Pour les lecteurs d'Anne Rice, vous aurez peut-être reconnu dans le cadeau de Dumbledore ce qu'Armand donne à son amant mortel Daniel dans Queen of the Damned, le tome III des Vampires Chronicles.
J'ai compris le message Pas de review tant que je ne poste pas, c'est ça? Désolée pour le retard mais j'ai été très occupée, ces temps-ci.
Chapitre XXV
Nuit De Noël
« La Maîtresse est là, maintenant. »
Il conclut son récit sur cette phrase. La façon dont il racontait son récit, d'une voix fluette et candide, me ravissait. Son dévouement et sa dévotion pour Severus était si touchante. Je chassai les larmes qui menaçaient de couler le long de mes joues d'un revers d'un main et avalai le reste de mon petit déjeuner. Ernie débarassa la table d'un geste de la main et s'enquit :
« La Maîtresse souhaite-t-elle visiter le Manoir? »
J'acquiesçai et il m'emmena dans une pièce avoisinante. Les murs étaient littéralement tapissés de livres. De nombreux fauteuils de cuirs noirs et des tables avaient été disposés adroitement afin que tous puissent être à leurs aises.
« La Bibliothèque a été construite en même temps que le Manoir. Ernie a vu tous les Rogues y ajouter des livres, génération après génération. »
La chambre de Severus reflétait la personnalité de son locataire. Située à la droite de la mienne, elle était meublée avec un goût raffiné mais plus pratique que beau. Au fond de la pièce, on accédait à un grand laboratoire qui donnait sur une serre. Je déambulai avec ravissement parmi la grande variété de plantes luxuriantes.
« Le Maître cultive lui-même plusieurs de ses ingrédients. Ernie les entretient. »
La journée s'écoula ainsi. Ernie me prit soin de me montrer les différents boudoirs, les spacieuses cuisines, antre-chambres et luxueux salons du Manoir.
« Aucun besoin de visiter la chambre de la Maîtresse de Maison. C'est le Maître qui a tenu à ce que vous l'ayez, » me confia Ernie avec un sourire entendu.
Le soir venu, je me retirai dans ma chambre afin d'aller déballer les cadeaux. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir Severus, m'attendant tranquillement au bord de la fenêtre, une coupe de xérès à la main.
« Joyeux Noël, amour, » me glissa-t-il dans le creux de l'oreille, déposant son breuvage sur un buffet massif en chêne.
Je sentis son souffle chaud contre la peau sensible de mon cou lorsqu'il me prit dans ses bras. J'appuyai ma tête contre son torse fort, savourant la beauté du moment.
« Tu veux déballer tes cadeaux? » demanda-t-il.
L'envie de lui poser des questions au sujet de sa mission me brûlait mais je la repoussai, me rappelant notre promesse faite dans la Forêt Interdite : ne pas fourrer mon nez dans tout ce qui à trait à l'Ordre. La vue de la montagne de présents dissipa vite ma curiosité et j'acceptai la proposition de Severus.
Je commençai par le cadeau d'Adèle. Une petite carte ornée d'une feuille de gui l'accompagnait.
« À la Belle Au Bois Dormant,
Joyeux Noël! Mon intuition féminine infaillible me dit que tu passeras de superbes vacances en très bonne compagnie (bien que ce ne soit pas la mienne). J'exige des détails croustillants à ton retour. J'espère que tu utiliseras à bon escient mes deux cadeaux.
Je t'embrasse,
Adèle »
J'ouvris la boîte et y découvris deux choses : une magnifique robe de bal d'un bleu profond que j'avais longuement admirée à Pré-au-Lard mais qui était hors de prix et… des préservatifs.
« Mais quelle délicate attention. Le Professeur Bibine fait une fois de plus preuve de son humour douteux, » ironisa Severus.
J'enfouis ma tête dans mes mains, la honte me submergeant. Mais qu'est-ce qui lui avait pris? Severus toussa discrètement et me tendit un autre paquet pour créer une diversion. Il provenait d'Amanda Vector. Je déchirai le papier dans lequel un livre était enroulé, me permettant de voir le titre : Arithmancie intermédiaire.
« Son travail lui monte à la tête, » commenta Severus.
« Et toi? Ne va pas me dire que tu ne te prends pas au sérieux! » rétorquai-je.
Il haussa les épaules et me passa un nouveau colis. Je devinai son expéditeur en déchiffrant l'écriture :
« Pour Miss Bathory de la part d'Hagrid »
C'était une boîte de biscuits.
« N'y touche surtout pas! » s'écria Severus.
« Pourquoi, ils ont l'air comestibles.
- Il y a une nuance entre ''ont l'air'' et ''sont''. Ils sont absolument immangeables. Ils sont si durs qu'une visite à l'Infirmerie est toujours prévue, après chacune des dégustations de biscuits d'Hagrid. Refuse-les si il t'en propose avec du thé, » m'assura-t-il.
Je me saisis du prochain présent. Je le tâtai un peu, question de deviner ce que c'était. Il était d'Alicia Chourave et avait une forme très étrange.
« Je ferais attention si j'étais toi, elle m'a déjà envoyé une plante carnivore, » me prévint Severus. « Peut-être était-ce parce que je venais de retirer 150 points à Poufsouffle alors qu'ils étaient arrivés à se hisser au troisième rang de la Coupe des Quatre Maisons, » ajouta-t-il, songeur.
« Severus, tu es incorrigible. Tu devrais leur laisser leur chance.
- Pour que Serpentard perde? Jamais.
- Tu entretiens la compétition entre les Maisons. Elles devraient plutôt fraterniser.
- Toi et tes concepts humanitaires…
- Si tu n'étais pas si désagréable avec les autres, tu recevrais des roses, tout comme moi! » le taquinai-je.
De fait, je venais de retirer l'enveloppe de papier qui recouvrait la splendide plante.
« Pfff… Une plante carnivore est déjà plus utile, » grogna l'irascible Maître des Potions.
« Tu devrais redouter les roses. Elles sont belles mais… »
Je passai mon doigt sur les épines.
«… elles sont loin d'être aussi fragiles qu'elles en ont l'air. »
Je pris le dernier des cadeaux. Il était d'Albus. Je m'attendais à une autre de ses trouvailles farfelues et j'avais raison : le Directeur m'avait envoyé une paire de chaussettes. Je remarquai qu'un des bas était déformé par un renflement. Je plongeai ma main à l'intérieur et retirai un médaillon.
« Ce médaillon contient le sang régénérateur du Père de tous les Vampires. Il se transmet de générations en générations, dans votre famille. Vous saurez quand l'utiliser en temps et lieu.
Albus Dumbledore »
« Albus et ses énigmes. Il commence à sérieusement m'ennuyer. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui. As-tu déjà essayé d'avoir une conversation tant soit peu normale avec cet homme? »
J'examinai le bijou de plus près à la lueur d'une chandelle. Un grand D était inscrit sur le boîtier et une minuscule fiole était remplie d'un liquide rouge. Je compris avec horreur que les entrelacs gravés sur toute la surface étaient en fait de minuscules personnages enchevêtrés, certains mutilés, d'autres convulsés de douleur, comme agonisants, d'autres morts. Un objet à donner froid dans le dos, en somme. Je frissonnai et montrai les macabres décorations du talisman.
« Charmant, vraiment charmant., » marmonna-t-il.
« Si Albus était en sa possession, pourquoi ne me l'a-t-il pas donné avant?
- Il a dû juger que c'était le bon moment. Dumbledore sait ce qu'il fait, » me raisonna Severus,
« Ernie? » appela-t-il puis il se tourna vers moi pour me dire :
« Maintenant, c'est à mon tour de t'offrir mon cadeau.
- Tu n'aurais pas dû! Mon séjour au Manoir suffisait amplement, » lui reprochai-je.
Il posa doucement son index sur mes lèvres, m'empêchant de protester plus. Ernie arriva dans la chambre, un écrin de satin noir dans ses mains frêles. Il le donna respectueusement à Severus qui, avec un grand sourire, l'ouvrit, tandis que l'Elfe s'éclipsait discrètement.
Le coffret contenait une bague en argent ornée d'un rubis qui brillait de milles feux sous les flammes de l'âtre. Le Maître des Potions le glissa à mon annulaire.
« Prends ceci pour un gage de fiançailles. Elle a appartenu à ma mère et à ma grand-mère avant elle. C'est Severus Rogue IIIème du nom qui l'a offerte à Cassandra Rogue, pour son mariage avec son fils, Julius Rogue. »
Je fondis en larmes de bonheur. Pour qu'il ne méprenne pas ma réaction, je murmurai d'une voix entrecoupée de sanglots :
« Oh, Severus! C'est trop…
- Alors, tu l'aimes? » me demanda-t-il, inquiet.
« Tu veux rire? Elle est magnifique!
- Et… tu acceptes de…
- Rien ne me ferait plus plaisir, Severus. Ces fiançailles sont le cadeau le plus merveilleux que j'aie reçu de ma vie. »
Un sourire illumina son visage. Il me prit dans ses bras. Il essuya mon visage humide par les pleurs de sa main douce. Le réalisant soudain, je m'exclamai :
« Mais je ne t'ai rien donné, moi! »
« Mon cadeau, c'est toi, Elisabeth, » m'assura-t-il.
Réconfortée, je l'embrassai tout en passant mes bras autour de son cou. Entourant ma taille de ses bras, il me renversa sur le lit.
« Un moment, » chuchota-t-il.
Intriguée, j'admirai son corps souple se soulever pour aller saisir sa baguette et revenir se coucher à mes côtés.
« Nox, » murmura-t-il.
Tous les chandeliers s'éteignirent, nous laissant seuls, uniquement éclairés par la lumière argentée de la Lune.
