Ce chapitre a été écrit avec beaucoup moins de fluidité que les autres. Si je voulais respecter la chanson, il fallait que je trouve une connexion entre la ''riddle'' (énigme) et le ''desesperate fight'' (combat désespéré). J'espère que vous ne trouverez pas trop tiré par les cheveux le lien entre les deux évènements

Petit message à mes deux revieweuses :

Shenna : Merci beaucoup pour ton message! Je vais continuer à mettre des notes de bas de pages pour les mots qui pourraient ne pas être trop clair (aka ''enbiscuités'' comme tu dis si bien). Le Québec a des centaines d'expressions que nos amis Européens n'emploient pas alors il faut bien démêler tout ça

Tania : Après quelques recherches sur le Net le premier site que j'ai trouvé) , je confirme qu'Elizabeth Bathory est un des personnages d'Atmosfear. En espèrant que tu trouveras la suite de Moonlight Shadow a un concept aussi nouveau que son début,

Cordialement,

BloodCountess

Moonlight Shadow

Lost in a riddle last saturday night
Far away on the other side.
He was caught in the middle of a desperate fight
And she couldn't find how to push through

Chapitre V

Disparition, Contusions & Celui-qui-a-le-Don

Mon premier week-end à Poudlard promettait d'être chargé. Adèle, Amanda Vector, Alicia Chourave et moi avions planifié passer le samedi entier à Pré-au-Lard. J'étais revenue au mieux de ma forme grâce aux bons soins de mes amies. Je me sentais presque d'attaque à affronter Severus Rogue. À chaque fois que je croyais être plus forte, sa voix résonnait dans ma tête :

« Je ne me laisserai pas insulter par une gamine immature, bâtarde de surcroît, telle que vous! »

Et de fait, à chaque fois, une vague de tristesse me submergeait, un étau resserrait mon cœur et je sentais une douleur sourde me ronger les entrailles.

La journée à Pré-au-Lard me fit oublier mes soucis. Les quatre femmes commencèrent par me faire visiter la sucrerie Honeydukes, puis le magasin de farces et attrapes Zonko et la pittoresque Cabane Hurlante. Elles me racontèrent des histoires plus effrayantes les unes que les autres sur la masure en pleine décrépitude. Nous prîmes une Bièraubeurre aux Trois Balais puis continuâmes notre lèche-vitrine de plus belle jusqu'à la bienheureuse heure du thé. Elles m'emmenèrent à la Maison de Thé de Mme Puddifoot, un endroit charmant.

Je revins éreintée de l'excellent samedi que j'avais passé. La solitude m'accommodait parfaitement mais elle n'était rien comparée au bonheur d'avoir de vrais amis.

Ma chambre était plongée dans la pénombre lorsque j'en foulai le seuil.

« Lumos », Murmurais-je.

Je trouvai un parchemin cacheté avec un sceau de cire verte sur ma table de chevet. Je pensai un instant que c'était un message d'Albus mais je me désenchantai vite lorsque je vis le serpent enroulé autour des initiales du Maître des Potions. Je l'ouvris fébrilement et pris une grande inspiration avant de commencer ma lecture. M'avait-il écrit pour m'invectiver ou avait-il de bonnes intentions?

« J'aimerais vous faire des excuses pour mon comportement à votre égard. Même endroit, l'heure que vous voudrez. Je vous y attendrai.

S.R. »

Je m'imaginai Severus Rogue en train d'écrire cette lettre. Le mot ''excuses'', comme le témoignait la taille des caractères, devait lui avoir coûté un effort énorme. « Je vous y attendrai » … Je caressai un instant la perspective de lui poser un lapin puis je relus la lettre et écartai cette idée. À quoi bon envenimer l'affaire encore plus?

(De toute façon, me voir en privé vous fait plutôt plaisir, n'est-ce pas, Miss Bathory?)

Je fis taire la voix du Severus Rogue fictif qui peuplait mon imagination et qui arrivait toujours à point pour m'exaspérer.

(Auriez-vous peur de la vérité, Miss Bathory?)

Non! Et puis, ce n'est pas comme si c'était un rendez-vous galant.

(C'est pour ça que vous vous recoiffez, Miss Bathory?)

Oh, la ferme! Je fais ce que je veux et je gère mes relations comme il me plaît.

(Et moi, est-ce que je vous plais?)

Voilà bien longtemps que la Nuit avait étendu son voile parsemé d'étoiles sur le ciel lorsque je passai les portes du Hall. J'étais un peu anxieuse à l'issue de la future rencontre. Et si cela tournait au vinaigre? Il ne le fallait surtout pas. J'allais devoir me contrôler, ne pas perdre mon sang-froid, ne pas me laisser impressionner et surtout…

(Ne pas se laisser distraire par ma voix, Miss Bathory?)

Je relevai d'une main rageuse une mèche de cheveux qui me tombait dans les yeux. En fait, je voulais plutôt repousser mon Severus Rogue imaginaire dans un recoin lointain de mon cerveau afin qu'il ne vienne pas me déranger lorsque je parlerais au véritable Severus Rogue.

J'atteins les berges du Lac en peu de temps et je crus avoir la plus grande déception de ma vie. Il n'était pas là. Comment était-ce possible? « Même endroit, l'heure que vous voudrez. Je vous y attendrai. » Mon œil, oui! Encore une de ses ruses destinée à me blesser. Était-ce sa manière de prendre une revanche sur ce qu'Adèle lui avait fait?

Alors que je m'apprêtais à partir, un grognement plaintif se fit entendre. Un énorme molosse noir avança dans ma direction. Je reculai d'un pas puis reconnu Crockdur, le chien d'Hagrid. Semblable à son maître, son aspect féroce dissimulait une grande bonté de cœur et une loyauté à toutes épreuves. Il me fixait avec les yeux irrésistibles d'un chien battu. Je me penchai pour caresser son pelage sombre. Visiblement content, il s'abandonna à un moment de béatitude puis commença à mordiller ma robe. Je tirai légèrement mais il ne lâchait pas prise. Il m'emmena en trottinant vers la lisière de la Forêt Interdite. Voulait-il que je le suive? La hutte d'Hagrid était vide. Severus Rogue n'était pas au rendez-vous. Les évènements étaient peut-être étroitement liés.

Je suivis mon guide canin à travers la Forêt Interdite en espérant que personne ne m'avait vue. Dumbledore avait souligné que l'accès à la Forêt était formellement défendue. Donner le mauvais exemple à ma première semaine d'enseignement entacherait sérieusement mon C.V.[1]. S'enfoncer dans cette brousse était-elle une bonne idée, après tout? Je m'étais élancée tête première, sans aucune hésitation dans l'expédition mais les intentions de Crockdur étaient peut-être seulement de me montrer la cachette de ses os pour me récompenser de l'avoir cajolé.

(Vous renoncez, Miss Bathory?)

« Certainement pas. Je ne rebrousserai pas chemin, surtout si vous êtes de la partie, Rogue », murmurai-je entre mes dents serrées.

Après une dizaine de minutes de marche à éviter les racines noueuses, j'entrevis une clairière. Des hennissements et des bruits de sabots martelant le sol me parvenaient. J'avançai prudemment jusqu'à ce que je puisse distinguer ce qui causait tant d'émoi.

Les corps de plusieurs centaures jonchaient le sol, stupéfixés ou pétrifiés. Les survivants formaient un cercle autour de deux hommes… ou plutôt, ce qu'il en restait.

Severus Rogue, baguette en main, se tenait debout, défiant ses assaillants de l'approcher. Sa robe de sorcier, partiellement déchirée, était maculée de sang et de poussière. Son visage habituellement pâle était d'un blanc maladif. Son bras gauche formait un angle inhabituel plutôt inquiétant. Malgré ses blessures, sa prestance était toujours la même. Le sentiment de parfait contrôle qui se dégageait de lui le faisait dominer ses attaquants.

Aux côtés du Maître des Potions, Hagrid tenait une arbalète dans ses mains. Sa stature imposante semblait impressionner ses opposants car ils hésitaient à resserrer leur cercle. Aussi grièvement blessé que son compagnon d'armes, un filet de sang coulait de la tempe du demi-géant. J'espérais ardemment qu'il n'y aurait pas de séquelles à la bataille.

À l'origine, les centaures étaient des êtres pacifiques et non des guerriers redoutables. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer ce changement chez eux?

Hagrid semblait vouloir parlementer. Un centaure à l'aspect sauvage et à la chevelure d'ébène empêchait un de ses semblables aux cheveux aux reflets rougeâtres noués en queue de l'approcher. Bien qu'ils fussent en dehors de mon champ d'audition, je captai des bribes de la conversation :

« Bane, il… pas de mal… Hagrid… ami… pourquoi toute cette violence?

- Ronan, JE… chef… discute pas, répondit d'un ton hargneux le dénommé Bane. »

Les mots décousus que j'entendais ne m'informait pas beaucoup de la teneur de la situation. Je m'approchai donc le plus possible du groupe de centaures sans me faire remarquer. Les vampires ont la capacité de paraître en quelque sorte invisible aux yeux des mortels. J'espérais qu'il en allait de même avec les centaures. L'homme-cheval aux cheveux noirs demanda :

« Qu'êtes-vous venu faire dans nos forêts, humains?

- Détruire tout sur votre passage comme vous avez l'habitude de faire?

- Magorian! Je ne cesse de vous répéter qu'ils…

- Tais-toi, Ronan, Gronda Bane. »

Le centaure se renfrogna et jeta un regard noir à son chef. Hagrid prit la parole :

« Dumbledore nous a…enfin, il m'a chargé de venir en tant qu'ambassadeur…

- Nous ne voulons plus avoir à faire avec les humains, coupa Bane d'un ton agressif. »

Le demi-géant l'ignora et poursuivit pour les autres membres du groupe :

« Il veut vous avertir qu'un grand danger vous guette. Vous-Savez-Qui… enfin, le Seigneur des Ténèbres recherche celui qui a le Don. Il a besoin de lui pour reconstituer la Prophétie. »

Les centaures se dévisagèrent, inquiets. Des murmures s'élevèrent alors qu'ils échangeaient leur opinion sur la question puis ils redevinrent aussi peu loquaces qu'à leur habitude. Ce fut Magorian qui brisa le silence :

« Celui-qui-a-le-don est en sécurité. Personne, surtout pas un humain, ne pourra le retrouver. Les seuls détenteurs du secret de sa cachette sont eux aussi à l'abri. Rien ne pourra troubler ses visions. Le destin doit suivre son chemin. Rien ni personne ne doit changer son cours.

- Ils en savent trop, à présent. Magorian est bavard. Nous devons éliminer les deux intrus sinon ils chercheront à trouver le refuge de Celui-qui-a-le-Don.»

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je devais réagir avant que tout cela ne finisse mal. Je devais trouver un moyen de nous sortir tous de là. Les centaures se déplaçaient beaucoup plus vite que trois mortels, dont deux blessés.

Au cours de l'été, Dumbledore m'avait envoyé l'Histoire de Poudlard afin que j'en apprenne plus sur mon futur lieu de travail. Jusqu'à maintenant, la volumineuse lecture s'était avérée inutile, sauf si j'avais voulu discuter de la visite d'un ambassadeur birman en 1577 à Poudlard.

Un chapitre sur les divers sorts qui protégeaient Poudlard me revint en tête. Il était impossible de transplaner ou d'utiliser tout autre moyen magique pour se déplacer. Le moyen le plus simple serait certainement de transplaner… mais les autres étaient-ils en état de le faire?

Nous étions à une distance de certainement plus que deux lieues du château, je pouvais utiliser un Portoloin. Je m'éloignai à pas de loups et délaçai ma chaussure. Si quelqu'un m'avait dit que mon soulier servirait de Portoloin à un sauvetage en pleine Forêt d'Angleterre, je lui aurais ri au nez et demandé s'il était le pensionnaire échappé d'un hôpital psychiatrique. Je n'avais pourtant pas le cœur à rire, à présent. Si j'échouais, cela signifiait non seulement la mort de Rogue, mais sans aucun doute la mienne aussi.

Après quelques incantations, mon Portoloin en main, je retournai non loin d'eux. Je tirai de ma poche le pétard que j'avais acheté chez Zonko, le matin même. La plaisante journée à Pré-au-Lard semblait bien loin… J'embrasai la mèche d'un coup de baguette et lançai le pétard sur Bane. Une explosion de lumières envahit la clairière et éclaira les alentours. Ma semi-invisibilité était fichue mais peu importe. Les centaures décontenancés s'étaient réfugiés dans les bois. Bane courait dans tous les sens, la queue en feu. Cet acte inutile ne faisait qu'attiser les flammes.

En tant normal, j'aurais ri de bon cœur mais je devais profiter de l'effet de surprise tant qu'il durerait. Je me précipitai sur les deux hommes et leur tendit ma chaussure.

« Portoloin, vite », soufflai-je.

Puis, nous fûmes emportés vers Poudlard, avant que les hommes-chevaux aient pu y faire quoi que ce soit.

Le Portoloin était un moyen de locomotion rapide mais trop brusque pour mes deux blessés. Ils s'étaient effondrés dans l'herbe dans un état proche du coma.

« Bof… ils sont vivants, c'est ce qui compte, non? »

(Mais pour combien de temps, Miss Bathory?)

La couleur du visage de Rogue m'inquiétait sérieusement. Découvrant mes canines, je m'entaillai le poignet et versai un peu de mon sang sur la plaie la plus profonde du Professeur de Potions. Celle-ci commença à se coaguler puis se cicatriser. Je m'attaquai ensuite aux autres. Je fis de même pour les blessures d'Hagrid jusqu'à ce qu'ils cessent de se vider de leur fluide vital.

Ma tête tournait. J'avais soif… très soif… Le froid m'envahissait, pénétrant ma peau d'aiguillons glacés. Je jetai un coup d'œil aux deux autres. Ils semblaient mieux, leur respiration était plus régulière. Même Rogue avait repris un peu de couleur. Satisfaite de mon travail, je cessai de combattre la brume qui s'insinuait dans mon cerveau. Puis, tout devint noir…


[1] Curriculum Vitae : mot latin qui signifie un dossier remplis de nos antécédents, études, précédents travaux que l'on remet à celui/celle qui passe l'entrevue pour un futur travail.