REBIRTH

Part 1

( par Dark Angel )

         A l'hôpital :

         Subaru et Hokuto Sumeragi se trouvaient dans la salle d'attente, près du bureau des consultations. L'onmyoji ne se sentait pas très bien depuis quelques jours mais cela ne semblait pas être très grave. Mais comme d'habitude, sa jumelle se faisait trop de soucis sur sa santé depuis son coma. Cela l'avait beaucoup affectée et au moindre signe suspect, elle l'envoyait direct chez le médecin.

         Il toussa, essayant de réfréner le plus possible sa toux. Il sentit alors une main fraîche se poser sur son front.

         - Ne t'inquiète pas Hokuto, le docteur m'a dit que j'avais une simple grippe... D'ailleurs, il m'a même fait un vaccin! ajouta-t-il pour la réconforter.

         - Tu es mon seul frère... C'est bien normal que je me fasse du souci pour toi! répliqua-t-elle, anxieuse. Subaru, je suis vraiment inquiète de te voir dans cet état! Depuis que...

         - Je sais.

         Il lui offrit son plus beau sourire.

         - Merci, tu es gentille!

         Une annonce les prévint que ses médicaments étaient disponibles à l'accueil et Hokuto partit les chercher. C'est alors que Subaru vit un jeune garçon s'asseoir à côté de lui en souriant. Il fit de même.

          - Tu es venu ici tout seul? demanda-t-il gentiment.

          - Oui, mais ma maman viendra me chercher tout à l'heure!

          Le jeune homme fut touché par l'air enfantin de l'enfant.

          - Tu as l'air très sage...

          - Tu as attrapé la grippe? questionna-t-il, curieux.

          - Oui, mais comme le docteur m'a fait une piqûre, je serai vite guéri... Et toi, tu as une grippe aussi?

          Le garçon se troubla légèrement.

          - Non, euh...

          Il montra du doigt un couloir vide, au bout de laquelle se trouvait une salle à la porte fermée.

          - Regarde là-bas... c'est la salle de soin où j'irai tout à l'heure... En attendant, je dois rester ici car ce n'est pas encore mon tour.

          C'est alors qu'une voix féminine les interrompit:

           - Yuya... Yuya, tu peux venir!

           - Tu reviens bientôt?

           - Heu oui, après-demain. Pour chercher mes médicaments.

           - Chouette alors! Tu reviendras me voir? Je suis ici tous les deux jours...

           - Tous les deux jours?! murmura Subaru, étonné.

           - Allez Yuya, c'est l'heure! insista l'infirmère.

           - Oui!

           L'enfant s'éloigna et salua joyeusement le médium.

           - Au revoir, à après demain!

           Puis il partit rejoindre l'infirmère et une femme d'une trentaine d'années à l'air fatiguée, qui en paraissait dix de plus.

           Hokuto revint enfin mais avec Seishirô!

           L'onmyoji rougit furieusement devant son amant. Il était toujours aussi suffoqué par l'élégance, la grâce presque animale qu'il dégageait lorsqu'il bougeait.

           - Sei... Seishirô...

           - Bonjour Subaru. Comment vas-tu?

           Il avait son éternel sourire bon enfant aux lèvres. Le jeune homme savait que devant Hokuto, il arborerait toujours ce genre de sourire mais qu'en privé, il devenait plus sensuel, plus... carnassier. Comme s'il voulait le dévorer...

           - Mieux, merci. Mais que fais-tu là?

           Sa jumelle répondit pour le vétérinaire, expliquant qu'elle avait laissé un message sur son répondeur et qu'elle lui demandait -non!- qu'elle lui ordonnait de se rendre le plus vite possible à l'hôpital pour venir le chercher. Comme d'habitude, le jeune homme fut gêné du culot de sa soeur et d'avoir encore dérangé Seishirô dans son travail. Mais ce dernier affirma le contraire.

           Puis Subaru parla du jeune garçon qui l'avait tenu compagnie en attendant son retour et il demanda à son ami à quelle sorte de soins cette salle donnait.

           - Je pense que cet enfant vient à l'hôpital pour être dialysé... annonça-t-il tout de go, très sérieux.

           - Pourquoi?

           Il lui expliqua la dure maladie que combattait Yuya depuis des années.

           Chez les Sumeragi :

           Subaru se trouvait dans sa chambre, allongé sur le ventre, sur son lit, perdu dans ses pensées. Il était en train de repenser à tout ce que lui avait appris Seishirô. Ce si gentil garçon avait une maladie vraiment inhumaine et cruelle pour son âge. Mais ses visites toutes deux ou trois fois par semaine à l'hôpital étaient indispensables s'il voulait vivre un tant soit peu normalement et plus longtemps.

          Il ferma les yeux, et enfouit son visage entre ses bras, en se promettant qu'il lui rendrait visite dès qu'il devra aller chercher ses médicaments...

          Pendant ce temps, dans le salon, le Sakurazukamori et Hokuto discutaient au sujet de Yuya et de l'importance qu'y accordait son jumeau.

         - C'est terrible, dit-elle. J'espère que Subaru ne se fera pas trop de soucis au sujet de ce petit garçon...

         - Hokuto, tu es vraiment une fille très gentille!

         Elle ferma les yeux, l'air sombre.

         - Non, ce n'est pas moi qui suis gentille... C'est Subaru... il a toujours eu tendance à trop partager les sentiments des autres. Lorsqu'il voit souffrir quelqu'un, il souffre... Lorsqu'il voit quelqu'un qui a de la peine, il est désespéré... Il ne peut rien y faire. Il est comme ça, au fond de son coeur.

         Elle s'assit près de Seishirô et posa sa tête contre son épaule, continuant sa tirade:

         - Je suis sûre qu'il se souvient de chaque personne qu'il a rencontré, de leur douleur, de leur désespoir. Tous ces souvenirs sont ancrés en lui et il n'arrivera jamais à s'en débarrasser. Son âme est si pure! Pour l'instant, il réconforte les autres sans pouvoir s'occuper de lui-même... Mais si un jour, il tombait amoureux, je crois que...

         Elle s'arrêta, n'osant en dire plus. Mais le vétérinaire était suspendu à ses lèvres, et il brûlait d'impatience de connaître la suite, le fond de sa pensée.

         - Tu crois que...?

         - Je crois que... s'il aimait particulièrement quelqu'un et que cette personne le trahissait... il en mourrait!

         Seishirô lui répondit, affichant un sourire réconfortant:

         - Hokuto, laisse-moi te dire que tu es vraiment une fille adorable!

         Elle sauta sur ses pieds, enjouée, retrouvant sa gaité coutumière.

         - Ah! Ce gentil compliment mérite que je te prépare une spécialité maison! Je vais en préparer aussi pour Subaru!

        Puis elle s'en alla de la pièce en sautillant joyeusement.

        Le faciès du jeune homme changea du tout au tout. L'air jovial qu'il arborait disparut pour laisser place à un sourire rusé, et un regard glacial à vous en donner froid dans le dos. Il retira ses lunettes, songeur.

        - La gentillesse, la pureté de l'esprit, ce sont des sentiments que j'ignore. Je crois que c'est bientôt le jour de notre promesse... Subaru...

         L'onmyoji s'était assoupi mais il se réveilla en sursaut lorsqu'il sentit une main chaude se poser au creux de ses reins.

         - Que...?

         Il se rallongea en reconnaissant Seishirô. La main ne s'était pas enlevée et il en appréciait le contact brûlant sur son dos. Elle lui massait même lentement les muscles qui s'étaient crispés...

         - Subaru, ça va? demanda le jeune homme d'une voix douce.

         Il tourna la tête sur le côté pour admirer le visage racé de son compagnon. Il était vraiment superbe.

         - Oui. Je te remercie.

         - Alors tant mieux! En plus, ta soeur nous a préparé un repas digne d'un roi pour te remonter le moral!

         - Si elle n'était pas là, je ne sais pas ce que je ferai! Je l'adore!

         - Et je crois qu'elle te le rends bien non?

         Pour toute réponse, Subaru esquissa un sourire lumineux. Le vétérinaire tomba sous le charme encore une fois.

         - Et moi aussi je t'adore, ajouta-t-il d'une voix soudainement rauque.

         Il se pencha et effleura la joue lisse du bout des lèvres, les frottant légèrement de bas en haut, se rapprochant inexorablement de celles du jeune homme. Ce dernier avait fermé les yeux pour se concentrer uniquement sur les sensations que lui procuraient la peau de Seishirô contre la sienne. Il était comme électrisé et pourtant le vétérinaire le touchait à peine! Comment pouvait-il être aussi sensible en sa présence? Comment pouvait-il réagir aussi passionnément à son contact?

          Il ne put aller plus loin dans ses pensées. Toute sa concentration s'orientait en un point unique: la bouche de Seishirô contre la sienne, sa langue qui glissait sur les contours, lentement, avant de passer la barrière des dents pour enfin se mêler à la sienne. Le véterinaire leva une main, pour entourer le visage fin du jeune homme entre ses doigts et en profita pour caresser la lèvre inférieure avec son pouce.

           Subaru bougea, pour se mettre sur le côté et pour mieux savourer le contact de leurs corps qui se frottaient l'un contre l'autre, comme doués d'une vie propre. Il passa un bras autour de la taille de son amant tandis que l'autre s'agrippait convulsivement sur la nuque, et de ses doigts, il attrapa presque avec violence les courtes mèches noires. Une fois sur le dos, il fit basculer le grand corps musclé contre le sien, et il en savoura le poids, le pressant contre lui encore plus fort comme s'il souhaitait se fondre en lui.

            - SUBARU!!!! SEISHIRÔ!!!! cria Hokuto depuis le salon. C'EST PRÊT! A TABLE!!!!!

            Subaru posa son front contre celui de Seishirô. Tous les deux étaient haletants. Ils s'écartèrent en souriant puis ils se levèrent sans dire un mot. Le Sakurazukamori attrapa son compagnon par les épaules et lui piqua un rapide baiser sur ses lèvres humides et gonflées.

            Ils franchirent la porte, déçus l'un comme l'autre de n'avoir pu aller un peu plus loin. De cet instant intime trop court à leur goût.

            Ils allèrent s'asseoir à table, mais le médium, gêné, avec encore le visage brûlant, n'osait regarder sa soeur dans les yeux de peur qu'elle ne se doute de quelque chose. Seishirô, lui, mangeait tranquillement, et devisait avec Hokuto comme si de rien n'était. Il en resta comme deux ronds de flanc. Comment arrivait-il à se composer un visage serein, un sourire innocent devant elle quelques minutes seulement après leur torride baiser? Il était effaré par l'aisance de son ami à se comporter naturellement devant une tierce personne... Lui-même n'arrivait pas à ce résultat aussi rapidement. C'était comme si en entrant dans cette pièce, il avait ôté un masque et qu'il en avait remis un autre aux traits parfaitement lisses, qui convenait très bien à la situation d'ailleurs!

              Mais il n'y pensa plus lorsqu'il entendit rire les deux êtres qu'il chérissait le plus au monde, et il se joignit à eux, se détendant enfin, appréciant seulement d'être en leur compagnie.

              A l'hôpital :

              Subaru Sumeragi ne comprenait plus rien. Avait-il basculé dans un monde de folie? Etait-ce vraiment réel cette femme qui se jettait sur lui avec un couteau?

              Il avait rendu plusieurs fois visite à l'enfant car celui-ci se trouvait mal en point et était hospitalisé. Il avait vécu la tragédie que cette mère endurait, du choix qu'elle avait dû faire il y a quelque années et qu'elle regrettait en même temps, car une question fondamentale lui torturait l'esprit: et si elle avait choisi Yuya à la place de sa soeur Maya? Le rein qu'elle avait donné, n'aurait-il pas été rejeté? Serait-il aujourd'hui en bonne santé? N'aurait-elle jamais vécu ce calvaire? Mais, maintenant les "et si" ne sont plus de bon aloi. Maya était morte et Yuya semblait prendre le même chemin sans qu'elle ne puisse rien y faire... Pourquoi n'avait-elle pas donné naissance à des enfants en bonne santé? Pourquoi son mari était-il mort, l'abandonnant face à ce triste avenir? Ne pouvait-elle vraiment rien tenter pour sauver son seul enfant? Son petit garçon adoré qu'elle aimait plus que sa propre vie? Tout était de sa faute! Oui... Tout était de sa faute...

               Le médecin et les infirmières avaient emmené Yuya dans la salle d'opération car son état physique s'était dégradé. Quand à sa mère... Elle était prostrée, à genoux sur le sol froid, pleurant toutes les larmes de son corps usé par les épreuves. Subaru avait essayé de la réconforter mais elle s'était relevée, murmurant des mots sans suite, attrapant subrepticement le couteau à fruits, posé à côté de la corbeille.

               Elle se retourna, le regard fou et désespéré en disant:

               - Tu pourrais donner un rein à Yuya... Je t'en supplie...

               Il recula, frappé par les larmes qu'elle continuait de verser et par le sourire dément qu'elle esquissait.

               - Madame...

               Puis elle se jetta sur lui, le couteau levé et frappa. Subaru leva la main en un geste dérisoire de défense, et la lame lui entailla le cuir de ses gants et la peau. Du sang gicla.

               - Il faut faire vite, continua-t-elle, sinon il va mourir...

               Le jeune homme prit enfin une décision.

               - Madame, écoutez-moi! cria-t-il. Je suis d'accord pour lui donner mon rein!

               - YUYA! hurla-t-elle, ne semblant pas avoir entendu ce que lui avait annoncé Subaru.

               Il ne se défendrait pas. Il regarda la pauvre femme, puis ferma les yeux, attendant le coup de grâce qui ferait de lui le futur donneur du jeune garçon.

               La femme fonça sur lui sans plus attendre. Puis, le couteau frappa. Tout alla très vite. Il entendit Hokuto crier son nom et pourtant il ne sentit pas la lame entailler sa chair. Une paire de lunettes se brisa et se fracassa sur le sol. Du sang coula.

               Subaru ouvrit les yeux et vit Seishirô faire face à la folle, lui tournant le dos. Il comprit, avec effroi, que le jeune homme avait pris le coup qui lui était destiné. Il avait été touché au visage! Il n'avait même pas hurlé de douleur!

               En effet, le Sakurazukamori avait posé sa main sur son oeil droit, essayant de réfréner l'hémorragie. Mais le sang se déversait à grands flots.

               - Il me faut un rein... n'importe quel rein! répétait la mère de Yuya.

               Subaru était tétanisé. Il ne pouvait plus prononcer un seul mot. Il n'entendit pas sa jumelle crier le nom de Seishirô, et lui tenir le bras.

               L'assassin sourit furtivement. Etait-ce à cause de la femme qui se jetait de nouveau sur lui ou parce qu'il avait été blessé et que l'on s'inquiètait pour lui?

               La question resta sans réponse. Il bloqua l'attaque de la démente et lui fit lâcher le couteau. A ce moment-là, un groupe composé de médecins et d'infirmières se précipita vers la femme et vers lui. Il se laissa docilement prendre en charge par le corps médical qui l'emmena directement au bloc opératoire.

               C'est seulement à ce moment-là que Subaru put enfin murmurer le nom de son ami:

               - Seishirô...

               Il courut comme un dératé jusqu'à la salle d'opération, sa soeur sur les talons. Il se jeta sur la porte close et la frappa de ses poings serrés en hurlant une seule chose, un seul nom.

               - Seishirô! Seishirô!! Seishirô!!!

               - Subaru! cria sa soeur pour tenter de le faire revenir à la raison. Subaru, calme-toi!

               Elle le prit à bras-le-corps et tenta sans succès de l'éloigner de là. Mais elle fut violemment repoussée par son frère. Jamais elle ne l'avait vu se comporter ainsi, et elle en fut presque effrayée. Etait-ce vraiment son frère qui se jettait encore et encore contre cette porte? Qui hurlait sans relâche le nom de Seishirô?

               Hokuto vit enfin le visage de Subaru. Les larmes de Subaru. Ils coulaient à flots, semblant pouvoir jamais s'arrêter. Elle ne le reconnaissait plus. Il lui semblait qu'elle était face à un étranger. Il était si triste! Si désespéré! Et ce regard... Jamais elle n'oublierait ce regard...

               - SEISHIRÔ!! hurla-t-il de nouveau avec rage et désespoir.

               Il ne faisait même pas attention à la douleur qui irradiait de ses poings. Ils étaient en sang tellement ses coups étaient violents. Hokuto ne pensait pas qu'une telle colère mêlée au chagrin l'habitait. Et il réagissait ainsi à cause du vétérinaire. Elle se posa des questions sur les sentiments qu'éprouvaient son jumeau envers le jeune homme. Serait-il possible qu'il... l'aimât? Et que cet amour lui était...rendu? Elle eut un pincement au coeur.

               - Subaru, chuchota-t-elle, anxieuse.

               Elle le vit s'éffondrer par-terre, le front appuyé contre la porte, laissant des traînées de sang.

               - Seishirô, murmura-t-il, comme s'il n'osait croire que le jeune homme allait survivre à ses blessures.

               Hokuto resta là, immobile, observant son frère prostré, qui se laissait aller, face à son chagrin, face à sa peine... jusqu'à en perdre la raison...

                Chez les Sumeragi :

                Subaru était assis contre le mur de sa chambre, ses bras enserrant ses genoux. Il n'avait pas allumé la lumière, préférant de loin rester dans les ténèbres, comme l'était son coeur. Il n'en revenait pas d'avoir perdu son sang-froid légendaire!

                Et le verdict était sans appel. Hokuto venait de lui apprendre la mauvaise nouvelle. Il n'y avait aucun espoir pour l'oeil droit de Seishirô. Il avait perdu la vue. Les médecins étaient formels. Même une opération était inutile. De nouveau, il avait pleuré et sa colère avait explosé. Hokuto avait réussi à le calmer mais...

                Il devait lui demander pardon. Oui. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour le moment. En espérant qu'il ne lui en voudra pas... Mais il en doutait. Il n'avait pas le courage de le voir maintenant. Un lâche, voilà ce qu'il était! Il ne voulait pas être rejeté! Il ne voulait pas qu'il le déteste! Subaru avait peur tout simplement. Peur de ne plus être aimé...

                 A la clinique de Seishirô :

                 Subaru avait décidé de remettre son entrevue avec Seishirô pour le lendemain matin. Quand il s'était levé -il avait à peine fermé l'oeil de la nuit-, il avait pensé subitement aux animaux de la clinique. Il fallait s'occuper d'eux! Les nourrir, les cajoler un peu pour ne pas qu'ils se sentent seuls... Alors, il s'était préparé et était parti sur le lieu de travail de son ami.

                 La porte d'entrée était ouverte et il en fut surpris. Le jour venait à peine de se lever. Qui pouvait être là? Un client? Non. Ils n'avaient pas encore été prévenus. Un voleur? Peut-être...

                 Les sourcils froncés, l'oreille attentive, il entra sur la pointe des pieds. Personne dans la salle d'attente. Ni dans le bureau. C'est alors qu'il entendit une voix douce. Elle provenait de la pièce où était les animaux enfermés dans leurs cages. Il entrebâilla la porte et vit une femme qui se tenait debout, de dos. Elle pivota légèrement sur la droite et il vit qu'elle caressait un chat. Il avait un bandage sur une patte. Le félin ronronna de contentement et elle le reposa. Elle procéda ainsi avec les trois derniers petits pensionnaires puis elle fit face à Subaru. Elle sursauta et porta une main tremblante à sa poitrine.

                  - Qui êtes-vous? demanda-t-elle, angoissée.

                  L'onmyoji s'avança d'un pas et déclara en souriant légèrement et en baissant la tête:

                  - N'ayez pas peur, mademoiselle! Je n'ai pas voulu vous faire peur! Je m'appelle Subaru Sumeragi et je suis un ami de Seishirô Sakurazuka, le vétérinaire de ce cabinet.

                  Elle soupira de soulagement et une lueur étrange traversa son regard sans qu'il le remarque.

                  - Oh! Dans ce cas... Moi je m'appelle Nao Yamida et je suis aussi vétérinaire. Je suis la remplaçante du Docteur Sakurazuka!

                  - La remplaçante? questionna le jeune homme, surpris.

                  - Oui! L'organisme privé pour lequel il travaille a eu vent de son accident, et m'a contacté à l'aube pour venir en toute urgence ici. Comme il avait beaucoup de patients...

                  Tandis qu'elle parlait, Subaru observa plus attentivement la jeune femme. Elle était vraiment très belle. Et une aura de douceur se dégageait de sa personne. Elle était un peu plus grande que lui, avec de longs cheveux noirs, presque bleutés, nattés, qui lui retombaient sur l'épaule et dont les mèches folles entouraient son visage comme un halo. Ses yeux étaient noisettes et pailletés de vert. Un nez droit, une bouche rouge et gourmande. Il se demanda si elle n'avait pas des origines européennes. Maintenant, elle était ouverte et souriante et cela éclairait ses traits un peu sévères. Quand à l'habillement... Il ne voyait pas grand-chose à cause de la blouse blanche qu'elle portait déjà, mais il nota le jean noir un peu lâche et les baskets rouges de marque. Un stylo était posé sur son oreille gauche ce qui lui donnait un air un peu désordonné.

                   Il sentit ses joues le brûler lorsque son regard scrutateur se posa sur sa poitrine. Il voulut l'éviter mais ses yeux étaient comme attirés. Il nota la rondeur prometteuse du corsage et s'en voulut de cette pensée sans pudeur...

                   - Je ... je comprends.

                   - Mais au fait, que faites-vous ici, Subaru? Je peux vous appeler Subaru, n'est-ce pas?

                   - Je ... Je vous en prie! En fait, j'étais venu pour nourrir les animaux durant l'absence de Seishirô.

                   Elle frappa dans ses mains comme une petite fille.

                   - Comme c'est gentil à vous! Mais allons plutôt dans le bureau. Nous y serons plus à l'aise pour parler! ajouta-t-elle avec un immense sourire.

                   Une fois dans la pièce, ils s'installèrent sur les fauteuils et commencèrent à parler de tout et de rien, Subaru lui confiant son désir de secret de devenir à son tour vétérinaire et Nao, révélant qu'elle ne pratiquait que depuis deux ans et que cela avait toujours été son rêve...

                    - Je suis désolé, Nao, mais je dois y aller. Du travail m'attend! s'excusa-t-il en se levant.

                    Elle haussa un fin sourcil interrogateur.

                    - Vous me paraissez bien jeune pour travailler! Oh! Mais je suppose que c'est un job comme tout étudiant qui se respecte! Mais ne négligez surtout pas vos études, hein!

                    - Ne vous inquiètez pas!

                    Il se courba légèrement en avant.

                    - Je vous remercie de m'avoir accueilli.

                    Elle se pencha à son tour pour le saluer.

                    - C'est à moi de vous remercier de m'avoir tenue compagnie. Je n'ose vous demander cela... Mais...

                    - Oui?

                    - Pourriez-vous passer cet après-midi si vous êtes libre? Vous pourriez me parler de votre ami et m'aider à la clinique. Je dois vous avouer que je suis un peu tête en l'air et de l'aide ne serait pas de refus.

                    Le jeune homme ouvrit la bouche pour répondre mais elle le devança.

                    - Je comprendrais si vous ne pouviez venir, mais ça me ferait... très plaisir! finit-elle un peu gênée.

                    Subaru rougit et se reprit.

                    - Ca ne me dérange pas du tout! Je viendrai. Vers 14h00, ça ira?

                    - C'est parfait! assura-t-elle.

                    Elle le raccompagna jusqu'à l'entrée.

                    - Merci encore! Et à tout à l'heure!

                    - Merci de votre hospitalité! Aurevoir!

                    - Aurevoir Subaru!

                    Ils se saluèrent de la main et le médium dirigea ses pas vers le centreville en ayant cette étrange pensée en tête, mais très troublante: il était fasciné par Nao et même plus. Il était attiré par elle comme il était attiré par Seishirô...

                    Et quand il s'est détourné, il ne vit pas les yeux yeux glacials qui lui percèrent la nuque et le sourire pervers qui s'était formé sur les lèvres rouges...

A SUIVRE...