REBIRTH
PART 3
( par Dark Angel )
A l'hôpital :
Hokuto, inquiète, de ne pas voir Subaru rentrer, décida d'aller rendre visite à Seishirô à l'hôpital. Il était trois heures du matin et une peur incontrôlable envahissait son coeur. Avec espoir, elle pensait qu'il était peut-être avec le vétérinaire après être sorti avec Nao.
Après tout, il ne lui avait toujours pas rendu visite, et la jeune fille en était très étonnée. N'aimait-il pas Seishirô? Dans un brusque accès de culpabilité, n'était-il pas allé se faire pardonner malgré l'heure tardive? Pour lui, et même pour elle, il leur était très facile de se faufiler dans l'établissement ni vu ni connu...
Elle porta ses mains à sa poitrine, angoissée, les serrant l'une contre l'autre. Elle avait le pouvoir de lire dans le coeur des gens. Elle savait ce qu'il y avait dans celui de Seishirô Sakurazuka. Cette odeur de sang qu'elle avait senti dès leur première rencontre, et qui devenait de plus en plus forte au fur et à mesure de l'année écoulée. Elle savait que quelque chose allait arriver entre lui et son jumeau. Et cela la rendait triste. Elle faisait tout pour les mettre ensemble, leur faire comprendre leur attachement par des plaisanteries, ou par leur horoscope - d'ailleurs, elle ne croyait pas du tout à la prédiction faite par l'ordinateur, lorsqu'ils avaient été dans le quartier des voyants - et mettait tous les moyens en oeuvre pour qu'il ressente la plus petite émotion véritable.
Mais là, il y avait autre chose. Elle n'avait pas vu la remplaçante de Seishirô mais elle avait senti cette odeur de mort sur Subaru. Sur le coup, elle avait pensé que cela venait de lui, mais après... Ne provenait-elle pas plutôt de Nao?
Pourquoi l'avait-elle laissé sortir, bon sang! Pourquoi n'avait-elle pas insisté pour voir la jeune femme? Elle aurait su... et elle n'aurait pas peur pour lui maintenant...
Elle arriva devant la porte et entra sans frapper. Elle vit tout de suite une lueur rougeoyante près de la fenêtre et une silhouette immobile, près de la fenêtre.
- Seishirô... murmura-t-elle des sanglots dans la gorge.
Et elle se jeta dans ses bras.
*
- Cela a été facile.
- C'est ce que tu crois.
- Il est là. Il t'a suivi.
- Oui, mais...
- Oui, mais quoi?
- J'ai dû lui embrouiller l'esprit avec un sort... Il ne serait pas venu.
- Il pense tout le temps à LUI, même inconsciemment.
- Je sais.
- Je comprends.
- Il est mignon, murmura-t-elle presque tendrement.
- Son innocence est perdue.
- Il le fallait non?
- ...
- Qu'y a-t-il?
- J'aurais aimé le garder.
- Ton destin est tracé. Tu n'as pas besoin de lui. Tu n'auras plus besoin de lui.
- L'AUTRE va venir tout de suite dès qu'il le verra. Le sentira. Ton odeur sur lui... Plus le sien...
- Oui. Il faut attendre.
- Nous lui avons volé son bien. Sa proie. Il n'aura pas de pitié envers nous.
- Je te signale qu'il n'en a jamais eu.
(silence)
- C'est vrai.
- ...
- Attention, il se réveille...
*
Subaru cligna des yeux, les membres engourdis. Il tenta de se redresser, mais il retomba mollement sur le matelas. Il porta une main à son front brumeux.
Où était-il? Les murs ne lui disaient rien. Ce miroir, cette coiffeuse,cette...plante? Soudain, un corps chaud se pressa contre le sien. Un corps aux courbes bien féminines et il se rappela.
Nao. Le restaurant. Et...
Ses joues s'enflammèrent comme des braises soufflées par le vent. Il ouvrit complètement les yeux et tourna la tête vers la chevelure noire qui encadrait le visage fin qui reposait contre son épaule. Des mèches lustrées serpentaient le long de son cou et de son torse, lui chatouillant agréablement la peau. Soudain, il eut un flash: un serpent visqueux rampant sournoisement vers lui, la langue sifflante, les crochets prêts à plonger dans sa chair tendre, diluant son poison mortel dans ses veines. Subaru sursauta avec un haut-le-coeur. L'image disparut aussi vite qu'elle apparut dans son esprit.
Timidement, du bout des doigts, il effleura la ligne de la mâchoire de la jeune femme, remonta vers la joue douce et veloutée, la courbe sensuelle des lèvres rouges. Le visage était tellement différent de celui de Seishirô.
Seishirô!
La culpabilité lui tomba dessus comme un piano qui vous écraserait du haut d'un immeuble.
Il avait complètement occulté le jeune homme, obnubilé par sa passion nouvelle. Dire qu'il était encore en convalescence à l'hôpital et que la perte définitive de son oeil droit était de sa faute! Quel monstre dénué de compassion était-il devenu alors que son meilleur ami souffrait certainement de cette situation? Le seul ami qu'il possédait et auquel il tenait tout... particulièrement?
Ses remords l'assaillant, il tenta doucement de s'extraire des bras ronds et voluptueux de Nao, avant de s'asseoir au bord du lit. Il se frotta le visage des deux mains et soupira. Qu'allait-il faire maintenant? Comment Seishirô réagirait-il? Car il le saurait tout de suite. Rien qu'en le voyant. Il ne pouvait pas lui mentir. Il n'avait jamais su bien le faire d'ailleurs.
Il l'avait trahi! Il n'y avait pas d'autres mots assez forts pour exprimer la réalité de la chose.
Nerveux, il se leva, se mordillant la lèvre inférieure. Il jeta un coup d'oeil au réveil digital et vit qu'il était 3:37 du matin. Il avait passé tout ce temps chez elle?
Fébrile, il attrapa ses vêtements éparpillés ça et là. Mais où était son boxer? Ah là, près de l'armoire. Prestement, il l'enfila, gêné par sa propre nudité, ainsi que le reste. Un mouvement près du lit attira son attention. Nao était sur le dos, un bras en arc au-dessus de sa tête, le drap glissant sur ses hanches pleines alors qu'elle relevait un genou. Les yeux clos, la bouche entrouverte en une invite muette des plus érotiques, elle soupira.
Subaru ne put s'empêcher de la regarder, assaillit par une langueur des plus tentatrices. Une force invisible le poussait à s'approcher de cette sirène, de la toucher, de se repaître de cette peau d'albâtre, si ferme entre ses doigts, si chaude et vibrante entre ses bras. De la goûter et de se fondre en elle encore une fois.
Sans s'en rendre compte, il se trouva près d'elle, au pied du lit. Il se rabroua. Pourquoi n'arrivait-il pas à partir? Pourquoi ressentait-il le besoin d'être à ses côtés, de s'enfouir en elle à en perdre la raison?
Il recula de plusieurs pas avant de sortir précipitamment de la chambre, sans bruit.
Il ne vit pas le regard étincelant, ni le sourire triomphant de la jeune femme tandis qu'il partait.
A SUIVRE…