Disclaimer : Harry Potter et son monde n'a pas été inventé par moi et croyez moi, je le regrette. C'est pour ça que je me venge en dénaturant son œuvre.

Rating : R. Alors roulez jeunesse, au dessous de 18 ans fermez cette fenêtre et allez faire du roller ou toute autre occupation adaptée à votre âge. Homophobes passez également votre chemin puisqu'il s'agit d'un slash et apprenez la tolérance, vous verrez ça fait pas de mal.

Résumé : Réponse à un défi d'Ivrian. Intitulé du défi en guise de résum : Draco Malfoy, 25 ans, peintre célèbre ayant perdu sa muse, sauve du suicide un SDF, en qui il reconnaît avec stupeur le sauveur du monde magique, son ex-ennemi Harry Potter. Intrigué par l'épave qu'est devenu ce dernier, il le ramène chez lui…

Remerciements : à Ivrian bien sûr pour avoir trouvé un scénario aussi original grâce auquel l'inspiration a été facile

Lexi-Kun : pourquoi les chapitres sont si courts ? Parce que la fic est courte malheureusement, je suis pas douée pour écrire dans la longueur… Merci de tes compliments !

Zoomalfoy, Celine 402, Lilyep, Clôtho : Merci!!!!

Nico : je te laisse te charger de Vince, promis ! Non, on ne le reverra plus celui là mais si tu le chope je viens assister au spectacle !!!

Grafield : non, pas de flash back, je ne maitrise pas encore assez l'écriture pour ça, cette fic est linéaire et merci pour tes compliments !

Shiny Miss : t'en fais pas c'est normal ; l'idée originale n'est pas de moi et plusieurs auteurs ont relevé ce défi (4 en tout)

BlackNemesis : ben je t'ai déjà répondu mais c'est pas grave, encore merci et mes chevilles désenflent pas !

Malantha Mond : la muse, c'est juste pour ce chapitre là alors bonne lecture et merci de contribuer à ce que je ne me sente plus de joie !

Drago quitta quelques jours après sa résidence londonienne pour son cottage irlandais. Il pensait y rester un bon mois mais au bout de deux semaines, n'arrivant pas à dormir convenablement ou ne serait-ce qu'à trouver un sujet à peindre qui le satisfasse, il revint en Angleterre ou au moins, se disait-il, ses rares amis le distrairaient de ses angoisses. Il franchit le seuil de sa résidence un après midi et son elfe Nebor lui ouvrit, quelque peu confus. Il compris pourquoi en montant au premier étage ou il fut accueilli par une voix tonitruante qui tentait de chanter une chanson paillarde, provenant de la salle de bain. Il en trouva la porte largement ouverte sur un Harry Potter passablement éméché dans son bain moussant.

« Tiens, Drago, déjà de retour ? » hurla t il en souriant avant de continuer sa chanson. Il s'était relevé légèrement dans son bain, son torse recouvert de mousse, le regard embué. Drago baissa les yeux pour remarquer sur le carrelage les bouteilles de whisky pur feu qui le jonchaient et lui tourna le dos en claquant des talons avec une mine dégoûtée.

Dans quel pétrin s'était il encore mis ? Il l'avait laissé seul dans ses appartements, lui faisant confiance malgré la façon dont il l'avait découverte, c'était de la pure inconscience ! Cette fois il allait le chasser, sa patience avait des limites. Il retourna voir ses elfes pour s'enquérir de ce qui s'était passé en son absence qui lui déclarèrent que son hôte avait passé son temps en diverses démarches mais était resté d'humeur toujours sombre jusqu'à ce jour où il avait exigé d'eux plusieurs bouteilles qui l'avaient mis dans l'état où il se trouvait actuellement. Ils lui annoncèrent aussi qu'un certain Will était venu tous les jours demander à le voir, avec une insistance peu aimable. Drago, par précaution, ferma le bar à clefs mais se demanda pourquoi il se donnait cette peine alors qu'il comptait chasser ce parasite dès qu'il serait habillé. Pourtant… il avait promis qu'il pourrait rester et un Malefoy tient toujours ses promesses, il avait envie de lui laisser une autre chance, sans vraiment comprendre pourquoi. Il fallait qu'il réfléchisse…

Harry avait regagné sa chambre, dégrisé subitement en voyant le regard froid que lui avait lancé Drago. Il avait honte. Il s'était senti si seul durant ces quelques jours, soir après soir il avait scruté bêtement la cheminée du salon, espérant que Drago prendrait de ses nouvelles, en vain. Le vide de sa vie, dans ce silence, lui avait encore plus sauté aux yeux. Il n'était attendu par personne. La Prophétie accomplie, la société sorcière l'avait oublié, ses anciens amis n'avaient même pas tenté une réconciliation et il ne se sentait pas le courage de faire le premier pas. Vince s'était servi de lui et l'avait jeté. Drago l'avait recueilli, malgré tout, lui faisant croire un instant que finalement quelqu'un allait s'intéresser à lui pour lui-même. Il s'était pris à espérer… Il n'abuserait pas plus de son hospitalité et quitterait sa maison dès que possible, même s'il s'y sentait bien, même si Drago n'avait pas grimacé de dégoût quand il lui avait parlé de sa relation avec Vince. Il avait espéré un temps que cette absence de relation venait d'une tolérance ou d'une compassion mais en fait ce n'était que de l'indifférence. En fait rien n'avait vraiment changé et il s'était trompé sur lui. Drago ne le regarderait jamais avec intérêt. Il avait été son sujet de railleries préféré maintenant, il était à présent, au mieux, sa bonne action de l'année. Il ne devait pas en attendre mieux. D'ailleurs il n'y avait qu'à voir l'anagramme dont il se servait comme nom d'artiste : Golem. Un être sans âmes, sans sentiments.

Pourquoi avait il fallu qu'alors que la haine de Drago était à son apogée, il tombe sous son charme ? Qu'il se mette à espérer que ce regard brillant de haine en le regardant s'éclaire d'un tout autre sentiment ? L'année suivante, à la fin de leurs études, il avait tenté le tout pour le tout : au moment de le perdre définitivement, sur les quais de King'sCross, il avait tenté de lui dire ce qu'il ressentait, il n'avait plus rien à perdre… Mais il avait fallu que Drago lui lance encore une dernière réflexion cinglante dont il avait le secret et il avait perdu le peu de courage qu'il avait réussi à amasser. Et puis à quoi pouvait il s'attendre ? Les journaux à scandale sur lesquels il avait dormi ces derniers mois regorgeaient de photos du jeune peintre dans les bras des plus séduisantes jeunes filles de la jet set.

Quand il s'était de nouveau retrouvé devant lui, près de ce pont, il avait cru à une hallucination, à un vieux fantôme sorti des brumes de son cerveau aviné. Puis il s'était réveillé, il l'avait vu face à lui, en chair et en os, le regardant toujours avec mépris et cette fois à raison. La honte, mélangée à l'alcool et au choc de le revoir avait suffit pour que son corps, affaibli par les privations, ne le lâche pitoyablement. Humiliation ultime, plus cuisante que toutes les réflexions de Drago durant les sept années qu'ils avaient passé ensemble à Poudlard.

Mieux valait qu'il parte avant de s'abaisser d'avantage. Drago devait le prendre pour un bon à rien alcoolique et il n'était pas loin de le penser lui-même… Il partirait demain, il le lui annoncerait ce soir.

Ils se retrouvèrent pour le dîner. L'ambiance était tendue, la discussion inexistante.

Drago n'osait pas regarder Harry en face. Quand il l'avait surpris dans la salle de bain, même s'il avait tout d'abord été choqué par la voix avinée, il n'avait pas pu s'empêcher d'être ému par ce regard posé sur lui avec tant de chaleur, par ce torse émergeant du bain, couvert de mousse, mousse qui cachait ce tatouage qui l'intriguait tant. Jamais il n'avait songé à Harry comme à un homme. C'était l'ennemi, l'adversaire, le concurrent, le Survivant puis la loque humaine. Et pourtant…

Ils en étaient là de leurs réflexions quand on frappa violemment à la porte. Ils virent passer Nebor dans le couloir se précipiter vers l'entrée puis peu de temps après une discussion animée débuta entre les deux protagonistes et une lumière intense colora le vestibule. Drago se leva d'un bond, saisi sa baguette dans sa poche et se précipita en leur direction sans se rendre compte qu'Harry avait fait de même dans un bel ensemble.

Ils trouvèrent l'elfe statufié et devant eux un jeune homme brun aux cheveux en bataille, la baguette rageusement tendue, le regard dément.

- Alors Drago, tu crois pouvoir me laisser tomber aussi facilement ? Et c'est qui lui ? Mon remplaçant ? demanda-t il sur un ton peu amène en fusillant Harry du regard

- Will, sombre idiot, tu viens de stupéfixier mon meilleur elfe ! Je ne me rappelle pas t'avoir invité ici alors sors immédiatement !

- « Ce n'est pas ce que tu me disait il y a encore quelques semaines, rappelle-toi… tu ne pouvais pas te passer de moi… »dit il d'un ton qui se voulait cajoleur mais qui était surtout menaçant.

- « Je me passe très bien d'un abruti capable de lancer un expelliarmus sur quelqu'un juste parce qu'il me regarde de trop près » répondit Drago sur un ton sec, avec l'air hautain qu'il avait si souvent porté à Poudlard, « maintenant sors d'ici tout de suite. »

- « Drago… » tenta le brun

- J'ai dit TOUT DE SUITE !!!

Le ton était sans appel. Will sembla se tasser sur lui-même avec un air contrit comme un chien auquel on ordonne de retourner à la niche mais son corps se détendit brusquement et il chargea Drago en une fraction de seconde. Celui-ci n'eut pas le temps de réagir, juste celui de voir un éclair passer devant lui, son ex projeté à terre puis Harry qui l'attrapait par le col, immobilisant de son autre bras ses jambes.

- « Qu'est ce que j'en fais ? », demanda-t il au blond, « tu veux appeler la police ou je me contente de le foutre dehors ? »

Drago, encore sous le choc, finit par répondre d'une voix monocorde « jette-le dehors, il ne mérite pas qu'on se déplace pour lui »

Harry poussa la porte d'entrée d'un coup d'épaule, fit quelques pas avant de balancer littéralement l'agresseur sur un tas d'ordures et referma le battant. Dans ses yeux dansaient encore des éclairs de colère. Il prit l'elfe dans ses bras, alla le confier aux siens et revint dans le hall. Drago n'avait pas bougé, le regard toujours fixé sur la porte refermée.

- « Drago.. Drago ? » le ton de la voix de Harry était chargé d'inquiétude. Il prit doucement Drago par les épaules et le contact de ses mains sur lui le sortit de sa stupeur.

- Ca…ça va, c'est juste que… je n'aurais jamais cru… je croyais être en sécurité chez moi.

- On est jamais en sécurité où que ce soit, Drago, mais ce n'est pas une raison pour se mettre à paniquer. Ne t'en fais pas, tu ne le reverras pas de si tôt, je m'en suis personnellement charg : je lui ai lancé un sort pour qu'il ne retrouve plus jamais le chemin de ta maison.

- Merci…

Ils restèrent ainsi un moment dans l'entrée.

Drago, fragilisé par le choc que Will lui avait causé (ça ne pouvait être que ça, pensait-il) devait se retenir pour ne pas se laisser tomber dans les bras rassurants d'Harry qui lui avait évité le pire.

Harry, inquiet pour lui, ne parvenait pas à retirer ses mains de ses épaules et se demandait s'il était raisonnable de partir au moment où Drago doutait de sa sécurité. Pour être totalement franc le fait de découvrir qu'il était gay et que ses goûts en ce domaine lui correspondaient y était aussi pour quelque chose.

Ils finirent cependant par se séparer et retournèrent à table bien qu'aucun des deux n'aie beaucoup d'appétit. Le silence était toujours là entre eux mais il n'était plus pesant, juste quelque peu gêné.

Ils passèrent ensuite au salon et après une partie d'échec dont Drago sortit vainqueur, et de loin, Harry rejoignit sa chambre, laissant le propriétaire des lieux seul dans son salon.

Ce retour à la maison n'était pas si catastrophique qu'il l'avait cru de prime abord se disait Drago. Si Harry n'avait pas été là il ne serait peut être plus de ce monde… Quelle idée aussi avait il eu de se lier, même brièvement, avec ce jeune homme instable.

Il se mit à rêvasser en tirant sur une dernière cigarette. Sa fumée créait des volutes bleutées au-dessus de lui, il admirait leurs circonvolutions et ne remarqua qu'à peine l'arrivée de son elfe Mardwin qui débarrassa la table basse en l'informant succinctement de l'état de santé de Nebor. Décidément son fidèle serviteur n'avait pas beaucoup de chance ces temps ci. Il ne l'écouta que d'une oreille distraite puis finit par se lever pour rejoindre sa chambre mais au moment d'en ouvrir la porte, son regard fut attiré par celle, entr'ouverte, de la chambre bleue. Une douce lumière la baignait. Il entra, ne sachant pas trop ce qu'il avait encore à dire à son récent sauveur, mais n'eut pas besoin d'y songer davantage : Harry était allongé sur le ventre, assoupi de toute évidence. La chemise de son pyjama avait été laissée ouverte et laissait apparaître une épaule dont les courbes pleines accrochaient la lumière de la bougie laissée allumée. Il était fasciné par cette intimité surprise, par ce visage aux yeux clos qui ainsi paraissait fragile, enfantin, touchant.

Drago quitta la chambre sur la pointe des pieds, revint vers sa chambre mais au moment d'en saisir la poignée et de la faire tourner il changea de nouveau d'avis et prit sur sa droite.

Il alluma la lumière et entra dans la pièce.

Deux mois qu'il n'était pas rentré dans son atelier. Tout y était en ordre, preuve indéniable de son abandon. Une toile blanche le narguait sur son chevalet. Il se précipita vers elle et se mit à mélanger ses couleurs avec frénésie.

Il était deux heures du matin quand il recula de quelques pas pour juger de son travail, un torchon sur l'épaule, le couteau à peinture encore à la main. Sur la toile s'étalaient des teintes sombres mais chaudes d'un couloir de bois qui donnait sur une porte entr'ouverte derrière laquelle s'échappait une douce lumière. Le couloir était encombré d'un décor précieux mais d'allure austère, celui d'un Manoir sans doute, et à mi chemin un corbeau sur un perchoir, les ailes à moitié déployées, semblait défier d'avancer plus avant. Drago eut un sourire satisfait et signa au dessous d'un focifère(1) vert émeraude au regard malicieux qui tranchait avec l'ambiance du reste de la toile et qu'il avait peint, installé douillettement sur un pouf au premier plan.

Un sourire victorieux aux lèvres, il rejoignit alors sa chambre, se glissant, satisfait, dans ses draps sans même songer à laver ses mains des traces de peinture qu'il portait encore.

(1)Oiseau africain. voir « les animaux fantastiques » de Newt Scamander