Moonlight Shadow
I stay
I pray
I see you in heaven far away
Chapitre XI
Soudaine Ferveur
Tu causes la douleur et la mort, Elisabeth Bathory. Tu apportes le malheur partout où tu vas. Ne t'avise plus jamais d'approcher et encore moins d'aimer quelqu'un. Tu le feras souffrir. Tu le détruiras.
Stanislas!
Severus!
Repousse-les, Elisabeth Bathory! Sinon, tu leur feras mal… mal… MAL!
VAMPIRE, DUNPEAL, BUVEUR DE SANG, CRÉATURE DÉMONIAQUE, RENÉGAT, BÂTARD, CROISEMENT, HYBRIDE, ORDURE!
Pourquoi Van Helsing ne t'a-t-il pas tué tout de suite? Parce que tu n'es que la moitié de deux races. Tu n'es rien, tu entends? RIEN! Tu n'es personne, tu comprends? PERSONNE! Va vivre recluse avant de faire de nouvelles victimes de ta folie. Emmure-toi vivante dans ta chambre comme l'a fait ton ancêtre avant toi.
Stanislas!
Ce n'était pas une leçon suffisante? Il t'en fallait plus, n'est-ce pas? Plus de sang! Plus d'hécatombe, de carnage, de massacre, de tuerie par ta faute! Par ta seule et unique faute!
Severus!
Tu pensais réellement que ça pourrait fonctionner? Tu l'as assassiné. Tu es la meurtrière. Tu lui as volé sa vie. Tu ne peux pas aimer. Les
VAMPIRES, DUNPEALS, BUVEURS DE SANG, CRÉATURES DÉMONIAQUES, RENÉGATS, BÂTARDS, CROISEMENTS, HYBRIDES, ORDURES!
Comme toi ne peuvent pas. Tu n'as pas le droit, tout simplement. Va-t-en, Elizabeth Bathory. Laisse les mortels tranquille. Tu es coupable de tout… TOUT!
Je me réveillai en sursaut, de la sueur perlant du mon front. Je l'essuyai du revers de main. À qui appartenait cette voix accusatrice? J'esquissai un mouvement vers la droite lorsque un élancement fulgurant me rappela Halloween.
« SEVERUS!!! » Hurlai-je.
Mme Pomfresh, toujours en robe de nuit, arriva précipitamment vers moi.
« SEVERUS! JE VEUX LE VOIR! »
Elle me sourit mais d'un sourire triste et plein de compassion, de ces sourires qu'on accorde aux proches des défunts, lorsqu'on vient dire nos condoléances aux funérailles. Je répétai mon injonction encore plus fort que la fois précédente :
« SEVERUS! IL FAUT QUE JE LE VOIS! »
Sans un bruit, elle tira le rideau blanc qui me séparait des autres patients. Severus gisait là, inerte et les yeux clos. Il était recouvert de pansements imbibés de sang. Il ressemblait étrangement à un pantin désarticulé abandonné par son marionnettiste. Où était-il passé, ce marionnettiste de malheur? Je ne pus retenir mes larmes. L'infirmière m'expliqua doucement :
« Il est dans un profond coma depuis plus d'une semaine. Une balle l'a atteint à la tête. »
Severus!
Tu pensais réellement que ça pourrait fonctionner? Tu l'as assassiné. Tu es la meurtrière. Tu lui as volé sa vie. Tu ne peux pas aimer.
« Voudriez-vous manger?
- Non, ça va aller. Je voudrais être seule… avec lui. » murmurai-je d'un air hébété.
Bien qu'accablée par la douleur, je guéris très rapidement. La balle d'argent de Petyr Van Helsing n'avait fait que me neutraliser pour quelques temps. Je la regardai dans le creux de ma main. Mme Pomfresh avait voulu la jeter mais j'avais refusé. J'avais aussi récupéré celles de Severus. Van Helsing périrait de ses propres armes, j'en faisais le serment.
Je reçus plusieurs visites. Les visages défilaient devant mes yeux et me débitaient des paroles qui allaient et venaient dans mon cerveau comme dans un moulin. Je les écoutais d'un air absent comme s'ils essayaient de communiquer avec moi dans un langage qui m'était inconnu. Ou bien était-ce que je ne voulais pas comprendre. Je ne voulais plus rien, sauf Severus.
« Je trouverai un remplaçant pour vous deux, Elisabeth. N'ayez crainte pour Severus. Il est de forte constitution. Il en a déjà vu d'autre et de bien pires. »
Albus, le si compréhensif Albus, me permit de rester à ses côtés et de le veiller. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de Severus, cherchant désespérément un signe de vie de sa part.
« A-t-elle perdu sa lucidité, Albus?
- Non, Adèle mais ses nerfs ont subi un rude choc à la vue de Severus.
- Depuis combien de temps est-il comme ça?
- Bientôt trois semaines…
- Et son état ne s'améliore toujours pas. A-t-elle parlé, Mme Pomfresh?
- Oui, Professeur Bibine. Elle l'a réclamé.
- Elle est complètement obnubilée par cet homme! »
Elle s'avança d'un pas rageur vers Severus et commença à le secouer brutalement.
« Vous ne comprenez donc pas qu'Elizabeth ne reviendra pas tant que vous restez comme ça? Allez Severus! Réveillez-vous! Je me laisserai invectiver tant que vous le voudrez! J'avouerai que toutes ces histoires de prosternation ne sont pas tout à fait vraies mais je vous en prie! Faites-le pour Elizabeth! » martela-t-elle.
Pas un geste, pas un son autre que la lente respiration. Albus et l'Infirmière indignée retinrent la main d'Adèle qui menaçait de s'abattre sur la joue de Severus.
« Calmez-vous, Professeur Bibine. Gardez votre sang-froid.
- Nous devons laisser les choses prendre leur cours.
- Même si cet idiot ne se réveille jamais? Ce qui signifie qu'Elizabeth sera réduite à l'état de légume pour le restant de ses jours! »
Une idée vint percer le voile brumeux qui m'empêchait de penser. Ma mère avait toujours recourt à son Dieu, lorsqu'elle avait besoin d'un conseil, doutait d'une de ses décisions, avait besoin de réconfort ou avait une faveur à demander. J'avais toujours trouvé ridicule ce rituel mais rendue au point où j'en étais, valait mieux tout essayer. Je me mis à genoux devant le lit de Severus. Avec un peu de chance, Mme Pomfresh ne viendrait pas troubler mon recueillement. Je croisai mes mains comme ma mère me l'avait enseigné et fermai les yeux sans songer à la situation risible. Une vampire prise d'une soudaine ferveur? Impossible… ou presque.
Seigneur,
Je sais très bien que je suis une créature impure qui semblable à Caïn[1] assassine ses frères et sœurs pour se nourrir de leur sang. Je sais très bien que je ne vais pas souvent Vous rendre visite dans Vos églises. Je sais très bien que je suis le fruit d'une union non-consacrée entre deux races différentes. Je sais très bien que je ne mérite pas de vivre mais si c'est l'Enfer qui m'attend, je suis prête à l'affronter car je ne peux vivre pire Enfer que celui que je vis présentement. Severus représente tout pour moi. Est-ce une punition que Votre divine main m'envoie pour que j'en retienne une leçon? Si oui, je me repentis de mes fautes mais je Vous conjure de laisser Severus tranquille. Je suis la créature impie. Il ne devrait pas expier pour moi. Si c'est ce que vous voulez, je me précipite dans l'église la plus proche et leur donne tout mon argent disponible. Je confesserai même mes péchés à un de Vos prêtres. J'assisterai à toutes Vos saintes messes et essaierai de soulager les maux de ce monde. Aujourd'hui, je ne suis pas une Dunpeal impétueuse qui essaie de Vous dicter votre conduite mais bien une mortelle qui se tient à genoux devant Vous et Vous supplie de rendre la vie à Severus Rogue, le seul homme qui l'ait jamais acceptée telle qu'elle est.
Amen.
Je me levai, les genoux endoloris par le plancher froid et dur. J'aurai tenté le tout pour le tout. J'embrassai Severus sur le front et lui murmurai :
« Nous nous reverrons, je te le promets. »
Je savais très bien que je n'arriverais pas à vivre sans lui. Je l'accompagnerais dans la mort, si c'est ce qu'il fallait.
[1] Dans la Bible, Caïn assassine son frère Abel car il est jaloux de l'attention que lui porte Dieu.
