REBIRTH
PART 2
( par Dark Angel )
A l'hôpital :
Subaru décida enfin d'aller voir Seishirô. Pour se faire un peu pardonner de ne pas lui avoir rendu visite plus tôt, il avait acheté des pâtisseries après sa sortie de la clinique. C'était les gâteaux favoris de son ami.
Allait-il lui pardonner? Hokuto lui avait assuré que oui mais il en doutait. Il se sentait si mal. Et pourquoi? Il savait très bien pourquoi. Il n'était pas resté à son chevet, et il avait repoussé le plus possible le moment où il allait le voir après "l'incident". Non. Il n'y avait pas que ça.
Il se sentait coupable d'avoir éprouvé des sentiments... presque amoureux envers la remplaçante du jeune homme. De l'avoir admiré, d'avoir ri avec elle, d'avoir succombé à son charme alors que Seishirô avait perdu définitivement son oeil droit par sa faute et qu'il reposait dans sa chambre aseptisée.
Il arriva devant la porte et prit une profonde inspiration. Au moment où il allait toquer, il entendit des bribes de voix filtrer et la voix calme de Seishirô.
- Oui, c'est exact.
- Si j'ai bien compris, vous ne souhaitez pas porter plainte contre cette femme? questionna une voix inconnue. C'est bien ça? Pourtant votre médecin m'a dit que votre oeil droit...
Sans doute celle d'un policier.
- Lorsqu'elle s'est emparée du couteau, elle n'avait pas conscience de ce qu'elle faisait. Son fils qui continait à aller plus mal, ses inquiètudes face à l'avenir... Elle était à bout de nerfs. Je pense que le médecin chargé de soigner son enfant pourra en témoigner. Il connaît la souffrance de cette femme. Si je portais plainte, et qu'elle était condamnée, ajouta-t-il d'un air grave, qui s'occuperait de son fils, Yuya?
Un silence embarrassé régna dans la chambre.
- Alors... Vous êtes d'accord pour ne pas porter plainte? demanda le médecin, hésitant.
Seishirô fit son sourire bon enfant.
- Oui, tout à fait. Et puis, cela n'a plus d'importance maintenant, termina-t-il d'une voix basse.
- Ah?
- Ne vous faites plus de soucis pour moi. Mais faites en sorte que Yuya ne soit jamais au courant de cette histoire. Il est inutile de lui dire ce qui s'est passé, il souffre déjà assez à cause de sa maladie. Si en plus il savait que sa mère avait blessé quelqu'un...
Un sourire se forma sur les lèvres de Subaru en entendant ces paroles.
- Seishirô, murmura-t-il avec émotion.
Il était si bon, si généreux avec autrui. Il ne pensait qu'au bien-être de l'enfant malade et à sa santé si fragile...
On lui tapa sur l'épaule avec énergie en disant son nom avec entousiasme.
- Subaru!
C'était Hokuto. Toujours aussi pétillante et plein de vie. Il se laissa entraîner par sa jumelle vers la chambre de Yuya, oubliant ses soucis personnels...
A la clinique :
Le jeune Sumeragi, après un rapide déjeuner tardif, se précipita vers la clinique de Seishirô où Nao l'attendait. Il arriva avec quelques minutes de retard, légèrement essoufflé.
- Ah, vous voilà Subaru! s'exclama la jeune vétérinaire avec joie.
- Je suis désolé! Je n'avais pas vu l'heure passé! s'excusa-t-il avec force courbette.
La jeune femme agita la main avec insouciance.
- Ce n'est rien, voyons! Cela arrive à tout le monde. Vous êtes si mignon que je vous pardonne immédiatement!
Il piqua un fard en entendant ces mots.
- Je vais fermer comme cela nous serons plus tranquille pour travailler.
Tandis qu'elle allait vers la porte d'entrée, Subaru prit une blouse blanche dans le placard et s'en vêtit.
- On y va?
L'onmiyoji hocha la tête en souriant et suivit Nao dans la salle des petits pensionnaires de tous poils.
La vétérinaire examina soigneusement tous les animaux, Subaru les tenant délicatement mais fermement entre ses doigts, les apaisant de sa voix douce. En effet, ceux-ci semblaient inquiets. Après tout, ils étaient habitués à Seishirô et non à cette jeune femme à l'allure un peu étourdie.
Nao prit exemple sur son nouvel assistant, leur parlant à son tour, une note de tendresse dans le ton de sa voix. Puis, ils nettoyèrent les cages, leurs donnèrent à manger tout en leur attribuant caresses et petites tapes affectueuses.
Lorsqu'ils finirent, il était déjà dix-huit heures passées et ils s'asseyèrent sur les fauteuils de la salle d'attente en soupirant de soulagement, harassés de fatigue, mais heureux d'avoir passé un bon moment ensemble.
- Je te remercie, Subaru! Seule, je n'aurais pas pu finir aussi vite, lança-t-elle avec un sourire joyeux.
- De rien! Et maintenant, les animaux se sont un peu habitués à toi. Ils ont senti ton odeur. Ils ne se rebifferont plus la prochaine fois que tu voudras les ausculter... répondit-il sur le même ton.
S'étant très bien entendu lors de cette après-midi de travail, ils avaient décidé d'un commun accord de passer au mode "tutoiement". Le "vous" leur paraissait trop formel.
- Tu te sens en forme pour un petit dîner? demanda tout d'un coup Nao.
L'exorciste la regarda sans comprendre.
- Je veux dire, veux-tu dîner avec moi ce soir? Nous irions au restaurant...
Voyant l'hésitation du jeune homme, elle ajouta précipitemment:
- C'est pour te remercier de ton aide!
- Eh bien, dans ce cas, je ne peux refuser... répondit-il, intimidé, les joues légèrement rouges.
- Je passerais te prendre vers 20h30.
- Parfait. Voici mon adresse...
Ils bavardèrent encore quelques minutes puis Nao le racompagna jusqu'à la porte. Subaru prit son imper et plongea son regard vert dans les profondeurs insondables de ceux de la jeune femme. Il y lut quelque chose d'indéfinissable sur lequel il n'osait mettre un nom. Et qui faisait écho à cette émotion qu'il ressentait depuis qu'il l'avait rencontré.
Non! Il ne voulait pas y penser.
Il avait l'impression de trahir Seishirô...
- Eh bien, à tout à l'heure alors...
- Oui. A tout à l'heure.
Mais ses pieds restaient comme cloués au sol. Comme si une force invisible l'empêchait de s'en aller. Il vit comme dans un brouillard, Nao venir à lui et lui effleurer de ses lèvres sa joue lisse. Le contact fut bref mais ce fut pour lui comme une brûlure au fer rouge...
Il partit sans un mot de plus. Il n'était plus nécessaire de parler. Ce baiser, autant se l'avouer, il l'avait attendu.
Il pouvait sentir dans son dos, le regard de la jeune femme se poser sur sa nuque, un air pensif sur le visage certainement, jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.
*
Une pièce sombre. La lumière y pénètre difficilement. Une voix se fit entendre. Aussi douce que de la soie. Un parfum de jasmin flotta dans l'air.
- Je l'ai vu. Il est beau.
- N'oublie pas ce que tu dois faire.
- Comment le pourrais-je? Tu me rabâches sans cesse les oreilles...
- C'est étrange...
Le bruit d'une étoffe qui crissait, qui glissait contre quelque chose occulta l'atmosphère silencieuse, presque religieuse qui y régnait.
- Quoi?
- Lui.
- Et l'autre?
- Bientôt. Tout cela sera fini.
- Non.
- Non?
- Tout commencera.
Un rire cristallin, presque joyeux fusa dans l'air.
- Tu me fais rire.
- Cela te rend heureuse?
- ...
- Tu es heureuse?
- Oui.
- Bien.
- Dans peu de temps, il n'y aura rien.
- Tu as peur?
- Non. C'est ce que je voulais.
Silence.
- L'odeur du sang...
- Sur lui?
- Non. L'autre. Elle déteint presque sur lui.
- Comment?
- Il est fort.
- Mais affaibli.
- Tu crois ça?
- ...
- Tu vois. Méfie-toi.
- Je le suis toujours.
Murmures feutrés.
- Pauvre poupée...
- Pourquoi?
- Bientôt, tu le sauras...
*
Chez les Sumeragi:
- Alors Subaru? Fin prêt? s'exclama gaiement Hokuto.
- Tu es sûre que je devrais porter ça?
- Quoi? Ils sont parfaits ces vêtements puisque c'est moi qui les ai choisi pour toi! Allez! Sors de là! Je veux te voir dedans!
La porte de la chambre du médium lentement et il fit deux pas en avant, pour que sa jumelle puisse l'admirer tout à loisir.
- Wouahouh!!! Je le savais! Hohohoho!!!! Je devrais travailler dans la mode moi! s'extasia la jeune fille.
- Hokuto!! Ca me serre de trop! dit Subaru, gêné.
- C'est fait exprès! La mode est aux vêtements moulants.
- Ce n'est pas vraiment mon genre, plaida-t-il d'une toute petite voix.
- Tss! Tss!!! Cela te va très bien. Dommage que ce ne soit pas avec Seishirô avec qui tu sors ce soir. Il se serait jeté sur toi! Après ça, je serais intervenu, lui rappelant qu'il a bafoué l'honneur et la pureté de ton corps, vous vous serez mariés et je serais enfin devenu sa belle-soeur!! hohohohoho!!!! lança-t-elle en riant très fort, une main près de son visage.
- HOKUTO!!! riposta-t-il, rouge comme une tomate.
- Bref! Dommage quoi!
Redevenant sérieuse (NDA: pask'elle plaisantait là?! ^^;;;) et passant ses bras autour du cou de son jumeau, posant son front contre le sien:
- Tu es très beau. Je suis fière de toi.
Surpris, il haussa les sourcils.
- Tu aides toujours les autres, tu les écoutes même s'ils ne s'en rende pas compte et même s' ils ne font pas l'objet d'une enquête.
Il voyait ce qu'elle voulait dire. Il était tellement préoccupé par les problèmes d'autrui qu'il oubliait les siens et de s'occuper de lui-même. Il avait de la chance de l'avoir à ses côtés.
- Et puis, tu vas sortir avec cette jeune fille. Cela serait bénéfique pour toi d'avoir une nouvelle amie. A part Seishirô, ou moi, tu ne fréquentes personne...
Il sursauta et se serra contre elle.
- Du moment que je vous ai tous les deux, je suis heureux.
- Oui, mais...
Il détecta une note de tristesse dans le ton de sa voix.
- Hokuto?
- Rien.
Un coup de klaxon se fit entendre.
- C'est Nao.
Elle posa un baiser sur son front et lui offrit son plus beau sourire.
- Va t'amuser!
- Je t'aime, petite soeur, lui dit-il, la gorge nouée.
- Je t'aime, petit frère.
Elle le prit encore une fois dans ses bras et le laissa partir.
- Et ne rentre pas trop tard!
Il la salua de la main et sortit.
Hokuto ne put s'empêcher de se sentir inquiète pour lui... Un étrange pressentiment lui étreignait le coeur.
*
Subaru Sumeragi n'aurait jamais pensé passer une aussi bonne soirée. Et une journée aussi bouleversante en évènement. Tout allait très vite. Trop vite. Que faisait-il là? N'aurait-il pas dû être chez lui, dans sa chambre, plongé dans un sommeil bienheureux?
Nao l'avait de nouveau embrassé sur la joue lorsqu'il était monté dans la voiture. Mais il avait senti que celui-ci n'avait pas la même charge... de désir que celui de la clinique. Un baiser amical, rien de plus. Il en fut presque déçu et se rabroua aussitôt pour cette pensée. Mais à quoi songeait-il?
Ils firent le trajet jusqu'au restaurant dans un silence total, chacun perdu dans ses pensées. Puis la jeune femme lui sourit lorsqu'il arrivèrent en vue de l'édifice et il ne put qu'y répondre, une douce chaleur se diffusant en lui. Il fallait bien qu'il se l'avoue. Seishirô Sakurazuka était hors de sa tête. Il ne l'avait toujours pas vu depuis son accident. Bizarrement, cela ne le rendit pas coupable de l'avoir oublié...
La jeune femme gara sa voiture dans le parking souterrain puis ils prirent l'ascenceur jusqu'au 26ème étage. Tandis que la cabine montait et s'arrêtait avant leur destination pour prendre d'autres personnes, Subaru sentit une paume se presser contre le dos de sa main alors que des doigts s'entrelacèrent aux siens.
Il tourna la tête et tomba sur le profil de la vétérinaire qui avait un léger sourire sur ses lèvres. Elle était plus âgée que lui. Et alors? La différence d'âge ne faisait pas tout. Elle était intelligente, jolie, chaleureuse, drôle. Il l'appréciait et cela semblait être le cas de son côté... Ce genre d'histoires n'étaient pas nouvelles. Il ne serait pas le premier à y succomber.
Subaru serra les doigts fins mêlés aux siens et se rapprocha de Nao presque à la toucher. Elle ne bougea pas. Ne le regarda pas. Mais son sourire s'élargit. Et là, il comprit quelque chose d'important. Le bonheur était toujours à portée de main. Il suffisait juste de se lancer et de tenter sa chance, quitte à être repoussé... Il ne devait plus rester dans son coin, attendant que les choses se passent.
Le dîner fut un vrai régal. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé dans un restaurant aussi bon. C'est vrai, les plats d'Hokuto étaient fameux mais cela faisait du bien de manger à l'extérieur, surtout en si bonne compagnie. La nourriture en paraissait plus excellente et le vin plus capiteux que jamais. Il en oubliait même de regarder la superbe vue qui s'offrait sous ses yeux, à travers la vitre. De nuit, à cette hauteur, toutes lumières allumées, la lune baignant de ses rayons argentés chaque recoin de bêton d'acier et de verre, transfigurait Tokyo, la rendant plus mystérieuse et plus belle que jamais.
Mais ses grands yeux verts ne quittèrent pas les yeux noirs de Nao, son visage ovale, ses pomettes hautes, son cou gracile, sa bouche rouge qui se mouvait avec tant de grâce à chaque fois qu'elle prenait la parole ou lorsque son index se portait sur sa monture lorsque ses lunettes glissaient sur son nez. Ses cheveux noirs étaient relevés en un chignon haut et des mèches retombaient souplement sur ses épaules, lui donnant un air taquin. Il mourrait d'envie de plonger sa main dans sa chevelure soyeuse. Il se gifla mentalement pour cette pensée peu pudique. Car elle insinuait autre chose... Et bien sûr, il piqua un fard selon son habitude.
Au dessert, il prit un thé vert tandis qu'elle commandait une part de gâteau au chocolat.
Une couleur rosée apparut sur ses joues alors qu' une lueur rieuse s'alluma dans son regard d'un noir profond.
- Tu dois te demander comment je peux avaler encore quelque chose après tout ce que l'on a pris...
- Heu... Non, pas vraiment, dit-il, gêné, car cela lui avait traversé l'esprit en effet.
- Tu sais, je suis une vraie gourmande! J'ai besoin de ma dose de chocolat journalière... fit-elle avec un léger rire.
- Je ne t'en voudrais pas pour ça!
- C'est mon petit vice perso et j'essaie de ne pas en abuser. Mais c'est très dur! avoua-t-elle d'une voix presque enfantine.
Le serveur arriva avec le petit plateau et posa le gâteau devant elle. Elle le remercia, prit sa petite fourchette et coupa un morceau qu'elle engouffra dans sa bouche avec un ronronnement de plaisir.
- Mmm! C'est trop bon! dit-elle.
Il ne put que sourire, trop gêné pour parler, les yeux fixés sur ses lèvres. Elle avala encore une part d'un air gourmand et lécha les dents de son couvert, les yeux mi-clos.
Subaru frissonna. De nouveau, cette chaleur partant du bas-ventre, qui se diffusait dans tous ses muscles, tous ses membres. Il sentit son pantalon se tendre. Pourquoi diable avait-il écouté sa soeur et mis ce vêtement trop serré?? Heureusement, il étais assis et on ne voyait rien...
La voix douce de Nao le tira de sa torpeur sensuelle.
- Ca va, Subaru?
- Que...? Euh oui. Pourquoi?
- Tu es tout rouge.
Il leva une main et la secoua devant lui.
- J'ai... euh... un peu trop chaud! Ce n'est rien. Ne t'inquiète pas!
- Tant mieux! répondit-elle, soulagée.
Puis elle reprit une bouchée de chocolat, réitérant le même manège voluptueux que précédemment. Les boutons de son pantalon faillirent sauter de leur couture. Elle le faisait exprès ou quoi?! L'exorciste eut soudain la gorge très sèche. Il tentait de fixer son regard ailleurs mais il n'y arrivait pas. Il n'était plus que sensations, et il souhaitait de tout son être que cette bouche rouge, humide glisse sur son corps de la même façon...
Il réprima un gémissement tandis qu'elle finissait son gâteau, s'imposant l'ordre de ne pas porter une main discrète jusqu'à son bassin. Comment arrivait-elle à lui échauffer le sang ainsi? Tout le corps de Subaru était à vif, ses nerfs lui brûlant la peau. Il n'avait jamais eu autant conscience de son propre corps que maintenant.
Lorsqu'il prit la parole, le son de sa voix lui parut trop rauque.
- Tu veux encore quelque chose?
- Non, merci! Je ne peux plus rien avaler cette fois-ci! C'est promis!
Il émit un petit rire.
- Subaru, on s'en va?
- Si tu veux.
- Comme il n'est pas trop tard, on pourrait faire encore un petit tour.Ca te dit?
- Je te suis.
Ils réglèrent et sortirent de la salle en se tenant la main, un timide sourire sur leurs lèvres. Ils se séparèrent à regret tandis qu'ils montaient dans la voiture. Elle baissa les deux vitres, mit de la musique, et elle démarra au quart de tour.
Les deux jeunes gens s'ébrouèrent et laissèrent le vent frais glisser le long de leur chevelure. La pince de Nao commença à tomber et elle l'enleva d'un geste preste, sa chevelure sombre se déployant tel un drapeau.
Ils roulèrent ainsi durant une bonne vingtaine de minutes, la musique et le ronronnement de la voiture brisant le silence dans l'habitacle.
Elle quitta la route principale et bifurqua dans une artère pour entrer dans le quartier de Shibuya. Elle passa devant la gare et tourna à droite. Elle continua ainsi durant quelques minutes et Subaru vit se profiler devant lui, une résidence d'allure plutôt moderne. Elle se gara en face de l'entrée et coupa le moteur.
Il se tourna vers elle, interrogateur.
- C'est chez moi, annonça-t-elle sans préambule.
Puis elle plongea ses yeux brillants dans les siens.
- Tu veux monter boire quelque chose?
Cette question, Subaru le savait, impliquait autre chose. Il n'aurait jamais pu faire le premier pas. Il n'osait même pas y penser. Telle qu'il la connaissait, il aurait du se douter qu'elle se montrerait directe. Mais pas si vite. Il hésita.
- Je ne t'oblige à rien... murmura-t-elle d'une voix vibrante. Si tu veux que je te ramène chez toi, je le ferais.
Les pensées s'entrechoquèrent dans la tête du jeune homme. Il ne voulait pas qu'elle croit que s'il montait, ce serait juste pour passer la nuit avec elle. Il avait du respect pour Nao et l'admirait. Il ressentait du désir pour elle et il en était effrayé. Il n'avait jamais vraiment fait l'amour avec quelqu'un. Homme ou femme. Avec Seishirô, parfois, il ne savait plus sur quel pied danser. Il lui avait fait éprouver des sensations incroyables mais il n'avait jamais vécu ce moment où ils seraient allongés côte à côte, se rendant caresses sur caresses, leurs corps ne faisant plus qu'un...
Il secoua la tête. Il réfléchissait trop. Se montrait trop raisonnable, préférant écouter sa tête plutôt que son coeur ou son... corps. Il se redressa sur son dossier, un air résolu sur le visage. Pour une fois, il voulait se laisser aller. Se sentir libre de toute entrave. Ne plus penser à rien. Ni à sa famille, ni à ses responsabilités en tant que chef de clan de la famille Sumeragi.
Ni à Seishirô.
Il ne voulait plus de ce fardeau sur ses épaules. Il donna enfin sa réponse.
- Je veux bien.
Ils sortirent du véhicule et claquèrent les portières. Il la suivit alors qu'elle tapait le code d'entrée du bâtiment et qu'elle s'y engouffra à l'intérieur.
Tout lui sembla flou, une fois le seuil franchie. Il se souvint à peine à quoi ressemblait l'appartement de la jeune femme, le visage et le corps de cette dernière emplissant tout son champ de vision. Avait-il déjà enlevé son imper et l'avait-il accroché au porte-manteau? Il savait, pourtant, qu'il n'était plus sur ses épaules.
Sans savoir comment, son dos nu toucha une douce couverture. Des mains fraîches s'égarèrent sur son visage, son cou, son torse et descendaient vers les boutons de son pantalon.
Le matelas s'affaissa et une bouche se colla à la sienne. Il répondit au baiser avec une ardeur décuplée, des dents aspirant sa lèvre inférieure, suçotant sa langue. Il crut être dévoré.
Les lèvres s'écartèrent et il put reprendre son souffle alors que ses jambes furent mises à nu. Il se souleva et agrippa les épaules et les hanches de la jeune femme. Il sursauta en sentant la peau nue. Quand avait-elle enlévé ses vêtements?
- Nao... souffla-t-il, impatient.
- Subaru, fit la voix en écho.
Un corps brûlant se jeta contre le sien alors que les mains de la jeune femme continuaient leur exploration sur les flancs et le sexe de l'exorciste. Il émit un râle de plaisir lorsqu'un mouvement de va-et-vient se fit sentir et il darda sa langue vers la pointe des seins plantureux de Nao. Elle mit une main sur la nuque de Subaru, plaquant son visage encore plus fort contre sa poitrine tandis qu'il faisait rouler les tétons entre ses dents.
Soudain, il fut repoussé brutalement en arrière. Deux cuisses soyeuses se mouvèrent de part et d'autre de ses hanches, tandis qu'une main ferme le guidait. Il hoqueta lorsqu'il se sentit pénétré dans le corps moite de Nao.
Elle s'empala entièrement sur lui tandis qu'elle commençait à monter et à descendre, lentement, le long de sa hampe. Une tension insoutenable crispa ses muscles et il gémit lorsque la jeune femme lui griffa légèrement la poitrine. Il rejeta la tête en arrière, ses doigts gantés palpant la chair au discret parfum de jasmin, tirant sur les tétons avec force.
Nao et Subaru ne se contrôlèrent plus. Le tempo s'accélérant en un rythme endiablé. Le jeune homme se sentit aspiré dans le fourreau étroit qui l'enserrait et qui se contractait de plus en plus.
Puis vint la délivrance et le médium crut que sa tête et chaque cellule de son corps allaient exploser. Il cria le nom de la jeune femme et son corps se tendit à l'extrême, voulant s'enfoncer encore plus, se vidant de toutes ses forces.
Ils retombèrent sur la couverture, épuisés. Nao roula sur le côté, posa sa tête au creux de l'épaule de Subaru, un bras autour de sa taille, les dernières vagues de plaisir refluant peu à peu.
Ses paupières se firent plus lourdes et il tomba dans un sommeil sans rêve...
*
A l'hôpital :
Au même moment, le Sakurazukamori se réveilla en sursaut, en sueur.
Quelque chose clochait. Ses dons l'avertissaient d'un danger mais aussi d'une trahison.
Cela concernait Subaru. Sa proie.
Quelqu'un voulait s'approprier sa proie!
Il se leva, prit le paquet de Mild Seven et le briquet cachés dans la poche intérieure de sa veste qu'Hokuto lui avait ramené discrètement, à l'insu des infirmières. Il alluma une cigarette et la coinça entre ses lèvres, en aspirant une longue bouffée.
Il regarda par la fenêtre. Ses sens l'avertissaient d'un danger. Inconnu. Mais menaçant. Très proche de lui.
Quand il pensa au jeune Subaru, un froid mortel l'envahit et il ne put s'empêcher de sentir une aura malsaine flotter autour de lui...
Et même plus que cela...
Songeur, il se perdit dans la contemplation de la ville de Tokyo, un long frisson lui parcourant le corps...
A SUIVRE...
