Bon, ici, je fais passer Liz pour une pauvre fille paumée qui n'a jamais reçu l'affection qu'elle voulait --. En fait, j'avais besoin de ça pour que Dracula la manipule mieux, ok? C'est pas moi qui suis devenue amateur des Feux de l'Amour ou tout autre soap américain à l'eau de rose.

Elle est un peu comme Voldy. Son père l'a abandonnée mais sa mère venait d'une famille de sorciers de sang-pur. À la seule différence que le géniteur de Liz n'est pas un Moldu mais bien un vampire .

Chapitre XXX

Touchantes Retrouvailles

Je restai debout en le dévisageant, trop stupéfiée pour esquisser le moindre mouvement. On aurait dit que toutes les pièces d'un immense puzzle se remettait en place. Les paroles de mon père formaient une ronde dans ma tête.

Iloona, la fidèle Iloona.

Elle n'aurait jamais pu se résoudre à t'appeler Elizabeth, ma douce.

Ses traditions sont trop fortement ancrées en elle pour qu'elle utilise ton prénom anglais. Sa famille est au service des Bathory depuis si longtemps que la Hongrie ne serait pas la même, sans elle.

Tu es téméraire, ma douce.

C'est le sang des Szekeler qui coule en toi.

Maintenant, cesse de lutter et dors, mon enfant.

La façon tendre dont il m'avait consolé, les paroles réconfortantes qu'il m'avait glissée… Ce fut lui qui fit le premier pas en se levant et s'approchant de moi. Je continuai à le considérer, n'arrivant toujours pas à y croire. Mère m'avait toujours assuré qu'il était mort et je l'avais cru, enfant naïve que j'étais.

« Père… » balbutiai-je maladroitement, encore incrédule.

Il me serra contre lui dans une étreinte toute paternelle. Jamais Mère n'avait agi ainsi. Je lui rappelais trop de mauvais souvenirs pour qu'elle puisse m'accepter comme sa fille. Je m'étais vite fait à l'idée qu'à ses yeux, je n'étais que le fruit de l'union impure entre un vampire et une sorcière. Mère prenait plaisir à me lire les Légendes du Roi Arthur pour me parler de Merlin, fils d'une vierge et d'un démon Incube. Elle me disait toujours que je lui ressemblais car moi aussi, j'ai était une bâtarde à moitié-humaine. Jamais elle ne m'avait démontré la moindre trace d'affection et à présent, après toutes ces années, je recevais ce à quoi j'avais tant aspiré.

Je levai des yeux brillants d'émotion vers mon père. Il semblait tout aussi ému que moi. Nous restâmes ainsi pendant encore quelques instants, puis, il posa ses mains sur mes deux épaules pour que nous nous regardions en face.

« Erzebeth. Mon enfant. Ma seule et unique fille. »

Sa voix était si imprégnée de tendresse que j'en eus les larmes au yeux. Remarquant mon trouble, il m'invita à m'asseoir à ses côtés, à la grande table d'ébène.

« Père, je… »

Par quoi commencer? Tant de questions m'assaillaient! Où avait-il été pendant tout ce temps, alors que je grandissais et me sentais abandonnée de tous? Pourquoi avait-il choisi ce moment particulier pour me connaître? Comment ma mère et lui s'étaient-ils rencontrés? Était-elle différente de la femme aigrie qu'elle était devenue? Mais surtout, avait-il des nouvelles de Severus.

« Avant que tu ne m'inondes de question, bois ceci, tu recouvreras des forces. »

J'acquiesçai d'un signe de tête. Il versa un liquide rouge dans la coupe de cristal devant moi. J'obtempérai mais, trempant mes lèvres dans la liqueur, je réalisai avec effroi que c'était du sang. Je repoussai le breuvage en frissonnant. Je ne me sentais pas capable d'en prendre ne serait-ce qu'une seule gorgée.

« Bois, Erzebeth. Ne renie pas ce que tu es. Apprends à vivre en assumant ta nature. Bois, ma douce. »

Je lui lançai un regard suppliant mais il semblait inflexible. Prenant une grande inspiration, j'avalai le contenu de la coupe d'un coup sec. Une douce chaleur descendit le long de mon gorge, s'insinuant dans mes veines. J'avais oublié la sensation que procurait le sang… Ce sentiment de revivre était délicieux. Je soupirai d'aise. Mon père émit un rire moqueur.

« Alors, ce n'était pas si difficile que ça? »

Je rougis de confusion. J'avais passé de la répulsion à l'extase si vite…

« Tu dois accepter ton statut, Erzebeth. »

J'hochai la tête pour lui signifier que j'avais compris. C'était le moment de poser mes questions.

« Où étiez-vous lorsque j'avais désespérément besoin de vous? » m'enquis-je une pointe de reproche perçant dans ma voix.

Il fronça les sourcils puis, son expression devint affligée comme si il regrettait amèrement ce fait.

« Ta mère n'a jamais voulu que je te vois. Elle disait que j'userais de mon influence néfaste pour que tu perdes le peu d'humanité qu'il y avait en tant et que tu deviennes un monstre à part entière. J'ai respecté son choix puisque j'ai cru lui avoir déjà assez causé de torts, » finit-il par me répondre avec franchise.

« Et vous n'avez jamais demandé de mes nouvelles? J'étais autant votre fille que la sienne, » protestai-je avec force.

« Si, bien sûr. Iloona était là pour ça. Elle m'apprenait tout sur toi. À travers elle, je voyais tes joies et tes peines, tes progrès et tes échecs. Cela me remplissait le vide de vous avoir perdu toutes le deux, toi et ta mère. Un jour, Meg, ta mère, a découvert qu'elle me renseignait en la surprenant sortir la nuit pendant que tu dormais. Elle l'a renvoyée. »

Beaucoup de choses s'expliquaient. Je fus soulagée de voir qu'il ne m'avait pas abandonnée et laissée à moi-même seulement par cruauté, comme me l'avait raconté Mère. Je passai immédiatement à ma prochaine interrogation.

« Pourquoi maintenant?

- Je n'ai appris que très tard que Meg était morte. Après un bref deuil, je me suis rendu à votre village du Devon pour te retrouver. Beaucoup d'anciens souvenirs ont été ravivé, lorsque j'ai arpenté les rues de ce charmant patelin pour retrouver votre maison. Ta mère et moi avions passé tant de temps à déambuler avec insouciance en ces lieux… Enfin, je me détourne de notre sujet principal et celui qui t'intéresse. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que tu n'étais pas là. En fait, j'aurais dû m'y attendre. Un Szekeler ne reste pas cloîtré chez lui à se morfondre. J'ai appris là-bas que tu avais débuté un périple dans toute l'Europe de l'Est à la recherche des nôtres. À nouveau, j'ai suivi ta trace… Qui ne m'a mené nulle part. On aurait dit que tu t'étais volatilisée. Puis, un soir, dans un petit bar de Varsovie, je suis tombé sur un jeune Polonais. »

Stanislas!

« Il était ivre et lui soutirer des informations fut un jeu d'enfants. Il m'a dit tout sur son voyage en ta compagnie et la manière abrupte dont il s'est terminé. »

Au moins, Stan était toujours vivant. J'avais peur qu'il n'ait succombé à ses blessures avant l'arrivée du médecin. Je pouvais avoir la conscience tranquille là-dessus.

« J'ai donc su que tu étais de nouveau en Angleterre et que tu étais devenue Professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal, » conclut-il.

Un autre point élucidé. Maintenant, le plus important de tous.

« Qu'est-il advenu de Severus?

- Ton amant mortel? »

J'hochai la tête en me tordant les mains d'angoisse.

« Mes petits amis m'ont rapporté qu'il est tombé de son balai. Ils sont revenus aussi vite qu'ils l'ont pu pour m'en informer, leur mission étant seulement de le gentiment le dissuader de nous suivre. Ils n'ont pas donc pas pu constater s'il est vivant… ou s'il ne l'est pas. »

Une chauve-souris vint se poser sur le bras tendu de mon père. L'envie me prit de sauter au cou de l'infâme créature pour l'étrangler. Severus était peut-être mort à l'heure qu'il était. Je devais faire quelque chose. Je me levai d'un bond.

« Reste assise, Erzebeth. Tu ne peux plus rien faire pour lui.

- Certainement pas! Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait? Vous l'avez tué! Assassin! » m'emportai-je.

Les lèvres écarlates du Comte Dracula s'étirèrent dans un sourire approbateur puis, il prit la parole :

« Il fut un temps où l'union entre ton amant mortel et toi n'était pas si désespérément impossible, ma douce. Les alliances entre la race humaine et la nôtre n'étaient pas aussi rarissimes qu'à présent. Désormais, le nombre de vampires diminuent de jours en jours. Nous sommes incompris par tous et pourchassés par d'ignobles individus en quête de gloire et de fortune. Oublie ton amant mortel. Il s'en remettra, tout comme l'a fait ta mère.

- Severus n'est pas comme Meg! » tonnai-je.

Alors que j'allais me quitter la pièce, je me heurtai à mon père.

« Tu ne partiras pas aussi vite, Erzebeth. Je n'ai pas fait ce voyage pour rien. Tu reviendras avec moi en Transylvanie où nous gouvernerons tous deux. Plus rien ne pourra nous arrêter.

- Jamais! »

J'essayai de le pousser mais il se saisit de mes deux poignets. Une poigne d'acier dans un gant de velours.

« Lâchez-moi! Mais lâchez-moi vous dis-je! » criai-je avec énervement, des larmes de rage me piquant les yeux.

Severus. Il fallait que j'y ailles. Immédiatement. Je me débattis mais une fois de plus, ce fut vain. Mon père pris rapidement le dessus. Me prenant à nouveau par la taille, il m'emporta vers le souterrain. Je remarquai pour la première fois une autre porte qui ressemblait fortement à une cellule.

« Je suis désolé de devoir en arriver à cette extrémité à notre première rencontre mais tu ne me donnes pas le choix, ma douce. »

Il me jeta dans la geôle glauque et ferma la porte dans un grand bruit. J'étais seule. Seule dans le noir… tandis que Severus se mourrait. Poussant un hurlement de rage, je commençai à marteler les murs de mes petits poings serrés. Réalisant comment c'était inutile, je me laissai glisser contre le sol. Il faisait si froid, tout à coup. Les effets du sang se dissipaient. Entourant mes bras autour de moi, j'entrepris de penser à un moyen de sortir de ma prison.