Disclaimer : J'ai une grande nouvelle à vous annoncer. Je ne possède pas Harry Potter. Tout est à JKR. Vous ne le saviez pas, hein ?

Mille mercis à Mélaïnas pour la correction.

Chapitre 2 : La baby-sitter des Evans.

Lorsque le bus déposa Harry devant le collège en ce deuxième jour, il fut surpris de voir que ce n'était pas surchargé comme la veille. Ne reconnaissant personne, il alla s'installer pour attendre l'ouverture des grilles, ce qui ne tarda pas. Il se dirigeait vers sa salle de cours quand Will le rejoignit.

" Salut, dit-il.

- Salut, Harry. Ça va ? Tu as passé une bonne soirée ?

- Euh... oui, ça peut aller, merci. " Il ne voyait pas bien comment une soirée avec les Dursley pouvait être bonne, mais il avait connu pire. " Et toi ?

- Aussi. Mais il paraît que ce matin nous allons souffrir.

- Pourquoi ?

- Parce qu'on a bio. Et que Mr Both est pas commode du tout. Dixit mon frère. Il paraît qu'il a l'habitude d'accueillir les nouveaux en distribuant des souris à disséquer. Et qu'il note le travail.

- Mais... on n'a jamais fait ça avant ! s'effraya Harry. Moi, en tout cas.

- Ni personne, soupira Will. Mais on va avoir intérêt à apprendre vite." Ils furent les premiers à arriver à la salle de cours, qui était ouverte. A l'intérieur se trouvait un vieil homme chauve vêtu d'une blouse blanche. Et, contrairement aux prédictions de Will, il n'y avait pas de souris sur les tables. A la place, dans des bassines, se trouvaient des grenouilles. Et à côté il y avait des instruments dont Harry pouvait sans peine deviner le rôle : des ciseaux, des scalpels...

Les deux garçons se rangeaient devant la porte quand le professeur leva soudainement la tête.

" Qu'est-ce que vous faites là, vous deux ? Ne restez pas dans le couloir comme des imbéciles, entrez." En se jurant que c'était bien la dernière fois qu'il arrivait en avance à ce cours, Harry franchit la porte, Will à ses côtés. Le professeur les toisa d'un regard froid et appréciateur.

" Bien, dit-il, puisque vous êtes là, choisissez donc un animal et commencez. Tout ce que vous avez à faire est là-dedans, ajouta-t-il en leur tendant une liasse de feuilles photocopiées. Ceci constituera votre note de travaux pratiques. Et évitez de mettre du sang partout."

Harry et Will échangèrent un regard misérable et allèrent s'asseoir à une table dans le fond, alors que d'autres élèves commençaient à arriver. Harry se mit à lire ce qui était écrit sur les feuilles, alors que, devant eux, des filles poussaient des cris perçants en essayant de toucher leur grenouille. Elles devinrent ainsi les premières élèves de la classe à recevoir une retenue. Lorsque tout le monde fut là, le professeur Both ferma la porte et alla s'asseoir à son bureau, sans donner d'instructions supplémentaires. Les élèves, n'ayant pas envie de subir le même sort que leurs camarades, ne posèrent pas de questions. La classe se déroula dans un silence relatif, les conversations ne se faisant qu'entre binômes et le plus doucement possible.

Finalement, un quart d'heure avant la fin du cours, le professeur estima que l'épreuve avait assez duré. Il ordonna à tout le monde d'arrêter le massacre, et descendit de son bureau.

Il commença à arpenter la classe avec son carnet de notes, demandant aux élèves leurs noms avant d'attribuer une note, sèchement, en l'accompagnant de commentaires tranchants. De nombreuses filles étaient en larmes quand ils furent enfin autorisés à quitter la salle.

"Pitié ! gémit Will quand ils se retrouvèrent dans le couloir. Dis-moi qu'on a un truc bien maintenant, sinon je vais exploser. J'ai l'impression de voir du sang partout !" Harry sortit son emploi du temps et regarda.

" On a sport, répondit-il.

- Cool !" Will sembla oublier d'un seul coup l'épreuve qu'avaient représenté les deux heures précédentes. " J'espère que ce sera de la boxe, que je puisse imaginer que je suis en train de frapper Both.

- Le prof est bien ? demanda Harry.

- Aucune idée. Mon frère ne l'a jamais eue, elle est nouvelle."

Ils passèrent à leurs casiers pour y déposer leurs affaires et prendre leurs vêtements de sport. Ils se changèrent rapidement et se rendirent dans le gymnase. Le professeur était une jeune femme d'allure dynamique, et le franc sourire qu'elle adressa à la classe leur fit l'effet du soleil qui se montre au beau milieu d'une tempête, après les deux heures qu'ils venaient de vivre. L'humeur de Harry s'assombrit cependant légèrement quand il apprit qu'ils allaient faire du basket. Trop petit, il n'avait jamais été bon dans ce sport. D'ailleurs, il n'aimait pas les jeux de ballon. Parce qu'ils se jouaient en équipe, et que, dans son ancienne école, Harry était toujours celui dont on ne voulait pas dans son équipe. Et parce que la seule chose qui avait intéressé Dudley quand il avait un ballon dans les mains, c'était de le lancer à la tête de Harry. Les ballons de basket, lourds, avec une surface rugueuse, étaient ceux qui faisaient le plus mal.

" Harry ! " Will s'était emparé d'un ballon et le lui lançait. Harry l'attrapa au dernier moment et le relança à son ami en se levant. Après l'échauffement, le professeur forma des équipes pour qu'ils organisent de mini-matchs. Harry se retrouva avec Charles, un garçon grand et musclé, Matthew, un gros garçon essoufflé en permanence, Nadia, une fille blonde avec des yeux bleu pâle, sur le chemin de laquelle il avait déjà remarqué que les garçons plus âgés se retournaient, et Liz. Ils affrontaient une équipe constituée de trois garçons et deux filles à l'air athlétique.

Le match fut catastrophique pour Harry et son équipe. Seul Charles était un bon joueur. Matthew était incapable de courir. Nadia semblait terrifiée dès que la balle arrivait vers elle avec un peu de vitesse. Liz aurait probablement pu bien jouer, mais elle était incapable de se concentrer plus de cinq minutes sur la partie. Une fois, elle parvint même à se tromper et envoya délibérément la balle à un membre de l'équipe adverse. Harry se retrouva finalement en renfort de Charles, découvrant qu'il n'était pas si mauvais qu'il le croyait, une fois qu'on débarrassait le gymnase de Dudley. Certes, il était trop petit pour être un as du lancer de panier, mais il était rapide et adroit pour intercepter des passes. Malheureusement, cela ne fut pas suffisant, et au bout de cinq minutes ils étaient menés dix à trois.

Après que son équipe avait une fois de plus encaissé un panier, Harry attrapa le ballon et le lança à Charles qui se trouvait devant lui. Celui- ci passa à Liz, dans la partie pour une fois. Celle-ci se retrouva rapidement bloquée par deux joueurs de l'équipe adverse. Harry, démarqué se précipita pour lui venir en aide. Elle le vit et envoya la balle dans sa direction. Il tendit les mains pour l'attraper.

Alors que le ballon allait l'atteindre, Harry ressentit soudain une violente douleur au front. Brusquement, toute la salle lui apparut comme dans un brouillard. Il porta sa main à son front et poussa un léger cri. La balle vint frapper son autre main et rebondit en direction de Matthew, qui se trouvait là par hasard et l'attrapa. Les joueurs partirent dans l'autre direction.

" Eh, Harry, ça va ? "

Debout à côté de lui, Liz le regardait d'un air inquiet. Elle semblait être la seule à avoir remarqué son malaise.

" Oui, je crois, répondit le garçon alors que la douleur diminuait progressivement. "

L'équipe adverse ayant une fois de plus marqué, Charles cria :

" Harry ! Qu'est-ce qui te prend ? C'est ici que ça se passe ! Liz, pareil !"

Le professeur, qui était occupé avec le match qui se déroulait en même temps sur l'autre partie du terrain, se retourna vers eux, reprenant la question.

"Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, répondit finalement Harry. On retourne jouer, n'est-ce pas, Liz ?

- Oui, répondit la jeune fille, en le regardant d'un air bizarre.

- Potter, vous êtes tout pâle, vous allez bien ?

- Très bien, dit Harry en courant pour rejoindre le reste de l'équipe." Les Dursley n'avaient aucune raison d'apprendre qu'il s'était fait remarquer dès le deuxième jour, et surtout de cette façon. Mais on n'était jamais trop prudent, il savait qu'il devait y avoir une réunion parents- professeurs. Et d'habitude ces occasions signifiaient qu'il était puni dès la fin de la réunion, pour une raison ou une autre. Bien sûr, cette fois il doutait que sa tante s'y rende, et encore moins son oncle. Après tout, ils n'avaient plus à se préoccuper de la scolarité de Dudley.

Harry essaya de rentrer à nouveau dans le jeu, mais son esprit était ailleurs. Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait cette douleur. En fait, il se rappelait précisément du moment où ça avait commencé : c'était la nuit qui avait suivi son anniversaire. Il avait été réveillé par une douleur insupportable au front. Ou plus précisément à l'endroit de sa cicatrice. Il se rappelait vaguement avoir également fait un cauchemar, mais il était incapable de dire ce qui s'était passé dans son rêve. Depuis, sa cicatrice l'avait souvent dérangé, elle brûlait doucement par moments, plus fort à d'autres. C'était cependant la première fois qu'il ressentait une douleur comparable à cette première nuit.

Harry s'inquiétait de ce que pouvaient bien signifier ces symptômes, mais il n'en avait parlé à personne. A qui aurait-il pu se confier ? Un matin, son oncle l'avait surpris la main sur sa cicatrice et lui avait demandé des explications. Lorsqu'il avait répondu qu'il avait mal, Vernon avait dit vertement :

" Ne raconte pas de bêtises, mon garçon. Une vieille blessure ne se remet pas à faire mal après dix ans. Ce n'est qu'un moyen d'essayer d'attirer l'attention sur toi." Et de l'envoyer dans sa chambre pendant deux jours pour le guérir de cette fâcheuse manie.

Le cours de sport finit par prendre fin. Harry se changea le plus vite possible, lança son sac sur son dos, et quitta le gymnase en courant presque.

" Eh ! Attends-moi" cria Will, qui l'avait suivi avec peine, et accourait derrière lui, les lacets défaits et le manteau sur l'épaule. " T'es sûr que ça va ? Elle avait raison la prof, t'étais tout blanc tout à l'heure. Et là, on dirait vraiment que t'as un problème. T'es malade ou quoi ?

- Non. Tout à l'heure, j'avais un peu mal à la tête, mais c'est passé, et là, je suis pressé parce que je voudrais manger rapidement, avant qu'il y ait trop de monde.

- Pourquoi ? demanda Will, soupçonneux.

- Parce que je veux aller visiter la bibliothèque.

- Oh non ! Dans ce cas je t'avais vraiment mal jugé. J'aurais jamais cru que tu étais le genre de types qui passent leurs journées dans les bouquins !

- Godric's Hollow, dit simplement Harry en entrant dans le collège et en prenant le chemin du réfectoire.

- Quoi ?

- Godric's Hollow. C'est le nom du village où je suis né, ou, en tous cas, c'est là qu'habitaient mes parents, d'après ma tante Pétunia. Je veux juste essayer de trouver où c'est, et peut-être une photo, quelque chose... Tu n'es pas obligé de m'accompagner, tu sais.

- Non, ça va. Du moment que tu ne fais pas des recherches sur ce fichu c?ur de grenouille pour Both... Je viens avec toi. Après tout, on ira plus vite à deux."

Après un repas avalé à la hâte, les deux garçons prirent donc le chemin de la bibliothèque. La documentaliste, gardienne du lieu, était une femme d'une quarantaine d'année avec des cheveux bruns, coupés très courts et le visage de quelqu'un qu'il vaut mieux éviter de contrarier. La bibliothèque était presque vide, ce qui n'était pas surprenant en ce deuxième jour de cours.

" Qu'est-ce qu'on cherche ? demanda Will à mi-voix.

- Je ne sais pas..." Maintenant qu'il se retrouvait là, Harry n'était plus du tout aussi sûr que son idée soit la bonne. Après tout, si Godric's Hollow était un petit village, quelles chances avait-il de retrouver des informations à ce sujet dans un livre ? Et dans quel genre de livre devait- il regarder ?

" Un atlas, suggéra-t-il. Un truc qui regroupe toutes les communes d'Angleterre.

- J'espère qu'ils ont ça. En tous cas, s'ils ont, ça doit être à la section géographie."

Ils passèrent une bonne demi-heure à feuilleter les livres mais aucun ne correspondait à leurs attentes, et, finalement, Will consulta sa montre.

" Merde, dit-il brusquement. On a exactement cinq minutes pour aller chercher nos affaires et aller en cours. Avec Thomson et j'ai pas vraiment envie d'être en retard."

Brusquement paniqués, ils rangèrent les livres le plus rapidement possible, sortirent en courant, s'attirant des regards désapprobateurs de la part de la documentaliste, et se ruèrent au rez-de-chaussée, vers leurs casiers. Une foule assemblée les empêcha cependant d'y accéder. Des cris perçants provenaient du centre du cercle.

"Ca ne se passera pas comme ça. Mon père fera pendre celui qui a fait ça !

- Allons, Miss Proud, calmez-vous. On ne pend plus les gens en Angleterre depuis...

- Mais qu'est-ce que ça peut faire ? Ce collier valait des centaines de livres !"

Se hissant sur la pointe des pieds pour pouvoir voir par-dessus la tête des curieux, Harry reconnut Suzie, une fille rousse qui était dans sa classe, qu'essayait de calmer le préfet en chef, avec un résultat plus que limité.

" Que se passe-t-il ? demanda-t-il à Charles, qui se trouvait juste devant lui.

- Apparemment Suzie avait laissé un collier en or dans son casier pendant le sport et la cantine, et on lui a volé. Elle en est devenue hystérique. Remarque, elle est hystérique par nature, cette fille.

- Tu la connais bien ?

- Ça fait cinq ans qu'on est dans la même classe. Malheureusement. Elle se croit supérieure à tout le monde parce que son père siège au conseil municipal. Personne peut la supporter."

Harry observa la fille qui exigeait maintenant à grands cris que les sacs de tous les élèves du collège soient fouillés jusqu'à ce qu'on retrouve son collier. Elle fut cependant coupée quand une voix autoritaire demanda : "Mais que se passe-t-il ici ? Pourquoi n'êtes vous pas en classe ?"

L'air furieux, le professeur Thomson s'avançait vers sa classe. Le préfet en chef tenta de lui expliquer la situation, mais Suzie le fit à sa place, la voix toujours suraiguë. Mais l'enseignante ne parût pas compatir au malheur de son élève.

"Miss Proud, déclara-t-elle d'un ton sec, ce qui vous arrive est sûrement bien triste, mais il me semble vous avoir prévenus hier que ce genre de choses s'était déjà produit, et qu'il y avait un risque. Dans ces conditions, c'était de l'inconscience de laisse votre collier sans surveillance. Maintenant, tous, montez en cours. Nous avons perdu assez de temps. Miss Proud, vous viendrez me voir à la fin de l'heure pour que nous essayions de régler cette histoire, mais je ne crois pas que nous puissions y faire grand-chose. Peut-être cela vous apprendra-t-il à prendre soin de vos affaires."

Sous le regard d'acier du professeur, l'élève n'osa pas répliquer, mais, juste avant qu'ils ne rentrent dans la salle de cours, Harry l'entendit murmurer à une autre fille que Thomson aurait sous peu des nouvelles de son père.

Le cours d'anglais se déroula sans autre incident notable. Lorsque la cloche sonna, les élèves commencèrent à ranger leurs affaires, mais le professeur les retint.

" Un instant, dit-elle. Vous donnerez ceci à vos parents, dit-elle en distribuant des enveloppes fermées, et je veux voir leur réponse signée. C'est à propos de la réunion qui doit se tenir la semaine prochaine. J'aimerais voir tout le monde, c'est important que vos familles sachent ce que vous faites ici. Miss Proud, si vous voulez reparler au calme de ce qui s'est passé tout à l'heure, je suis à votre disposition. Potter, venez me voir un instant, s'il vous plaît."

Le c?ur de Harry fit un bond dans sa poitrine. Il se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour susciter cette demande. À coup sûr, ce n'était pas bon signe. Obéissant, il prit son sac qu'il avait déjà fini et, alors que les autres quittaient la pièce et que Suzie, l'air furieuse, attendait à sa place, il s'approcha du bureau à pas lents.

"Inutile de faire cette tête, Potter, remarqua sèchement le professeur. Il m'arrive d'aboyer, mais je ne mords pas. Et, en l'occurrence, je voulais simplement vous demander si vous aviez obtenu le renseignement que je vous ai demandé hier."

Harry rougit soudain, se sentant stupide d'avoir ainsi oublié que c'était le professeur Thomson qui avait demandé à connaître son lieu de naissance, alors que depuis la veille il avait passé tant de temps à penser à cet endroit où ses parents avaient vécu.

" Je suis né à Godric's Hollow, répondit-il.

- Godric's Hollow ?" demanda-t-elle en notant le nom sur sa feuille. " Ça ne ressemble pas aux noms des villes d'ici. Où est-ce ?

- Je ne sais pas", répondit Harry. Il n'ajouta pas qu'il aurait bien aimé le savoir. Le professeur, à son grand soulagement, n'insista pas, et ne sembla pas lui tenir rigueur de son ignorance. À la place, son regard s'adoucit soudain et elle demanda brusquement : "Dites-moi, vous ne vivez pas avec vos parents, n'est-ce pas ?

- Mes parents sont morts, Madame." Répondit Harry, se demandant où elle voulait en venir.

" Oh ! Excusez-moi. Vous pouvez partir, Potter."

Stupéfait, Harry ne se le fit cependant pas répéter deux fois, et après un rapide "au revoir", il sortit dans le couloir.

Dans les jours qui suivirent, Harry continua à chercher des renseignements sur Godric's Hollow, mais il finit par abandonner après avoir regardé tous les livres de la bibliothèque parlant de la géographie de l'Angleterre. La cicatrice de Harry continuait de le démanger régulièrement, et à lui faire mal de temps en temps. À cela aussi, il avait cherché une explication dans les livres, mais sans en trouver. Il n'en avait parlé à personne, pas plus qu'il n'avait mentionné les lettres étranges qui étaient arrivées pendant l'été, ou la manière dont le traitaient les Dursley. En dehors, bien sûr, de ce qu'il avait dit à Will le premier jour, sous l'effet de la colère. Dix ans de vie chez les Dursley lui avaient appris à garder ses problèmes pour lui. Will non plus ne parlait pas beaucoup de sa vie en dehors du collège, sauf bien sûr de son frère, pour mentionner ce qu'il avait dit à propos des professeurs ou d'autres choses. De quelques réflexions, Harry avait cru comprendre que les deux garçons vivaient seuls avec leur mère, et qu'ils n'avaient pas beaucoup d'argent. Le reste de ses camarades de classe, par contre, parlait librement de leurs familles, et posaient naturellement des questions. Harry y échappait cependant plutôt bien, sans doute parce que le fait qu'il était orphelin était connu, c'était une des choses qu'il avait bien été obligé de révéler dans les premiers jours, et que cela gênait les autres collégiens. Pour s'apercevoir que Will cachait quelque chose, ou du moins qu'il ne voulait pas en parler, il fallait, soit être très observateur, soit, comme Harry, passer beaucoup de temps avec lui. Le jeune garçon, en effet, ne refusait jamais de répondre à une question, mais il s'arrangeait toujours pour éviter de donner des informations sur lui. Ses réponses étaient toujours teintées d'humour, discrètement hors sujet, ou alors complètement à côté de la plaque.

Will était vite devenu populaire au sein de la 1A3. Le fait qu'il connaisse le collège avait aidé, mais aussi et surtout sa bonne humeur, et un sens de l'humour assez particulier, souvent cynique. Et, chose surprenante, Harry aussi était plutôt apprécié. Certes, il n'était pas un meneur, on ne se pressait pas pour faire partie de ses amis, mais, pour la première fois de sa vie, il se sentait accepté. On l'aimait bien. Et pour lui, qui avait toujours été délaissé, voire détesté, que ce soit chez lui ou à l'école, cela tenait du miracle. Les autres ne s'écartaient pas de lui, ne se moquaient pas de lui à cause de ses lunettes cassées. Dans la classe, on disait de lui qu'il était, certes, sérieux et discret, mais toujours prêt à rendre service. Cela aurait pu le faire passer pour quelqu'un d'un peu niais et qui se laisse marcher sur les pieds, mais son éclat du premier jour, face aux deux gorilles, avait fait le tour de la classe, probablement grâce à Liz, et lui avait valu le respect de ses condisciples. Le fait que ses devoirs étaient toujours faits de manière impeccable ( c'était pour lui le seul moyen d'occuper ses soirées, mais, cela, les autres ne le savaient pas ), mais que, contrairement à d'autres bons élèves, il ne rechignait pas à en faire profiter les autres, avait grandement contribué à sa popularité.

Conformément aux attentes de Harry, lorsqu'il avait donné le mot à la tante Pétunia, celle-ci avait rétorqué qu'elle avait beaucoup mieux à faire que d'aller à cette stupide réunion parents-professeurs. Chez les Dursley, Harry n'avait jamais été aussi tranquille que depuis la rentrée. D'abord parce que Dudley n'était pas là, ce qui signifiait que Harry n'avait plus à passer ses soirées et ses week-ends à courir pour lui échapper. De plus, en l'absence de son cousin, le jeune garçon n'avait plus à redouter les vases brisés ou les razzias dans le frigo pour lesquelles il était régulièrement puni bien qu'il n'y soit pour rien. Son oncle et sa tante ignoraient complètement Harry, ce qui était l'attitude qu'il avait toujours préférée de leur part. Il accomplissait ses corvées sans rechigner. Pétunia signait tout ce que le collège lui demandait de signer sans même y jeter un regard, sachant que si elle ne le faisait pas les ennuis que Harry ne manquerait pas d'avoir finiraient par avoir des répercussions sur le reste de la famille. Il ne fallait pas qu'on s'intéresse à eux. En dehors de ces quelques moments, d'interactions, Harry ne voyait sa famille qu'aux moments des repas, et se gardait bien d'intervenir dans les conversations qui concernaient généralement les problèmes des voisins ou les bénéfices de la Grunnings. La dernière bouchée avalée, il débarrassait rapidement la table, sans prononcer un mot, et filait dans sa chambre. Bien sûr, il s'ennuyait, mais au moins, il avait la paix.

Un matin, vers le milieu du mois de septembre, Harry somnolait pendant un cours de mathématiques. Un avion de papier lui frôla soudain la joue, se chargeant de le réveiller. Will s'était installé seul dans le fond pour copier le devoir de français de son ami, et Harry s'était mis à côté de Liz. La petite fille était occupée à prendre des notes dans un cahier, notes qui n'avaient, bien entendu, rien à voir avec le cours. Liz désespérait les professeurs. Elle semblait complètement imperméable à tout ce qui concernait les cours. Ce n'était pas qu'elle soit stupide, mais elle préférait toujours porter son attention ailleurs. Ce qui se passait en classe ne l'intéressait absolument pas. Le seul domaine dans lequel elle était bonne, dans lequel, même, elle excellait, c'était la rédaction. Ce qui n'avait surpris personne, étant donné qu'elle était toujours en train de griffonner dans un cahier, d'écrire des histoires ou des poèmes. Et l'histoire, aussi. Les cours du professeur Helmett passionnaient tout le monde, mais Liz s'immergeait littéralement dedans, à un point tel qu'il lui fallait souvent plusieurs minutes après la fin de la leçon pour reprendre ses esprits. Ce qui n'était pas le cas de ceux du professeur Smith, qu'ils subissaient actuellement, et où régnait le chahut le plus total.

Avec une brusquerie qui accompagnait parfois ses retours dans le monde réel, Liz ferma soudain son cahier et se tourna vers Harry.

" Au fait, tu fais quelque chose ce week-end ? demanda-t-elle.

- Non, répondit Harry, surpris. Pourquoi ?

- C'est mon anniversaire. Je fais une petite fête samedi. Ça te dirait de venir ?

- De venir chez toi ?"

C'était bien la première fois que Harry était invité, où que ce soit.

- Bah oui, chez moi, dit la fillette. J'habite tout près d'ici. Alors, tu veux venir ?

- J'adorerais, dit Harry. Mais il n'y a pas de bus le samedi, et je ne suis pas sûr que mon oncle et ma tante pourront m'emmener." En l'occurrence, la question était plutôt de savoir s'ils le voudraient, mais Harry n'apporta pas cette précision. "Je vais leur demander, et je te dirai si je peux, d'accord ?

- D'accord. On ne sera pas nombreux, juste quatre ou cinq. Ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes." Harry hocha la tête. Il aurait dû dire quelque chose, montrer que, lui aussi, serait heureux d'y aller, mais ce qu'il ressentait était bien plus fort que cela. Il avait assisté à tous les anniversaires de Dudley, mais n'avait jamais pu profiter de la fête, pas sous le regard appréciateur de son oncle et sa tante et la certitude que les amis de son cousin pouvaient, à n'importe quel moment, se lasser des jeux organisés pour eux et se lancer à sa poursuite. Il avait également entendu son cousin parler de tous ceux auxquels il s'était rendu, ressentant à chaque fois une pointe de jalousie et une immense amertume. Cela faisait partie des plaisirs qui lui étaient interdits. Il se doutait de la réponse de sa famille quand il poserait la question, et n'espérait pas vraiment pouvoir se rendre à cette fête, mais le simple fait que la fillette ait pensé à lui en choisissant ceux qu'elle allait inviter suffisait à lui réchauffer le c?ur.

Harry passa le reste de la journée à chercher un moyen de persuader son oncle et sa tante de le l'emmener à l'anniversaire, mais sans rien trouver. Il ne pouvait pas imaginer quelque chose qu'il pourrait leur promettre en échange. S'ils voulaient quelque chose de lui, ils avaient d'autres moyens de l'obtenir. Et ils n'allaient certainement pas se déranger pour lui faire plaisir...

Finalement, lorsque vint le moment de rentrer chez lui, il résolut de leur poser simplement la question, faute de plan plus constructif. Et, finalement, son problème se résolut tout seul.

Lorsqu'il arriva au numéro 4, Privet Drive, ce soir-là, il eut la surprise de voir l'oncle Vernon déjà rentré. Ces temps derniers, l'entreprise de Mr Dursley, la Grunnings, marchait plutôt bien, et l'homme était surchargé de travail, ne rentrant que quelques minutes avant l'heure du dîner. Lorsque Harry entra dans la cuisine, son oncle et sa tante étaient en grande discussion. Et ils ne parlaient pas des voisins, de la dernière lettre de Dudley, ou des succès de la Grunnings, comme Harry l'aurait cru. Ils parlaient de lui.

" On ne peut pas l'envoyer chez Mrs Figgs, disait Pétunia. Elle est en visite chez des amis.

- Il est hors de question que nous l'amenions à moins d'un kilomètre de chez les Presberg. Ils ne connaissent même pas son existence !

- Peut-être pourrait-il rester dehors... après tout il fera jour et...

- Que se passe-t-il ?" demanda Harry. S'apercevant brusquement de sa présence, son oncle et sa tante se tournèrent vers lui.

"Nous sommes invités samedi après-midi chez les Presberg, d'importants collègues à ton oncle, répondit sèchement Pétunia. Et, bien sûr, tu ne viens pas avec nous.

- Téléphonons à Marge, pour une fois, décida brusquement l'oncle Vernon. Je sais, elle le déteste, mais elle pourra bien le supporter un après midi ! Après tout, il y a dix ans que nous le supportons !

- Elle risque de ne pas apprécier, répondit Pétunia. Et tu sais ce qui se passera si... si elle est trop brutale...

- Marge n'est pas une criminelle, elle ne le tuera pas, rétorqua sèchement Vernon.

- Tante Marge n'a pas envie de passer tout l'après-midi avec moi, dit doucement Harry. Et puis elle habite loin, ça vous prendra plus d'une heure rien que pour m'emmener là-bas.

- Nous sommes parfaitement au courant de cela, rétorqua sèchement l'oncle Vernon en lui lançant un regard accusateur. Et nous n'avons pas besoin de tes conseils.

- Je suis invité samedi après-midi chez une amie, continua Harry. Vous pourriez peut-être m'amener là-bas... C'est beaucoup moins loin que chez la tante Marge, vous aurez plus de temps pour vous préparer.

- Toi, des amis ?" L'oncle Vernon éclata d'un rire tonitruant. " Laisse-moi rire. Qui voudrait de toi comme ami ?" Harry jugea préférable de retenir la réplique qui lui montait aux lèvres, et de ne pas répondre à la question de son oncle. À la place, il se tourna vers la tante Pétunia.

" Je peux y aller ?" demanda-t-il. Puisque sa tante semblait rechigner à l'envoyer chez la tante Marge, il pensait qu'elle serait plus ouverte que Vernon à une autre solution, et c'est à elle qu'il avait posé la question.

" Qui est ce supposé "ami", et où habite-t-il ? demanda-t-elle

- Elle s'appelle Liz March, répondit Harry, et elle habite tout près du collège.

- Crois-tu que nous puissions le laisser ? demanda la tante Pétunia à son mari. Marge serait tellement gênée d'avoir à le prendre, et il faut bien que nous allions à cette réception, n'est-ce pas ?" L'oncle Vernon lança un regard furieux à Harry, comme pour dire "Vois où nous en sommes réduits à cause de toi !" puis il grogna : " S'il n'y a pas d'autre solution.. Très bien, mon garçon, tu as gagné. Tu pourras y aller. Dis à ton amie que tu seras chez elle à quatorze heures précises. Et je te préviens, s'il arrive la moindre chose bizarre, quand tu seras là-bas, si j'ai la moindre plainte à ton sujet, tu le regretteras, compris ?

- Parfaitement", répondit Harry avec enthousiasme, essayant vainement de réfréner un large sourire. Le lendemain, il annonça à Liz que c'était d'accord. Ce n'est que le vendredi matin qu'une pensée soudaine le frappa : il était invité à un anniversaire, il ne pouvait pas y aller sans cadeau. Or, non seulement il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait bien offrir à Liz, mais surtout il n'avait pas d'argent. La seule pensée de demander leur aide aux Dursley était ridicule. Ils se plaignaient déjà assez souvent qu'il coûtait trop cher. Finalement, il s'ouvrit à Will pendant la pause déjeuner. L'autre garçon n'était pas invité à l'anniversaire, aussi Harry évitait-il de lui en parler, mais Will ne semblait pas du tout gêné d'avoir été tenu à l'écart.

" Achète-lui un livre, ou un autre truc du genre, conseilla-t-il quand Harry souleva le problème du cadeau. Cette fille est toujours perdue dans une histoire quelconque, et elle a toujours un roman dans son sac. Je me demande vraiment comment ça va se passer samedi. Si ça se trouve, elle va complètement oublier qu'elle vous a invités, et vous n'allez pas la voir de l'après-midi.

- Quand quelque chose l'intéresse, elle sait redescendre sur terre, tenta de protester Harry.

- Ouais, pendant deux minutes douze secondes environ. Je ne comprends même pas comment tu la supportes. En plus, c'est une vraie gamine, un rien suffit à la faire pleurnicher.

- Si tu fais allusion à ce qui s'est passé le jour de la rentrée, on en a déjà parlé. Et le fait que tu n'aimes pas Liz ne résout pas mon problème. Je ne peux pas lui acheter un livre. Je ne peux rien lui acheter, je n'ai pas d'argent. En fait, je ne sais même pas si, en rassemblant tout ce que j'ai possédé dans ma vie, on aurait de quoi acheter un livre d'occasion !

- Bienvenue au club, soupira Will. Écoute, si tu ne peux rien acheter, dans ce cas il faut ruser. Refourgue lui un cadeau qu'on t'a fait et auquel tu n'as pas touché. Un truc que tu as en double, quelque chose comme ça.

- Ça ne se fait pas.

- Peut-être, mais elle ne fera pas la différence. Et puis ce n'est pas comme si tu avais le choix.

- De toute façon, remarqua amèrement Harry, ça aussi, c'est impossible. Personne ne m'a jamais rien offert de neuf. Je ne vais tout me même pas refiler la vieille paire de chaussettes de mon oncle que j'ai eue pour mon anniversaire il y a deux ans ! " Harry sentit le risque que la conversation ne dévie sur un sujet de nature plus personnelle, et qu'il préférait éviter. Aussi soupira-t-il en disant : "Je crois qu'il ne me reste plus qu'à lui faire une carte correcte ce soir et à espérer que personne ne remarquera qu'il n'y a pas de paquet qui va avec. Ou, si quelqu'un le remarque, que personne ne m'en veuille à cause de ça."

Mais Harry n'avait jamais été très doué pour les arts plastiques, et le soir, dans sa chambre, il s'énerva inutilement sur le morceau de papier qu'il tentait de transformer en une peinture, ou du moins quelque chose de décoratif. Sur le coup de minuit, il finit par abandonner. Déchirant son oeuvre qui ne ressemblait à rien, il alla se coucher en redoutant le lendemain en même temps qu'il l'attendait impatiemment.

Le samedi matin, il s'habilla d'un jean et d'un tee-shirt à Dudley, le temps étant inhabituellement doux pour cette fin de mois de septembre. Puis, il prit une feuille de papier cartonnée sur laquelle il écrivit simplement "bon anniversaire Liz", avec des feutres colorés, en calligraphiant les lettres comme il le pouvait. Il jugea le résultat plutôt bon, du moins pour son niveau, juste cette carte, c'était un peu léger comme cadeau... D'autant plus que c'était loin d'être un chef-d'?uvre. Les amis de Dudley arrivaient toujours avec des paquets à la main...

Harry s'assit à son bureau avec son livre de maths, essayant de penser à autre chose qu'à ce cadeau qu'il n'avait aucun moyen d'obtenir, à moins de se lancer dans le vol à l'étalage. Puisque les cours n'apportaient rien, il passait pas mal de temps à étudier cette matière à partir du livre. Non par acquis de conscience, mais parce que ça l'occupait. Et, pour cela, il était presque reconnaissant à son professeur d'avoir si peu d'autorité : il y avait des jours où il s'amusait bien en cours de maths, alors que le temps qu'il passait à travailler chez les Dursley aurait été du temps perdu à se morfondre. Ce jour là, cependant, son esprit n'était pas à la leçon qu'il avait sous les yeux. Harry ne chercha pas à se concentrer davantage. Après tout, il avait du temps à perdre. Le soleil rentrait à flots par la fenêtre, et caressait doucement le visage du garçon. Il entendait son oncle et sa tante aller et venir dans la maison, se préparant pour leur grande réception de l'après-midi. Reposant son stylo, il se leva et s'étira. Le soleil l'appelait. Il n'avait finalement pas envie de rester plus longtemps dans cette chambre. Alors qu'il s'asseyait pour mettre ses chaussures, son regard tomba soudain sur les étagères encombrées de vieux jouets cassés, et de tout ce dont son cousin ne voulait plus. Au milieu de tout ce bazar, il y avait cependant des objets que Dudley n'avait jamais martyrisés, des objets auxquels il n'avait même jamais touché : des livres.

" Pourquoi pas ?" se dit Harry en s'approchant. Il n'avait jamais vraiment examiné la collection de livres de son cousin depuis qu'il avait obtenu la chambre. Il ne s'était jamais vraiment considéré comme libre de toucher à ce qui s'y trouvait. D'ailleurs, en vérité il n'avait absolument pas le droit de toucher aux affaires de Dudley, mais puisque c'était sa chambre, qui irait vérifier ce qu'il faisait pendant les longues heures qu'il y passait ? Il tira les volumes et les posa sur son bureau. D'emblée, il en écarta plusieurs qui devaient avoir été offerts à son cousin des années auparavant. D'autres aussi, qui ne lui semblaient pas correspondre au caractère de Liz. Trop violents, ou trop réalistes. Finalement, son choix se porta sur une édition de Robinson Crusoë. Ce n'était pas forcément ce qu'il aurait choisi dans une librairie, mais cela lui semblait un cadeau correct. Enfin, du moins ça l'aurait été s'il avait acheté, et non volé à son cousin. En se glissant en douce dans la réserve pour y prendre le papier cadeau qu'il savait que sa tante gardait là, il se sentait un peu coupable. Pas vis-à-vis des Dursley. Toute la culpabilité qu'il aurait pu avoir envers les Dursley s'évanouissait quand il pensait à toutes les punitions qu'il avait endurées à la place de son cousin. Il estimait qu'il avait largement payé pour un bon nombre de méfaits. De plus, le livre ne manquerait jamais aux Dursley. Aucun d'eux ne savait ce qu'il y avait dans la bibliothèque de Dudley. Cependant, Harry savait que ce qu'il faisait n'était pas très honnête. Mais le soulagement qu'il ressentait à la pensée d'avoir réglé son problème de cadeau l'empêchait de trop y penser. Après tout, il pouvait maintenant se réjouir à la pensée de l'après-midi. Et Harry décida que les occasions de réjouissances étaient trop peu nombreuses dans sa vie pour qu'il laisse une pointe de culpabilité lui gâcher sa journée. Après avoir réalisé un paquet un peu bancal, Harry y attacha sa carte, et partit se promener au soleil jusqu'à midi.

Les Dursley avaient décidé de ne pas manger le samedi midi. On devait servir à leur réception des petits fours et autres douceurs, et ils se devaient d'y faire honneur pour ne pas avoir l'air de déprécier leurs hôtes. Par conséquent, Harry fut réduit à avaler un morceau de pain et de fromage. Il se consola en pensant au gâteau auquel il aurait certainement droit pour le goûter. Finalement, à deux heures moins le quart, son oncle et sa tante, revêtus de leurs plus beaux atours, l'appelèrent pour partir. Ils devaient se rendre directement à leur réception après avoir déposé Harry. Celui-ci dut se tasser sur le siège arrière, qu'il partageait avec l'énorme plante en pot que les Dursley offraient à leurs hôtes. Pour une fois, Harry était heureux de porter des vêtements trop grand, ce qui lui permettait de dissimuler son propre cadeau.

À deux heures, la voiture de l'oncle Vernon s'arrêta devant une petite maison coquette. Le bruit du moteur fit sortir une petite femme blonde, que Harry reconnut facilement comme étant la mère de Liz. Il ne l'avait jamais rencontrée mais elle ressemblait énormément à sa fille.

" Dépêche-toi de descendre, ordonna la tante Pétunia. Tu diras à la mère de ton amie que nous n'avions pas le temps de nous arrêter bavarder.

- Nous passerons te reprendre en revenant, ajouta l'oncle Vernon. Je te veux devant la maison à dix-huit heures trente précises, compris ? Et rappelle-toi, s'il arrive la moindre chose anormal...

- Il n'arrivera rien, promit Harry en ouvrant sa portière, pendant que la mère de Liz, un sourire aux lèvres, s'approchait de la voiture. Harry descendit et l'oncle Vernon mit le moteur. La mère de Liz s'arrêta soudain, et son sourire se figea alors qu'elle fixait la tante Pétunia. Puis, au bout de quelques secondes, la voiture s'éloigna et tourna au coin de la rue. Harry sortit son paquet et s'approcha de la femme, qui regardait étrangement l'endroit où la voiture avait disparu. Il songea que son comportement devait être du à l'attitude des Dursley. Partir comme cela était grossier, Harry s'en rendait parfaitement compte. Aussi tenta-t-il de rattraper l'attitude de sa famille en se montrant le plus poli possible.

" Bonjour, Madame, dit-il. Je m'appelle Harry Potter. Je suis venu voir Liz, s'il vous plaît. Excusez ma famille pour ce départ précipité : ils étaient en retard pour se rendre à une réception." La femme se tourna vers lui et retrouva son sourire chaleureux.

" Oh, bonjour Harry ! Ne t'inquiète pas, je n'en veux pas du tout à tes parents pour t'avoir laissé comme ça ! Je comprends parfaitement ! Ta maman me rappelait quelqu'un que je n'avais pas vu depuis très longtemps, c'est tout... Oui, je suis presque sûre que c'est elle. J'aurais vraiment aimé lui parler ! Dis-moi, Harry, ta maman s'appelle bien Pétunia Evans, n'est- ce pas ? Ou, bien sûr, je suis stupide, maintenant elle doit s'appeler Pétunia Potter ?

- Pétunia Dursley, rectifia Harry, son nom de jeune fille était bien Evans. Mais ce n'est pas ma mère. C'est ma tante.

- Oh ! Excuse moi. J'aurais adoré rencontrer le fils de Pétunia, j'ai appris qu'elle en avait un, et il doit avoir à peu près ton âge. Mais tu dois le connaître, bien sûr.

- C'est mon cousin, Dudley, dit Harry.

- Évidemment, c'est ton cousin. "

Elle le regarda un instant d'un air appréciateur, puis soudain, son expression songeuse fit de nouveau place à l'enthousiasme. "Attends un instant. Tu as dit que Pétunia était ta tante, n'est-ce pas ? Et tu as des yeux... Tu es le fils de Lily, n'est-ce pas ? Bien sûr, Harry... Elle me parlait de toi..."

Harry eut l'impression que tout se figeait autour de lui, en même temps qu'une boule se formait dans sa gorge. Le fils de Lily... Jamais personne n'avait prononcé le nom de sa mère, comme ça, sans animosité. Avec, au contraire, un amour et une nostalgie que l'on devinait aisément. C'était tellement inhabituel, tellement inattendu qu'il mit un moment avant de réaliser que l'on attendait qu'il parle.

- Vous... vous avez connu ma mère ? parvint-il à balbutier.

- Bien sûr que j'ai connu ta maman ! La petite Lily ! J'ai été sa baby- sitter pendant des années ! Jusqu'à ce qu'elle entre au collège, en fait. Mais entre, Harry. Après tout, tu es ici pour Liz, et nous pourrons parler à l'intérieur. Il faudra que tu me parles de ta maman ! Il y a des années que nous avons perdu le contact. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi elle a cessé d'écrire, mais elle m'avait dit qu'il était possible que ça arrive... J'ignorais que vous étiez revenus vivre par ici." Ils passèrent la porte de la maison. " Liz ! Viens voir qui est là !" appela sa mère. La jeune fille, occupée à jouer au Cluedo trois de ses invités, se leva et vint accueillir Harry.

" Salut, Harry, dit-elle. Tu es le dernier, mais ce n'est pas grave. Je savais que tu ne pourrais pas venir avant deux heures. Oh, merci ! s'écria- t-elle alors qu'il lui tendait son cadeau." Elle le mit dans une corbeille avec les trois autres. On a presque fini notre partie, j'espère que ça ne te gêne pas de regarder pendant quelques minutes. Je crois que le coupable est Mme Rose, et c'est Nadia qui la joue, ajouta-t-elle à mi-voix. Je vais bientôt la dénoncer. Si tu veux être le policier, tiens-toi prêt à venir l'arrêter.

- D'accord", répondit Harry sur le même ton. Il ignorait que ce rôle existait au Cluedo, mais c'était, après tout, un jeu auquel Dudley n'avait joué qu'une fois avant de le considérer comme sans intérêt. Au bout de deux heures, il n'avait toujours pas trouvé le coupable, et ce bien que ses parents et la tante Marge, qui jouaient contre lui, aient tout fait pour le laisser gagner.

" C'est bien, dit la mère de Liz. Harry va avoir le temps de me parler de sa mère. Et peut-être pourras-tu me donner son adresse, j'aimerais tellement avoir de ses nouvelles ! Ca ne te gêne pas, Harry, n'est-ce pas ?

- C'est-à-dire, balbutia Harry. La femme parut remarquer son air troublé, et son excitation retomba un peu.

- Oh, excuse-moi, dit-elle, d'une voix plus posée. Je n'ai pas l'habitude de m'exciter comme ça. Mais tomber par hasard sur le fils de Lily... Pardonne-moi si je t'ai fait peur, Harry. Je comprends tout à fait que tu ne sois pas ici pour parler de ta mère. Après tout, j'aurais pu trouver son numéro dans l'annuaire depuis des années. Ou elle aurait pu m'écrire, si elle voulait garder le contact avec moi. J'ai continué pendant quelques années à envoyer des cartes de Noël, mais elle n'a plus jamais répondu.

- Ma mère est morte, dit finalement Harry. Il y a dix ans." Au cours de sa vie, il avait eu plusieurs fois à faire ce douloureux aveu, mais jamais cela n'avait été aussi dur. Jamais il n'avait eu à annoncer la mort de sa mère à quelqu'un qui l'avait connue, et bien connue. Et l'effet fut celui qu'il avait redouté. Le sourire de la femme s'éteignit complètement.

" Oh, mon Dieu, s'exclama-t-elle. Lily... bien sûr, il y a dix ans qu'elle a cessé d'écrire... Lily, morte... Je ne peux pas le croire ! Et pourtant, sa dernière lettre... Je pensais qu'elle avait simplement eu un coup de déprime mais... Mon dieu, elle l'avait vu arriver... Comment est-ce possible ? Elle était si jeune, elle avait tant à vivre ! Quand elle m'a écrit pour annoncer ta naissance... Elle était si fière, Harry ! Elle voulait que je vienne chez eux pour te voir, parce qu'elle n'aimait pas revenir à Little Whiming." La mère de Liz parlait maintenant à mi-voix, plus pour elle que pour Harry. "Elle s'était fâchée avec sa s?ur, et Pétunia avait hérité de la maison de leurs parents. Mais Liz était bébé, Nikkie rentrait à l'école, Mark, à l'époque, était toujours en déplacement, et je n'ai pas pu trouver le temps... Quand ses lettres ont cessé d'arriver, je me suis posée des questions. J'ai essayé de téléphoner, et finalement, j'ai abandonné. Je m'en suis posée des questions ! Mais jamais je n'aurais pensé..." Des larmes qu'il espérait vainement retenir roulaient sur les joues de Harry. Jamais personne n'avait parlé de ses parents sur ce ton ému. Quand les Dursley, exceptionnellement, mentionnaient leur nom, c'était pour dire à quel point leur mort avait été prévisible, méritée, même. Jamais personne ne lui avait dit que ses parents l'aimaient, qu'ils étaient fiers de lui. Qu'à un moment de sa vie, même si ça n'avait duré que quelques mois, il avait été autre chose qu'un fardeau dans une famille qui ne voulait pas de lui.

" Eh, Harry !" Il mit un certain temps avant de se rendre compte que Liz l'appelait. " Harry, réveille-toi ! On a besoin de toi ! On a découvert l'assassin et si tu ne viens pas l'arrêter immédiatement elle va tous nous tuer !"

Le garçon aux cheveux noirs s'essuya rapidement les yeux, et se dirigea vers l'endroit où ses camarades jouaient. Mais son expression le trahit, et l'atmosphère joyeuse et ludique fut brisée.

" Ça va ? demanda Liz. Tu es presque aussi blanc que lundi." Harry ne répondit pas. Il n'était pas sûr de pouvoir faire confiance à sa voix. "Maman ?" Liz regardait sa mère curieusement, et avec inquiétude. " Maman, qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, chérie, répondit doucement la femme. Harry et moi avons évoqué des choses douloureuses, c'est tout. Continuez de jouer, tous les cinq, après tout aujourd'hui est un jour de fête, n'est-ce pas, Lizzie ? Je vais préparer le gâteau." Elle s'efforça de sourire chaleureusement aux enfants, mais on pouvait voir que le c?ur n'y était pas.

" Harry, je suis désolée d'avoir réveillé d'aussi mauvais souvenirs un jour comme aujourd'hui. Ça va aller ?"

" Attendez ! avait envie de crier Harry. Parlez-moi de ma mère ! Comment pouvez-vous parler de mauvais souvenirs ! Toute ma vie j'ai rêvé de rencontrer quelqu'un comme vous !" Ce sentiment dut se lire sur son visage, car la mère de Liz s'appuya un instant contre le buffet et dit : " Si tu veux parler, nous parlerons plus tard. Laisse-moi un peu de temps, d'accord ?" Harry ne put que hocher la tête, et la femme disparut dans la cuisine. Liz et ses invités les regardèrent curieusement, et il y eut quelques murmures, mais pas de question ouverte. Le jeu de Cluedo fut rapidement rangé, puis Liz proposa : " Et si on faisait un 'Petits Papiers' ?" Les autres s'empressèrent d'acquiescer. Harry ne connaissait pas ce jeu, qui se révéla particulièrement amusant, et réussit à le distraire de ses pensées. Il s'agissait d'écrire des histoires sur des feuilles de papiers. Chacun devait écrire le nom d'un homme, qui rencontrait une femme dans un endroit précis, ce qu'ils se disaient, et comment l'histoire finissait. Entre chaque élément, on pliait la feuille pour cacher ce qu'on avait écrit, avant de la tendre à son voisin pour qu'il écrive la suite. L'une des histoires, qui racontait la rencontre de Suzie avec Mr Both, le prof de bio, dans un placard à balais, et se terminait en conte de fées, après des échanges d'insultes, leur plut particulièrement. Après cela, ils profitèrent de ce qu'il faisait beau pour organiser une partie de cache- cache dans les petits chemins qui entouraient la résidence de Liz. Harry était généralement excellent à ce jeu. Peut-être parce que quand il s'était caché dans son enfance, l'enjeu était généralement bien plus important que la partie qu'ils disputaient. Mais ce jour là le c?ur n'y était pas. Lorsque Nadia passa la tête derrière l'arbre qui le dissimulait, il ne pensa même pas à s'enfuir et se laissa attraper sans résistance.

Finalement, un peu après quatre heures, et après que, en s'y mettant tous, les autres avaient réussi à retrouver et à attraper Harry, ils rentrèrent dans la maison, et s'engouffrèrent dans la cuisine. La table avait été dressée sur une nappe en papier décorée de motifs colorés. Onze bougies trônaient sur un énorme gâteau au chocolat, et des bouteilles de sodas et de jus de fruits avaient été disposées à côté, ainsi que des assiettes remplies de sucreries en tous genres. À l'arrivée des enfants, Mme March appela son mari et Nicolas pour qu'ils participent au goûter. Elle avait retrouvé sa bonne humeur, ou faisait tout pour en donner l'impression. Tous s'assirent joyeusement. Liz avait la place d'honneur. Sa mère alluma les bougies et vint placer le gâteau en face d'elle. Harry participa allègrement aux applaudissements et aux exclamations qui accompagnèrent l'extinction des bougies en un seul souffle. Le père de Liz lui tendit alors la corbeille qui contenait les cadeaux de ses camarades. Il y avait principalement des livres, ce qui ne sembla pas gêner la jeune fille. Au contraire, elle se montra enchantée, et remercia chaleureusement tout le monde. Harry était gêné de recevoir ainsi des remerciements pour un cadeau qui, somme toute, ne lui avait rien coûté, mais il ne pouvait évidemment rien dire.

Le gâteau et les bonbons étaient délicieux, et tout le monde fut resservi plusieurs fois. Lorsqu'ils furent tous incapables d'avaler une bouchée de plus, Mme March se leva pour ranger.

" Si vous voulez avoir le temps de regarder le film, dit-elle, vous devriez vous y mettre maintenant, les enfants." Liz se leva d'un bond, comme si elle avait été montée sur ressorts, et invita les autres à la suivre. Harry, seul, resta en arrière. Il jeta un regard à la mère de son amie, qui lui sourit en retour et hocha la tête.

" Tu penses encore à notre conversation de tout à l'heure, n'est-ce pas ?

- Est-ce vous pourriez... me parler de ma mère ? demanda-t-il.

- Bien sûr, soupira la femme. "

D'un geste las, elle jeta dans la poubelle les assiettes en carton, et commença à rassembler les verres.

" Je n'arrive pas à croire ce que tu m'as dit, continua-t-elle. Elle était si jeune, si pleine de vie ! Mais si ça s'est passé il y a dix ans... Tu ne te la rappelles pas, n'est-ce pas ?

- Non", répondit Harry. Les verres en plastique rejoignirent les assiettes. Puis la mère de Liz commença à retirer la nappe de manière à ce que les miettes y restent piégées.

" Ta mère, répondit-elle au garçon sans le regarder, était quelqu'un d'exceptionnel. On te l'a déjà sûrement dit des dizaines de fois, mais elle était... comme un rayon de soleil." La femme s'interrompit, le visage vague, et fit machinalement un n?ud autour du sac poubelle que la nappe avait fini de remplir. Puis, se retrouvant les mains vides, elle se décida à regarder Harry. "Autant commencer par le commencement, dit-elle. Viens t'asseoir." Harry s'assit sur une chaise, à la table de la cuisine, et elle prit place en face de lui, faisant nerveusement tourner autour de son doigt une bague ornée d'un petit saphir, avant de se mettre à raconter.

"Quand je l'ai connue, ta mère était encore une toute petite fille. Elle avait à peine cinq ans. J'en avais quinze, et je faisais du baby-sitting après les cours pour gagner un peu d'argent. Tes grands-parents adoraient leurs filles, mais ils n'avaient pas beaucoup de temps à leur consacrer. Je devais aller les chercher le soir à l'école, et je les gardais jusqu'au retour de ta grand-mère. Rapidement, c'est devenu bien plus qu'un job. Elles ont vraiment réussi à réveiller ma fibre maternelle, un peu avant l'heure... On peut dire qu'elles ne se ressemblaient pas, pourtant, les deux s?urs. D'ailleurs, elles ne se sont jamais vraiment bien entendues. Pétunia était l'aînée de quatre ans, et elle tenait à ce que ça se sache. Elle était sérieuse, méticuleuse dans ses devoirs, ou dans la tenue de sa chambre. Ta maman était une enfant étrange. Il arrivait toujours des choses bizarres autour d'elle. Je me rappelle qu'un jour, une violente dispute avait éclaté entre elles deux. Lily avait ramassé un petit chat dans la rue, et Pétunia refusait de le laisser entrer dans la maison, affirmant qu'il y avait un risque que le chaton ait des puces, que Lily était ridicule et se comportait comme un bébé. Et, avant que je n'aie pu intervenir, Lily s'est mise en colère. Et ta maman, quand elle se mettait en colère, elle ne le faisait pas à moitié. Ce jour là, une petite figurine en porcelaine que Pétunia avait offerte à ses parents a explosé. Mais pas parce que Lily l'avait lancée dans un accès de rage, tu vois ? Ça peut paraître incroyable, elle ne l'a même pas touché. Lily elle-même ne savait pas comment elle faisait, mais ce genre de chose lui est arrivé trop souvent pour que ce soit de simples coïncidences. En tous cas, ce jour là, elle n'a réussi qu'à mettre Pétunia dans une rage équivalente à la sienne. Le pauvre chaton a bien failli finir à la casserole. Et les deux s?urs ne se sont pas adressées la parole pendant un mois."

La femme sourit avec nostalgie à ce souvenir, et s'interrompit, perdue dans ses pensées. Harry, lui méditait sur tous ces événements bizarres qui se produisaient autour de lui. La même chose arrivait-elle à sa mère ? Mais si ces phénomènes étaient autre chose que des événements inexplicables, qu'est- ce qui les produisait ?

" Qu'est-il arrivé au petit chat ? demanda-t-il soudain.

- Le chaton ? Oh, tes grands-parents ont été d'accord avec Pétunia. Ils n'en ont pas voulu chez eux, malgré toutes les larmes de Lily. Je crois me souvenir qu'une de leurs voisines a accepté de s'en occuper, cependant.

- Et après ? demanda Harry. Je veux dire, quand ma mère a été plus grande, que s'est-il passé ?

- Après... Quand Pétunia a été en âge d'entrer au collège, ses parents l'ont mise en pension, dans un établissement près d'ici. Et je ne l'ai presque jamais revue. Nous n'avons jamais été vraiment proches, pas comme j'étais proche de Lily, en tous cas. J'ai continué à venir m'occuper de Lily, après le départ de sa s?ur. En grandissant, elle devenait plus sérieuse, elle était toujours première de sa classe. Mais pas à la manière de sa s?ur... Alors que Pétunia était sage, que rien n'était plus important à ses yeux que l'observation des règles, Lily était d'une nature beaucoup plus vive. A dix ans, elle prenait déjà partie pour les laissés pour compte. Elle était toujours prête à s'enflammer, elle avait toujours une injustice à dénoncer. Elle était aussi beaucoup plus gaie que sa s?ur. Elle avait un rire qui aurait fait fondre n'importe qui... Et des yeux... Ils étaient du même vert que les tiens, Harry, et quand elle riait, ils brillaient d'une étincelle de joie... Et puis, quand elle a eu onze ans à son tour, elle est allée en pension, elle aussi. Et moi, à peu près à la même époque, je me suis mariée. Nous sommes restées en contact, bien sûr. Lily venait me voir à chaques vacances. Elle a même gardé Nick quand il était bébé... C'était un drôle de renversement de situation. Elle venait me voir quand elle avait des problèmes, aussi.

- Vous avez connu mon père ? demanda Harry.

- Ton papa ? Non, malheureusement, je n'ai jamais eu cette chance. Je ne crois pas même avoir vu de photos de lui. Lily n'en avait jamais sur elle quand elle venait me voir. Mais d'après les descriptions qu'elle m'a faites de lui, je crois que tu lui ressembles, n'est-ce pas ?

- Oui, répondit Harry, qui n'en avait jusque là aucune idée.

- Ta maman a rencontré ton père au collège. Mais je suppose que tu sais déjà tout là-dessus, n'est-ce pas ? Ton papa a déjà dû te raconter cela.

- Non. Je n'ai pas connu mon père.

- Oh, excuse-moi. Je pensais... Dis-moi, Harry, comment sont-ils morts ? Qu'est-ce qui est arrivé à ma petite Lily?

- Un accident de voiture, répondit-il.

- Un accident ? Oh, mon dieu ! Et ils sont morts tous les deux ! C'est tellement horrible, ils étaient si jeunes, ils avaient tant d'années à vivre ! Et après ce terrible accident, tu es allé vivre avec Pétunia et sa famille, n'est-ce pas ? C'est pour ça que c'est elle qui t'a amené, tout à l'heure !

- Oui.

- J'imagine que toutes les vieilles querelles de famille sont oubliées quand un tel drame se produit, murmura la mère de Liz. Harry réalisa soudain qu'elle ne s'adressait plus vraiment à lui. " Bien sûr que Pétunia a recueilli le fils de Lily... C'est ce que j'ai toujours dit à Lily, qu'au fond, Pétunia ne la détestait pas vraiment...

- Pourquoi tante Pétunia détestait-elle ma mère ? demanda abruptement Harry.

- Je ne crois pas qu'elle l'ait jamais vraiment détestée, reprit Mrs March, cette fois en s'adressant à Harry. C'était plus... je ne sais pas vraiment. Peut-être de la jalousie. C'est une chose qui se produit fréquemment dans les familles. Bien sûr, comme je te l'ai dit, elles ne se sont jamais vraiment entendues, mais ça a vraiment dégénéré au moment où Lily est entrée au collège. Parce que Lily n'est pas allée à la même école que Pétunia. Je n'ai jamais su pourquoi, d'ailleurs. Elle est allée dans un collège, quelque part en Ecosse, dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Et Pétunia l'a très mal supporté. Je ne peux pas t'en dire beaucoup plus sur cette fameuse école. Lily n'en parlait pas beaucoup. Je sais qu'elle s'y plaisait. Ce devait être quelque chose de très particulier, pour que ses parents aient jugé nécessaire de l'envoyer si loin, mais je n'ai jamais vraiment su en quoi. En tous cas, comme je te l'ai dit, elle y a rencontré ton papa. Peut-être que Pétunia aurait aimé aller là-bas, elle aussi, et que c'est pour ça qu'elle était aussi désagréable envers Lily quand elle revenait pour les vacances, ou peut-être qu'il y avait autre chose là-dessous, je n'en sais rien... Ta tante ne t'a jamais parlé de cela, n'est-ce pas ?

- Non.

- Bien sûr. La mort de Lily a dû l'anéantir. C'est toujours douloureux de perdre un proche, mais quand il y a autant de malentendus qu'il y en avait entre elles deux...

- Tante Pétunia ne parle jamais de ma mère.

- Et je suppose que tu lui en veux pour cela, n'est-ce pas ?" Pour la première fois, le sourire de son interlocutrice n'était pas teinté de tristesse, pendant une seconde, il crut reconnaître celui de Liz, puis le chagrin fut de nouveau visible. " Je suppose que c'est trop dur pour elle d'en parler. Bien sûr, elle aurait dû faire un effort, pour toi, mais il faut la comprendre. Elle aussi a subi une perte." Harry hocha la tête, mais en son for intérieur il n'était pas convaincu. Le seul sentiment que, d'après lui, sa tante ressentait à l'égard de sa s?ur, était de la haine. Cette haine que la mère de Liz avait mentionnée, il pensait, lui, qu'elle ne s'était pas éteinte à la mort de Lily. Ce qui, par contre, avait toujours été flou dans son esprit était la raison pour laquelle son oncle et sa tante l'avaient recueilli, lui, lui qu'ils détestaient comme ils avaient détesté ses parents.

" Et après le collège, demanda-t-il. Qu'ont-ils fait ? Ils avaient un métier ?

- Je ne sais pas bien. Tu sais, ta mère n'écrivait pas si souvent, et elle parlait surtout de ton père, et après de toi. Je sais qu'ils ne manquaient pas d'argent. Ils vivaient dans un grand manoir, qui, je crois, appartenait à la famille de ton papa. Je suppose que tu en as hérité à leur mort, à moins qu'il n'ait été vendu.

- Je n'ai hérité de rien, dit Harry, pensivement. Les Dursley, qui lui reprochaient de leur coûter si cher, avaient-ils entendu parler d'un héritage ? Et, si oui, qu'en avaient-ils fait ?

- Non, bien sûr. Tu es trop jeune. Tout doit être gardé pour quand tu seras plus grand. Mais pour en revenir à ta question, ton papa travaillait. Il était policier, je crois, ou quelque chose comme ça. Je ne sais plus très bien, mais ta maman avait peur pour lui. Ta maman devait faire des études, mais elle ne m'a jamais dit de quoi. Et elle a tout arrêté quand tu es né. Je ne me souviens pas bien... Il y a dix ans de cela... et il y a neuf ans que j'évite de penser à Lily. Ca me faisait mal de penser qu'elle m'avait finalement oubliée... Et dire que finalement... J'aurais dû faire quelque chose. Après sa dernière lettre, cette brusque disparition... J'aurais dû savoir..."

Harry était incapable de parler. Trop d'émotions se bousculaient en lui... Bien sûr, il avait toujours su, au fond de lui, que ses parents étaient des gens bien, quoi qu'en disent les Dursley. Mais rencontrer quelqu'un qui avait connu sa mère, qui l'avait aimée, quelqu'un de disposé à lui parler d'elle, il y avait longtemps qu'il avait cessé de l'espérer. Il n'avait pas de mouchoir pour essuyer ses yeux humides, mais Mrs March étant aussi émue que lui, cela n'avait guère d'importance. La mère de Liz se leva soudain, et alla fouiller dans un des placards de l'entrée. Elle en sortit un gros album photo qu'elle se mit à feuilleter.

" Tiens, dit-elle en s'arrêtant à une page. Je ne sais pas si tu as déjà vu ces photos. Elle me les a envoyées... Je n'ai jamais eu l'occasion de voir ton père, cependant, j'ignore pourquoi il n'y a pas de photos de lui.

Les mains tremblantes, Harry prit l'album qu'elle lui tendait, et regarda la page à laquelle il était ouvert. La première photo montrait une jeune femme en robe de mariée, un énorme bouquet à la main. Son visage resplendissait sous le soleil, ses cheveux ressemblaient à des fils d'or. Il était impossible de ne pas percevoir le bonheur qui émanait d'elle. On voyait un bras autour de ses épaules, un bras dans une manche noire, mais le cadre était fixé sur la jeune femme, on ne voyait pas celui qui devait être son compagnon.

Harry effleura l'image de sa mère du bout des doigts. Les yeux verts, si semblables aux siens, étincelaient. Elle semblait si vivante ! Les photos suivantes montraient la même jeune femme assise à la terrasse d'une maison, un chat sur les genoux, et couchée dans l'herbe à côté des restes d'un pique nique. Sur celle-ci, on voyait nettement qu'elle était enceinte. Les deux derniers clichés montraient un bébé aux cheveux noirs. Sur les genoux de sa mère, d'abord, puis debout.

" Je t'ai vu quand tu étais tout petit, dit Mrs March d'une voix lointaine. Et Lily et moi avions été faire des courses ensemble, avant ta naissance. Nous étions toutes les deux enceintes en même temps, et..." Sa voix se brisa. " C'est moi qui ai acheté ce pyjama, reprit-elle en désignant l'habit du bébé."

Il y eut un instant de silence. Puis, brusquement, comme si elle était incapable d'en supporter davantage, Mrs March referma l'album avec un claquement sec.

"Assez remué de vieux souvenirs, dit-elle en se levant. Va rejoindre les autres, Harry."

Sa voix était dure. Harry voulut protester. Mais quand la femme quitta la pièce en courant, sans le regarder, et qu'il l'entendit monter les marches en courant, il comprit qu'elle ne voulait pas qu'il la voit pleurer. Lui aussi était ému aux larmes, mais il avait fait le deuil de sa mère depuis des années. Se levant à son tour, il se glissa sans bruit dans le salon, au milieu de ses camarades, qui, assis par terre, se tordaient de rire devant une vidéo. Mais Harry était à des kilomètres des gags qui se déroulaient sur l'écran. Inconsciemment, il replia ses jambes devant lui et posa sa tête sur ses genoux, essayant d'y voir plus clair, de démêler tout ce qu'il avait appris... Mais qu'avait-il appris ? Il lui semblait que, finalement, rien de ce que la mère de Liz ne lui apportait la moindre information. Mis à part, bien sûr, le fait que ses parents l'aimaient, cette vérité qui avait à ses yeux tant d'importance. Mais, sur leur vie, sur tout ce qu'il avait toujours voulu savoir ? Il n'avait même pas l'impression de mieux connaître sa mère. Pourtant, Mrs March l'avait connue, et bien connue. Mais il avait l'impression que celle qu'elle lui avait décrite n'était pas sa mère. D'abord parce que c'était une petite fille. Il avait besoin, lui, de se la représenter adulte, telle qu'elle était quand il était tout petit, telle qu'elle serait si elle n'était pas morte dans ce stupide accident. Il avait à la fois l'impression qu'un miracle venait de se réaliser, et celle, terriblement frustrante, de passer à côté de ce qui était vraiment important. S'il avait rencontré Mrs March seulement quelques mois plus tôt, Harry n'aurait probablement pas éprouvé autre chose que le bonheur d'en savoir un peu plus sur ses parents, que le soulagement qu'il avait ressenti en premier lieu à l'idée que, si son oncle et sa tante ne les aimaient pas, ce n'était pas parce qu'ils avaient quoi que ce soit de détestable, mais pour des raisons personnelles, des raisons qui, bien sûr, auraient attisé sa curiosité, mais pas comme maintenant. Car entre temps, il avait reçu ces lettres étranges. Il avait entendu son oncle et sa tante en parler. Et il se posait plus de questions encore qu'avant. Et il était terriblement frustré, car rien de ce que Mrs March lui avait dit au sujet de ses parents n'avait réussi à l'éclairer. Au contraire, cela n'avait fait qu'augmenter ses interrogations. Est-ce que tout cela avait un lien avec cette école où ses parents s'étaient rencontrés ? Pourquoi avait-on envoyé sa mère là-bas ? Est-ce que Lily possédait un don caché, quelque chose qui avait fait que ses parents l'y avaient envoyée, mais pas Pétunia ? Et est-ce que c'était réellement la jalousie que Pétunia ressentait à l'égard de sa s?ur qui l'avait menée à la détester ? Et à détester également Harry qui, il devait bien le reconnaître, n'avait aucun talent particulier ? Ou y avait-il quelque chose de plus ? Après tout, Lily avait bien des secrets. Elle n'avait pas tout dit à son ancienne baby-sitter, cela Harry en était certain. Et Mrs March en avait également conscience, même s'il semblait que, pour elle, cela n'ait pas vraiment d'importance. Et puis, il y avait ces lettres. Qui lui avait écrit ? On avait attendu dix ans... Harry était rentré au collège, cette année. Serait-ce possible que cette mystérieuse école, où étaient allés ses parents, ait cherché à le recruter lui-aussi ? Mais pourquoi ?

Alors que le générique du film apparaissait sur l'écran, la sonnerie de la porte d'entrée retentit violemment. Il y eut un bruit de pas dans l'escalier, et le bruit d'une porte qui s'ouvre.

" Ca doit être mon père, dit Sean, un des amis de Liz. Il avait dit qu'il viendrait me chercher à sept heures moins le quart."

Sept heures moins le quart ? Un frisson glacé parcourut l'échine de Harry. Il avait complètement oublié l'heure... Si son oncle et sa tante l'attendaient dans la voiture depuis un quart d'heure, il allait avoir de gros ennuis. Et son angoisse ne fut pas apaisée lorsque la voix de Nicolas l'appela : "Harry ! Ton oncle est ici ! Et les autres, vous feriez bien de venir aussi, d'autres voitures arrivent."

Les enfants se levèrent, et rejoignirent l'entrée dans une joyeuse bousculade. Énorme et rouge de rage, l'oncle Vernon se tenait dans l'encadrement de la porte. Derrière lui, un homme plus petit, et beaucoup plus souriant, arrivait également.

" Dis-moi, mon garçon, grogna l'oncle Vernon dès qu'il vit Harry, et sans se soucier de la présence des autres, tu ne sais donc pas ce que ça veut dire, dix-huit heures trente précises ?

- Je suis désolé, Oncle Vernon, répondit Harry d'une petite voix. Je n'avais pas vu qu'il était si tard.

- Ça ne m'étonne pas de toi. On n'a jamais pu te faire confiance.

- Excusez-moi ! demanda l'homme qui arrivait derrière lui. Vernon se poussa pour le laisser passer, non sans continuer de jeter des regards meurtriers à Harry, qui remettait ses chaussures et son manteau le plus rapidement possible.

" Ah, tu es là, Sean, dit-il en souriant. Tout s'est bien passé ?

- Super, répondit le garçon, qui commença à raconter à son père ce qu'ils avaient fait. Au moment où Harry disait au revoir à Liz, Mme March descendit l'escalier en trombe.

" Oh, bonsoir Patrick, salua-t-elle le père de Sean. Et... Vous êtes l'oncle de Harry ? demanda-t-elle à l'oncle Vernon, en voyant que le garçon le rejoignait.

- Oui, répondit le sèchement le gros homme. Et j'espère que ce jeune homme s'est au moins conduit correctement. Dépêche-toi de dire au revoir et merci et file dans la voiture, ajouta-t-il en direction de Harry. Il y a déjà vingt minutes que ta tante attend. Après tout ce que nous avons fait pour toi !

- Ne soyez pas trop dur envers Harry s'il est en retard. Je crains de l'avoir un peu perturbé en lui parlant de sa mère, il aura oublié l'heure...

- Ce garçon est... Sa mère ? Qu'est-ce que sa mère vient faire là-dedans ?" Alors que Vernon n'avait eu auparavant que mépris envers son interlocutrice, il la regardait maintenant avec méfiance.

- Je m'appelle Deborah. Peut-être Pétunia vous aura parlé de moi ?

- Certainement pas.

- Peu importe. J'ai bien connu la mère de Harry et...

- Vous êtes l'une des leurs... coupa l'oncle Vernon, en pâlissant soudain. Vous vous êtes arrangés pour mettre quand même la main sur lui, malgré mon refus, c'est ça ? Eh bien sachez que je ne le permettrai pas. Il est hors de question que ce garçon remette les pieds ici. Et vous, Monsieur, ajouta- t-il en se tournant vers le père de Sean qui se demandait s'il devait intervenir, vous feriez bien de prendre garde aux fréquentations de votre fils. Quant à toi, ajouta-t-il en direction de Harry, qui se recroquevilla sur lui-même, tu ne perds rien pour attendre.

- Mr Dursley, s'interposa Deborah je ne comprends rien de ce que vous racontez, mais je ne vais pas vous laisser punir Harry pour ce malentendu, ni ternir ma réputation. Tout ceci est ridicule ! J'ignore de quoi vous parlez, et si j'ai fait quelque chose qui vous a déplu, veuillez m'en excuser. De plus, j'aimerais beaucoup revoir Pétunia. Vous avez dit qu'elle attendait dehors et...

- Laissez ma femme en dehors de ça, s'énerva Mr Dursley. Elle n'a jamais rien eu à voir avec les amis de sa fichue s?ur. En ce qui la concerne, et en ce qui me concerne, Pétunia est fille unique. Sur ce, au revoir Madame, au revoir Monsieur." L'oncle Vernon empoigna Harry par le col de son manteau et le souleva sans mal du sol, l'emportant hors de la maison. Ce n'est qu'en arrivant à la voiture qu'il se rendit compte que la mère de Liz l'avait suivi, et que son visage était rouge de colère.

" En quelle langue faut-il vous le dire pour que vous compreniez ? explosa- t-il. Nous n'avons rien à voir avec des gens comme vous. Dès lundi, ce garçon ira poursuivre sa scolarité dans un autre établissement, où il ne risquera pas de subir l'influence de gens comme vous et vos enfants.

- Je ne vous permets pas d'insulter mes enfants. Ni Nicolas ni Liz n'ont jamais eu de mauvaise influence sur personne. J'ose les considérer comme des jeunes gens bien élevés. Je ne dirai pas la même chose de vous.

- Que se passe-t-il ici ?" La tante Pétunia, alertée par le bruit, était finalement sortie du véhicule. Il n'y avait pas besoin de disposer de capacités de voyance particulièrement développées pour comprendre que la situation avait dégénéré, et Pétunia prit une expression inquiète en voyant le visage de son mari. " Vernon, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.

- Il y a qu'ils ne peuvent pas le laisser tranquille, et que "lui", vicieux comme il est, marche avec eux, forcément.

- Tu veux dire que... Non, Vernon, c'est impossible. Rappelle-toi ce qu'ils ont dit dans la lettre !

- Ces gens là n'ont aucune parole, tu devrais le savoir !

- Hum, fit bruyamment la mère de Liz, rappelant brusquement sa présence. Écoute, Pétunia, je ne sais pas qui ton mari pense que je suis, mais il se trompe. Est-ce que tu ne me reconnais pas ?"

La tante de Harry scruta un instant le visage de l'autre femme, puis son visage s'éclaira. "Deborah ! s'exclama-t-elle. Je ne savais pas que tu vivais encore à Little Whiming ! Ça fait quoi... vingt ans ?

- Au moins. J'ai été un peu déçue de ne jamais te voir pendant les vacances, au début. Mais c'est le passé, tout ça. Harry m'a appris la mort de Lily... Ça a été un choc. Je l'ignorais complètement. Ça a dû être tellement dur pour toi, si peu de temps après celle de vos parents !

- Lily..." La voix de la tante Pétunia était très différente de celle que Harry lui connaissait habituellement. " Elle était restée en contact avec toi, elle, n'est-ce pas ?

- Oui. C'est elle qui m'a appris que tu t'étais mariée et que tu avais un fils. Tu vis toujours dans la maison de Privet Drive, la maison de vos parents ?

- Oui. Écoute, Deborah, j'ignore ce que tu as dit à Harry, mais tu n'as jamais su pour Lily, n'est-ce pas ?

- Jamais su quoi ?

- Oh, elle était douée pour donner le change. Mais cette école en a fait un monstre. Ou peut-être qu'elle avait ça en elle dès le départ. Je suis sûre que lorsqu'elle venait te voir, elle se plaignait de moi. Et tu croyais probablement tout ce qu'elle te disait. Je ne t'en veux pas... Tu ne pouvais pas deviner la vérité.

- Quelle vérité, Pétunia ? Qu'est-ce que c'était que cette école ? Pourquoi Lily n'est-elle pas allée à Bluestride avec toi ?

- Je ne peux pas te le dire. Mais toutes ces choses qu'elle faisait, ces gens qu'elle fréquentait... Crois-moi, elle s'est bien moquée de toi. Comme d'une manière différente, elle s'est moquée de nos parents. Eux savaient, bien sûr, mais elle s'est arrangée... Ils étaient fiers d'elle, fiers, tu te rends compte !

- Pétunia, chérie, intervint Vernon, je crois que tu en as dis assez. Ton amie ne doit plus rien comprendre. Excusez-nous, Madame, tout ceci n'est qu'une énorme méprise.

- Attendez !

- Non, Deborah, il a raison, dit Pétunia. Rien de bon n'est sorti de tout cela. Lily est morte, son mari aussi, et la seule chose qu'ils aient réussi à faire de leur vie, c'est ça." Elle désigna Harry. "Oublie-les, ça vaudra beaucoup mieux pour toi. Quant à toi, ajouta-t-elle en s'adressant à son neveu, monte dans la voiture immédiatement. Et oublie ce que tu viens d'entendre."

Mais Harry ne l'entendait pas de cette oreille.

" Je veux savoir, protesta-t-il. J'ai le droit de savoir. C'étaient mes parents. Qu'est-ce que c'était que ce collège ? Que faisaient mes parents ?"

Son oncle ouvrit la portière de la voiture et le poussa sans ménagement à l'intérieur.

" Tu n'as pas entendu ce qu'a dit ta tante ? Tes parents étaient des bons à rien qui ont largement mérité ce qui leur est arrivé. C'est tout ce que tu as à savoir à leur sujet." Il prit place au volant, et la tante Pétunia à côté de lui après avoir rapidement serré la main de son ancienne baby- sitter. Et la voiture démarra brusquement, prenant le chemin de Privet Drive.

A/N : Merci aux reviewers et autres lecteurs.

LeDjiNn : Merci pour les renseignements. Je suis maintenant sûre que mon collège n'est absolument pas réaliste. Tant pis. Je n'ai pas le courage de tout changer maintenant. En tous cas, je suis contente que cela t'ait plu. Et tu n'es pas le seul à avoir repensé à une certaine scène avec un troll dans des toilettes. Je n'avais pas cette idée en tête en l'écrivant, d'autant plus que cette scène n'a pas tout à fait les mêmes répercussions que celle de JKR, mais c'est vrai qu'il y a des similitudes. Je fais tellement de plagiats qu'il y en a même d'involontaires...

Alex13 : Merci. J'espère que la suite aussi t'aura plu.

Tiffany Shin : Merci pour ta review.

Izabel : Merci pour tes compliments et tes encouragements. Ca fait plaisir.

Dega : Alors toi, t'es vraiment super forte. C'est vrai, comment tu fais pour taper sur un clavier en sautillant ? En tous cas, quel entousiasme ! J'espère vraiment que tu ne seras pas déçue !

Fraisou : Voila, tu as eu la suite. Merci pour ta review.

Quelqu'un ( Sans blague ! Moi qui étais persuadée que les reviews apparaissaient toutes seules ... Ah bon, il y a vraiment des gens derrière ?) : Oui, ca veut vraiment dire quelque chose. Si je parle beaucoup du monde des moldus, c'est parce que j'adore les situations ou des gens ignorants apprennent soudain l'existence de la magie, j'aime aussi le fait que ce soit caché. Je suis vraiment contente que tu aimes. Et puis j'ai particulièrement apprécié le " jamais ridicule". C'est vrai que le ridicule est une de mes grandes peurs.

Lady Lyanna : C'est gentil,merci beaucoup.

Vert : Merci ! Je ne trouve pas que mes UA soient tellement bien trouvés. C'est juste des trucs que j'aurait aimé lire et que je n'ai pas trouvé sur ff.net. J'ai "le droit" de me dépêcher pour la suite ? Ouf, parce que si ça avait été une obligation, j'aurais été mal, non ?

Mélaïnas : Une review en plus des mails ? C'est gentil. Sauf que j'ai du mal à trouver des chaussures à ma taille, alors si tu continues à infliger ce traitement à mes chevilles, là ça ne va plus aller du tout. Et puis on ne peut pas dire que tu fasses souffrir les lecteurs, même si tu laissais des fautes ( j'ai pas remarqué, mais bon...), ce serait toujours mieux qu'avant ton passage, non ? Encore merci pour ta review et le reste.