Chapitre IV
Les actes héroïques d'Adèle Bibine
Je ne parlai pas à Rogue jusqu'à la fin de la première semaine des classes. Adèle m'harcelait sans cesse de ses questions. Ma mine misérable l'inquiétait. Elle finit par savoir toute la vérité après m'avoir menacée d'en parler à Dumbledore. Elle fut outrée du comportement du Maître des Potions.
Je ne me serais jamais doutée qu'elle irait jusqu'à lui déclarer le guerre. Cette preuve de loyauté me fit chaud au cœur. Rogue ne comprenait pour rien au monde la raison pour laquelle toutes les femmes de la Table des Professeurs lui répondaient à peine et le traitaient avec une froideur frisant la grossièreté. Il craignait presque de demander la salière tant il redoutait les réactions que cela susciterait.
Il finit par aller voir Adèle, la chef des opérations, pour lui demander des explications. Il en résulta une guerre verbale corsée que mon amie remporta.
« Je suis scandalisée, non mieux! Totalement offusquée par votre comportement envers Elisabeth! Comment avez-vous pu? Une nouvelle professeur. Si jeune, en plus! Vous l'avez sauvagement agressé avec vos paroles blessantes. Savez-vous qu'elle a pleuré toute la nuit par votre faute?
- La gravité de la situation dépasse tout entendement, » lui répondit Rogue en roulant les yeux.
« Ne faites pas ces yeux-là! Vous n'avez jamais de remords? Votre cœur est donc de pierre. Elisabeth ne vous a rien fait et vous vous en êtes pris à elle comme le dernier des chiffonniers.
- Miss Bathory fait peut-être preuve de trop de sensibilité...
- Vos propos racistes à son intention était plus qu'on ne peut le tolérer de la part d'un professeur de Poudlard! Ils étaient inacceptables! Je devrais aller en parler à Albus!
- Elle m'avait insulté...
- Ce n'est pas de votre faute, à présent? Vous agissez comme un véritable enfant, Severus! Quel âge avez-vous donc?
- 40 ans mais…
- J'exige… non! Je vous OR-DON-NE que vous lui fassiez des excuses sur le champ. Si Elisabeth vous pardonne, elle fera preuve d'une grande mansuétude, d'une magnanimité immense, d'une énorme miséricorde! Elle prit une profonde inspiration et ajouta pour conclure : ''Vous avez réellement était odieux et aucune femme n'accepterait ça.'' »
Elle l'avait plantée là, sans plus de cérémonie. Il était resté les bras ballants et la bouche ouverte, stupéfait par le flot de paroles qui s'était déversé en torrent sur lui.
Le récit héroïque d'Adèle me redonna le sourire. J'essayai de m'imaginer un Severus Rogue à court de répliques. Fière de ses récents exploits, elle fit part de sa conversation à nos collègues, tout en enjolivant et en rajoutant des détails qu'elle avait « omis » de me dire.
Une professeur Chourave très excitée vint me demander s'il était vrai que « Severus m'avait soumis à l'Endoloris mais que j'avais résisté vaillamment » et que « cette courageuse Mme Bibine l'avait affronté à mains nues jusqu'à temps qu'il se rende et se prosterne à ses pieds ». Je lui répondis avec le plus grand sérieux que je puisse réunir que non seulement Rogue s'était prosterné devant elle mais lui avait aussi embrassé les pieds. Sa crédulité n'ayant pas de limites, elle alla colporter l'anecdote croustillante à ses consœurs. J'haussai les épaules avec un petit sourire. Quel mal y avait-il à pimenter l'histoire d'Adèle?
Lorsque j'essayai de la remercier, Adèle rougit et me dit « qu'il n'y avait pas de quoi » et que «ce n'était rien qu'un petit coup de pouce ». Sa soudaine modestie me fit rire alors que je remémorai la Ste-Adèle-Bibine, terrassant un Severus Rogue cracheur de feu, de son histoire rapidement devenue une légende.
