui dis d'un ton assur :

« Vous ne condescendrez donc jamais à m'accorder un regard, Professeur Rogue? »

Cette fois-ci, il me regarda mais j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas, j'aurais préféré ne jamais l'avoir bravé de la sorte. On aurait dit que le temps s'était arrêté. Je me noyais dans la mer de ses yeux sombres. Ce que j'y lus me bouleversa. Douleur, amertume, colère, peine refoulée, rage, souffrance, angoisse, aigreur, chagrin contenu… Mais j'y vis aussi un appel au secours. Il avait besoin d'aide… Il était inquiet. Mais à quel propos?

Les pans de sa cape noire tourbillonnant derrière lui, il partit sans mot dire, me laissant pensive.