Nelja : merci pour ta review et pour le fait que le chapitre précédent ne t'ais pas paru guimauve. Espérons que ça continue, car l'équilibre est difficile à conserver.

Ante : le chapitre nouveau est arrivé ! Pour la musique que tu entends, ça dois être très subjectif. Quand j'écris, j'écoute plutôt des chansons irlandaises, donc pas beaucoup de rapport !

Severafan : merci pour ta review. J'essaierais de poster tous les jeudi, mais ce sera dur, alors patience !

Disclaimer et rating : pas bougé.

Chapitre 8

La femme brisée

" Eh, Franck ! Puisque tu vas aux archives, tu peux en même temps ramener le dossier Rogers ? Comme ça, ça m'éviteras de me lever ! " lança Maugrey à son jeune collègue, qui se dirigeait vers la salle des archives du quartier général des aurors, le dossier Trumble sous le bras.

Maugrey avait perdu une jambe récemment et les guérisseurs avaient réussi à le convaincre de ne pas courir partout sur sa nouvelle jambe de bois pendant quelques semaines. Ce qui n'améliorait pas l'humeur de Maugrey, évidemment. Mais Boswell n'avait pas eu autant de chance, il y était resté, lui. Dawlish avait bramé qu'il monterait une expédition punitive dans l'Allée des Embrumes, mais s'était dégonflé en voyant le manque d'enthousiasme de ses collègues.

Franck acquiesça et saisit le lourd volume concernant les exactions d'Archibald Rogers.

Un instant plus tard, il entrait dans la grande salle poussiéreuse où s'entassaient par ordre alphabétique les différents dossiers des sorciers ayant eu, un jour ou l'autre, maille à partir avec la loi. En replaçant le dossier Rogers, Franck aperçut un nom sur le dossier voisin qui attira immédiatement son attention : Perséus Rogue. Suivi d'autres volumes plus ou moins épais : Brutus Rogue, Uriah Rogue, Lucilius Rogue, Méléagant Rogue… jusqu'à un certain Horatio Rogue. Franck se saisit du dossier concernant Perséus.

Perseus Rogue, né en 1820 à Londres, Allée des Embrumes, de mère sorcière (Fanny Tarente) et de père inconnu. Accusé de vols, meurtres avec préméditations (…). Condamné à la peine capitale en 1857.

A l'époque, le Ministère ne s'était pas encore allié aux Détraqueurs. Franck reposa le dossier et saisit le suivant.

Brutus Rogue, se faisant également appeler Terence Nash, Harvey Smith, Charles Dickens, né en 1842, de l'union hors mariage de Perséus Rogue et Mindy Stranglemort, plus connue sous le nom de Mindy l'empoisoneuse. Accusé d'extorsions de fonds, usurpation d'identité et meurtres avec torture. Exécuté en 1861.

Il y avait également une photo du Brutus en question, un homme au nez caractéristique de la famille, au crâne dégarni et au regard fuyant. Franck saisit le dossier concernant Uriah Rogue.

Uriah Perséus Rogue, né en 1860 à la prison d'Azkaban, de Brutus Rogue et de Mindy Stranglemort, plus connue sous le nom…

Franck s'arrêta en fronçant les sourcils. Mindy Stranglemort avait eu des enfants à la fois du père et du fils. L'arbre généalogique de Severus Rogue n'était décidément pas de ceux qu'on exhibait avec fierté dans le salon de son manoir… Franck baissa les yeux pour continuer à lire le dossier Uriah, puis le reposa en hâte, l'estomac révulsé. Il compulsa rapidement les suivants, puis saisit le dernier, concernant Horatio Rogue.

Horatio Lucius Rogue, né en 1929 de Serena Rogue et de père inconnu. Marié à Soledad Mohune le 8 Septembre 1958, père de Severus Uriah Rufus Rogue, né le 13 novembre 1958…( il était temps qu'il l'épouse, pensa Franck.)

Le jeune Auror lu alors ce qui avait valu au père de Rogue une condamnation à vie à Azkaban, paralysé d'horreur…

Severus Rogue, l'estomac noué, se faufila dans une petite rue et atterrit devant une porte cochère délabrée. Les moldus n'y prêtaient jamais attention, et la plupart des sorciers non plus d'ailleurs. Derrière cette porte se trouvait l'Hospice des Sorciers de Ste-Mafalda, un endroit sinistre où se trouvaient les sorciers ou les cracmols trop vieux, infirmes, ou incapables de s'occuper d'eux-même et que leur famille, s'ils en avaient encore, ne pouvait ou ne voulait prendre en charge. C'était également dans cette établissement que se trouvait la mère de Rogue.

Depuis l'enterrement de Scarlett, Rogue n'avait plus touché à l'or de Régulus Black, mais il avait des projets pour retirer sa mère de l'hospice. Bien sûr, il lui faudrait attendre une bonne occasion, qui ne ferait pas se demander comment un miséreux pourrait soudain installer sa mère impotente dans un coquet cottage avec un elfe de maison pour s'occuper d'elle. Quoi qu'il en soi, cela faisait trop longtemps qu'il ne lui avait pas rendu visite.

Rogue sonna et un concierge grincheux lui ouvrit.

" Je désirerais voir Mrs Soledad Rogue. " annonça son fils.

Le bonhomme se poussa pour le laisser entrer.

" L'a pas bougé depuis la dernière fois. " grogna-t-il.

Rogue traversa des couloirs envahis d'une odeur infecte et tapa à une porte vermoulue, puis entra sans attendre de réponses. Une petite femme se précipita alors vers lui et le serra dans ses bras en marmonnant des mots incompréhensibles.

" Du calme, maman, assieds-toi, "grogna Rogue.

Il aurait bien voulu être toujours gentil avec sa mère, mais il détestait être serré contre qui que ce soit. Elle devait bien le savoir, depuis le temps, non ?

Il contempla alors le visage ravagé de Soledad Rogue, le visage qu'Horatio Rogue avait brisé et brûlé à coups de tisonnier, de rage, lorsqu'il s'était rendu compte que son fils de 16 ans, fraîchement Mangemort, était à présent hors de portée de ses coups.

Soledad Rogue s'assit sur une vieille chaise à bascule tandis que Rogue prenait place en face d'elle sur un tabouret branlant. Elle marmonna encore quelque chose entre ses dents cassées.

" Oui, je vais très bien… " commença Rogue.

Il se lança alors dans une description parfaitement mensongère de son merveilleux travail, de sa délicieuse amie qu'il lui présenterait bientôt, et de ses perspectives d'avenir, tout de lys et de roses. Depuis qu'il était entré à Poudlard, Rogue avait décrit à sa mère une existence ahurissante dans laquelle tout le monde le trouvait beau, sympathique et intéressant. Il ignorait si sa mère savait ou non la vérité. Il supposait qu'au fond d'elle même, oui, mais elle semblait si heureuse, quand il racontait ces âneries, que Rogue ne s'était jamais soucié de lui parler franchement.

" Au fait maman, est-ce que ça te dirais, de déménager ? "

La femme fit un bruit interrogateur.

" De quitter cet endroit pour t'installer dans une joli petite maison… "

Nouveau bruit interrogateur.

" Je viendrais te voir, comme ici, bien sûr ! Quelle question ! "

Mais le réaction de sa mère fut assez inattendue. Elle secoua vivement la tête, apparemment terrifiée à l'idée de quitter son hospice miteux.

" Mais on s'occupera de toi ! protesta Rogue. Tu ne vas pas rester dans cet endroit pourri jusqu'à la fin de tes jours sous prétexte que tu t'y sens en sécurité. "

Sa mère continuait de pleurnicher en secouant la tête et en marmottant ses mots incompréhensibles. Rogue fut soudain furieux contre elle. Voilà sa réaction quand il cherchait à l'aider ! Il comprenait à présent pourquoi son père n'avait jamais pu supporter une gourde pareille…

Puis, il se dégoûta instantanément pour cette pensée. Il n'avait pas voulu dire cela. Mais quand même, elle était exaspérante.

"C'est comme tu voudras, grogna-t-il mais tu fais une belle erreur. "

Et il sortit de la pièce sans dire au revoir, de peur de s'énerver encore davantage. Il rentra chez lui en ruminant de sombres pensées. Il essayait d'être un bon fils, et tout ce qu'il en retirait, c'était des pleurnicheries stupides. Qu'était-il sensé faire, par Merlin, pour faire plaisir à cette folle ? La laisser crever dans la misère ? Si c'était son rêve, après tout…

D'ailleurs, qu'est-ce qu'il lui devait ? Elle n'avait même pas été une bonne mère. Une bonne mère aurait pris ses cliques et ses claques et l'aurait élevé seule au premier coup que lui aurait donné son père. Au lieu de ça, elle s'était contentée de regarder et de répéter bêtement : " ton père n'a que ton bien à cœur, Séverus. ", après chaque correction.

Mais tu n'as pas su la protéger non plus, fit une petite voix moralisatrice dans sa tête, tandis qu'il se laissait tomber sur son lit.

Il essaya tant bien que mal de faire une sieste, mais le sommeil le fuyait.