SAVE
part 2
( par Dark Angel )
Résumé de l'épisode précédent :
Un nouveau meurtre attire l'attention de notre jeune médium préféré. Le lieu de l'assassinat, un dôjô réputé, est encore maculé du sang de sa victime. Subaru est violemment agressé par une forme invisible et s'en tire de justesse. Il se réfugie chez son ami Seishirô qui lui annonce qu'il l'accompagnera la prochaîne fois. Le lendemain, tous deux se rendent au dôjô mais le jeune médium est grièvement blessé...
Au dojo :
- SUBAARUUUU!!!!!!!!!
Le Sakurazukamori se précipita vers le corps inerte de son bien-aimé.
D'un geste aussi rapide que précis, il sortit une carte magique, la balança sur Subaru et murmura une incantation. Des gerbes d'eau se déversèrent, éteignant instantanément le feu qui le ravageait.
Il plongeait la main dans la poche intérieure de sa veste pour en tirer une autre, quand il fut interrompu par une main invisible qui l'attrapait par le col et qui le soulevait dans les airs. La chose le secoua comme un prunier et Seishirô se trouva à moitié assommé contre le mur.
Ce fut à cet instant que le faciès du jeune homme se transforma. Son air tranquille, son regard doux fut vite remplacé par des yeux d'une froideur intense, et un sourire carnassier étirait ses lèvres.
- Tu as osé le toucher! Lui faire du mal!
Le jeune homme joignit les mains contre sa poitrine et appela la magie par ses paroles. Un vent glacial se souleva, refroidissant tout ce qui se trouvait dans la pièce. Mais Seishirô ne sentit pas la morsure du froid. Il semblait comme immunisé. L'entité semblait hésiter à l'attaquer. Elle ne paraissait pas comprendre que celui qui était en face d'elle, avait un immense pouvoir médiumnique, identique à celle du jeune homme évanoui, tout en étant différente et sensiblement plus puissante.
Il écarta les bras et les lança en avant, son sort entortillé et lové comme un serpent prêt à jaillir entre ses mains. Il cria un dernier mot et lança son attaque fulgurante contre l'ombre qui avait reculé.
Le sort la frappa de plein fouet.
Un hurlement déchirant et inhumain se répercuta dans le dôjô, rebondissant contre les murs, se prolongeant d'une façon effroyable.
Puis soudain, le silence.
L'entité s'était enfuie, se glissant à travers les fissures du mur, et entre les lattes de bois.
Sans attendre, Seishirô se précipita vers le jeune Sumeragi. Il se jeta à genoux, écarquillant les yeux face au désastre. Les yeux humides, il enlaça le torse de son compagnon, le souleva, et le serra contre lui doucement.
Subaru était à peine reconnaissable. Sur sa peau noircie par le feu, des cloques se formaient.
A l'hôpital :
Subaru était allongé dans un grand lit, des bandes de gaze enserrant son corps mince. Divers instruments, dont une perfusion, étaient reliés à son bras et à son visage.
Seishirô était à son chevet ainsi qu' Hokuto qui pleurait à chaudes larmes.
Un homme d'une cinquantaine d'années entra dans la chambre, un dossier sous le bras. Il était petit, décharné, mais ses prunelles dégageaient une douceur sans faille. Il jeta un coup d'oeil à la jeune fille, se racla la gorge et se lança:
- Je vois que vous êtes de la famille...
- Va-t-il s'en sortir docteur? demanda le vétérinaire.
- Eh bien... pour tout avouer, nous avons fait tout ce que nous pouvions mais... son cas est assez compliqué.
- Je vous en prie, hoqueta Hokuto entre deux sanglots, ne nous cachez rien!
Le médecin s'approcha de la soeur de Subaru et lui posa une main réconfortante sur son épaule.
- Ses brûlures sont trop graves pour être convenablement soignées. Et il est tombé dans le coma durant notre opération chirurgicale. Je crains, mademoiselle, que votre frère reste ainsi pour le restant de ses jours... Je suis désolé.
Pour le restant de ses jours...
Derrière eux, Seishirô se figea lorsqu'il entendit ses derniers mots. Son coeur s'arrêta de battre et son sang se glaça dans ses veines.
Sans prononcer un seul mot, il sortit de la pièce, laissant Hokuto pleurer tout son saoûl, le docteur près d'elle.
blessures trop graves... dans le coma...
Il s'envola, l'esprit embrumé.
Pour le restant de ses jours... de ses jours... de ses jours... de ses jours... de ses jours...
- NNNOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Le jeune homme hurla. Encore et encore jusqu'à ce que sa gorge soit douloureuse et même au-delà. Sa souffrance était énorme. Il hurla contre celui ou celle qui avait attaqué Subaru, vociférant des menaces de mort, plus atroces les unes que les autres. Et enfin, il hurla contre lui-même, contre son incapacité et son impuissance à protéger celui à qui il avait fait une promesse il y a longtemps... celui qui était devenu une autre partie de lui-même et qui avait su se frayer un chemin vers son coeur désert d'émotions...
Autour du dôjô :
Deux jeunes lycéennes marchaient d'un bon pas, tout en riant. Arrivées à un croisement, elles s'arrêtèrent.
- Bon, à demain alors! dit l'une d'elles.
- O.K! Pense à ramener les CD!
- Pas de problème! Ciao!
- Bye!
Elles se séparèrent.
La plus petite des deux prit une rue perpendiculaire à celle qui entourait le dôjô. Elle eut un frisson en pensant à ce qui y était arrivé il y a quelques jours. Les gens du quartier en parlaient, mais tout le monde faisait comme si rien de particulier avit eu lieu.
Un souffle glacé lui chatouilla la nuque.
Elle frissonna et il lui sembla voir quelque chose se déplacer du coin de l'oeil.
Elle cala son sac sur son épaule et porta une main tremblante à sa poitrine, tout en accélérant le pas. Elle détestait passer par ce quartier mais ce chemin était plus rapide et censé être plus sûr pour elle.
Elle entendit du bruit derrière elle et elle pivota sur elle-même, les nerfs à vif. Elle soupira de soulagement en ne voyant personne.
La jeune fille se retourna, un léger sourire aux lèvres en se traitant de paranoïaque, mais elle ne put aller plus loin. Une main fantômatique bâillonna sa bouche tandis qu'elle était entraînée dans les ténèbres de la ruelle...
A la clinique de Seishirô :
Le jeune vétérinaire n'avait pas la tête à son travail. Comprenant qu'il n'arriverait à rien aujourd'hui, il alla vers la porte d'entrée, retourna la pancarte sur laquelle était écrit Fermer et la verrouilla.
Il enleva sa blouse blanche, donna à manger à ses petits amis à quatre pattes, et se dirigea vers le petit coin cuisine qu'il avait aménagé à côté de son bureau où les maîtres de ses clients signaient leurs chèques.
Il se prépara du café, s'installa dans son bureau bien calé dans un fauteuil en cuir, et sirota sa boisson chaude en songeant à Subaru. Cela faisait cinq jours qu'il était à l'hôpital et il était toujours dans le coma. Hokuto passait ses journées à son chevet, lui parlant de tout et de rien, lui lisant des livres ou tout ce qu'elle trouvait sous la main. Lui, il n'arrivait pas à faire comme elle. Il passait son temps au boulot, et à trouver un moyen de se débarrasser de cette... chose!
Sauf, la nuit dernière. Il était allé le voir à l'hôpital, se faufilant discrètement jusqu'à sa chambre. Assis à ses côtés, il n'avait fait que le regarder, essayant de voir sous ses pansements, son visage, la courbe ses lèvres...
Il était resté ainsi tout la nuit, fixant son regard sur le corps émacié de son bien-aimé. Avant de partir, il avait posé un baiser sur le front du jeune malade et s'en était allé. Le voir comme ça c'était tellement... éprouvant! Il était si plein de vie!!
C'est alors qu'il remarqua que quelque chose s'enfonçait dans la paume de sa main. Hébété, il fixait sans le voir, sa tasse en miettes, les doigts crispées sur les morceaux de porcelaine qui lui restaient dans la main et le sang qui coulait de ses petites blessures, tombant goutte à goutte sur le tapis.
Hé bien! Il était beaucoup plus affecté par l'immobilité de Subaru qu'il ne le pensait...
Il se leva, ramassa les débris de porcelaine et nettoya ses coupures avec de l'antiseptique. Il retourna s'asseoir, et décida de jeter un coup d'oeil au journal qu'il avait acheté ce matin. Peut-être cela lui changerait-il les idées...
Quelques minutes plus tard, il se leva brusquement de son bureau, renversant son fauteuil à terre. Là, à la page cinq. Une jeune fille de 16 ans a été découverte morte dans les poubelles près de la rue où était situé le dôjô. Il lui manquait les deux tiers de son sang. Il courut jusqu'au porte-manteau, attrapa son imper noir et sortit de la clinique comme s'il avait le diable à ses trousses.
Le soir même au dôjô :
Le Sakurazukamori s'installa au centre de la pièce vide. Du moins pour l'instant. Avant de venir, il s'était purifié aussi bien le corps que l'esprit et avait revêtu la tenue traditionnelle de son clan. Ironiquement, c'était la même que celle de Subaru. Mais au lieu d'être d'une blancheur immaculée, elle était aussi noire que les ténèbres. Il avait tracé l'étoile des Sakurazukamori -la même que celle des Sumeragi mais inversée- à la cire d'une bougie noire, préparée spécialement pour ce genre de cérémonie. Devant lui, il avait posé un bol rempli d'eau. Pour la protection.
Enfin prêt, il prononça d'une voix claire les mantras dont il avait besoin en joignant ses mains, qui accomplissaient presque toutes seules les gestes rituels et ancestraux.
- OM...hayaba...shirekha...Om...
Les yeux grands ouverts, ses lèvres bougeant au rythme de son incantation, il vit défiler les évènements effroyables qui se sont passés au dôjô, quelques jours auparavant, quand Subaru n'était pas encore un simple légume...
Lorsque tout fut fini, Seishirô eut un sourire glacial.
" Alors, c'était donc ça!" songea-t-il.
Il se releva, effaça les traces de son passage et s'en alla.
Chez les Sumeragi :
Hokuto, les yeux rouges d'avoir tant pleuré ces derniers jours, alla ouvrir la porte lorsque quelqu'un sonna chez elle.
Elle esquissa un sourire pitoyable quand elle reconnut son visiteur.
- Entre Seishirô.
Le vétérinaire ne se le fit pas dire deux fois et passa devant elle.
- Je t'ai apporté de quoi manger Hokuto, déclara-t-il en montrant un sac plastique qu'il avait à la main.
- Merci. C'est gentil mais je n'ai pas faim.
- Il le faut pourtant, répondit-il avec un gentil sourire. Si tu tombais malade, ton frère ne me le pardonneras jamais.
Elle porta une main au visage masculin qui lui faisait face et en caressa la joue avec délicatesse sans dire un mot.
Ils allèrent s'asseoir sur le sofa du salon et Seishirô déballa la nourriture qu'il avait apporté. Il en posa une partie devant la jeune fille. Mais devant son manque évident d'appétit, il se renfrogna.
- Fait un effort, voyons! Il faut qu...
C'est alors qu'il sentit l'aura. Elle était bien présente mais faible.
- Qu'est-ce que...?!
Hokuto le regarda, notant qu'elle avait compris sa question informulée.
- Oui. Il est là.
Le vétérinaire se leva et courut comme un dératé jusqu'à la chambre.
Il ouvrit la porte à la volée et se figea devant le spectacle qu'il avait sous les yeux.
Subaru était bien là, oui. Mais dans le même état qu'à l'hôpital. Tous les instruments médicaux l'avaient suivi et il était toujours relié aux machines.
Il sentit une présence dans son dos.
- Je ne pouvais plus le laisser là-bas, chuchota une voix étouffée par le chagrin. Au moins ici, il est chez lui. Je peux le surveiller nuit et jour et lui faire sentir mon amour à tout moment... Je... je ne voulais plus... je...
Elle éclata en sanglots déchirants. Le jeune homme ferma la porte, se retourna et la prit dans ses bras. Elle se serra contre lui et trempa sa chemise de larmes.
- Chhhhuut... Allons...
Tout en la tenant contre lui, il emmena doucement la jeune fille vers sa chambre. Là, il la fit asseoir sur le rebord de son lit et lui ôta ses chaussons. Agenouillé devant elle, les yeux baissés, il laissa ses mains posées sur ses chevilles. Elle lui prit le menton et lui releva la tête. Puis elle attira son visage vers le sien comme au ralenti.
Ses lèvres étaient aussi douces que des pétales, encore humides par les larmes qu'elle avait versé. Quand elles touchèrent les siennes, il eut un léger choc mais il ne la repoussa pas. Elle recula, plongeant son regard aussi semblable que celui de son bien-aimé dans le sien.
Hokuto l'embrassa de nouveau, tout en déboutonnant la chemise de Seishirô. Puis elle l'attira dans son lit, entre ses bras...
*
Sur le dos, allongé dans les draps froissés, le Sakurazukamori regardait le plafond. La jeune fille était à côté de lui, pelotonnée sous les couvertures, dormant enfin du sommeil du juste.
Il rejeta le drap qui le couvrait, et se leva, torse nu. Il portait encore son pantalon même si celui-ci était ouvert sur son ventre ferme.
Le léger tic-toc de la pluie qui tombait contre la vitre l'attira vers la fenêtre. Il jeta un coup d'oeil à l'extérieur et vit que la nuit n'allait pas tarder à se finir.
Il se passa une main nerveuse dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus.
Il regarda la forme allongée dans le lit et sortit de la pièce, récupérant au passage le reste de ses vêtements.
Ses pas le dirigèrent vers la chambre de Subaru. Il entra et se rhabilla à l'intérieur, sans allumer la lumière. Il préférait rester dans les ténèbres. Il s'y sentait bien.
Il prit une chaise et l'installa tout près du lit. Il s'y assit et posa ses coudes sur ses jambes, les mains jointes.
Il soupira et dit:
- Je n'ai pas pu, Subaru. Je n'ai pas pu! Ce n'était pas toi!
Il se jeta à genoux, prit une main entourée de bandes blanches et la serra tendrement entre les siennes. Il murmura à son oreille, la voix rauque:
- Je n'ai pas pu... Nous étions tous les deux en train de nous caresser quand... nous avons compris que nous faisions une erreur. Nous cherchions un moyen de nous consoler mutuellement mais...
Il s'arrêta une minute et reprit:
- Je sais, ce n'est pas une excuse. Mais nous avons compris que si nous ne nous arrêtions pas maintenant, nous le regretterions toute notre vie et que nous te ferions du mal... ainsi qu'à nous-même. Je... je t'aime, Subaru. Il n'y a que toi qui compte. Te voir comme ça me rend tellement malheureux! As-tu pensé à notre promesse? Il ne nous reste peu de temps avant de l'accomplir...
Seishirô inspira profondément et se pencha au-dessus des lèvres de son aimé. Il les baisa avec ferveur et se releva. Il venait de se souvenir de quelque chose.
- Je ne sais pas si cela pourra t'aider mais je l'espère de tout mon coeur!
Alors qu'il n'était qu'en enfant, et que sa mère était encore vivante, elle lui avait appris un sortilège de guérison. Sachant le destin qui l'attendait, il ne s'en était jamais servi et n'en avait éprouvé nul besoin. Mais aujourd'hui...
Il tente de se rappeler chaque mot, chaque parole et se lança.
L'énergie magique du sort entoura le blessé, l'enveloppant dans sa douce froideur. De la sueur perla au front du Sakurazukamori, alors qu'il faisait appel à toute sa concentration, à toute sa magie pour renforcer son effet. Puis, le sortilège se résorba de lui-même.
Le jeune homme n'osa plus bouger. Cela avait-il fonctionné?
Il prit des ciseaux dans un tiroir du bureau de Subaru et coupa une bande qui recouvrait ses cheveux. Puis, délicatement, il enleva le gaze qui lui enveloppait la tête.
Devant ses yeux ébahis, il vit les brûlures les plus légères disparaître complètement, tandis que les plus profondes essayaient de faire de même. Cela risquait de durer un petit moment et il espérait que tout son corps subissait la même transformation. Jusqu'à la guérison totale. Il le souhaita de toutes ses forces!
Maintenant, c'était à Subaru de jouer. S'il voulait vraiment se réveiller et sortir de son lit, il ne devait compter que sur lui-même...
Un peu plus rassuré sur son sort, il embrassa de nouveau les lèvres pâles et se retira. Il avait beaucoup de choses à faire. A préparer.
Et l'entité qui avait osé lui faire du mal ainsi allait le payer. Très chèrement!
Deux jours plus tard, au dôjô:
Le Sakurazukamori se tenait très droit et immobile à l'entrée du bâtiment. Il avait soigneusement préparé son coup et allait se servir de la peur de l'entité pour l'attirer à lui et la tuer.
Un sourire d'une froideur polaire se forma sur ses lèvres et monta jusqu'à ses yeux. Puis, il entra.
Il sentit que la source de tous ses malheurs était présente dans la pièce. Bien.
L'illusion se mit en place...
" Non! Pas comme cela Asako!! Tu dois porter ton coup plus haut!"
"Bi...bien, maître!"
Asako se tient maintenant dans les vestiaires, finissant d'essuyer l'eau qui coule sur son corps. Les autres sont déjà partis. Il est seul. Comme "il" le souhaite. Il avait prit une douche comme toujours après l'effort. "Il" n'aime pas sentir l'odeur de la sueur sur sa peau. Cela le rend malade.
Le jeune garçon frissonne de peur. "Il" est méchant s'il n'obéit pas à ses ordres. Très méchant. "Il" lui fait toujours mal dans ces cas-là...
Il sent un souffle sur sa nuque et Asako en lâche sa serviette.
Des mains fortes se pressent sur ses épaules et malaxent les muscles de ses bras, de sa poitrine, en descendant toujours plus bas.
Le garçon tremble de tous ses membres et des larmes perlent à ses yeux noirs. Il renifle sachant que s'il pleure cela le mettrait en colère.
L'homme le pousse brutalement contre les cases en fer. Il sent une poignée s'enfoncer dans les côtes tandis que la serviette qui lui ceint les reins est arraché.
Un corps dur et moite se plaque contre son dos. Une respiration rauque résonne à ses oreilles. Ses jambes sont violemment écartées et le cauchemar recommence...
Seishirô se concentra et l'illusion se renforça. L'entité venait de mordre à l'hameçon. Elle revivait les scènes qui l'avaient marquées.
Les années passent et toujours les mêmes gestes. Les mêmes habitudes. Huit années s'écoulent ainsi dans la torture, dans la peur, dans la honte.
Asako a 17 ans maintenant et il n'en peut plus. Son existence même est insupportable. Il décide de jouer le tout pour le tout.
Le maître le rejoint dans les vestiaires comme d'habitude. Il est tard. Parfait. Il l'attend.
"Il" arrive par derrière. Action immuable. Le jeune homme sort un poignard qu'il avait caché dans la serviette blanche. La lame s'enfonce dans le bras. Malheureusement pour lui, l'homme a porté son poids sur la gauche et l'arme blanche ne fait que le blesser.
L'homme réagit au quart de tour. Il lui tord le poignet et réussit à arracher l'arme des mains de l'adolescent.
Ils luttent.
De nouveau, la lame s'enfonce dans la chair. Elle ne rate pas sa cible. Elle s'enfonce jusqu'au coeur.
Il recule, horrifié par son geste.
Asako s'écroule à terre sans un bruit.
La silhouette fantômatique se tordit dans tous les sens. Elle s'écroula à terre, prostrée et sans défense. En plein dans le pentacle magique.
Seishirô lança le sort adéquat et l'entité, qui était en fait Asako, disparut dans les limbes. Sans aucune planche de salut pour son âme. Pour toujours.
Il s'appuya contre le mur et se laissa glisser au sol, lentement, en soupirant de soulagement. C'était fini. Asako ne ferait plus de mal à personne.
Il pouvait retourner voir Subaru.
Chez les Sumeragi:
- Hokuto, comment va-t-il? questionna-t-il anxieusement.
-Oh, Seishirô!
La jeune fille se jeta dans ses bras.
- Quoi? Que se passe-t-il?
Elle renifla.
- Il..Il s'est réveillé!! Et...et... il n'a presque plus de brûlures! Le docteur n'en croit pas ses yeux!
Mais le jeune homme n'avait pas entendu la dernière phrase. Il s'était précipité dans la chambre du jeune homme. Il stoppa net en le voyant assis sur son lit, bien calé contre ses oreillers. Il lui sourit.
Aucun bandage ne le recouvrait comme une momie. Aucune machine n'était présente. Juste son Subaru et son merveilleux sourire.
Le jeune homme lui ouvrit les bras et Seishirô courut jusqu'à lui, effleurant d'une main tremblante la peau si douce, chaque trait de son visage...
- Subaru... murmura-t-il, la voix chevrotante.
- Sei... shirô... souffla le convalescent.
Ils se serrèrent l'un contre l'autre, n'osant croire à leur bonheur, n'osant croire qu'ils pouvaient à nouveau se toucher.
Ils restèrent ainsi quelques minutes qui leur parurent des siècles puis le Sakurazukamori prit la parole.
- Tu sais... pour le dôjô... c'est réglé...
Il ferma les yeux et se serra encore plus contre son aimé.
- Je m'en suis occupé...
Subaru sursauta.
- Toi? Mais... tu n'as pas assez de compétences pour cela! Tu aurais pu te faire tuer!!! Tu es inconscient ou quoi??!!!!!! cria le jeune homme.
- Subaru! Calme-toi! Tout s'est bien passé... Ce n'était pas si terrible que ça...
- L'as-tu guidé vers les sphères inférieures?
- Oui, bien sûr. Comme toi tu l'aurais fait...
Ce n'était pas vrai mais le jeune Sumeragi était trop sensible. L'âme d'Asako errerait éternellement sans aucun espoir de retour...
Il lui mentait,oui. Pour son bien... mais aussi pour ses desseins.
Le lendemain, chez les Suméragi:
- Tu as vu ça, Seishirô? dit Hokuto.
- Quoi? demanda le vétérinaire.
- Dans le journal! Là! C'est en tout petit. Pour un peu je ne l'aurais pas remarqué...
Elle montrait du doigt un article. Subaru et Seishirô posèrent leurs tasses de thé et se penchèrent sur son épaule.
Les colonnes annonçaient la découverte d'un corps enterré dans les sous-sol du dôjô. Après enquête, la police a découvert que le cadavre s'appelait Yuki Asako. Il avait encore un poignard planté au mileu du thorax. Il avait été abusé sexuellement depuis sa tendre enfance par un des maîtres du dôjô, celui-là même qui a été retrouvé mort, il y a presque deux semaines...
- C'est horrible, murmura Hokuto. Le pauvre...
- Oui, répondit Subaru. Il n'a pas eu d'enfance...il a vécu comme un animal, dans la peur, dans la honte sans personne à qui se confier.
- Mais pourquoi y a-t-il eu d'autres victimes presque vidées de leur sang?questionna la jeune fille, perplexe.
- Tu ne le sais peut-être pas, mais le seul point en commun qu'elles avaient avec Asako, c'est qu'elles étaient de son âge et...
Seishirô ne put continuer, un peu gêné.
- Et...?
- Eh bien, elles étaient vierges et d'après ce que j'ai pu comprendre d'après les recherches que j'ai faites, Asako prélevait le sang de ses victimes pour le boire et s'en recouvrir le "corps" en une monstrueuse parodie de purification.
- Le sang pur de l'agneau, souffla Subaru. Un sang non souillé par les perversités de l'homme...
- Comme c'est triste... il a tellement souffert, ajouta Hokuto.
- Oui, continua Seishirô, mais les jeunes filles aussi...
- Aucun de nous, ne connaîtra jamais sa souffrance, confirma Subaru.
FIN
